1.1 - La théorie et les concepts géographiques
1.2 - L’approche méthodologique
La notion d’espace est la caractéristique fondamentale de l’approche géographique. L’espace géographique est un espace différencié qui se traduit par une grande variété de paysages concrets. Cette différenciation est introduite à la fois par les données naturelles et par la structure des systèmes mis en place par l’homme. La recherche géographique se propose, d’une part, de connaître et d’expliquer l’organisation spatiale présente, d’autre part, de proposer des solutions aux problèmes de réadaptation que pose périodiquement l’actualité.
Le ravitaillement urbain constitue, dans la théorie géographique, l’une des composantes de l’organisation fonctionnelle de l’espace qui a retenu l’attention des géographes dès la constitution de leur discipline comme science autonome au XIXe siècle. Il s’agissait alors déjà de la question de l’approvisionnement urbain, mais posée du point de vue inverse, celui de la recherche des meilleures localisations agricoles en fonction des marchés de consommation. Partant de l’existence d’un marché central, von Thünen (1826) propose alors un modèle composé de couronnes concentriques de largeurs inégales dont l’étendue obéit à deux sortes de contraintes: le revenu maximum par hectare en fonction des prix du marché et le coût des transports, deux variables qui permettent le calcul d’une distance maximale de transport pour chaque produit, au-delà de laquelle le revenu que l’on peut en attendre se trouve annulé. Ainsi peut-on construire autour de chaque marché un polygone de maximisation des revenus, lequel peut néanmoins subir des distorsions diverses en fonction de l’existence de voies de transports plus ou moins onéreuses, telle la voie fluviale. Ce polygone peut donc être considéré comme l’espace idéal d’approvisionnement du marché central, celui dans lequel les agriculteurs trouvent intérêt à commercialiser leur production, et les citadins à se ravitailler..
Nombre d’auteurs ont, par la suite, cherché à perfectionner ce premier modèle, spécialement en le compliquant de façon à tenir plus grand compte des complexités de la réalité, en particulier de la présence de plusieurs marchés centraux concurrents. Le plus célèbre est Christaller (1933), avec sa théorie des places centrales selon laquelle l’organisation de l’espace est régie par les relations existant entre trois ensembles: l’ensemble des distances, l’ensemble des populations et l’ensemble des fonctions, ces dernières étant les plus importantes dans la construction du système. Le principe de marché, selon lequel tout point du territoire théorique doit être également accessible à ses habitants, entraîne le développement d’une structure triangulaire de l’espace, la juxtaposition des triangles constituant une trame d’hexagones emboîtés et hiérarchisés selon l’importance des fonctions de chaque centre.
On aboutit ainsi à une sorte de géométrie de l’espace géographique basée sur trois principes et qui concerne directement l’analyse des SADA:
Les places centrales du haut de la hiérarchie sont plus espacées et leur aire d’influence plus vaste que celles du bas de la hiérarchie. Chaque place centrale commande un nombre k de places inférieures égal à 3;
Essai de formalisation et d’interprétation de situations concrètes variées dont on cherche à établir les points communs, le modèle ne se rencontre bien sûr jamais tel quel dans la réalité, chaque espace géographique étant particulier. Il n’est en rien statique: il décrit une sorte d’état d’équilibre atteint à un moment donné, mais reste ouvert et évolutif. Cet état d’équilibre n’est pas simultané ni égal sur l’ensemble du territoire. La hiérarchisation constitue l’aboutissement toujours provisoire d’un processus dépendant du comportement des différents acteurs en cause.
Globalement les modèles d’organisation de l’espace reposent sur un même postulat, celui de l’optimisation: consciemment ou non, les acteurs qui contribuent à organiser l’espace, en l’occurrence celui de l’approvisionnement urbain, agissent de façon à optimiser l’ensemble des ressources et des demandes existantes.
1.2.1 - L’espace de la production vivrière
1.2.2 - Le système de ravitaillement urbain
1.2.3 - La distribution urbaine
La carte demeure l’instrument de base de l’approche géographique, que son mode d’élaboration soit manuel ou automatique. Elle est à la fois présentation d’un état de la question réalisé sur la base des informations recueillies et instrument de recherche par les corrélations qu’elle permet de mettre à jour entre différents types de données.
Le recueil de données de terrain constitue la première étape de toute démarche géographique, celles-ci étant obtenues aussi bien à partir de registres existants (administratifs ou privés) qu’à partir d’enquêtes spécifiques réalisées de façon exhaustive ou par sondages. Les données utilisées dans cette approche portent à la fois sur les acteurs des SADA (producteurs, intermédiaires, consommateurs) et sur les produits concernés. L’échelle d’observation peut aller du local à l’international.
L’objectif est de mettre en évidence les relations existant entre le SADA étudié et l’espace géographique dont celui-ci est une composante. Son existence, son degré d’organisation ou sa dégradation, et les particularités de son fonctionnement, s’expliquent par l’intervention d’un ensemble de facteurs opérant chacun dans des contextes géographiques et à des échelles variables. Il s’agit de montrer l’existence et le rôle de ceux-ci de façon à établir les conditions d’un éventuel changement.
Dans la pratique, une démarche de recherche géographique sur l’organisation des SADA et d’analyse portant sur l’ensemble du ravitaillement ou sur un produit particulier, pourrait comprendre les éléments suivants:
Cartographie de la (des) zone(s) réelle(s) ou potentielle(s) de ravitaillement urbain afin d’analyser les thèmes suivants:
Cartographie et analyse des points suivants:
Analyse et cartographie des points suivants:
