Chapitre IV. Lutte contre l'ensablement des agglomerations et des cuvettes


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4.1. Introduction
4.2. Fixation mécanique des dunes
4.3. Production des plants
4.4. Fixation biologique


4.1. Introduction


La lutte contre l'ensablement constitue la raison d'être du projet. Les objectifs de protection au niveau de Mainé Soroa, pour la durée du projet sont:

Les actions de lutte contre l'ensablement autour des villages et des cuvettes ont été les principales activités qui ont occupé l'équipe de la composante depuis le démarrage du projet jusqu'à présent. Au cours des trois campagnes d'activités, l'équipe de la composante a protégé 12 villages (chap.3).

La lutte contre l'ensablement a impliqué divers types d'activités, à savoir:


4.2. Fixation mécanique des dunes


Cette opération comporte de nombreuses activités ménées par étape. Il s'agit de:

4.2.1. Modelé dunaire

Dès les premières visites de terrain, après le choix des sites à protéger, nous avons mené une étude sommaire pour définir le modelé dunaire au niveau de chaque site. Ceci a pour intérêt de mieux déterminer le type de clayonnage à entreprendre pour assurer une protection efficace contre la dynamique éolienne.

Les principales formes mises en évidence au niveau des différents sites sont:

Même si elles se rencontrent partout, les cordons dunaires, les barkhanes et les trains barkhaniques sont les plus fréquentes et importantes.

4.2.2. Estimation de la superficie à protéger

Afin d'assurer une protection durable permettant d'éviter une reprise de la dynamique éolienne et d'épargner les infrastructures socio-économiques contre toute reprise d'ensablement, nous avons estimé au niveau de chaque site, la superficie qu'il faut stabiliser, appelée Superficie efficace.

Le tableau 7 ci-dessous donne la superficie efficace au niveau des différents sites.

Tableau no.7: Superficie efficace à stabiliser autour des agglomérations et des cuvettes.

VILLAGES ZONES AGGLOMERATIONS CUVETTES
MAINE SOROA CENTRE 116 Ha
AMBOURAM ALI " 15 Ha 150 Ha
ADJIDOGORI " 20 Ha 30 Ha
Adébour, " 50 Ha 50 Ha
METARAM CENTRE-OUEST 10 Ha 30 Ha
DJAJIRI " 20 Ha 20 Ha
BABOULWA " 40 Ha 30 Ha
CHERI " 40 Ha 40 Ha
NGUEL BAYLI NORD 40 Ha 20 Ha
FOULATARI.. " 35 Ha
GAROUA.. " 30 Ha 20 Ha
MALLOURI   10 Ha
TOTAL   426 Ha 390 Ha

4.2.3. Collecte des matériaux de fixation

Six types de matériaux ont été utilisés pour la fixation mécanique: des Rachis et des palmes de palmiers doues et dattier, des tiges de Leptadenia pyrotechnica, de Calotropis procera et de mil et des plants de Pergularia tomentosa:

Depuis la fin de la campagne 1992, nous avons privilégié autant que possible l'utilisation des tiges de Leptadenia pyrotechnica, vus les meilleurs résultats qu'elles donnent comparées aux autres, tant sur le plan stabilisation des dunes que sur le plan protection des jeunes plants contre les effets néfastes des vents.

La collecte des matériaux constitue la première opération à laquelle s'est attelée l'équipe de la composante dès le démarrage du projet. Elle se déroule tout le long de l'année, de Janvier à Décembre. Elle est assurée dans tous les sites par les populations (hommes, femmes, enfants et élèves) sous l'encadrement des agents (ATEF et AVAF) du projet.

Les rachis sont collectés dans tous les sites essentiellement par les femmes et les enfants, à l'exception de celui de Baboulwa où se sont les hommes adultes qui s'en sont chargés. Par contre le tressage est assuré par les hommes. Néanmoins, dans certain sites tels que Ambouram Ali les femmes ont participé au tressage des panneaux.

Les tiges de Leptadenia pyrotechnica. et Calotropis procera sont coupées et transportées essentiellement par les hommes. cependant dans certains sites tels que Métaram et chéri, les femmes participent au transport.

Le transport des matériaux des sites de collecte aux sites de fixation des dunes s'est fait avec les véhicules (camion, tracteur, pick-up et double cabine) du projet. Dans certains cas les populations se sont chargées du transport lorsque la distance est à proximité du site de fixation.

4.2.4. Installation des matériaux

Les rachis de doums collectés sont tressés avant d'être installés au niveau des dunes à cause de leur manipulation difficile et pour assurer une meilleure fixation. Par contre les tiges de mil, Leptadenia pyrotechnica. et de Calotropis procera sont fixées directement sans être tressées.

Afin de faciliter un creusage profond des tranchées, nous avons recommandé une largeur de 30 à 40 cm; ce qui permet d'avoir une profondeur de 20 à 40 cm. A une telle profondeur les panneaux ou les tiges sont solidement fixés pour résister à la force du vent et freiner efficacement les sables.

Les palissades sont installées perpendiculairement à la direction des vents dominants (Harmattan). La densité de clayonnage est fonction du type de modelé, de la hauteur des dunes, de la couverture du sol et de la disponibilité des matériaux.

Les dunes barkhaniques, les cordons dunaires et les nebkas qui devaient être fixées systématiquement en croisé, en fonction de la pente, sur un écartement de 20 x 20 m et 20 x 40 m. Mais à cause de l'insuffisance et des difficultés de transport des matériaux, seules les lignes de crête ont été croisées dans la plupart des sites.

Les voiles éoliens et les nebkas buissonnantes ont été traitées en clayonnage simple avec des lignes de palissades tous les 20 ou 40 m.

De janvier 1991 à Août 1993, il a été posé 150504 m de palissade sur les parcelles de fixation des dunes dont 106273 autour des agglomérations et 44231 autour des cuvettes.

En 1991 il a été protégé 39 ha au niveau des agglomérations et 20 ha autour des cuvettes dans 5 villages, avec respectivement 30560 m et 13000 m de palissade. En 1992 la superficie protégée au niveau de 10 villages est de 169 ha dont 134 autour des agglomérations et 35 autour des cuvettes, avec respectivement 54221 m et 15864 m de palissade. En 1993, il a été protégé 128,4 ha dont 80,4 autour des agglomérations et 48 ha au niveau des cuvettes, avec respectivement 21492 m et 17928 m de palissade (tab.; An.2).

Tableau No.8: Longueur (m.1) de palissades fixées au niveau des sites protégés de 1991 à 1993.

SITES AGGLOMERATIONS CUVETTES
  1991 1992 1993 TOTAL 1991 1992 1993 TOTAL
MAINE SOROA 4350 5586 1031 10967  
AMBOURAM ALI 1210 1000 2210 7000 6000 3081 16081
ADJIDOGORI   3008 2347 5355 706 706
Adébour,   7660 2551 10211 300 300
METARAM 2247 2247 4537 4537
DJAJIRI DAGRAH   3113 2738 5851 1779 1779
BABOULWA   6865 2930 9795 694 694
CHERI 10000 12227 469 22696 6000 9664 4519 20183
NGUEL BAYLI 10000 3592 1129 14721 1674 1674
FOULATARI 5000 1370 1260 7630
GAROUA   9800 2718 12518 200 638 838
MALLOURI 2072 2072
TOTAL 30560 54221 21492 106273 13000 15864 17928 46792

4.2.5. Conclusion

Les activités de fixation ont coûté plus de 70% du temps consacré au projet par les populations. La période d'intensité maximale se situe entre décembre et Avril de chaque année. Les mois de Mai à Octobre sont consacrés aux travaux agricoles.

Au niveau des différents sites, avant le démarrage de la fixation des dunes, une formation a été donnée aux populations sur les techniques de fixation: orientation et distance des palissades, creusage des tranchées, mise en terre des panneaux, rebouchage des tranchées. Il a fallu plusieurs séances de démonstration et d'encadrement, pour que les populations commencent à maîtriser les techniques de fixation.

Les femmes, au début de la fixation n'avaient pas pris part aux travaux, sous prétexe que ça leur semblait très difficile. Mais grâce aux séances de sensibilisation et de démonstration ménées par l'AVAF féminin avec l'appui de l' Expert forestier et des cadres du projet, elles ont fini par prendre part aux travaux de fixation mécanique. Ainsi depuis le mois de Juin 1991, les femmes ont pris une part très active dans les travaux de fixation mécanique, à l'exception des sites de Baboulwa, Nguel Bayli et Foulatari. Le site de Mainé Soroa a été entièrement l'oeuvre des femmes de l'AFN.

Au fil des ans, l'expérience aidant, les techniques de fixation ont été revues et améliorées. Le manque de matériaux aux voisinages des agglomérations, nous a conduit à mettre en place des essais sur la densité de clayonnage, avec différents écartements: 20 m et 40 m simples et 20 x 20 m et 40 x 40 m. Les résultats ont montré qu'avec des écartemnets de 20 m simple, on avait à peu près la même efficacité de protection qu'avec les 20 x 20 m. Pour limiter la consommation des matériaux, nous avons opté pour la fixation en simple tous les 10 à 20 m. C'est ainsi que nous avons donc abandonné le croisement systématique des barkhanes pour ne le limiter qu'aux lignes de crêtes.