Aperçu général de la situation des disponibilités vivrières dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier^1/

La cherté persistante de la nourriture dans les PFRDV reste préoccupante pour la sécurité alimentaire

En dépit du repli des prix à l'exportation des céréales par rapport aux sommets enregistrés pendant la première quinzaine de 2008, de l'accroissement de la production céréalière en 2008 et des mesures prises par les gouvernements, les prix des produits alimentaires sont restés élevés dans de nombreux pays en développement et Pays à faible revenu et à déficit vivrier. Dans de nombreux cas, les prix nationaux sont toujours supérieurs à ceux pratiqués il y a un an, et là où ils ont baissé, la réduction a été bien moindre que celle constatée sur les marchés internationaux (voir l'encadré).

La cherté persistante des prix alimentaires dans les PFRDV entrave toujours l'accès à la nourriture de nombreux groupes de populations à faible revenu, étant donné que les ménages les plus démunis consacrent la plupart de leurs revenus à la nourriture, au détriment d'autres besoins essentiels. Les pauvres des zones urbaines, ainsi que les agriculteurs qui ne produisent pas assez, car ils dépendent du marché pour se procurer de quoi manger.

Dans les pays d'Afrique australe, les prix du maïs, qui est une denrée de base, ont augmenté tout au long de l'an dernier. Au Mozambique, en mars 2009, ils étaient en hausse de 29 pour cent en USD par rapport à un an auparavant. En Afrique de l'Ouest, après un fléchissement suite à la bonne récolte de 2008, les prix du sorgho et du mil – denrées de base – ont amorcé une hausse à la fin 2008. Au Niger, les prix du sorgho, en février 2009, avaient augmenté de 29 pour cent par rapport à la même époque l'an dernier, tandis qu'au Sénégal, les prix du riz importé ont gagné 48 pour cent au cours de la même période. En ce qui concerne l'Afrique de l'Est, les prix du maïs au Kenya en mars de cette année étaient supérieurs de 43 pour cent à ceux de mars 2008 et au Soudan, le prix de la céréale de base qu'est le sorgho avait augmenté de 68 pour cent en février 2009 par rapport aux 12 derniers mois.

Les prix ont en outre dépassé les niveaux déjà élevés de 2008 dans les PFRDV d'autres régions. En ce qui concerne l'Asie, les prix du blé (qui est une céréale de base) au Pakistan avaient augmenté de 50 pour cent en mars 2009 par rapport à la même époque en 2008. En Amérique centrale, au Nicaragua, les prix du maïs ont gagné 45 pour cent entre mars 2008 et mars 2009, pourcentage qui est de 35 pour cent au Guatemala.

Les premières prévisions de la FAO laissent entrevoir une légère baisse de la production céréalière des PFRDV en 2009

Les prévisions préliminaires de la FAO, montrent que, pour le groupe des PFRDV, la production céréalière de 2009 pourrait rester proche du bon niveau de 2008. Les prévisions pour 2009 ont néanmoins un caractère très provisoire, car le riz de la campagne principale doit encore être planté en Asie et les campagnes agricoles principales de 2009 n'ont pas encore démarré dans plusieurs régions d’Afrique et d’Amérique centrale.

En Asie, les perspectives concernant la récolte de blé de 2009, sur le point d'être rentrée, se sont améliorées avec la fin de la vague de sécheresse en Chine et les pluies bénéfiques tombées en février et mars dans tout le Proche-Orient, où la récolte céréalière de l'an dernier avait été réduite par la sécheresse. En Afrique du Nord, les perspectives concernant la récolte de céréales d'hiver, qui sera rentrée à partir de la fin juin, sont satisfaisantes au Maroc, et la production devrait se redresser après deux années consécutives de résultats inférieurs à la moyenne. En Afrique australe, les perspectives globales concernant le maïs de la campagne principale, dont la récolte est en cours, sont bonnes. Toutefois, au Zimbabwe, le temps sec et les pénuries d'intrants agricoles laissent présager une nouvelle mauvaise récolte.

Nouvelles révisions à la hausse de la production céréalière de 2008

Les dernières estimations de la FAO concernant la production céréalière totale de 2008 dans les PFRDV font ressortir une augmentation considérable de 4,3 pour cent par rapport aux bons résultats de l’année précédente, avec une récolte de 958 millions de tonnes. Non compris la Chine et l'Inde, qui assurent d'ordinaire un tiers de la production céréalière totale, le taux de croissance de la production du reste des PFRDV a augmenté, passant à 5,7 pour cent. Cela s'explique par de bonnes récoltes céréalières dans la quasi-totalité des sous-régions du monde, à l’exception notable du Proche-Orient et de certains pays d’Afrique, en particulier le Zimbabwe, le Kenya et la Somalie, qui ont été touchés par la sécheresse.

Accroissement des importations de céréales en 2008/09

Selon les prévisions actuelles, les importations céréalières totales des PFRDV, pour les campagnes commerciales 2008/09 ou pour 2009 (année civile), devraient avoisiner 86 millions de tonnes, ce qui représente une hausse de 3,6 pour cent par rapport à la campagne précédente, en dépit de la hausse significative de leur production totale en 2008. Cette augmentation est imputable essentiellement à l'Asie, en particulier aux grands pays importateurs du Proche-Orient ainsi qu'à la Chine et à d'autres pays qui souhaitent reconstituer leurs stocks céréaliers après les prélèvements opérés pendant la campagne précédente pour atténuer les effets de la flambée des cours mondiaux. Les importations totales de céréales des PFRDV de l'Afrique devraient être à peu près équivalentes à celles de la campagne précédente, tout en augmentant considérablement au Zimbabwe, au Kenya et en Somalie.

Allègement de la facture des importations céréalières

La facture céréalière totale des PFRDV en 2008/09 devrait être moins lourde cette campagne pour se chiffrer à 28 milliards d'USD, soit 27 pour cent de moins que le niveau record enregistré pendant la campagne précédente, à savoir 38 milliards d'USD. Alors qu'en volume, les importations totales devraient augmenter, la baisse des prix et des taux de fret sont bénéfiques pour les PFRDV, compte tenu que la facture de leurs importations s'était alourdie de 62 pour cent en 2007/08. Même si cette année (2008/09), cette facture est moins lourde, elle n'en représente pas moins une augmentation de 67 pour cent par rapport à 2005/06, époque où les prix ne flambaient pas encore.

Ralentissement significatif des importations céréalières par rapport aux campagnes précédentes

Selon les renseignements dont disposait le SMIAR à la fin mars 2008, environ 45 pour cent de la totalité des besoins d'importations céréalières des PFRDV - soit quelque 86 millions de tonnes pour la campagne commerciale 2008/2009 - étaient déjà couverts. À la même époque l'an dernier, ce pourcentage était de 55 pour cent. Le ralentissement tant des importations céréalières commerciales que de l'aide alimentaire au cours de cette campagne par rapport aux deux précédentes, en particulier en Afrique australe où la campagne commerciale touche à sa fin, est l'un des facteurs qui contribuent à la cherté persistante des aliments dans les pays en développement et dans les Pays à faible revenu et à déficit vivrier.

1.  Le groupe des pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) comprend les pays où le revenu annuel par habitant est inférieur au niveau retenu par la Banque mondiale pour déterminer le droit de bénéficier de l'aide de l'IDA (à savoir 1 675 USD en 2005); conformément aux lignes directrices et critères approuvés par le CPA, ces pays doivent être considérés comme prioritaires pour l'octroi de l'aide alimentaire.