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8. LES COOPERATIVES ET LES FERMES D'ETAT

Les production piscicoles des coopératives et des Fermes d'Etat contribuent très largement à l'approvisionnement en poisson frais d'Hanoi. En 1978, elles ont produit 4 829 t de poisson frais sur un total de 5 655 tonnes.

Graçe à la Direction de l'Entreprise de Pêche d'Hanoi, l'expert à pu visiter la Ferme d'Etat de Donh Anh et la Coopérative de Yên So.

8.1 La Coopérative de Yên So

Cette coopérative, créée en 1958, regroupe les habitants du village Yên So, a environ 15 km au Sud d'Hanoi, dans le district de Thanh Tri. C'est une des meilleures coopératives de Hanoi et, comme les autres coopératives, elle est chargée, par le Comité Populaire d'Hanoi, de la production de vivres pour approvisionner la ville. La coopérative est composée de 1 123 familles qui regroupent 5 700 personnes. La superficie cultivée par personne est d'environ 800 m2. Les activités principales sont la culture du riz et de légumes et l'élevage de poissons en rizières. Il y a également des élevages de porcs et de canards. Ces derniers sont cependant peu nombreux. Les terres de la coopérative couvrent 430 ha dont 167 ha de rizières et 67 ha d'étangs, de marais endigués, et de petits lacs. Tout le poisson de consommation est produit en rizières et il n'y a pas d'étangs dans lesquels l'on élève des poissons de consommation.

Les rizières et les étangs d'alevinage sont alimentés par pompage. Il y a actuellement six pompes électriques mais il en faudrait 10 pour pouvoir exploiter toute la superficie dans de bonnes conditions.

Les opérations culturales du riz, l'alevinage et l'élevage des poissons en rizières sont detaillées ci-après.

8.1.1 La rizipisciculture

Le riz est repiqué durant la première quinzaine de février et la récolte se fait fin mai-début juin, soit environ 120 jours après le repiquage. Durant la culture du riz il n'y a pas de poissons dans les rizières, sauf dans certaines parties trop profondes (plus de 20 cm d'eau) où le riz ne pousse pas. Ces parties profondes sont endiguées et l'on y élève des alevins qui serviront à empoissonner la rizière après la récolte du paddy.

L'élevage de poisson, en même temps que la culture du riz n'est pas possible, car chaque semaine l'on applique des traitement préventifs contre les maladies du riz en utilisant des pesticides ‘666’ (produit à base de DDT), toxiques pour les poissons. L'on pratique également des assècs de la rizière lors des applications d'engrais et un dernier assèc une huitaine de jours avant la récolte, afin de favoriser la maturation du paddy. Durant le cycle cultural, la lame d'eau dans les rizières est de 10 à 15 cm, allant parfois jusqu'à 20 cm.

Le rendement en paddy est en moyenne de 4,2 t/ha, en quatre mois, puisqu'il n'y a qu'une seule culture de riz par an. La coopérative vend le paddy à la Compagnie des Vivres (Entreprise d'Etat) à D.O,40/kg (D.400/t).

En juillet, après la récolte du paddy, les rizières sont remises sous eau (50 à 80 cm) et empoissonnées à raison de 14 à 16 alevins de 10 à 12 cm/m2 (140 000 à 160 000 alevins/ha). Autant que possible, l'on pratique des polycultures dans lesquelles, C. carpio et T. mossambica représentent environ 60 pour cent en nombre. Les espèces d'accompagnement sont H. molitrix, A. nobilis, M. piceus et L. collaris.

Durant l'élevage, les rizières ne recoivent ni fumier, ni engrais minéraux, mais seulement des apports d'eaux d'égouts du village. Les poissons ne recoivent aucune alimentation artificielle. L'élevage dure cinq mois, de juillet à fin novembre, mais l'élevage est parfois prolongé jusque fin décembre. A la fin de l'élevage en rizières, la carpe commune et les carpes chinoises atteignent entre 300 et 500 g et le poids moyen de T. mossambica est de 150 à 200 g.

Durant ces cinq mois d'élevage (et parfois six mois) les rendements en poisson se situent entre 3,2 t et 4,5 t/an. Le poisson est vendu entre D.1/kg (T. mossambica) et D.2,3/kg (carpe commune et carpes chinoises), soit D.1 000 à 2 300/t, contre D.400/t de paddy.

Les ventes de poisson représentent 37 pour cent des revenus annuels de la coopérative. La production annuelle de poisson de la coopérative varie entre 500 et 550 t, qui approvisionnent le marché d'Hanoi. Les responsables affirment que le poisson a largement contribué à l'amélioration des conditions de vie des coopérateurs.

Pour 1980–81, la Coopérative de Yên So s'est fixé comme objectif une production annuelle de 900 à 1 000 t de poisson, mais selon les responsables cela ne sera possible que si la coopérative dispose de moyens mécaniques (nouvelles pompes, engins de terrassement et de transport, etc.).

8.1.2 La production d'alevins à Yên So

La coopérative utilise annuellement l'équivalent d'environ 6 millions d'alevins de trois jours et elle en produit elle même approximativement 4 millions. De plus, elle achête environ 2 millions d'alevins de trois jours d'H. molitrix aux Stations d'Alevinage de Nhât Tân et de Thanh Liet. Les alevins de T. mossambica sont obtenus naturellement en étangs d'alevinage, ainsi qu'une partie d'alevins de carpe commune. Les alevins de L. collaris nécessaires aux empoissonnements sont capturés dans le Fleuve Rouge proche de la coopérative. Seules les carpes chinoises (H. molitrix, A. nobilis et C. idella) sont reproduites par hypophysation, ainsi que C. carpio. Compte tenu des mortalites, la coopérative produit annuellement, sur place, environ 2 millions d'alevins de 7 à 8 cm.

8.1.2.1 Etangs de premier grossissement

Tous les étangs de la coopérative ont été creusés et aménagés à la main. Leur superficie varie entre 1 000 m2 et 1,7 ha et leur profondeur est d'environ 1 m. L'alimentation en eau se fait par pompage et l'on utilise également des pompes pour la vidange des étangs. Avant la mise sous eau, les étangs sont fertilisés au fumier de porc, de boeuf ou de buffle d'eau à une dose de 1 kg/m2. Les engrais minéraux ne sont pas utilisés. Après la mise sous eau, les étangs sont mis en charge a raison de 200 à 300 alevins de trois jours/m2. La durée d'élevage est d'environ un mois et les alevins ont alors environ 3 cm. Le taux de survie est de 60 pour cent en moyenne.

Durant le premier grossissement les alevins ne sont pas nourris artificiellement, mais les étangs recoivent des eaux d'égout du village et du fumier de porc liquide (lisier). A 3 cm, les alevins passent en étangs de second grossissement.

8.1.2.2 Etangs de second grossissement

La fertilisation est la même que pour les étangs de premier grossissement. Il y a également des apports d'eaux d'égouts. La mise en charge se fait à 30 à 50 alevins de 3 cm/m2. Le second grossissement dure trois mois et en ce laps de temps les alevins atteignent 7 à 8 cm, avec un taux de survie d'environ 80 pour cent. Certains étangs de second grossissement recoivent parfois, mais irrégulièrement, une alimentation artificielle composée principalement de végétaux hachés (lentilles d'eau, liserons d'eau, Pistia stratiotes, etc.)

8.1.3 L'élevage des porcs

La coopérative possède environ 600 porcs à l'engraissement et certains coopérateurs en élèvent également à titre privé. A noter qu'aucun coopérateur n'est propriétaire d'un étang de pisciculture. Les porcheries sont lavées chaque jour et le fumier et les eaux de lavage sont rassemblées dans des rigoles qui se déversent dans un canal qui alimente certains étangs d'alevinage.

En 1978, la coopérative a produit 137 t de porcs sur pied. Le prix de vente sur pied a varié entre D.2,5 et 3,5/kg.

8.1.4 L'élevage de poissons en cages

La coopérative a effectué un premier essai d'élevage de Clarias fuscus en cages métalliques (cadres en fer à béton de 1 cm de diamètre et grillage galvanisé de 1 cm de diamètre). L'élevage a été un succès, mais nous n'avons pu obtenir de renseignements chiffrés. Ces essais vont se poursuivre, quand l'on disposera à nouveau d'alevins de C. fuscus.

8.1.5 Commentaires

Les résultats obtenus sont impressionnants mais les dirigeants de la coopérative estiment pourvoir encore faire mieux, s'ils disposaient de nouvelles pompes, de moyens mécaniques nouveaux pour la construction d'etangs et de rizières et de moyens de transport.

8.2 La Ferme d'Etat d'Elevage de Dong Anh

Cette ferme est une des plus importantes du Nord du pays et elle occupe 90 ha, dont 70 ha sont consacrés à l'élevage de porcs, de canards, de poissons et aux cultures fourragères. Le cheptel porcin permanent (reproducteurs) est de l'ordre de 7 000 têtes, composé en majorité de truies de races locales métissées de Yorkshire Large White. La production annuelle est de 350 à 400 t de porcs sur pied (poids moyen à l'abattage de 80 kg, poids vif). La production pourrait atteindre 1 000 t (porcs sur pied) si l'on utilisait les installations au maximum et si l'on disposait des àliments nécessaires, surtout les farines pour grossissement, fournies par l'Etat, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Les responsables de la Ferme d'Etat sont confrontés à de sérieux problèmes qui freinent l'augmentation de la production de viande de porc: l'insuffisance d'aliments farineux et de protéines animales et aussi végétales; aucune mécanisation, ce qui entraîne des frais élevés de main-d'oeuvre (abreuvage, lavage des porcheries, etc., se fait manuellement); maladies (surtout l'asthme chronique).

Une grande partie des aliments pour les porcs est constituée de végétaux que l'on cultive sur place (notamment Colocasia esculenta ou Taro et Ipomea aquatica ou liseron d'eau). Azolla pinnata (cryptogame, fougère aquatique) est egalement cultivé comme aliment pour les porcs et les canards. Les canards, tous de race Peking, sont au nombre de 1 800. C'est un lot de reproducteurs sauvés des bombardements de Hanoi. Ils sont élevés pour les oeufs et la reproduction. Les ventes sont donc réduites et les prix, poids vif, sont les suivants: canards de moins de 2 kg: D.4,2/kg; canards de 2 à 4 kg: D.4,7/kg.

La croissance est bonne puisque les canetons atteignent 1,8 à 2 kg en deux mois avec une alimentation composée de farineux et de verdure hachée. L'extension de l'élevage des canards et la production de canards de chair est actuellement freinée par le manque d'aliments, surtout aliments farineux et l'absence de couveuses.

La production d'oeufs s'élevé en moyenne à 130 oeufs par femelle/an. Les responsables de l'élevage ont demandé a plusieurs reprises s'il n'était pas possible de leur fournir une couveuse électrique d'une capacité de 2 000 à 5 000 oeufs.

8.2.1 Les installations piscicoles de la Ferme d'Etat de Dong Anh

La ferme dispose de 30 étangs de production d'une superficie totale de 8 ha. Les étangs sont bien construits et munis de moines. L'alimentation en eau se fait par gravitation et par canaux en béton à ciel ouvert. L'espèce principale est T. mossambica qui se reproduit naturellement dans les étangs. Il y a également des H. molitrix, A. nobilis et C. idella, mais en petit nombre. Les alevins de ces carpes sont fournis par la Station d'Alevinage de Bach Tru. Il n'y a pas de T. nilotica car la station de Bach Tru ne dispose pas encore d'alevins en nombre suffisant.

Le poisson est élevé uniquement pour servir de complément protéique dans la ration des porcs et les 8 ha sous eau ne suffisent pas. C'est pourquoi la direction de la ferme envisage la mise envaleur d'un marais de 130 ha qui appartient à la Ferme d'Etat. De nouveaux étangs vont donc être construits incessamment, dans ce marais. L'on réempoissonne regulièrement ce marais avec des T. mossambica de 15 cm pour éviter les dégâts de poissons prédateurs.

8.2.2 Les élevagesassociés de porcs et de poissons

Les porcheries ne se trouvent pas à côté des étangs, mais sont parfois à plusieurs centaines de mètres des berges des étangs. Des rigoles entourent les porcheries. Les urines des porcs et une partie des déjections se déversent ainsi dans les canaux d'alimentation des étangs lors du lavage des porcheries.

Cependant, la plus grande partie du fumier de porc est utilisé pour les cultures fourragères, et c'est pourquoi les rendements en poissons en association avec les porcs n'atteignent que 6 à 7 t/ha/an.

8.2.3 Les élevages associés de canards et de poissons

Les canards sont élevés en bordure des étangs dans des cases rudimentaires et une partie de leurs déjections arrivent dans l'eau. Jadis, les élevages se faisaient loin de l'eau et la production de poisson des étangs (90 pour cent de T. mossambica) n'était que de 1 t/ha/an. A présent que les canards ont libre accès à l'eau, la production de poisson atteint en moyenne, 4 t/ha/an.

8.2.4 Commentaires

L'aquaculture intégrée à l'élevage de porcs et de canards permet à la Ferme d'Etat de Donh Anh de surmonter, en partie, les problèmes d'alimentation des porcs. L'extension prévue permettra non seulement d'encore améliorer cette situation, mais pourra aussi fournir du poisson pour la consommation humaine. Les rendements en poisson des élevages associés de canards et de poissons pourraient être grandement améliorés si l'on installait les abris pour canards, non plus à côté des étangs, mais sur pilotis, au dessus de l'eau. L'on pourra sans doute également augmenter les rendements en introduisant T. nilotica, microplanctonophage en association avec T. mossambica.

L'acquisition d'une couveuse électrique d'une capacité de 2 000 à 5 000 oeufs paraît indispensable si l'on veut développer l'élevage des canards. Il serait également intéressant de disposer d'une petite installation pour hacher le poisson, le sècher et éventuellement le transformer en farine. Le poisson haché pourrait également être facilement ensilé.


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