1 - Activités de la FAO dans le domaine des produits forestiers non ligneux


1.1 Définitions
1.2 Activités antérieures


1.1 Définitions


1.1.1 "Produits ligneux"

La distinction entre les produits ligneux et non ligneux n'est pas nette. Dans le contexte de la présente étude, les produits "ligneux" se réfèrent au bois rond, aux sciages, aux panneaux dérivés du bois, aux copeaux et à la pâte de bois, et sont généralement destinés à des activités commerciales ainsi qu'à l'utilisation individuelle de poteaux bruts pour la construction.

1.1.2 "Forêt"

Le terme "forêt", tel qu'il est utilisé ici, recouvre tous les écosystèmes naturels dont les arbres et arbustes constituent un élément significatif. Ici, "les forêts vont de la forêt ombrophile sempervirante au désert, bien que dans ce dernier, les arbres et arbustes soient essentiellement limités aux oasis et aux cours d'eau. Dans certaines zones, des plantations de PFNL sur les terres agricoles constituent les principales disponibilités pour la consommation des ménages ou la vente (par exemple bambou au Bangladesh; essences fourragères) ou peuvent être des sources de revenus supplémentaires (par exemple, herbes médicinales; champignons). Dans ces cas, il faut coordonner des activités relatives au PFNL et à l'agroforesterie.

1.1.3 "Produits forestiers non ligneux"

L'expression produits forestiers non ligneux (PFNL), utilisée dans le présent rapport, s'entend des biens et services commerciaux ou de subsistance destinés à la consommation humaine ou industrielle et provenant de ressources renouvelables et de la biomasse forestières, qui ont toute probabilité d'augmenter les revenus réels et l'emploi des ménages ruraux. Il s'agit d'aliments, de poissons, de fourrage, de combustible et de médicaments d'origine végétale (Tableau 1.1), d'animaux, notamment oiseaux et poissons, dont on tire des aliments, fourrures et plumes, des produits qu'on en tire (miel, résines, soie, etc.) (Tableau 1.2) et des services de conservation et de loisirs fournis par la terre (Tableau 1.3). On peut considérer que ces tableaux constituent une première base pour la classification des PFNL.

Les fourrages, au sens habituel de la FAO (Ibrahim 1975) comprennent tous les arbres et arbustes fourragers et les aliments herbacés disponibles pour le bétail ou les animaux sauvages. Ainsi, les fourrages comprennent les PFNL dont se nourrissent ces populations animales.

Les combustibles dérivés du bois ou de PFNL ne sont pas étudiés dans le présent rapport, bien qu'il y ait un chevauchement d'intérêts lorsque les biocombustibles ont comme sous-produits du goudron ou des produits chimiques utiles aux industries. De même, les articles d'artisanat fabriqués en partie à partir de bois sont étudiés dans le présent rapport car ils ne sont pas suffisamment pris en compte par les autres sous-divisions de la FAO.

Tableau 1.1 Produits végétaux non ligneux

Aliments

plantes sauvages, acclimatées, semi-acclimatées, plantes adventices utilisables, champignons, etc. et leurs racines, tubercules, bulbes, tiges, feuilles, pousses, fleurs, fruits, graines comestibles, etc. qui fournissent céréales, légumes, matières grasses alimentaires, épices et condiments, produits de remplacement du sel, édulcorants, produits de remplacement de la présure, attendrisseurs de viande, boissons, cordiaux et infusions, boissons désaltérantes, etc.

Fourrage

aliments du bétail et des animaux sauvages, notamment les oiseaux, poissons et insectes (abeilles, vers à soie, insectes à laque, etc.)

Produits pharmaceutiques

médicaments, anesthésiques, baumes, onguents, lotions, purgatifs, etc. destinés à l'utilisation médicale et vétérinaire.

Toxines

pour la chasse, poisons tirés de diverses plantes ("ordeal"), hallucinogènes, pesticides, fongicides, etc. Il est à noter que certains peuvent avoir des effets pharmaceutiques, en particulier comme anesthésiques.

Produits aromatiques

huiles essentielles pour les industries cosmétiques et les parfumeries (marché international très spécialisé et vulnérable), onguents, encens, etc.

Produits biochimiques

matières grasses non alimentaires, cires pour les navires, gommes et latex, teintures, tanins, produits biochimiques pour les matières plastiques et les revêtements, l'industrie des peintures et vernis, etc.

Fibres

tissus, paillassons, cordages, produits pour paniers, balais, rembourrages pour coussins, liège, etc

Bois

Bois destinés aux objets artisanaux

Produits ornementaux

plantes d'aspect agréable destinées à l'horticulture et aux plantations d'agrément, au commerce des fleurs coupées et séchées, etc.

Tableau 1.2 Produits forestiers non ligneux provenant de la faune sauvage1

1Certains produits de la faune sauvage sont protégés par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

Mammifères

viande, cuirs et peaux, fourrures, laine, poils, cornes, os, produits pharmaceutiques, etc.

Oiseaux

viande, oeufs, plumes, nids comestibles, guano, etc.

Poissons

aliments, huile de poisson, protéines pour l'alimentation animale, etc.

Reptiles -

aliments, cuirs et peaux, coquilles, toxines, produits pharmaceutiques.

Invertébrés

invertébrés comestibles, exsudats végétaux (manne), miel, cire, propolis, soie, laque, etc.

Tableau 1.3 Services rendus par les terres forestières

Habitat

- pâturages, arbres et arbustes fourragers, ombre et abris pour le bétail et les animaux sauvages, etc.

Amélioration et protection des sols

- engrais vert, humus, fixation de l azote, stabilisation des sols, ombre, abris, haies, etc.

Aires protégées

- utilisation sans consommation dans le cadre d'activités de tourisme/loisirs telles que l'observation de la faune, des oiseaux, la photographie, etc. c'est-à-dire l'écotourisme dans les parcs nationaux, réserves de faune sauvage, etc.;


utilisation donnant lieu à une consommation dans le cadre d activités de loisirs telles que la chasse, le tir, la pèche, la récolte d'insectes et de plantes, dans les réserves de chasse et zones analogues où ces activités sont autorisées/encouragées;


les sites spectaculaires, historiques ou se distinguant par leur beauté font partie des "attractions touristiques" supplémentaires que l'on peut trouver dans les aires protégées et qui les valorisent, plutôt que de donner aux terres forestières un rôle essentiel.


1.2 Activités antérieures


1.2.1 Collaboration de la FAO avec d'autres institutions

Le Département des forêts a participé en collaboration avec d'autres organisations, à un certain nombre de conférences, colloques et autres réunions pertinentes qui portaient notamment sur l'examen de PFNL tels que les tanins, le liège, le furfural, la colophane, le camphre, la térébenthine et les champignons comestibles2. L'accent a été mis sur les PFNL les plus connus, d'importance commerciale, plutôt que sur ceux d'importance domestique pour les communautés locales, tels que les plantes vivrières et articles d'artisanat. Ces derniers ont cependant été de plus en plus étudiés dans le cadre du Programme du Groupe de la foresterie communautaire pendant ces dernières années.

2Voir, par exemple, FAO/CEA/DOAT (1965), CEE/FAO 1976a, b. 1982, 1988), FAO/CEE (1978), FAO, CEE, FINNIDA (1987) et FAO/Instituto Italo-Latino Americano (1980) pour les actes des conférences pertinentes.

La reconnaissance de la nécessité de faire participer les communautés a débouché sur un certain nombre de projets réalisés en collaboration avec l'ASDI, notamment une étude communautaire en République de Corée sur les champignons (FAO/ASDI 1982). Parmi les collaborations plus récentes, il faut citer une série utile de publications sur la foresterie communautaire qui examinent et analysent le rôle des PFNL dans la communauté (FAO/ASDI 1989 a-e), ainsi que le rapport final de la première Consultation d'experts (FAO/ASDI 1989 f). Dans un même ordre d'idées, il faut signaler l'organisation conjointe d'une Conférence FAO/OMS/FISE sur la nutrition humaine en 1992, qui examinera notamment le rôle des PFNL dans la sécurité alimentaire et la nutrition.

Des cours de formation ont également été organisés en collaboration avec le DANIDA (FAO/DANIDA 1985) sur la stabilisation des dunes, question qui comportait également une étude des plantes fourragères.

Des études entreprises conjointement avec des institutions gouvernementales comprennent une série sur les essences forestières fruitières réalisée en collaboration avec le Silvicultural Research Institute de Lushoto (Tanzanie) (FAO, 1983), le Forest Research Institute de Laguna (Philippines) (FAO 1984) et de l'Instituto Nacional de Pesquisas da Amazonia, Manaus (Brésil) (FAO 1986).

La FAO a également apporté sa coopération technique à une Consultation internationale OMS/UICN/WWF sur la conservation des plantes médicinales, tenue à Chiang Mai en 1988, et elle a aussi coparrainé avec l'Unesco/MAB la Table ronde internationale sur Prosopis tamaruqo Phil., tenue à Arica (Chili) en 1984 (FAO 1985).

Cependant, la FAO n'a pas joué un rôle de premier plan dans d'autres projets ou réunions consacrés à des PFNL essentiels, comme ceux organisés par l'ONUDI sur les ressources fruitières de Balanites aeqyptiaca ou sur les plantes médicinales (ONUDI date non précisée). Il ne semble pas non plus qu'elle ait participé aux débats ENUS/CCI sur la commercialisation, la production et la gestion de la gomme arabique (ENUS/CCI 1983).

Il y a parmi les autres domaines potentiels de coopération interinstitutions les travaux réalisés avec d'autres organisations internationales qui s'occupent des PFNL, par exemple ceux du CIPEA et du CIRAF sur les essences arborées et arbustives fourragères, ou avec l'OMS sur les plantes médicinales, et avec le CIRP et l'ONUDI sur la conservation du matériel génétique.

1.2.2 Activités antérieures au sein de la FAO

Les activités passées concernant les PFNL menées au sein de la FAO sont interdépartementales en raison des distinctions parfois arbitraires qui sont opérées entre les questions qualifiées de forestières, agricoles et horticoles; de même, il existe des délimitations peu précises dans les autres organisations internationales ainsi qu'au sein des organismes nationaux et entre eux.

Ainsi, la culture et l'abattage des arbres pour la fourniture de bois semblent être sans conteste du ressort des forestiers, et il paraît logique qu'ils soient également chargés des ressources forestières et de l'aménagement des forêts, mais ces hypothèses ne se vérifient pas toujours dans la pratique.

La responsabilité de la gestion des ressources en essences sauvages varie d'un pays à l'autre, peut-être en partie du fait de la formation et des intérêts des forestiers, mais probablement plus en raison de la politique intérieure. Ainsi, en République du Soudan, la gomme arabique, qu'elle provienne de la végétation sauvage, des plantations ou des jachères, relève des forestiers. En revanche, la noix du Brésil, qui est presque entièrement récoltée sur des arbres sauvages, relève des agriculteurs. Les palmiers sauvages à huile Jessenia et Oenocarpos d'Amérique latine sont également considérés comme relevant de l'agriculture (FAO 1988). En revanche, le mandat de certains départements des forêts s'étend à toutes les formes de faune sauvage, par exemple au Chili, où l'intérêt du CONAF s'étend même aux zones salées incultes du désert d'Atacama, à la conservation des flamants et aux reptiles.

Il n'est pas étonnant que dans une organisation internationale comme la FAO, il y ait des zones d'ombre quant à la répartition des responsabilités. Par exemple, le Département des forêts, dans le cadre de son programme de promotion d'activités forestières appropriées, a étudié les effets d'activités rurales telles que l'élevage des vigognes au Pérou (FAO 1985) et l'élevage des crocodiles en captivité pour la production de peaux (FAO 1989). Il est possible que ces études aient bénéficié d'apports d'autres départements, mais ce n'est pas toujours manifeste.

Parmi des exemples de ce type de coopération, il faut citer un grand projet financé par le CIRP et exécuté par la FAO/FORM sur les ressources génétiques des essences de zones arides et semi-arides pour l'amélioration des conditions de vie en milieu rural (1978-1985), auquel participaient initialement huit pays. Ce projet, poursuivi depuis 1985 sous les auspices du Programme ordinaire de la FAO, regroupe maintenant plus de 30 pays, et il est axé sur le bois de feu et les PFNL.

Parmi les autres exemples de coopération, il faut signaler le rapport de la Division des ressources halieutiques et de l'environnement sur l'utilisation et l'aménagement des ressources de la mangrove (FAO 1987), rédigé en collaboration avec le Département des forêts. Des avis concernant un aménagement approprié de l'écosystème de mangroves pour l'exploitation de ressources halieutiques et de produits ligneux et non ligneux ne peuvent être donnés aux gouvernements que s'il existe une collaboration entre les deux divisions.

La plus grande partie des travaux relatifs aux PFNL intéresse certains autres départements et ne devrait pas être effectuée de manière isolée; ce principe s'applique également à l'intérieur du Département des forêts ou, par exemple, le Programme de foresterie communautaire est particulièrement utile pour nous faire comprendre comment les populations peuvent utiliser plus judicieusement les ressources naturelles de la forêt, et comment les ressources forestières sont essentielles pour assurer la mise en valeur et l'aménagement approprié de ces ressources (voir chapitre 5).

Le fourrage est un produit forestier non ligneux essentiel au Népal