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500. Le marche intérieur congolais


510. Bois d'oeuvre


510. Bois d'oeuvre


511. Sciage
512. Contreplaqué
513. Les autres produits


C'est à ce niveau que le Congo est pénalisé pour le développement de son industrie car un très faible volume de bois d'oeuvre est consommé dans le pays. Pourtant paradoxalement le Congo importe des produits transformés en bois car il n'a jamais été mis en place un outil de transformation adapté à ce marché.

De ce fait, la consommation s'est organisée en utilisant sous des formes diverses et variées des produits souvent disparates et non normalisés qui n'ont sûrement pas favorisé le développement ou l'utilisation interne du bois.

La situation actuelle est la suivante.

511. Sciages


511.1. Le marché de Brazzaville
511.2. Le marché de Pointe Noire
511.3. Remarques, conclusions et recommandations pour les sciages


511.1. Le marché de Brazzaville

Nous parlons ici des produits courants consommés selon un circuit relativement formel et généralement destiné à la construction.

La consommation annuelle est estimée à 20000 m³ actuellement, elle a atteint 25000 m³ en 1986.

Elle se répartit en:

Bois blancs: 8 à 9000 m³ dont - planches de 30mm

75%


- lattes de 4 x 8

7%


- chevrons 8 x 8

15%


- divers

3%

Bois rouges: 10 à 12000m³ dont - lattes de 4x8

30%


- bastaing 4 x 17

30%


- chevrons 8 x 8

20%


- planches de 30

14%


- divers

6%

Ces produits sont livrés en longueur de 6 m et plus mais certaines sociétés proposent des longueurs inférieures jusqu'à 2 m avec de très importantes remises. Il est en effet très pénalisant pour une scierie de n'avoir à produire que des avivés en grande longueur.

Ce marché est donc alimenté avec des produits relativement standardisés dont l'utilisation courante est centrée sur les travaux de construction.

Plus de 25% de ce marché est alimenté par des produits importés (Cameroun, RCA) car les coûts de transformation de ces unités sont plus bas qu'au Congo, de plus le transport bénéficie d'une exonération de taxes ainsi que la vente.

Le solde est livré par une seule société du Nord dont la capacité de production est largement suffisante pour fournir la totalité du marché même à cadence double.

Les prix tarifs sont relativement élevés mais par le jeu d'importantes remises, en fonction des quantités, de la qualité et des dimensions, il se situe en réalité à un niveau normal.

A titre d'exemple le plus important grossiste de la place annonce les prix moyens suivants, en constante diminution:

- bois blancs: 69000 FCFA/m³
- bois rouges: 94000 FCFA/m³

2 gros distributeurs, liés aux producteurs plus un 3ème se partagent ce marché en vendant peu au détail mais l'essentiel à des revendeurs répartis dans toute la ville.

Il existe en outre un circuit informel dont l'importance est mal appréciée (1500 à 2000m³/an) à partir de grumes volées sur le fleuve entre Maluku et BZV et sciées sur des unités artisanales sans aucune autorisation officielle. Le trafic grandissant vient évidemment perturber et concurrencer illégalement le circuit formel car cette pratique n'encourage évidemment pas à développer une production standardisée. Le consommateur s'y retrouve car il trouve un produit moins élaboré mais moins cher dont il se satisfait.

511.2. Le marché de Pointe Noire

A ce niveau, il n'y a pas d'organisation commerciale bien précise. Une grande société de distribution de la ville vient tout juste de commencer à organiser la vente. De plus, il n'existe aucune société qui travaille vraiment à la production de produits standard pour le marché local.

Les scieries qui fonctionnent dans la région de Pointe Noire et du Bas Kouilou sont organisées pour la production export (essentiellement le Niové et un peu de Bilinga pour l'export).

Les produits tombants de ces productions sont livrés au marché local qui doit donc se satisfaire de ce qu'on lui propose. Il est difficile dans ces conditions d'évaluer le volume de ce marché mais on pourrait le situer vers 10 à 12000m³/an.

Les prix sont:

Niové: 78000 FCFA/m³
Bilinga: 92000 FCFA/m³

Le Bilinga est beaucoup apprécié pour la construction.

A PNR, il existe certainement aussi un marché informel car nous avons observé des produits de sciage dont l'exécution était visiblement artisanale.

511.3. Remarques, conclusions et recommandations pour les sciages

Les prix des sciages mis à disposition sur le marché congolais sont relativement élevés pour un pays producteur de bois mais cette situation résulte des conditions générales dans lesquelles se trouve l'industrie de transformation dont les coûts sont élevés du fait qu'ils ne peuvent s'organiser pour une production de masse et qui doivent se concentrer sur une production export par ailleurs très difficile et peu lucrative.

L'importation de sciages et la présence de circuits informels de distribution vient encore aggraver le problème, aussi recommandons nous à l'Etat de tout faire pour protéger son industrie de transformation en luttant contre ces 2 phénomènes avec efficacité et détermination.

Dans le même ordre d'idée, nous ne voyons vraiment pas l'intérêt de la mise en oeuvre d'un projet de sciage de bois de plantation qui n'a aucun avenir immédiat et qui va encore venir pénaliser le circuit traditionnel de production bois.

Il y a surcapacité de production de débités pour le marché local et cette activité est en difficulté à cause de la faiblesse du marché.

Des invitations à la consommation locale de bois doivent être entreprises, encore faut-t-il sortir de l'artisanat et mettre à disposition des produits normalisés et couramment utilisés dans la construction et la production de meubles et équipements.

La quasi-totalité de la production de meubles est réalisée artisanalement par des petits ateliers qui utilisent bien souvent des bois de récupération ou ceux des circuits informels. Cette activité ne s'arrête jamais car elle répondra toujours à une demande ponctuelle pour des produits à la demande.

Par contre il pourrait y avoir des ateliers ou petites unités pour la production en petites séries de produits plus standard: i) portes isoplanes, ii) huisseries, iii) meubles de collectivité, qui ne peuvent fonctionner qu'avec des produits standard.

512. Contreplaqué


512.1. Nos remarques, suggestions et recommandations


A ce stade la situation est encore plus dramatique car la quasi totalité de la production est importée depuis notamment l'arrêt de la SIDETRA qui était capable de produire environ 5000m³/an.

Le marché congolais n'est pas aisé à évaluer. Il semble que la consommation soit actuellement voisine de 10.000m³/an dont:

- 7000m³ pour Pointe Noire
- 3000m³ pour Brazzaville

La consommation de Pointe Noire paradoxalement supérieure à celle de BZV peut s'expliquer par le fait que le marché de PNR est mal desservi en produits standard de sciages et qu'il utilise en remplacement davantage de contreplaqué (par exemple PNR fabrique les cerceuils à partir de CP de 19 m/m). De plus, actuellement l'activité économique est plus importante à PNR qu'à BZV du fait des pétroliers.

Les produits distribués sont toujours les mêmes et en moyenne (en volume)

- 25% de panneaux de 4m/m en 250 x 122
- 5% à 8% de panneaux de 5 m/m
- 10% de panneaux de 8 ou 10 m/m
- 25% à 30% de panneaux de 15 m/m
- 20% à 25% de panneaux de 19 m/m

La totalité est toujours en collage MR (urée-formol: c'est à dire uniquement apte aux utilisations intérieures). Le choix est en général standard sauf pour le 4m/m ou il existe une forte demande en choix dit économique qui diminue le prix. Il existe d'ailleurs pour ce produit un trafic à partir du Zaïre pour des panneaux de qualité médiocre. Les prix sont variables selon les régions:

- à PNR ils varient entre 185 et 195000 FCFA/m³ à l'achat et 215 à 235000 FCFA à la vente.
- à BZV: 210 à 215000 FCFA/m³ à l'achat et 260 à 275000 à la vente.

Cette différence vient du fait que traditionnellement PNR était ville productrice et que la SIDETRA plaçait sa production à prix généralement plus bas que les produits importés; les prix actuels tiennent compte de ce fait.

A BZV, où il n'y a pas de concurrence, le niveau des prix est semble-t-il très libre!! On trouve même des articles à plus de 300.000 FCFA/m³ ponctuellement.

512.1. Nos remarques, suggestions et recommandations

1) Il faut tout faire pour au moins produire ce dont le Congo a besoin en matière de contreplaqué. Si le marché actuel n'est que de 10000m³/an environ (peut être 15.000 m³ car le niveau du trafic Zaïrois est difficile à apprécier), nous pensons qu'il pourrait s'établir facilement au niveau de 25.000m³ voir 30.000 car:

- le produit n'existant pas ou irrégulièrement sur le marché est remplacé par d'autres matériaux dont l'emploi n'est pas toujours adapté aux besoins.

- d'autres types et formats de panneaux pourraient être proposés au marché et notamment les portes, panneaux lattes, panneaux ébénisterie (replaqués de placages déroulés ou tranchés) qui devraient générer une activité annexe non existante au Congo.

2) BOPLAC dispose d'une unité non encore montée à PNR car cette société rencontre des difficultés pour implanter cette unité à proximité de l'usine actuelle: cette situation pourrait certainement être débloquée par l'administration rapidement.

SOCOBOIS a un projet qu'il faut favoriser.

Quant à SIDETRA une solution pourrait aussi être trouvée pour assurer le déblocage de sa production.

3) Nous pensons que ces 3 unités suffisent à alimenter le marché de la région de PNR et une partie de BZV pour le reste, il faut certainement étudier la mise en oeuvre d'une unité de production à partir de la région Nord dans le cadre de la poursuite de son programme de transformation et de diversification. Une telle unité ne pourra se concevoir que si les conditions générales d'exploitation de transformation et de transport à partir de cette région sont résolues.

513. Les autres produits


513.1. Les moulures et autres produits rabotés et sèches
513.2. L'encouragement à la construction de maisons à ossature bois


513.1. Les moulures et autres produits rabotés et sèches

La faible quantité utilisée au Congo est également importée de RCA.

Ce type de produit ne pourra être mis à disposition sur le marché qu'à partir du moment où commenceront à s'implanter des séchoirs industriels à forte capacité. SOCOBOIS vient de réaliser un investissement dans ce sens. Il vise le marché export mais devrait assez rapidement être en mesure de trouver un créneau local pour la fourniture de produits moulurés. La zone Nord devrait assez rapidement développer le séchage pour la promotion des bois blancs de cette région.

513.2. L'encouragement à la construction de maisons à ossature bois

A notre connaissance, toutes les initiatives prises dans de nombreux pays africains pour développer ce genre de construction qui viendrait évidemment totalement modifier le niveau des besoins locaux et donc la structure de l'industrie locale ont échoué.

Nous pensons que ce problème est l'un des plus importants qu'il faudrait résoudre à court terme et notre suggestion est de mettre une priorité pour lancer une étude très poussée sur les réelles possibilités de mettre en oeuvre de telles constructions à partir des bois de pays et tenant compte des problèmes de protection, entretien, coût, sécurité.

Sauf démonstration évidente d'impossibilité technique ou économique, nous ne voyons pas pourquoi un tel programme ne pourrait être développé. Il est capital pour l'équilibre de la profession et l'utilisation rationnelle de la matière première et donc des ressources forestières.

Une maison bois consomme 15 à 30m³ de produit en moyenne. S'il se construit 3000 logements par an, ce qui est un minimum pour la croissance nationale, la demande annuelle en produits bruts s'établit à plus de 100.000m³, soit la consommation de plus de 200.000m³ de grumes, uniquement pour le marché local.

L'enjeu est donc important et mérite le coût d'une étude sérieuse faite par des spécialistes de la profession en association avec des experts connaissant bien les produits de la forêt congolaise, leur conditions d'élaboration ainsi que le contexte local. Cette étude devrait inclure l'analyse des causes profondes des échecs passés dans les autres territoires.


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