Page précédente Table des matières Page suivante


Les travaux de la FAO


Mission forestière au Mexique
Correction des torrents et des avalanches

Mission forestière au Mexique

Une des plus importantes missions forestières de la FAO travaille au Mexique, sous la direction de D. T. Griffiths (Royaume-Uni). Le but général de la mission est la mise en valeur économique des forêts et des produits forestiers. La conservation y est particulièrement mise en relief, car on se rend compte que la véritable conservation est un sage aménagement utilisant au maximum une production annuelle croissante, tout en sauvegardant le capital. Le problème de l'utilisation complète et de l'élimination des déchets cause également au gouvernement Mexicain de sérieux soucis.

On se rendra compte que les Assistants Techniques ne travaillent pas dans des compartiments étanches, mais que la plupart des problèmes exigent une étroite collaboration entre plusieurs spécialistes: tous s'occupent de recherches, et recommandent finalement l'établissement d'un Institut de Recherches sur la Foresterie et les Produits Forestiers. Toutes ces missions touchent généralement à la politique forestière, à la législation et à la formation du personnel.

Il est encore trop tôt pour évaluer les progrès réalisés en ce qui concerne l'accomplissement des buts de la Mission, car le travail n'a pas été commencé immédiatement. En premier lieu le Mexique est un vaste territoire, quatre fois plus grand que la France, avec une grande diversité dans sa topographie, son climat, son sol, et ses types de forêts. D'autre part, il a fallu acquérir une certaine connaissance des conditions locales générales. Enfin, il a fallu rassembler un certain nombre de renseignements fondamentaux.

On se rendra mieux compte des progrès actuellement réalisés en prenant à part chaque spécialité.

Sylviculture - A la suite d'un certain nombre de tournées accomplies pendant une période de 8 mois, le sylviculteur a étudié la plupart des problèmes que comportait sa mission, c'est-à-dire: le reboisement dans les forêts tempérées et tropicales, et la sylviculture et l'aménagement dans ces deux types de forêts. De plus, sur les instructions du Gouvernement, il a examiné les problèmes particuliers au bassin du Nexaca, qui fournit de l'énergie hydro-électrique, et à la région de Aguas Calientes, dans la zone sèche où existe un système d'irrigation. Il a fait, dans la péninsule du Yucatan, dont les forêts, couvrant plus de 5.000.000 d'hectares sont composées en grande partie d'essences tropicales précieuses (acajou et cèdrele), une étude remarquable sur l'économie forestière en général.

Il est difficile d'estimer les résultats obtenus jusqu'à présent, mais cet expert a déjà soumis quelques recommandations générales, actuellement à l'étude, pour l'élaboration d'un programme de reboisement à long terme.

Certaines recommandations particulières ont déjà été appliquées, notamment en ce qui concerne le choix des essences pour chaque région naturelle et il a été prévu une étude consacrée à l'eucalyptus, à l'acacia sp., à l'acajou et au cédrèle.

Le résultat peut-être le plus important, le plus satisfaisant et le plus durable qui ait été obtenu jusqu'à présent, est la collaboration fructueuse qu'il a pu établir avec des techniciens locaux, et la communauté de vues, et, peut-être, la doctrine universelle touchant à la politique générale, auxquelles il a pu parvenir.

Entomologie - L'entomologiste a préparé un programme d'études qui doit servir de base pour les recommandations touchant la lutte contre les insectes et les maladies des arbres au Mexique. Il a réalisé une étude préliminaire sur les causes de la mortalité chez Cedrela odorata au Yucatan, en collaboration avec le sylviculteur, et commencé une série d'expériences pratiques, basées sur sa conclusion provisoire que le premier mal est causé par les coups de soleil. Pendant les séjours qu'il a fait au Yucatan il a également visité des scieries et des exploitations et fait certaines propositions pour traiter les bois infestés. Ses recommandations en ce qui concerne le traitement des invasions de Lyctides ont été adoptées, et les piles de bois infesté dans les entrepôts ont été désinsectisées en passant les sciages au séchoir, et une cuve de trempage fonctionnera prochainement.

Il a établi, en coopération avec son collaborateur Mexicain, une zone expérimentale pour la lutte contre les acolytes de l'écorce, dans laquelle on pourra appliquer plusieurs méthodes de lutte et juger de leurs résultats - il est trop tôt encore pour pouvoir estimer les résultats dont on ne pourra réellement juger que tard dans l'année. L'entomologiste a également fait une étude sur une défoliation des frênes dans le Parc National de Uruapan et soumis, en vue d'y remédier, quelques recommandations qui sont adoptées. Il a également aidé à établir, dans le Service de la Protection des Forêts une collection centrale et un système de fiches semblables à celui qui est utilisé au National Museum des Etats-Unis.

Inventaires - Le spécialiste des inventaires, en collaboration avec un technicien Mexicain extrêmement compétent a aidé à mettre sur pied un bureau permanent des inventaires forestiers qui fonctionne déjà depuis plusieurs mois. L'organisation de l'enseignement et l'entraînement du personnel sont déjà très avancés et il y a maintenant huit élèves qui suivent des cours pour l'établissement des cartes fondamentales, la triangulation mécanique, l'interprétation des photographies, l'emploi des instruments de report et de détermination des hauteurs. Le service et les cours pratiques ont été organisés dans le cadre d'un projet-pilote d'inventaire forestier de l'Etat du Mexique, sous la direction du collègue mexicain de l'expert. Les travaux déjà réalisés dans cet inventaire peuvent être résumés comme suit:

Superficie à étudier

12.000 Km²

Relevés cartographiques effectués

9.000 Km²

Photographies insérées

12.000 Km²

Photographies reportées

5.000 Km²

Premières épreuves car tographiques

3.000 Km²

mais jusqu'à présent, les travaux de base ont été insuffisants.

Un projet préliminaire a également été présenté concernant un inventaire de l'Etat de Durango. Le Mexique et l'Etat de Durango sont tous deux situés dans la zone tempérée, et jusqu'à présent rien n'a encore été fait en ce qui concerne les forêts tropicales, où les inventaires sont particulièrement importants.

Etude de l'industrie du sciage de pin - Pendant qu'il était attaché à la Dirección General Forestal, un expert a passé six mois dans la zone de pineraies de Chihuahua et de Durango, se familiarisant avec leurs problèmes, préparant des plans pour la modernisation des scieries et examinant avec les techniciens du sciage différentes suggestions ayant pour but de moderniser leurs systèmes d'exploitation et de sciage. Son rapport provisoire comporte différentes recommandations à court et à long termes. Cet expert fut ensuite chargé d'aider l'expert chargé des recherches sur les produits forestiers dans la phase préliminaire d'une étude sur la pâte et le papier puis travailla à l'étude de la production des traverses de chemins de fer. Il y a cependant d'autres problèmes en cours d'étude dans l'industrie du sciage de résineux, en collaboration avec l'expert de la pâte et avec le sylviculteur, afin que ses propositions satisfassent pleinement aux conditions de conservation et d'aménagement des forêts.

Cet expert a également présenté des propositions, acceptables par les Autorités Mexicaines, et qui sont actuellement étudiées par la FAO, pour l'organisation de démonstration de certaines machines (y compris des scies alternatives multiples modernes, et des machines pour scier des douves, etc. dans des cosses), afin de convaincre les techniciens du sciage des avantages qu'ils tireraient de la modernisation de leur équipement. En liaison avec ses études au Mexique, il fera prochainement un voyage d'étude aux Etats-Unis, probablement accompagné d'un technicien Mexicain, doté d'une bourse de voyage, afin de visiter des régions de pineraies où les conditions sont semblables à celles du nord du Mexique, en vue d'étudier la mise en valeur moderne.

Recherches sur les produits forestiers - Pour diverses raisons, l'expert n'a pu que rarement entrer en contact avec les industriels, mais avant l'expiration de son contract, il a arrêté un programme pour l'établissement d'un laboratoire de recherches, comprenant les sections suivantes: documentation, anatomie, essais physiques et mécaniques des bois. Le Gouvernement a alloué 170.000 Pesos pour l'achat du matériel nécessaire qui doit être livré un peu plus tard. Une série de cours sur les méthodes employées au laboratoire pour l'étude de l'anatomie et des propriétés physiques du bois, a également été préparée en Français et leur traduction en Espagnol est en cours.

Cet expert a également, en collaboration avec le Chef de la Mission et le sylviculteur, effectué une reconnaissance pour étudier le projet d'une usine de pâte à Michoacan.

Après avoir terminé les travaux énumérés ci-dessus, pour la Direction Générale des Forêts (Dirección General Forestal) l'expert a préparé pour la Banque du Mexique un projet pour la création d'un laboratoire de recherches sur la cellulose, qui semble indispensable, si l'on considère que le Mexique importe actuellement environ 120.000 tonnes de cellulose et de produits papetiers, alors que sa consommation est d'environ 300.000 tonnes. Dans le cadre de son étude sur le projet de recherches sur la cellulose, l'expert a parcouru le bassin du Papaloapan et suggéré un programme de travaux concernant la création de plantations de bambous pour la production de la cellulose, et pour l'étude de graminées Mexicaines semblables à la Canne de Provence, pour la production d'alpha-cellulose.

A son retour en France, après l'achèvement de sa mission, il a été chargé par la FAO de se documenter et de fournir un rapport au Gouvernement mexicain sur les recherches de laboratoire relatives à la cellulose dans ce pays.

Un spécialiste de la pâte et du papier a maintenant été adjoint à la Mission pour mettre en application les propositions émanant de l'expert en matière de recherches sur les produits forestiers, et dont les grandes lignes viennent d'être exposées. Il donnera ses avis sur le développement des recherches sur la cellulose; il aura à envisager toutes les matières premières possibles, à examiner les projets existants et à fournir ses conseils pour un plan de développement futur de la production de pâte et de papier. Un autre nouveau membre est un expert conseil pour l'économie générale des régions désertitues et semi-désertiques, qui présentent une grande importance pour le pays.

Correction des torrents et des avalanches

Le Gouvernement Français a reçu récemment environ 45 forestiers participant à un voyage d'étude sur la correction des torrents et des avalanches. Recommandé par la Commission européenne des forêts et produits forestiers de la FAO, ce voyage d'étude dans les Alpes, de Nice à Evian, du 28 juin au 8 juillet, fut admirablement organisé par le Service forestier Français, et des représentants des pays suivants y prirent part: Autriche, Union Française, Allemagne, Italie, Iran, Espagne, Suisse, Turquie, Royaume-Uni (Chypre), et Yougoslavie. Des brochures et des cartes sur la géologie et la végétation des régions traversées, et sur les détails de chacun des travaux qui devaient être visités, furent distribuées à l'avance. De nombreux rapports sur des sujets particuliers et importants, rédigés par ceux qui participaient à la tournée, furent publiés et distribués.

Le Directeur Général des Eaux et des Forêts de France, dans son discours de bienvenue aux délégués, à Nice, donna un compte-rendu précis de la situation forestière actuelle de ces régions, faisant ressortir l'étroite relation qui existe entre la correction des torrents, la conservation du sol et l'utilisation des terres, en général, et le genre de vie des habitants des régions alpestres. Le Gouvernement Français, dit-il, a été très désireux d'organiser ce voyage d'étude, puisque la France ayant été le premier pays qui ait essayé de résoudre les problèmes de l'érosion due aux torrents, ce sont des ingénieurs et des forestiers français qui ont posé les fondements de toutes les méthodes de correction actuelles.

Un rapport détaillé sur ce voyage d'étude doit être publié séparément, mais, en résumé, les membres participants furent à même d'étudier dans les Alpes Méridionales les problèmes particuliers des torrents, qui n'ont normalement que très peu d'eau, ou bien sont entièrement à sec, mais qui deviennent extrêmement dangereux à la suite d'orages d'été locaux, entraînant alors dans la vallée des rocs et des débris, grands et petits, qui s'étaient accumulés dans les parties supérieures des bassins de réception. En Savoie et en Haute-Savoie, ils purent ensuite étudier des torrents dont le débit est toujours important et qui érodent constamment leurs berges; lorsqu'ils sont en crue, ces torrents mettent sérieusement en danger les villages et les champs qui bordent leurs lits, et les routes et les voies ferrées qui les traversent. Dans ces deux régions, les délégués purent également étudier les problèmes de protection contre les glissements de terrain et les avalanches.

L'attention des membres: participants fut attirée sur la visite de Serre-Ponçon sur la Durance, où l'on se propose de construire un grand barrage pour alimenter une usine hydro-électrique et irriguer les valfées inférieures. Les ingénieurs chargés de ce projet expliquèrent les dangers qu'ils prévoyaient si l'on négligeait de maintenir et même d'étendre les zones boisées et les travaux d'endiguement, qui étaient les seuls moyens de prévenir l'érosion causée par les torrents aboutissant au bassin supérieur de la Durance. La construction de ce barrage, dirent-ils, changerait complètement l'aspect de cette région, et poserait de nouveaux problèmes, concernant la correction des torrents se jetant dans la Durance, non seulement en amont du barrage, mais aussi en aval. L'étude de ces problèmes n'en est encore qu'à la phase préliminaire, mais il est évident que la construction de barrages de cette importance a entraîné de nouvelles responsabilités pour tous ceux qui sont chargés de la correction des torrents; cette constatation a fait évidemment ressortir l'absolue nécessité d'une étroite collaboration entre les forestiers et les ingénieurs chargés de la construction des barrages. Pour autant que le bassin de réception d'une rivière forme une unité où l'utilisation d'une partie quelconque affecte l'utilisation possible de toutes les autres parties, ainsi, la rivière elle-même, avec tous ses: affluents, constitue une unité, dont l'énergie en puissance ne peut réellement être utilisée sans la pleine maîtrise de chaque partie.

Les membres de ce voyage d'étude furent également frappés par l'intérêt évident éveillé par leur passage.

Des orateurs locaux exprimèrent fréquemment l'importance que les communes rurales attachent à la protection des torrents. Pleinement conscients du rôle que les forêts jouent dans la protection du sol et la régularisation des cours d'eau, il réservèrent un accueil particulièrement chaleureux à ceux qui sont responsables de la protection de leurs forêts, et de l'extension de ces forêts, à mesure que surgissent de nouveaux dangers d'érosion menacent leurs biens et leur foyer. Les membres de ce voyage d'étude se rendirent donc parfaitement compte de la complexité des relations entre les problèmes particuliers qu'ils et le problème général des conditions de vie dans les régions montagneuses. Ainsi que le fit remarquer le Directeur de la Division Forestière de la FAO, à la dernière réunion d'étude, la correction des torrents est en elle-même une opération difficile, qui, même au prix d'importants investissements, n'est pas toujours couronnée de succès. Le succès est certainement compromis chaque fois que sont permis des exploitations excessives, un pacage abusif à haute altitude, ou de mauvaises méthodes agricoles sur les terres exposées à l'érosion. Le problème est donc, à la base, un problème d'utilisation correcte des terres. De sa solution dépendent le bien-être et le développement social des communes rurales intéressées qui peuvent s'appauvrir et même disparaître. Mais ces mêmes communes peuvent aussi atteindre un niveau supérieur de vie et de bien-être, si l'on prend soin de leurs ressources naturelles, au lieu de les laisser se dégrader.

Pour le présent, les membres du voyage d'étude portèrent surtout leur attention sur ce que l'on pourrait appeler les maladies chroniques de la terre, et les remèdes possibles. L'amélioration des pâturages hors de la lisière des forêts n'entre pas dans leur programme actuel, mais il est évident que, tôt ou tard ils devront tenir compte de toutes les questions complexes soulevées par l'utilisation des terres dans les régions montagneuses. Le but de la FAO, dans les régions alpines, étant de concilier les intérêts de l'agriculture, de la foresterie, de l'énergie hydro-électrique et du tourisme.


Page précédente Début de page Page suivante