Page précédente Table des matières Page suivante


200. Les produits forestiers congolais


210. Forces et faiblesses de la ressource forestière congolaise et de ses produits transformes
220. Les obstacles et les contraintes a la réussite et au développement de la filière bois au Congo
230. Points spécifiques de la région nord
240. Points spécifiques a la région sud
250. Quelques éléments de la structure des coûts et enseignements


Ce chapitre se place essentiellement au niveau des marchés extérieurs au Congo. Nous serons cependant amenés à parler des produits consommés ou mis à disposition à l'intérieur du pays.

210. Forces et faiblesses de la ressource forestière congolaise et de ses produits transformes


211. Les points forts
212. Les points faibles


Nous ne reviendrons pas sur l'aspect général inventaire et ressources qui a été largement développé mais allons tenter de faire ressortir les points favorables et défavorables existants au niveau de cette ressource vu du côté de son utilisation et de son commerce sous toutes formes possibles.

211. Les points forts


211.1. Potentiel forestier
211.2. Homogénéité
211.3. Le cas particulier du Sapelli
211.4. Les autres essences dominantes
211.5. La présence de nombreuses autres essences


211.1. Potentiel forestier

Son potentiel forestier important au Nord. Le Congo possède l'un des plus importants massifs forestiers de la région et nous avons fait apparaître sa capacité de fourniture à long terme y compris dans le cadre d'une exploitation aménagée et pérenne.

211.2. Homogénéité

Une certaine homogénéité dans la fourniture de certaines essences. Le massif Nord est dominé par la présence de 4 essences existant en grande quantité commercialement déjà connues, qui peuvent assurer la base d'une exploitation soutenue et d'une mise à disposition régulière sur une longue durée. Actuellement une seule est exploitée (Sapelli), les 3 autres (Limbali, Ayous, Fraké) ne le sont pas encore pour des raisons économiques ou commerciales.

211.3. Le cas particulier du Sapelli

La présence de cette importante ressource de Sapelli est une exception dans le paysage forestier tropical africain (avec l'Okoumé dans le massif Gabonais), qui avait par ailleurs la réputation d'être un cas commercialement difficile en raison de la grande hétérogénéité de sa forêt et de la difficulté d'assurer des livraisons homogènes et durables.

Jusqu'à ces dernières années, l'exploitation et la mise à disposition du Sapelli était restée relativement marginale et plus ou moins noyée dans un ensemble de nombreuses autres essences africaines.

Cette période aura au moins permis aux utilisateurs d'apprendre à connaître et d'apprécier ses qualités. Car il s'agit d'une essence jusqu'à maintenant considérée comme plutôt "noble".

L'accroissement assez brutal depuis 2 à 3 ans de l'exploitation du Sapelli, suite à l'ouverture de plusieurs sociétés nouvelles dans le bassin du Congo, modifie quelque peu les données du problème car le produit cesse d'être marginal. Sa mise à disposition massive et régulière va certainement créer un courant de la demande et des utilisateurs. Toute la difficulté va consister à maintenir au plus haut niveau l'image de marque déjà acquise de ce produit (qui surpasse par ses qualités intrinsèques ses principaux concurrents asiatiques).

Le Sapelli est une des rares essences africaines a pouvoir être tranché, déroulé (moins) et scié et couvrir une gamme d'utilisation importante. Il est le type même de produits que l'on valorise au mieux par transformation intégrée en fonction de ses défauts spécifiques afin d'en tirer le rendement économique optimal.

S'il emprunte un circuit de transformation peu élaboré, il risque de devenir un produit trop standardisé et de perdre rapidement en valeur.

Il existe vraisemblablement un triple avenir pour cette essence; les grumes de hautes qualité conserveront leur image de bois noble et seront vendues à haute valeur. Les moyennes qualités auront intérêt à suivre un circuit très élaboré pour une transformation intégrée.

La basse qualité continuera de suivre le processus actuel de la transformation élémentaire pour en faire un produit standardisé dont le prix moyen devra baisser car ce produit sera concurrencé par des essences proches de moindre qualité mais plus attrayantes en prix (bois d'Asie, Niangon, Tiama...)

211.4. Les autres essences dominantes

L'Ayous: bois blanc tendre, n'est actuellement exploité que pour les besoins du marché local de Brazzaville ou de la région de Ouesso.

Les conditions économiques et les carences en matière de transport rapides et peux coûteux font que cette essence ne peut être davantage exploitée dans l'immédiat.

Elle est recherchée pour la production de placages mais surtout pour les produits sciés, sèches et moulurés. Les pays voisins RCA et surtout Cameroun la produisent en grande quantité.

Le Fraké/Limba: bois blanc, mi dur, recherché pour tranchage et produits sciés/moulurés, existe en grande quantité, notamment dans la zone Nord-Est. Le problème de son exploitation se pose dans des termes équivalents à ceux de l'Ayous.

Le Limbali: bois rouge/brun, plutôt lourd existe en énorme quantité dans cette région. Il est encore mal connu mais compte tenu de l'importance de la ressource, devrait faire l'objet de recherches intensives, puis de promotion pour un développement de son exploitation.

211.5. La présence de nombreuses autres essences

La mise en oeuvre d'un plan d'aménagement forestier unique en Afrique dans la zone Nord. Ce plan doit, peut-être, être remodelé et renforcé quant au contrôle de son exécution afin:

* de répondre à la recherche d'une fourniture pérenne et suivie.
* de respecter la régénération naturelle de la forêt dense.

212. Les points faibles


212.1. Le Sapelli
212.2. Son outil de transformation est beaucoup trop limité
212.3. Sa recherche d'indépendance commerciale doit s'ouvrir à d'autres voies
212.4. Le handicap de sa faible demande interne


La plupart d'entre eux seront largement développés dans le chapitre des obstacles et contraintes de la réussite du développement commercial des produits forestiers. Le plus important étant la trop grande lourdeur des coûts. Toutefois, sur le plan pur des produits, il convient d'évoquer certaines données.

212.1. Le Sapelli

Autant la présence abondante de cette essence constitue un point fort pour le Congo, autant il faut temporiser cet avantage par les dangers suivants:

- nous avons déjà évoqué le risque de voir le prix moyen de cette essence baisser avec l'accroissement du volume mis sur le marché (nous en avons un exemple en ce moment, espérons qu'il ne sera que ponctuel!!).

- le Sapelli est un bois ROUGE et la "mode" évolue inexorablement vers les bois blancs. Il existe un risque réel de voir la clientèle traditionnelle se détourner des essences à tendance rouge/brun. Peut-être faut-il inclure au chapitre des recherches pour une meilleure utilisation des produits transformés un chapitre relatif à la décoloration des bois rouges et à la possibilité économique de ce processus pour certaines applications. Cette remarque est également valable pour une essence comme le Limbali.

- le Sapelli présente certaines marques d'hétérogénéité et des différences de qualité (selon les zones) au plan purement commercial il faut éviter la création de sous-classes ou sous-qualités de cette essence.

212.2. Son outil de transformation est beaucoup trop limité

Hormis pour les placages (tranchés et déroulés), l'exemple unique du complexe de Socobois dont l'outil est parfaitement comparable à de nombreuses unités fonctionnant en pays industrialisés et quelques rares unités de sciage capables de proposer des spécifications correctes de débités à l'expert, le paysage de la transformation au Congo est particulièrement désolant.

Cette situation ne permet pas au pays de s'orienter vers de nouveaux marchés en élargissant la gamme des produits transformés.

Les experts sont unanimes: il existe bel et bien des marchés sortant du circuit classique, traditionnel type européen pour des produits semi-finis ou finis à plus grande valeur ajoutée mais personne jusqu'à maintenant n'a produit une étude technico-économique associée à une étude de marché correspondante pour vérifier si la faisabilité et la rentabilité étaient aussi évidentes que certains le prétendent.

Il faut donc commencer par produire une étude sérieuse de cette nature et rechercher à cette occasion les voies et moyens pour aller dans cette direction qui est logique.

212.3. Sa recherche d'indépendance commerciale doit s'ouvrir à d'autres voies

Il est bien évident que la quasi-totalité de la commercialisation externe des produits forestiers congolais échappe au contrôle et à l'orientation nationale. Cette situation n'est pas propre au pays, mais ce n'est pas une raison pour ne pas évoluer vers un autre équilibre.

L'échec de l'OCB dans cette tentative fait écho à des échecs similaires dans des pays voisins qui ont voulu emprunter le même circuit.

La suggestion que nous avons développée dans le chapitre relatif à l'OCB avec la création d'un centre multifonction autonome pourrait et devrait être utilisé pour le développement commercial, sa recherche, sa mise en oeuvre, son contrôle. Il pourrait être le pivot des études des marchés, des contacts avec les industriels et utilisateurs, les bureaux d'études techniques et technico-économiques et les organismes de financement.

Une phase d'étude préalable s'impose mais il est mutile de la lancer sans avoir mis en place une solide structure compétente, réaliste et responsable au niveau de ce centre.

Les marchés existent mais aujourd'hui la compétition est ouverte et active; il ne convient plus d'attendre que le client vienne réclamer ou chercher un produit, il faut au contraire conquérir ces marchés et donc connaître les conditions dans lesquelles cette pénétration est possible.

212.4. Le handicap de sa faible demande interne

Rappelons pour mémoire, mais c'est tellement important pour le Congo, le handicap de sa faible demande interne. Toutefois, à ce niveau, de nombreuses actions pourraient être entreprises pour l'ouverture et le développement de ce marché et notamment:

- combattre les importations frauduleuses.

- arrêter les productions illicites et informelles.

- favoriser et développer la production de contreplaqué en interdisant les importations à court terme.

- ouvrir la diffusion des appels d'offre pour toute fourniture de bois ou dérivés nécessaires aux équipements et travaux nationaux. Consulter en priorité les entreprises productrices locales.

- promouvoir le développement de la construction d'habitation économique en bois (à ce niveau, nous recommandons la mise en oeuvre d'une étude sur les possibilités d'utiliser les sous-produits des unités de production locales pour la confection de ce type d'habitation).

220. Les obstacles et les contraintes a la réussite et au développement de la filière bois au Congo


221. Points communs et généraux


Suggestions/Recommandations

La configuration de la position géographique des massifs forestiers congolais implique de scinder l'analyse en deux parties distinctes. Toutefois, un certain nombre de contraintes sont communes à l'ensemble du pays. Nous étudierons ensuite ce qui est spécifique à chaque région.

221. Points communs et généraux


221.1. L'absence ou la défaillance de l'infrastructure de transport routier
221.2. Le grave problème du CFCO
221.3. L'OCB
221.4. Un coût de main d'oeuvre élevé associé à de fortes contraintes et pressions syndicales
221.5. Un système fiscal insuffisamment encourageant pour inciter au développement de la transformation
221.6. Une tarification dissuasive et non compétitive de transport maritime des produits forestiers congolais
221.7. L'absence, la faiblesse et le manque de structure du marché local
221.8. Taux d'intérêts bancaires exhorbitants


221.1. L'absence ou la défaillance de l'infrastructure de transport routier

L'absence ou la défaillance de l'infrastructure de transport routier et le coût élevé de certaines prestations

- c'est un obstacle majeur car non seulement il conditionne la rapidité et la régularité des acheminements de produits mais il agit en véritable frein à la consommation interne et de plus induit des coûts prohibitifs plaçant les produits en situation défavorable de compétitivité.

- c'est aussi un frein puissant au développement de la transformation car les unités industrielles (ou même semi-industrielles et artisanales) hésitent à s'implanter dans certaines zones craignant pour leur approvisionnement, évacuation et coût.

- au niveau routier, dans le Sud, le transport des grumes entre le bas Kouilou et Pointe Noire ou dans le Niari pour atteindre la voie ferrée se négocie à plus de 63f CFA par m³/Km: c'est à dire que pour 100 km il faut payer 6300f/m³ c'est à dire quelque fois plus du coût direct de production!

En réalité, s'il existait un réseau routier correct, ce coût pourrait être réduit de moitié.

De plus bien souvent l'administration demande aux forestiers de se substituer à elle pour construire et entretenir certaines routes; dans certains cas le producteur est pénalisé 2 fois.

- tout le monde connaît et explique le cas du développement forestier de la Côte d'Ivoire en se référant à la qualité de son réseau routier. Aujourd'hui ce pays dont les ressources forestières sont pauvres et limitées, est encore le plus grand protecteur de bois tropicaux de la zone Afrique Ouest/Centre: il peut exploiter des essences de faible valeur marchande et a considérablement pu développer sa transformation.

Encore aurait-il fallu savoir parallèlement éviter les abus et contrôler la trop facile pénétration des populations et de l'agriculture pour le plus grand bien de la préservation de sa forêt,

- dans le même ordre d'idée, l'ouverture au Cameroun de l'axe lourd Douala/Yaoundé et l'entretien et l'existence d'un bon réseau en amont jusqu'à l'Est et au Nord du pays a considérablement influé sur le développement de l'activité forestière et industrielle.

De nouvelles sociétés se sont implantées à l'Est, certains producteurs du Nord Congo envisagent même d'emprunter cette voie pour acheminer leurs produits jusqu'à Douala

- l'ouverture de l'axe Pointe-Noire/Brazzaville modifierait totalement le paysage de la profession. Elle constitue à nos yeux une priorité absolue et une urgence dans l'exécution.

221.2. Le grave problème du CFCO

- En l'absence d'une route, le chemin de fer constitue le seul moyen utilisable pour le transfert de 300.000m³ venant du Nord et de 200.000m³ venant du Niari;

- Il constitue un véritable goulot d'étranglement pour la production de la région Nord qu'il limite à 250 à 300.000m³/an en moyenne depuis des années.

Il ne nous appartient pas d'analyser les causes de cette situation mais chacun sait qu'elle provient essentiellement d'une défaillance de management de l'exploitation (entretien du matériel, logistique, gestion financière).

En l'absence d'un réseau routier pouvant palier cette carence, le rétablissement normal de ce trafic ferroviaire devient une priorité n° 1 à très court terme. A notre avis, seule une gestion et une assistance technique étrangère de professionnels peut rétablir rapidement la situation.

- Sans parler des effets désastreux et même dramatiques induits sur l'activité de tous les opérateurs du Nord, le fonctionnement en dents de scie du CFCO à un effet considérable sur la ligne commerciale du produit (en particulier venant du Nord):

* l'accumulation périodique d'un énorme stock de grumes à Maluku/Brazzaville est bien connu des acheteurs qui ont maintenant intégré ce paramètre dans leur stratégie d'achat du Sapelli. Ils l'utilisent donc pour faire baisser le prix d'achat car il existe toujours une disponibilité de stock et que les producteurs sont prêts à tout pour vendre ce stock (certains ont même déjà vendu ce stock à ce stade pour survivre!!)

* il se produit par surstockage prolongé une certaine dégradation naturelle des grumes dont les acheteurs profitent supplémentairement pour obtenir périodiquement d'importantes réfactions sur le volume (déduction totale du volume d'aubier réputé piqué ou attaqué, réfaction supplémentaire sur diamètre ou longueur); Actuellement, il se pratique une réfaction moyenne de près de 20% sur le volume!! Mais les producteurs sont encore bien contents d'écouler leur produit.

C'est une situation dramatique et scandaleuse mais dans l'immédiat il n'y a pas de solution.

- le stock important de Maluku a provoqué depuis des années la pratique de vols de grumes, soit par des organisations armées en provenance du Zaïre (qui alimentent des unités de transformation officiellement installées dans le pays, soit par un réseau organisé congolais qui redébite ces grumes avec des scies à chaîne spécialement équipées en produits revendus sur le marché local).

Les pertes en grumes des sociétés forestières du Nord ont toujours évolué ainsi entre 3 et 15% (chiffre moyen actuel pour certaines sociétés..!!)

Après l'échec d'une organisation officielle pour la protection des radeaux entre 1987 et 1989, certaines sociétés ont pris le problème à leur compte allant même jusqu'à appointer un cadre expatrié pour cette seule surveillance!! (mais il est facile de calculer l'intérêt économique de l'opération).

- cumulant ces problèmes avec celui de l'ensablement constant du port de Brazzaville, certains ont préconisé la mise en oeuvre d'une installation portuaire à Maluku avec prolongement de la voie ferrée jusqu'à ce point afin d'éviter cet effet de stock et ces vols.

C'est une possibilité mais à notre avis cela ne sert à rien si, comme on peut quand même le supposer et l'espérer, la capacité d'évacuation entre Brazzaville et Pointe Noire pourra un jour ne plus être un obstacle.

Par contre la création d'une infrastructure portuaire efficace pour la protection et la surveillance des radeaux devrait être étudiée car elle est de la responsabilité de l'Etat.

- Signalons au passage une autre pratique anormale et préjudiciable à la qualité des produits. Tout au long de la chaîne mais plus spécialement au port de Brazzaville existe une structure organisée qui récupère les écorces des grumes (pour besoins de bois de chauffage) privant ainsi de leur meilleure protection naturelle la quasi-totalité des grumes. L'effet final n'est pas négligeable: réduction de la qualité (bois gercés, couleur grise donnant un aspect "vieux bois") appréciation meilleure des défauts superficiels des grumes par les acheteurs, avec en fin de compte une nouvelle décote de la valeur du produit.

Il nous semble anormal de laisser officiellement se pratiquer cette dégradation des grumes par des populations qui ne devraient normalement pas être autorisées à entrer dans l'enceinte du port!!

- Quoiqu'il en soit, il est aisé de constater les effets induits par la carence du CFCO, notamment sur la qualité, la valeur et la régularité de livraison des produits. Nous estimons l'effet moyen cumulé de ces différentes contraintes à l'équivalent de 10.000 fcfa/m³ (y inclus l'effet sur les frais financiers) sur la valeur des grumes à l'arrivée à Pointe-Noire; à l'heure actuelle c'est beaucoup plus encore.

- Au niveau de la tarification CFCO, nous ne pouvons rien dire car il est homogène par rapport aux pays voisins.

221.3. L'OCB

Le sujet a déjà fait couler beaucoup d'encre, aussi nous efforcerons nous d'être aussi concis et réalistes que possible.

221.3.1. Exposé de la situation actuelle et de ses conséquences

OCB (Incidence grumes uniquement)

1) Les frais de service extérieur réels de l'OCB s'établissent en moyenne comme suit:


Bois divers

Okoumé

SOCOMAB

3511

2940

ACCONAGE

995

505

DOUANE divers

195

195

Caisse de stabilisation
1/100 val FOB soit en moyenne


- essences riches

800

-


- essences pauvres

350

400

total arrondi


4050


riches

5500



pauvres

5050


Compte tenu des barèmes FOB/plage établis actuellement, le prélèvement OCB ressort pour les sociétés du Nord Congo et les principales essences dont la majorité est exempte des droits de sortie a:


FOB

FOB - 3%

Place

Prélèvement Net

Sapelli

(LM 90.000)

87.300

77.700

4100

(BC 66.750)

64.748

55.815

3433

Sipo

(LM 90.750)

88.027

78.420

4107

(BC 72.750)

70.567

61.557

3510

Compte tenu de la répartition moyenne de la production par essence et qualité, le prélèvement OCB ressort à une moyenne de l'ordre de 3600f/m³ sur les volumes en provenance du Nord.

En réalité cette valeur est plus ou moins importante et variable car:

- certaines sociétés bénéficient de certaines dérogations ou de "contrats spéciaux" avec des tarifs différents de ces tarifs officiels.

- l'OCB ne reverse pas ou paye irrégulièrement ses factures à la caisse de stabilisation et à la Socomab.

Toutefois, si l'on voulait faire un calcul global et considérer le volume provenant des entreprises du Nord, l'apport annuel serait voisin de:

3600 x 230.000 = 828 Mio CFA

A noter que la plupart des entreprises du Nord Congo sont exonérées de droit de sortie sur les grumes dont les valeurs respectives devraient être:



CFA/m³

% FOB

SAPELLI

LM

3055

3,5

BC

1942

3

SIPO

LM

2640

3

BC

1411

2

(pour une moyenne de l'ordre de 2030 F/M3).

Pour les sociétés du Sud

- les principales essences commercialisées sont régulièrement les suivantes:


1000 m³/an

1) okoumé

30 à 70

2) limba

20 à 25

3) longhi


B1

15 à 25


R

1

6) tiama

6 à 12

4) iroko

7 à 12

10) douka

1 à 5

8) moabi

3 à 6

14) mukul

1 à 2

5) bahia

6 à 10

16) niové

1

15) bilinga

1

11) dibétou

2 à 3

9) agba

2 à 3

13) padouk

1 à 2

12) kossipo

1 à 3

7) khaya

2à 4

Nous ne nous intéresserons qu'aux 10 principales dont le volume représente plus de 80% du total exporté en provenance des forêts du Sud.

L'OCB percevrait donc en moyenne sur les productions du Sud l'équivalent de 4500 F/M3 qui, rapportés au volume annuel concerné, voisin en moyenne de 160.000m³ ferait:

4500 x 160.000 = 720 Mio CFA

en réalité depuis fin 1988 ce chiffre a été diminué de moitié, suite à la libéralisation de 50% des ventes.

Indépendamment de l'énormité du prélèvement effectué sur les grumes, il faut particulièrement insister sur le rôle négatif et nuisible de cet organisme pour les producteurs comme pour les produits et leur circuit de commercialisation.

Pour les producteurs (et notamment les producteurs congolais)

- c'est une charge financière lourde qu'ils sont seuls à supporter en plus des conditions difficiles de leur exploitation.

- c'est une contrainte permanente car l'OCB peut parfaitement décider d'acheter ou de ne pas acheter les produits s'il n'en a pas la commercialisation.

- les transactions d'achat n'ont pas été toujours dans l'intérêt du producteur et les paiements ont été irréguliers car noyés dans un système complexe d'avances ou de régularisation de frais ou dettes.

- l'OCB n'a pas souvent été un interlocuteur fiable et transparent, ne donnant que rarement des informations et des orientations sur l'évolution des marchés.

Pour les produits et les circuits de commercialisation

- la politique de fixation des prix FOB par l'OCB est en opposition totale la loi de l'offre et de la demande et beaucoup trop rigide pour répondre efficacement aux variations permanentes des prix des différents marchés.

- les multiples différences de traitement entre les producteurs (dérogations, tarifs spéciaux, contrats spéciaux...) placent ceux-ci en situation de concurrence parfois déloyale car favorise certains ou certains produits.

Il en résulte une situation confuse au niveau du produit car l'acheteur potentiel est toujours le mieux placé pour déterminer le moins offrant puis généraliser ce prix le plus bas à l'ensemble de la fourniture issue du même pays.

En fait, le rôle joué par l'OCB, dont l'objectif de base était de contrôler et de réguler les flux de produits exportés et leur valeur, s'est transformé en se retournant contre les intérêts de la profession et de l'Etat lui-même:

- il a freiné le développement de l'économie forestière.

- il a introduit un système administratif de contrôle, compliqué et lourd qui gène considérablement les opérations de transit à l'exportation et donc le commerce.

- il coûte à l'Etat alors qu'il aurait dû rapporter.

221.3.2. Quels sont les remèdes et les recommandations?

Nous sommes convaincus qu'il faut faire totalement disparaître cet organisme du circuit directement opérationnel, physique, économique, administratif et commercial afin notamment:

- d'accélérer et de faciliter les opérations de transit et d'exportation des produits.
- de supprimer un intermédiaire non professionnel entre le producteur et le consommateur.
- de réduire la charge inutile induite par l'intervention inutile de cet organisme.

Par contre, il faut régler 3 problèmes très importants:

1) Contrôler le flux quantitatif, qualitatif et économique des produits exportés sans le gêner, le contraindre ou le pénaliser anormalement.

* le contrôle quantitatif est une opération douanière classique (c'est un problème de mesurage et de comptage élémentaire). Cependant il ne peut s'effectuer que par une équipe spécialisée car la quantité ne peut être dissociée de l'essence ou du groupe d'essence et de la nature du produit (pour des raisons à la fois de contrôle statistique et de taxation).

Il faut donc disposer d'une brigade spécialisée qui effectue ce contrôle de quantité/essence/type de produit? L'appartenance de cette brigade est plutôt et logiquement située au niveau douanier même si elle a une fonction spécifique.

D'ailleurs, comme dans toute opération douanière, le contrôle ainsi défini ne peut être exhaustif mais seulement sporadique et aléatoire sous peine d'alourdir inutilement les équipes. La fréquence reste à définir ainsi que la rigueur et la pénalisation des fraudes.

Le contrôle qualitatif est beaucoup plus délicat car il concerne la valeur du produit et donc des aspects purement fiscaux et commerciaux.

Chacun sait combien il est difficile de se mettre d'accord (entre le producteur, le courtier, l'acheteur ou même un arbitre extérieur neutre) sur la définition de la qualité intrinsèque d'une grume, d'une essence donnée.

Il n'y a ni normes, ni classifications (même pour les débités, la normalisation est difficile à mettre en place) aussi peut-on en déduire que c'est la porte ouverte à toutes sortes de pratiques et il s'agit bien là DU NOEUD DU PROBLEME.

C'est là que commence l'instauration d'un climat de MEFIANCE entre l'Etat et les opérateurs et que les systèmes les plus compliqués, sophistiqués et multiples se sont succédés pour tenter de laisser à César ce qui appartient à César!!

Soyons réalistes: il n'y a pas de solution miracle et juste à ce problème. Aussi, pensons-nous qu'il faut que chaque partie concernée accepte des règles à la fois souples et bien comprises par tous dans les intérêts réciproques.

Aujourd'hui, le marché des bois tropicaux est international, il n'y a pratiquement plus d'essences ou de produits méconnus et il existe une large connaissance de la situation et la valeur de chaque produit ou de son équivalent sur le marché.

Il est donc possible de disposer d'une information permanente et actualisable de la valeur moyenne de chaque produit, tout au moins pour la grande majorité des cas.

Nous proposons donc la mise en place d'une cellule indépendante, composée de spécialistes professionnels neutres, composée d'hommes de terrain et dotée de compétences techniques qui:

- collectent les informations correspondant au marché.

- détermine périodiquement une valeur mercuriale adaptée aux produits du pays et serve d'arbitre dans une commission périodique réunissant les producteurs, les exportateurs et les représentants de l'Etat pour fixer les bases de déclaration des valeurs exportées. A cette occasion, une moyenne pourrait être définie pour la valeur de chaque produit ainsi qu'un certain pourcentage de variation en dessous duquel l'exportateur ne pourrait être autorisé à descendre.

- intervienne périodiquement en contrôle et sur demande, en arbitre sur le terrain, pour s'informer des réalités de la situation.

Cette cellule n'aurait aucun pouvoir exécutif mais serait chargée:

- d'informer périodiquement chaque partie de l'évolution des données ou de situations spécifiques.

- d'informer les administrations d'Etat de fautes et anomalies graves.

- de participer à des actions techniques de formation de personnel (classement, marketing).

Elle serait le représentant officiel technique et le correspondant de l'OAB pour le pays. Elle serait en outre incluse dans une structure plus vaste jouant un rôle multiple en faveur de la profession:

- association syndicale professionnelle (remplaçant la structure actuelle d'UNIBOIS).

- Centre d'assistance, de conseil et de formation professionnelle de gestion et technique en faveur des producteurs et transformateurs.

2) Il faut assurer la mise en oeuvre d'une statistique fiable et suffisamment détaillée pour être utilisable par tous les opérateurs. Ce serait le travail des services administratifs de la douane à conditions de mettre en place un cadre suffisamment simple et clair pour pouvoir différencier les produits, essences, groupes selon une classification compréhensive par tous et évitant une trop grande complexité.

3) Reprendre et renforcer les fonctions d'assistance et de service qui avaient été confiées à l'OCB pour aider au développement de la profession et notamment les opérateurs.

(Voir notre proposition de création de la structure technique et syndicale étendue).

Cette structure importante devra et pourra être financée par:

- les entreprises sous forme de cotisation.
- une partie des taxes prélevées sur l'exportation des produits.
- des fonds d'organisme internationaux pour sa mise en place.
- des fonds en provenance de l'Etat pour la partie formation.
- des prestations de service rendus aux entreprises.

221.4. Un coût de main d'oeuvre élevé associé à de fortes contraintes et pressions syndicales

Le coût de la main d'oeuvre congolaise est après celle du Gabon le plus élevée de la zone forestière tropicale du golfe de Guinée.

En fait, les salaires de base ne sont pas prohibitifs mais la pression inflationiste interne a indirectement alourdi les salaires par le biais d'un système complexe et très disparate de primes. Dans de nombreux cas, le montant des primes représente 2 fois (ou parfois bien plus) celui du salaire de base.

Dans plusieurs d'entreprises, il existe plus de 20 types de primes différentes!!

Sans exagération, on peut affirmer que le travailleur congolais ne commence à travailler qu'à partir du moment où il touche une prime, le salaire de base étant devenu un acquit mineur qui ne récompense que la présence inactive sur les lieux de travail!!

Partant de là, si le producteur ou le transformateur situé au Congo peut lutter à armes égales avec son homologue gabonais, il n'en va pas de même avec certains pays producteurs voisins (notamment la RCA et le Zaïre où les coûts sont 3 à 4 fois inférieurs mais aussi le Cameroun et la Cote d'Ivoire).

Les choses sont encore plus graves si l'on établit des comparaisons avec les producteurs asiatiques (qui sont les n° 1 mondiaux en matière de production et transformation des bois tropicaux) car à ce stade, les coûts salariaux sont 7 à 8 fois inférieurs (même jusqu'à 10 fois).

La part de la main d'oeuvre dans l'exploitation et l'industrie du bois tropical représente selon les cas 17 à 30% du coût direct au Congo. Ils sont alourdis par le coût élevé de la main d'oeuvre congolaise mais aussi dans de nombreux cas, par la part importante de cadres expatriés dans les entreprises résultant:

- partiellement d'un manque de formation surtout technique (notamment au niveau de l'entretien mécanique du matériel). Mais ce n'est pas une cause dominante contrairement à ce qui est habituellement avancé.

- surtout d'une grande difficulté à faire accepter la notion d'autorité et de hiérarchie par la compétence (mais ce n'est pas un problème tout à fait propre au Congo, car il existe dans d'autres pays voisins, mais parfois atténué).

Rejoignant cet aspect, il faut aussi noter la très forte pression syndicale introduite dans les entreprises, encouragée par le système politique précédent et qui a donné des pouvoirs de fait importants aux groupes syndicaux et aux délégués; pendant très longtemps, il a été pratiquement impossible de sanctionner normalement de graves fautes professionnelles et de licencier pour cette cause.

Ce système a généré un véritable découragement à l'effort et à l'amélioration de la productivité mais bien souvent encouragé les vols, détournements et fraudes assurés d'une parfaite impunité. Il est à souhaiter qu'un système juste et équilibré soit à nouveau instauré dans les entreprises.

221.5. Un système fiscal insuffisamment encourageant pour inciter au développement de la transformation

La taxe entrée usine

Même si cette taxe n'est pas importante en valeur absolue, il nous semble anormal qu'elle soit appliquée aux entreprises qui investissent dans les outils de transformation orientés vers l'exportation et vers la 2ème ou 3ème transformation. La taxation indirecte est trop lourde:

- taxe à l'importation des pièces de rechange, matières et fourniture (elle est aujourd'hui réglementée en faveur des producteurs forestiers mais c'est une mesure conservatrice provisoire qui menace d'être rétablie aussi aveuglement qu'elle a été instaurée: elle a en effet été appliquée à des secteurs qui n'avaient rien à voir avec l'exploitation et la transformation).

- taxation fiscale énorme sur les salaires des expatriés tendant à limiter le nombre et les compétences nécessaires pour des outils industriels performants.

221.6. Une tarification dissuasive et non compétitive de transport maritime des produits forestiers congolais

- Le taux de fret moyen entre l'Afrique et l'Europe varie entre 350 et 450 FF/m³ selon les produits, il est 2 fois inférieur entre l'Asie et l'Europe.

- Des différences importantes existent entre des départs port Pointe Noire et port Douala par exemple pour une même destination comme l'Espagne (100 à 150 FF d'écart) en raison de la situation de monopole existant sur cette ligne à partir de Pointe Noire. Certes les hauts tarifs de fret maritime se justifient par la faiblesse des quantités chargées par lot et par le faible volume général du trafic.

221.7. L'absence, la faiblesse et le manque de structure du marché local

La faiblesse démographique est en relation directe avec la faible consommation de bois, matériel traditionnel de construction et d'aménagement de l'habitat.

Cette situation constituera encore longtemps un handicap pour la production et la transformation du bois. Il n'y a pas de solution sinon partielle avec la mise en oeuvre d'un développement accéléré qui pourrait aisément faire doubler ou tripler la consommation de bois. Ce fait explique que, comme le Gabon qui connaît le même problème, le Congo reste d'abord un pays exportateur de grumes.

Le Congo ne peut donc qu'avoir plus que d'autres pays une vocation exportatrice mais doit encourager toutes les initiatives pour développer le marché intérieur.

Signalons cependant le rôle néfaste et déjà évoqué joué par la présence d'un circuit informel et parfois illégal ou même frauduleux de distribution de matière bois brute ou transformée pour les besoins de la consommation interne en bois d'oeuvre qui vient pénaliser le circuit normal.

221.8. Taux d'intérêts bancaires exhorbitants

230. Points spécifiques de la région nord


231. Les conséquences de l'éloignement et de l'enclavement de cette zone
232. L'irrégularité de l'évacuation fluviale et le coût élevé de la prestation ATC
233. Un aménagement forestier a repenser ou plutôt a remodeler


231. Les conséquences de l'éloignement et de l'enclavement de cette zone


231.1. L'éloignement (1500 à 1700 km d'évacuation)
231.2. L'enclavement


231.1. L'éloignement (1500 à 1700 km d'évacuation)

Le Nord Congo est la zone forestière tropicale la plus éloignée (avec celle du Zaïre) au monde du lieu d'expédition principal. Il se trouve ainsi totalement défavorisé par rapport à ses concurrents les plus directs.

Le Cameroun et la RCA qui exploitent dans le même bassin ne sont qu'à 1000 à 1200 km de Douala, qu'ils peuvent atteindre au choix par route ou partiellement par voie ferrée. Ce fait ne doit être ni oublié, ni négligé.

En outre, les entreprises du Nord contribuent au désenclavement de ces régions en mettant en place l'essentiel d'un réseau routier local qui, il est vrai, est de toute façon indispensable à l'activité de base, mais parfois les travaux sont énormes et coûteux, à la limite des possibilités financières des sociétés.

Cette importante participation à l'infrastructure locale est lourde de conséquences sur le coût de revient du produit. Il est difficile de donner un chiffre car selon la localisation et le type d'entreprise, les conditions peuvent varier énormément, mais il serait certainement intéressant de faire cette évaluation pour quelques une d'entre elles et d'en mesurer les effets réels y compris au plan économique, pour l'Etat comme pour l'entreprise et de rapprocher ces résultats des divers avantages fiscaux accordés aux investisseurs concernés.

Cette situation est connue des investisseurs potentiels extérieurs. Elle est lourdement considérée dans leur décision de s'engager ou non. L'Etat ne doit pas l'oublier comme il ne doit pas oublier lorsqu'il négocie de nouveaux contrats avec ces nouveaux investisseurs de ne pas pénaliser les sociétés déjà existantes et en activité.

231.2. L'enclavement

L'infrastructure de la région est défaillante pour l'essentiel. Les entreprises qui s'implantent et fonctionnent dans ce secteur doivent se substituer dans de nombreux domaines aux responsabilités de la région ou de l'Etat et supportent de ce fait une charge dont l'importance économique n'est certainement pas appréciée ou mesurée à sa juste valeur; citons sans que la liste soit exhaustive, les domaines d'intervention qui ne devraient pas être logiquement à la charge des entreprises:

- construction et entretien des logements pour le personnel et les familles.

- aménagement et entretien d'une infrastructure sociale comprenant école, dispensaire, économat, alimentation et exploitation de réseaux d'eau et électricité, voirie et assainissement, communication radio, etc...

- aménagement et entretien de terrains d'aviation.

- fourniture de moyens de transport réguliers au personnel pour ravitaillement, approvisionnement ou biens d'équipement.

- infrastructure et exploitation d'hébergement pour les administrations de passage.

- fourniture de médicaments, hébergement et entretien du personnel médical.

- construction de terrains et équipements de loisirs et fourniture et entretien d'équipement sportifs et de loisirs (télévision, vidéo...).

232. L'irrégularité de l'évacuation fluviale et le coût élevé de la prestation ATC

Pour l'essentiel, il n'existe qu'une seule voie possible pour l'évacuation des produits (le fleuve) avec selon les secteurs 4 à 9 mois d'interruption. Il en résulte une obligation naturelle de stocker les produits pendant 4 à 9 mois (d'où une augmentation considérable des besoins en fonds de roulement au début des opérations).

Il n'y a pas d'alternative nationale à cette situation mais déjà certaines entreprises du Nord étudient sérieusement (et commencent même à passer aux actes) la possibilité d'évacuer une partie de leur production par la voie routière camerounaise.

Pour l'instant cette solution coûte un peu plus cher que la voie classique mais de nombreux avantages apparaissent à cette évacuation rapide qui au lieu de prendre 6 à 8 mois (ou plus), met les produits à disposition des utilisateurs dans un délai de 1 à 2 mois. Ce raccourcissement de délai de livraison peut avoir des conséquences importantes et favorables au développement de la commercialisation de certains produits finis (notamment les produits sèches).

Les nouvelles sociétés qui s'implantent à la frontière RCA/CONGO pensent évidemment à une évacuation de leurs produits par la même voie. Cette faculté doit leur être laissée mais il faut parallèlement veiller à ce que les autres sociétés n'en soient pas directement pénalisée (concurrence): il faudra donc au moins leur accorder la même possibilité.

A long terme, cette contrainte capitale mériterait d'être étudiée non seulement à l'échelle nationale mais vraisemblablement à l'échelle interrégionale. Nous voyons 3 alternatives possibles:

- au niveau national, disposer d'une connexion ferroviaire directe entre Ouesso et le point le plus directement accessible de la voie BZV/PNR.

- au niveau interrégional, trouver un accord entre le Congo, le Zaïre, la RCA, le Cameroun et le Gabon pour la création d'un axe ferroviaire Est/Ouest rejoignant soit l'axe Gabonais jusqu'à Libreville, soit l'axe Camerounais jusqu'à Douala, soit les 2.

L'existence d'un tel réseau permettrait de modifier de façon spectaculaire le paysage économique forestier de ce secteur et d'entrevoir une importante amélioration des échanges interrégionaux.

233. Un aménagement forestier a repenser ou plutôt a remodeler

240. Points spécifiques a la région sud


241. Une forêt appauvrie et des ressources résiduelles méconnues et incertaines
242. Un morcelage excessif et disparate des UFA et un aménagement a reprendre totalement


241. Une forêt appauvrie et des ressources résiduelles méconnues et incertaines

- dominance okoumé/limba
- rareté et hétérogénéité pour les autres essences.

242. Un morcelage excessif et disparate des UFA et un aménagement a reprendre totalement

250. Quelques éléments de la structure des coûts et enseignements


251. Zone nord - Ne concerne que 2 types de produits
252. Zone Sud


251. Zone nord - Ne concerne que 2 types de produits


251.1. En ce qui concerne les grumes
251.2. Coûts d'exploitation des débités


Frais d'approche de chantier à mise à FOB - grumes - débités (voir tableaux avec détails joints)

Débités - Les frais d'approche s'établissent donc comme suit pour les principales essences en FCFA/m³


Ayous

Sapelli

Sipo

Wengué

Fardeaux vrac

28.746

40.341

37.359

50.047

Containers

24.521

36.259

33.247

46.055

Grumes

Sapelli

Sipo

Radeaux

25.461

24.188

+ OCB frais

5.490

5.680

Barges

35.691

32.449

+ OCB frais

5.490

5.680

Moyenne arrondie


20% radeaux




80% barges

33.000

31.500

Frais d'exploitation et de transformation.

Autant les frais d'approche sont "relativement" transparents et généralement incontestés et incontestables, autant la connaissance des coûts d'exploitation et de transformation laisse-t-elle planer toutes sortes de doutes, suppositions, malentendus et incompréhensions entre les opérateurs et l'administration en général.

251.1. En ce qui concerne les grumes

En ce qui concerne les grumes, pour ce qui est de la zone Nord Congo, les valeurs annoncées pour les coûts directs varient entre 15 et 27.000 F/m³, la grosse majorité des producteurs annonçant une moyenne de 25.000 F/m³. En fait, il conviendrait de se mettre d'accord sur ce que cette valeur peut ou doit inclure et en particulier la façon dont sont comptabilisés: i) les charges de structure, ii) les frais financiers, iii) les amortissements.

Si l'on fait abstraction de ces 3 éléments, le coût de revient direct d'une exploitation forestière qui exploite en zone vierge dans un rayon moyen de 30 à 100 km s'établit entre 10 et 15.000 F/m³ se répartissant en:

taxes forestières

900

carburants et lubrifiants

2800

matières consommables divers

1200

pièces de rechange

2600

total frais fixes

7500 F/m³

Salaires expatriés

500

salaires locaux

1600

charges et pertes divers

300

services divers entretien

1500

frais d'administration propres à la forêt

1800

total FF

5700 F/m³

total coût direct

13.200 F/m³

Au Nord Congo, cette valeur moyenne pourra varier en fonction de la richesse du permis et de la distance réelle d'exploitation mais restera dans cette fourchette de coût. Ailleurs, en particulier au Sud Congo, elle pourra être beaucoup plus variable et s'établir entre 7500 et 20.000m³ selon qu'il s'agisse d'un permis de repasse ou d'une nouvelle exploitation en zone pauvre.

Les coûts supplémentaires dépendent largement de la structure de l'entreprise, de son organisation, de son degré de transformation du type de marché visé et de son mode de financement.

On comprendra aussi aisément l'impact que pourra avoir le volume total d'activité. En fait, la rentabilité ou la non-rentabilité de l'affaire va surtout dépendre de cette partie de charge supplémentaire car les autres coûts sont à considérer comme difficilement compressibles.

En moyenne, ces coûts supplémentaires peuvent être distribués comme suit:

charges de structure: 5000 F/m³

(elles comprennent l'installation d'un campement, d'un réseau de communication radio et de transport, ainsi que par nécessité une antenne à Brazzaville ou à Pointe Noire) ainsi que les frais d'exploitation correspondants frais financiers y inclus les pertes (très variables selon le mode de financement)

- moyenne de 5000 F/m³
- amortissements (minimum) 3000 F/m³

total 13.000 F/m³ qui se rajoutent aux 13.200 F/m³ de coûts directs pour atteindre 26.200 F/m³, chiffre moyen et réaliste de la situation des coûts complets d'exploitation forestière pure de la zone Nord.

Il est aisé de constater que dans le contexte actuel, le coût de revient en position FOB ressort à environ 56.300 F/m³ de Sapelli, essence de base dans cette région.

Selon les cas, cette valeur peut varier de 5% et la fourchette peut aller de 53.000 à 59.000 ce qui limite considérablement le champ d'action de cette activité car le placement de grumes dont la valeur moyenne FOB est supérieure à 1100/1150 FF/m³ est effectivement limité et réservé à un nombre réduit d'essences et de qualités. Néanmoins avec le Sapelli, le Sipo et quelques autres essences nobles, l'opération reste rentable lorsque le marché est normal.

S'agissant du Sapelli, le marché à été très porteur pendant une longue période de l'année 1990 avec un prix moyen voisin de 1280 FF (64.000 CFA/m³) laissant une marge de 14% au producteur; aujourd'hui, pour des raisons diverses, il est retombé en-dessous de 1000 FF (50.000 CFA) générant de fortes pertes du producteur.

Cet exemple montre, s'il en était besoin, la forte influence des composants du marché international sur le prix des produits et l'impossibilité de prétendre vouloir fixer son propre barème de prix en faisant abstraction de ce marché (comme aurait voulu le pratiquer l'OCB).

Le Sapelli, essence internationale commercialement connue et dominante de cette région, est pourtant disponible en grande quantité et pourrait apparaître comme attrayante et intéressante dans un marché qui recherche la régularité et la qualité d'approvisionnement (contrairement à ce qui est généralement reproché à la plupart des essences de la forêt africaine où de nombreuses espèces très différentes existent en petites quantités).

Notre théorie est simple et déterminante pour la politique de développement forestier du Nord Congo:

- si le volume de Sapelli produit reste limité au niveau moyen de ces dernières années, ou même s'il progresse au rythme moyen du développement du marché, il pourra continuer d'être considéré comme un produit relativement marginal, plutôt de haut de gamme et en conséquence son prix de vente pourra être maintenu à un niveau intéressant, acceptable et sans soute rentable pour les producteurs.

- si au contraire, ce volume évolue brutalement et atteint un niveau où il devient un produit dont les utilisations se standardisent et se multiplient, sa valeur relative marchande va diminuer.

Dans le premier cas, il faudrait revoir le programme engagé et limiter l'exploitation aux sociétés les mieux organisées, selon un programme et des modalités à redéfinir complètement (pour tenir compte de certains autres impératifs liés à l'aménagement et aux nécessités de développement de la recherche).

Dans l'autre cas, il serait urgent de mettre en oeuvre un programme d'étude détaillé qui intégrerait:

- les possibilités réelles d'écoulement d'une telle production en examinant parallèlement différentes hypothèses de transformation.

- les conditions à réunir pour favoriser l'abaissement des coûts afin de garder la compétitivité sur le marché.

- les conséquences réelles de l'accélération de l'exploitation sur la pérennité de la ressource.

251.2. Coûts d'exploitation des débités

Seules les 2 sociétés les plus anciennement implantées dans la région Nord ont mis en oeuvre une unité de transformation sur le chantier d'exploitation ainsi d'ailleurs que le prévoit la législation.

Ces deux sociétés ont "choisi" la transformation la plus primaire qu'est le sciage, en prenant toutefois des options technologiques de type industriel.

L'une et l'autre ne transforment ainsi que des grumes considérées comme non exportables de la catégorie Sapelli/Sipo en recherchant essentiellement à produire des avivés destinés à l'exportation. Nous ne discuterons pas à ce stade du bien fondé de ce choix mais y reviendrons ultérieurement.

Compte tenu de la faiblesse de la demande locale en produits débités, une seule de ces unités a pris l'option de fournir ce marché et en particulier celui de la zone de Brazzaville. Elle débite donc aussi exclusivement pour ce marché des grumes d'Ayous et produits de débités généralement destinés aux travaux de construction et au coffrage.

Les rendements matière obtenus à l'aide de cette technique sont très faibles:

- 25 à 30% pour les avivés export (y inclut un pourcentage de 10 à 15% de produits de récupération).

- 35 à 50% pour les débités locaux, ce qui peut être considéré également comme faible mais qui s'explique par le fait d'exigences extravagantes de ce marché en matière de longueur de produits (à 5m voir 6m!!).

Les coûts d'exploitation se présentent comme suit:

 

Débités Locaux

Débités Export

Bois blanc

B R

Base Sapelli

Valeur bois


grumes F/M3

8000

12000

12000


rendement

50

37

27

valeur bois


rapport aux débités

16000

32430

44440

Frais de façonnage


carb + lub

2400

3800

5780


mat. cons.

2250

1370

2090


P.R.

3100

3720

5690


salaire expat.

630

760

1160


salaire nat.

3250

3900

5970


charges + pertes

580

800

1650


entretien 1540

1850

2830



divers

870

1040

1590


14620

17240

26760

Frais de struct.

3900

4800

7200

Frais de vente

8000

8000


Total

26520

30040

33960

avec bois

42520

69470

78400

Amortissements

5000

5000

5000

Frais financiers

1500

2500

7500

Total général

49020

69970

90900

Transp. + transit

12990

20870

36250

TOTAL 62010

90840

127150



au point de vente BZV

FOB PNR


Il est intéressant de noter la différence importante entre la structure des coûts pour les grumes et pour les débités pour lesquels l'impact des frais extérieurs à l'entreprise (transport/transit) représente respectivement 54% et 28%.

Il est aussi facile à ce stade de constater qu'avec la transformation 70% du prix de revient se trouve en fait quasiment dans les mains du producteur et d'avancer des hypothèses du style:

- en améliorant le rendement de 3% on réduit le coût de 4440 FCFA/m³ au niveau bois et sans doute de 700 F par effet de volume sur les charges de structure, mais il est beaucoup plus facile de le dire.

- que de le faire, car d'un autre côté, cette recherche d'amélioration de rendement pourra ainsi générer d'autres frais comme par exemple provenant de:

- la mise en place d'outils de récupération plus performants qui risquent d'ailleurs de consommer plus de main d'oeuvre et d'énergie.

- la production de sous-produits dont la valeur marchande est décotée, entraînant donc une réduction parallèle du prix moyen de vente.

- l'augmentation de frais commerciaux pour la recherche de débouchés de nouveaux produits susceptibles d'améliorer ce rendement.

Ces réserves étant faites, il n'en demeure pas moins que les entreprises concernées qui se sont engagées fermement dans cette transformation industrielle sont à la recherche permanente et de leur productivité et de leur rendement et qu'ils sont donc en quête d'une réduction du coût total de la transformation.

Nous examinerons dans un autre chapitre la situation des problèmes ainsi posés et essayerons de dégager les possibilités d'évolution face aux contraintes spécifiques existantes.

Dans l'immédiat et pour en rester à la structure des coûts de ce secteur de production, les remarques et précisions suivantes s'imposent:

- ne pas oublier que ces coûts tiennent compte d'un certain nombre de mesures d'allégement qui sont en application depuis la période 1986/1988 (taux de réduction 5% sur pièces de rechange, carburants à prix réduit, exonération partielle de taxes sur les transports, pour ne citer que les plus importantes et appliquées quasi universellement). Notons qu'un certain nombre d'entreprises bénéficient en plus de certaines dérogations et avantages qu'il est quasiment impossible de mettre en lumière à notre niveau.

- cette analyse fait apparaître ce qui est évident depuis longtemps, à savoir qu'il est toujours plus facile de réaliser un profit avec l'exportation des grumes qu'avec la transformation dans cette zone d'activité. En effet, si l'on rapproche les prix de revient ainsi définis des prix moyens de vente, tout est toujours plus favorable à la grume exportée.

Tous les exploitants de cette zone connaissent cette situation, ce qui explique le manque d'enthousiasme pour la plupart des opérateurs de cette zone à respecter la législation forestière qui prévoit officiellement dans ses textes une transformation de 50 à 60% de la production grumière.

Même si le problème est ardu et les solutions loin d'être évidentes, il convient d'examiner d'urgence les différents paramètres concernés avec les opérateurs les plus avancés et directement confrontés à ces difficultés, de rechercher des solutions avec eux et d'arrêter de traiter la question cas par cas, car il ne peut y avoir de solution que sur l'ensemble de la région, voire même en intégrant les données nationales ou internationales voisines.

Le danger est trop grand de créer entre les sociétés travaillant dans cette zone des disparités et discriminations qui, en final, viendront pénaliser le ou les produits partiellement exploitables de cette zone par ce phénomène d'autoconcurrence (qui existe déjà de fait et qui n'est bénéfique qu'à l'acheteur le plus opportuniste).

En attendant, il faut constater qu'à partir de la structure des coûts ainsi présentée que certains d'entre eux méritent une attention particulière et une action.

- Les tarifs ATC du transport fluvial entre le Nord Congo et Brazzaville sont certainement compressibles de 20% si l'on en juge uniquement par les quotations concurrentes sur le même trajet.

- La tarification CFCO entre BZV et PNR est correcte et assimilable à ce qui se pratique dans les pays voisins sur des distances équivalentes.

Il n'y a donc rien à rechercher au niveau des coûts mais par contre, il existe un énorme problème de qualité et régularité de service et de capacité dont les effets induits sur la filière bois sont désastreux (limitations ou arrêts de la production, dégradation de la qualité et pertes de grumes, vols de produits finis avivés...).

De plus, il s'est instauré une administration lourde et procédurière autour du problème du contrôle des chargements de wagon (palabre densité, mesurage, poids, volume!...) qui complique les opérations et consomme beaucoup d'énergie au niveau des entreprises (alourdissement de la charge administrative).

- Les coûts de manutention cumulés entre BZV et PNR représentent environ H.T. 5800 F/m³ de grumes (3100 F/m³ pour SOCOMAB et 2700 F/m³ pour les transitaires de BZV) soit plus de 10% de la valeur du produit arrivant à PNR, ce qui est hors de proportion par rapport au service rendu, notamment pour la partie SOCOMAB dont la qualité de service pèse aussi défavorablement sur les divers opérateurs de la chaîne (ralentissement des cadences de rotation, de trains et des opérations d'embarquement).

Une économie substantielle de l'ordre de 1200 à 1500 F/m³ sur l'ensemble de cette opération nous semble possible. Au niveau interne des entreprises, on note pour l'essentiel:

- un coût de main d'oeuvre local représentant 10% des coûts directs (parmi les plus élevés de toute la profession).

- un coût de main d'oeuvre expatriée voisin de 6% des coûts directs dont l'importance réside dans une insuffisance de qualification technique et de gestion au niveau national qui ne pourra être résolu qu'à long terme.

- des frais financiers importants, dûs à la structure du crédit local.

- des charges générales d'infrastructure lourdes dues à la localisation de l'activité, inhérents à cette zone enclavée.

Ces principaux paramètres venant grever les coûts internes doivent être au centre des préoccupations dans la recherche des solutions d'amélioration de la compétitivité des produits.

252. Zone Sud


252.1. Frais d'exploitation des grumes
252.2. Produits débités
252.3. Production de placages déroulés
252.4. Production de placages tranchés.


252.1. Frais d'exploitation des grumes

S'agissant de la zone Sud, nous n'avons pu obtenir aucune information précise sur la structure des coûts internes de la plupart des sociétés productrices.

Comme annoncé dans notre commentaire sur l'analyse des coûts de la zone Nord, nous pensons que le coût direct d'exploitation doit au Sud être considéré entre 7500 F/m³ pour des opérations réalisées dans certaines galeries forestières à 18000 F/m³ dans les exploitations très appauvries, nécessitant la réouverture ou même la construction de certaines routes.

Par contre, les coûts additionnels résultant des charges générales de structures et des frais financiers très réduits du fait du faible volume moyen des en-cours, doit être limité à une moyenne variant entre 1000 et 5000 F/m³.

Le coût total de l'exploitation proprement dite se situant donc entre 8500 et 23000 F/m³ avec vraisemblablement une moyenne voisine de 17000 F/m³, toutes essences confondues (on pourra noter que cette valeur est en contradiction avec celles annoncées dans le rapport de synthèse de Juin 1990 de la sous commission technique de fixation des prix d'achat des bois en grumes qui annonce 24 à 27000 F/m³ pour les zones 1, 2, 3 et 6).

Une analyse plus détaillée et justifiée devrait être entreprise pour expliquer de tels écarts. En tout état de cause, s'il est prouvé que les exploitations de ces régions ne peuvent s'effectuer à des valeurs inférieures à ce qui est annoncé, il est évident qu'elle ne peuvent être rentables en dehors de certaines essences à bonne valeur marchande. En effet, les frais d'approche se présentent comme suit:

Pour la quasi totalité des opérateurs, sauf ceux du Bas Kouilou qui empruntent la route jusqu'à Pointe Noire, le transport ferroviaire coûte 5500 à 7500 F/m³ selon les distances jusqu'à Pointe Noire auquel se rajoute le plus souvent un transport routier de l'ordre moyen de 4500 F/m³. En moyenne, les produits grumes de la zone Sud parviennent donc en position plage à environ 28.000 F/m³.

Cette valeur est évidemment à moduler en fonction des essences et des provenances mais reste significative pour faire apparaître l'importance des opérations de mise à FOB (y inclus l'impact de l'OCB) car ainsi que le montre le détail des frais de mise à FOB pour les produits du Sud, il faut encore en moyenne rajouter 10000 F/m³ (dont: 5000 pour les frais de manutention et de transit, 1500 à 2000 pour les droits de sortie, 3000 à 4500 pour les prestations OCB - pour obtenir la valeur FOB du produit et donc atteindre 38000 F/m³, ce qui pour de nombreuses essences de qualité inférieure (B C ou moins) ne permet pas de se placer sur le marché).

La libéralisation de 50% du monopole OCB permet théoriquement de réduire cette valeur à 34000 F/m³ pour la moitié de la production. Cette mesure n'a semble-t-il pas apporté les améliorations escomptées pour les producteurs de cette zone qui est devenue pauvre en essences nobles et recherchées et où l'activité des exploitations forestières congolaise est médiocre faute d'avoir correctement géré, organisé et entretenu le matériel. De plus, le maintien des 50% du monopole OCB constitue encore un obstacle administratif qui décourage quelque peu les exploitants qui, dans ce contexte, ne trouve plus l'aide matérielle ou financière des acheteurs.

Néanmoins, l'opération exploitation grumes reste très rentable pour les exploitants de ce secteur qui ont su s'organiser ou qui travaillent sur des volumes importants (réduisant ainsi considérablement leurs coûts directs d'exploitation).

252.2. Produits débités

Alors que la production de sciage du Sud représentait encore 72% de la totalité des sciages produits et 55133 m³ en 1986, elle est tombée à 23752 m³ et à 49% de la production nationale en 1989.

83% de cette production est réalisée dans 6 scieries qui produisent entre 200 et 500m³ par mois. C'est dire si cette activité est devenue marginale.

Elle ne doit d'ailleurs son maintien qu'au développement d'un marché unique (la Réunion) intéressé par la production d'avivés de Niové et d'un peu de Bilinga, et absorbant à lui seul 12 à 15000m³/an, soit la moitié de la production totale.

Les unités les plus importantes se sont d'ailleurs uniquement spécialisées sur ce produit relativement facile à scier puisque ne nécessitant pas de stellitage des lames. Nous ne disposons pas d'informations chiffrées sur les coûts de transformation de ces unités modestes.

Nous savons toutefois que celles qui travaillent à cette production de Niové dont le prix de vente moyen FOB se situe entre 105 et 110000 CFA/m³ sont rentables car leur coût de transformation est inférieur à 20000 F/m³ et le rendement voisin de 37%, soit un prix de revient FOB de l'ordre maxi de 85/90000 F/m³.

Le problème de ces scieries réside dans le fait qu'elles se sont toutes concentrées sur cette production et que le marché réunionnais est déjà saturé. Pour survivre, ces unités devront donc se diversifier.

252.3. Production de placages déroulés

C'est la principale activité de transformation de la zone Sud, 3 unités se partageant cette activité (BOPLAC, SOCOBOIS, SIDETRA) mais en réalité, seules les 2 premières assurent depuis une longue date une activité continue. Le déroulage est presque exclusivement orienté sur l'Okoumé (un peu de limba pour Socobois).

La comparaison des coûts entre ces deux sociétés n'est pas aisée car Boplac est située à Pointe Noire et travaille exclusivement le déroulage d'Okoumé tandis que Socobois située à Loubomo réalise cette opération dans un complexe intégré (le seul existant au Congo) où sont réalisés 3 types de produits par déroulage, tranchage et sciage.

De plus, Boplac sort d'une situation difficile où elle est passée du statut de société mixte à société privée tout en n'ayant encore pu assainir la situation de ses effectifs devenus pléthoriques lors des précédentes gestions.

A ce sujet et à titre de comparaison, Socobois a une charge salariale totale sensiblement équivalente à celle de Boplac alors qu'elle réalise un CA supérieur de plus de 35%. Dans un cas, les coûts de M.O. interviennent pour 36% du CA, dans l'autre pour 25%, ce qui montre:

- l'intérêt d'une unité de transformation intégrée qui amortit mieux les charges générales de structure.

- l'impact d'une production à plus forte valeur ajoutée.

- le contrôle rigoureux de la gestion de l'entreprise au niveau de la liberté d'action sur la sélection.

Les deux unités annoncent un prix de revient relativement homogène pour les grumes entrant en usine. Elles sont très pénalisées au niveau de leur coût par un rendement réel total qui est situé entre 40 et 43% alors que cette valeur devrait être proche de 60% si elles pouvaient intégrer la production de contreplaqué et donc utiliser les placages de qualité inférieure (extérieurs non commercialisables à l'expert et une très forte proportion d'intérieurs) ceci est une conséquence de l'absence ou de la faiblesse de marché local.

Une conséquence de cette situation est qu'ils pratiquent tous 2 une très sévère sélection de la qualité grumes exploitée pour augmenter le pourcentage faces/extérieurs.

N'ayant pu obtenir de détail analytique des coûts de production, nous pouvons dans l'un et l'autre cas qu'estimer le coût total de revient dans une fourchette de 115 à 125000 F/m³ pratiquement partagé en 2 parts égales entre la valeur bois et les frais de façonnage et de mise à FOB.

252.4. Production de placages tranchés.

Seule SOCOBOIS s'est spécialisée dans cette activité en concentrant sa production essentiellement sur 2 essences de bois blanc, le limba et plus récemment le longhi (devenu le principal produit en 1990 alors qu'il ne représentait encore que 25% de la production en 1989).

Ici encore, la sélection en qualité est sévère mais c'est tout à fait normal dans ce procédé qui précisément recherche un produit de haute gamme.

Le rendement matière est bon (aussi bon que si l'opération était réalisée en pays industriel) voisin de 48% en moyenne.

Nous n'avons obtenu aucune information détaillée sur la structure interne de ces coûts mais pensons que hors valeur bois, le coût de façonnage + frais d'approche annexe jusqu'à position FOB devrait se situer dans la fourchette de 95 à 100 CFA/m².

Ci-joint le détail des frais et coûts pour les produits essentiels de la région Nord.


Page précédente Début de page Page suivante