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2. Le système CAPPA


2.1. Présentation
2.2. Expériences au niveau de quelques pays

2.1. Présentation

La FAO a développé CAPPA1/, le système micro-informatique pour la formation et l'aide à la planification agricole, au début des années 1980, partant de sa longue expérience en matière de projections agricoles, acquise d'abord lors de la préparation du Plan indicatif mondial, puis à l'occasion des Etudes perspectives et, finalement, avec l'étude "Agriculture: Vers l'horizon 2000".

1/ CAPPA: Computerised System for Agriculture and Population Planning Assistance and training

Bien qu'à l'origine CAPPA ait été conçu comme un outil pédagogique, il a démontré son utilité pour l'analyse sectorielle et la projection des variables décrivant le secteur agricole. Le système a été installé dans les institutions de près d'une vingtaine de pays d'Afrique, d'Amérique Latine, d'Asie, d'Europe et du Moyen-Orient.

CAPPA est un outil informatique d'analyse sectorielle. Il sert à construire et analyser des scénarios simulant le développement à moyen et long termes du secteur agricole d'un pays. Parmi ses caractéristiques fondamentales, il faut relever sa manipulation très facile: les utilisateurs ou groupes d'utilisateurs, de préférence interdisciplinaires, qui veulent travailler avec CAPPA n'ont besoin d'aucune expérience informatique antérieure. La méthode de travail qu'il propose est fondée sur l'emploi d'un ensemble de dix modules simples et interactifs.

CAPPA n'est pas un modèle de l'économie ou du secteur agricole d'un pays. C'est plutôt un ensemble de modules liés, qui servent chacun à simuler une composante d'un scénario pour le secteur agricole. L'objectif n'est pas d'obtenir un résultat optimal, mais davantage de mettre en oeuvre un processus permettant de proposer différentes options alternatives pour l'évolution future du secteur agricole, pour finalement sélectionner le scénario le mieux adapté aux divers objectifs assignés par le gouvernement au secteur agricole.

Dans ce sens, la fonction de CAPPA est de proposer un cadre cohérent dans lequel on peut construire et comparer des scénarios. Pour construire ces scénarios, CAPPA utilise un ensemble d'informations quantitatives, systématiquement organisées de façon cohérente, stockées dans la base de données, décrivant la situation sectorielle nationale pour une année de base. A partir de ces données et de paramètres de projection entrés par les utilisateurs, le système effectue les projections des variables économiques globales et sectorielles qui, mises en relation, décrivent les caractéristiques du secteur agricole.

Le processus de construction et d'analyse d'un scénario CAPPA comporte trois grandes phases:

· La première phase définit le contexte démographique et macro-économique du scénario; elle fixe les objectifs du développement global et agricole;

· La seconde phase projette et analyse la production agricole (système de production végétale et animale);

· La troisième et dernière phase, qui est une phase d'analyse, présente les résultats des projections dans divers contextes: macro-économique, alimentaire et nutritionnel, technologique, d'utilisation des ressources en terre, de création d'emploi, de commerce extérieur, etc.

CAPPA comprend dix modules qui regroupent un sous-ensemble de projection et se suivent dans une séquence bien déterminée. Ces modules sont: Population (CAPPOP); Macro-économie (CAPMAC); Demande intérieure (CAPDEM); Bilan Ressources/emplois et Commerce extérieur agricole (CAPSUA); Production végétale (CAPVGT); Production animale (CAPNANM); Facteurs de production (CAPFAC); Analyse de l'emploi agricole (CAPLAB); Analyse des indicateurs économiques (CAPECO) et Analyse nutritionnelle (CAPNUT).

Un module complémentaire, CAPDAT, sert à créer, modifier et afficher le contenu de la base de données CAPPA. Pour la plupart des pays membres, la FAO fournit une base de données standard qui peut être utilisée à fin de démonstration ou de formation; cependant, les utilisateurs voulant travailler avec CAPPA de façon opérationnelle devront réactualiser et modifier les données de la base en y incorporant leur propre information (sélection de produits, classe de sols, etc.) afin d'accorder les entités de la base avec la réalité de leur pays.

Le programme a été écrit en BASIC Microsoft et peut être utilisé sur tout micro-ordinateur de type IBM-compatible équipé d'au moins 256 Kbytes de mémoire RAM, d'un disque dur, de préférence, ou de deux lecteurs de disquettes. CAPPA utilise le système d'exploitation MS-DOS, version 2.0 ou postérieures, un écran monochrome et une imprimante ayant la capacité d'imprimer des lignes de 132 caractères.

CAPPA dispose d'une documentation technique de référence en français, anglais, espagnol et arabe, dont les titres disponibles sont présentés au début de ce document.

2.2. Expériences au niveau de quelques pays

Dès le milieu des années 80, quand le logiciel fut disponible, la FAO organisa des programmes de formation utilisant CAPPA et offrit aux pays membres, à leur demande, l'assistance nécessaire pour installer CAPPA et former le personnel qui devait l'utiliser pour construire et analyser des scénarios de développement agricole à moyen et long termes.

L'expérience montre que la construction de la base de données est l'étape la plus longue et la plus difficile du processus d'installation du système CAPPA dans un pays. Elle démontre également la grande utilité que représente pour les pays cette construction, étant donné que, pendant ce processus, on est amené à passer en revue de manière exhaustive les informations disponibles pour l'analyse sectorielle et les projections agricoles. On constate généralement que celles-ci existent mais qu'elles n'ont pas été conçues pour être utilisées de façon pratique et immédiate par les analystes sectoriels et les différents agents responsables des politiques. La base de données CAPPA constitue un ensemble de statistiques historiques pour une année donnée, de coefficient techniques et d'hypothèses de projection qui déterminent le point de départ des scénarios. Elle contient notamment des données sur la population, la macro-économie, la consommation, le commerce extérieur, la production végétale, les systèmes de production animale, les prix, les besoins alimentaires (calories, protéines, etc.) et la main d'oeuvre, ainsi que les coefficients techniques de production pour diverses cultures sur diverses classe de sols. Le problème essentiel est de recueillir ces données, disponibles en général de manière dispersée et désordonnée, pour ensuite les adapter et les organiser de telle sorte qu'elles satisfassent aux exigences de la base de données CAPPA. Le système offre le cadre nécessaire pour réaliser ce travail et a prévu des dispositifs pour aider à contrôler la cohérence numérique des données rassemblées.

Les cours CAPPA sont conçus pour procurer les éléments de base permettant d'utiliser au mieux cet outil informatique.

Plusieurs pays ont déjà pu bénéficier de ce type de soutien au travers d'activités spécifiques de formation ou d'assistance, financés soit par le programme régulier de la FAO, soit par le Programme de Coopération Technique (PCT) de la FAO, soit encore sous financement de ressources extrabudgétaires (par exemple le FNUAP, la France). Parmi les pays qui ont effectué un travail d'application de CAPPA à des fins opérationnelles, on peut citer la Bolivie, la Chine, le Chili, Chypre, l'Egypte, le Ghana, la Hongrie, l'Iran, la Jordanie, le Maroc, le Mexique, le Niger, les Philippines, la République Dominicaine, la République Tchèque (en cours), la Tanzanie, la Thaïlande, la Turquie et le Vietnam.

Par ailleurs, à la demande de plusieurs pays, des stages de formation plus courts ont également été organisés. En Afrique ont été concernés, en plus des pays déjà cité, le Burkina Faso, le Mozambique et la Tunisie. En Amérique, on peut citer l'Argentine, le Brésil, le Canada, le Costa Rica, l'Equateur, le Guatemala, la Jamaïque, le Nicaragua, Trinité et Tobago et le Venezuela. En Asie, sont concernés l'Inde, l'Irak, le Myanmar, le Népal, le Pakistan et le Yémen, et en Europe, l'Allemagne, la France, la Hollande, et l'Italie.

La plupart des pays qui ont mis en application le système CAPPA, l'ont installé dans des services ou des unités du Ministère de l'agriculture. Dans d'autres cas, ils l'ont installé au Ministère de l'économie ou de la planification dans l'Institut de recherche agricole, l'Institut de statistiques ou de planification nationale l'université ou un autre centre d'études sectorielles et analytiques.

Les objectifs poursuivis ont été d'ordre très divers. Par exemple, au Secrétariat d'état de l'Agriculture de la République Dominicaine, il s'est agi d'aider à la formulation d'un Plan de Développement Agricole. Au Bureau d'Etudes et de Politiques Agricoles du Ministère de l'Agriculture chilien, l'intention était d'améliorer le système d'information statistique et la base technique pour la formulation de politiques à moyen et long termes. Au Ministère du Développement Agricole et d'Elevage de Tanzanie, il a été utilisé pour l'analyse de politiques et la préparation de programmes alimentaires par L'unité de Stratégie Alimentaire. A la Direction des Etudes et de Programmation du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage de la République du Niger, il devait aider à la projection de la situation alimentaire. Au Service de Statistiques du Ministère des Finances et de la Planification économique du Ghana, CAPPA a été utilisé pour mesurer l'effet de l'accroissement démographique sur le secteur agricole et analyser la capacité du secteur à y faire face. En Jordanie, il a servi pour appuyer le Ministère de la Planification dans l'analyse des politiques agricoles et la formulation d'un Plan national. En Egypte, à l'Institut National de Planification du Caire, CAPPA a aidé à mesurer les difficultés d'absorber les travailleurs égyptiens immigrés rentrant des pays du Proche-orient.


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