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4. BIOLOGIE DE LA SARDINE


4.1 Généralités
4.2 Moyenne vertébrale
4.3 Analyse par électrophorèse
4.4 Croissance
4.5 Relation longueur-poids
4.6 Reproduction
4.7 Distribution et migrations
4.8 Conclusions sur l'indépendance des stocks

4.1 Généralités

Lors de sa session de 1976, le Groupe de travail, tout en envisageant la possibilité que les trois zones contiennent des stocks unitaires distincts, avait néanmoins estimé que les informations dont il disposait ne lui permettaient pas de répondre avec certitude à la question. L'hypothèse d'un stock unique, ou au contraire celle de stocks indépendants, pourraient affecter grandement les conclusions à tirer en ce qui concerne l'exploitation de la sardine. Aussi, dans sa discussion sur la biologie du poisson, le Groupe de travail ad hoc a-t-il attaché une importance particulière à l'analyse des facteurs susceptibles d'apporter de nouveaux renseignements sur l'identité des stocks.

4.2 Moyenne vertébrale

Le Tableau 1 fournit un résume des observations disponibles. On constate que s'il existe, en ce qui concerne la moyenne vertébrale, une différence statistiquement significative entre les sardines casablancaises et celles pêchées au sud, cette différence ne l'est pas entre les échantillons des autres zones.

4.3 Analyse par électrophorèse

Biaz (1976) est l'auteur d'une méthode biochimique permettant d'identifier les populations des différentes zones de pèche par électrophorèse des protéines du noyau cristallin, solubles dans un gel de polyacrylamide. Les premiers résultats des expériences indiqueraient des différences sensibles entre les poissons péchés dans la zone de Casablanca et ceux pris entre Safi et le cap d'Aglou (Zone A), de même qu'entre ces derniers et les sardines de la Zone B, entre Ifni et El Ayoun.

4.4 Croissance

Belvèze et Rami, de l'Institut marocain des pèches maritimes et Krzeptowski (Pologne) ont présenté des données sur les paramètres de croissance en différentes saisons et secteurs de pêche. Les données disponibles montrent un éventail assez large de valeurs (Tableau 2). Une partie des différences semble liée à la méthode de détermination de la longueur a un âge donné: les longueurs obtenues par rétrocalcul à partir de la lecture des écailles donnent des valeurs L¥ plus basses et un K plus élevé que celles déduites par observation directe. Il semble que les échantillons des zones les plus méridionales aient des valeurs L supérieures a celles provenant du nord. Il faut noter toutefois que ces valeurs peuvent aussi être affectées par des différences selon la zone dans la composition par âge des captures. En outre, on a trouvé une différence dans les paramètres de croissance entre diverses populations de la même zone. En général, on observe une variance assez grande dans les chiffres obtenus par la même méthode dans une même zone.

Etant donné ces incertitudes, le Groupe a décidé d'utiliser pour K et L¥ une fourchette de valeurs pour ses estimations de la production potentielle et à l'état d'exploitation des ressources de sardine.

Des études plus approfondies, comparant aussi les longueurs réelles à un âge donné dans les diverses zones, aideraient à déterminer l'existence de différences vraies de croissance en fonction du secteur géographique.

4.5 Relation longueur-poids

Les relations longueur-poids suivantes, selon les zones, ont été obtenues:

- Zone A (Rami, données du deuxième trimestre 1977, non publiées):

W = 1,62 × 10-6 L3,32 (N = 700)

- Zone B (Bravo de Laguna et al., 1976. Données d'avril 1975 à mars 1976, basées sur des spécimens compris entre 10 et 26 cm de longueur totale):

W = 0,6 × 10-6 L3,47 (N = 998)

- Zone C (Krzeptowski 1977, moyenne des données 1973-1976):

W = 9,76 × 10-3 L2,996 (N = 3 700)

Pour les zones A et B, L correspond à la longueur totale exprimée en millimètres, W le poids en grammes, N le nombre de poissons.

Pour la Zone C, L correspond à la longueur totale en centimètres, W le poids en grammes, N l'effectif.

Tableau 1

MOYENNES VERTEBRALES

Lieu de capture de l'échantillon

Nombre de sardines

Moyenne vertébrale

Auteur

Casablanca

633

50.86 ± 0.05

Belveze and Rami (sous presse)

Safi

1 536

50.69 ± 0.03

Belveze and Rami (sous presse)

Agadir

2 500

50.68 ± 0.02

Belveze and Rami (sous presse)

Tan Tan (28° 30' N)

451

50.63 ± 0.05

Belveze and Rami (sous presse)

20° 40' N

138

50.72 ± 0.1

Belveze and Rami (sous presse)

27° 40' N

191

50.65 ± 0.09

Belveze and Rami (sous presse)

20°N - 24°N

300

50.67 ± 0.06

Krzeptowski, 1975

24°N - 28°N

300

50.68 ± 0.06

Krzeptowski, 1975

27°N - 27° 40' N

1 173

50.65 ± 0.03

Bravo de Laguna et, al., 1976


Tableau 2

PARAMETRES DE CROISSANCE DE S. PILCHARDUS

Méthode

Saison

Lieu de pèche

Zone de pèche

Auteurs

L¥

K

to

Scalimétrie

1er trim. 1976

Agadir

(A)

Belvèze and Rami (ISPM) (sous presse)

20.27

0.981

0.025

Directe

1976

Agadir, Safi, Essaouira

(A)

Belvèze and Rami (ISPM) (sous presse)

21.23

0.68

-1.33

Directe

1er trim. 1977

Agadir, Safi, Essaouira

(A)

Rami (ISPM) (non publié)

22.38

0.352

-2.27

Directe

2ème trim. 1977

Agadir, Safi, Essaouira

(A)

Rami (ISPM) (non publie)

21.07

0.531

-0.79

Directe

3ème trim. 1977

Agadir, Safi, Essaouira

(A)

Rami (ISPM) (non publie)

22.23

0.421

-1.39

Scalimétrie

janvier

P. Stafford

(B)

Belvèze and Rami (ISPM) (sous presse)

20.25

0.926

+0.06

Scalimétrie

janvier

P. Stafford Mâles

(B)

Belvèze and Rami (ISPM) (sous presse)

20.06

0.906

+0.03

Scalimétrie

janvier

P. Stafford Femelles

(B)

Belvèze and Rami (ISPM) (sous presse)

20.46

0.943

+0.08

Scalimétrie

mars 1975

Sud du cap Blanc

(C)

Belvèze and Rami (ISPM) (sous presse)

22.81

0.946

+0.22

Directe

2ème trim.
1973, 1974, 1975, 1976


(C)

Krzeptowski (Pologne) (1975)

24.62

0.371

-1.318


4.6 Reproduction

Selon Domanewsky et Barkova (1976), il existerait deux saisons de reproduction pour la sardine, la principale ayant lieu l'hiver et l'autre, plus faible, au printemps. La reproduction se prolonge davantage le long de la cote saharienne. En général, on trouve toute l'année dans les échantillons des femelles matures (au stade VI selon l'échelle de Maier), surtout dans la division Sahara littoral. Krzeptowski (commun. pers.) a observé trois saisons de reproduction le long des côtes sahariennes: novembre/décembre, mars/avril et août/septembre.

D'après les informations fournies à la réunion, dans la Zone A, la saison principale de reproduction se situerait d'octobre a février; une autre, moins importante, aurait lieu d'avril à mai.

On observe également deux saisons de reproduction dans la Zone B (Bravo de Laguna et al., 1976), la plus importante entre novembre et février avec un maximum en décembre (45 pour cent) - janvier (60 pour cent de femelles matures) et la petite saison en mai.

Une étude des oeufs et des larves effectuée en avril/mai 1973 a révélé des concentrations d'oeufs au sud du cap Bojador (Rubies et Palomera, 1977).

4.7 Distribution et migrations

Les résultats des prospections acoustiques analysés dams le rapport de la troisième session du Groupe de travail sur l'évaluation des ressources semblent confirmer l'hypothèse de stocks indépendants dans les zones A et B. On a observé près du cap d'Aglou, un peu au sud de la baie d'Agadir, une interruption dans la distribution des sardines. Au cours d'une nouvelle campagne (Lamboeuf, janvier 1977) trois concentrations de sardine ont été relevées, la plus importante entre 27°N et cap Juby. La seconde concentration s'étendait de Puerto Cansado à l'embouchure de l'Oued Draâ, la troisième, couvrant une aire réduite mais représentant une importante biomasse, a été observée près de Sidi Ifni. Aucune solution de continuité n'a été remarquée dans la distribution entre la baie d'Agadir et cap Juby; de petites concentrations dispersées ont été relevées entre Agadir et Safi, tandis qu'on ne trouvait pas de sardine entre Safi et Casablanca. On constate donc des différences importantes dans la distribution et le nombre des concentrations observées au cours des diverses campagnes de prospection acoustique. Les résultats dont on dispose actuellement ne permettent pas de conclure à une indépendance des stocks.

Les écarts saisonniers dans les captures des différentes zones indiquent, toutefois, l'existence de migrations considérables. D'après les études de Belvèze (1972) et de Bravo de Laguna et al. (1977), qui ont décrit les activités des flottilles opérant dans la région, il apparaîtrait que, au printemps, les jeunes sardines (âgées essentiellement de un à trois ans) se déplacent vers le nord dans la Zone A. Ce mouvement se traduit par une pêche saisonnière au large des côtes marocaines. Les premières grosses prises s'observent au large d'Agadir (en mai, juin et juillet), puis, plus tard au large d'Essaouira et de Safi (en juillet et août). Dans la deuxième moitié de l'année, la sardine semble émigrer au sud vers ses frayères, car les prises s'accroissent une fois de plus au large d'Agadir (octobre). La disparition du poisson dans la Zone de pêche A coïncide avec une augmentation importante des captures de même taille (23 à 26 cm) dans la Zone B. Belvèze estime aussi que, en raison de l'upwelling permanent au large du cap Juby, une partie des sardines reste toute l'année dans la Zone de pêche B.

Les données présentées par Krzeptowski, qui concernent la période 1972-1974, indiquent qu'en Zone C, la pêche se situe en janvier dans la partie sud (entre 23 et 25°30'N), pour se déplacer vers le nord en juin et atteindre en août les parages du cap Bojador. Une frayère a été trouvée au sud de ce cap.

4.8 Conclusions sur l'indépendance des stocks

Les observations basées sur les différences dans le nombre des vertèbres et dans l'électrophorèse, peut-être aussi sur la croissance, suggèrent l'existence de stocks présentant une certaine indépendance. Dans les échantillons capturés au large de Casablanca et un peu plus au nord, le décompte des vertèbres et les différences dans les observations par électrophorèse indiquent que ces sardines pourraient appartenir à un petit stock unitaire différent de celui pêche plus au sud dans la Zone A. Les analyses électrophorétiques et les études de croissance montrent qu'il peut y avoir aussi une certaine indépendance des stocks entre les zones A, B et C. Toutefois, il n'y a pas de preuve bien nette d'une telle séparation et les observations sur les variations saisonnières des rendements entre les différentes zones (Paragraphe 3.5) indiquent qu'il peut très bien y avoir des migrations importantes d'une zone I une autre.

Les migrations, le mélange et la séparation des sardines dans les différentes zones appellent un complément d'information. C'est pourquoi le Groupe a estimé qu'il importerait d'entreprendre des expériences de marquage, ce qui exige en premier lieu de mettre au point des méthodes convenables de marquage et de recapture.


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