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7. LES LACS NATURELS ET ARTIFICIELS DE LA REGION D'HANOI

Pour son ravitaillement en poisson, Hanoi dépend largement de la production de 14 lacs et étangs d'une superficie de 2 166,20 ha. Ces plans d'eau sont repris au Tableau 9. Ces 2 166,20 ha font partie de l'ensemble des plans d'eau sous le contrôle de la Municipalité et de l'Entreprise de Pêche d'Hanoi, plans d'eau qui totalisent 3 484 ha.

La productivité des divers lacs est inégale et dépend de nombreux facteurs, tels que les conditions physico-chimiques du milieu, la composition de la faune ichtyologique et de la flore aquatique, l'importance des empoissonnements annuels de ces plans d'eau, l'âge des lacs et des apports plus ou moins importants d'eaux d'égouts. Du point de vue des rendements, les lacs de la région d'Hanoi peuvent sommairement se classer en trois catégories:

  1. les lacs naturels non enrichis par des eaux d'égouts: rendements compris entre 150 et 200 kg de poissons par ha/an. Le lac Gia Lam (rivière Thiên Dúc) se situe dans cette catégorie;

  2. les lacs artificiels ou retenues artificielles: ont été construits pour constituer des réserves d'eau pour l'irrigation, très souvent dans des sites latéritiques. Ces réservoirs ne reçoivent pas d'eaux d'égouts et leurs rendements varient entre 57 et 83 kg de poissons par ha/an. Il s'agit des retenues suivantes:

  3. les lacs et étangs naturels enrichis par des eaux d'égouts donnent des rendements très élevés qui se situent entre 1 000 et 5 000 kg de poisson par ha/an. Les plans d'eau suivants se trouvent dans cette catégorie:

Par manque de temps, l'expert n'a pu visiter que certains lacs naturels et artificiels de la region et les donneés receuillies sur place se trouvent ci-après.

7.1 Les lacs naturels

Dans l'agglomération d'Hanoi se trouvent de nombreux plans d'eau, de superficies variables, pratiquement tous alimentés par des eaux d'égouts. Trois de ces plans d'eau ont été visités par l'expert: le lac Hô Tây, le lac Bây Mâu et le lac Ha Le.

7.1.1 Le lac Hô Tây

Ce lac naturel, d'une superficie de 413 ha, se trouve au centre de la ville. C'est le plus grand plan d'eau naturel géré par le Comité Populaire d'Hanoi, par le truchement de l'Entreprise de Pêche ‘Quoc Doanh Ca Ha Noi’. Le lac Hô Tây est en fait une dépression où s'accumulent les eaux de pluies et aussi les eaux usées (égouts) des quartiers très populeux qui l'entourent. C'est le plan d'eau principal pour l'approvisionnement en poisson de la ville d'Hanoi. Par l'intermédiaire du ruisseau Tô Lich, le Hô Tây se déverse dans le Fleuve Rouge, mais seulement aux hautes eaux.

Dans la partie Nord du lac, les profondeurs se situent entre 0,80 et 1 m; dans la partie Sud, les profondeurs vont de 1,20 à 1,50 m. Les eaux sont les plus basses en février-mars, à la fin de la saison sèche. Le battement entre hautes eaux et basses eaux est d'environ 1 m. Aux basses eaux, les hauts-fonds émergent, surtout sur le pourtour du lac. Au fil des années, le lac s'est envasé et il s'est formé une couche de 0,80 à 1 m de vase de couleur brune ou noire, assez homogène, sauf dans la zone de Quang Ba où le fond est assez sablonneux.

Tableau 9

Lacs et étangs importants de la région d'Hanoi

Dénomination du plan d'eauSuperficie moyenne
(ha)
Dong Mo-Ngai Son720
Suoi Hai700
Hô Tây413
Dai Lai228
Truc Bach  22
Bây Mâu       21,60
Dông Da I  17
Hoan Kiêm  13
Giang Vo        7,60
Ba Mâu   6
Ha Le   6
Thu Lê   6
Dong Da II  4
Chu U  2
Total2 166,20

Source: Entreprise de Pêche d'Hanoi, 1979


7.1.1.1 Conditions physico-chimiques

Les résultats de mesures et analyses effectuées en 1977–78 par la Faculté de Biologie de l'Université d'Hanoi sont donneés au Tableau 10.

Tableau 10

Conditions physico-chimiques de l'eau du lac Hô Tây

Température de l'eau (°C)17–32
Transparence-disque de Secchi (cm)20–30
pH7–8
O2 (mg/l)1,35–1,86
Matières organiques: en milieu acide (mg 0/1)5,44–7,12
 : en milieu alcalin (mg 0/1)4,48–5,12
Dureté totale5°60–5°71
Phosphates - PO4 (mg/l)0,27
Ammoniaque - NH4 (mg/l)0,75–1,50
Chlorures - Cl (mg/l)80–90
Fer - Fe2O3 (mg/l)0,55–0,60
Cuivre - Cu (mg/l)181–187
Arsenic - As (mg/l)256–264

Commentaires: les donneés du Tableau 10 sont très intéressantes, mais l'appréciation de la productivité d'un plan d'eau, en partant de la connaissance des constituants chimiques de cette eau, est très complexe et nécessite des analyses nombreuses dans l'espace et le temps. Compte tenu des éléments dont nous disposons, il n'est pas possible de tirer des conclusions définitives au sujet de la productivité du lac Hô Tây. En examinant les résultats des analyses chimiques et des mesures physiques, consignées au Tableau 10, l'on peut cependant émettre les considérations suivantes:

L'examen sommaire des quelques données qui concernent les conditions physico-chimiques des eaux du lac Hô Tây démontre que ces eaux sont relativement riches en nutrients, mais qu'elles sont polluées. Le lac Hô Tây est déjà dans un stade avancé d'eutrophisation.1 Les concentrations anormalement élevées de certaines substances peuvent être des ‘facteurs limites’ de la production piscicole. Des analyses d'eau plus complètes et plus nombreuses et des prélèvements sont indispensables pour faire un bilan correct. Il s'agit de déterminer la nature et le degré des pollutions et la manière dont elles se manifestent (pollutions chroniques ou pollutions aiguës).

1 Eutrophisation: processus par lequel une eau peut devenir hautement productive par un accroissement de nutrients (ou éléments nutritifs dissous dans l'eau), soit naturellement par voie artificielle et pouvant, dans des cas extrêmes, provoquer une pollution organique (Beadle, 1974). L'eutrophisation est accélérée par la pollution organique (Arrignon, 1976)

7.1.1.2 Phytoplancton

L'on ne dispose pas de données précises concernant la composition du phytoplancton du lac Hô Tây. L'on ne connait pas non plus le volume du phytoplancton et ses variations saisonnières. Ces données sont très importantes car elles conditionnent les possibilités de croissance d'espèces phytoplanctonophages.

7.1.1.3 Zooplancton

Le zooplancton du lac Hô Tây est composé de 11 espèces de rotifères, quatre espèces de cladocères et deux espèces de copépodes. Numériquement, les rotifères représentent entre 86 et 98 pour cent. La densité du zooplancton varie de 25 000 à 90 000 individus par m3. Rappelons que les rotifères constituent une importante partie de l'alimentation naturelle de la carpe argentée et de la carpe marbrée (Ling, 1977).

7.1.1.4 Benthos

Le benthos du Hô Tây est composé de quatre grands groupes: les chironomides, les vers, les mollusques et le groupe Cyclestheria hislopi. Les chironomides (Chironomus sp., Tanypus sp.) et les vers (Limeodrilus hoffmeisteri, Brachiura sowerbyi et Branchiodrilus semperi) se retrouvent dans tout le lac. Les mollusques (Sinotais acruginosa, Angulyagra polyzonata) vivent surtout dans les eaux peu profondes le long des berges.

La densité d'organismes benthoniques varie de 917 à 5 256 individus par m2. Numériquement les vers représentent 30 à 60 pour cent, les chironomides 10 à 20 pour cent et les mollusques moins de 1 pour cent du nombre total. Le volume du benthos varie entre 5,10 et 17,55 g/m2, dont en moyenne 34 pour cent de vers, 31 pour cent de chironomides, 20 pour cent de mollusques et 15 pour cent de Cyclestheria hislopi.

Pour certain poissons, le benthos est la source principale de nourriture. C'est le cas notamment de la Carpe commune et de la Carpe noire.

7.1.1.5 Considérations concernant la flore et la faune nutritive du lac Hô Tây

Selon la Faculté de Biologie de l'Université d'Hanoi, le lac Hô Tây est un milieu caractérisé par:

  1. des concentrations relativement élevées de sels mineraux;

  2. des végétaux flottants innombrables (specialement la jacinthe d'eau, Eichornia crassipes) et des données préliminaires indiquent une productivité biologique très élevée;

  3. le volume du zooplancton qui, même s'il n'est pas très important, est cependent considérable comparé à d'autres lacs du Nord Viet Nam (1 g/m3);

  4. le volume du benthos est élevé, allant de 10 à 20 g/m2, ce qui constitue une importante source alimentaire. Il y a sur le fond du lac entre 17 et 39 t de benthos, non compris un plus important volume de matières organiques végétales et des micro-organismes;

  5. le volume du seston1 est considérable (72,8 g/m3);

  6. un volume permanent d'environ 400 t de matières solides (y compris des plantes flottantes, du zooplancton et des dépôts);

  7. de plus, il y a une importante quantité de micro-organismes dont on ne peut estimer le volume exacte, du fait de recherches encore incomplètes.

Les chercheurs de la Faculté de Biologie estiment que le Hô Tây est riche en éléments nutritifs, mais admettent également que les eaux du lac sont polluées. Pour y remedier, ils préconisent de draguer le lac et d'en ritirer la vase et d'également traiter les eaux résiduelles des usines environnantes avant de les déverser dans le lac. Ils estiment que ces deux opérations donneront au lac une productivité biologique plus élevée. Ces deux points seront discutés plus en détail aux sections 7.1.1.8 et 7.1.1.9.

1 Seston: l'ensemble de tout ce qui flotte enture deux eaux, vivant ou mort, inorganique ou organisé; c'est l'ensemble de ce qui reste sur un tamix quand on filtre de l'eau naturelle (Dussart, 1966)

7.1.1.6 La pêche dans le lac Hô Tây

L'exploitation du lac se fait en utilisant des sennes tournantes, des sennes de plage, des filets maillants et des lignes de fond.

Les sennes tournantes: sont utilisées par l'Entreprise de Pêche d'Hanoi. L'unité de pêche comprend une senne de 1,600 m de long et 6 m de chute (mailles étireés de 7 à 8 cm) et de deux embarcations métalliques, dont une à moteur. Les nappes et le nylon sont achetés au Japon ou en Europe et les sennes sont montées sur place. Les captures maximum sont de 2 à 3 tonnes de poisson par coup de senne, mais en moyenne l'on capture 700 à 800 kg par coup. La pêche à la senne tournante se pratique durant cinq mois, d'août à décembre. L'équippe est formée de 12 personnes.

Les principales espèces capturées à la senne tournante sont les carpes argentées, marbrées et herbivores. Une note technique concernant les coûts et la rentabilité de la pêche à la senne tournante au lac Hô Tây se trouve en Annexe 1.

Les lignes de fond: sont utilisées, surtout de nuit, et durant toute l'année. Les nuits de fortespluies sont les plus favorables. Une ligne est composée de 400 à 500 hameçons. L'unité de pêche est constituée d'un pêcheur, d'une barque en bois et de 20 lignes de fond de chacune 400 à 500 hameçons. L'on capture surtout des carpes communes et les captures moyennes atteignent 20 kg pour 20 lignes. La rentabilité de la pêche aux lignes de fond est donnée en annexe 1.

La senne de plage: est utilisée activement toute l'année. Le filet a une longueur de 500 m et une chute de 3 à 4 m, à mailles étirées de 1 cm. Les captures sont de l'ordre de 200 à 300 kg de ‘petits poissons’ par jour et par senne. Etant donné la grandeur des mailles, l'on capture sans doute essentiellement des alevins et une telle pêche, même si elle est très populaire, ne devrait pas être autorisée, à moins d'utiliser de plus grandes mailles.

L'unité de pêche est constituée de 6 à 8 personnes, d'une senne et d'une embarcation en bois.

La pêche à la ligne: est pratiquée intensivement toute l'année par tous les riverains du lac. Le tonnage prélevé par cette pêche doit être important, mais est incontrôlable. Les captures totales dans le lac Hô Tây durant les dernières années sont données au Tableau 11.

Actuellement il n'y a pas d'opérations d'aquaculture dans les eaux du lac, mais il y a déjà eu des essais d'élevage en enclos et quelques essais d'élevages associés de porcs et canards avec du poisson. Les essais en enclos dans des diverticules du lac n'ont pas été poursuivis pour diverses raisons, notamment le coût trop élevé des clotures en bambou, les vols et les risques d'inondation aux hautes eaux.

Tableau 11

Production de la pêche dans le lac Hô Tây

AnnéesTonnesRendement
(kg/ha/an)
AnnéesTonnesRendement
(kg/ha/an)
1972400   968,51976361874,1
19734161 007,21977338878,4
19744831 169,41978405980,6
1975333   806,2   

Source: Entreprise de Pêche d'Hanoi, 1979

Des élevages associés existaient, mais les installations ont été détruites lors de la derniere guerre. L'Entreprise de Pêche d'Hanoi envisage d'installer, à nouveau, de tels élevages associés et de débuter des essais d'élevage en cages flottantes. La production actuelle (1978) du lac Hô Tây (413 ha) est de 405 t/an, soit un rendement théorique de 980,6 kg par ha/an. Le Comité du Peuple d'Hanoi s'est fixé comme objectif de sortir 600 t/an, soit un rendement de 1 452 kg de poisson par ha/an. Cet objectif pourra sans doute être atteint, mais il faudra suivre la situation de très près, notamment en ce qui concerne les pollutions, et prendre, en temps voulu, les mesures qui s'imposent si l'on constatait des signes évidents de surexploitation notamment diminution des rendements par unité d'effort et diminution des tailles des poissons capturés. De tels rendements impliquent nécessairement un repeuplement actif, régulier, continu et à bon escient, des eaux du lac.

7.1.1.7 Les déversements annuels d'alevins dans le lac Hô Tây

Le lac Hô Tây est réempoissonné chaque année par des déversements d'alevins de 5 à 6 cm en provenance de la Station d'Alevinage de Nhât Tân. Les espèces déversées les dernières années, leur nombre et le pourcentage du total sont données au Tableau 12.

Tableau 12

Déversements d'alevins de 5 à 6 cm dans le lac Hô Tây

Espèces197619771978
Nombre déversé%Nombre déversé%Nombre déversé%
Hypophthalmichthys molitrix1 550 000  47,61 100 000   40,71 113 000   57,4
Aristichthys nobilis730 00022,4380 00014,0700 00036,1
Ctenopharyngodon idella  56 000  1,7    5 000  0,2  12 000  0,6
Cyprinus carpio730 00022,4940 00034,7  71 000  3,7
Labeo collaris190 000  5,8280 00010,3  40 000  2,1
Nombre total déversé3 256 000   100     2 705 000   100    1 936 000   100   

Le choix des espèces à déverser dans le lac Hô Tây est très important, compte-tenu de la capacité biogénique de l'eau. Comme l'on peut le constater au Tableau 12, l'on a donné les trois dernières années, priorité aux phytoplanctonophages et mangeurs d'algues puisque la carpe argentée (H. molitrix) représente entre 40 et 57 pour cent des poissons déversés. Il y a ensuite les zooplanctonophages et mangeurs de détritus organiques (carpe marbrée, A. nobilis et le L. collaris) qui représentent ensemble entre 24 et 38 pour cent des déversements. L'on déverse aussi un seul omnivore et mangeur de fond, la carpe commune, qui représente entre 4 et 34 pour cent, et enfin un seul macrophytophage, la carpe herbivore (C. idella) qui ne représente que 0,2 à 1,7 pour cent du nombre total d'alevins déversés.

En considérant tous les éléments qui conditionnent la productivité des eaux du Hô Tây, il n'est pas certain que la population piscicole du lac est en ‘équilibre’ avec les ressources nutritives naturelles (ou ‘aliments pour poissons’) des eaux du Hô Tây. Les données connues sont encore incomplètes et il est indispensable de mieux connaître les ressources nutritives naturelles du lac et la composition de sa faune ichtyologique afin de choisir, en connaissance de cause, les espèces à y déverser, espèces susceptibles d'exploiter au mieux les ressources nutritives disponibles.

7.1.1.8 Proposition de draguer le lac Hô Tây

En septembre 1978, l'Entreprise de Pêche du Comité Populaire de la ville d'Hanoi, a fait savoir qu'elle envisageait le dragage du lac comme un des moyens d'augmenter la production du lac (Delmendo, 1978). Le problème du dragage éventuel du lac Hô Tây a été soulevé, le 2 juillet 1979, lors de la visite du lac Bây Mâu. Selon les experts des pêches vietnamiens, l'idée d'approfondir le Hô Tây date de 1963–64. Le problème est revenu sur le tapis en 1965–66, après l'approfondissement du lac Hâ Lê (6 ha) dont la production avait décuplée après le dragage de 1964. Le même phénomène s'est également produit après le dragage (approfondissement manuel) du lac Bây Mâu (22 ha). Ces deux exemples, où l'approfondissement a augmenté considérablement le volume d'eau et provoqué ensuite une spectaculaire augmentation de production, font penser que l'on pourrait obtenir le même résultat si l'ou curait le lac Hô Tây.

En polyculture de carpes chinoises en étangs, il est généralement admis que l'on obtient les meilleurs résultats dans des étangs dont la profondeur va de 2 à 3 m, étant donné que les espèces vivent et se nourrissent chacune dans des couches d'eau différentes. Plus grand est le volume d'eau, plus grand est le stock de poissons que l'on peut y élever en polyculture, à condition que toute la masse d'eau a les qualités biologiques requises pour l'élevage. Ceci peut s'appliquer également aux plans d'eau comme le lac Hô Tây.

La profondeur moyenne actuelle du Hô Tây est de 1,153m (minimum 0,80 m; maximum 1,50 m). Le volume d'eau du lac (413 ha) est d'environ 4 750 000 m3 dont on a extrait 405 t de poisson en 1978, soit un rendement théorique d'environ 0,085 kg de poisson par m3 d'eau.

Selon les renseignements obtenus sur place, l'epaisseur de la couche de vase serait actuellement de 0,80 à 1 m. Etant donné le rôle que joue la vase dans la production biologique (réservoir de substances nutritives), il ne peut être question de retirer toute la vase du lac. Tout au plus pourrait-on envisager d'enlever 50 à 80 cm, laissant sur le fond une couche de 20 à 30 cm permettant les échanges biochimiques importants pour la microfaune du lac. Si l'on admet ce principe et que l'on ne retire en moyeune qu'une couche de 0,50 m de vase, l'on augmenterait théoriquement le volume du lac Hô Tây d'environ 2 millions de m3 et le volume total serait ainsi de 6 750 000 m3. En admettant un rendement de 0,100 kg de poisson/m3 d'eau, après le dragage du lac à 1,65 m, la production pourrait théoriquement être de 675 t/an.

Le curage d'un plan d'eau est toujours une opération très onéreuse qui très souvent se complique du fait de la destination à donner à la vase, surtout quand il s'agit de grandes quantités. Le transport de la vase augmente aussi sérièusement les frais de curage. Les vases enlevées peuvent être utilisées pour amender des terres horticoles et agricoles, comme cela a été fait lors du dragage du lac Bây Mâu.

Si l'on envisage le curage du lac Hô Tây, il devrait se faire aux basses eaux, en février-mars. Les hauts-fonds émergés aux basses eaux sur le pourtour du lac, pourraient être dégagés, soit manuellement (prévoir l'extraciton de 1 m3 de vase ou détritus ressuyé et durci par homme/jour), soit par engins mécaniques (bulldozer ou pelle mécanique). Les matériaux extraits (vases et atterrissements) pourraient servir à édifier des nouvelles digues et à créer ainsi des étangs protégés à l'intérieur du lac.

Comme le lac Hô Tây ne peut être mis à sec complètement, il faudra, pour le draguer ou le curer, prévoir l'utilisation d'un appareillage spécial, flottant, et relativement coûteux, qui n'est généralement utilisé que par des firmes spécialisées. Les machines les plus employées sont l'aspiro-dragueuse et la drague flottante. L'engin de dévasement le plus utilisé est l'aspiro-dragueuse constituée essentiellement d'une embarcation (ponton), d'un moteur, d'une flèche avec tuyau d'aspiration et tête coupeuse et d'une canalisation de refoulement. La vase, les détritus et la végétation aquatique sont détachés et déchiquetés par la rotation rapide des couteaux de la tête coupeuse et aspirés sous forme d'une boue liquide qui est refoulée. Ce refoulement se fait par des tuyaux flexibles qui flottent sur l'eau et par des tuyaux rigides sur la terre ferme (Huet, 1970). Les dragues sur ponton les plus usuelles et les plus maniables comprennent: un ponton flottant, une grue rotative avec flêche, une benne bêche, une moteur de 6 à 8 CV et une ou plusieurs barges à clapets pour le transport des vases.

Comme les berges du Hô Tây sont occupées et fort peuplées, l'évacuation ou l'utilisation des produits du curage devra être très sérieusement étudié. Peu importe les moyens de dragage envisagés, il faut prévoir d'imporantes aires d'épandage et de ressuyage des vases et détritus extraits du fond (dépôts sur les berges ou emplacements pour construire des digues à l'intérieur du lac).

Pour réduire les frais et l'ampleur des travaux de curage, l'on pourrait envisager, non pas de draguer toute l'étendue du lac Hô Tây, mais de ne curer que les diverticules importants (petites baies) et utiliser les vases enlevées pour construire des digues qui sépareraient ces diverticules du reste du lac. Ces petites baies resteraient en communication avec le lac, par des vannes appropriées, et pourraient servir au grossissement d'alevins ou à la production intensive de poisson de consommation.

Avant de prendre une décision sur l'opportunité de curer le lac Hô Tây, il est indispensable d'étudier en détail tous les avantages et inconvénients que cela implique et aussi d'établir un devis détaillé des coûts de l'opération et de la rentabilité.

7.1.1.9 Proposition de traiter les eaux résiduelles qui se déversent dans le lac Hô Tây

Cette proposition de la Faculté de Biologie est certes pertinente, mais une étude complète préable des effluents est nécessaire avant de décider si le traitement des eaux est indispensable. Cette étude devrait également déterminer l'impact de l'épuration éventuelle des eaux sur les resources nutritive naturelles du lac Hô Tây, une fois connue les causes précises et la nature des pollutions.

7.1.2 Le lac Bây Mâu

Ce plan d'eau, d'une superficie de 22 ha se trouve dans la ville. Il reçoit ses eaux en partie du lac Hâ Lê et est alimenté aussi par les eaux de pluies et des eaux d'égout. Sa profondeur moyenne est maintenant de 2,5 m (maximum 6 m), depuis les travaux de dragage entrepris en 1972. Par son déversoir grillagé, le lac Bây Mâu se déverse dans le Fleuve Rouge.

7.1.2.1 Le curage du Bây Mâu

Depuis des années, cet étang (improprement nommé lac) s'etait rempli de matières organiques et il avait atteint un stade d'eutrophisation avancée. Il n'avait plus que 1,50 m de profondeur En 1973, les autorités ont décidé de l'approfondir à 2,5 m. Les travaux ont été effectué manuellement, par le peuple, après la mise à sèc du lac. L'on a retiré au total, environ 220 000 m3 de vase, à raison de 1/2 m3/homme/jour. A remarquer que des travailleurs spécialisés peuvent enlever jusqu'à 3 m3/homme/jour (Dr. Truong Van Bay, communication personnelle). A raison de 1/2 m3 /homme/jour, ce travail à pris 440 000 homme/jour, soit 14 666 homme/mois à D.40/mois. Le coût total peut ainsi être estimé à D.1 466 400, soit D.2,6/m3 extrait. La vase enlevée a été utilisée pour établir des potagers et des pépinières.

7.1.2.2 Les déversements annuels d'alevins

Ce lac est repeuplé chaque année, de juin à septembre. L'on y déverse en moyenne 450 000 alevins de 6 à 8 cm/an, soit en moyenne 2,5 alevins/m2. Les alevins proviennent de la Station de Phap Van et sont des alevins des espèces suivantes: H. molitrix, A. nobilis, et L. collaris.

7.1.2.3 La pêche

La pêche dans le lac se fait au moyen de sennes de plage, d'une longueur de 450 à 500 m, chute 7 m (ailes) à 16 m (centre formant poche) à mailles étirées de 9 à 10 cm. La pêche se pratique toute l'année, mais spécialement d'août à décembre.

Avant l'approfondissement du lac, la production moyenne totale de ce plan d'eau n'atteignait que 46 t/an, soit 2,09 t/ha/an. Après les travaux d'approfondissement, la production a augmenté considérablement. A signaler qu'en 1973, un seul coup de senne a rapporté 14 t de poisson (Ngô Quang Tiêp, communication personnelle).

A titre documentaire, les dernières productions totalesdu lac Bây Mâu sont données au Tableau 13.

Tableau 13

Evolution des captures dans le lac Bây Mâu

AnnéesProduction
(t/an)
Rendement
(t/ha/an)
1975  944,27
19761105,0  
19771346,09
19781125,09

La composition numérale approximative des captures est la suivante:

Les experts vietnamiens attribuent la spectaculaire augmentation des captures après 1973, à l'approfondissement du lac (augmentation du volume d'eau) et à une augmentation des apports d'eaux d'égouts.

Si l'on admet qu'avant l'approfondissement, le volume du lac à une profondeur moyenne de 1,50 m, était de 330 000 m3, la production de 46 t/an équivaut à une capture théorique de 0,140 kg de poisson/m3/an. Après les travaux de dragage, et en tenant le même raisonnement, une production totale de 110 t/an, correspond à une capture de 0,200 kg de poisson/m3/an, en admettant une profondeur moyenne du lac de 2,50 m.

La diminution des captures en 1978 est attribuée, par les experts vietnamiens, a la moins bonne qualité des alevins déversés, à un manque de pluies et un manque d'oxygène dissous. En 1977–78 il y a eu d'ailleurs des mortalités massives de poissons dont les cadavres se sont accumulés contre les grilles du trop-plein. Il y a eu également des pollutions du fait des déversements d'ateliers de réparation de voitures (essence, huiles de vidange et mazout). Peut être y a-t-il aussi une certaine surexploitation, mais cela n'est qu'une hypothèse qu'il faudrait vérifier.

7.1.3 Le lac Hâ Lê ou Thuyên Quang

Cet étang naturel, d'une superficie de 6 ha, se trouve dans la ville d'Hanoi. Il est alimenté par les eaux de pluies et par les eaux d'égouts et sa profondeur moyenne est de 6 m. Il communique avec le lac Bây Mâu (22 ha). Ce lac a également été approfondi en 1964.

7.1.3.1 Les déversements annuels d'alevins

Le lac Hâ Lê est réempoissonné chaque anneé avec des alevins provenant de la Station de Phap Van. L'on y déverse annuellement entre 120 000 (= 2 alevins/m2) et 160 000 alevins (= 2,66 alevins/m2) de 6 à 8 cm des espèces suivantes:

- H. molitrix)
- A. nobilis)
-70 pour cent du total
- T. mossambica-20 pour cent environ
- L. collaris-10 pour cent environ

7.1.3.2 Pêche et production

La pêche se pratique à la senne de plage (longueur: 450 à 500 m; chute: 7 à 16 m) à mailles étirées de 9 à 10 cm, de juillet à décembre. L'on utilise un filet identique, mais à mailles étirées de l à 1,5 cm, de mars à juin. Le filet maillant est également utilisé. Il s'agit d'un engin de 100 m (en position de pêche), de 0,80 m de chute et à mailles étirées de 4 cm. Ce filet est utilisé de janvier à fin avril.

Avant l'approfondissement du lac la production moyenne totale était de 2,5 t de poisson/an (= 418 kg/ha/an). Depuis les travaux de curage, les productions ont évolué comme cela apparaît au Tableau 14.

Tableau 14

Evolution des captures dans le lac Hâ Lê

AnnéesProduction
(t/an)
Rendement
(kg/ha/an)
1974406 666
1975416 833
1976386 333
1977305 000
1978305 000

La diminution de la production du lac Hâ Lê depuis 1976–77 est attribuée à une lente eutrophisation, mais surtout à la pollution industrielle (rejets d'ateliers de réparations mécaniques) et aux produits chimiques utilisés dans la lutte contre les moustiques et les rongeurs (rats et souris).

A noter que T. mossambica s'est très bien adapté aux conditions du lac Hâ Lê. Début juillet 1979, de nombreux nuages d'alevins de T. mossambica ont été observé le long des berges du lac.

7.1.4 Considérations concernant les lacs naturels enrichis par les eaux d'égouts

Dans les lacs naturels Hô Tây, Bây Mâu et Hâ Lê, les rendements sont très élevés et atteignent entre 1 000 et 6 000 kg/ha/an. Ces lacs sont les collecteurs d'importantes quantités d'eaux d'égouts et cela explique, compte-tenu de la température élevée de l'eau, la prolifération de phytoplancton et de zooplancton que l'on constate dans les eaux de ces lacs. Ces eaux résiduaires fertilisent le milieu, mais causent des pollutions plus ou moins graves, probablement différentes d'un plan d'eau à l'autre.

Le Hô Tây est celui des trois lacs, enrichis par des eaux d'égouts, où le rendement est le plus bas: entre 806 et 1 169 kg/ha/an, alors que les rendements sont de 5 000 kg/ha/an dans les lacs Hâ Lê et Bây Mâu. Ce problème a fait l'objet de nombreuses discussions entre l'expert et les responsables de l'Entreprise de Pêche d'Hanoi. Les causes probables de ces différences de rendements sont les suivantes:

  1. les apports d'eaux d'égouts seraient plus importants dans les lacs Hâ Lê et Bây Mâu que dans le Hô Tây;

  2. de ce fait, le zoo et phytoplancton, et aussi le benthos, seraient plus pauvres dans le Hô Tây, comparativement aux deux autres lacs;

  3. de ces trois lacs, c'est sans doute le Hô Tây qui se trouve en voie d'eutrophisation la plus avancée et où la pollution est peut-être la plus aiguë;

  4. l'effort de pêche est probablement plus fort et plus régulier dans le lac Hô Tây, par rapport aux deux autres lacs;

  5. les superficies très différentes des trois lacs considérés;

  6. la nette différence de profondeur des trois lacs: 6 m pour le lac Hâ Lê, 2,50 m pour le Bây Mâu et seulement en moyenne 1,15 m pour le lac Hô Tây;

  7. les déversements annuels d'alevins sont plus faibles dans le lac Hô Tây que dans les autres lacs (voir Tableau 15).

Tableau 15

Déversements d'alevins dans les lacs Hô Tây, Bây Mâu et Hâ Lê

Nom du lacSuperficie
(ha)
Nombre d'alevins déversés par an (1978)Densité d'alevins déversés à l'hectare
Hô Tây413   2 932 0001    6 373
Bây Mâu22450 00020 455
Hâ Lê  6160 00025 667

1 moyenne des annèes 1976/77/78 (voir Tableau 12)

Comme on peut le constater au tableau ci-dessus, c'est dans le lac le plus petit que l'on déverse le plus d'alevins. Pour les lacs Bây Mâu et Hâ Lê, le nombre d'alevins déversés à l'hectare est environ le même, mais il est largement inférieur en ce qui concerne le Hô Tây.

Dans l'état actuel de nos connaissances, il n'est pas possible d'expliquer, d'une manière précise, les raisons des différences de production que l'on constate entre le lac Hô Tây et les lacs Bây Mâu et Hâ Lê. Des études plus complètes, précises et comparatives de ces trois plans d'eau sont indispensables pour comprendre et expliquer les phénomènes en cause et tenter de modifier correctement les programmes d'aménagement et d'exploitation de ces plans d'eau.

7.2 Les Retenues Artificielles

Trois lacs de barrage sont actuellement exploités par l'Entreprise de Pêche d'Hanoi: les lacs Dai Lai, Dong Mo-Ngai Son et Suoi Hai.

7.2.1 Lac artificiel de Dai Lai

Ce lac se trouve à une dizaine de kilomètres de la Station d'Alevinage de Bach Tru. Il a été construit en 1960 pour constituer une réserve d'eau pour l'irrigation de rizières en aval. Le réservoir de Dai Lai a une superficie maximum de 400 ha environ et une superficie moyenne de 228 ha. Sa profondeur moyenne est de 15 m. L'assiette du lac n'a pas été déboisée avant sa mise sous eau et les troncs immergés gênent la pêche aux filets. Ce lac est alimenté par trois ruisseau de montagne, à eaux biologiquement pauvres. A noter que des analyses d'eau n'ont pas été effectuées jusqu'à présent. L'eau est cependant fort transparente et les rendements sont peu élevés.

L'empoissonnement du lac de Dai Lai a débuté en 1967 et se poursuit chaque année. En 1978, l'on y a deversé environ 500 000 alevins de 3 cm en provenance de la Station d'Alevinage de Bach Tru. Le déversement était constitue d'alevins de H. molitrix (environ 90 pourcent) et de C. idella (environ 10 pour cent). Aucun Tilapia n'y a jamais été déversé.

Jusqu'en avril 1979, ce lac était exploité par la Province de Vinh Phu pour l'approvisionnement de l'agglomération de Xuan Hoa (environ 10 000 familles), mais depuis la réorganisation et l'incorporation de cette zone dans la municipalité d'Hanoi (1 avril 1979), le lac Dai Lai n'est plus exploité. L'Entreprise de Pêche d'Hanoi envisage de reprendre les activités de pêche au début de l'année prochaine.

Aux fortes pluies et hautes eaux la production est faible, car les poissons remontent les cours d'eau qui alimentent le lac et vont jusqu'aux rapides qui jalonnent ces torrents. La seule saison de pêche ne dure que deux mois, aux basses eaux, en avril et mai. La production la plus élevée aurait été de 24 t de poisson/an (106 kg/ha/an). La production moyenne annuel: est de 15 t/an (65,7 kg/ha/an). L'on a utilisé des sennes tournantes, des filets maillants et des lignes de fond.

7.2.2 Lac de barrage de Dong Mo-Ngai Son

Ce réservoir est exploité par la Ferme d'Etat de Dong Mo (environ 45 km au Nord-Ouest d'Hanoi). Le barrage a été construit en 1971 sur la riviere Ngai Son et des torrents qui dévalent les monts Bavi. La superficie maximum du plan d'eau est de 1 300 ha avec un volume de 100 millions de m3 d'eau. Aux basses eaux, il n'y a plus que 400 ha. La superficie moyenne est de 720 ha. Une partie de l'assiette du lac (= 650 ha) a été déboisée au bulldozer avant la mise sous eau. La profondeur maximum du lac est de 19 m et la profondeur moyenne atteint 10 m. Des ilots émergent du lac et couvrent 490 ha. Le lac a été créé dans un double but: stocker de l'eau pour l'irrigation de rizières (régularisation des apports d'eau) et la production piscicole. La superficie du bassin versant est de 96 km2.

La Ferme d'Etat de Dong Mo a également un station d'alevinage et un élevage de 150 porcs La Ferme ne dispose pas encore de tous les bâtiments indispensables et son expansion a été freinée au cours de la derniere guerre.

7.2.2.1 Alevinage de la retenue

Entre 1972 et 1978, l'on a deversé dans ce lac environ 9,5 millions d'alevins en provenance de diverses stations. Depuis 1974, les déversements se sont faits à partir de la Station d'Alevinage de Dong Mo. Les espèces déversés sont les suivantes: carpe argentée, carpe marbrée, carpe herbivore, et Labeo collaris. La carpe commune existe dans le lac et s'y reproduit naturellement. L'Entreprise de Pêche d'Hanoi envisage, à titre expérimental, d'introduire dans le lac, T. mossambica et T. nilotica.

Les Tilapia sont bien acceptés par les consommateurs, mais seulement à une taille supérieure à 10 cm. Ils se vendent généralement vivants. Les Tilapia se reproduisant en station, l'on espère qu'ils se reproduiront naturellement dans le lac, ce que ne font pas les carpes chinoises. L'introduction de Clarias batrachus est egalement envisagé, mais seulement après des essais pour voir s'il se reproduit naturellement dans les diverticules barrés.

7.2.2.2 Techniques de pêche et production

Le lac est exploité au moyen de tramails en nylon de 50 m de long et de 8 m de chute. La nappe centrale a des mailles étirées de 44 cm et les nappes extérieures ont des mailles étirées de 11 cm. Le choix des dimensions des mailles est arbitraire car se sont les seuls filets disponibles dans le commerce. Les responsables s'en accommodent car ils ne veulent capturer que les poissons de grande taille. La pêche se pratique toute l'année, mais les meilleurs rendements sont obtenus en juin et juillet, aux basses eaux. Aux crues, et specialement en septembre, de nombreux poissons quittent le lac par les déversoirs. Pour y rémedier, les experts ont envisagé la pose de barrières en filets, mais il manque les crédits pour le faire. Il n'est cependant pas certain que l'installation d'une telle barrière soit possible et rentable.

En six ans (de 1973 à 1978) les captures dans la retenue de Dong Mo-Ngai Son se sont élevées à 400 t, soit une moyenne de 66 t de poisson par an. La production moyenne est d'environ 84 kg/ha/an. La composition pondérale des captures est approximativement la suivante: carpe argentée: 50 pour cent; carpe marbrée: 20 pour cent; carpe herbivore: 10 pour cent; L. collaris: 5 pour cent, et divers: 5 pour cent. Sous la rubrique ‘divers’, se rangement notamment deux voraces: Elopichthys bambusa Rich. (Ca Mang) et Culter brevicaudata Günth (Ca Ngâo).

La totalité des captures du lac Dong Mo-Ngai Son est livrée à la Compagnie des Vivres de l'état d'Hanoi qui se charge du transport et de la commercialisation. A noter cependant que pour diverses raisons (pénurie de véhicules de transport, problèmes de rotations, etc.), la Compagnie des Vivres ne peut prendre livraison, régulièrement, des captures (poisson frais) en provenance du lac.

7.2.2.3 Programme de développement de l'aquaculture dans la région de Dong Mo-Ngai Son

La production moyenne dans la retenue de Dong Mo-Ngai Son n'est que de 84 kg de poisson/ha/an. Pour augmenter cette production, les experts vietnamiens ont préparé un vaste programme de développement intégré qui a été soumis et approuvé par le Comité Populaire de la Municipalité d'Hanoi. Dans ces grandes lignes, ce projet est le suivant:

  1. endiguer des parties du lac et créer ainsi des étangs de pisciculture de superficies allant de 2 à 10 ha ou plus. L'on fermera surtout des petites baies ou diverticules et l'on construira des digues-routes qui relieront les différentes iles qui couvrent 490 ha. Les digues seront construites de manière a éviter les dégâts des crues (pertes de poissons);

  2. les étangs ou parties endiguées seront mis en charge, à fortes densités, avec des alevins d'espèces herbivores. Priorité sera donnée à la carpe herbivore (C. idella) et aux phytophages en général, tels que carpes argentées (H. molitrix), Parabramis pekinensis, T. mossambica et T. nilotica.

  3. la superficie de l'actuelle Station d'Alevinage de Dong Mo-Ngai Son sera doublée (20 ha) afin de produire les alevins nécessaires à la mise en charge des parties endiguées du lac;

  4. des plantations fourragères seront installées sur les 490 ha d'îlots. L'on cultivera principalement l'herbe du Guatemala (Tripsacum fasciculatum) sur environ 90 ha et l'herbe à éléphant (Pennisetum purpureum) sur 200 ha. Avec des rendements estimés à 150 t de matières vertes par ha/an, la production annuelle serait de l'ordre de 20 000 à 30 000 t de matières vertes qui, hachées, serviraient à alimenter du bétail et les poissons herbivores. Les experts vietnamiens estiment qu'avec une production de 20 000 à 30 000 t d'herbes par an, ils pourront produire annuellement 700 t de poisson, soit un coefficient de transformation de 29 à 43:1. L'on envisage également des cultures d'Azolla sp.;

  5. en bordure du lac de Dong Mo-Ngai Son, et particulièrement sur les berges des diverticules endigués, seront installées des étables pour l'élevage de 200 boeufs et buffles d'eau, dont les urines et excréments solides fertiliseront directement les étangs et aussi une partie des cultures fourragères;

  6. des élevages de canards, poules et porcs sont également prévus dans des enclos en bordure du lac ou sur pilotis, au dessus de l'eau. Il n'est cependant pas certain que cela pourra se réaliser, étant donné la pénurie chronique de farines pour l'alimentation des porcs et des volailles;

  7. les collines autour du lac seront transformées en vergers et l'on installera plus tard une infrastructure pour acceuillir des touristes.

Cet ambitieux projet est certes réalisable mais il devrait être étudié plus en détail, notamment en ce qui concerne le choix des cultures fourragères en fonction des résultats d'analyses pédologiques, de la carte des sols et des risques d'érosion. Il faudrait également étudier la rentabilité des opérations prévues et les possibilités de financement de certains équipements (charrues, moyens de récolte mécanique, engins de transport, broyeurs, hachoirs, etc.).

7.2.3 Lac artificiel de Suoi Hai

Ce réservoir se trouve a environ 65 km au Nord-Ouest d'Hanoi, sur la route Hanoi-Son Tay. Les travaux de construction ont débuté en 1964 et le barrage a été mis sous eau en 1968. Deux rivières alimentent le réservoir qui a été crée pour l'irrigation de 3,000 ha de rizières en aval. La superficie du bassin versant est de 120 km2. La superficie maximum aux hautes eaux est de 950 ha (réserve de 48 millions de m3 d'eau) et une profondeur maximum de 20 m. Aux basses eaux la superficie n'est plus que de 150 ha. La superficie moyenne est de 700 ha et la profondeur moyenne est de 12 m. Le barrage de Suoi Hai est le premier grand barrage en terre du Viet Nam et la longueur de la digue est de 4 km.

La cuvette du lac n'a pas été déboisée avant la mise sous eau et les sols sont franchement latéritiques. Deux îlots (75 ha et 22 ha), reboisés en Eucalyptus, se trouvent au milieu du lac. La partie sud du lac a de nombreuses digitations. Les diverticules ont entre 700 et 300 m de large et une dizaine de mètres de profondeur.

Le lac de Suoi Hai est exploité par une Ferme d'Etat qui gère aussi une station d'alevinage et une station annexe qui se trouve à 10 km et où il y a 3 ha d'étangs d'alevinage.

7.2.3.1 Alevinage annuel de la retenue

La Ferme d'Etat déverse annuellement dans le lac environ 1 million d'alevins de 8 à 10 cm des espèces suivantes: carpe argentée (50 pour cent), carpe marbrée (35 pour cent), carpe herbivore (5 pour cent) et L. collaris (10 pour cent). A noter le faible pourcentage des macrophytophages (C. idella) dans les déversements et l'absence d'omnivores (tels que C. carpio) et de mangeurs de fond (notamment carpe noire). Il a été suggéré d'introduire durant 2 ou 3 ans, des carpes communes et des carpes noires et de vérifier si ces espèces s'établissent dans le lac et de voir quel est leur pourcentage dans les captures. La taille des alevins (8 à 10 cm) se justifierait du fait qu'il y aurait dans le lac de nombreux poissons carnivores qui se nourrissent de poissons de moins de 7 à 8 cm.

A noter qu'en 1977 1'on a déversé environ 1 million d'alevins de 8 à 10 cm et seulement 600 000 en 1978.

7.2.3.2 Techniques de pêche et production

La pêche se fait uniquement au tramail (longueur: 50 m; chute: 8 à 14 m). Le prix d'un tramail de 50 m de long et 8 m de chute est de D.1 000. Les mailles sont les mêmes que celles décrites pour le lac Dong Mo.

La mise en exploitation du lac a commencé en 1968. La production avait été planifiée à 250 t de poisson frais par an, soit un rendement de 357 kg de poisson/ha/an. De 1968 à 1970 la production moyenne était de 20 t de poisson par an (rendement de 28,6 kg/ha/an). Durant les années 1971 à 1976, la production moyenne annuelle était de 70 t de poisson par an (100 kg/ha/an). Pour les années 1977 et 1978, la production moyenne annuelle n'était plus que de 40 t (57 kg/ha/an). Pour les experts vietnamiens, cette baisse de production résulte d'une part, des mortalités très élevées des alevins lors des déversements dans le lac et d'autre part d'une surexploitation des stocks. Une grande partie des alevins nécessaries à l'empoissonnement du lac sont achetés au loin. Le transport routier se fait en fûts, de jour, et dure plus de six heures. Les mortalités sont élevées, car de nombreux alevins sont blessés et fatigués à l'arrivée.

La pêche au tramail pose de sérieux problèmes du fait que la cuvette de la retenue n'à pas été défrichée avant la mise sous eau du lac. Il est évidemment difficile de remédier à cette situation, mais il est sans doute possible, aux basses eaux, de défricher les aires émergées et de les aménager de manière à pouvoir ensuite y faire de la pêche à la senne de plage. Il a également été suggéré de poser des lignes de fond, là où la pêche aux filets s'avérerait impossible.

Les captures sont achetées chaque jour par la Compagnie des Vivres qui achète le poisson frais sur place, à un prix moyen de D.1,50/kg. Toute la production est acheminée sur Hanoi, en vrac, en camion non frigorifié. En cas de besoin, et pour minimiser les pertes les jours ou la Compagnie des Vivres ne peut prendre livraison du poisson frais, l'on pourrait ravitailler les 30 000 habitants de la ville de Sun Tay, à 22 km de Suoi Hai.

7.2.3.3 Programme de développement de l'aquaculture dans la retenue de Suoi Hai

Les responsables de la Ferme d'Etat de Suoi Hai veulent, par tous les moyens, augmenter la production actuelle du lac qui n'atteint que 40 t de poisson/an, soit un rendement d'environ 57 kg/ha/an. Les responsables de la Ferme d'Etat envisagent d'isoler des petites baies, en édifiant des digues en terre. Ces barrages vont se construire dans les divers diverticules, surtout dans la partie sud du lac. Dans ces étangs l'on pratiquera des polycultures avec 50 à 60 pour cent d'herbivores. L'empoissonnemment se fera à des densité allant de 140 000 à 160 000 alevins/ha. Les polycultures de poissons iront de pair avec des élevages de porcs et de canards. Partout où ce sera possible (îlots et berges du lac), l'on fera des cultures de plantes fourragères. Les poissons élevés dans ces étangs de barrage seront capturés au filet maillant et à la senne de plage.

Ce projet est valable, mais il se heurtera aux mêmes difficultés que celles qui concernent le projet de développement de l'aquaculture à Dong Mo-Ngai Son. Le projet devrait également être étudié en détail et l'on devrait établir les coûts exacts du programme, sa rentabilité et les sources de financement.


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