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7. Les solutions proposées


7.1. Collecte des statistiques et fréquence de production des rapports
7.2. Lacunes et faiblesses du cadre juridique
7.3. La saisie et le traitement
7.4. Le personnel
7.5. Les relations entre la DEP et les opérateurs économiques


7.1. Collecte des statistiques et fréquence de production des rapports


7.1.1. Le secteur de l'exploitation forestière
7.1.2. Le secteur de la regénération
7.1.3. La transformation
7.1.4. L'évacuation des produits forestiers
7.1.5. L'exportation
7.1.6. La gestion de la faune
7.1.7. Les autres produits forestiers
7.1.8. Participation du secteur forestier a la constitution de certains agrégats macro-économiques


Après avoir passé en revue les besoins exprimés par les principaux utilisateurs des statistiques forestières congolaises, puis examiné l'ensemble des rapports statistiques produits par le secteur forestier, donc disponible sur simple demande de la Direction des études et de la planification du ministère de l'Économie forestière, notre démarche consiste, dans le présent chapitre, à exposer la forme, le contenu et la fréquence de publication des rapports que ce ministère devrait, selon nous, produire et mettre à la disposition des clientèles nationales et internationales intéressées.

D'emblée, nous recommandons le maintien d'un certain nombre de rapports annuels en raison du rôle de "mémoire administrative" qu'ils jouent finalement, tant au pallier régional que national. Le tirage de ces document pourra même demeurer relativement limité, tenant compte que leur contenu - nous faisons ici allusion aux rapports des Directions régionales et au rapport annuel de la Direction des études et de la planification - n'auront plus finalement qu'une importance limitée.

Nous recommandons fortement la publication d'un rapport mensuel du type tableau de bord qui devra être diffusé auprès de tous les décideurs des secteurs publics, mixte et privé dès les premiers jours suivant la fin de la période observée.

Sans revenir sur la philosophie exposée précédemment, il faut rappeler que la production des documents statistiques ne se justifie que s'il respectent les contraintes de temps, de régularité et de simplicité et qu'ils ne sont utiles qu'à la condition que leurs contenus permettent d'éclairer à temps les décideurs.

Pour en faciliter la production, ce tableau de bord ne comportera qu'un nombre limité d'informations, dont des renseignements présentés sous la forme d'indices.

7.1.1. Le secteur de l'exploitation forestière

- Les contraintes, les moyens et les recommandations:

L'exploitation forestière se situe en aval de toutes les activités du secteur. Tel qu'exposé antérieurement, en raison d'une part de l'éloignement des chantiers d'exploitation et de l'éparpillement spatial des entreprises et, d'autres part, des limites observées à l'égard des ressources financières et humaines disponibles, nous recommandons:

A: - le maintien du rapport trimestriel sur le volume de bois récolté par chacun des exploitants sur chacune des unités forestières où ils détiennent des contrats d'approvisionnement.

Cette recommandation s'appuie notamment sur la relation directe qui existe entre ce rapport trimestriel et, d'une part, la perception des droits de coupes et autres impôts reliés à l'exploitation forestière, et d'autre part, la mise à jour des inventaires forestiers.

Le rapport trimestriel devra nécessairement être produit par le personnel des Directions régionales du ministère de l'Économie forestière, dans le cadre de missions de contrôle et de vérification des chantiers de chacun des exploitants. Un calendrier de travail doit être établi afin de bien planifier cette activité. Le ministère devra considérer le respect du calendrier de travail comme une de ses priorités. En outre, le Secrétaire général devra signifier à chacun des Directeurs régionaux des attentes précises à l'égard de la production de ces rapports trimestriels dans des délais impartis.

B: - la production d'un indicateur de l'exploitation forestière, lequel sera publié mensuellement, accompagné d'autres renseignements, le tout épousant la forme d'un tableau de bord.

De l'ensemble des activités d'exploitation, l'indicateur ci-haut mentionné ne retiendra qu'un seul renseignement: le nombre de personnes embauchées d'un nombre limité d'exploitants durant la période étudiée. Afin de faciliter la production de cet indice, nous recommandons que seulement cinq entreprises d'exploitation forestières soient initialement visées, à savoir:

· C.I.B.
· SOCOBOIS
· FORALAC
· UAIC
· SOFORIB

Ensemble, ces cinq entreprises assurent une part très importante de la récolte des grumes, des rondins et des poteaux. Pour chacune de ses sociétés, le nombre moyen mensuel des employés effectivement à leur service durant les cinq dernières années (1986-1990) équivaudra à l'indice 100.

Ainsi toute variation mensuelle aura par effet d'influencer l'indice, qui réfléchira donc l'état de santé du secteur.

En raison du nombre très limité de renseignements requis pour produire l'indice, cette information devra être rendue publique dans les premiers jours qui suivent la fin d'une période de référence.

Au besoin et au fur et à mesure que naîtront et disparaîtront les entreprises d'exploitation forestière, le Service de la statistique pourra faire évoluer le nombre d'entreprises visées par l'indicateur; afin que l'indicateur conserve sa valeur indicative, on devra s'assurer que l'ensemble des entreprises ainsi ultérieurement retenues conservent un poids relatif comparable.

C: - en outre des deux rapports déjà décrits, le personnel des Directions régionales se chargera de compléter une fiche de renseignements de base sur chaque opérateur économique oeuvrant dans le secteur de l'exploitation forestière (annexe C. I.).

Nous recommandons que le contenu de ces fiches soit repris dans le rapport annuel de la Direction des études et de la planification; ces informations devront néanmoins y être traitées dans une forme analytique afin de respecter le caractère nominatif qu'ils comportent sous forme de fiche.

D: - enfin, la DEP devra produire à chaque trimestre un rapport sur les volumes récoltés dans chacune des UFA du pays et en fournir régulièrement les résultats au personnel chargé de mettre à jour les inventaires forestiers.

Ces statistiques sur la récolte ont une importance vitale sur la gestion rationnelle et durable de la ressource et sur le maintien à long terme de l'activité économique qui a fait de l'exploitation forestière un des plus importants générateurs d'emplois au Congo.

Il est ici essentiel de rappeler que les statistiques sur la récolte permettent de réévaluer sur une base permanente les volumes disponibles dans chacune des unités forestières sous aménagement; elles favorisent l'identification précoce de tout indice pouvant décrire une récolte supérieure à la capacité de regénération naturelle de la forêt. Grâce à ces statistiques trimestrielles, le Service des forêts pourra tenir à jour les plans de gestion de la ressource de chacune des UFA; il pourra ainsi mieux conseiller les décideurs publics sur l'état de la disponibilité de la ressource ligneuse.

7.1.2. Le secteur de la regénération

Le domaine forestier artificiel couvre une superficie suffisamment vaste pour s'y intéresser. Les activités qu'on y pratique sont essentiellement de trois ordres:

- plantation
- exploitation
- recherche

Le nombre d'opérateurs économiques de ce secteur est relativement limité - l'Unité d'Afforestation Industrielle du Congo (UAIC) et le Service National de Reboisement (SNR).

Les contraintes et moyens

Les deux opérateurs économiques sont dotés d'un siège social bien pourvus en ressources humaines et matérielles. Tous deux font annuellement un exercice de planification et publient un rapport annuel décrivant l'ensemble de leurs activités.

A l'égard de la production de statistiques, ces deux opérateurs économiques ne présentent aucune contrainte identifiable.

Les recommandations

A: - Nous recommandons que le volume mensuel des produits forestiers exporté par l'UAIC et le SNR soit indiqué au tableau de bord mensuel.

B: - Nous recommandons que les autres statistiques de ce secteur soient collectées une fois par année dans le cadre de la mise à jour de la fiche-entreprise.

Par cette fiche annuelle (annexe A.2), les opérateurs économiques seront notamment invités à faire, état des superficies mises en production, de la densité moyenne appliquée par essence dans leurs travaux d'afforestation, des superficies mises en exploitation, du volume de bois récolté, ainsi qu'une description sommaire des travaux de recherche réalisés et en cours:

· Champs de recherche
· Objectifs
· Personnes/ressources affectées
· Budget imparti durant l'année écoulée.

7.1.3. La transformation

Le secteur congolais de la transformation est composé d'un nombre limité de grandes entreprises de sciage, déroulage et découpage du bois et de production de contreplaqué.

Au côté de ces grandes entreprises modernes gravitent un bon nombre de micro-entreprises du secteur informel qui approvisionnent une partie non identifiée du milieu artisanal (construction, menuiserie, ameublement). En raison de sa problématique générale spécifique, nous traiterons en bloc du secteur informel à la section 7.1.7.

Les autres entreprises du secteur de la transformation ne présentent pas de contraintes particulières: pour la plupart, ces usines sont facilement accessibles par le personnel des Directions régionales. En outre, elles appliquent des procédures comptables qui leur permettent d'obtenir rapidement réponses à la plupart des demandes de renseignement.

Tenant compte de ce qui précède, nous recommandons, à l'égard de ce secteur d'activité, la production des rapports statistiques suivants:

A: l'établissement d'un indice mensuel basé sur la quantité de grumes entrant en usine durant la période observée.

La valeur initiale de l'indice de chacune des usines s'appuiera sur le volume total des grumes (toutes essences confondues) entrées à ces usines durant les cinq dernières années (1986-1990) divisé par soixante (60) mois. Cet indice permettra, à chaque mois de connaître le niveau d'activités des usines du secteur moderne. Il permettra en outre de déceler très rapidement les ralentissements significatifs au niveau de la transformation, bien avant que leurs impacts sur l'exploitation ou sur les entrées de devises ne soient ressentis.

B: la production d'un rapport trimestriel sur les principales activités de chacune des entreprises de transformation du secteur moderne.

Ce rapport devrait, à notre humble avis, présenter pour chaque exploitant d'une usine de transformation les informations suivantes:

- Nombre d'employés:

· nationaux;
· expatriés.

- Volume des grumes entrées en usine:

· par essence selon les qualités du produit brut;
· par fournisseur/exploitant.

- Volume des produits transformés:

· par type de produit part de la production destinée à l'exportation
· part de la production destinée au marché intérieur.

C: Les entreprises de transformation devront être traitées de la même façon que les autres opérateurs économiques dans le rapport annuel de la Direction des études et de la planification; une fiche sera également mise à jour à chaque année par le personnel des Directions régionales et son contenu sera transmis à la Direction des études et de la planification.

7.1.4. L'évacuation des produits forestiers

Les experts conviennent que la contrainte majeure au développement de l'exploitation forestière au Congo demeure le système de transport et plus spécialement la limitation de la capacité effective d'évacuation des grumes et des produits finis par le tronçon Brazzaville-Pointe-Noire du C.F.C.O.

Dans le document d'orientation du PAFT-CONGO présenté en Avril 1989, J. Estève estime "au maximum dans les conditions optimales à 700.000-750.000 tonnes par an" la capacité du tronçon principal C.F.C.O.

Par ailleurs le relief particulier du Congo et le déploiement de ses principaux axes de développement ont pour conséquence, à l'égard du secteur forestier, d'obliger la manipulation et le transbordement à plusieurs reprises des produits avant qu'ils n'atteignent leur destination finale.

Les moyens de transport utilisés impliquent un important parc de véhicules, grumiers, débardeurs, grues, barges, remorqueurs, wagons, locomotives, chargeurs, etc. L'ensemble de ces équipements est sous la responsabilité d'administrations diverses, privées, mixtes ou publiques. Pour l'ensemble des décideurs du secteur, il est essentiel de connaître l'état de fonctionnement général de ce matériel roulant ou flottant afin, autant que possible, de prévenir tout blocage, sinon de réagir rapidement lorsque ce système complexe présente des signes de faiblesses.

Le schéma de la circulation du bois au Congo

Il est tout aussi essentiel pour ces mêmes décideurs d'examiner sur une base régulière le volume des produits forestiers qui circulent ou séjournent aux principales articulations de ce vaste et complexe système d'évacuation des produits forestiers.

Une série de rencontres avec les principaux acteurs de ce secteur a permis de dresser les constats suivants:

- Des statistiques décrivant le volume des grumes et produits transformés sont constamment mis à jour aux sites névralgiques suivants:

- par chacun des exploitants:

· aux sites de mise à l'eau des grumes;
· au port fluvial d'embarquement du bois transformé;

- par les exploitants, les transporteurs, les transitaires et les autorités portuaires:

· au site de rassemblement de radeaux de Maluku;
· au port de Brazzaville.

Ces statistiques sont disponibles à chaque semaine en assistant à la réunion que tiennent les principaux intéressés, le samedi matin au port de Brazzaville. Une liste informatisée est alors remise aux intéressés par M. Christian FOUCHECOURT, de la C.I.B.

La qualité de l'information statistique ainsi diffusée peut cependant être mise en cause, puisqu'elle s'appuie essentiellement sur les manifestes complétés par les expéditeurs. Ceux-ci n'ont en effet que d'excellentes raisons pour sous-estimer le volume de leurs expéditions, puisque ces estimations sont retenues sans autre vérification pour la facturation ultérieure des coûts du transport fluvial, du transbordement et des taxes portuaires. Il est vrai qu'aucun cubage n'est fait par une autorité indépendante des exploitants forestiers avant Pointe-Noire où chaque wagon grumier est pesé avec son chargement, puis chaque bille y est ensuite mesurée par la SOCOMAB.

Compte tenu de ce qui précède, nous recommandons que l'évacuation des produits forestiers soit prise en compte par les rapports suivants:

A: Informations à intégrer au tableau de bord mensuel:

- Rapport sur l'évacuation du bois par le chemin de fer en s'appuyant sur le rapport produit mensuellement par la Direction commerciale de l'ATC-CONGO. Ce rapport comporte plusieurs tableaux et des séries chronologiques. Seulement deux statistiques nous apparaissent essentielles: le volume de produits forestiers (sciage et déroulage/placage) et le volume des grumes déplacées vers Pointe-Noire.

- Un bref rapport sur l'évolution des stocks de bois transités par la voie fluviale. Ce rapport est produit à chaque semaine et saisi sur informatique par M. Christian FOUCHECOURT, de la C.I.B. Les seuls renseignements utiles sont les volumes totaux des grumes et des produits: finis en transit sur la voie fluviale, à Maluku et au port de Brazzaville.

- Le volume des produits forestiers expédiés par le port de Pointe-Noire; cette information est disponible à chaque mois, à la fois par essence et par qualité, auprès du service des statistiques de la Douane, à Brazzaville (M. Joseph MVOUAMA).

- Le volume des grumes stockées dans les parcs sec et flottant du Port de Pointe-Noire; un rapport informatisé, mentionnant la part de chacun des clients, est disponible auprès de la SOCOMAB.

B: Rapport trimestriel:

Nous recommandons qu'un rapport trimestriel plus détaillé soit produit en intégrant les informations suivantes:

- L'évacuation des grumes de la voie fluviale par exploitant; ce renseignement permet d'évaluer le volume de bois en provenance du Congo, du Cameroun et de la RCA. Ce rapport est disponible sur fichier informatique auprès de la C.I.B.

- Le volume des grumes en transit sur la voie fluviale; information disponible auprès de la même source que les renseignements précédents.

- Le volume des produits forestiers, par essence et par qualité, expédiés du Port de Pointe-Noire; il s'agit d'un compilation à produire en additionnant simplement les trois rapports mensuels produits par le Service de la statistique des Douanes.

Le délai de production de ce rapport trimestriel permettra la mise à jour essentielle des statistiques diffusées dans le tableau de bord mensuel.

C: Rapport annuel:

Les totaux obtenus des quatres rapports trimestriels permettront d'obtenir les principales informations requises pour la production du rapport annuel.

- En outre, nous recommandons que soit intégré au rapport annuel une analyse des variations de capacité de l'ensemble du système de transport de produits forestiers, notamment:

- pour la voie fluviale:

· le nombre de barges, de remorqueurs et de bateaux utilisés pour le transport du bois qui sont en état de fonctionnement;

· le nombre d'unités qui ont été retirées durant la période d'analyse;

· le nombre de nouvelles unités entrées en service.

Tous ces renseignements sont disponibles auprès de M. Jean REINHARDT, à l'ATC-Transports fluviaux.

- pour les chemins de fer:

· évolution du parc de wagons-grumiers;
· évolution du parc de locomotives.

- pour les équipements de manutention:

· évolution du parc de grues fixes et mobiles destinées à la manutention des produits forestiers aux installations portuaires de Brazzaville et de Pointe-Noire.

· évolution du nombre de chargeurs sur roues en état de fonctionnement aux ports de Brazzaville et de Pointe-Noire.

Ces renseignements sont disponibles auprès des autorités portuaires et des entreprises suivantes qui assurent la manutention:

· SOCOMAB: Pointe-Noire
· SOAEM: Brazzaville
· PONTECO: Brazzaville
· MANUCONGO: Brazzaville

7.1.5. L'exportation

La mission a examiné la situation de la collecte des statistiques à l'exportation dans le contexte des profondes mutations que l'État impose à l'Office Congolais des Bois. Jusqu'à maintenant, toutes les statistiques relatives à l'exportation et à l'évolution des prix étaient produites par l'OCB.

Selon le document intitulé "Restructuration de l'Office congolais des bois (OCB)" produit par le ministère de l'Économie forestière, la nouvelle structure de l'OCB devra notamment:

- Suivre l'évolution de la conjoncture du marché international du bois afin de permettre aux PME forestières, notamment aux opérateurs privés nationaux, de mieux placer leur production sur les marchés, et à l'Etat, de tirer un meilleur profit de l'exploitation de ses ressources;

- Contrôler la qualité et la quantité du bois destiné à l'exportation;

- Tenir des statistiques pour un meilleur suivi de l'activité;

Ce changement d'attributions aura un effet sur les structures mêmes de la Direction régionale du Kouilou du ministère de l'Economie forestière. En effet, afin d'éviter un double emploi, la Brigade de conditionnement et d'agréage du port de Pointe-Noire doit bientôt être abolie.

En outre de l'OCB, il existe deux autres sources fiables de statistiques sur les exportations de grumes, de rondins et de produits forestiers transformés.

- la SOCOMAB produit à chaque mois un rapport informatisé sur les volumes en transit au Port de Pointe-Noire et sur les volumes chargés à bord des cargos. Ces rapports ne distinguent cependant pas les essences, ni les qualité.

- Le bureau des Douanes du Port de Pointe-Noire publie, en s'appuyant sur les manifestes préparés par la SOCOMAB, produit à chaque mois un rapport statistique informatisé portant sur les volumes (par essence et qualité) des produits forestiers exportés, ainsi que sur les prix "FOB plage" déclarés par les exportateurs.

A l'égard de chacune des ces sources d'information, certains pourraient opposer une série de critiques en rapport avec les méthodes de cubage, de comptabilité ou autres; mais à moins d'entreprendre une nouvelle série de vérifications, nous croyons que la vérité statistique se situe en quelque part dans la moyenne qu'on peut tirer de ces trois sources.

Nous recommandons que ces trois sources d'informations statistiques soient observées sur une période relativement longue, une ou deux années et, si nécessaire pour atteindre la précision souhaitée, qu'un indice correcteur soit appliqué à la source dont les rapports seront publiés à la fréquence mensuelle la plus stable, le tout en fonction des objectifs recherchés et des contraintes de temps et de régularité évoquées en introduction.

Le ministère de l'Économie forestière aurait souhaité que la mission examine attentivement l'ensemble des sources statistiques reliés aux qualités et prix des bois afin de le conseiller sur les lacunes pouvant entraîner des fraudes. Cet aspect n'était pas prévu dans les termes de référence de la mission. De plus, le temps imparti pour la mission et les moyens requis pour réaliser efficacement de telles observations n'autorisaient pas un tel examen. Il apparaît cependant évident, puisque les niveaux de prélèvement appliqués par l'Etat les en incite directement à agir ainsi, que certains exploitants forestiers ont tendance à sous-evaluer la qualité des grumes qu'ils destinent aux marchés. La vérification régulière de la qualité déclarée pour les produits exportés pourrait devenir la nouvelle attribution des employés de la Brigade de Pointe-Noire, après recyclage adéquat, bien entendu.

Il faut par ailleurs noter que le biais faisant l'objet des interrogations du ministère de l'Économie forestière est directement généré par l'existence d'un niveau de taxation axé sur la qualité des grumes. En remplaçant cette approche fiscale par une taxe uniforme, donc sans égard à la qualité, appuyée occasionnellement par une vérification par échantillonnage, le ministère éliminerait sans doute ce biais.

Les recommandations:

A l'égard des activités reliées à l'exportation, nous recommandons que les rapports suivant soient produits:

A: Un rapport mensuel mentionnant le volume exporté durant la période sous analyse, toutes essences confondues, auquel on ajoutera le total cumulatif depuis le début de l'année et le volume du mois précédent; le rapport mentionnera également le prix moyen mensuel obtenu pour l'essence la plus exporté, l'okoumé. Ces statistiques seront intégrées au tableau de bord déjà évoqué.

Les informations requises pour le rapport mensuel sont déjà disponibles auprès, dans l'ordre, du ministère des Douanes, de la SOCOMAB et de l'Office congolais des bois

B: Une série de tableaux à intégrer aux rapports trimestriels de la Direction des études et de la planification, lesquels indiqueront les volumes exportés par essence et qualité et les prix moyens obtenus, également par essence et qualité, de même que les pays destinataires.

Les statistiques requises ci-haut sont déjà disponibles auprès de l'Office congolais des bois.

C: La même série de tableaux portant sur la durée de l'année écoulé, avec des séries chronologiques pour chaque essence et pour chaque pays.

7.1.6. La gestion de la faune

L'exploitation de la faune est régie par les lois 48/83 et 49/83 du 23 Avril 1983 et par le décret n° 85/879 du 6 Juillet 1985 portant application de la loi 48/83. Ces textes définissent les conditions d'exploitation et de conservation de la faune sauvage, déterminent les saisons et les zones d'exploitation, de même qu'ils délimitent les zones de protection en parcs nationaux et zones d'intérêt cynégétique. Les règlements fixent par ailleurs les conditions d'émission des permis de chasse, par catégorie de gibiers et par types de chasseurs.

Les responsabilités de l'application des lois et règlements et de lutte contre le braconnage incombent à la Direction de la Conservation de la Faune (DCF), à la Direction du Projet d'Inventaire et d'Aménagement de la Faune (DPIAF) et aux Directions régionales de l'Economie forestière. Le personnel affecté à l'ensemble des tâches reliées à la conservation de la faune se résume à environ 80 employés, autant pour la gestion des programmes de conservation de la faune que pour assurer la protection et la mise en valeur de parcs, réserves et zones de conservation qui totalisent une superficie de plus de 1.500.000 ha. A ces employés s'ajoutent la dizaine d'agents de la conservation de la faune rattachés aux Directions régionales du ministère de l'Économie forestière.

Les rapports statistiques produits jusqu'à maintenant au sujet de l'exploitation de la faune se résument à:

- statistiques sur la délivrance des permis:

· par type de clientèle: nationaux, résidents, touristes;
· par type de chasse: petite chasse, grande chasse;
· permis spéciaux de détention d'animaux vivants.

- statistiques sur l'exportation de produits de la faune.
- statistiques sur les trophées.
- statistiques sur la fréquentation du Parc Zoologique de Brazzaville.

Les contraintes:

Le mode de gestion de ce secteur, et plus particulièrement l'approche générale reliée à la collecte des statistiques n'ont pas permis et ne permettront jamais de faire mieux.

Des permis de chasse sont mis à la disposition des gens qui en font la demande et en assume le prix. Après l'abattage du gibier, le chasseur doit présenter son carnet de chasse à un agent qui y consignera le nombre et les espèces des animaux abattus. En retour, l'agent percevra une taxe d'abattage pour chaque animal abattu. Puis, à la fin de la saison de chasse, les carnets devront être retournés à la Direction régionale du ministère de l'Economie forestière. C'est grâce à l'examen des carnets de chasse ainsi récupérés que sont collectées les statistiques sur les prélèvements.

Malgré toute la bonne volonté que le personnel affecté à la conservation de la faune voudrait y mettre, l'approche retenue mène directement aux résultats que l'on obtient, à savoir:

- D'une part, pour la population rurale, la chasse constitue une activité de subsistance et seulement une infime minorité de chasseurs acceptent de se procurer un permis dont le coût relatif, compte tenu de l'indice de richesse des Congolais, est très élevé, à savoir, pour les nationaux:

- grande chasse: 50.000 F.CFA
- petite chasse: 15.000 F.CFA

- Dans toutes les sociétés, le pire moyen de collecter des statistiques est d'associer le processus avec la collecte d'une taxe. Il s'agit d'un phénomène tributaire de la culture universelle.

- Les statistiques produites à chaque année sont recueillies auprès des seuls détenteurs de permis de chasse, lesquels se recrutent essentiellement parmi les expatriés vivant en territoire congolais.

A ces constats, s'ajoute celui que personnel affecté à la conservation de la faune ne dispose pas de moyens financiers et matériels - de véhicules notamment - suffisants pour exercer le mandat qui lui est dévolu. Les ambitions du pays à l'égard de la conservation de la faune apparaissent démesurés par rapport aux moyens qu'il semble disposé à mettre en oeuvre pour les réaliser.

Les besoins exprimés:

En outre des aspects déjà couverts par l'expertise du collègue J.P. VON DER BECKE2, les besoins identifiés par le personnel affecté à la conservation de la faune sont:

- Une étude portant sur le volume des viandes de gibier vendues sur les marchés publics des principaux centres urbains du pays, et plus particulièrement à Brazzaville et Pointe-Noire

- Une étude sur le nombre d'armes à feu possédées par les citoyens et résidents du Congo. Tout au moins souhaite-t-on collecter, auprès du ministère des Douanes ou autrement, le nombre d'armes et de munitions importées et/ou fabriquées par le secteur formel au Congo.

2 VON DER BECKE J.P., Conservation de la faune, PAFT-CONGO, décembre 1990, 88 pages

Le personnel affecté à la conservation de la faune souhaite par ailleurs que soient mieux mis en évidence les résultats de son travail auprès des contrevenants par la publication annuelle de statistiques sur les infractions constatées et les saisies d'armes et des fruits du braconnage. Le consultant endosse cette demande d'autant plus que ces statistiques sont généralement contenues dans les rapports des Directions régionales du ministère de l'Économie forestière.

Une approche à repenser

Bien que l'aspect qui sera traité ci-après risque d'outrepasser les termes de référence du mandat confié à l'expert en statistique, les suggestions qui suivent visent à favoriser la collecte de statistiques plus pertinentes sur les prélèvements.

Dès son émancipation, la république du Congo a mis en place une approche de conservation de la faune axée sur la répression, suivant en cela l'exemple de la France, voire même de la plupart des pays européens. Une telle approche est apparue la plus valable pour des pays qui sont caractérisés par une forte densité de population et surtout d'une population qui, depuis des générations, ne s'appuie plus sur la cueillette et le braconnage pour assurer sa survie.

Or, le Congo est caractérisé par une très faible densité de population; en outre, cette population est composée de gens qui ont toujours pratiqué la chasse comme moyen de survie. Pour ces gens qui vivent en pleine forêt, voire même à la périphérie des villes congolaises, la conservation de la faune, puis l'État et tout son attirail de lois, règlements et permis, tout cela apparaît désincarnés de leur réalité quotidienne. Tant et si bien que, dans leur réflexes conditionnés, la seule activité qui est vraiment réprimée, c'est de se faire verbaliser une infraction par un agent de conservation de la faune.

Il existe d'autres approches que la répression pour assurer conservation de la faune. Certaines méritent qu'on y consacre quelques lignes, ne serait-ce ici pour s'assurer que les statistiques traduiront des réalités plus réalistes. Dans les pays à faible densité de population, les États ont toujours éprouvé des difficultés à protéger adéquatement la faune.

Certains états du nord de l'Amérique ont pour leur opté, pour cause, en faveur d'une approche plus participative. Une telle approche permet de partager les tâches reliées à la conservation. L'État confie donc à un entrepreneur privé ou papa-public le soin de gérer et d'exploiter en son nom et à son profit un territoire de chasse et de pêche sportive dont la superficie ne dépasse généralement pas 100 km². Cet entrepreneur privé ou cette société appartenant à ses membres sont sélectionné par concours en retenant notamment ses qualités de probité et son respect de la nature. On leur confie le mandat d'exploiter un territoire de chasse à des fins lucratives, d'y installer et ou entretenir les équipements et infrastructures essentielles à l'accueil des chasseurs, lesquels, lui versent une allocation quotidienne en retour de ses services. L'exploitant s'engage en outre à collecter des statistiques sur le nombre de chasseurs et le nombre de bêtes abattues.

Le territoire ainsi confié à un exploitant est soumis à un contingentement des prélèvements établis annuellement. Sur ce territoire, l'exploitant a le mandat de faire respecter les lois et règlements en vigueur et ce dernier est soumis à des inspections régulières. Il est également soumis à une autre loi encore plus incontournable: s'il n'est pas suffisamment vigilant, le gibier de son territoire se fera de plus en plus rare, situation qui ne lui assurera plus son gagne-pain, puisque les chasseurs-clients seront alors plus attirés par d'autres territoires de chasase que le sien.

Il s'agit, par analogie, de la même approche que celle retenue au Congo dans les activités d'exploitation de la matière ligneuse.

Si cette approche était retenue, le rôle des agents de la conservation de la faune deviendrait inévitablement beaucoup moins répressif. Il consisterait surtout à éduquer et sensibiliser la population et à s'attaquer avec acharnement au commerce des fruits du braconnage.

D'autres approches visant à faire participer la population rurale à l'exploitation et à la conservation de la faune mériteraient également un examen plus attentif, dont:

- La création d'organismes villageois voués à l'exploitation de la faune dans une perspective durable, y compris à l'approvisionnement rationnel des populations en viande de gibier;

- La formation d'associations régionales de chasseurs dont le mandat consisterait notamment à sensibiliser leurs membres à la nécessité de ne pas abuser de leurs privilèges.

Ces deux types de structures, locales ou régionales, pourraient participer à l'amélioration de la connaissance sur le volume annuel des prélèvements.

Il est utile ici de rappeler que l'approche de gestion de la faune retenue par le Congo ne lui sied guère, à moins que l'État juge acceptable de doubler le nombre d'agents des forces de répression et de mettre à leur disposition des équipements et véhicules susceptibles de faciliter leur travail.

D'ici là, et tenant compte de la pénurie généralisée de moyens, l'Etat devrait peut-être envisager de mieux partager avec son personnel le fruit des amendes que ses agents réussissent à verbaliser. Ce partage devrait s'établir sur les bases suivantes:

· 70 % transmis à la trésorerie centrale du MEF

· 15 % remis à la Direction régionale pour lui permettre de mieux entretenir son parc de véhicules.

· 15 % versé aux agents de la conservation de la faune de la Brigade qui a verbalisé l'infraction afin de récompenser leur perspicacité, laquelle se traduit souvent par du travail au delà des heures requises, et leur permettre de se doter eux-mêmes de moyens - vélo ou cyclomoteur - facilitant leurs déplacements.

Recommandations:

A l'égard du secteur de la conservation de la faune, nous recommandons à la Direction des études et de la planification de réaliser les deux études suivantes.

· Une étude visant à évaluer avec précision le volume de viande de gibier mis en vente sur les marchés publics de Brazzaville et de Pointe-Noire.

· Une étude visant à établir le nombre d'armes à feu détenues par les résidents au Congo.

Nous recommandons également:

- A: Une analyse annuelle du nombre d'armes et de munitions importées et ou fabriquées par le secteur formel congolais.

- B: L'examen de diverses alternatives visant à mieux gérer l'exploitation de la faune.

- C: La publication annuelle des statistiques sur les infractions et saisies d'armes et de viande de gibier.

7.1.7. Les autres produits forestiers

La collecte de statistiques concernant les autres produits forestiers pose généralement problème, non seulement dans les pays en voie de développement, mais également en pays développé.

En Afrique, les activités économiques relatives à l'utilisation de ces produits sont généralement assimilées au secteur informel. Pourtant, les activités attribuées à ce secteur sont visibles; le nombre d'acteurs est mesurable dans sa globalité, ou même divisible en sous-secteurs, mais l'impact économique de ces activités est toujours difficilement saisissable.

En rapport avec la forêt, on doit généralement identifier au secteur informel les activités suivantes:

Les activités réliées à l'exploitation, qui sont de trois ordres:

- les produits ligneux: cette catégorie regroupe les principaux produits suivants:

· le bois de chauffe
· le bois destiné à la production de charbon
· les grumes pour le sciage
· les produits utilisés en vannerie.

- les produits non-ligneux:

· les noix, amandes, miel, fruits pulpeux
· les feuilles-légumes

- les produits de la forêt utilisés en pharmacopée traditionnelle.

- les produits de la chasse.

Les activités reliées à la transformation primaire des produits ne sont pas sans intérêt, puisqu'il s'agit surtout de:

- charbon de bois, et
- planches et matériaux provenant des "scieurs pirates".

Les produits issus d'une seconde transformation sont: principalement:

- les meubles
- la vannerie
- le résultat du travail des charpentiers et menuisiers.

A ces principales activités s'ajoutent toutes les activités tertiaires de transport et de commercialisation des produits, lesquelles génèrent à elles seules au moins autant d'activités économiques que les premières.

Tenter de mesurer sous l'angle de la production l'impact économique de ces activités, et surtout de leur attribuer une part précise dans la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) mobiliserait une armée d'enquêteurs durant plusieurs mois.

Il apparaît plus raisonnable d'appréhender cette réalité par le biais de la consommation. Une enquête sur la consommation du bois de chauffe vient d'être publiée par la Direction des études et de la planification; elle n'est pas dénudée d'intérêt, bien que la méthodologie retenue ne permettait pas une évaluation précise de l'impact du bois de chauffe sur la politique de gestion de la forêt. Pour atteindre cet objectif, il aurait surtout fallu remonter l'ensemble de la filière-bois de chacune des agglomérations importantes du Congo, pour déterminer le provenance effective du bois de chauffe et du charbon de bois, et enfin pour mieux identifier le rôle et le nombre de niveaux des intermédiaires. Nous croyons que la même méthode doive être retenue pour examiner les filières de chacun des produits et sous-produits ci-haut décrits.

Dans le cadre de la mission, nous avons identifié un nombre limité d'enquêtes portant sur le secteur informel du Congo. Les principales sont:

B.I.T.: Secteur informel et emploi en République Populaire du Congo. Mission d'assistance technique du PECTA, Addis-Abéba, Janvier 1982. (questionnaire utilisé en annexe)

République Populaire du Congo: Étude sur le secteur informel urbain localisée, Office National de l'Emploi et de la Main-d'Oeuvre, Brazzaville, Mai 1989.

Des deux études, on peut retenir que les auteurs recommandent fortement à l'Etat et aux autorités locales de créer un cadre favorable à l'émancipation du secteur informel, de mettre en oeuvre des programmes d'appui limité, puis finalement de sécuriser et de mettre en confiance l'ensemble des agents opérant dans le secteur informel. A cet égard, on recommande la création, au niveau d'un ministère (non identifié) d'une autorité - service ou direction - habilitée à établir des liens, à bâtir des ponts entre l'administration publique et ce secteur.

D'autres études consultées vont dans le même sens; après avoir constaté que le secteur informel est le principal moyen de formation du capital autochtone en Afrique, toutes les études démontrent qu'il faut, dans une certaine mesure, le traiter en douceur tout en évitant tout excès de la tendresse de l'appareil de l'Etat qui, inévitablement, le ferait suffoquer.

Au Ministère de l'Économie forestière, il apparaît que le principal intérêt qu'on éprouve à l'égard du secteur informel soit de faire passer toutes les micro-entreprises au secteur formel pour ainsi mieux s'assurer qu'elles paient des taxes, redevances... et amendes. Plus poliment, l'objectif visé est de s'assurer que ce secteur contribue dans une plus juste mesure à l'effort de reconstruction national. L'effet finit toujours par ressembler à une forme de transfert du coût des revendications d'une couche sociale (les employés de l'Etat) sur les autres couches sociales.

Étude sur la consommation

D'une façon générale, la consommation des produits de la forêt par la population des principales villes du pays n'a fait l'objet d'aucun examen attentif, si ce n'est le bois de chauffe. C'est pourquoi nous préconisons la réalisation d'une vaste enquête sur les habitudes de consommation des citadins congolais, notamment pour les produits suivants:

- les fruits issus des arbres, tels que:

· noix et amandes
· fruits pulpeux

- le miel
- les feuilles-légumes
- les tubercules
- les produits de la forêt utilisés en pharmacopée traditionnelle.
- les viandes de gibier
- les bois d'une façon générale, mais plus particulièrement:

· le bois de chauffe
· le charbon de bois
· le bois de charpente
· les meubles de facture artisanale.

La recherche devra tenter, dans un premier temps, de mieux identifier les sources d'approvisionnement des consommateurs ainsi que les volumes impartis et la valeur de l'activité.

En outre, la recherche devra circonscrire le plus fidèlement possible les principales filières de chacun des trois sous-secteurs suivants:

· bois
· viande de gibier
· autres produits de l'arbre.

La recherche devra enfin examiner l'impact de l'approvisionnement en bois de chauffe des marchés visés sur l'utilisation rationnelle du domaine forestier national. Elle devra également vérifier le niveau d'intégration des industries de transformation du bois, pour leurs sous-produits, dans le marché du bois de chauffe.

Cette vaste enquête pourrait, sous la supervision du Centre Technique Forestier Tropical ou du Bureau International du Travail, être réalisée par le personnel de la Direction des études et de la planification, avec l'appui du personnel des Directions régionales et des Brigades de Brazzaville, de Loubomo et de Pointe-Noire. Aux fins de cette activité, nous recommandons à la FAO d'intéresser des bailleurs de fonds pour un financement spécial de l'ordre de 12.500.000 F.CFA réparti sur une période de 18 à 24 mois.

Le ministère de l'Économie forestière se montre favorable à l'enquête, mais souhaiterait que les budgets soient beaucoup plus généreux de telle sorte que les enquêteurs puissent être dotés de véhicules et vélomoteurs. Voilà à nouveau posé tout le problème de la répartition des ressources matérielles, et plus spécifiquement de la répartition du parc de véhicules du ministère. Le ministère compte en effet un nombre largement suffisant de véhicules, mais ceux-ci sont utilisés exclusivement par ceux qui contrôlent cette caisse qui permet de faire le plein ou de les maintenir en état. Il faudra bien un jour que la direction du ministère ou les bailleurs de fonds tranchent entre véhicules de fonction des directeurs et outils de travail essentiels mis à la disposition de l'ensemble du personnel.

7.1.8. Participation du secteur forestier a la constitution de certains agrégats macro-économiques.

A. Ressources humaines:

Le secteur forestier est une grande source d'absorption de main d'oeuvre à tous les niveaux. Il a régénéré 500 emplois en cinq ans (de 1982 à 1986).

B. Participation du secteur à la formation du PIB.

Avant l'avènement du pétrole, le bois occupait une place de choix dans l'économie du pays. Maintenant sa contribution dans la formation du produit intérieur brut est très faible (1,1 % en 1982 et 1,6 % en 1986).

Cette contribution au produit intérieur brut serait sans doute beaucoup plus consistante si on ajoutait à ce secteur formel, l'activité du secteur informel (bois de chauffe, charbon de bois, vannerie, etc...).

Les moyens mis à la disposition du personnel affecté à la collecte des statistiques, ne leur permettent pas, également, de quantifier un certain nombre d'activités non négligeables dans les chantiers des entreprises forestières:

· l'ouverture des routes
· la construction des ponts
· la construction des locaux sociaux (dispensaires, écoles, etc...) dans les chantiers.

A cela, doit s'ajouter la production du secteur de la faune, difficilement quantifiable par le personnel des Directions régionales en raison notamment du manque de moyens mis à leur disposition.

C. La fiscalité et le secteur forestier

Le secteur forestier occupe une place non négligeable dans les entrées fiscales de l'Etat.

Le ministère de l'Économie forestière, impose aux compagnies forestières deux catégories de taxes:

· les taxes forestières qui alimentent le Fonds d'aménagement et de reboisement (FAR), lequel constitue une des principales sources de financement des activités du ministère de l'Économie forestière. Ces taxes sont imposées sous la forme de permis de surface, de permis de bois d'oeuvre et de permis spéciaux.

· les redevances à l'issue et les amendes transactionnelles constituées de transactions forestières, transactions en matière de chasse, des taxes sur la délivrance des permis spéciaux.

Cette deuxième tranche de taxes, à savoir les redevances à l'usine et les amendes transactionnelles, sont versés dans les caisses de l'Etat selon les textes en vigueur.

7.2. Lacunes et faiblesses du cadre juridique

La loi régissant la collecte, le traitement et la diffusion des statistiques, la Loi 27/82 du 7 juillet 1982 sur la statistique, vise à permettre une meilleure connaissance de l'activité économique et sociale du Congo. Elle oblige notamment tous les agents économiques à s'immatriculer auprès du Centre National de la Statistique et des Études Economiques (CNSEE).

En outre, les articles 10 et 11 de cette loi obligent tous les opérateurs économiques à transmettre sans délais les données statistiques requises par les représentants de l'État et de répondre promptement aux enquêtes statistiques et aux recensements effectués au moyen de questionnaires et autres formulaires.

La Direction des études et de la planification du ministère de l'Économie forestière s'appuie donc sur cette loi pour réaliser ses attributions. Les renseignements ainsi obtenus sont mis à la disposition du CNSEE.

Bien que la législation en vigueur prévoit l'imposition d'amendes aux opérateurs économiques qui ne répondent pas avec exactitude et célérité, les textes d'application de la loi - décret et ordonnance - n'ont jamais été adoptés. Cela signifie que le CNSEE ou tout autre organisme gouvernemental qui s'appuie sur la loi 27/82 pour obtenir des renseignements ne peut contraindre d'aucune façon l'opérateur économique à les lui fournir. Par ailleurs, la loi 32/82 autorise l'imposition d'amendes aux opérateurs forestiers et transformateurs qui ne répondent pas adéquatement et à temps aux questionnaires. Mais le personnel des régions affirme que, la plupart du temps, les procès-verbaux ont par la suite été annulés.

Ces lacunes illustrent un certain manque d'intérêt des pouvoirs politiques à l'égard de la statistique dans son ensemble.

Nous recommandons donc, dans les circonstances, que le gouvernement de la République Populaire du Congo rende applicable cette Loi sur la statistique adoptée il y aura bientôt 9 ans, en procédant le plus rapidement possible à l'adoption des textes habilitants.

Une certaine faiblesse.

Par ailleurs, la loi garantit que les renseignements qui ont ainsi été recueillis par le CNSEE et ses agents sont assujettis au secret statistique et que tous les renseignements nominatifs ne serviront qu'à l'établissement des statistiques; en conséquence, "peuvent seules être publiées, les statistiques suffisamment générales dans lesquelles il n'est pas possible d'identifier une personne morale ou physique, sauf autorisation écrite donnée expressément par la personne intéressée".

Le texte mentionne qu'en aucun cas, les renseignements d'ordre nominatif relatifs à une personne morale ou physique, inscrits sur les questionnaires à l'occasion d'enquêtes ou de recensements, ne peuvent faire l'objet d'une communication en dehors des services chargés de l'enquête où ils sont utilisés.

A titre d'exemple, le Cahier des statistiques forestières, cette publication annuelle de la Direction des études et de la planification, compte un certain nombre de renseignements qui, ailleurs, pourraient être jugés nominatifs. Ce cahier est accessible à toutes les banques faisant affaire sur le territoire congolais.

Dans les sociétés occidentales, la protection du renseignement nominatif revêt une importance primordiale et les citoyens - individus ou citoyens corporatifs - exigent à cet égard des renforcements législatifs et une application rigoureuse afin d'éviter que de telles informations puissent finalement nuire à ceux chez qui on les a requis sous la menance de la loi.

Nous recommandons donc:

- que le texte de la Loi sur la statistique soit renforcé en s'inspirant de l'évolution récente du droit en Occident à l'égard de la protection des renseignements nominatifs.

- que le personnel administratif de l'Etat congolais soit sensibilisé, par l'organisation d'un colloque ou autrement, à la nécessité de mieux protéger, dans l'exercice de leur fonction, les individus et les entreprises contre la divulgation, même à des fins d'apparence administratives, de renseignements nominatifs.

7.3. La saisie et le traitement


7.3.1. Le choix des logiciels
7.3.2. Formation
7.3.3. Mise en garde
7.3.4. Budget
7.3.5. Gestion du parc informatique


La micro-informatique peut offrir des avantages indéniables à la Direction des études et de la planification du ministère de l'Économie forestière. C'est pourquoi nous n'hésitons pas à présenter une recommandation en ce sens auprès des bailleurs de fonds internationaux qui seront invités à appuyer le Plan d'action forestier tropical du Congo.

Par rapport aux anciens gros systèmes informatiques, les avantages de la micro-informatique en Afrique, au Congo en particulier, sont multiples. La possibilité de les utiliser sans condition environnementale spéciale est un avantage important. En outre, ils sont maintenant fiables et relativement peu coûteux.

Autre avantage non négligeable, la micro-informatique offre maintenant des outils puissants - aussi rapide que les récentes générations de gros ordinateurs -, mais aussi des outils polyvalents et accessibles. Ils ne sont plus le refuge exclusif des informaticiens; bien au contraire, ils peuvent devenir très rapidement accessibles aux cadres qui les utilisent directement, donc sans l'intermédiaire d'une secrétaire.

La micro-informatique ne nécessite pas de programmation. Tout au plus, en fonction du niveau d'apprentissage et de connaissances requises pour certaines fonctions répétitives, il est parfois utile d'obtenir d'un technicien en informatique qu'il développe une application particulière, ce qui sera facilement réalisé grâce à la grande convivialité et polyvalence des logiciels et programmes maintenant mis en marché.

La micro-informatique peut contribuer à alléger la plus grande partie des tâches de secrétariat, notamment en ce qui concerne les tableaux de statistiques - ce qui permet de réduire les inévitables erreurs de recopiage - et le traitement de texte.

7.3.1. Le choix des logiciels

Les entreprises de "software" prolifèrent en Europe et en Amérique. Elles offrent généralement de bons produits, bien adaptés à une vaste gamme de situations. Aussi, sur les marchés européens et nord-américains, ces mêmes entreprises offrent - au bout du fil téléphonique - un certain niveau de dépannage lorsque l'utilisateur éprouve des problèmes. L'Afrique est très loin de ce type de fournisseur-dépanneur; il vaut donc mieux choisir des progiciels qui ont déjà fait leurs preuves sur le marché de la micro-informatique.

Les besoins identifiés consistent en des chiffriers-tableurs et un outil de traitement de texte, auxquels devrait s'ajouter un interface-usager permettant d'accélérer le processus d'apprentissage du personnel peu familier avec la micro-informatique. Ceci est d'autant plus important que le ministère de l'Économie forestière ne compte qu'un seul micro-ordinateur - fourni avec le projet PNUD d'inventaire forestier - et finalement un seul usager, donc un seul usage...

Le choix des progiciels a été orienté à la suite d'une consultation auprès de M. Xavier GUIBERT, coopérant français affecté à la mise sur pied du Centre de formation en bureautique au Lycée Technique du 1er Mai de Brazzaville. Ce Centre jouera un rôle charnière dans la formation et l'apprentissage du personnel du ministère de l'Économie forestière; et vice et versa, puisque le projet-informatique que nous recommandons permettra, bien avant que la planification l'eut prévu, au Centre de démarrer un programme de formation continue destiné aux adultes.

· Les chiffriers-tableurs

Plusieurs chiffriers-tableurs bien éprouvés sont offerts sur le marché. Nous en avons choisis deux, dont les fonctions sont complémentaires, mais qui permettent un échange de données: il s'agit de dBase et de M.S. Excel.

Les chiffriers-tableurs sont des feuilles de calcul électronique, conçus à l'origine pour l'élaboration des budgets dans les entreprises. Ils comprennent un grand nombre de lignes et de colonnes qui définissent des cellules dans lesquelles on peut inscrire des mots (descripteurs) et des chiffres.

Le principal avantage qu'ils offrent, par rapport aux tableurs manuels, consiste à inscrire directement dans chaque cellule le mode de calcul requis pour chaque opération. Dès que les chiffres sont saisis dans chacune des cellules, les opérations de mathématique, simples ou complexes, sont réalisées sur le champ, y compris des calculs par itération, ce qui autorise facilement la construction de modèles.

Le choix du progiciel dBase se justifie par le fait qu'il est un des plus puissants tableurs actuellement disponible sur le marché. Son utilisation nécessite cependant des connaissances en informatique de niveau intermédiaire. Mais dès qu'une application est développée, les données peuvent ensuite être saisies en toute sécurité par un employé inexpérimenté.

L'autre tableur retenu, M.S. Excel, est réputé pour sa très grande convivialité et ses capacités graphiques exceptionnelles. Il peut lire tout fichier saisi avec dBase; il peut même traduire toutes les macro-commandes utilisées avec dBase et LOTUS 1-2-3. Une formation de deux ou trois jours permet à un non initié - un cadre par exemple - de dresser tous les tableaux qu'il jugera utile pour traduire une réalité économique; le logiciel peut même présenter le tout avec des histogrammes ou pictogrammes.

Le traitement de texte

Le logiciel de traitement de texte retenu est le M.S. Word. Selon M. GUIBERT, c'est le logiciel de traitement de texte le plus répandu au CONGO, y compris dans l'environnement informatique des IBM-PC et compatibles. Il s'impose donc par les forces du marché.

L'interface-usager

Un seul interface-usager actuellement disponible sur le marché se justifie par les économies qu'il permet dans le processus de formation des utilisateurs de micro-ordinateurs; il s'agit du logiciel M.S. Window 3. En outre, il comporte un logiciel de dessin-graphique permettant d'illustrer certains travaux, de même qu'un éditeur de texte dont l'utilisation est d'une simplicité étonnante.

Le choix des appareils

Tenant compte des besoins identifiés et des logiciels qui seront effectivement utilisés, nous estimons que des micro-ordinateurs utilisant des processeurs de la puissance du Motorola 80286 seraient requis. Afin de tirer le meilleur profit de cette puissance, il est souhaitable que les micro-ordinateurs disposent d'une mémoire vive minimale de 40 mégabytes. Ces appareils devraient être équipés de lecteurs de disquettes 3.5"-5.25" et d'un écran monochrome.

Lés besoins identifiés permettent de croire que deux micro-ordinateurs, couplés en mini-réseau à une imprimante du type EPSON 1050 (ou l'équivalent) suffiraient amplement.

Nous suggérons que des régulateurs de tension électrique soient installés entre ces appareils et le secteur, des variations importantes étant régulièrement observées, lesquelles peuvent mettre en cause la volonté des fabricants/fournisseurs de respecter leur garantie.

7.3.2. Formation

La formation est une étape fort importante et mérite qu'on y consacre toutes les ressources nécessaires. En effet, plusieurs expériences d'introduction de l'informatique dans les administrations publiques africaines n'ont pas obtenu les succès escomptés parce qu'on s'est contenté de former qu'un nombre trop limité d'usagers. Les appareils deviennent rapidement l'apanage exclusif d'un ou deux individus et, dès qu'il y a mutation ou changement au plan de carrière de ces mêmes personnes, les appareils cessent d'être fonctionnels.

Il faut éviter ce genre de situation, et surtout s'assurer que les appareils soient utilisés d'une façon très polyvalente. C'est pourquoi nous recommandons que huit (8) employés du ministère de l'Économie forestière aient accès au programme de formation conçu spécialement pour eux.

Le Centre de formation en bureautique du Lycée technique du 1er Mai, vient d'être mis sur pied, à Brazzaville, sous le direction de M. Xavier GUIBERT. Son financement initial a été assuré par la Coopération technique française. Les locaux sont adéquats et l'équipement est à la fine pointe de la micro-informatique. Situé à faible distance du ministère de l'Économie forestière, ce centre est tout désigné pour dispenser la formation du personnel de la Direction des études et de la planification.

Le programme qu'il est disposé à dispenser s'articule autour des thèmes suivants:

- Initiation à l'informatique;
- Initiation au logiciel MS. DOS;
- Initiation au logiciel Window 3.0;
- Formation de base sur le logiciel de traitement de texte MS Word;
- Formation de base sur le logiciel Excel;
- Formation de base sur le logiciel dBase.

La plupart des employés visés n'ont jamais eu une formation à la frappe sur dactylo; il est donc souhaitable qu'ils aient accès à une initiation au clavier.

Enfin, il y a tout lieu de croire qu'un nombre limité d'employés développeront un intérêt très marqué pour la micro-informatique; il est souhaitable que ceux-ci puissent ultérieurement bénéficier d'une formation plus poussée et que le Directeur des études - et de la planification adapte leur description de tâches de telle sorte qu'on les utilisent ensuite comme formateur auprès de leurs collègues.

7.3.3. Mise en garde

Des mises en garde s'imposent concernant la sécurité informatique en général et la conservation des données statistiques saisies sur informatique. La première mise en garde porte sur la nécessité de conserver en lieu sûr tous les programmes et logiciels souches. En tout temps, les disquettes des logiciels doivent être conservées dans leur boîte, avec les manuels d'instruction et autres documents de référence. Seules des copies doivent être utilisées avec les appareils, le tout dans le plus grand respect des droits des auteurs de ces logiciels.

Une deuxième mise en garde s'impose: tous les fichiers saisis sur les appareils informatiques doivent être copiés sur disquettes et conservés à un endroit sûr. Les copies doivent être mises à jour régulièrement, afin que le fruit d'un très long labeur ne disparaisse à la moindre chute de tension du secteur, ou à la moindre erreur d'un usager de l'appareil informatique.

Le Directeur du service devra en conséquence rédiger une procédure à suivre et s'assurer régulièrement qu'elle est bien respectée. Cette procédure devra essentiellement prévoir que tous les fichiers soient conservés sur deux disquettes, en outre du disque dur, la première sous la responsabilité de l'auteur du fichier et la seconde, bien identifiée: et conservée en un lieu accessible en tout temps par l'auteur et par son chef de service.

7.3.4. Budget

Le budget consacré à l'implantation de l'informatique au M.E.F se divise en trois catégories:

· Achat et installation des équipements
· Formation des futurs usagers
· Entretien des équipements et mise à jour des logiciels.

A: Budget achat/installation:

La mission s'est assurée, en vue d'une implantation des plus harmonieuses, que des entreprises locales, à Brazzaville, puissent vendre l'équipement, assurer le respect de la garantie du fabricant/fournisseur et se porter garant d'un suivi technique constant, notamment si jugé nécessaire, réalisé dans le cadre d'un contrat d'entretien préventif effectué par un personnel compétent, puis par un dépannage rapide avec remplacement des pièces défectueuses.

Dans le respect des conditions ci-haut énumérées, la mission a sollicité deux fournisseurs locaux, qui ont présenté les proforma suivants (après corrections afin de les rendre comparables): (copies en annexe E1 et E2)

- BULL CONGO, Brazzaville.

- Un équipement plus performant que celui sollicité est offert au prix global (TTC) de 6.203.259 F.CFA, incluant les logiciels.

- Société Congolaise d'Approvisionnement (SCAP), Brazzaville.

- Un équipement conforme aux spécifications présentées par la mission est offert au prix (TTC) de 7.628.000 F.CFA.

Les deux fournisseurs se sont engagés à respecter la garantie (pièces et main-d'oeuvre) du fabricant pour la durée d'une année.

En outre des équipements offerts par les proforma, nous recommandons l'acquisition de deux régulateurs de tension et d'ameublements ergonomiques de base pour deux postes de travail, le tout pour environ 1.000.000 F.CFA. En contrepartie, le ministère de l'Économie forestière devra compléter l'aménagement du local qu'il a construit en vue de l'implantation éventuelle de ces équipements.

En tenant compte des inévitables imprévus, nous estimons qu'un budget d'acquisition de l'ordre de 8.500.000 F.CFA serait nettement suffisant.

B: Budget formation:

Un des fournisseurs rencontrés nous a proposé un programme de formation sur mesure qui exigerait, par groupe de quatre (4) étudiants, des déboursés minimaux de l'ordre de 480.000 F.CFA, soit 960.000 F.CFA.

Le programme de formation élaboré avec le Lycée technique du 1er Mai est d'une durée totale de 30 heures, soit dix (10) périodes de trois (3) heures. L'enseignement y serait dispensé dans les locaux très bien équipés du nouveau Centre de formation en bureautique. En raison de la clientèle impliquée, des employés du ministère de l'Économie forestière et de la disponibilité des locaux et équipements, les cours se donneraient en après-midi, entre 14:30 et 17:30 heures.

Le coût du programme de formation, tel qu'établi par le Lycée (voir annexe F3), est de:

600.000 F.CFA pour 4 élèves
750.000 F.CFA pour 8 élèves.

En se conservant une marge de manoeuvre suffisante pour parer aux imprévus, nous avons estimé les budgets requis à 1.000.000 F.CFA, la première année, et à 250.000 F.CFA par année pour les quatre années subséquentes, tenant compte du roulement normal de personnel dans les services gouvernementaux et de l'introduction subséquente de versions plus performantes des logiciels recommandés.

C: Entretien des équipements et mise à jour des logiciels:

On estime généralement, en Europe et en Amérique du Nord, que les coûts d'entretien d'équipements informatiques représentent annuellement 30 % du prix d'achat. Qu'en serait-il au Congo? Les deux fournisseurs consultés ont été invités à soumettre des propositions; un seul, SCAP, a présenté une offre pour un contrat d'entretien global, incluant le remplacement des pièces défectueuses et l'intervention mensuelle systématique d'un technicien.

Le coût proposé: 238.334 F.CFA/mois, soit un budget annuel de 2.860.008 F.CFA. A ce prix, soit 72,8 % du prix initial, il est sans doute réaliste d'envisager plutôt une autre solution, à savoir un fonds d'amortissement annuel, à compter de la fin des garanties des fabricants, établi à 1.000.000 F.CFA par an, soit le prix de vente de deux micro-ordinateurs neufs dans une capitale européenne.

A ce fonds d'amortissement doit s'ajouter un remplacement échelonné des logiciels, le tout évalué à 500.000 F.CFA par an.

7.3.5. Gestion du parc informatique

Nous recommandons que le matériel informatique soit géré par un Service de l'informatique a être créé au ministère de l'Économie forestière. Ce service devrait idéalement comporter quatre employés, soit un chef de service, un employé préposé à la saisie et deux chefs de bureau responsables de la saisie et du traitement des données statistiques. C'est à ce Service que devrait incomber la responsabilité de produire le tableau de bord mensuel sur l'économie forestière. Son personnel pourrait logiquement provenir des économies de postes découlant de l'informatisation de la Direction des études et de la planification.

7.4. Le personnel

En 1982, une firme française de consultants, Techno-Forêt, a examiné le profil des postes du ministère des Eaux et Forêts, aujourd'hui de l'Économie forestière, et a alors proposé la mise en oeuvre d'un programme de formation susceptible d'assurer la réalisation harmonieuse du plan 1982-1986. Ce programme s'adressait essentiellement aux ingénieurs des eaux et forêts et ne comportait aucune proposition particulière pour le personnel de la Direction des études et de la planification.

A l'exception de deux statisticiens, dont un dirige le service de la statistique, d'un sociologue et d'un ingénieur des eaux et forêts, on peut affirmer que l'ensemble du personnel de la Direction des études et de la planification, de même que celui des Brigades de Pointe-Noire, Brazzaville et Loubomo et du personnel affecté à la collecte de statistiques des Directions régionales, a été formé sur le tas.

Tel qu'indiqué à la section 7.3.2, l'introduction de la micro-informatique obligera une partie importante du personnel de la Direction des études et de la planification à se recycler en participant à des programmes de formation. Il nous apparaît cependant souhaitable que le volet développement des ressources humaines ne se limite pas à apprendre le fonctionnement de quelques logiciels.

Il faut surtout que l'ensemble du personnel affecté à la collecte et au traitement des statistiques puissent partager les objectifs de développement qui seront retenus à la suite de l'entrée en vigueur du PAFT-CONGO et bien saisir le sens du virage auquel s'engage le ministère de l'Economie forestière.

Nous recommandons donc que la Direction des études et de la planification prenne les dispositions qui s'imposent pour faire connaître à l'ensemble du personnel du ministère de l'Économie forestière affecté à la statistique les nouveaux objectifs et moyens qu'il entend appliquer, de même que les valeurs de gestion qu'il souhaite partager. Il est aussi important qu'il soit sensibilisé aux dispositions de la Loi sur la statistique concernant le traitement de renseignements à caractère nominatif. Cette formation peut être dispensé dans le cadre d'une réunion annuelle ou d'un séminaire réunissant tout le personnel du ministère affecté aux statistiques.

7.5. Les relations entre la DEP et les opérateurs économiques

La République Populaire du Congo vit actuellement une remise en cause profonde de son idéologie et de ses structures qui aura inévitablement un effet à court et moyen terme sur son mode de fonctionnement et sur la nature des relations que son administration entretiendra dorénavant avec les opérateurs économiques de son territoire. Cette remise en cause se traduira notamment par l'établissement d'un environnement plus favorable à l'éclosion du secteur forestier privé.

Si une simple relation de commandement a pu s'établir et se maintenir entre la Direction des études et de la planification et les entreprises publiques et mixtes, chez qui on pouvait imposer la mise sur pied d'un service de statistiques pour assumer un quelconque rôle d'interface, il s'impose d'emblée que ces approches devront dorénavant être remises en cause.

L'entreprise privée n'a qu'un seul rôle social: générer des revenus pour payer des salaires, rembourser les traites et rémunérer le capital investi. Partout où elle est implantée, elle a un souci profond de réduire ses coûts. Il faudra dorénavant vivre de plus en plus avec cette réalité.

Dans ses rapports avec l'administration, l'entreprise privée tente généralement d'agir en bon citoyen corporatif. Elle obéit aux demandes qui lui sont adressées, en autant que ces demandes lui apparaissent rationnelles et équitables. A contrario, si elle les juge démesurées, elles seront tout simplement mises de côté.

La mission sur les statistiques forestières a rencontré un grand nombre de dirigeants d'entreprises publiques, mixtes, et privées. Dans les rapports qu'elle a entretenue avec des dirigeants d'entreprises privées, on ne lui a jamais signifié qu'il fallait prendre un rendez-vous pour être reçus...

Nous avons cependant fait un constat: les entreprises ont développé, seules ou en collaboration avec d'autres, des systèmes de collectes et d'échange d'informations statistiques d'une quantité remarquable, tenant compte des moyens mis en cause. Tous ceux à qui nous en avons fait la demande ont accepté de nous remettre une copie de leur plus récent rapport; tous acceptent d'en transmettre régulièrement une copie au ministère de l'Économie forestière et certains y transmettent déjà leurs rapports.

On doit comprendre qu'il y a là une occasion à saisir pour établir des relations d'un type nouveau avec tous les acteurs du secteur forestier. Une des façons d'amorcer ce virage est de développer un climat de complicité entre le Direction des études et de la planification et les entreprises forestières, notamment en leur remettant des copies du tableau de bord mensuel et des rapports trimestriels et annuels.

Ils y verront le fruit du temps qu'ils consacrent à répondre aux questionnaires; ils deviendront rapidement plus sensibles à l'exactitude. Si les rapports sont publiés promptement, ils seront incité à respecter les échéances de remise des questionnaires complétés; sinon, c'est l'inverse qui se produira.

Bref, le temps est propice pour la remise en cause du rôle de la Direction des études et de la planification. Par son action, elle doit conseiller tout le secteur forestier, et non plus seulement l'Etat.


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