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2. ACTIONS MENÉES EN MATIÈRE DE CONSERVATION DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES FORESTIÈRES


2.1. BESOINS ET PRODUCTION DE SEMENCES DANS LES PROGRAMMES DE REBOISEMENT
2.2. CONSERVATION IN SITU
2.3. CONSERVATION EX SITU
2.4. AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE

2.1. BESOINS ET PRODUCTION DE SEMENCES DANS LES PROGRAMMES DE REBOISEMENT

Les semences forestières sont perçues comme étant l'intrant essentiel à partir duquel se réalise la production de plants forestiers ou agroforestiers. Il existe une gamme variée de semences utilisées dans les pépinières pour les activités forestières ou agricoles en se fondant sur un nombre de justifications dépendant notamment:

- de l'importance des espèces sur le plan du lieu de distribution écologique à travers le pays;

- du rôle alimentaire ou fourrager aérien en milieu rural;

- du degré de menace de disparition;

- de l'importance du volume de la demande au niveau des programmes de reboisement.

En outre, il a été procédé au classement des principales espèces concernées par la production de semences en trois catégories: (i) espèces prioritaires, (ii) espèces importantes et (iii) espèces secondaires. Les besoins exprimés en espèces prioritaires et importantes sont consignés dans les tableaux 1 et 2.

2.2. CONSERVATION IN SITU


2.2.1. Les forêts classées
2.2.2. Les aires protégées

Elle concerne la conservation des ressources génétiques dans l'écosystème naturel ou originel dans lequel on trouve les espèces choisies (annexe 5). Bien qu'elle soit plus souvent appliquée à des populations générées naturellement, la conservation in situ peut comporter une régénération artificielle lorsque la plantation ou le semis sont faits sans sélection délibérée et dans la zone même où les semences ou autres matériels de reproduction ont été récoltés. A cet effet, avant même l'entrée en vigueur de la Convention internationale sur la diversité biologique, le Sénégal avait défini une politique de conservation in situ matérialisée par la création d'un important réseau d'aires protégées comprenant:

- 242 forêts classées
- 6 parcs nationaux
- 6 réserves
- 3 réserves de la Biosphère
- 3 sites du patrimoine Mondial
TABLEAU 1: BESOINS EN ESPECES PRIORITAIRES

Espèces

Quantités exprimées (kg)

Acacia albida

36

Acacia nilotica var. tomentosa

15

Acacia raddiana

21

Acacia senegal

11

Anacardium occidentale

6 097

Azadirachta indica

22

Balanites aegyptiaca

127

Borassus aethiopium

3 020

Elaeis guineensis

66

Cordyla pinnata

5

Eucalyptus camaldulensis

23

Khaya senegalensis

3

Parkia biglobosa

3

Prosopis africana

20

Prosopis juliflora

138

Pterocarpus erinaceus

5

Tamarindus indica

5

Zizyphus mauritiana

334

Total

9 951

Source: CAPAFRIC, 1996
TABLEAU 2: BESOINS EN ESPECES IMPORTANTES

Désignation des espèces

Quantités exprimées (kg)

Acacia nilotica

26

Acacia seyal

20

Albizzia lebbeck

2

Afzelia africana

4

Bauhinia rufescens

33

Bombax costatum

2

Celtis integrifolia

-

Dalbergia melanoxylon

-

Delonix regia

16

Datarium senegalense

-

Diospyros mespiliformis

-

Eucalyptus microtheca

1

Erythrophleum guineense

2

Gmelina arborea

17

Leucaena leucocephala

57

Parinari macrophylla

-

Parkinsonia aculeata

34

Piliostigma reticulatum

-

Racospermum holocericeum

15

Sclerocarya birrea

-

Sterculia setigera

1

Tectona grandis

-

Terminalia superba

-

Oxytenanthera abyssinica

-

Casuarina equisetifolia

13

Total

243

Source: CAPAFRIC, 1996

2.2.1. Les forêts classées

L'essentiel des classements a été effectué avant l'indépendance du pays. Le nombre de forêts classées s'élève à 242 pour une superficie totale de 10 557 km2. D'une manière générale, les classements ont été effectués pour trois raisons:

- classement pour servir de réserve de bois d'énergie
- classement pour des raisons de conservation des sols
- classement pour la préservation de biodiversité
Ces forêts sont cependant fortement dégradées pour des raisons diverses: exploitation forestière, défrichements, feux de brousse, surpâturage, etc.

Par ailleurs, il convient de signaler l'existence d'un domaine protégé comprenant les formations forestières non classées et non comprises dans les terres de terroirs aménagées à des fins agricoles et pastorales et dont la gestion est confiée aux collectivités locales.

De même, il existe de nombreuses méthodes traditionnelles de conservation in situ. En effet, certaines espèces végétales font l'objet d'une protection intégrale par les populations pour diverses raisons:

- protection par les croyances (totems ou tabous)
- cimetières ou lieux de culte
- parcs agroforestiers

2.2.2. Les aires protégées

· LE PARC NATIONAL DU NIOKOLO-KOBA

Il couvre une superficie de 913 000 hectares avec une végétation constituée de savanes (herbeuses, arbustives, arborées et boisées) et de forêts (claires et galeries). On retrouve dans ces différentes formations forestières près de 1 500 espèces avec une dominance de Pterocarpus erinaceus, Bombax costatum, Erythrophlaeum africanum, Sterculia setigera, Afzelia africana, Combretum glutinosum et Combretum sp. La diversité biologique du Niokolo-Koba en a fait un site du Patrimoine mondial et une Réserve de la Biosphère.

· LE PARC NATIONAL DE BASSE CASAMANCE

Il se caractérise par une forêt de type guinéen avec trois variantes: la forêt dense, la savane boisée et la mangrove. Les espèces les plus courantes sont Parinari excelsa, Pithecellobium altissimum, Chlorophora regia, Detarium senegalensis et Treculia africana.

· LE PARC NATIONAL DES ILES DE LA MADELEINE

Une centaine d'espèces de plantes a été identifiée dans cette île couverte d'une steppe herbeuse. Les espèces ligneuses dominantes sont Adansonia digitata, Jatropha curcas, Zizyphus mauritiana et Tamarindus indica.

· LES RESERVES DU FERLO NORD ET SUD

La zone est caractérisée par des terrains sableux traversés par plusieurs mares temporaires. Le couvert végétal est très pauvre et subit une forte érosion éolienne. On y rencontre une prairie et des savanes arbustives avec Bombax costatum, Pterocarpus lucens, Combretum glutinosum, Acacia sp, Balanites aegyptiaca et Boscia sp.

· LA RESERVE SPECIALE DE POPENGUINE

Avec une superficie de plus de 1 000 hectares, cette réserve jouit d'un statut spécial car elle est cogérée par la Direction des Parcs Nationaux et les populations locales. Les espèces dominantes sont surtout Acacia senegal, Acacia raddiana et dans une moindre mesure Adansonia digitata, Zizyphus mauritiana, Boscia senegalensis et Combretum micranthum.

· LA RESERVE CYNEGETIQUE DE MAKA DIAMA

Elle couvre une superficie de 60 000 hectares et la végétation est dominée par les épineux tels que Acacia sp, Balanites aegyptiaca et Zizyphus mauritiana. On rencontre dans les dépressions d'autres espèces comme Acacia nilotica et Acacia raddiana.

· LA FORET CLASSEE DE SAMBA DIA

Elle couvre une superficie de 80 hectares à proximité de la mer. La végétation est très largement dominée par Borassus aethiopum en association avec Acacia seyal, Combretum glutinosum et Anogeisus leiocarpus.

2.3. CONSERVATION EX SITU

Elle implique le prélèvement de plants ou de matériel de multiplication (semences, boutures, pollen, tissus) de leur site naturel où ils sont menacés pour les conserver dans des sites plus favorables. Cette conservation peut se faire sous forme de banques de gènes, de plantations artificielles ou toute autre forme de collection vivante. Elle constitue un élément essentiel de la conservation des ressources complémentaire de la conservation in situ.

La recherche forestière dispose d'une chambre froide de 35 m3 où plus de trois tonnes de semences des principales espèces forestières sont maintenues. De nombreuses plantations conservatoires ont été réalisées concernant essentiellement Eucalyptus camaldulensis et Microtheca, Tectona grandis, Acacia albida, Anacardium occidentale, etc. De même, il faut signaler l'existence de quelques jardins botaniques et d'arboreta comme moyens de conserver les ressources.

2.4. AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE


2.4.1. Prospection et sélection de provenances
2.4.2. Evaluation des ressources forestières

Les activités d'amélioration ont été focalisées sur la prospection/sélection de provenances, l'évaluation des ressources génétiques notamment par le suivi et la mise en place d'essais provenances/descendances d'espèces prioritaires, la maîtrise de techniques de multiplication végétative et de croisements contrôlés.

2.4.1. Prospection et sélection de provenances

Cette activité a pour objet d'échantillonner des peuplements semenciers d'espèces données dans leur aire de répartition au Sénégal, de procéder à la sélection phénotypique des individus dans les peuplements retenus selon des normes forestières bien définies. La prospection des ressources génétiques pour les espèces concernées a été une activité récurrente afin de constituer des collections aussi représentatives que possible dans les diverses zones éco-géographiques du pays où sont localisées les espèces concernées. Au total, plus de 70 provenances concernant les principales espèces forestières ont été sélectionnées.

2.4.2. Evaluation des ressources forestières

L'évaluation des ressources forestières a pour objectif de déterminer les performances des espèces dans différents systèmes de mise en valeur et par voie de conséquence de sélectionner les espèces, les provenances et les individus qui sont à la fois les plus adaptés et les plus productifs. Les activités ont surtout porté sur l'organisation, la mise en place et le suivi d'essais d'introduction d'espèces, de provenances et de descendances.

Les essais concernent des essais de provenances/descendances d'Acacia senegal (30 ha) et de provenances d'Azadirachta indica (Neem, 10 ha), de Casuarina equisetifolia (8 ha), de Prosopis juliflora (16 ha), de Acacia tortilis subs. raddiana (6 ha), de Zizyphus mauritiana (4 ha), des vergers clonaux d'Eucalyptus camaldulensis (4 ha) et d'Anacardium occidentale (6 ha) ainsi que des parcelles conservatoires de Acacia albida (4 ha).


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