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Short communications


La fabrication de fromage scamorza en milieu rural
Enquêtes parasitologiques sur les hémoparasites des bovins transmis par les tiques au Bénin

La fabrication de fromage scamorza en milieu rural

M. Moens et C.B. O'Connor

Marc Moens est cadre associé, spécialiste en production et transformation laitière en milieu rural, détaché par la FAO auprès du Centre international pour l'élevage en Afrique (CIPEA), Debre-Zeit (Ethiopie). Le docteur O'Connor est responsable de/'unité de technologie laitière du Centre international pour l'élevage en Afrique (CIPEA), BP 5689, Addis-Abeba, Ethiopie.

En Afrique, les laits fermentés occupent traditionnellement dans l'alimentation humaine une place plus importante que le lait frais. Cela s'explique par leurs qualités bactériologiques, leur aptitude à la conservation, leurs qualités organoleptiques et leur texture (Kosikowski, 1982).

Par le passé, on s'est surtout efforcé d'améliorer la fabrication des produits laitiers par la création d'unités laitières industrielles visant à couvrir les besoins en lait de consommation des grands centres urbains (von Massow, 1985). Le manque de techniques appropriées est l'un des problèmes majeurs rencontrés au niveau des petites exploitations (Brumby et Gryseels, 1984). Toutefois, à l'aide de techniques simples, le lait peut facilement y être transformé en produits sains, aisément commercialisables et présentant une durée de conservation appréciable. Ainsi, la variété des produits offerts aux consommateurs s'élargit. De plus, les excédents de lait produits en périodes de haute production laitière peuvent être transformés et valorisés pendant les périodes déficitaires.

Ces dernières années, la Regional Dairy Development and Training Team (l'équipe régionale de la FAO pour le développement laitier et l'enseignement) (FAO-RDDTT) a concentré ses efforts sur l'aide à la valorisation de la production laitière des petits exploitants installés dans différentes régions de l'Afrique de l'Est. C'est en poursuivant cet objectif qu'a été introduite dans la région d'Arusha-Kilimanjaro (République-Unie de Tanzanie) la technologie du fromage scamorza.

Le scamorza peut être défini comme un fromage affiné de type mozzarella. Il a été introduit il y a quelques années dans différents projets soutenus par la FAO-RDDTT. Bien que ce produit ait été rapidement adopté par les petits exploitants et les consommateurs, différents aspects de sa fabrication pouvaient être améliorés, l'objectif principal étant d'accroître la viabilité économique des projets, et partant, d'augmenter le revenu des petits exploitants.

Lors de la fabrication du scamorza - tout comme pour la mozzarella -, le caillé est plongé dans de l'eau chaude (80°C) et les pertes en matières grasses pendant cette étape peuvent être élevées. Or, le rendement fromager est l'un des aspects les plus importants de toute transformation fromagère (Barbano et Bynum, 1984). De même, la récupération des éléments constitutifs du lait, et plus particulièrement de la matière grasse, dans les fromages après fabrication revêt une importance économique et nutritionnelle non négligeable. Des techniques simples telles que la standardisation permettent d'améliorer notablement ce taux de récupération de la matière grasse.

La standardisation du lait, qui consiste à régler le taux de matière grasse, est une opération visant à utiliser de façon optimale les constituants du lait, tout en fournissant un produit aisément accepté par le consommateur (Scott, 1981). Un scamorza de composition et de rendement acceptables d'un point de vue commercial peut être fabriqué à partir d'un lait dont le taux butyrique a été réduit. Cependant, les effets de la diminution du taux de matière grasse dans le lait initial sur le rendement fromager et sur le taux de récupération de matière grasse dans le fromage scamorza devaient être précisés.

Le présent article expose les résultats de recherches qui ont été réalisées au centre d'expérimentation animale du Centre international pour l'élevage en Afrique (CIPEA) de Debre-Zeit (Ethiopie) en vue d'améliorer le procédé de fabrication de scamorza en milieu rural. Les travaux ont porté sur:

· la mise au point d'un procédé de fabrication adapté aux contraintes du milieu rural africain;

· la possibilité de fabriquer ce type de fromage à partir d'un lait partiellement écrémé;

· la réduction des pertes en poids des fromages en cours d'affinage par enrobage d'une mince couche de bourre;

· l'amélioration de l'aspect et de la forme des fromages.

Tous les équipements utilisés par les petits exploitants sont fabriqués localement - All equipment used by the small producers is manufactured locally - El equipo utilizado por los pequeños productores es de fabricación local

Test d'élasticité du caillé. Après avoir plongé un morceau de caillé dans de l'eau chaude (80-85°C), on doit pouvoir l'étirer en un fil élastique, brillant et continu d'environ 1 m de long - Elasticity test of curd. After dipping a lump of curd in hot water (80°-85°C) it can be stretched into a continuous, shining elastic thread about 1 m in length - Prueba de elasticidad de la cuajada. Después de introducir un trozo de cuajada en agua caliente (80°-85°C), se debe poder convertir en un hilo elástico, brillante y continuo de 1 m de longitud

Le caillé est séparé du lactosérum et plongé pendant 4 a 5 minutes dans de l'eau bouillante - The lactoserum is separated from the curd, which is then dipped in boiling water for 4 to 5 minutes - La cuajada se separa del suero de la leche y se sumerge durante 4 a 5 minutos en el agua hirviendo

Le caillé est étiré à la main jusqu'à obtention d'une pâte souple, lisse et homogène - The curd is stretched by hand until a smooth and homogeneous pliable paste is obtained - La cuajada se estira a mano hasta obtener une pasta flexible, lisa y homogénea

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Du lait entier (4,45 pour cent de matière grasse) provenant du troupeau du centre d'expérimentation animale du CIPEA de Debre-Zeit, constitué de vaches de races locales (type zébu) et de races croisées, a été standardisé à différents taux butyriques par addition de lait écrémé. Immédiatement après standardisation, des échantillons de lait ont été prélevés pour analyses. Au total, 112 fromages (diamètre ± 10 cm, hauteur ± 8 cm) pesant en moyenne 390 g après quatre semaines d'affinage ont été fabriqués: 36 à partir de lait contenant 2,12 pour cent de matière grasse, 37 à partir de lait contenant 2,97 pour cent de matière grasse et 39 à partir de lait contenant 4,45 pour cent de matière grasse. Le procédé de fabrication utilisé par les petits exploitants a été adopté pour les expérimentations, à savoir:

· Ajustement de la température. Le lait (35 litres) est chauffé et maintenu à une température de 36°C.

· Addition de levain. 700 ml (soit 2 pour cent v/v) d'une culture active de yaourt (Streptococcus thermophilus + Lactobacillus bulgaricus) sont ajoutés au lait préchauffé et soigneusement mélangés.

· Maturation du lait. Immédiatement après addition du levain, un échantillon de lait est prélevé pour mesurer son acidité. Le lait est alors maintenu à une température de 36°C pour subir une maturation jusqu'à ce que son acidité augmente de 0,02 pour cent d'acide lactique.

· Emprésurage du lait. Immédiatement avant emprésurage, 15 g de sel (NaCl) sont ajoutés à 1,5 g de présure en poudre. Le mélange est ensuite dilué dans 250 ml d'eau distillée à température ambiante (20-22°C) et ajouté au lait (36°C). La concentration de présure est calculée afin d'obtenir un caillé prêt à être découpé après 30 à 45 minutes. La fermeté du caillé est appréciée de manière subjective en pressant le coagulum avec le dos de la main. Si le bord du caillé se détache légèrement de la paroi de la cuve de caillage, le coagulum est prêt à être découpé.

· Découpage du caillé. Lorsque le caillé a atteint la fermeté désirée, il est découpé en cubes de 1 cm3 et laissé reposer pendant 5 minutes.

· Brassage et chauffage du caillé. Tout en brassant le caillé avec précaution, le mélange caillé-lactosérum est amené progressivement à une température de 42°C à raison d'un accroissement de température de 1°C toutes les 5 minutes (soit 30 minutes au total).

· Egouttage du lactosérum. Lorsque la température désirée est atteinte, le lactosérum est partiellement évacué (60 pour cent). Cette opération a pour but de favoriser une concentration de l'acidité développée et d'économiser l'énergie, la quantité de mélange caillé-lactosérum à maintenir à 42°C étant réduite.

· Maturation du caillé. Le mélange caillé-lactosérum est maintenu à une température de 42°C par addition régulière de lactosérum chaud jusqu'à ce que la texture du caillé, mesurée à l'aide du test d'élasticité, soit satisfaisante. Ce test est réalisé selon la méthode proposée par Kosikowski (1977). Une petite portion de caillé est prélevée et plongée dans de l'eau chaude (80-85°C) pendant environ 30 secondes. Après l'avoir retiré, il doit pouvoir s'étirer sans casser en un fil élastique, brillant et continu d'environ 1 m de long.

· Etirage du caillé. Lorsque le caillé a atteint le degré d'élasticité désiré, il est égoutté puis immergé pendant 4 à 5 minutes dans de l'eau bouillante. Il est ensuite étiré à la main jusqu'à obtention d'une pâte souple, lisse et homogène.

· Moulage et refroidissement. Le caillé ainsi travaillé est alors déposé dans des moules cylindriques et refroidi dans de l'eau (10-12°C) pendant 1 heure.

· Salage. Les fromages sont démoulés et plongés dans une saumure (15 pour cent de NaCl) pendant 2 à 3 heures selon la taille des fromages.

· Affinage. Les fromages sont affinés pendant quatre semaines à température ambiante (16-24°C en moyenne).

Au cours de la fabrication des fromages, le temps nécessaire pour que l'acidité augmente de 0,02 pour cent d'acide lactique après addition de 2 pour cent de levain et pour que le test d'élasticité soit satisfaisant a été mesuré. Le pH et l'acidité du mélange caillé-lactosérum à ce moment ont été enregistrés.

Le caillé travaillé est déposé dans des moules cylindriques et refroidi dans de l'eau (10-12°C) pendant une heure - The manipulated curd is placed in cylindrical shapes and cooled in water (10°-12°C) for one hour - La cuajada se trabaja y se deposita en moldes cilíndricos y se enfría durante une hora en agua (10-12°C)

Fromages scamorza de la coopérative de Losaa. Noter les différences de formes et d'apparence des fromages - Scamorza cheese at the cooperative of Losaa. Note the differences in its form and appearance - Quesos scamorza de la cooperativa de Losaa. Obsérvese la gran variedad de formas y aspectos

Procédé de fabrication du fromage scamorza en milieu rural

Production process of scamorza in rural conditions

Sistema de fabricación de la scamorza en el medio rural

Lait entier

Standardisation

3-3,5% de matière grasse

Ajustement de la température

36°C

Addition de levain

2% v/v d'une culture de yaourt

Maturation du lait

36°C (0,02% d'acidité titrable)

30-40 minutes

Emprésurage

36°C

30-40 minutes

Découpage du caillé

1 cm3

Brassage et chauffage du caillé

de 36 à 42°C à raison de

+1 °C toutes les 5 minutes

Égouttage du lactosérum

60%

Maturation du caillé

42°C pH 5,3 0,35% d'acide lactique

Test d'élasticité

Etirage du caillé

Eau chaude (80-85°C)

Moulage et refroidessement

Eau 10-12°C

1 heure

Salage

Saumure 15% NaCl

Affinage

0-4 semaines

Température ambiante

1 Rendements fromagers des différents types de lait au cours des quatre semaines d'affinage

Cheese yields of different types of milk during the four-week ageing process

Rendimientos de los diferentes tipos de quesos fabricados durante las cuatro semanas de maduración


Temps d'affinage
(semaines)

Lait 1

Lait 2

Lait 3

(2,12% MG)

(2,97% MG)

(4,45% MG)

(kg de fromage/100 kg de lait)

0

9,7 ± 0,4

10,0 ± 0,6

11,1 ± 0,3

1

8,7 ± 0,5

9,0 ± 0,6

9,7 ± 0,1

2

8,2 ± 0,5

8,5 ± 0,6

9,2 ± 0,3

3

7,8 ± 0,5

8,1 ± 0,5

8,8 ± 0,3

4

7,5 ± 0,5

7,8 ± 0,5

8,5 ± 0,3

Evolution des rendements fromagers au cours de la période d'affinage - Development of cheese yields during ageing - Evolución del rendimiento en queso durante el periodo de maduración

Un bilan des pertes en matière grasse pour chaque type de fromage au cours de la fabrication a été établi par différence entre la quantité de matière grasse contenue dans le lait initial et la quantité de matière grasse retrouvée dans les fromages après quatre semaines d'affinage. Le rendement fromager (quantité de fromage produite avec 100 kg de lait) a été calculé chaque semaine pendant tout le processus d'affinage.

Le lendemain du jour de fabrication, la moitié des fromages de chaque essai ont été enduits de beurre, et le poids de ces fromages a été comparé chaque semaine à celui des fromages non enduits.

Pour améliorer l'apparence et la forme des fromages, la taille des moules utilisés par les petits exploitants a été augmentée (de 10 à 15,5 cm de hauteur) et des trous (de 2 mm de diamètre) ont été percés tous les 2 cm.

Les fromages ont également été légèrement pressés pendant la phase de refroidissement. L'enrobage des fromages avec du beurre devait aussi contribuer à améliorer leur aspect final après affinage.

La matière sèche totale d'échantillons représentatifs des laits utilisés et des fromages obtenus a été déterminée par la méthode de séchage à l'étuve (Horowitz, 1980). La teneur en matière grasse des laits et des fromages a été déterminée par la méthode Gerber (FIL, 1983), tandis que le taux de protéines a été dosé selon la méthode Kjeldhal en utilisant 6,38 comme facteur (Horowitz, 1980; Richardson, 1985).

Le pH a été mesuré au moyen d'un pH-mètre muni d'une électrode combinée en verre. L'acidité titrable (exprimée en pourcentage d'acide lactique) a été déterminée par titrage à la soude N/9 en utilisant la phénolphtaléine comme indicateur.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Le temps nécessaire pour accroître l'acidité de 0,02 pour cent d'acide lactique après addition de 2 pour cent (v/v) de levain a été de 31,8 ± 7,1 minutes.

La texture du caillé au moment de son étirage est habituellement déterminée par le test d'élasticité proposé par Kosikowski (1977) décrit auparavant. D'après nos expérimentations, un pH de 5,32 et une acidité titrable de 0,35 pour cent d'acide lactique caractérisent la texture idéale du caillé pour l'étirer. Sur la base des résultats obtenus, un procédé de fabrication de scamorza adapté aux contraintes du milieu rural a été défini et est schématisé à la figure 1.

Les pertes en matière grasse observées pendant la fabrication des fromages préparés à partir de laits contenant 2,12 pour cent de matière grasse (lait 1), 2,97 pour cent de matière grasse (lait 2) et 4,45 pour cent de matière grasse (lait 3) sont les suivantes:

· lait 1: 22,5 ± 5,1 pour cent;
· lait 2: 29,1 ± 12,9 pour cent;
· lait 3: 39,4 ± 3,07 pour cent.

Il s'avère que le taux de perte en matière grasse au cours de la fabrication varie dans le même sens que le taux butyrique du lait utilisé.

Les rendements fromagers des différents types de fromages réalisés au cours des quatre semaines d'affinage figurent au tableau 1. Le rendement le plus élevé a été obtenu avec le lait présentant le taux butyrique le plus élevé (lait 3). La figure 2 montre l'évolution de ces rendements pour les trois types de fromage pendant les quatre semaines d'affinage.

Si l'abaissement du taux butyrique du lait utilisé pour la fabrication de scamorza contribue à réduire les pertes en matière grasse au cours du processus de fabrication (22,5 pour cent pour le lait 1 contre 39,4 pour cent pour le lait 3), la quantité de fromage obtenue après quatre semaines d'affinage à partir de 100 kg de lait est réduite (7,5 kg de fromage pour le lait 1, contre 8,5 kg pour le lait 3).

La différence de perte de poids (en pourcentage du poids avant affinage) entre les fromages enrobés de beurre et les fromages sans bourre est donnée au tableau 2. Ainsi que le montre la figure 3, l'enrobage des fromages avec une mince couche de bourre peut constituer un léger avantage si ceux-ci sont vendus après seulement deux semaines d'affinage. Après quatre semaines, la matière sèche totale des fromages enduits de beurre est de 62,2 ± 3,0 pour cent, et de 62,22 ± 2,6 pour cent dans le cas des fromages non enduits.

Sur la base de ces résultats, il apparaît que l'enrobage des fromages avec du beurre n'influence pas sensiblement les rendements après quatre semaines d'affinage. Néanmoins, les fromages enduits ont meilleure apparence, une texture plus souple et un goût plus doux.

Evolution des pertes de poids au cours de la période d'affinage - Development of weight losses during ageing - Evolución de la pérdida en peso durante el período de maduración

2 Pertes de poids des fromages enrobés de beurre et des fromages sans beurre au cours des quatre semaines d'affinage

Weight losses of cheeses dressed with butter and cheeses without butter during the four-week ageing process

Comparación de las pérdidas de peso entre quesos cubiertos y no cubiertos de mantequilla, durante las cuatro semanas de maduración

Temps d'affinage
(semaines)

Avec beurre

Sans beurre

(en pourcentage du poids initial)

1

9,7 ± 1,1

11,4 ± 1,4

2

15,2±1,8

15,9±2,2

3

19,1 ± 1,9

19,5 ±2,5

4

22,0 ± 2,2

22,1 ± 2,3

CONCLUSION

La présente étude avait pour objectif d'examiner certains problèmes pratiques qui se posent aux petits exploitants lors de la fabrication de scamorza. Une réduction de la quantité de matière grasse dans le lait utilisé entraîne une baisse du rendement fromager, mais les pertes en matière grasse observées au cours du processus de fabrication sont également réduites. Les résultats montrent que l'on peut recommander une teneur en matière grasse de 3,5 pour cent dans le lait utilisé. Néanmoins, il faut prendre en considération les prix relatifs du bourre et du fromage sur le marché local avant de procéder à la standardisation du lait.

Les moules modifiés, la méthode de fabrication et d'enrobage des fromages mis au point au cours des essais ont été diffusés auprès des petits fabricants appuyés par la FAO-RDDTT.

La mise en place pratique de la standardisation au niveau des petits exploitants peut se réaliser aisément lorsque ceux-ci ont la possibilité d'analyser de temps en temps la matière grasse du lait et disposent d'une écrémeuse manuelle. Après écrémage, le lait obtenu est mélangé avec du lait entier dans les proportions requises pour atteindre le taux de matière grasse désiré dans le lait de mélange.

Si on ne dispose pas d'écrémeuse, il suffit de laisser le lait reposer pendant environ une heure. La matière grasse surnageante, de 2 à 3 cm d'épaisseur, est alors retirée à la louche. Le temps pendant lequel on laisse reposer le lait et la quantité de matière grasse surnageante à retirer dépend du taux de matière grasse dans le lait initial et du taux de matière grasse désiré dans le lait ainsi partiellement écrémé. C'est essentiellement l'expérience du fromager qui lui permettra de déterminer le temps de repos du lait et la quantité de crème à retirer. Le lait pourra alors être transformé en fromage, tandis que la crème récupérée pourra être vendue fraîche ou transformée en beurre.

Des études complémentaires sont actuellement en cours afin de confirmer les résultats déjà obtenus et préciser les effets de la standardisation du lait sur le taux de récupération des protéines et des matières sèches totales, ainsi que sur les préférences des consommateurs.

Références

Barbano, D.M. et Bynum, D.G. 1984. Whole milk reverse osmosis retentates for Cheddar cheese manufacture: cheese composition and yield. J. Dairy Sci., 67(12): 2839-2849.

Brumby, P. et Gryseels, G. 1984. Stimulating milk production in milk deficit countries of Africa and Asia. ILCA Bulletin, 19: 2. CIPEA, Addis-Abeba.

FIL. 1983. Determination of fat content - Gerber butyrometers. ISO/DIS 488. Fédération internationale de laiterie, Bruxelles.

Horowitz, W. (éd.) 1980. Official methods of analysis of the Association of Official Analytical Chemists. 13th ed. Association of Official Analytical Chemists, Washington.

Kosikowski, F.V. 1977. Cheese and fermented milk products. 1re éd. Brooktondale, New York.

Kosikowski, F.V. 1982. Cheese and fermented milk products. 2e éd. Brooktondale, New York.

Richardson, G.H. 1985. Standard methods for the examination of dairy products. 15th ed. American Public Health Association, Washington.

Scott, R. 1981. Cheesemaking practice. (ISBN 0-85334-927-4) Applied Science Publishers, Londres.

von Massow, V. 1985. Dairy imports into sub-Saharan Africa and their policy implications. ILCA Bulletin, 21: 16. CIPEA, Addis-Abeba.

Enquêtes parasitologiques sur les hémoparasites des bovins transmis par les tiques au bénin

L.J. Pangui et S. Salifou

Laboratoire de parasitologie, Ecole inter-Etats des sciences et médecine vétérinaire, BP 5077, Dakar, Sénégal.

Au Bénin, comme dans les autres pays d'Afrique occidentale, les bovins sont l'objet de diverses agressions parasitaires, dont les hémoparasitoses transmises par les tiques. Ces vecteurs sont bien connus au Bénin grâce aux travaux de Lafia (1982), mais les données sur les hémoparasites qu'ils transmettent sont rares, à l'exception d'une étude localisée dans la province du Zou (Salifou, 1983). L'intérêt de la présente étude réside dans son caractère national. Elle comprend l'identification des divers parasites en cause, leur distribution géographique et leur incidence selon la race, le sexe et l'âge des bovins.

Bénin

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Pendant deux hivernages consécutifs (août-octobre 1987 et 1988), des prélèvements sanguins ont été effectués sur des bovins de diverses races dans cinq des six provinces du Bénin: Atlantique, Oueme, Zou, Borgou et Atacora (voir la carte). Sur chaque animal, on a effectué un prélèvement de sang périphérique à l'oreille pour la confection d'étalement sanguin, qui a été ensuite coloré au giemsa, après fixation préalable au méthanol.

Les lames ainsi préparées ont été observées au microscope optique, à l'objectif 100, pour rechercher les hémoparasites, qui ont été identifiés d'après leur morphologie, leur mensuration et leur localisation dans les globules rouges. L'identification des parasites a été faite en utilisant les clés de détermination proposées par Morel (1981).

RÉSULTATS

Au total, 368 prélèvements sanguins ont été réalisés dans l'ensemble du pays, ainsi répartis: Atlantique, 71; Oueme, 34; Zou, 100; Borgou, 93; Atacora, 70.

Les examens ont porté sur 123 mâles et 245 femelles. Pour ce qui est de l'âge, 145 prélèvements appartiennent à des jeunes animaux de 5 à 12 mots, 81 à des sujets de un à quatre ans et, enfin, 142 à des animaux de plus de quatre ans.

Les résultats des examens microscopiques des étalements sanguins ont donné 180 animaux porteurs d'hémoparasites sur 368, soit 48,91 pour cent.

Plusieurs espèces de parasites ont été identifiées. Babesia bigemina (Smith et Kilborne, 1892) présente des formes variées, rondes, amiboïdes et en poire (figure 1). Les corps piriformes bigeminés forment un angle aigu. La mensuration des diverses formes a donné des valeurs comprises entre 3 et 5 m m de grand axe sur 2 à 2,5 m m de petit axe. La coloration de leur masse de chromatine au giemsa était rouge violacé.

Babesia bovis (Starvovici, 1893) a également des formes diverses, annulaires, elliptiques et en poire (figure 2). Les quelques rares corps piriformes bigeminés observés formaient un angle obtus. Leur position dans les hématies était en majorité marginale. Leurs mensurations étaient comprises entre 1,75 et 2 m m de grand axe sur 1,25 et 1,5 m m de petit axe. La masse de chromatine était aussi colorée en rouge violacé.

Theileria sp. (Bettencourt, França et Borges, 1907) est un parasite multiforme représenté par de nombreux éléments bacillaires, en virgule, et quelques rares formes ovalaires avec des masses de chromatine rouge violacé (figure 3). Leurs dimensions variaient entre 1,25 et 1,50 m m de grand axe sur 0,5 et 0,75 m m de petit axe.

Anaplasma marginale (Theiler, 1910) présente des corps granuliformes de 0,4 à 0.6 m m de diamètre, en position marginale dans les hématies et de coloration rouge pourpre (figure 4).

La prévalence nationale et régionale de ces parasites a été étudiée (tableau 1), de même que la fréquence de leur apparition en fonction de la race, de l'âge et du sexe des animaux examinés (tableaux 2a et 2b).

DISCUSSION

Période de prélèvement

La saison d'hivernage a été volontairement choisie pour cette étude, car elle est la plus favorable à la pullulation des tiques et l'infestation des animaux est généralement élevée. Cela explique d'ailleurs le taux de 48,91 pour cent d'animaux porteurs d'hémoparasites.

Echantillonnage

Le cheptel bovin du Bénin compte environ 1 million de têtes. Le nombre relativement faible d'animaux examinés lors de cette étude (368) est dû essentiellement à des difficultés d'accès aux troupeaux. Les résultats obtenus donnent néanmoins un aperçu des maladies transmises par les tiques au Bénin.

Technique

L'analyse microscopique des étalements sanguins à partir de prélèvements de sang périphérique est la technique classique utilisée sur le terrain. Elle est facile à réaliser, mais elle présente des inconvénients: les faibles infestations passent souvent inaperçues, et l'identification des anaplasmes est gênée par des artefacts, en raison de leur morphologie punctiforme.

Babesia bigemina (2400x)

Babesia bovis (2400x)

Theileria mutans (2400x)

Anaplasma marginale (2200x)

1 Distribution, par provinces, des parasites rencontrés au Bénin

Distribution, by province, of parasite occurrences

Distribución por provincias de los parásitos observados en Benin


Provinces

Parasites

B. bigemina

B. bovis

A. marginale

Theileria sp.

(pourcentage)

Oueme

18,18

40,90

4,54

36,36

Atlantique

3,12

37,50

6,25

53,12

ZOU

10,93

22,87

9,37

57,81

Borgou

20,83

14,58

25,00

39,58

Atacora

8,33

29,16

14,58

47,91

Prévalence nationale

14,40

31,11

15,55

57,77

2a Fréquence des parasites selon la race

Occurrence of parasites according to breed

Incidencia de los parásitos en función de la raza de los bovinos


Parasites

Races

Lagunaire

N'Dama

Borgou-lagunaire

Borgou

Somba

(pourcentage)

Babesia

25

20

21

20,98

25

Anaplasma

3

-

6

11,88

10

Theileria

24

20

37

26,57

20

2b Fréquence des parasites selon l'âge et le sexe des bovins examinés

Occurrence of parasites according to age and sex in examined cattle

Incidencia de los parásitos según la edad y el sexo de los bovinos examinados



Parasites

Classe d'âge (mois)

Sexe

5-12

12-48

>48

Mâles

Femelles

(pourcentage)

Babesia

42,06

14,81

6,33

22,76

22,04

Anaplasma

17,24

1,23

1,41

7,31

7,75

Theileria

44,83

22,22

14,79

27,64

28,57

Résultats

Malgré le faible échantillonnage, le taux d'infestation de 48,91 pour cent est élevé. Les parasites rencontrés sont véritablement communs en Afrique de l'Ouest (Morel, 1981; Mishra et al., 1979).

L'identification des deux espèces de Babesia a été facile, en raison de leur morphologie classique et de leurs mensurations. Pour les Anaplasma, l'identification a été plus difficile à cause de nombreux artefacts sur les étalements sanguins, tous effectués sur le terrain. Bien que l'identification du genre Theileria ait été aisée, la confirmation de l'espèce en cause n'a pu être réalisée. Cependant, avec l'inexistence des Rhipicephalus appendiculatus et duttoni, ainsi que des Hyalomma vecteurs de Theileria annulata, on peut tendre vers Theileria mutans, espèce rencontrée un peu partout en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest (Morel, 1981).

Toutes les régions du Bénin sont infestées par ces parasites transmis parles tiques. Toutefois, leur prévalence varie selon l'espèce. Les Theileria ont la prévalence la plus élevée dans toutes les provinces, indépendamment du sexe et de la race des bovins; sur le plan de l'âge, par contre, la fréquence d'infestation est plus forte chez les animaux de 5 à 12 mois. Ce haut degré d'infestation par Babesia (42,04 pour cent) et Theileria (44,83 pour cent) dans le jeune âge indique une infestation précoce des veaux, et donc la possibilité d'une immunité acquise. Les populations pourraient ainsi être considérées en état de stabilité enzootique.

CONCLUSION

Cette étude parasitologique a permis d'avoir un aperçu préliminaire sur les hémoparasites transmis par les tiques chez les bovins au Bénin. Une enquête sérologique sera ultérieurement menée pour une connaissance plus approfondie de l'incidence de ces parasites.

Références

Lafia, S. 1982. Les tiques (Amblyommidae) parasites des bovins en République populaire du Bénin. Th. Méd. vét., 2.

Mishra, G.S., Camus, E., Belot, J. et N'Depo, A.E. 1979. Enquête sur le parasitisme et la mortalité des veaux dans le nord de la Côte d'Ivoire observations préliminaires. Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 32(4): 353-359.

Morel, P.C. 1981. Précis de parasitologie vétérinaire tropicale: maladies à tiques du bétail en Afrique, tome 3, 473-699.

Salifou, S. 1983. Enquête sur la babésiose bovine dans la province du Zou par diagnostic hématoscopique. Evaluation des diverses hémaparasitoses. (Mémoire de fin d'études, CPU, Bénin.)


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