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4. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DETAILLEES POUR LE LAC IDI AMIN

Les aspects fondamentaux qui caractérisent le lac Idi Amin sont les suivants:

Ces trois aspects du lac Idi Amin nécessitent la mise en oeuvre de mesures précises d'aménagement afin d'aboutir à une exploitation rationnelle des eaux du lac et à l'harmonisation des politiques de développement des pêcheries et des parcs nationaux.

4.1 Collaboration entre le Zaïre et l'Ouganda dans le domaine des pêches au lac Idi Amin

Le fait que les pêcheries des deux pays riverains, se trouvent dans des conditions homogènes (niveau d'exploitation des ressources, techniques de pêche, traitement et, surtout inclusion des eaux du lac à l'intérieur de deux parcs nationaux) devrait faciliter le développement d'un rapport de collaboration entre le Zaïre et l'Ouganda pour l'adoption de mesures d'aménagement communes. Une convention de 1978 autorise les pêcheurs des deux pays à pêcher sur toute l'étendue du lac. Cette collaboration devrait se renforcer de façon graduelle par les étapes suivantes:

  1. Institution de rencontres périodiques

    Dans le cadre du Projet régional des pêches RAF/87/099, il faudrait parvenir à l'institution de rencontres périodiques entre les autorités nationales concernées par le développement des pêcheries et des parcs pour discuter les problèmes communs aux deux pays.

  2. Création d'un Comité permanent formé par les autorités précitées

  3. Echange d'informations statistiques

    L'adoption d'une méthode standardisée de relevé des données statistiques ainsi que l'échange d'informations permettrait de suivre de façon plus efficace l'évolution des pêcheries dans l'ensemble du lac. Cet aspect est très important si l'on pense aux conditions de surexploitation probable des ressources piscicoles.

  4. Programme de recherche scientifique

    Un programme de recherche scientifique peut se réaliser par une étude conjointe de l'ensemble du lac: les conclusions de cette étude représenteront la base scientifique pour parvenir à une véritable planification du développement et à l'aménagement de la pêche au lac Idi Amin. La nécessité de cette recherche a été soulignée par les deux études précitées et doit être considérée comme une des priorités (un projet pour réaliser cette recherche est proposé en annexe 3 de ce rapport).

  5. Mesures d'aménagement et limitations de l'effort de pêche

    L'étude des ressources servira à l'adoption de mesures d'aménagement harmonisées en matière de pêche. La principale de ces mesures sera la limitation coordonnée de l'effort de pêche, car il est évident qu'une politique de réduction de l'effort adoptée par un seul pays s'avérerait d'une efficacité limitée.

  6. Adoption d'une réglementation commune

    A long terme, il faudrait aboutir à une réglementation commune en matière de pêche pour l'ensemble du lac. Ce résultat est possible, si l'on considère que la situation des deux pêcheries est homogène et les intérêts des deux pays riverains analogues.

4.2 La réorganisation de la COPEVI

En 1979, la COPEVI (Coopérative des pêcheurs de Virunga) a signé une nouvelle convention avec l'IZCN qui lui a donné le monopole de la pêche au lac Idi Amin pour un temps indéterminé. Toutefois, le mandat de la COPEVI peut être révoqué par décret présidentiel.

Une ambiguïté de fond réside cependant dans l'appellation de cet organisme. En effet, il ne s'agit pas d'une coopérative, mais d'une société privée qui serait obligée, en raison de sa convention avec IZCN, de rendre une série de services aux pêcheurs (qui ne sont pas ses adhérents, mais ses sous-traitants; par conséquent, les pêcheurs paient à la COPEVI des redevances et non pas des cotisations).

Le problème fondamental se trouve dans la prestation de services que la COPEVI devrait rendre aux pêcheurs. La COPEVI possède des infrastructures adéquates pour prêter ces services (entrepôt de stockage de l'équipement et du matériel, ateliers mécaniques et menuiserie, pompe à essence, équipement pour le salage et la commercialisation). Ces infrastructures sont, dans l'ensemble, en bon état.

Cependant, depuis maintes années, la COPEVI ne rend plus aucun service aux pêcheurs à cause de sa crise financière. La paralysie de la COPEVI entraîne plusieurs contraintes qui freinent le développement des pêcheries, à savoir: manque de standardisation de l'équipement, manque de pièces détachées pour les moteurs hors-bord; pénurie de carburant, maillage des filets non conformes à la législation, et, surtout, exploitation des pêcheurs par des commerçants privés (un litre d'essence est actuellement vendu à Vitshumbi à 620 Z/1, tandis que le prix officiel pour la région est de 305 Z/1). Cette situation a provoqué la réaction des pêcheurs dont la plupart sont fortement hostiles à la COPEVI. Ce conflit nuit au développement des pêcheries du lac.

En 1988, des modifications sont intervenues au sein de la COPEVI. En ce qui concerne la nouvelle gestion, les remarques de la mission sont les suivantes:

La direction de la COPEVI a expliqué à la mission que le montant de ces financements étant exigu, seuls les aspects de production et commercialisation ont été privilégiés. Les autres activités seront relancées lorsque la compagnie réalisera des profits.

En étant optimistes, il faudra donc attendre plusieurs années avant que cette société puisse reprendre ses services en faveur des pêcheurs, alors que la reprise de ces activités s'avère urgente.

L'avis de la mission est donc le suivant:

Le choix entre ces trois solutions est politique. La mission pense toutefois qu'il sera extrêmement difficile pour la COPEVI d'assainir sa situation financière grâce à ses activités de production et de commercialisation; en outre, l'hostilité qui s'est créée entre la société et les pêcheurs est difficilement surmontable.

4.3 Protection des frayères

Après la destruction de nombreuses sennes de plage effectuée par le Département de l'environnement, la pêche dans les frayères est devenue moins intense; cependant elle continue et représente une menace sérieuse pour la conservation des ressources halieutiques. L'indifférence des agents de l'IZCN devant cette destruction des ressources est lamentable. Toutefois notre avis est le suivant:

4.4 Les agents du DAFECN et le Service statistique

Le DAFECN dispose de 7 agents qui travaillent sur le lac.

Les tâches de ces agents sont les suivantes:

Ces agents manquent complètement des moyens logistiques nécessaires pour accomplir les différentes tâches leur incombant. Ils devraient recevoir au moins l'équipement nécessaire pour effectuer les relevés statistiques. Le système qui consiste à établir les statistiques basées sur le nombre de poissons devrait être abandonné, en faveur de statistiques basées sur le poids des captures. Les agents devraient recevoir une formation en statistiques.

4.5 Aspects institutionnels

La paralysie de la COPEVI, l'inertie de l'IZCN, le manque d'équipement des agents du DAFECN ont créé une situation de vide institutionnel dans les pêcheries du lac.

Par contre, la surexploitation des stocks, la pêche dans les frayères, l'exécution des mesures d'aménagement arrêtées par la direction des pêches, la réorganisation du système de relevé des données statistiques demandent une forte présence institutionnelle qui soit en mesure de concevoir et exécuter un programme d'aménagement des pêcheries du lac.

En dehors de la “question COPEVI”, la mission pense que ce renforcement institutionnel est le besoin le plus important et urgent des pêcheries du lac Idi Amin.

4.6 Le rôle du projet PNUD/FAO-ZAI/88/002 dans l'aménagement des pêcheries du lac Idi Amin

Ce projet pourrait donner un appui substantiel à l'aménagement des pêches du lac.

Dans la phase actuelle, son rôle peut être défini de la façon suivante:

4.7 Recommandations concernant le lac Idi Amin

Les recommandations de la mission sont les suivantes:

4.8 Fiche du Projet No 1

Un brouillon de fiche de projet “renforcement institutionnel” destiné à mettre en oeuvre les recommandations ci-dessus est donné en annexe 1.


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