Chapitre III: Choix et description des sites d'intervention


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3.1. Choix des sites
3.2. Milieu physique
3.3. Population et organisation sociale
3.4. Activités socio-économiques


3.1. Choix des sites


Le choix des sites a lieu en début de l'année et fait l'objet de plusieurs missions d'étude du milieu et de réunions de sensibilisation des populations (chap.7).

Après le diagnostic du milieu et l'analyse des résultats des discussions avec les populations, les sites sont choisis sur la base des critères suivants:

C'est à partir de ces critères que nous avons retenu en 1991 5 villages: Mainé Soroa, Ambouram Ali, Chéri, NGuel Bayli et Foulatari. Au cours de la campagne 1992, le projet a continué ses activités dans les anciens sites de 1991 et dans 5 nouveaux villages: Adjidogori, Adébour, Djajiri, Baboulwa et Garoua. En 1993, le nombre des villages est passé à 12, avec deux nouveaux: Mallouri et Métaram. Ces nouveaux villages ont été choisis à la demande des populations qui ont écrit au projet sous-couvert de la Sous-Préfecture de Mainé Soroa (cas de Baboulwa, Métaram et Garoua) ou ont contacté directement l'équipe du projet (cas des villages de Adjidogori, Mallouri, Adébour et Djajiri). Il est à noter que les populations des villages de Adjidogori, Mallouri et Adébour ont travaillé avec le projet depuis la première campagne, en collectant des matériaux de fixation des dunes pour les sites de Mainé Soroa et Ambouram Ali.

Les actions ci-après ont été conduites dans les différents sites:

Les Villages ont été regroupés en trois zones d'intervention:


3.2. Milieu physique


Le milieu physique comprend deux parties distinctes:

3.2.1. Végétation

Dans la zone nord, la dégradation du couvert forestier semble avoir atteint une situation irréversible, surtout autour des agglomérations. La désertification ne fait que gagner du terrain. Toutes les formations forestières, même classées, ont été décimées par les effets conjugués de la sécheresse et de l'intervention de l'homme. Seuls subsistent quelques pieds épars d'Acacia raddiana et de Balanites aegyptiaca.

La végétation arbustive est dominée par Calotropis procera et celle herbacée par Pergularia tomentosa au niveau de Foulatari et de Garoua, de Leptadenia pyrotechnica à Mallouri, qui poussent spontanément sur les zones de pénéplaine. Au niveau de NGuel Bayli, des dunes nues à peu couvertes de végétation herbacée entourent le village.

Dans les sites de la zone centre, la végétation est dominée par Acacia raddiana aussi bien sur la plaine qu'au niveau des vallées. Dans les cuvettes on rencontre des palmiers doums et dattiers.

Dans les sites de la zone sud-ouest, la végétation est encore plus significative, composée de Acacia senegal, et de Acacia raddiana en peuplements plus ou moins denses purs ou mélangés, accompagnés de quelques pieds de Balanites aegyptiaca. et de Acacia albida. Les cuvettes comportent de belles palmeraies de doumiers denses sur les bordures, accompagnés de Acacia seyal et Acacia siberiana.

3.2.2. Dynamique d'ensablement

Tous les sites sont caractérisés par une forte dynamique éolienne due à la présence dominante de dunes vives et à la forte vitesse des vents. Les vents dominants (Harmattan) soufflent dans la direction Nord-Est Sud-Ouest, d'Octobre à Mai. A partir du mois de Mai, on remarque une inversion de l'orientation des dunes dans le sens SW -> NE, due à l'action des vents de la Mousson qui soufflent de Mai à Septembre.

Deux types de formations dunaires d'origine différente, cohexistent dans la zone. Il s'agit:

Les principaux types de modelés identifiés dans la zone du projet sont:

Elles sont très actives et se rencontrent fréquemment dans tous les sites où elles s'étendent autour des villages surtout dans la partie nord-est sur une distance de 100 à 500 m.

La dynamique d'ensablement est soumise au changement de la direction des vents qui est NE -> SW d'octobre à Avril, et SW -> NE de Mai à Septembre.

L'ensablement se fait chaque jour menaçant surtout autour des agglomérations, à cause de l'activité humaine dégradante croissante. Les dunes sont très actives et se rencontrent fréquemment dans tous les villages où elles s'étendent autour des agglomérations surtout dans la partie nord-est sur une distance de 100 à 500 m. Dans tous les villages, elles sont plus menaçantes du côté nord-est, à cause de la prédominance des vents de l'harmattan.

La vitesse d'avancée des dunes est estimée, selon les cas (zone parsemée de végétation ou non), entre 2 à 6 m par an. Entre septembre et mai, les dunes avancent dans le sens nord-est (r) sud-ouest. Le front d'avancement peut se déplacer parfois jusqu'à 10-13 m au-delà de sa position en fin septembre. L'inversion de la direction des vents entraîne à son tour celle de la dune, ainsi le front régresse de quelques mètres. Le processus d'ensablement dans cette zone est rythmé par une progression et une régression des dunes. A cause de ces mouvements inverses, la dune n'arrive pas à épouser une forme stable bien définie. Delà apparait une différence comparées avec les dunes côtières où le vent est souvent unidirectionnel. Par conséquent il faut une approche technique différente.

Les dunes barkhaniques sont plus mobiles que les nebkas, d'où plus dangereuses. Ce sont elles qui menacent le plus les agglomérations.

Au niveau des cuvettes, l'ensablement se fait souvent par déversion des dunes qui les ceinturent. Par ce déversement progressif, la cuvette finit par se combler totalement. Les sables déflatés des crêtes sont projetées sur le côté opposé. Très peu d'entre eux se déposent dans la cuvette.

Au niveau des champs le nettotage systématique des résidus des récoltes auquel s'adonnent les paysans, livre les sables à la merci du vent dont l'activité devient très intense et finit par entraîner une érosion en nappe avec formation plus loin de nebkas buissonnantes.


3.3. Population et organisation sociale

La population directement concernées par les réalisations du projet est de l'ordre de 13359 habitants, soit 16,2% de la population totale de l'arrondissement.

Tableau no.5: Population des villages d'intervention du projet (estimation à partir de RGP-1988).

VILLAGES POPULATION (R.G.P-1988)
  TOTALE HOMMES FEMMES MENAGES
MAINE SOROA 7381 3702 3679 1440
AMBOURAM ALI 825 424 401 136
ADJIDOGORI 75 35 40 13
ADÉBOUR, 431 220 211 70
METARM 160 75 85 40
DJAJIRI DAGRA 130 60 70 32
BABOULWA 494 259 235 118
CHERI 988 487 501 249
NGUEL BAYLI 981 471 510 170
FOULATARI 1477 717 760 256
GAROUA 337 162 175 69
MALLOURI 80 37 43 20
TOTAL 13359 6649 6705 2613

3.4. Activités socio-économiques


Les activités socio-économiques concernent essentiellement les échanges des produits agricoles, forestiers, animaux et artisanaux.

3.4.1. Agriculture

La population de l'arrondissement est à peu près de 95 % rurale. Cette population rurale est composée de 56,30 % d'agriculteurs et 43,70 % d'éléveurs.

L'agriculture pluviale reste toujours l'activité agricole principale. mais il existe d' importantes potentialités en matière de cultures irriguées pratiquées dans les cuvettes et le long de la Komadougou.

Il a été dénombré à travers l'arrondissement près de 400 cuvettes dans sa partie Sud-Ouest dont 116 actuellement exploitées.

3.1.1.1. Les cultures pluviales

Les principales cultures pluviales pratiquées sont le mil, le sorgho et le niébé. Elles constituent la base alimentaire des populations locales.

L'agriculture pluviale subit des contraintes à la fois physique, climatique et technique : appauvrissement des sols et diminution des superficies cultivables dus à l'ensablement et à la dégradation des ressources de base, à la sécheresse et à l'utilisation des techniques traditionnelles à faible productivité.

Les superficies cultivables sont passées de 500.000 ha en 1985 à 300.000 ha en 1988. Les rendements des cultures ont enregistré de sérieuses baisses, passant de plus de 700 à 300100 kg/ha pour le mil et de 900 à 200-300 kg/ha pour le niébé. Les fluctuations de la production globale sont particulièrement importantes, avec parfois une récolte insignifiante.

3.4.1.2. Les cultures irriguées

Ce sont les cultures pratiquées en saison sèche sous irrigation avec les eaux souterraines et de surface. Elles sont pratiquées dans les cuvettes et le long de la Komadougou Yobé.

Leur importance s'est particulièrement accrue avec la politique d'auto-suffisance alimentaire, notamment à partir des années 1984. Ainsi, la production est passée de 5291 tonnes en 1988 à 7809 en 1989 et 9448 en 1990.

Dénommées communément cultures de contre-saison, elles sont plus ou moins abondamment pratiquées selon que les récoltes céréalières pluviales sont mauvaises ou bonnes.

Elles concernent les céréales (mais, sorgho, riz, blé), niébé, des tubercules (manioc, patate douce, pomme de terre), divers produits maraîchers (gombo, solanacées, courgettes, et.) et de la canne à sucre.

Depuis l'aggravation de la sécheresse, avec la baisse des nappes phréatiques depuis ces 3 dernières années, la production globale enregistre une baisse continue, partant les cultures irriguées ont enregistré un net recul.

3.4.2. Foresterie

Les activités forestières se limitent à des prélèvements frauduleux ou autorisés par le service forestier, dans les quelques formations reliques que l'on rencontre dans les vallées et les cuvettes.

Les plantations privées sont de moindre importance, se limitant souvent autour des cases. Cependant il existe des bois communautaires qui n'ont encore fait l'objet d'aucune exploitation.

Les produits tirés de la forêt sont, entre autres, des branchages pour l'énergie domestique, le bois de service (tiges d'acacia et de Leptadenia pyrotechnica, troncs de roniers) utilisé pour la confection des toits ou plafonds des maisons. On y prélève aussi des fruits: doum, Balanites aegyptiaca, jujubier, etc.

3.4.3. Elevage

La zone du projet compte environ 101460 têtes d'animaux. La zone nord, à elle seule compte 63667, soit 62,8%. Elle compte 7161 (50, 6%) bovins, 2878 (71,2%) camelins, 1154 (65,1%) équins, 2014 (68,9%) asins, 14974 (56,9%) caprins et 35486 (67,9%) caprins. Elle confirme ainsi son caractère de zone pastorale.

Tableau No.6: Cheptel des villages d'intervention du projet

VILLAGES CHEPTEL
  BOVINS CAMELINS EQUINS ASINS OVINS CAPRINS
MAINE SOROA 362 87 58 432 760 1296
AMBOURAM ALI 6477 980 481 393 10172 14024
ADJIDOGORI 8 1 5 11 5 81
Adébour, 66 25 23 15 162 474
DJAJIRI DAGRA 23 6 7 4 30 77
BABOULWA 19 42 18 9 16 253
CHERI 29 22 28 44 180 588
NGUEL BAYLI 1513 1204 276 559 1143 12953
FOULATARI 5584 1666 862 1422 13482 21750
GAROUA 64   16 33 349 783
TOTAL 14145 4041 1774 2922 26299 52279

3.4.4. Commerce

Pendant la saison sécche, les populations sont occupées par une série d'activités économiques telles que le petit commerce de biens de première nécessité, l'exploitation, la vente du bois et de la paille, l'artisanat et enfin l'exploitation du du natron (sulfate de sodium) dans les cuvettes.

Les échanges commerciaux se font dans les marchés hebdomadaires et à travers les circuits informels. Il existe trois grands marchés dont un à Mainé Soroa le mercredi fréquenté entre autres par les populations de Ambouram Ali, Adjidogori et Adébour, un à Djajiri (jeudi) et l'autre à chéri le dimanche. Il en existe aussi à Adébour et Garoua, mais de moindre importance.

Malgré la situation de déficit alimentaire chronique une partie des produits agricoles est vendue au niveau des marchés hebdomadaires villageois. Il est difficile de connaître les volumes commercialisés ou échangés du fait qu'une grande partie est échangée à travers les circuits informels.

Certains produits agricoles sont destinés essentiellement à la vente ; c'est le cas notamment du niébé qui est commercialisé à près de 80 %. Les produits des cultures de contre-saison ne sont pas également auto-consommés à 100 %. Le poivron qui est la principale culture commerciale, connait un grand succès le long de la Komadougou. Près des 2/3 de la production sont exportés vers les villes de l'Ouest du pays et le Nigéria.

En ce qui concerne l'exploitation et la vente de bois, il a été recensé 11 points de vente entre Gouré et Maïné-Soroa.

L'artisanat (la maroquinerie, la bijouterie, la fabrication de l'outillage agricole et d'exhaure...) et en particulier la vente des nattes joue un rôle important dans la vie économique des populations de cette zone. Il en est de même pour l'exploitation du natron, pratiquée dans 94 cuvettes de l'arrondissement. La contribution de l'artisanat au produit intérieur brut est estimée à 5 % (Service du Plan de Maïné Soroa).