710. L'UAIC et les potentialités des plantations à croissance rapide de l'eucalyptus
720. Les activités particulières de la CBI
730. Les recherches et projets de plantations artificielles
711. La vocation principale de ces plantations est semble-t-il irreversiblement dirigée vers la pâte a papier
712. Les sous-produits issus de ces plantations représentent une activité non négligeable mats relativement marginale a moins d'orienter la recherche et les décisions dans des directions complémentaires
Il nous semble inutile de reprendre l'historique, la situation actuelle des résultats obtenus et de nous substituer aux études détaillées et prospections commerciales réalisées par l'équipe dirigeante responsable de cette activité.
Notre propos sera plutôt de situer la place et l'avenir de cette nouvelle orientation dans l'ensemble de l'économie et du commerce du bois, produit au Congo, ainsi que les interactions avec l'exploitation des forêts denses naturelles.
C'était l'objectif de base et il semble qu'il soit arrivé à un point où les productivités et rendements obtenus font de cette activité l'une des plus performantes au monde et fait figure de projet pilote.
Les orientations prises au niveau de la sélection des hybrides et des clones sont pour une longue période orientés vers un produit plutôt monovalent dont les caractéristiques vont d'abord convenir à l'industrie du papier et de ses dérivés.
Tous les efforts vont dans ce sens, ainsi que le programme de développement à moyen et long terme.
Les perspectives commerciales pour l'emploi de ce produit sont encourageantes d'autant plus qu'il est nouveau et que ses caractéristiques sont intéressantes.
Nous ne voyons donc aucun obstacle à son développement pour autant toutefois que les conditions d'exploitations à moyen et long terme ne viennent remettre en cause la compétitivité de la production et en particulier:
- l'évolution du coût de la main d'oeuvre qui représente un poste clef dans la structure des coûts au stade actuel de l'exploitation; c'est vraiment le seul problème préoccupant de cette activité, hormis les risques techniques naturels que l'organisation de l'exploitation actuelle semble maîtrisés.
La concurrence sur le marché mondial de la pâte est vive et d'autres grands projets sont en cours. Même si l'UAIC y tient une bonne place, il doit être vigilant et travailler au plus près au maintien de la compétitivité de son produit et veiller à éviter l'incidence de l'éloignement progressif des plantations de la zone de Pointe Noire.
712.1. Bois d'énergie
712.2. Les poteaux
712.3. Les autres possibilités
Nous avons déjà évoqué cette question et montré le caractère intéressant mais insignifiant de la ressource pour couvrir les énormes besoins en bois d'énergie de certaines zones urbaines. Par contre, l'expérience et la technologie développée par l'UAIC sont un support indispensable pour la mise en oeuvre de cette activité. Nous pensons même que l'UAIC devrait être désigné comme maître d'oeuvre de tout projet et réalisation intéressant la production de bois d'énergie à partir de plantations y compris la production de charbon de bois.
A l'origine, la diversification de la production obtenue à partir d'eucalyptus avait intégré la production de poteaux. L'idée d'implantation d'une unité de préparation et d'imprégnation de poteaux semblait donc logique et évidente.
Or, aujourd'hui, malgré les difficultés de démarrage de cette activité dues à une insuffisance de connaissance et de prospection du marché, il semble qu'il y ait interférence et conflit d'intérêt entre les 2 activités au point que la fourniture des poteaux issue des peuplements d'eucalyptus en exploitation ne puisse être assurée pour répondre au niveau même projeté et programmé pour la CBI.
Il aurait en effet fallu mettre en oeuvre des plantations spécialisées pour la production de poteaux dont les caractéristiques physiques et mécaniques sont finalement différentes de celles nécessaires à la production de bois de pâte.
Il conviendrait à notre avis:
- de concilier au maximum les 2 objectifs et surtout de ne pas compromettre l'effort important en cours de promotion des eucalyptus congolais dont les qualités semblent acceptées et appréciées par les marchés déjà consultés et concernés.- de préparer un programme de plantation et d'exploitation pour ces produits en recherchant une amélioration du coût de production qui semble être un handicap au développement de la commercialisation.
712.3.1. Etude approfondie
Il nous semble opportun de lancer une étude approfondie sur l'aptitude et l'intérêt des fibres d'eucalyptus programmée pour la pâte pour la production à l'état pur ou par mélange d'autres essences existantes dans la forêt dense au vu de la production de panneaux MDF dont l'utilisation tend à se généraliser en se substituant à nombre de produits ligneux issus des forêts naturelles. Cette éventualité nous semble revêtir un caractère d'importance car:
- l'évolution de cette technologie a été particulièrement rapide depuis 15 ans au point que ce produit devienne un concurrent sérieux aux classiques sciages ou débités dans nombre d'application intéressant les essences feuillues tropicales.- l'incidence de cette évolution pourrait avoir des répercussions importantes au niveau de l'exploitation des forêts naturelles denses allant dans le sens des intérêts écologiques et de la protection des forêts.
712.3.2. Le spectaculaire développement des plantations d'eucalyptus
Le spectaculaire développement des plantations d'eucalyptus et son programme à long terme place le Congo au 1er rang des pays africains qui montrent la voie à suivre pour la prise en considération des problèmes liés à une gestion saine des ressources.
Complémentairement à la position particulière prise par le Congo en mettant en oeuvre une législation forestière au Nord capable de garantir une exploitation durable de la forêt naturelle dense, le Congo fait la démonstration de son orientation complémentaire en développant d'importantes plantations.
Cette situation devrait être utilisée davantage à titre d'exemple pour combattre certaines actions aveugles et destructives qui mettent en cause la capacité des pays producteurs de bois à protéger leur patrimoine forestier et orienter leur exploitation de façon rationnelle et économique.
Le Congo devrait à ce titre recevoir la considération et l'aide massive des institutions dont les objectifs sont orientés vers ce problème et être en position de leader pour le développement de tout programme de recherche et d'aménagement pour la région.
712.3.3. Le développement des plantations et de l'agroforestière vers la région du Niari
Le développement des plantations et de l'agroforestière vers la région du Niari peut constituer une opportunité intéressante pour permettre la réorganisation et la réorientation de l'exploitation de la forêt dense naturelle de la région sud:
- la mise en sommeil partielle et la réorganisation de l'exploitation forestière en région Sud Congo semble souhaitable à de nombreux points de vue.- si le projet de développement eucalyptus et agroforestier du Niari peut être initialisé, il pourra économiquement et socialement prendre le relai partiel de l'activité forestière de cette zone.
- de plus, ce projet devrait nécessairement s'accompagner de l'amélioration de l'infrastructure de cette région ne pourra qu'être utile à sa réactivation dès que les conditions effectives.
721. Rentabilité du projet - Obstacles possibles
722. La limitation actuelle gênante du secteur de vente aux pays de l'Afrique et du Moyen-Orient
723. La diversification
Comme de nombreux autres projets celui de la CBI a souffert d'une insuffisance de recul et notamment d'étude des potentialités du marché. Toutefois, s'agissant d'un produit nouveau, il était particulièrement difficile de mener une étude de marché sans connaître les réactions et le degré d'acceptation de la clientèle.
Aujourd'hui, il semble que les différentes démarches et essais de promotion rencontrent un accueil positif et que grâce à ce succès vont s'ouvrir les portes d'un marché potentiel existant mais non évident au départ. Aujourd'hui le projet existe, le produit est techniquement mis au point, il reste à accélérer la démarche commerciale.
L'unité a été conçue pour produire 110.000 poteaux par an. Actuellement elle en produit et vend environ sur la base de 35000 qui couvrent les frais directs d'exploitation.
Il faudra néanmoins atteindre les 50000 pour arriver au BEP. Mais deux éléments risquent de faire obstacle au développement normal des ventes.
Les coûts directs et d'approche présentent des éléments trop lourds qu'il convient de réduire pour pouvoir atteindre certains marchés et notamment:
- le prix de cession du poteau livré par l'UAIC qui est environ 50% au-dessus de la norme internationale (18000 F/m³ contre 23000F/m³).
Nous ne comprenons pas bien l'explication d'un coût de cession aussi élevé (comparable au coût total d'exploitation de grumes en forêt dense naturelle) mais pensons qu'il ne peut être justifié que dans le cadre de l'exploitation ponctuelle qui en est faite actuellement (il serait intéressant de connaître l'évolution de ce coût sur la base d'une activité plus suivie et plus industrielle).
- le prix de fret maritime qui reste actuellement élevé malgré une réduction de 25000 à 17000 F/T.
L'incapacité temporaire pour les plantations d'eucalyptus (UAIC) d'assurer la fourniture de la quantité prévue de poteaux (cf: explications chapitre UAIC).
Pour palier cette carence, la CBI envisage de compenser la demande par la fourniture de poteaux en provenance des plantations de pins. Cette estimation peut être particulièrement pénalisante car:
- elle retarde la promotion et le développement du poteau eucalyptus,- elle vient détruire l'image de marque de fiabilité de la CBI sur les marchés déjà intéressés en risquant de compromettre le développement des ventes.
Il nous paraît donc opportun de trouver avec l'UAIC un compromis qui évite le 2ème aspect évoqué.
Les marchés déjà intéressés sont pour l'essentiel: i) le Cameroun, ii) le Togo, iii) le Sénégal, iv) le Zaïre et v) le Tchad, qui pour l'instant sont les seuls atteignables eu égard aux coûts et au montant du fret maritime. Néanmoins, des démarches sont en cours en direction du Moyen-Orient et du Bangladesh.
Le problème principal actuel est celui du manque d'activation de la prospection commerciale faute de moyens financiers. Il est certain que l'ensemble du projet aura plus de chances de réussite si le marché pouvait être élargi.
Il convient donc au stade actuel de trouver le moyen de relayer le manque de trésorerie pour débloquer un crédit permettant au moins une démarche commerciale approfondie sur environ 1 année complète (coût global de l'ordre de 100 Mio CFA maxi), afin de pouvoir étayer le dossier relatif à la restructuration financière nécessaire à la société et d'intéresser des partenaires au projet.
Actuellement un fabricant de produits de traitement (OSMOSE) s'intéresse au projet mais il est probable qu'il se heurte aux aspects évoqués ci-dessus. Le Directeur Général actuel de la société paraissant être le plus apte à développer la démarche commerciale, il conviendrait de faire contrôler l'exploitation de l'usine par un technicien compétent pendant la période de démarchage du DG.
Elle semble entreprise en 3 directions:
- la promotion de piquets de ligne traités dont le marché est semble-t-il très porteur en Europe.- le développement du sciage de bois de plantations de pins.
- la recherche de mise au point d'un projet de construction d'éléments d'habitation en bois traités selon un processus simple et économique.
Nous avons déjà donné notre point de vue en ce qui concerne le point n° 2. Le 3ème est intéressant au niveau de la recherche et devrait à notre avis d'intégrer dans l'ensemble du projet d'études habitation bois. Nous ne pouvons donner aucun avis technique sur le 1er point.
731. Les plantations en savanes de pins et d'eucalyptus (HORS UAIC)
732. Les plantations de limba en zone de savane
733. Les plantations de limba en foret dense
734. Le développement de la recherche en régénération et enrichissement de la foret dense doit constituer une seconde priorité
La situation et les perspectives de la recherche et applications en matière de plantations artificielles au Congo ne sont guère brillantes hormis bien entendu le succès de l'UAIC. 3 directions sont à considérer.
Elles représentent respectivement 3100 et 7640 hectares pour une quantité de bois sur pied estimée grossièrement à 950.000m³. Sans entrer dans les détails, on peut dire que ces plantations ne présentent plus aucun intérêt pour la recherche; les avis sont unanimes pour reconnaître que ces plantations ont constitué la base de cette recherche qui a pris d'autres directions et abandonné ces unités d'essai. Aujourd'hui, ces plantations non entretenues et hétérogènes sont menacées de la destruction ou du dépérissement.
En se plaçant au niveau purement valorisation commerciale ponctuelle et intérêt d'utilisation de ce potentiel sur pied, nous pensons qu'il faut prendre les options suivantes:
a) procéder à un inventaire détaillé et exhaustif portant sur la quantité et la qualité des bois relatifs à la plantation, en analysant notamment les potentialités par classe de diamètre en vue de leur exploitation pour les besoins exclusifs suivants:- poteaux téléphoniques et électriques,
- éventuellement piquets de clôture et de vigne,
- bois de feu (et charbon de bois).b) Au vu de ces inventaires, élaborer un plan d'exploitation et confier les travaux d'exploitation selon des normes précises à des sociétés privées allant jusqu'à la livraison des produits aux points et secteurs définis dans le plan d'exploitation.
Au besoin, une étude de faisabilité devra être élaborée pour définir les termes économiques de l'opération. En ce qui concerne les poteaux et piquets la CBI devrait être associée à l'étude.
Environ 6500 ha de Limba ont été plantés à titre expérimental dans la région de BILALA. Là encore, cette direction de recherche est définitivement abandonnée au profit de la recherche de plantation en forêt dense du fait de l'impossibilité d'obtenir dans ces conditions des arbres de diamètre acceptable à la commercialisation.
Cette plantation, fortement dégradée de surcroît ne présente donc aucun intérêt pour l'avenir.
Il semble cependant que certains essais aient été entrepris en culture de bananes et cacao sous couvert de ces plantations mais avec un succès mitigé du fait du trop important couvert apporté par le Limba. Nous ne pouvons donner d'avis éclairé sur le devenir de cette plantation car au plan purement commercial il n'existe sans doute pas d'intérêt à rechercher une transformation rentable de ce Limba de faible diamètre.
Néanmoins une étude technico-économique complémentaire pourrait être réalisée pour la production de bois débités (destinés à l'exportation) dans une unité très mécanisée incluant le séchage des produits et la fabrication de panneaux massifs reconstitués pouvant être utilisés dans l'ameublement.
Ce serait un projet ponctuel mais qui pourrait ouvrir la porte (en cas de succès) à un courant commercial pour les avivés et dérivés du Limba qui constitue une des essences clef pour l'avenir forestier du Congo. En cas d'échec, le massif pourrait être conservé comme tel ou subir le même sort que les plantations de pins et d'eucalyptus.
L'état actuel de la recherche fait ressortir les points suivants:
- les produits obtenus sont satisfaisants et de caractéristiques proches de celles des forêts naturelles.- le problème principal réside dans la relative lenteur de la croissance; il faudrait en effet 30 à 50 ans avant d'atteindre des dimensions commerciales intéressantes, de plus, le coût d'exploitation est relativement élevé surtout dans la phase initiale des 10 premières années.
Notre position est la suivante:
1) Il faut absolument poursuivre cette recherche car le Limba est une essence de base du Congo, pour le Sud comme pour le Nord, sa valeur commerciale est reconnue car ses utilisateurs sont multiples. De plus, c'est un bois blanc.2) Le développement de la recherche pour assurer la pérénité de cette essence intéresse bien d'autres pays producteurs. Il conviendrait donc peut être d'associer les efforts et les financements de plusieurs pays à la réussite de ce projet (ceci au niveau de la poursuite de la recherche).
3) Le stade de l'application industrielle étant pratiquement atteint ou en tous cas satisfaisant au plan quantitatif, nous pensons que l'idée d'associer des opérateurs industriels à la mise en oeuvre de ce projet est bonne et qu'il faut étudier les conditions qui rendront possible et attrayante ou incitative la participation des exploitants.
Là encore, la solution ne peut être trouvée au niveau du seul Congo. Il faut y associer plusieurs pays intéressés par les mêmes essences ou groupes d'essences et en particulier le Sapelli et l'Ayous.
SUPERFICIES D'EUCALYPTUS ET DE PINS DANS LES UNITES DE SAVANNE
|
Unités |
Distance par rapport à PNR (km) |
Eucalyptus |
Pins |
Qté de bois exploitée par mois (1) |
||||
|
ha |
m³ |
T |
ha |
m³ |
T |
|||
|
|
||||||||
|
Loandjili Kouilou |
1000 |
3060 |
428400 |
342720 |
32825 |
22977 |
13786 |
98,7 m³ |
|
|
||||||||
|
Malolo Niari |
260 |
38 |
5320 |
4256 |
325 |
22750 |
13650 |
néant |
|
|
||||||||
|
Loudima |
230 |
4069,45 |
284861 |
227888 |
2119,96 |
148397 |
89038 |
69,56 m³ |
|
|
||||||||
|
Km-Rouge Pool |
557 |
470,23 |
59248 |
47398 |
325,87 |
22811 |
13686 |
58,7 m³ |
|
|
||||||||
|
Total |
|
46737,68 |
777829 |
622263 |
3099,08 |
216935 |
130161 |
227,05 m³ |
(1) Moyenne sur 9 mois
