Suivante


4 - Aménagement et amélioration des ressources forestières non ligneuses


4.1 Bambou et rotin
4.2 Plantes vivrières
4.3 Fourrages
4.4 Articles d'artisanat
4.5 Plantes médicinales
4.6 Toxines
4.7. Plantes aromatiques
4.8 Produits biochimiques
4.9 Fibres
4.10 Plantes mésologiques
4.11 Plantes ornementales
4.12 Services forestiers


En général, les communautés ont des besoins importants d'aliments, de fourrage et de médicaments, que ce soit pour la subsistance ou pour le commerce. Cependant, comme il a été indiqué dans la section précédente, leur degré de priorité peut dépendre d'autres facteurs, à la fois locaux et nationaux.

La priorité devrait être donnée à la valorisation ultérieure de PFNL qui fournissent déjà des avantages socio-économiques au plan local. Les PFNL d'importance locale qui peuvent procurer des recettes d'exportation ou pénétrer dans les circuits de commercialisation au plan national devraient bénéficier d'un rang de priorité plus élevé, on trouvera ci-après une sélection générale de certains PFNL. Leur valorisation dépendra notamment des variables examinées dans les chapitres précédents.

4.1 Bambou et rotin


Une aide pourrait être apportée dans le domaine de la récolte et du transport du rotin et du bambou afin d'accroître la productivité et d'améliorer les conditions de travail (sécurité) en forêt. Bien qu'il s'agisse de PFNL importants, ils ne sont pas examinés ici plus en détail en tant que tels car ils relèvent déjà d'un secteur viable, qui bénéficie d'un appui de l'ONUDI le cas échéant. Une aide supplémentaire devrait être fournie aux pays producteurs pour maintenir et développer ces ressources.

La Sous-Division de la mise en valeur des ressources forestières de la FAO a dans son programme des activités d'aménagement du rotin et du bambou, et plusieurs projets de terrains sont axés non seulement sur la récolte/utilisation, mais aussi sur la mise en valeur des ressources.

4.2 Plantes vivrières


Les plantes vivrières appartenant à des espèces non acclimatées aident à compléter les aliments de base, a maintenir une alimentation équilibrée pendant toute l'année et fournissent des aliments en période de disette. Parfois, des plantes vivrières sauvages fournissent des produits marchands destinés à la consommation locale, nationale ou internationale.

Pour la plupart des sources sauvages de produits alimentaires, les analyses nutritionnelles sont inexistantes ou rares. Les quelques analyses qui ont été effectuées ont souvent été incomplètes et/ou fondées sur un seul échantillon. On ne dispose guère de renseignements sur la disponibilité saisonnière et les rendements.

Les laboratoires nutritionnels locaux et les universités devraient être encouragés à effectuer des analyses supplémentaires. Les écoles locales peuvent participer aux efforts de collecte de données sur la phénologie, les rendements, la consommation, la préparation et la période d'utilisation. Il peut être nécessaire de renforcer les laboratoires nutritionnels locaux.

Les arbres et arbustes polyvalents doivent être préférés aux sources vivrières monovalentes. Mise à part l'utilisation comme en-cas, la récolte et la préparation pour l'entreposage/la commercialisation d'espèces choisies pour être mises en valeur ne devraient pas exercer d'influente sur les besoins en main-d'oeuvre de la production d'aliments de base. Pour la consommation locale, il est préférable d'avoir une récolte répartie sur une certaine période plutôt que sur une courte saison. Cependant, cette dernière peut-être préférée pour la commercialisation et le traitement.

Il peut être souhaitable d'appeler l'attention sur les possibilités d'amélioration génétique ou de sélection de plantes vivrières d'importance locale. Par exemple, le choix des meilleurs arbres fruitiers et la greffe de populations sauvages ont donné de bons résultats pour Irvingia qabonensis au Nigéria. Des augmentations analogues de la productivité dans les conditions sahéliennes pourraient être obtenues avec des variétés sauvages de Ziziphus déjà vendues sur les marchés locaux dans la zone semi-aride, si l'on utilise des cultivars reconnus du sous-continent indien.

Le ye'eb, Cordeauxia edulis, espèce menacée dont les fruits à coque constituent un aliment de base pour les nomades de la Somalie et de l'Ogaden, vaut certainement la peine d'être mis en valeur. Son fruit peut constituer une source précieuse d'aliments dans d'autres régions arides ainsi qu'un dessert destiné aux marchés d'exportation. Du matériel végétal très limité provenant de quelques arbres de cette espèce cultivés au Kenya est disponible.

Autre exemple: au Brésil, de nombreux jus de fruit et crèmes glacées sont préparés à partir de la pulpe d'espèces sauvages locales, dont bon nombre pourraient être exportées. La sélection pour la qualité et le rendement, la multiplication et le traitement en vue de l'exportation pourraient faire l'objet de recherches utiles (voir FAO 1986).

4.3 Fourrages


Les fourrages destinés aux animaux domestiques et aux animaux sauvages posent des problèmes de rareté d'information analogues à ceux signalés plus haut pour les plantes vivrières. En outre, les fourrages posent également des problèmes connexes d'aménagement, tels que le surpâturage et l'empiétement des broussailles. Les efforts visant à améliorer la productivité des fourrages existants et à introduire de nouvelles espèces jouent un rôle important dans la solution de ces problèmes.

Production de fourrage à partir de Prosopis au Niger

L'élevage est la principale activité dans les régions arides et semi-arides du monde et sa prospérité dépend dans une très grande mesure de l'aptitude des animaux à survivre à la longue saison sèche sans que leur état se détériore gravement. Les arbres et arbustes fourragers de la saison sèche sont donc essentiels pour leur survie.

Les observations phénologiques donneront les informations nécessaires sur la disponibilité d'essences fourragères (mais non leur quantité) et la gamme d'essences fourragères (arbres et arbustes) nécessaires pour assurer une productivité maximale pendant toute la saison sèche, à condition, naturellement, que le taux de charge n'excède pas la capacité de charge.

Les écoles locales devraient être encouragées à fournir des informations phénologiques et à indiquer la préférence des animaux pour telle ou telle essence fourragère et les universités, à procéder à des analyses nutritionnelles saisonnières. On a également besoin de renseignements concernant les rendements des espèces fourragères.

La riche flore en légumineuses de la caatinga semi-aride du Brésil mérite des recherches concernant les essences fourragères qui pourraient être introduites dans d'autres régions du monde à faible pluviométrie.

Parmi les besoins en fourrage les plus inattendus, il faut signaler ceux de certains poissons de la forêt pluviale de l'Amazonie, qui pénètrent de manière saisonnière dans des zones inondées pour se nourrir de grandes quantités de semences et de fruits, survivant pendant le reste de l'année grâce à leurs réserves de graisse. Le système de mangroves joue également un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire pour de nombreux poissons marins, crustacés, etc. Le déboisement de ces zones peut faire disparaître les poissons, importants produits forestiers non ligneux!

4.4 Articles d'artisanat


Ici, l'utilisation du bois est limitée aux articles d'artisanat. Dans ce domaine, les possibilités de développement sont restreintes car il s'agit d'industries locales qui n'approvisionnent qu'un marché local peu important de touristes. Ces produits doivent être de bonne qualité et originaux pour intéresser les marchés "ethniques" étrangers.

Paniers de fibres de palmier sur un marché local

4.5 Plantes médicinales


Les plantes médicinales comprennent celles qui sont utilisées pour le traitement des humains et des animaux, mais on ne sait que peu de choses de ces dernières. Les médicaments à base d'herbes, en particulier les remèdes locaux, ont toujours beaucoup intéressé le grand public; si toutes les allégations concernant des remèdes populaires étaient vraies, le monde serait certainement en bien meilleure santé.

En général, il vaut la peine de faire des recherches sur les allégations précises et analogues pour une même espèce avancées par plusieurs communautés, de préférence très éloignées; les indications concernant des espèces qui guériraient plusieurs maladies sont en général douteuses.

Malheureusement, les mérites curatifs déclarés des remèdes populaires sont rarement confirmés par des résultats d'expériences cliniques indiquant qu'un traitement a été fait, que tout effet placebo ou d'autosuggestion a été éliminé, c'est-à-dire démontrant que le traitement par les herbes a été efficace en soi. Les effets secondaires possibles liés soit aux principes actifs, soit, éventuellement, à des métabolites secondaires, soit enfin à la présence de composés toxiques ou carcinogènes, doivent également être envisagés, notamment si les effets sont cumulatifs.

La disponibilité en plantes médicinales est généralement saisonnière; leur efficacité d'un bout à l'autre de l'année peut être fonction du stade de croissance, de la saison, de la méthode de préparation et d'entreposage, etc. C'est cette variabilité de la concentration du principe actif que les sociétés pharmaceutiques s'efforcent d'éliminer, soit en surveillant rigoureusement la récolte, soit en mettant au point des produits synthétiques de remplacement.

La meilleure façon de rechercher des propriétés médicinales est de se fonder sur une base végétale systématique, en étant en particulier attentif aux relations taxinomiques, plutôt qu'en essayant d'expérimenter toute la gamme des médicaments à base d'herbes. Il faut effectuer des analyses, non seulement à intervalles réguliers pendant toute l'année, mais aussi sur toute une gamme d'habitudes alimentaires. Il est toujours possible que les apports minéraux provenant d'autres aliments, par exemple, aient des incidences sur les propriétés médicinales.

Il découle naturellement de ce qui précède que, mise à part la collecte initiale d'informations sur l'utilisation et l'application, la distribution et la disponibilité, l'étude des plantes médicinales est un domaine spécialisé qui demande à la fois des connaissances cliniques et pharmacologiques, leur mise à profit dépendant en dernier ressort de la question de savoir si elles doivent devenir officielles ou demeurer des remèdes traditionnels.

4.5.1 Plantes médicinales officielles

Les plantes médicinales acceptées comme officielles dans les pharmacopées ont été soumises à des recherches rigoureuses et extrêmement coûteuses; même les essais préliminaires visant simplement à démontrer qu'un nouveau médicament est suffisamment sur pour se prêter à des essais cliniques peuvent coûter à la société pharmaceutique plus de 2,5 millions de dollars. Seules les espèces les plus prometteuses ont des chances de dépasser le premier stade de la sélection.

La pureté, la qualité uniforme, les quantités suffisantes et régulières sont des conditions préalables pour les sociétés pharmaceutiques. Si la demande ne peut être satisfaite à partir de sources naturelles, la mise au point de produits de synthèse est inévitable. A l'heure actuelle, il y a plusieurs plantes pharmaceutiques qu'on ne sait pas encore synthétiser.

Il y a aussi dans les pays occidentaux un marché croissant pour l'utilisation de certaines substances officielles à base d'herbes, de préférence aux médicaments de synthèse. La fourniture de ces plantes peut être assurée par les communautés rurales, mais elle demande des normes rigoureuses de qualité, d'emballage, de stockage et en particulier un approvisionnement annuel constant.

4.5.2 Médicaments traditionnels

Les médicaments traditionnels à base d'herbes ne sont généralement pas soumis à un contrôle dans leur pays d'origine. En ce qui concerne les pays occidentaux, ces médicaments sont généralement utilisés lorsqu'ils sont exportés, après une recherche préliminaire par le pays importateur des métabolites indésirables, étant entendu qu'il n'y a pas d'allégation concernant leurs propriétés médicales/pharmaceutiques.

La Chine, le sous-continent indien et l'Amérique latine sont des sources particulièrement riches de médicaments à base d'herbes, dont bon nombre sont déjà exportés vers les pays occidentaux.

Toute mise au point de médicaments à base d'herbes doit assurer des rendements durables. En ce qui concerne les organes souterrains tels que les tubercules, racines et bulbes, il peut être nécessaire, pour assurer une utilisation durable, de cultiver la plante afin d'éviter sa surexploitation. Certaines de ces espèces, par exemple l'Harpagophyton procumbens d'Afrique du Sud, défient encore la culture, rendant cette solution impossible tant que l'on n'aura pas identifié les facteurs limitants. Des techniques de récolte différentes peuvent être nécessaires, par exemple la récolte des feuilles au sécateur évitant l' arrachage des racines des petits arbustes.

Une communication étroite avec les populations forestières/rurales est nécessaire pour que l'on puisse acquérir les connaissances locales de l'utilisation et de la préparation des remèdes à base d'herbes. Bien préparés, emballés et commercialisés, les médicaments à base d'herbes peuvent donner lieu à des industries locales rentables.

4.6 Toxines


Les toxines utilisées dans des poisons provenant de divers végétaux de type "ordeal" et servant à étourdir la faune sauvage et le poisson peuvent être considérées comme des produits pharmaceutiques potentiels; on a déjà découvert que certaines d'entre elles possèdent des propriétés anesthésiques. D'autres toxines peuvent avoir une action pesticide ou antiappétante et peuvent donc intéresser les communautés agricoles locales et avoir un potentiel commercial. Leur gestion au sein de la communauté serait analogue à celle des médicaments à base d'herbes; leur utilisation contre des insectes donnés ou d'autres ravageurs serait presque certainement fondée sur une expérience empirique traditionnelle.

En conséquence, les recherches de sources de plantes toxiques nécessitent une étroite communication avec la population locale qui donne des informations sur les toxines elles-mêmes et leur rôle dans la société locale.

4.7. Plantes aromatiques


Les plantes aromatiques représentent un domaine spécialisé, les marchés internationaux des huiles essentielles concentrées (concrète) étant contrôlés par le secteur des cosmétiques. Il y a généralement une demande de ces produits dans un pays pour l'approvisionnement des industries locales des cosmétiques et des savons. Les marchés internationaux demandent à la fois une bonne qualité et un approvisionnement régulier.

Il est possible d'accroître la production, et en particulier d'améliorer la qualité de bon nombre d'huiler essentielles, encens, myrrhe et autres onguents cueillis ou prélevés à partir de sources sauvages. La culture commerciale des herbes et buissons aromatiques pendant les premiers stades du reboisement peut réduire considérablement le coût des activités et créer des emplois locaux.

Pour de nombreuses herbes aromatiques, c'est dans les régions sèches qu'on trouve la concentration maximale dans la plante, ce qui justifie encore le développement des PFNL dans les zones semi-arides.

4.8 Produits biochimiques


La production de substances biochimiques à partir de plantes sauvages est un domaine spécialisé dans lequel l'identification initiale et ses applications potentielles relèvent en grande partie des compétences des biochimistes et des chimistes industriels (voir Annexe A). Comme pour les plantes aromatiques, on trouve généralement les concentrations maximales dans les régions sèches. Là encore, il est possible d'améliorer les techniques de récolte et la qualité, en particulier en ce qui concerne l'hygiène.

Souvent, l'amélioration des rendements dépend d'une bonne connaissance de la physiologie de la plante; ce n'est qu'ensuite qu'on a une base scientifique solide pour sélectionner les souches à rendement élevé - la sélection pour la production de gomme arabique à partir de plants-mères apparemment à haut rendement n'a manifestement pas réussi à donner une nouvelle génération d'arbres a haut rendement. Les plants-mères ne sont pas très productifs, et les caractéristiques d'amélioration de la productivité ne sont apparemment pas transmises par les voies génétiques.

4.9 Fibres


Il existe une demande locale de fibres pour la fabrication de cordages, qui peuvent être nécessaires pour toutes sortes d'utilisations, des instruments musicaux aux liens nécessaires pour la construction d'habitations. Des fibres animales et végétales sont nécessaires pour le tissage et le tressage; elles peuvent toutes deux être utilisées par des industries locales et, si elles sont de bonne qualité, elles peuvent pénétrer sur les marchés internationaux "ethniques".

En ce qui concerne les fibres végétales, il peut y avoir des possibilités d'amélioration du rouissage, tandis que pour ces deux types de fibres, des améliorations peuvent généralement être apportées au nettoyage pendant toutes les opérations de récolte et de transformation.

4.10 Plantes mésologiques


Ce sont essentiellement celles qui sont nécessaires pour maintenir un environnement stable et sain pour l'homme, son bétail et toutes les formes de vie sauvage en fournissant de l'ombre, des abris, des haies, de l'azote, de l'engrais vert, une stabilisation des sols, etc. Le nombre de plantes qui peuvent être utilisées à ces fins est inconnu et beaucoup peuvent être initialement sélectionnées par simple observation, par exemple lorsqu'on trouve des plantes qui aident à la stabilisation des dunes ou poussent spontanément dans des sols salins.

4.11 Plantes ornementales


Les plantes ornementales d'horticulture peuvent donner lieu à une activité tout à fait lucrative. La culture d'orchidées, de cactus et autres succulentes, à vendre aux spécialistes, peut être particulièrement rentable lorsque l'importation de matériel sauvage est interdite par la CITES, mais non l'importation de matériel cultivé.

Cependant, il faut respecter la réglementation du pays exportateur relative à la conservation. Par exemple, la collecte de cactus sauvages destinés à la culture et à la multiplication dans une pépinière peut être interdite; la collecte de semences est en général, mais pas toujours, permise.

Le produit peut ensuite être commercialisé par des sociétés horticoles nationales ou internationales ou par des sociétés spécialisées de nombreux pays occidentaux, qui s'intéressent aux cactus, aux succulentes, aux orchidées, etc.

De nombreuses sociétés horticoles ont leurs propres agents de récolte des semences et elles effectuent elles-mêmes le traitement, l'emballage et la commercialisation. Cependant, la multiplication par voie végétative des bulbes, succulentes, etc. est souvent effectuée de préférence dans le pays d'origine, à condition que les réglementations phytosanitaires du pays importateur autorisent l'importation du matériel vivant. Ces activités de multiplication peuvent procurer des emplois aux membres de la communauté.

L'utilisation de récipients agréables, produits sur place, d'espaliers, etc., valorise les plantes et crée des emplois.

4.12 Services forestiers


Les services forestiers proyiennent d'une vaste gamme de sources, notamment les arbres dans les parcours (pâturages, arbres et arbustes forestiers, ombre et abris pour les bovins et les animaux sauvages, etc.), la mise en place de parcs et réserves pour la conservation, l'élevage d'espèces sauvages de valeur telles que les crocodiles et pythons, les sites touristiques et remarquables par leur beauté de loisirs et les sites spectaculaires ou historiques.

Elevage de crocodiles en Inde


Suivante