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300. La demande - Les marches internationaux des bois et dérives tropicaux - Leur situation et évolution


310. Situation générale de l'Afrique et du Congo par rapport au reste du monde
320. Le commerce international des bots africains
330. La forte dépendance de l'Afrique vis à vis de l'Europe
340. Les autres pays concurrents potentiels
350. Le marché traditionnel européen
360. Les autres marches


310. Situation générale de l'Afrique et du Congo par rapport au reste du monde

Les 2 statistiques globales ci-après situent pour les grumes de bois d'oeuvre (non conifère) et les sciages, l'importance et la place respective de chaque bloc principal de l'Afrique dans son ensemble et du Congo.

Ce sont des chiffres bruts mais ils parlent d'eux mêmes et montrent l'évolution des 10 dernières années. Nous tirerons de cette analyse les éléments principaux suivants:

1) La production en grumes des pays producteurs PEVD s'accroît par rapport à celle des PD. La part de l'Asie du Sud y est prépondérante. L'Afrique stagne et représente moins de 10% des PEVD.

Le Congo a doublé sa production dans la période mais reste un producteur négligeable.

2) Les exportations de grumes des PEVD ont chuté de près de 40%.

L'Asie est toujours prépondérante avec 85%. L'Afrique un peu plus de 10%.

Il faut noter à l'inverse dans la même période une augmentation des exportations de grumes en provenance des PD, ce qui est significatif d'un courant qui tend pour ces pays à se passer ou se détourner de ces ressources en provenance des PEVD.

3) En production de sciages, la production de PD s'est réduite de 12% quand celle des PEVD s'est accrue de 44%, le Sud Est asiatique représentant 66% du total des PEVD a lui progressé de 50% dans la période. L'Afrique n'a progressé que de 34% mais sa part absolue est restée la même.

4) En exportation de sciages l'Asie du sud Est représente 57% du total mondial et 85% des exportations des PEVD. L'Afrique 7% des exportations PEVD n'a progressé que de 18% dans la période contre 34% pour l'Asie.

La part du Congo est négligeable. On notera aussi une progression de l'expert des sciages des PD, notamment de l'Amérique du Nord. Cette brève analyse situe les données du problème, l'Asie du Sud-Est a dominé l'évolution de cette dernière décennie et domine le marché des bois tropicaux.

GRUMES

SCIAGES ET PLACAGES N C (Mio m³)

 

Prod.

Import

Export

79

89

Monde

256

292

48

35

46

33


PD

110

108

32

29

3,1

5,6


NAM

42,7

44

0,5

0,7

0,6

1,0


WE

24

25

8

7,3

2

4,4


EE

12

10

0,3

0,2

-

-


OC

6

5

-

-

-

-


Autres

4

3

22,8

14,9

-

-


URSS

21

23

-

-

-

-

PEVD

145

183

16

12

42,9

27,0


Afr.

16,4

16,4

0,2

0,35

6,2

3,5


Lat. Am.

27,1

34,7

-

-

-

-


N. East

1,5

1,2

-

-

-

-


F. East

98,8

127,6

16

12

36,9

21,8


Autres

1,5

3,0

-

-

0,7

1,5

CONGO

0,476

0,808

-

-

0,125

0,443

Source: FAO,
NAM: Amérique du Nord
WE: Asie S.E.
EE: Communauté Européenne,
OC: Océanie

SCIAGES NC (Mio m³)

 

Prod.

Import

Export

79

89

Monde

110

124

13,2

17,8

13,4

17,2


PD

61

53

9,5

11,1

4,2

5,7


NA

18,4

19

1,6

1,7

1,02

2,5


WE

12,7

11,5

6,7

6,6

2,5

2,6


EE

6,2

4,4

-

-

0,6

0,3


OC

1,9

1,8

0,3

0,3

-

-


Autres

9

3,6

0,6

2,3

-

-


URSS

12,4

12,3

0,2

0,1

-

-

PEVD

49,4

71,4

3,8

6,6

9,1

11,5


Afr.

4,4

5,9

0,2

0,28

0,68

0,8


Lat. Am.

12,2

16,6

0,7

0,36

1,1

0,85


NE

1,1

1,7

0,47

0,63

-

-


FE

31,4

47,1

2,44

5,3

7,3

9,8


Autres

0,2

0,2

-

-

-

-

CONGO (m³)

53000

46000

-

-

29000

24000

320. Le commerce international des bots africains


321. La concurrence asiatique - Généralités


321. La concurrence asiatique - Généralités


321.1. Son évolution et ses tendances


L'Asie du SE a bénéficié de conditions et paramètres favorables et a su en profiter:

- développement spectaculaire du Japon.

- amorce et développement propre des pays de l'Asie qui bénéficient déjà d'une démographie favorable à la production et au commerce interne.

- conditions d'exploitations insulaires évitant de longues distances de transport tandis que ce paramètre ne cesse de s'accroître en Afrique.

- faible coût de la main d'oeuvre.

- forêt dense naturelle plus homogène qu'en Afrique.

- souplesse et dynamisme commercial.

Elle a développé et installé durablement une activité d'exploitation et de transformation tout azimut et établi des courants commerciaux solides et semble-t-il irréversibles avec les pays développés dont l'Europe qui s'est quelque peu détournée de la fourniture africaine.

Les produits de l'Asie du Sud-Est sont désormais essentiellement orientés vers les produits élaborés et manufacturés qui offrent généralement les avantages suivants:

- leur prix est bas.

- ils sont proposés de façon régulière et massive et appréciés à ce titre pour la sécurité d'approvisionnement et la possibilité d'assurer des livraisons et productions de grande consommation.

321.1. Son évolution et ses tendances

En matière de produits oeuvres, l'Asie du SE produit de tout, depuis la grume jusqu'aux meubles en passant par les panneaux contreplaqués, agglomérés, sciages secs et naturels, moulures, etc...

Elle continue de se développer, envisage la fabrication de MDF et parallèlement assure une évolution de la sylviculture à partir de laquelle elle produit déjà des matériaux élaborés (exemple de l'hévéa, du teck...)

Même si des restrictions draconniènes se confirment en matière d'exploitation intensive des forets denses, cette région est tout a fait préparée à s'adapter et à poursuivre le développement de son produit forestier tropical.

Il faut donc compter avec elle pour l'avenir bien que peuvent se dessiner des tendances nouvelles avec notamment:

- la poursuite de son propre développement qui s'effectue pour certains pays à l'aide de taux de croissance voisins de 10%.

- l'ouverture (déjà amorcée) du fabuleux marché chinois dont les ressources forestières sont limitées et certainement insuffisantes en cas de développement accéléré.

Dans ces hypothèses, la demande des pays développés pourrait à nouveau se tourner vers d'autres sources dont l'Afrique.

Le flux le plus gênant pour les producteurs africains a été et est celui de ces pays de l'Asie vers l'Europe puisque cette zone était historiquement et traditionnellement alimentée par les produits africains et notamment des grumes.

L'Asie ne livre pratiquement plus de grumes à l'Europe qui par contre a substitué à un approvisionnement de grumes africaines, un courant important venant d'Asie en produits finis ou semi-finis.

Elle achète encore en Afrique des grumes plutôt sélectionnées dans des essences qui:

- soit lui permettent de faire tourner ses propres industries de transformation car elle ne veulent encore pas dépendre d'une livraison irrégulière et de qualité incorrecte ou de prix élevé en provenance de la même zone.

- soit sont destinés à des utilisations spéciales dont la fourniture locale ou importée d'autres zones n'a pas d'équivalence.

- soit sont d'un prix intéressant (donc bas).

Mais en définitive, la dépendance des pays européens pour la fourniture de bois tropicaux africains qui existait encore dans les années 60 et même les années 70, 75, n'existe pratiquement plus et ceci de façon semble-t-il assez irréversible!

Cette situation inquiétante pour les pays producteurs africains s'est de plus renforcée du fait:

- que la propre activité forestière européenne s'est elle-même renforcée ces dernières années.

- que les utilisations du bois évoluent et que certains produits nouveaux composites concurrencent les produits traditionnels (MDF).

- que le bois est fortement concurrencé par d'autres matériaux (alu, plastique).

- que des courants écologistes se sont créés amorçant une forte tendance en faveur de la protection des forêts tropicales allant jusqu'au boycote des produits correspondants.

- que la fourniture de grumes africaines s'est raréfiée naturellement dans la même période et que les prix se sont fortement élevés en comparaison des produits indigènes.

330. La forte dépendance de l'Afrique vis à vis de l'Europe

Si l'Europe a été dépendante à une certaine période des pays producteurs africains, la réciproque est encore plus marquante en ce sens que l'essentiel de la production africaine est toujours orientée vers les marchés européens alors que ceux-ci se sont largement ouverts à d'autres fournisseurs. Environ 70% des exportations africaines sont destinées à l'Europe. Cette dépendance résulte de plusieurs faits mais notamment:

- d'un investissement productif d'exploitation et de transformation essentiellement initialisé par les importateurs européens qui en fait contrôlent cette production et l'ont orienté pour satisfaire leurs propres besoins mais dans certains cas pour se protéger de la concurrence.

- de l'instauration de conférences tarifaires à l'initiative et au contrôle des agents et pays acheteurs qui explique pour une bonne part le coût relatif élevé des tarifs d'affrètement maritime au départ de l'Afrique.

Les débouchés des bois africains étant principalement orientés sur l'Europe, c'est la demande de celle-ci et son évolution qui ont déterminé et qui détermine le flux des transactions commerciales. A chaque crise interne (logement, récession) les importations ont suivi.

Par contre la mise à disposition de produits concurrents à plus bas prix (venant d'Asie) a immédiatement intéressé l'Europe qui a ainsi créé des flux parallèles venant comprimer le flux africain.

Au niveau des prix, la relation de dépendance Europe/Afrique est beaucoup moins évidente. Il s'agit d'un phénomène beaucoup plus en rapport avec le commerce international dont le pivot a été longtemps le marché japonais, gros transformateur et importateur de produits bruts (30 Mio de m³ de grumes), chaque variation du niveau d'activité de la construction nippone influant directement sur les cours.

A ce phénomène se supperpose celui de la variation du cours du dollar américain qui place les producteurs africains dans des situations périodiquement en dents de scie et qui créé des problèmes indirects, par exemple:

- si le cours du dollar est bas, les produits venant d'Asie qui se vendent sur la base du dollar deviennent compétitifs. De plus, certains pays producteurs africains comme le Libéria ou le Ghana s'installent alors en concurrents à l'intérieur de la zone africaine.

- si le cours du dollar est élevé, les produits africains deviennent compétitifs. Par contre au niveau de l'exploitation, les producteurs encaissent une augmentation importante de leurs coûts de matériels qui pour les plus lourds sont d'origine américaine!

L'évolution du degré d'élaboration des produits africains a été insuffisante ce qui accentue leur fragilité commerciale.

Malgré une augmentation du niveau de transformation, la qualité moyenne des produits et l'insuffisance de quantité n'a pu concurrencé la forte pression des producteurs asiatiques.

En sciage et en contreplaqué, les importations africaines sont devenues marginales pour les européens qui, par ailleurs, imposent parfois à l'Afrique des spécifications particulièrement draconiènes qui rendent problématique la rentabilité de l'opération.

A l'évidence, les producteurs africains ont accumulé un énorme retard qu'ils ne pourront combler qu'en prenant conscience de la situation exacte de leurs faiblesse et qu'en se recentrant dans le contexte international du commerce des bois tropicaux et non plus sur le seule ligne Nord Sud ou même Afrique Europe.

340. Les autres pays concurrents potentiels


341. L'Amérique Latine
342. Cas particulier du Chili et de la Nouvelle Zélande


341. L'Amérique Latine

Le développement de la production forestière de cette région et de la transformation en est pratiquement à ses débuts pour ce qui concerne les produits issus de la forêt dense. Le massif amazonien présente tout comme l'Afrique certaines difficultés propres:

- grande hétérogénéité des essences.

- majorité de bois généralement plus durs et moins bien conformés (qu'en Afrique).

- difficultés d'exploitation du bassin amazonien où de nombreuses zones sont inondées pendant de longues périodes.

- même phénomène prévisionnel qu'en Afrique où l'exploitation sera de plus en plus difficile au fur et à mesure qu'elle s'éloignera des côtes.

Néanmoins, l'exploitation de cet énorme potentiel ligneux, le plus important au monde, constituera pour l'avenir une source avec laquelle il faudra compter.

Une activité non négligeable est déjà amorcée puisque nous l'avons vu, cette région produit déjà 2 fois plus de grumes de bois d'oeuvre que l'Afrique mais elle n'exporte pratiquement pas de bois brut.

Elle produit aussi 3 fois plus de sciages que l'Afrique, n'en exporte que peu mais son volume exporté est supérieur à celui de l'Afrique.

L'essentiel de ses exportations est actuellement orienté sur l'Amérique du Nord mais déjà certains pays européens commencent à s'approvisionner régulièrement en sciages d'essences amazoniennes, comme c'est notamment le cas pour l'Espagne, la France et l'Italie.

Cette région en pleine croissance n'est pas encore un concurrent important pour la production africaine mais pourrait le devenir assez rapidement d'autant plus qu'elle se dote de moyen de transformation puissants et qu'elle s'oriente vers la mise en oeuvre d'une certaine normalisation (cas des normes BGC mises en place en Guyanne récemment) qui devrait faciliter le commerce international des produits transformés.

342. Cas particulier du Chili et de la Nouvelle Zélande

Bien qu'il ne soit pas évident de considérer la production de bois d'oeuvre résineux comme étant en concurrence avec les feuillus tropicaux, il nous semble utile de mentionner le cas de ces 2 pays qui ont l'un et l'autre mis en oeuvre depuis 1960 un important programme de plantation de pins (pinus radiata) à croissance moyenne sur 20 à 25 ans, capables de produire 20 à 30 m³/ha/an et de mettre sur le marché très rapidement annuellement:

- 25 à 30 Mio de m³ pour le Chili,
- 10 à 20 Mio de m³ pour la Nelle Zélande.

Ces quantités devraient encore être beaucoup plus importante après l'an 2000.

Certes les marchés visés sont orientés vers les pays asiatiques, l'Amérique Latine et le proche Orient mais l'impact sur les autres marchés pourrait être important, autant du fait de quantités proposées que des prix obtenues à partir de productions de masse.

350. Le marché traditionnel européen


351. La France
352. Le Portugal
353. Le marché espagnol
354. Le marché italien
355. Le marché allemand
356. Le marché du Royaume-Uni
357. Les Pays-Bas


Ce marché qui représente l'essentiel du commerce africain (environ 70%) est nous l'avons vu, en perte de vitesse pour l'Afrique. Même si l'Afrique doit prendre conscience de la nécessité de s'ouvrir d'autres marchés, elle doit d'abord tenter d'arrêter le glissement déjà amorcé et se concentrer sur les composants de ce marché tout en recherchant à y reprendre une place qu'elle tend à perdre.

Examinons la situation et les tendances des principaux pays concernés.

351. La France

Les deux tableaux ci-joints montrent l'évolution du volume des importations françaises de grumes et sciages de bois tropicaux entre 1982 et 1989. Ils montrent bien la prépondérance croissante des produits asiatiques, notamment au niveau des sciages, quoique pour ce produit, la part des importations africaines soit loin d'être négligeable mais en DIMINUTION constante depuis 8 ans, au profit des produits asiatiques et latino-américains!

L'Okoumé occupe une part importante de ce commerce y compris au niveau des grumes car la France a gardé une activité de fabrication de panneaux de contreplaqué à base de faces en Okoumé (qui a conservé une certaine image de marque et une résonance exotique qui constitue encore un atout publicitaire!) mais cette production tend à se marginaliser vers des produits spéciaux, préférant les contreplaqués d'Asie moins cher pour les utilisateurs de masse et standard.

Il est à craindre que cette production marginale n'ait pas grand avenir mais nous pensons que les producteurs africains concernés (Gabon et Congo) ont grand intérêt à tout faire pour la maintenir en continuant de fournir des grumes mais aussi des placages de qualité face aussi longtemps que possible.

Il existe aussi un marché de placages Okoumé tranchés épais (1 à 1,5 mm) qui n'est pas exploité en Afrique et qui aurait intérêt à être étudié.

Toutefois, s'agissant de l'okoumé, nous estimons qu'à moyen terme cette essence ne pourra conserver cette image de qualité supérieure et que les pays producteurs auraient intérêt à penser à son utilisation dans une production de masse c'est à dire:

- développer la production industrielle (de contreplaqué courant fait d'okoumé) pour la majeure partie des faces mais également d'autres essences (Limba, Faro, Agba, Aiele, Ilomba...) existant généralement en grande quantité ainsi que d'intérieurs faits d'Ozigo, Igaganga, Safoukala. Ceci en essayant de se placer en état de concurrence avec les pays producteurs asiatiques.

- faire des recherches d'application industrielle pour l'utilisation de cette essence en produits de sciage.

- les autres essences africaines sont concentrées sur les Moabi, Douka, Niangon, Sipo, Movingui, Framiré, Iroko essentiellement destinés à la menuiserie ainsi que de l'Ayous pour les besoins de moulures.

Bien souvent ces essences se concurrencent entre elles car leur fourniture est irrégulière et certaines circonstances déjà expliquées font varier leurs prix respectifs si bien qu'elles n'ont pas de continuité au niveau de la production et de la livraison.

Cette irrégularité se répercute au niveau du prix de revient à l'exploitation en Afrique qui doit, à certaines périodes, arrêter de produire telle ou telle essence qui ne se vend plus ou au contraire reprendre la production quand un besoin apparaît.

En définitive, c'est un véritable cercle vicieux qui ne peut que venir au détriment du prix de revient du produit et donc le mettre en moyenne en situation de non compétitivité.

La solution pourrait être la suivante:

A partir d'exploitations aménagées et organisées, il faudrait:

- produire régulièrement toutes les essences commercialisables et non plus en fonction uniquement du marché.

- organiser la transformation des essences fragiles et périssables actuellement positionnées sur le marché sous forme de grumes en fonction de contraintes saisonnières, ceci suppose des études de marchés détaillées, des investissements adaptés.

En ce qui concerne le Congo, les remarques faites au sujet de l'Okoumé restent valables. Par contre, il faut noter un très faible commerce du Sapelli (grumes = peu, débités = 0) avec la France qui considère cette essence trop chère en comparaison d'autres équivalentes et également en raison des problèmes de mode.

A notre avis, le prix joue un rôle prépondérant car cette essence présente des caractéristiques plus intéressantes que certains bois d'Asie qui justifient un prix plus élevé mais dans une limite qui ne peut excéder environ 20%. Si les producteurs africains sont capables de réduire leurs prix de revient en sciages de sapelli de façon à stabiliser le prix des débités standards à ce niveau de référence, il doit être possible d'introduire un courant commercial avec la France.

Signalons un début d'importations de sciages d'Amérique Latine en AMARELO.

352. Le Portugal

Est un important consommateur de grumes en provenance d'Afrique (environ 430.000m³/an) soit 95% de ses importations. De plus, il est le seul pays européen qui ne soit pas encore touché par le phénomène de la mode des bois blancs.

Cette situation unique en Europe résulte d'une tradition coloniale qui a forgé dans ce pays un important effectif de petites et moyennes entreprises particulièrement expérimentées et aptes à la transformation de nombreuses essences et à la production artisanale puis semi-industrielle de meubles et produits d'ébénisterie.

Une autre caractéristique réside dans la recherche de matière première au prix le plus bas possible (dont ils savent tirer le meilleur parti).

Les principaux fournisseurs traditionnels sont le Libéria et le Congo, et les essences recherchées, le Sapelli, le Kotibe, le Limbali, l'Iroko, le Tiama, et l'Okoumé.

Pour le Congo, ce pays est un client privilégié pour les grumes de Sapelli mais aussi d'Okoumé ainsi que de nombreuses autres essences dites "de promotion".

Actuellement les Portugais sont pratiquement les seuls à acheter des grumes de Sapelli mais ils profitent de la situation pour obtenir des prix extrêmement bas. Leur action aura certainement des répercussions sur le marché des sciages (car les Portugais commencent à alimenter le marché espagnol traditionnellement consommateur de sciage de sapelli)!

Encore une fois, on retrouve le problème du prix qui constitue bien une donnée dont il faut tenir compte pour assurer la pérennité de ce flux commercial.

La tendance Portugaise encore très timide, va quand même dans le sens de la recherche de produits transformés (sciages, placages) à laquelle l'Afrique et notamment le Congo devrait être attentif car certains investisseurs pourraient s'intéresser à une implantation industrielle dans la mesure où ils ont la certitude d'une régularité et pérennité de la ressource.

De plus, l'intérêt des consommateurs portugais pour le Limbali doit être pris en considération.

353. Le marché espagnol

C'est un gros importateur de grumes en Europe (le 3ème après la France et l'Italie) pour l'Europe dont l'approvisionnement provient essentiellement de Côte d'Ivoire, Cameroun et Congo.

L'approvisionnement de ce pays porte essentiellement sur les bois de déroulage (Okoumé, Ilomba, Ako, Fromager), Tetraberlimia (Ekaba) de tranchage (Sapelli en tête, Bété, tiama, Etimoé, Dibetou, Agnegré) et sur une faible part de sciages (Sapelli, Tali, Agba, Sipo...).

Par contre, l'Espagne a contrairement au Portugal, considérablement développé ses importations de sciages en provenance de l'Afrique. Ce pays est le seul à importer une majorité de sciages africains en comparaison des approvisionnements venant de l'Asie (qui ne représentent que moins de 17%). Par contre, la part des provenances d'Amérique Latine n'est pas négligeable (15%) avec le JATOBA et le TATAJUBA, et le LAURIER VERMELHO.

L'essentiel des débités africains importés vient d'abord de la Côte d'Ivoire (environ 1/3 avec l'Iroko/Samba), du Cameroun avec Ayous/Iroko, puis du Ghana et du Congo avec le Sapelli.

Les spécifications espagnoles sont relativement difficiles et pénalisantes (longueurs fixes 7 et/ou 14 pieds à 50 ou 60%) et de choix/qualité supérieure. Les prix peuvent atteindre des valeurs élevées mais cet élément est essentiellement fonction du flux commercial mondial.

Par exemple, les avivés de Sapelli ont pu en 1989 être placés à des prix allant jusqu'à FOB FF 3200 pour retomber aujourd'hui jusqu'à 2200 FF!!

Comme nous l'avons dit, le prix moyen devrait se stabiliser autour de + 20 à 25% au-dessus du prix des débités d'Asie considérés comme équivalents.

Pour le Congo, le marché Espagnol est VITAL il ne doit à aucun prix être délaissé ou négligé car il constitue la plus importante base solide d'implantation des débités Sapelli.

Pourtant déjà, quelques signes préoccupants montrent que l'Espagne commence a être touchée par l'envahissement de la mode des bois blancs; il convient d'être vigilant et souple, en particulier au niveau prix en dégraissant au maximum les coûts de transformation et d'approche (une action concertée producteur/Etat Congolais aurait intérêt à s'opérer dans ce sens sans tarder).

On notera aussi sur l'Espagne, l'importance relative du marché de grumes Okoumé, ainsi que l'intérêt pour les débités d'Ayous.

354. Le marché italien

L'Italie est le 2ème pays européen importateur de grumes après la France. Le Cameroun et le Congo sont les principaux fournisseurs puis le Libéria et la Côte d'Ivoire. Les essences préférées de l'Italie sont plutôt orientées vers les bois blancs clairs (Ayous, Limba, Bahia, Okoumé).

Au niveau sciage, l'essentiel provient de l'Asie (Indonésie, Malaysie) mais la Côte d'Ivoire conserve une place privilégiée. La place du Congo est mineure et tout à fait marginale.

Le problème principal de l'Italie en ce qui concerne les sciages réside dans la difficulté à trouver une source de remplacement fiable du RAMIN. L'Ayous aurait pu jouer ce rôle mais son approvisionnement régulier ne s'est pas avéré à la hauteur!! Cet exemple précis d'une essence existant en grande quantité au Congo et non exploitable alors que recherchée, mérite réflexion.

L'Italie est aussi un gros consommateur de placages dont il est le 2ème demandeur européen après la RFA. Elle recherche en particulier des placages de bois blancs tels que l'Ayous, l'Ilomba mais d'une qualité plutôt parfaite quant à l'homogénéité et la couleur, ceci afin de répondre au développement d'une technique spéciale développée par des industriels italiens qui permet de reconstituer par imitation toutes les essences de bois à partir de ces essences de bois blancs, retraitées, teintées, collées et retranchées sous différents angles.

Des investissements industriels importants ont été réalisés au Cameroun pour satisfaire ce développement industriel particulier.

Après avoir été consulté et contacté, le Congo qui était un pays producteur possible a été écarté (semble-t-il pour des problèmes purement liés à la qualité de l'Ayous de la zone Nord, mais cela reste à vérifier et réétudier).

Pour le Congo, le marché Italien doit également être surveillé de près ainsi que des contacts établis au niveau des industries et fabriquants de matériels car l'Italie est un pays en pointe pour la seconde transformation du bois; de plus, ce pays importe 80% de ses besoins nationaux et transforme énormément.

L'Italie dispose également d'un grand dynamisme commercial et technologique; l'exemple récent de l'ouverture d'un Centre Technologique du Bois à Kuaka Lumpur sous l'initiative de l'Institut du Commerce Extérieur témoigne des exemples et possibilités à suivre pour des pays comme l'Afrique.

355. Le marché allemand

Est dangereusement compromis pour les bois tropicaux par la campagne écologiste amorcée depuis plus de 5 ans et les mesures de boycote déjà appliquées à plus de 300 villes germaniques.

L'importation de grumes est en chute libre, le volume de sciage reste important mais il est composé à 80% de produits venant d'Asie, l'Afrique ne représentant que 60.000m³ en provenance majoritaire du Ghana.

L'importation de placages est presque aussi importante que celle des sciages en provenance d'Afrique. Le Congo n'a au total qu'une place marginale et non significative sauf pour les placages (SOCOBOIS, BOPLAC).

Ce marché est suspendu au problème écologique.

356. Le marché du Royaume-Uni

Est sans intérêt pour les grumes.

Beaucoup plus attrayant pour les sciages bien que l'essentiel de l'approvisionnement provienne d'Asie (73%).

La Côte d'Ivoire y a pris une bonne place mais le Ghana se place en concurrence sérieuse.

Le Congo n'y place que quelques avivés de Sipo et de Sapelli mais de façon irrégulière.

Pas de place pour les placages.

357. Les Pays-Bas

Continuent d'importer des grumes africaines en majorité du Cameroun et du Gabon.

Le marché des sciages tropicaux importés qui était encore le plus important d'Europe (22%) en 1989, était occupé à 73% par l'Asie mais ce qui est notable à 16% pour l'Amérique Latine et seulement 11% pour l'Afrique!!

360. Les autres marches


361. Les pays du Maghreb et du Moyen Orient
362. Les pays de l'Est
363. L'Amérique du Nord
364. Les marchés de l'Asie
365. Divers - Réunion - Madagascar


361. Les pays du Maghreb et du Moyen Orient

Ainsi que l'illustre les graphiques et données ci-jointes, les pays du Maghred sont de gros importateurs de produits ligneux (notamment l'Algérie).

La forêt maghrébine couvre 9 Mio d'ha mais seulement 1/3 de cette surface est estimée productive; elle n'est pas suffisante pour couvrir les besoins potentiels internes malgré des initiatives importantes de sylviculture et plantations de pins et eucalyptus, mais qui ne seront productives qu'à long terme.

La demande se manifeste non seulement en grumes pour le déroulage et le sciage mais aussi de façon croissante en sciages.

Ce sont les pays européens et d'Amérique du Nord ainsi que l'URSS qui ont, jusqu'à présent, répondu à cette demande mais une place importante est à prendre car les prévisions de croissance de cette région sont prometteuses et les bois Africains auraient tout avantage à y participer.

362. Les pays de l'Est

L'URSS a représenté un client notoire du commerce des grumes africaines pour environ 15% du marché au cours de la dernière décennie.

Il était surtout importateur de bois rouges en ne marquant pas trop d'exigences sur la qualité et sur les diamètres moyens (alors que paradoxalement ces grumes étaient destinées généralement au tranchage).

Compte tenu des récents boulversements intervenus dans ces régions, le manque de devises a totalement mis ce marché en sommeil. Certains opérateurs tentent de rénover des contacts et de trouver des solutions à la reprise du commerce par le biais de compensations mais l'opération s'avère délicate.

Quoiqu'il en soit, ce marché reste potentiellement possible.

Le Congo qui avait des contacts privilégiés avec ce pays ne devra pas négliger cette possibilité d'écoulement et rester attentif à la réouverture du marché qui logiquement devrait se faire.

363. L'Amérique du Nord

Traditionnellement, ce marché est preneur de sciages tropicaux produits à dimensions fixes, de contreplaqué et de moulures.

Les possibilités sont intéressantes et énormes mais il faut pour y accéder réunir plusieurs conditions et notamment:

- offrir des quantités importantes,
- garantir une régularité de livraison,
- respecter une qualité standard.

De plus, les transactions s'opérant en dollar, ce marché devient dangereux chaque fois que la valeur relative du dollar baisse. Mais il faut s'y intéresser.

364. Les marchés de l'Asie

Il est très difficile d'envisager la création d'un flux commercial important sur l'Asie en raison de la position prédominante des producteurs de la zone Sud-Est et de la menace proche des livraisons massives chiliennes et de Nelle Zélande.

Plus qu'ailleurs, c'est le problème du coût qui est le plus pénalisant tout au moins pour les produits de type standard et de masse. Toutefois le Japon, Taïwan et la Corée du Sud pourraient toujours être intéressés par la fourniture de grumes de déroulage en grande quantité pour la production de leur contreplaqué ainsi que d'autres essences SUIVIES dont le prix resterait compétitif.

L'Afrique ne peut ignorer ce marché d'autant plus que tout le monde attend parallèlement l'ouverture de la consommation chinoise.

365. Divers - Réunion - Madagascar

Cas particulier du Niové à suivre et poursuivre.

Ci-joint les statistiques récentes européennes.


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