Chapitre II: Milieu physique et humain de l'arrondissement


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2.1. Milieu physique
2.2. Milieu humain


2.1. Milieu physique


L'Arrondissement de Mainé Soroa est l'un des trois arrondissements qui composent le Département de Diffa. Il couvre une superficie totale de 16235 km .

Il est limité au Nord par l' Arrondissement de Gouré (Dept. Zinder), au Nord-Est par l 'Arrondissement de NGuigmi, à l'Est par celui de Diffa et au Sud par la frontière avec le Nigéria (fig. 1) .

Figure No.1: Limites de la zone d'intervention du projet.

Le milieu physique est caractérisé par une forte dégradation du couvert végétal qui est inexistant en certains endroits et par la présence de dunes sur toute l'étendue de l'arrondissement. On distingue deux grandes parties: la partie nord et nord-est, essentiellement pastorale et la partie sud, agricole.

La partie nord - nord-est, essentiellement pastorale, est la plus touchée par les effets de la sécheresse. Elle est caractérisée par une désertification et un ensablement très importants.

La partie sud, ago-sylvo-pastorale, est caractérisée par la présence de nombreuses cuvettes (400) dont seulement la moitié (200) est exploitée et le reste abandonné ou en voie de l'être. C'est la zone agricole de l'arrondissement. L'élevage occupe une place secondaire mais demeure néanmoins assez important.

2.1.1. Géomorphologie

La zone d'étude fait partie de la plaine du Manga, d'altitude d'environ 300 m au-dessus du niveau de la mer. Elle appartient elle -même au bassin sédimentaire du Lac Tchad qui aurait été façonné au cours des différents épisodes climatiques au Quaternaire supérieur.

Les études paléogéographiques et géomorphologiques mettent en évidence l'existence d'un vaste lac (Lac Tchad), s'étendant du Tchad jusqu'à Gouré et qui aurait donc envahi toute la zone de l'actuelle plaine du Manga, entre 20000 et 5400 ans BP (Duran et al., 1982). Il se serait produit au cours de cette période, l'alternance de phases humides et arides qui seraient responsables du façonnement du modelé du paysage actuel. Ces différentes phases se sont traduites par des séries de transgression et régression avec une sédimentation de type sableux et sablo-argileux et par une importante érosion éolienne entre 20000 et 12000 ans B.P, ayant résulté à la formation des dunes.

2.1.2. Les Sols

La reconnaissance pédologique réalisée dans la zone a mis en évidence au niveau de la plaine, six types de sols : Sols Minéraux Bruts, Sols Peu Evolués, Sols Isohumigues, Sols Ferrugineux Tropicaux non lessivés, Sols salsodiques et des Sols hydromorphes.

Ce sont tous des sols sableux formés sur des matériaux d'origine soit alluviale, éolienne, soit complexe. Leur pédogenése est fortement conditionnée par les mouvements des eaux du Lac Tchad et par la dynamique éolienne actuelle.

Dans les cuvettes on rencontre des sols hydromorphes et salsodiques sablo-argileux et limoneux.

2.1.3. Climat

Le climat est de type sahélien continental, caractérisé par une forte tendance à l'aridité dans la majeure partie du pays.

D'une manière générales le Niger et en particulier l'Arrondissement de Mainé Soroa ont souffert des perturbations climatiques qu'a connues le Sahel au cours de ces deux dernières décennies.

2.1.3.1. Précipitations

L'analyse des données pluviométriques de ces vingt trois dernières années, met en évidence une forte tendance à la sécheresse. En effet, la comparaison des pluviométries annuelles enregistrées au niveau des stations météorologiques de Goudoumaria et de Mainé Soroa entre 1971 et 1993 avec la moyenne de 1950 à 1970 (P = 432 mm, période la plus humide précédant la sécheresse actuelle), montre de fortes et persistantes diminutions, avec des différences négatives de 276 à - 34 mm.

Entre 1981 et 1993, les stations de Goudoumaria et de Mainé Soroa ont enregistré, respectivement, une pluviométrie :

La moyenne des pluviométries enregistrées au niveau de la station de Mainé Soroa entre 1971 et 1993 est de l'ordre de 315,5 mm. Durant la période 1981 à 1993, la pluviométrie n'a dépassé 300 mm qu'en 1988 (375,9 mm), en 1991 (349,5 mm) et en 1993 (350 mm), alors qu'entre 1971 et 1980 elle est restée 8 années sur 10 comprise entre 303 et 506 mm.

Au niveau de la station de Goudoumaria, la moyenne des pluviométries enregistrées entre 1971 et 1993 est de l'ordre de 247,9 mm. La pluviométrie n'a dépassé 300 mm qu'en 1974 (364,4 mm), 1979 (324,5 mm), 1985 (377,9 mm) et 1988 (394 mm).

2.1.3.2. Vent

De manière générale, le régime des vents, peut se différencier par la présence d'un vent du nord-est, chaud et sec, appelé Harmattan, soufflant d' Octobre à Mai et par un vent du sud-ouest, appelé Mousson, annonciateur des pluies et soufflant de Mai à Septembre.

Les vitesses moyennes sont généralement inférieures à 5 m/s et les maximas comprises entre 7 et 13 m/s

Durant la période 1981-1993, l'année 1986 est considérée à la station météorologique de Mainé Soroa comme étant la plus calme avec des vents de vitesses comprises entre 0,9 m/s (Octobre) et 2,1 m/s (juillet). Par contre, en 1990, 1991 et 1992 on a enregistré de fortes moyennes, de l'ordre de 5,9 m/s En 1992 les vents ont été assez violents de janvier à mai, avec des vitesses maximales comprises entre 10 et 13 m/s (avril).

2.1.3.3. Températures

L'Arrondissement de Mainé Soroa se caractérise sur le plan thermique par deux saisons :

La saison chaude se caractérise par des températures mensuelles moyennes, maximales et minimales respectivement de: 28,6° (mars) à 34° (juin), 34° (mars) à 45° (avril-mai), de 20° (mars) à 26,5° (mai).

La saison fraîche se caractérise par des températures mensuelles moyennes, maximales et minimales de: 21° (janvier) à 26° novembre, 27° (janvier) à 33° (novembre), 10,5° (janvier) à 18,5° (novembre).

2.1.4. Hydrométrie

L'humidité relative mesurée à la station de Mainé Soroa varie entre 24 % (mars) et 93 % (août) pour les maxima, et entre 6 % (avril) et 39 % (août) pour les minima.

2.2.4. Végétation

Avant la sécheresse, la zone comportait de belles formations forestières de type savane arborée et arbustive. La végétation arborée et arbustive était composée de gommiers denses (Acacia senegal), Acacia raddiana, Acacia nilotica, Balanites aegytiaca, Acacia seyal, Acacia albida, Zisiphus mauritiana, Diospyros mespiliformis, Commiphora africana, Tamarindus indica et Hyphaene thebaïca.

Il existait environ 17 forêts classées dans l'arrondissement. Les effets conjugués de la sécheresse et de l'homme ont entraîné une forte dégradation de ces formations naturelles, à tel point qu'elles ont aujourd'hui presque toutes disparu. Même les gommeraies classées entre 1976 et 1978 ont été littéralement anéanties. Aujourd'hui, la végétation forestière se compose essentiellement de vieux arbres d'Acacia raddiana, Balanites aegyptiaca, Acacia albida (dans les champs) et d'Acacia senegal.

La plupart des dunes rencontrées dans l'arrondissement sont totalement vives ou présentent des sommets dénudés. La végétation qui subsiste encore sur ces formations se rencontre, soit sur les versants des dunes vives allongées sous forme de cordon dunaire, soit sur les petites dunes à sommet arrondi de type nebka buissonnante. Elle est composée essentiellement de Calotropis procera, Leptadenia pyrotechnica, Chrozophora brocchiana et de Pergularia tomentosa. On rencontre aussi des graminées à base de Cenchrus biflorus, Pennisetum pedicellatum et de Schoenofeldia gracilis, surtout abondantes au niveau des nebkas buissonnantes.

Au niveau de certaines dunes vives, on rencontre des pieds d'Acacia raddiana et de Balanites aegyptiaca. Tout semble indiquer que la présence de ces arbres soit antérieure à celle des dunes qui se seraient formées autour de leur pied grâce aux accumulations éoliennes.

Au niveau des cuvettes, en plus des espèces rencontrées dans les vallées telles que Acacia senegal, Acacia raddiana qui y constituent sur les bordures des peuplements plus denses, on rencontre Acacia seyal et des palmiers doums (Hyphaene thebaïca) à l'état de vieux peuplements ou de jeunes pousses et des palmiers dattiers (Phoenix dactylifera).


2 .2. Milieu humain


Les populations de l'Arrondissement de Mainé Soroa se répartissent entre les groupes ethniques suivants: Manga, Peulh, Toubou, Touareg et Arabe.

Les Mangas sont principalement des agriculteurs tandis que les autres groupes sont plutôt des pasteurs.

La population de cet arrondissement est de 82323 habitants, soit 43,88 % de la population totale du Département de Diffa. Son taux annuel de croissance est de 0,7 % contre 0,95 % pour le département.

Avec une superficie respective de 140.000 et de 16.256 km2, les densités sont de 1 et 5 habitants au km2 pour le Département de Diffa et l 'Arrondissement de Mainé Soroa.

L' Arrondissement de Mainé Soroa et le Département de Diffa connaissent deux types d'exode :

Les causes de cet exode sont : le déficit alimentaire chronique, le manque d'eau pour pratiquer les cultures de contresaison dans les cuvettes, la détérioration des revenus, etc.