Chapitre V: Protection et restauration des terres de cultures et de parcours


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5.1. Introduction
5.2. Terres de cultures
5.3. Terres de parcours
5.4. Conclusion


5.1. Introduction

La forte dégradation de la végétation naturelle et de la fertilité des terres de cultures à cause de la sécheresse, l'ensablement et la monoculture, ont amené le projet à entreprendre des essais agroforestiers et de mise en défens enrichie par l'introduction d'espèces forestières adaptées.


5.2. Terres de cultures


La réalisation des actions a entrainé, des séries de réunion au niveau des trois villages avec les populations pour leur expliquer le cadre et les objectifs visés par les pratiques proposées. Il s'agit tout simplement de mener des tests d'introduction d'espèces forestières pouvant assurer la protection des sols des champs contre l'érosion éolienne et restaurer leur fertilité. Les opérations consistent à installer des lignes de brise-vent, des haies vives, des plantations d'enrichissement des sols et de favoriser la régénération naturelle de la végétation par la protection des semis et rejets naturels.

A l'issue des différentes réunions nous avons recensé 20 paysans volontaires à Mainé soroa, 21 à Chéri et 5 à NGuel Bayli.

Compte tenu du nombre élevé de paysans volontaires, nous avons effectué avec les intéressés des visites des champs, afin de choisir les plus représentatifs. A l'issue de ces visites, sur la base de l'importance du champ, de la couverture végétale et de la configuration du périmètre, il a été retenu 10 champs à Mainé Soroa d'une superficie totale de 50 ha, 6 champs à Chéri, couvrant une superficie totale de 40 ha et 1 champ de 5 ha à NGuel Bayli.

Les champs de petite superficie et présentant un périmètre à plusieurs côtés ont été éliminés. La raison principale est que leur prise en compte entraînerait une grande utilisation de matériel de clôture.

En 1991, sur les dix champs retenus et délimités à Mainé Soroa, nous avons clôturé avec du grillage métallique 3 champs couvrant une superficie de 10 ha. A Chéri, tous les 4 champs retenus ont été clôturés à l'aide de grillage métallique.

En 1992, les essais agroforestiers ont été continués dans les deux anciens sites de Mainé Soroa et de Chéri et dans un des deux nouveaux sites prévus: NGuel Bayli. Au niveau de Mainé Soroa, Chéri et de NGuel Bayli, il a été réalisé respectivement 15, 10 ha et 5 ha sur un total de 40 ha prévus.

En 1993, il n'y a pas eu de nouvelles parcelles. Les réalisations ont consisté aux regarnis des parcelles 1991 et 1992.

Il a été planté au niveau des champs (Mainé Soroa, Chéri et NGuel Bayli), 9010 plants en 1991, 10751 plants en 1992 et 7312 plants en 1993.

5.2.1. Brise-Vent

Les lignes de brise-vent ont été réalisées avec des plants d'Acacia albida, Acacia senegal, Acacia raddiana, Leucena leucocephala et Eucalyptus camaldulensis.

Dans les champs de Mainé Soroa, il a été installé en 1991 3689 ml, soit environ 3,7 kms. Au niveau des champs de Chéri, il a été installé 3690 m, soit environ 3,7 kms. En 1992, il a été réalisé environ 2100 m à Mainé Soroa, 700 m au niveau de NGuel Bayli et 500 m au niveau de Chéri avec, respectivement, 425, 240 et 180 plants.

Le taux de réussite estimé en fin Novembre 1991 est de l'ordre de 70% à Mainé Soroa et 60% à Chéri. Ces faibles taux sont dus à un manque d'entretien. En 1992, le taux de réussite est de l'ordre de 40%.

5.2.2. Haies vives

Dans le but d'étudier l'utilisation des haies vives comme clôture susceptible de protéger les cultures contre le bétail, nous avons planté des plants d'espèces épineuses sur le pourtour des champs. Les espèces utilisées sont: Acacia albida, Acacia raddiana, Acacia adansonii, Zisiphus mauritiana et Parkinsonia aculeata et Bauhinia rufescens.

La plantation a été faite en lignes doubles en alternant les espèces. En 1991, au niveau des champs de Mainé Soroa, il a été planté 3500 plants, toute espèce confondue. Dans les champs de Chéri, environ 2500 plants ont été plantés. En 1992, il a été réalisé 35 ha, sur 40 prévus, soit un taux de réalisation de 87,5%. En 1993, il a été réalisé des regarnis. En 1993, il a été réalisé des regarnis au niveau des champs avec 5000 plants à Mainé Soroa, 1800 plants à Chéri. Aucune action n'a été menée à NGuel Bayli.

5.2.3. Plantation d'enrichissement

Dans le but d'étudier l'incidence des arbres sur la restauration de la fertilité des sols des champs, nous avons réalisé des plantations d'enrichissement des sols à l'intérieur des champs. Les espèces utilisées sont: Acacia albida, Acacia senegal, et Acacia adansoni.

Au niveau de Mainé Soroa, il a été introduit en 1991 à l'intérieur des champs 500 plants. Dans les champs de Chéri, environ 200 plants ont été introduits. En 1992 et 1993, il a été planté, respectivement 800 et 512 plants.

5.2.4. Régénération naturelle

Le caractère aléatoire des pluies, fait que l'on ne doit pas compter seulement sur la plantation pour assurer une protection des champs. Cela nous a amenés à demander aux propriétaires des champs de pratiquer la régénération naturelle en conservant tous les semis apparaissant au niveau du champ.


5.3. Terres de parcours


La dégradation des formations forestières et des pâturages font que le bétail est confronté à des problèmes très aigus d'alimentation, surtout dans la partie nord de l'arrondissement.

Dans le but d'étudier les possibilités de régénération des pâturages naturels, deux parcelles ont été clôturées dont l'une aux environs de Mainé Soroa, d'une superficie de 72 ha et l'autre dans la zone nord, à NGuel Bayli, d'une superficie de 30 ha.

La clôture a pour rôle de soustraire les parcelles à la divagation du bétail. Ainsi, il devient aisé d'étudier la dynamique de régénération de la végétation sous les seules contraintes du climat et de l'ensablement.

Le choix de ces sites a été proposé par les services techniques d'élevage lors d'une réunion de comité technique département de développement tenu à Diffa en Mars 1991. A la suite de cette réunion, une mission composée de l'équipe du projet et des représentants du Service de l'élevage de Mainé Soroa et de la Direction départementale des ressources animales, s'est rendue sur le terrain afin de procéder au choix des sites à protéger. Au cours de cette sortie, des discussions ont eu lieu avec les éléveurs rencontrés dans la zone. Ils ont favorablement accueili notre initiative, car cela, disaient-ils va de leur intérêt.

Les deux parcelles choisies présentent une dégradation, avec moins de 20 pieds d'arbres à l'hectare. La parcelle de NGuel Bayli est parsemée de dunes vives, tandis que celle de Mainé Soroa présente une bonne couverture herbacée dans sa majeure partie.

Les sites ont été entièrement clôturés avec du grillage métallique. Des plantations d'enrichissement ont été effectuées à l'intérieur des parcelles. Au niveau de la parcelle de Mainé Soroa, une plantation de 10 ha a été réalisée sur les dunes vives incluses dans la parcelle. Au total près de 13000 plants ont été introduits pour la fixation des dunes et l'enrichissement réalisé sous forme de lignes. Dans le site de Nguel Bayli, il a été réalisé une plantation en plein avec près de 1300 plants.

En 1992, les activités ont concerné le suivi des réalisations de 1991 et la mise en place de nouveaux essais. Le suivi a porté sur le comportement des plants introduits en 1991 sous forme d'enrichissement et sur le comportement phénologique (fructification, mortalité, régénération naturelle, etc.) des arbres présents dans les parcelles. Les essais d'enrichissement par introduction de plants dans les espaces vides ont concerné les espèces suivantes: Bauhinia rufescens, Acacia trachycarpa, Acacia senegal, Acacia raddiana, Lysiphylium gilvum et Ceasalpinia ferrea. En 1991, il a été réalisé des plantations dans les parcelles de mise en défens avec 500 plants à Mainé Soroa et 1300 plants à NGuel Bayli. En 1992, sur 5500 plants prévus il a été planté 5123 plants, soit 93,1%. En 1993, il a été planté 5302 plants à NGuel Bayli.


5.4. Conclusion


Les essais d'agroforesterie et de mise en défens ont souffert d'un manque de suivi; ce qui fait que nous ne sommes pas en mesure de tirer des conclusions sur la faisabilité de telles opérations et l'intéressement des populations. Les populations bénéficiaires des réalisations n'ont pas été impliquées comme il le faut dans le suivi et l'entretien des plants introduits. De ce fait ils n'ont pas manifesté d'intérêt en cela.

Mais il n'y a pas de doute quant à l'opportunité de mener de telles actions dans la zone. Du fait de la dégradation du couvert végétal et de la baisse de la fertilité des sols et de l'érosion éolienne, les pratiques agroforestières et d'amélioration des terres de parcours, sont les seuls gages à longs termes de l'amélioration de la production agricole de la région. Elles doivent donc demeurer au centre des préoccupations.