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6. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DETAILLEES POUR LE LAC MOBUTU SESE SEKO

Avec des rendements évalués entre 40 et 55 kg/ha/an, le potentiel estimé du lac serait de 21.000 à 30.000 tonnes/an, soit de 9.700 à 13.300 t pour la partie zaïroise. D'après les statistiques officielles, en 1988 le niveau des captures pour la partie zaïroise du lac était de 12.000 t environ.

Le plus souvent ces chiffres correspondent à la production commercialisée et ne tiennent pas compte de l'auto-consommation et du troc. L'auto-consommation seule a été estimée à plus de 1.000 t.

On devrait donc conclure que les ressources piscicoles du côté zaïrois sont déjà surexploitées.

Cependant, on constate qu'à part une certaine surexploitation locale due à la mauvaise répartition de l'effort de pêche, la majorité des captures est composée de poissons pêchés au stade de maturité.

L'explication de ce fait pourrait se trouver dans la faible production en Ouganda: d'après les dernières statistiques dont on dispose, les captures ougandaises seraient d'environ 6.000 t, tandis que le potentiel du côté ougandais du lac est estimé à 15.000 t; ou bien, il pourrait s'avérer que les statistiques de production zaïroises incluent le poisson du lac importé d'Ouganda.

Toutefois, il faudrait envisager une politique prudente en matière d'exploitation et commencer à adopter certaines mesures d'aménagement: les sennes de plage devraient être progressivement éliminées en fixant dès maintenant la date de leur interdiction de telle sorte que les pêcheurs ne puissent plus les remplacer.

6.1 Collaboration entre le Zaïre et l'Ouganda dans le domaine des pêches au lac Mobutu

En vue d'une augmentation de la production en Ouganda, qui entraînera la nécessité d'adopter des mesures communes d'aménagement, il faudrait d'ores et déjà créer les conditions qui permettront la planification concertée du développement des pêches des deux côtés du lac.

Les mesures préconisées sont les mêmes que celles proposées pour le lac Idi Amin, à savoir:

L'existence d'une convention pour la libre exploitation des eaux du lac Idi Amin devrait faciliter la réalisation d'un accord identique pour le lac Mobutu. Toutefois, d'après les informations dont on dispose, le degré de développement des deux pêcheries, qui utilisent les mêmes techniques de pêche, est différent: au Zaïre les ressources côtières sont déjà exploitées au maximum, tandis qu'en Ouganda les captures sont bien au dessous du potentiel. Afin de faciliter la réalisation d'accords d'aménagement de pêche, il faudrait créer les conditions pour un développement similaire des deux pêcheries nationales. On suggère donc de réaliser le projet pilote de relance de la pêche semi-industrielle à l'échelle régionale; il faudrait organiser une mission d'identification qui devrait être effectuée sur les deux côtés du lac Mobutu dans le cadre du projet RAF/87/099.

6.2 Relance de la pêche semi-industrielle au lac Mobutu

Des 15 compagnies de pêche industrielle qui opéraient des sennes tournantes en 1960, seule une compagnie demeure opérationnelle. Les autres entreprises qui opèrent encore sur le lac, se limitent souvent à armer quelques pirogues, et pour le restant s'approvisionnent en poisson chez les pêcheurs artisanaux, en se limitant au traitement et à la commercialisation.

Dans ces conditions, l'ensemble des captures du lac est actuellement réalisé par des barques et des pirogues qui utilisent des techniques traditionnelles, nécessitant un investissement moins important que la pêche industrielle (filet à grande maille), travaillant dans des zones moins éloignées, près des villages et des centres de commercialisation.

Il en résulte que:

La stratégie de développement de la production au lac Mobutu apparaît évidente par cette analyse: il faut, parvenir à une meilleure répartition de l'effort de pêche sur l'étendue du lac, en utilisant des engins sélectifs avec un maillage adapté aux grandes espèces qui se trouvent dans les eaux profondes où les ressources ne sont pas exploitées par des pêcheurs artisanaux à cause des frais élevés du carburant et de l'instabilité des embarcations.

Il est donc proposé de relancer la pêche semi-industrielle qui utilisait des “baleinières” traînant au large de 6 à 10 barques.

Les avantages de cette technique sont évidents:

On envisage donc un projet pilote qui devra tester la rentabilité de cette technique. Si les résultats s'avèrent positifs, on pourra songer à ajouter d'autres unités. Le nombre de ces unités devra être limité, car il faut absolument éviter que la pêche semi-industrielle puisse mettre en cause la rentabilité de la pêche artisanale. L'étude régionale sur le potentiel (Fiche de projet No 3) devrait permettre d'arrêter le nombre d'unités semi-industrielles qui peuvent s'ajouter à la pêche artisanale.

En attendant les résultats de cette étude, on devrait d'ores et déjà fixer le nombre de baleinières à un maximum de dix, car les gros Lates doivent être considérés comme une ressource fragile.

6.3 Traitement du poisson

La détérioration progressive, pendant les quinze dernières années des seules pistes d'accès de Kasenyi à Bunia et du port de Mahagi à Mahagi a pratiquement enclavé le lac Mobutu. On pense que l'état des pistes est la contrainte la plus grave pour le développement des pêcheries de ce lac. Si la production pouvait être évacuée à l'état frais, sa valeur marchande serait beaucoup plus élevée, le travail des pêcheurs réduit et la valeur nutritionnelle du poisson plus élevée. Par conséquent la réhabilitation de la piste qui relie Kasenyi à Bunia doit être considérée comme la première priorité pour le développement des pêcheries du lac. Les autorités zaïroises doivent absolument chercher à résoudre ce problème et les bailleurs de fonds internationaux être sensibilisés et informés. A cause de l'état des routes, la commercialisation du poisson frais est négligeable et la production de poisson congelé est passée de 50% des captures à 10%.

La plupart du poisson est actuellement salé/séché, le reste étant fumé. Une grande partie du poisson salé/séché observé était mal préparé: les poissons sont entassés dans les magasins pendant la nuit et, le matin étalés sommairement sur les séchoirs (ou bien sur la terre et retournés rarement).

Le produit n'est pas complètement séché (voir légèrement fermenté), et, une fois emmagasiné, a une durée de vie bien courte.

En ce qui concerne le poisson fumé, à cause de l'abattage indiscriminé des arbres, le bois approprié est devenu rare et coûteux, de sorte qu'il serait important d'introduire des méthodes améliorées qui permettront d'économiser le combustible en améliorant la qualité du produit.

Etant donné que la réhabilitation des pistes ne se réalisera pas dans un avenir proche, l'amélioration du produit traité est de grande importance dans le contexte des pêcheries du lac.

6.4 Associations de pêcheurs et le projet lac Mobutu

Plusieurs tentatives d'encadrement de pêcheurs ont eu lieu sur le lac Mobutu; la dernière en date était liée au projet de la coopération française qui s'est terminé en 1989.

L'objectif principal de ce projet était l'équipement des pêcheurs: le projet importait le matériel qui était par la suite distribué par cinq groupements pré-coopératifs, appelés “propêches”.

Pendant ses trois ans d'existence, le projet avait importé de l'équipement de bonne qualité d'origine française. L'équipement de fabrication française revenait beaucoup plus cher par rapport aux filets importés d'Asie, même avec une subvention substantielle d'un organisme de coopération. Malgré la différence de qualité, les pêcheurs ont préféré continuer à s'équiper avec des filets asiatiques, car les vols fréquents de matériel les obligent à investir le moins possible dans l'équipement.

En 1987, le projet avait vendu une quantité de filets équivalente à 1,5% du marché sur le lac Mobutu.

Suite à cette expérience, il est évident qu'une distribution d'équipement effectuée par le secteur privé, existe au lac Mobutu et qu'elle est très efficace.

Il faut donc réorienter ce projet et, en même temps, relancer les 5 propêches.

L'occasion de cette relance est représentée par le projet pilote de pêche semi-industrielle: la pêche avec les baleinières est une activité collective.

Dans le cas où l'expérience du projet pilote s'avère positive, les nouvelles unités seront utilisées par les 5 propêches qui, ainsi, deviendront des coopératives de producteurs.

Le projet prêtera l'appui technique, et veillera à l'encadrement des pêcheurs, qui sera assuré par les agents du DAFECN.

Les pêcheurs devront être formés et sensibilisés aux thèmes coopératifs, car au cours de sa visite la mission a eu l'impression que la plupart d'entre eux n'ont aucune idée de la fonction d'une coopérative et qu'ils s'étaient associés pour obtenir les avantages dérivant de l'encadrement coopératif. Les fours de grande dimensions qui se prêtent, eux aussi, à une utilisation collective, seront installés dans les villages des propêches.

Les femmes qui jouent un rôle fondamental dans le traitement devraient être associées aux propêches.

En ce qui concerne l'exécution, le projet régional de recherche hydrobiologique sur le potentiel du lac, devrait être rattaché au projet lac Mobutu, qui représentera sa base logistique.

6.5 Les agents du DAFECN et le Service statistique

Le DAFCN dispose d'un officier, trois sous-officiers et 4 agents au lac Mobutu. L'officier et les sous-officiers sont chargés des activités de contrôle et de l'application de la législation, tandis que les agents se limitent au relèvement des données statistiques ainsi qu'à l'encadrement des pêcheurs.

En vue de la réalisation du projet d'étude du potentiel (annexe 3), le nombre des agents devrait être doublé, car actuellement plusieurs débarcadères importants du lac ne sont pas contrôlés par ces agents.

Le personnel du DAFECN manque d'équipement pour accomplir ses tâches institutionnelles.

Les agents devraient recevoir une formation en encadrement statistique et traitement par le projet FAO à Kinkolé.

6.6 Le rôle du projet PNUD/FAO-ZAI/88/002 dans le développement des pêcheries du lac Mobutu

Le rôle de ce projet dans le contexte du lac Mobutu peut être défini comme suit:

6.7 Recommandations concernant les pêcheries du lac Mobutu

Les recommandations de la mission concernant les pêcheries du lac Mobutu sont les suivantes:

6.8 Fiche de Projet No 2

Un brouillon de fiche de projet “relance de la pêche semi-industrielle” destiné à mettre en oeuvre les recommandations ci-dessus est donné en annexe 2.

6.9 Fiche de Projet No 3

Un brouillon de fiche de projet régional d'étude des ressources halieutiques des lacs Idi Amin et Mobutu Sese Seko est donné en annexe 3.


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