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Commission IV. Abattage et débardage


Note du secrétariat
Documents présentés à la commission IV
Rapport


Président:

H. ISMAIL (Malaisie)

Vice-présidents:

EL KADIRI (Maroc)
H. FRØLUND (Danemark)

Note du secrétariat


1. Progrès de l'exploitation
2. Croissance du secteur socio-économique
3. Développement rural
4. Conséquences sur l'environnement


Modérateur:

M. BENDZ (Suède)

Secrétaires techniques:

H. CHAUVIN (FAO)
G. PICCHI (Argentine)

Le sujet que doit étudier la commission IV - aspects intéressant les organisateurs de l'abattage et du débardage et les ouvriers - a été divisé dans l'ordre du jour en cinq rubriques. En fait, elles sont étroitement liées. Les débats seraient probablement moins faciles si chacune devait être traitée séparément.

La forêt et le développement socio-économique, sujet principal du congrès, se prête mal à un découpage systématique. On a jugé bon de regrouper les différents thèmes de la commission en s'inspirant du mémoire général d'Adamovich et Wellburn. La mécanisation de la récolte joue un rôle important dans trois domaines du développement socio-économique: l'environnement, le développement rural, la croissance socio-économique.

La note du secrétariat cherche à souligner le rôle de l'exploitation forestière dans le développement socio-économique du pays. C'est dire que les considérations techniques resteront au second plan dans les trois thèmes indiqués.

La note concerne l'abattage et le transport du bois industriel, mais non du bois destiné au chauffage ou à d'autres usages domestiques.

1. Progrès de l'exploitation

La récolte en forêt est gênée par le caractère même de ses produits: ils sont encombrants, lourds et ont une faible valeur unitaire; les conditions topographiques ou climatiques de cette production sont souvent difficiles, loin des centres d'usinage et de commercialisation, et souvent aussi des communautés (Adamovich et Wellburn). La foresterie doit en outre augmenter les salaires de sa main-d'oeuvre pour faire face à la concurrence des autres secteurs de l'économie. Il a donc fallu rationaliser le travail en forêt, essentiellement en le mécanisant. Tout se passe comme si les augmentations successives du salaire des forestiers n'étaient pas dues en premier lieu à une productivité accrue de la foresterie mais à celle des autres secteurs de l'économie. Du point de vue des exploitants, le prix du produit - le bois de coupe - comme le coût des différents facteurs de production sont imposés de l'extérieur. Ce n'est donc qu'en combinant mieux les facteurs de production que l'on rentabilisera l'exploitation.

Comme la productivité de la main-d'oeuvre continuera vraisemblablement à croître dans les autres secteurs, seule la mécanisation peut rendre l'exploitation plus efficace. Elle suppose une combinaison différente des facteurs de production (c'est-à-dire du capital et du personnel).

Cependant, la mécanisation forestière n'a pas pour but essentiel d'abaisser les coûts de production, mais simplement de maintenir tels quels la production et le coût de la main-d'oeuvre. Dans certains cas, la pénurie de la main-d'oeuvre a imposé la mécanisation.

Au congrès de Madrid, on a noté que la foresterie se place loin derrière l'agriculture et l'industrie pour ce qui est de substituer l'énergie mécanique à l'énergie humaine ou animale (Sundberg, Comptes rendus du sixième Congrès forestier mondial Vol. 3, p. 2757). Au cours des six années qui se sont écoulées depuis, la mécanisation forestière a fait de grands progrès. La foresterie a probablement rattrapé l'agriculture. Des machines automatiques polyvalentes sont maintenant construites uniquement pour les opérations forestières. Dans certaines parties du monde, la mécanisation se développe très rapidement.

Les pays en développement en sont encore au stade des machines monovalentes. Les scies mécaniques sont couramment employées pour l'abattage et le tronçonnage. On utilise des tracteurs à chenilles pour construire des routes et pour le débardage, et les tracteurs à roues articulés se sont répandus rapidement aussi pour ce dernier usage. On se sert de chargeurs montés à l'avant du tracteur et de chargeurs à chenilles non seulement sur le lieu de l'abattage, mais dans les chantiers en forêt. Un équipement mécanisé est utilisé pour le flottage et le transport par bateau, des camions lourds pour le traînage (Lepitre, Billeschou, Lakio).

De nombreux pays développés ont atteint le stade de l'équipement polyvalent. Dans les pays scandinaves, le volume ainsi traité doit passer, estime-t-on, de 3 pour cent en 1970 à 40 pour cent en 1975. On met au point plusieurs machines à traiter et à récolter. Depuis de longues années, des transporteurs et des machines à débarder sont en exploitation. La scie mécanique a fait son temps; elle sera graduellement remplacée par des cisailles (Johnston), du moins pour l'abattage du bois à pâte. Dans certaines régions, les transports à courte distance seront vraisemblablement effectués à l'aide d'aérostats et d'hélicoptères (Stewart). Les transports à longue distance seront planifiés et effectués plus souvent qu'aujourd'hui en coopération avec l'industrie forestière (von Heideken). La productivité de la main-d'oeuvre a augmenté considérablement et augmentera encore. Selon les estimations, elle pourrait doubler d'ici dix ans. Dans les pays scandinaves, où l'exploitation est très mécanisée, on obtiendra ce résultat notamment en pratiquant l'ébranchage superficiel et le tronçonnage automatique.

Pendant la dernière décennie, dans de nombreux pays, on a transféré dans des chantiers centraux plusieurs opérations effectuées jusque-là dans les peuplements. Continuera-t-on à le faire? Dans quelle mesure peut-on réutiliser les lieux d'abattage ou les chantiers en forêt pour certains travaux?

La poursuite de la mécanisation, qui pose des problèmes techniques, économiques et biologiques, en est maintenant arrivée au point où le «tâtonnement» ne suffit plus; il faut faire des recherches plus systématiques (Wellburn et Adamovich). La mécanisation a-t-elle déjà donné le meilleur d'elle-même? Deviendra-t-il toujours plus difficile de ne pas se laisser distancer par la rationalisation rapide et continue de la production en grande série? La mécanisation de l'exploitation rencontrera-t-elle à l'avenir de plus grandes difficultés techniques et économiques?

On ne doit pas considérer l'exploitation comme un processus isolé du reste de l'industrie forestière. Comme dans tout autre système complexe de production, on risque de compromettre les résultats si l'on envisage chaque phase séparément. Ce que l'on doit considérer, c'est l'influence de tout le secteur forestier sur l'économie nationale. La foresterie n'obtient pas forcément les meilleurs résultats si l'exploitant, sans tenir compte du point de vue des biologistes, des industriels et des spécialistes des marchés, cherche à exploiter le bois aux moindres frais. Des exemples pris dans le domaine de la planification des transports illustrent ce fait trop souvent négligé. On a montré (von Heideken) que le résultat économique global obtenu par la foresterie et par l'industrie est meilleur lorsqu'on substitue au transport par voie d'eau le transport par voie de terre - qui coûte plus cher. Cette étude prouve que les exploitants peuvent nuire sérieusement aux autres activités s'ils travaillent seuls de leur côté. Les grands complexes industriels tendent à se développer; il faut donc coordonner la planification et la recherche d'un bout à l'autre de la chaîne, de la station jusqu'aux marchés (Wellburn et Adamovich). Les limites traditionnelles du concept d'exploitation sont-elles désuètes? Nous opposons aujourd'hui l'exploitation à la sylviculture. Ne vaudrait-il pas mieux opposer le traitement au transport?

Actuellement, dans le monde entier, on devine à certains signes que les ressources forestières risquent peu à peu de poser un problème. Les exploitants devraient alors faire face à une situation nouvelle. Pendant la dernière décennie, les facteurs limitants étaient très souvent les connaissances techniques et l'équipement mécanique. Or nous constatons en particulier dans les pays industrialisés - qu'on s'intéresse de plus en plus aux aspects bio-écologiques de la production de matière première. Les exploitants ne devront plus alors faire porter leurs efforts uniquement sur les aspects techniques et économiques de leur activité - accroissement du rendement, lutte contre la détérioration du bois et le gaspillage - mais devront aussi trouver de nouvelles méthodes d'exploitation qui répondent mieux aux demandes de production de matière première. Ces nouvelles méthodes exigeront-elles moins de routes que les systèmes actuels? Dans certains types d'exploitation, les routes soustraient définitivement de grandes surfaces à la production de bois (Stewart). Utilisera-t-on les hélicoptères, les aérostats, les canalisations ou les câbles aériens? On devra aussi trouver, pour les coupes mécaniques d'éclaircie et de nettoiement, des méthodes qui n'abîment pas le reste du peuplement (détérioration des racines et des fûts, tassement des sols). Les exploitants devront-ils participer aux essais tendant à mécaniser les opérations de traitement sylvicole? On fait déjà de grands efforts pour mécaniser le reboisement et on met au point de nouveaux systèmes de coupes mécanisées d'éclaircie et de nettoiement (Bredberg, Johnston, Ievin).

La rationalisation et la mécanisation doivent continuer et continueront. Peu à peu, un nombre croissant de travailleurs en forêt utiliseront couramment un équipement mécanique. Celui-ci sera souvent fort complexe et le travail aura lieu dans des conditions difficiles. Il faudra redoubler d'efforts dans le domaine de l'ergonomie et de la prévention des accidents (Apud). Aujourd'hui, le travail en forêt a mauvaise réputation en raison de nombreux accidents. Les risques dus à l'effort physique sont peu à peu remplacés par ceux que crée l'inconfort du milieu de travail.

Une grande tâche attend les exploitants dans un proche avenir. Le conservatisme compromettra la réussite. Il faudra trouver de nouvelles directions et apporter par conséquent une aide suffisante aux efforts de recherche et de développement. Il serait très utile aussi que ceux-ci soient planifiés et qu'ils aient lieu en collaboration avec tous les intéressés. Nous ne pouvons pas nous permettre de retomber dans les mêmes erreurs. La coopération internationale sera rapidement fructueuse dans ce domaine.

Thèmes de discussion proposés

Y a-t-il un culte de la mécanisation avancée? Celle-ci ne porte-t-elle pas préjudice au perfectionnement des méthodes actuelles? Quelles sont les meilleures méthodes pour établir les priorités de la recherche et du développement? Qui décidera de ces priorités? Quelles mesures prendra-t-on pour faire passer les résultats de la recherche et du développement dans la pratique? La foresterie sera-t-elle capable d'adapter ses produits aux nouvelles demandes de l'industrie?

2. Croissance du secteur socio-économique

Les effets de l'exploitation forestière sur la croissance socio-économique peuvent être classés en trois groupes principaux: les effets de l'exploitation en tant qu'entreprise économique sur l'économie nationale; la formation des travailleurs en forêt; l'ouvrier et ses rapports avec son travail, son employeur et les syndicats.

L'EXPLOITATION FORESTIÈRE EN TANT QU'ENTREPRISE ÉCONOMIQUE

L'exploitation forestière est souvent considérée comme une activité économique importante pour les raisons suivantes: elle absorbe une main-d'oeuvre rurale qui, sans elle, serait réduite au chômage ou au sous-emploi; elle crée une infrastructure dans les régions sous-développées; elle utilise des ressources forestières non employées; elle apporte un soutien général aux autres activités économiques; elle crée ou transfère des savoir-faire qui pourraient profiter à d'autres secteurs.

La mécanisation forestière améliore la productivité, accroît l'efficacité et réduit les coûts de production. Le rythme de l'évolution varie quelque peu selon les pays, mais les tendances sont uniformes et nettement prononcées... Pour essayer de prévoir le développement de la mécanisation, nous avons divisé les forêts du globe en quatre régions, dont les limites se chevauchent parfois (Adamovich et Wellburn). Voici un résumé de la question:

Région A (La plus grande partie de l'Europe, les Etats-Unis moins l'Alaska, le sud du Canada, le Japon, la Nouvelle-Zélande, l'Australie.) Les forêts y sont généralement aménagées pour différents usages. On va vers la mécanisation totale. Aucun bouleversement n'est a prévoir dans un proche avenir, si ce n'est peut-être la mécanisation des coupes d'éclaircie et de la récolte dans les plantations.

Région B (L'Amérique au sud des Etats-Unis à l'exception des zones de forêt de pluie tropicale, certaines régions de l'Afrique, de l'Asie du Sud-Est, de l'Inde et de la Chine.) On y trouve des forêts aménagées et des plantations appartenant à des pays en développement.

Le matériel d'abattage est en grande partie importé. La mécanisation totale aggraverait le chômage et épuiserait l'aide étrangère. On doit encourager la mécanisation partielle.

Région C (Zones de forêt vierge tropicale d'Amérique latine et d'Afrique, îles du Pacifique et Asie du Sud-Est.) Les ressources y sont généralement inutilisées, le revenu par habitant est faible et la population s'intéresse peu au développement forestier. L'exploitation utilise un équipement d'importation et quelquefois des travailleurs étrangers. Le développement doit chercher dorénavant à améliorer les conditions de vie et de travail, la santé, la sécurité, le revenu et l'éducation. On améliorerait davantage le climat socio-économique en créant des plantations faisant l'objet d'un aménagement intensif qu'en développant prématurément les opérations sur d'immenses territoires vierges:

Région D (Europe septentrionale, Sibérie, Alaska, nord du Canada.) Les forêts y sont étendues et les sociétés riches. La région est couverte de forêts tempérées que l'on exploite uniquement pour le bois d'oeuvre.

Les travaux d'exploitation mécanisés pourraient y être efficaces: abattage d'arbres entiers, en liaison avec des chantiers centraux, opérations se déroulant tout au long de l'année, travail par équipe. Dans cette région, on utilisera les nouvelles techniques et le nouveau matériel.

Les résultats de l'exploitation en tant qu'entreprise économique dépendent de l'efficacité des opérations. Celle-ci est obtenue par la rationalisation des différentes phases du travail. Dans le monde entier, actuellement, la rationalisation du travail doit améliorer la planification des opérations, renouveler l'équipement et le rendre plus efficace, améliorer la formation du personnel à tous les niveaux.

Actuellement, dans les pays industrialisés surtout, on met au point des méthodes et des outils de planification nouveaux, qu'il s'agisse de la répartition à court terme des ressources opérationnelles disponibles ou de la coordination à long terme entre la production biologique et l'exploitation.

Petit à petit, un nouvel équipement est mis en service dans tous les secteurs de la foresterie. La mécanisation n'est pas réservée exclusivement à l'abattage. Aujourd'hui, on emploie aussi des machines dans le reboisement et la sylviculture. Pour accélérer la mise au point du nouvel équipement, les forestiers doivent définir leurs besoins présents et futurs.

On attache de plus en plus d'importance à la formation du personnel, car il faut manipuler un équipement et des instruments de planification complexes et adapter aux besoins de la société les méthodes d'exploitation qui se renouvellent rapidement.

Thèmes de discussion proposés

La productivité maximale est-elle le critère le plus important pour déterminer le degré optimal de mécanisation? Quels sont les éléments qui entrent dans les critères plus complexes que le critère économique? Les méthodes et les instruments trop raffinés de planification éliminent-ils les temps morts inévitables dans le système de production? Que faisons-nous pratiquement pour définir les besoins et les contraintes associés à l'équipement souhaité? La mécanisation peut-elle affecter positivement la valeur du bois de coupe?

FORMATION DES TRAVAILLEURS EN FORÊT

L'influence que la foresterie peut avoir sur le développement socio-économique dépend pour une grande part de ce qu'on fait - ou de ce qu'on ne fait pas - dans le domaine de l'éducation.

La formation des ouvriers n'est pas importante du seul point de vue de la foresterie et on ne peut la séparer du reste de l'éducation; elle concerne la société dans son ensemble (Mårsäter).

On fait souvent remarquer que la formation du personnel de maîtrise et d'encadrement est au moins aussi importante que celle des ouvriers (Del Valle Martínez).

Les raisons pour améliorer et rentabiliser la formation sont nombreuses:

Amélioration des méthodes de travail.
Meilleure utilisation des machines et du bois.
Accroissement de la productivité et, par suite, des gains.
Amélioration de la sécurité et des conditions sanitaires.
Promotion sociale des travailleurs.

L'éducation et la formation sont-elles des instruments essentiels du changement social? Le travail en forêt étant pénible et dangereux, l'éducation et la formation sont nécessaires pour des raisons humaines.

De nos jours, la plupart des travailleurs en forêt n'ont reçu aucune espèce de formation. Tant que ceux-là se comptent par dizaines et centaines de milliers, il n'est pas urgent de calculer et de planifier en détail les besoins de formation. L'essentiel est de faire démarrer les programmes (Mårsäter).

Cependant, par la suite, les investissements dans la formation professionnelle doivent être basés sur la planification du personnel.

Faire passer les ouvriers de la production à la formation professionnelle est un problème très complexe. Quels sont les stimulants? Qui paiera? Les concessionnaires et les contractants appliquent généralement une politique à court terme et ont rarement intérêt à envoyer les ouvriers suivre une formation. Les zones ou les périodes de concession limitées et la rotation rapide de la main-d'oeuvre en sont-elles responsables?

L'Etat, en tant qu'employeur et propriétaire forestier, et les grosses entreprises privées adopteront-ils une politique à long terme à ce sujet?

Dans quelle mesure l'enseignement organisé peut-il être remplacé par la formation en cours d'emploi?

Le besoin de formation augmentera à mesure que se transformera le travail en forêt. Puisque la plus grande partie du monde connaîtra des changements très rapides au cours des dix prochaines années (nouvelles méthodes, nouvel équipement, nouvelles demandes de productivité), la formation est indispensable. Le problème de la sécurité et l'adaptation du travail au travailleur seront à étudier (Apud). Il faudra aussi promouvoir le statut social du travailleur en le formant.

La coopération entre tous les intéressés (employeurs, travailleurs, enseignants, planificateurs et la société elle-même) favorisera la planification, la formulation des objectifs, la mise en œuvre et l'évaluation de la formation.

Thèmes de discussion proposés

La formation réhabilitera-t-elle le travail forestier, qui est méprisé? Comment intéresser les autorités aux programmes de formation forestière? Quels changements faut-il apporter aux politiques forestières pour faire passer les ouvriers de la production à la formation? Est-ce du point de vue de la société ou du point de vue de l'entreprise que l'on évaluera la formation?

L'OUVRIER ET SES RAPPORTS AVEC LE TRAVAIL, L'EMPLOYEUR ET LES SYNDICATS

Le transfert des connaissances du monde développé au monde sous-développé a porté sur la technique. Les compagnies étrangères, les organismes d'aide, les fabricants d'équipement, les experts techniques et les pays en développement eux-mêmes ont tous encouragé la mécanisation sans se soucier suffisamment de ses aspects sociaux (Sandahl). Dans de nombreux pays en développement, on a donc mécanisé très rapidement les opérations d'abattage. Dans certains cas, on est passé sans transition du travail entièrement manuel à la mécanisation complète. Il n'existe cependant aucune recherche satisfaisante indiquant où, quand et dans quelle mesure introduire la mécanisation dans la foresterie des pays en développement, compte tenu des conséquences sociales (Sandahl).

Dans ce contexte, certaines conséquences de la mécanisation sont tout particulièrement intéressantes:

1. Influence sur l'emploi du fait de la réduction du travail manuel.

2. Influence sur là vie rurale. La foresterie a toujours été solidaire avec d'autres activités de la vie rurale. Le travail forestier saisonnier diminuera à l'arrivée de la mécanisation. L'emploi moins fréquent des animaux ou des tracteurs agricoles pour le débardage réduit les possibilités d'une utilisation commune de l'équipement.

3. Différence de salaires. Les ouvriers sur machine ont souvent des salaires beaucoup plus élevés que la main-d'oeuvre courante. En Afrique occidentale, où les opérations d'abattage sont hautement mécanisées, on s'est aperçu que les manoeuvres représentaient 50 pour cent environ de la main-d'oeuvre totale (Lepitre). La main-d'oeuvre serait donc divisée en deux groupes - les bien payés et les mal payés ce qui créerait des problèmes sociaux et psychologiques, surtout avec les étrangers. Dans les pays industrialisés, les écarts de salaire entre les différentes catégories de main-d'oeuvre ne sont pas aussi accusés; on a même tendance à mieux payer les travaux de force. En sera-t-il de même dans les pays en développement, et quand?

4. Conditions de travail. La mécanisation transforme profondément les conditions et l'environnement du travail. Citons: l'ergonomie (Apud); les problèmes médicaux (Apud, Botwin, Bailey); les accidents (Sandahl, ICTUF 1); les attitudes et les motivations (Sandahl); la structure du peuplement (Bredberg); la taille des peuplements et des superficies exploitées (Bredberg. Brunet).

1 Comité international de coopération des organisations syndicales des travailleurs forestiers.

A tous points de vue, de bonnes conditions de travail sont aussi importantes qu'une forte productivité. Les forestiers doivent en tenir compte dans tous les types d'économies, et tout particulièrement quand les méthodes et l'équipement des pays industrialisés sont adoptés dans les pays en développement, où les conditions de travail sont souvent totalement différentes.

5. Les syndicats sont-ils nécessaires? La formation et l'enseignement deviennent d'autant plus nécessaires qu'on mécanise les opérations (Mårsäter, Sandahl). Il est notoire que ni les autorités locales ni les contractants, ni les concessionnaires n'admettent vraiment l'existence de ces besoins, du moins dans les pays en développement, peut-être parce que la main-d'oeuvre forestière est peu considérée et que les services forestiers des pays en développement n'ont pas assez de poids auprès de leurs gouvernements (Sandahl). Autre obstacle à l'amélioration de l'enseignement: l'emploi de contractants et de concessionnaires pour les opérations de débardage et de transport. On ne peut pas attendre d'entreprises à court terme qu'elles s'intéressent aux aspects à long terme comme l'éducation des travailleurs.

Thèmes de discussion proposés

La création de syndicats (ou le renforcement de ceux qui existent déjà) favorisera-t-elle uniquement la main-d'oeuvre?

Les gouvernements ou les concessionnaires prendront-ils la responsabilité d'améliorer les conditions de travail dans les pays en développement?

Les écarts de salaires sont-ils des stimulants ou des obstacles pour l'amélioration des conditions de travail?

L'élimination des travailleurs en forêt est-elle la conséquence inévitable de la mécanisation?

3. Développement rural

On a considéré la foresterie comme la clé de voûte du développement. Ses moyens de production se trouvent déjà presque tous sur place. C'est le cas notamment de la forêt et de la main-d'oeuvre. Elle convient donc tout particulièrement comme base du développement rural.

L'importance de la forêt à cet égard est indubitable. Grâce à elle on développera l'infrastructure (Lepitre), on fournira des emplois à la main-d'oeuvre rurale, et les produits de l'industrie forestière amélioreront la balance des paiements.

Bien que l'on trouve des travailleurs ruraux en grand nombre, ils sont souvent mal répartis du point de vue forestier. Les régions forestières ont souvent une population clairsemée. C'est pourquoi certaines opérations ont lieu désormais dans les usines et dans des chantiers centraux. Est-il possible de les effectuer à nouveau en forêt et d'offrir ainsi des emplois dans les zones rurales?

DÉVELOPPEMENT DE L'INFRASTRUCTURE

Pendant la période d'exploitation, comme c'est le cas de nos jours dans beaucoup de forêts tropicales, les travailleurs sont les premiers à pénétrer dans des zones inoccupées. Pour cela, ils doivent d'abord construire des routes forestières et parfois des camps (Lepitre, Papillon). En tout cas, un travail organisé a lieu pour la première fois. Normalement, les routes d'accès sont prévues pour supporter de lourdes charges et pour être éventuellement utilisées de façon permanente à d'autres fins. Les embranchements sont généralement sans intérêt du point de vue de la desserte et de l'infrastructure. Sous les tropiques, les camps d'abattage sont construits pour durer de 7 à 15 ans en moyenne. Passé ce délai, ils sont souvent déplacés. En général, ils ne sont pas les premiers établissements durables, mais les régions nouvellement ouvertes sont souvent rapidement occupées par les paysans.

L'exploitation de régions inoccupées peut aussi exiger la construction de ports, de pistes d'aviation, voire d'écoles, d'ateliers et de centres médicaux lorsqu'il s'agit de grosses entreprises.

Des industries forestières primaires apparaissent souvent en même temps que l'exploitation. On a soutenu que l'effet multiplicateur sur l'emploi est plus important en foresterie que dans beaucoup d'autres secteurs.

Qu'advient-il des possibilités d'emploi après la première exploitation de la forêt vierge? L'expérience des pays industrialisés montre que l'ouverture des forêts s'accompagne d'une exploitation des ressources de main-d'oeuvre et de bois qui peut avoir de graves conséquences appauvrissement de la forêt, travailleurs itinérants. Peut-on aujourd'hui les éviter dans les zones d'exploitation?

Quand, la première période passée, les zones d'exploitation sont transformées en forêts à rendement soutenu, l'effet de l'abattage sur l'infrastructure est moins net. Le réseau routier est amélioré et entretenu, les ouvriers vivent dans de petits villages en forêt et se déplacent pour venir travailler. Grâce à la foresterie, on peut aussi créer des centres de colonisation dans les zones rurales. Quand la productivité s'accroît, l'équipe de travailleurs diminue en nombre et, cercle vicieux, les petits villages disparaissent. Cela pose un sérieux problème dans de nombreuses régions du monde. C'est pourquoi, dans plusieurs pays, il est de plus en plus nécessaire de construire des camps d'abattage, car le trajet ne cesse de s'allonger entre les villages installés de façon permanente, qui se raréfient, et les lieux de travail. Comment résoudre les graves problèmes sociaux que posent les camps d'abattage, où l'on peut rarement mener une vie familiale normale? En améliorant les moyens de communication - par exemple en transportant le personnel par avion?

L'EMPLOI FORESTIER DANS LES ZONES RURALES

La plupart des activités forestières et par conséquent des emplois créés par la foresterie concernent la récolte. Cela est particulièrement évident pendant la période d'exploitation, c'est-à-dire de nos jours dans la haute forêt tropicale. Dans certains pays, par exemple, l'abattage est la seule activité forestière vraiment importante. Dans les régions du monde où la foresterie est aménagée en vue d'un rendement soutenu, c'est encore l'abattage qui emploie le plus de monde.

L'abattage joue donc un rôle important dans la création d'emplois. Néanmoins, on doit tenir compte d'un certain nombre de problèmes et de facteurs (Lepitre, Adamovich et Wellburn, Del Valle Martínez): a) les conditions climatiques et le terrain interdisent souvent le travail en toutes saisons; b) de nombreuses opérations d'abattage et de débardage - en particulier celles pour lesquelles on utilise les camps - ont une durée limitée; c) les entreprises d'abattage ne peuvent pas toujours assurer la sécurité, de bonnes conditions sociales et des salaires concurrentiels.

Pour éviter ces inconvénients, faudra-t-il réorganiser les opérations d'abattage en plus grandes unités, en particulier dans les pays en développement? Est-ce possible si les gouvernements poursuivent leurs propres opérations d'abattage? Des opérations organisées par les gouvernements créeront-elles des savoir-faire, la politique forestière gouvernementale sera-t-elle mieux élaborée et appliquée?

A l'avenir plus encore qu'actuellement, la population rurale sera concernée par les opérations d'abattage. Les forêts proches des centres habités seront en effet utilisées pour satisfaire des besoins sociaux plus encore que pour produire du bois. Cela veut dire que les grandes opérations d'abattage auront rarement lieu à proximité des centres habités. Il est vraisemblable aussi que dans les sociétés développées, l'urbanisation finira par se stabiliser, et cela aura des conséquences sur les tendances futures de l'abattage dans les zones peuplées (Adamovich et Wellburn).

La mécanisation et l'accroissement de la productivité ont rapidement réduit le nombre des travailleurs à l'abattage. La foresterie crée donc de moins en moins d'emplois dans les zones rurales. Il y a un conflit d'objectifs quand on doit, d'une part, créer le plus d'emplois possibles et, d'autre part, augmenter les salaires pour attirer les ouvriers. Les salaires des travailleurs de la forêt devraient être au moins alignés sur ceux des secteurs industriels comparables (ICTUF).

Le degré optimal de mécanisation - et donc la possibilité pour la foresterie de créer des emplois - repose sur un certain nombre de conditions (pour une discussion détaillée de cette question, voir les travaux du sixième Congrès forestier mondial). Quand on choisit un équipement pour une opération donnée, il ne faut pas s'attacher seulement à des considérations techniques et économiques, mais tenir compte aussi de la sécurité des possibilités d'emplois, etc. Dans les zones où la main-d'oeuvre ne manque pas, un parc de machines monovalentes est peut-être préférable, du point de vue social, technique et économique, aux machines complexes, car si l'une d'elles tombe en panne, la production n'est pas interrompue (Adamovich et Wellburn). De plus, un tel parc permettra d'employer davantage de travailleurs, et la possibilité d'adaptation entre l'homme et la machine sera plus grande. En revanche, on a fait remarquer que le travail est mieux accepté lorsqu'on utilise un équipement polyvalent. Un travail monovalent risque de paraître fastidieux à l'ouvrier qui préfère surveiller et exécuter une plus longue phase du processus de production. Il est très important, et en même temps difficile, de déterminer le degré optimal de mécanisation; s'il est mal choisi, les conséquences risquent d'être sérieuses et durables.

LA BALANCE DES PAIEMENTS

La foresterie est réputée, en général, pour avoir un effet positif sur l'économie nationale et la balance des paiements. L'abattage n'est pas seul en jeu.

L'effet de l'abattage sur la balance nationale des paiements dépend en grande partie de l'origine des ressources employées dans l'abattage et le transport. Quand elles sont importées, la balance des paiements en bénéficie moins. Etant donné que le matériel d'abattage est en grande partie importé (seuls quelques pays en fabriquent), l'abattage profite généralement moins à la balance des paiements quand la mécanisation est poussée. Exagère-t-on l'importance de l'exportation des grumes pour l'économie nationale?

Thèmes de discussion proposés

Le contrôle du développement technique permet-il d'atteindre les objectifs sociaux recherchés? Peut-on trouver les instruments qui permettent d'établir le degré optimal de mécanisation? Quelles mesures peut-on prendre pour intéresser davantage les exploitants aux problèmes à long terme? Doit-on faciliter la production nationale d'équipement forestier?

4. Conséquences sur l'environnement

Le souci croissant de l'environnement et la redécouverte de la beauté de la nature ont mis vivement en lumière l'industrie forestière, et la récolte n'est plus désormais un problème interne (Adamovich et Wellburn). Cette situation résulte d'un mauvais emploi des ressources. En cherchant son propre intérêt, l'exploitant a-t-il agi aux dépens de la société?

Est-il possible de prévoir à l'avenir des conflits de ce genre? Pour réduire l'effet de la technologie actuelle sur l'environnement et sur l'homme, on doit rendre les ouvriers et les chefs d'équipe conscients des dégâts qu'ils peuvent occasionner. L'opération la mieux conçue peut devenir un désastre écologique ou esthétique quand l'ouvrier à qui on confie une machine est insuffisamment préparé ou ne s'intéresse pas à son travail (Adamovich et Wellburn).

C'est dans la phase de la récolte qu'éclate, entre la foresterie et le reste de la société, le conflit le plus flagrant. Les coupes rases en particulier transforment brutalement l'écosystème de la forêt qui, aux yeux du grand public, est d'un type stable et durable. L'exploitation ouvre des routes dans des forêts jusque-là vierges, engendre le bruit et la pollution, enlaidit le paysage sur les lieux d'abattage, érode, détruit l'équilibre hydrique, modifie la faune et la flore, etc. Certaines fractions du public tiennent tous les bouleversements de ce genre pour dangereux ou regrettables.

On sait qu'à l'abattage - ou du moins à la coupe rase succéderont dans beaucoup de pays des monocultures artificielles sur de vastes étendues avec de larges espacements. L'opinion y est également hostile. Dans leur ensemble, les exploitants sont considérés aujourd'hui, dans de nombreuses régions du monde, comme des agents destructeurs de la forêt et les ennemis des intérêts de la collectivité.

Les exploitants et les ingénieurs forestiers sont accusés de nombreux méfaits:

Destruction des beautés de la nature. Modification du microclimat.

Modification de l'équilibre hydrique.

Modification de la flore et de la faune, bouleversement de l'équilibre écologique en général.

Pénétration de régions vierges qui en souffriront d'une façon ou d'une autre.

Erosion due aux engins d'abattage et à la construction des routes.

Bruit.

Diminution de la sécurité routière par suite du passage fréquent de poids lourds.

Pollution de l'air et de l'eau.

Fuites d'huile des engins d'abattage.

Extension des aires de coupes rases et de reboisement par suite de la mécanisation.

Risques créés par l'accroissement des populations d'insectes et de ravageurs.

Raréfaction des coupes de nettoiement et d'éclaircie (par conséquent, une plus forte proportion des quantités enlevées provient des coupes rases).

Dégâts causés au bois sur pied.

Tassement du sol forestier.

Utilisation croissante d'engrais (puisque dans les méthodes d'exploitation par arbres entiers on enlève les branches, les feuilles et les aiguilles).

Augmentation du risque d'incendié.

Cette liste aurait de quoi effrayer. Cependant, il y a plusieurs façons de considérer les choses. Le risque d'incendié est un aspect négatif, mais on peut faire valoir que, grâce au réseau routier, dont la construction fait partie de l'exploitation forestière, il est plus facile de combattre les sinistres.

D'ailleurs, l'abattage mécanisé est encore dans l'enfance - il a en général moins de quinze ans. Il est vraisemblable qu'une grande partie du matériel n'est pas encore «rodée».

Par contre, les tendances actuelles semblent indiquer que le conflit ne fera que s'aggraver pour ce qui est de la détérioration de l'environnement. Doit-on s'attendre à des espacements encore plus grands dans les reboisements? N'y aura-t-il plus du tout de coupes d'éclaircie à l'avenir? Sera-t-il possible de récolter seulement les gros arbres dans les futures coupes rases? (Ce qui signifierait un moindre volume de coupe par unité de surface et une qualité inférieure.)

Si la plupart des inconvénients énumérés ci-dessus concernent aussi bien le monde développé que le monde en développement, les problèmes de l'environnement sont plus aigus dans les pays industrialisés. Particulièrement grave dans les forêts tropicales est l'érosion provoquée par la construction de routes en terrain accidenté. Le réseau routier cause plus de dégâts par érosion et dépôt que l'exploitation elle-même (Stewart).

Il faut adopter une attitude sérieuse. Même si beaucoup de critiques sont partiales et souvent mal fondées, il est indubitable que les opérations forestières mécanisées, sous leur forme actuelle, font courir souvent des risques sérieux à l'environnement. On considère que l'aménagement intégré de la forêt est la clé d'une saine politique de l'environnement (Adamovich et Wellburn). Il doit donc être intégré et planifié en coopération non seulement avec les différents spécialistes de la foresterie, mais aussi avec tous les autres intéressés, quel que soit leur rôle dans la société.

Simultanément, les exploitants devront aussi adopter de nouvelles techniques et de nouvelles attitudes. On aura besoin de nouvelles techniques pour adapter la technologie aux demandes bio-écologiques; il s'agit en particulier de l'équipement loger très manoeuvrable employé pour les coupes d'éclaircie et les coupes partielles. Ces types d'abattage prendront une importance croissante à mesure qu'augmentera la demande du public en faveur du paysage et du loisir (Adamovich et Wellburn). Il faudra trouver des techniques pour abattre de petits arbres sur de petites superficies à un prix raisonnable. On pourrait par exemple couper et traîner plusieurs arbres à la fois (Bredberg).

On aura de plus en plus besoin d'un matériel construit à des fins précises et pour des situations données. D'une façon générale, il faut chercher à réduire les dégâts. Au Japon, on ferait déjà des efforts dans ce sens (Mishina).

La sylviculture est le moyen essentiel pour les forestiers de créer l'environnement recherché (Brunet). Sans les coupes d'éclaircie et de nettoiement, il serait impossible, dans quelques dizaines d'années, de pénétrer dans les forêts. Il sera nécessaire aussi à l'avenir de couper du bois de petite taille.

Sans coupes d'éclaircie convenables, la forêt perd de sa valeur, tant pour la société que pour l'exploitation rationnelle du bois.

Dans le processus de mécanisation des opérations forestières, est-il nécessaire de réduire la relation entre la productivité et la taille des arbres d'une part, la productivité et la superficie de travail d'autre part? Faut il qu'à l'avenir la mécanisation s'inspire de nouveaux principes?

Dans les nouvelles attitudes, il doit y avoir tout d'abord le désir de comprendre les mobiles réels de tous ceux qui critiquent les exploitants. Bien entendu, ils n'ont pas complètement tort et nous n'avons pas absolument raison. Nous devons aussi modifier notre attitude à l'égard de la recherche. Le chercheur est un maillon nécessaire, probablement même le plus important, dans nos efforts pour obtenir de meilleurs résultats.

L'exploitation ou la mécanisation de la foresterie progresseront d'autant plus que les contacts entre exploitants, chercheurs et fabricants seront plus étroits.

Thèmes de discussion proposés

Est-il possible d'éviter à l'environnement certains méfaits de l'abattage mécanique? Dans ce domaine, quels sont les besoins en matière de recherche? Le conflit actuel est-il le fait des forestiers ou du public? Les nouvelles méthodes d'abattage ou les nouveaux principes atténueront-ils les risques qui menacent l'environnement? La mécanisation engendre-t-elle nécessairement des mesures normalisées sur de grandes étendues?

Documents présentés à la commission IV

MÉMOIRES GÉNÉRAUX

Adamovich, L. & Wellburn, C.V. Socio-economic aspects of mechanized logging

Apud, E. La ergonomía del trabajo forestal

Bredberg, C.J. Logging and silviculture

Lepitre, C.P. Les opérations d'exploitation en forêts tropicales africaines

Mårsäter, B. Training of forest workers

Mishina, J. The relation of cutting work to afforestation and its effects on forest conservation

Stewart, F.H. Reducing adverse environment impact through improved harvesting methods

MÉMOIRES SPÉCIAUX

Bailey, A. Suppressing noise, sparks, vibration and fumes in chain saws

Bailey, A. Chain saw noise and vibration related to safety in logging

Billeschou, A.E. & Stainburn Logging and road density in Caribbean pine plantations in Jamaica. Economic considerations

Botwin, M. Problem of vibration in portable petrol-driven power saws

Brunet, R. Quelques contraintes de l'exploitation forestière

Del Valle Martínez, E. El impacto de las operaciones de desembosque en ambiente humano y sus interrelaciones con los tratamientos silvícolas

Heideken, F. Von Changeover from floating to all-overland haulage; modernization of the timber transport system in mid-Sweden

Ievin, I. New techniques and technology in forest clear cutting

ICTUF Le travailleur forestier

Johnston, J.S. Developments in tree shearing

Lakio, L.A. Etapa actual de la mecanización de los aprovechamientos forestales en América Latina

Newnham, R.M. Simulation models as an aid to the design, development and innovation of logging machinery

Papillon, J. Playas intermedias de acopio para productos forestales en Misiones (Argentina)

Sandahl, L. The forest worker and mechanization problems, rights and possibilities

Wellburn, C.W. & Adamovich, L. Trends in logging in Central British Columbia

Rapport

Progrès de l'exploitation

1. La commission est convenue que l'exploitation forestière ne représente qu'une partie de l'ensemble des activités que constituent la foresterie et les industries forestières, toutes ces activités devant être menées en harmonie. Les objectifs des opérations d'exploitation et de transport doivent être considérés conjointement avec ceux des autres activités forestières et de la foresterie dans son ensemble. Les buts fixés à l'exploitation ne peuvent être définis isolément mais plutôt comme un élément des objectifs généraux de la foresterie.

2. La mécanisation de l'exploitation forestière doit se poursuivre afin d'assurer un accroissement de la productivité du travail dans la foresterie. Les possibilités d'une mécanisation vraiment efficace dépendent aujourd'hui dans une grande mesure de l'échelle des opérations. Toutefois, les critères servant à orienter la mécanisation ne doivent pas seulement être formulés en termes de productivité, de bénéfices et de réduction de coûts; les critères sociaux et écologiques sont au même degré importants.

3. Les changements dans la structure des coûts du fait des progrès de la mécanisation dans les pays industrialisés conduisent à des pratiques sylvicoles de plus en plus extensives. Il est souhaitable, pour de multiples raisons, d'éviter que cette tendance continue. Il faut par conséquent insister sur la nécessité d'élaborer des systèmes d'exploitation mécanisés permettant une sylviculture plus intensive et un traitement sélectif des forêts, y compris la récolte des arbres de petites dimensions et l'exploitation des petites parcelles.

4. Le recueil, l'échange et la diffusion d'informations constituent un élément important du développement des opérations et des techniques forestières. Il s'agit là évidemment d'une tâche coûteuse en termes de ressources humaines et financières. Ce travail n'est possible que si l'on peut disposer à la fois des fonds nécessaires et des experts qualifiés.

Croissance du secteur socio-économique

5. Le moyen le plus rapide et le plus efficace d'assurer un développement social harmonieux de l'ouvrier forestier est la formation professionnelle. Seule une formation professionnelle poussée est en mesure de garantir aussi bien le succès technique et économique que le développement social. La formation professionnelle semble en première instance être la responsabilité des gouvernements quel que soit le mode de financement adopté pour celle-ci.

6. Dès lors que les ouvriers forestiers montrent souvent, de premier abord, peu d'intérêt à recevoir une formation, celle-ci devrait être étayée par un procédé de motivation qui en montrerait les avantages pour les travailleurs aussi bien à longue échéance qu'à court terme. Des modes de rémunération stimulants peuvent constituer une motivation, mais un travail facilité et une sécurité accrue sont souvent, au début, les meilleurs arguments.

7. Afin d'assurer dans l'éducation forestière un lien convenable entre la formation forestière d'une part et la formation des industriels du bois de l'autre, il faut attribuer à l'exploitation forestière la place qu'elle mérite dans les programmes. Un enseignement adéquat dans le domaine de l'exploitation forestière est nécessaire aussi bien au niveau technique qu'universitaire, et il convient de donner à cet enseignement une place correspondant à celle qu'occupe en réalité l'exploitation forestière sur le plan économique.

8. Il apparaît nécessaire de définir les besoins en main-d'oeuvre de la foresterie aussi bien à long terme qu'à court terme. Une telle planification de la main-d'œuvre devrait exister dans tous les pays afin d'assurer le recrutement, l'établissement de programmes convenables de formation et pour réduire la rotation de la main-d'oeuvre.

9. Les récents développements de machines destinées à l'exploitation, au transport et à d'autres opérations en forêt ont réduit l'effort physique de l'homme, mais dans de nombreux cas ont imposé un effort mental au conducteur, particulièrement si une instruction convenable lui manque, ce qui crée de nouveaux problèmes au sujet de l'adaptation réciproque de l'homme et de la machine. A tous les stades de la mise au point d'équipements mécaniques, la prise en considération de l'ergonomie, des motivations des ouvriers et des satisfactions qu'ils attendent de leur travail doit servir de guide.

10. Les structures administratives et opérationnelles chargées de l'utilisation des forêts ou des terres à vocation forestière diffèrent selon les pays. Elles ne s'adaptent pas toujours aux conditions existantes mais reflètent assez souvent les différentes étapes du développement et du progrès. Il incombe aux pays de déterminer dans quelle mesure les structures chargées de la planification, du contrôle et de l'exécution des opérations d'exploitation correspondent aux objectifs souhaités. Dans certains cas, il peut être nécessaire de modifier ces structures.

11. Les autorités dans les différents pays doivent s'efforcer de rester en contact étroit avec les opérations d'exploitation aussi bien pour faciliter l'élaboration de la politique gouvernementale que pour garantir les mesures d'aide et de contrôle appropriées. Un des moyens de parvenir à ce résultat est que les services forestiers eux-mêmes acquièrent une certaine expérience pratique des opérations d'exploitation et de transport du bois. Les gouvernements doivent trouver les moyens de protéger à long terme la production forestière contre les intérêts à court terme de l'exploitation.

12. On a constaté une augmentation rapide de la productivité du travail dans les pays industrialisés, alors qu'une tendance de croissance modeste ou même de stagnation se manifeste à ce sujet dans les parties du monde en développement. Afin que ce décalage ne s'accentue, il est nécessaire de renforcer massivement l'assistance technique pour améliorer les compétences dans l'exploitation forestière et dans les autres secteurs des opérations et des techniques forestières. Aussi bien le BIT que les syndicats ont reconnu avec la FAO le besoin d'un aménagement rationnel des forêts visant à protéger l'environnement et à donner un travail continu dans des conditions de vie acceptables. Les progrès techniques dans les méthodes de travail, lorsqu'ils sont appliqués convenablement, ont été bien accueillis.

Développement rural

13. Les progrès techniques permettent l'exploitation de forêts autrefois inaccessibles ou de bois trop gros ou trop lourds pour un travail manuel. C'est ainsi que l'on a pu introduire des opérations d'exploitation dans de nombreuses parties du monde en développement, où de telles opérations ont permis de créer des emplois et contribué au développement rural et à la croissance socio-économique.

14. Lors de l'introduction de nouvelles techniques mécanisées, il est nécessaire de porter attention à leur influence sur le déroulement du travail, les salaires, la qualification professionnelle et les probabilités d'accidents, ainsi qu'aux conditions sociales et culturelles des ouvriers forestiers. Un des moyens qui peut le mieux servir les intérêts des ouvriers est la création et le développement d'organisations de travailleurs forestiers.

15. Le maximum d'avantages que l'on peut tirer de la mécanisation du travail en forêt ne peuvent être obtenus qu'en adaptant les techniques aux conditions locales. La recherche et l'expérimentation sur place sont les moyens essentiels d'améliorer la conception, l'utilisation et l'entretien des équipements d'exploitation forestière.

16. L'exode et le chômage peuvent coûter à la société plus qu'elle ne pourrait gagner par la mécanisation, et une amélioration des méthodes et des outils déjà utilisés peut représenter aujourd'hui non seulement un minimum de capital mais aussi la solution finale optimale.

17. Dans de nombreuses régions ayant des forêts tropicales humides, il y a peut-être intérêt à conseiller une concentration aussi grande que possible des activités d'exploitation afin d'encourager une utilisation plus intense et de cette façon réduire les pertes, prolonger la disponibilité des espèces actuellement les plus demandées et diminuer les problèmes d'utilisation des terres et de développement. Il semble douteux que l'exploitation forestière soit souhaitable dans les régions où, pour une raison ou pour une autre, le contrôle de l'utilisation des terres n'apparaît pas praticable après l'ouverture de routes d'exploitation.

Conséquences sur l'environnement

18. L'exploitation forestière constitue l'étape de la foresterie où le bois dont la production a demandé une longue période peut être converti en argent liquide. Par conséquent, l'efficacité de l'exploitation décidera dans une large mesure des résultats économiques de la foresterie et des industries de transformation. Il est donc nécessaire que les aspects relatifs à l'exploitation soient pris en considération aussi bien par la sylviculture que par l'industrie forestière. Il est également important que les exploitants ne perdent pas de vue les aspects biologiques, écologiques et industriels de la question.

19. C'est lorsqu'elle parvient à la phase de la récolte que la foresterie entre le plus ouvertement en conflit avec la société à propos de l'environnement. La mécanisation très rapide des travaux en forêt a sans doute entraîné des erreurs et des exagérations qui ont provoqué dans certains cas des dégâts à l'environnement. De grands efforts sont maintenant accomplis afin de surmonter ces maladies infantiles. Il n'y a cependant aucune raison de croire que le meilleur moyen d'éviter de nuire à l'environnement est de restreindre l'utilisation de la technique moderne. La solution réaliste est d'adapter cette technique aux conditions et aux exigences des divers environnements de travail. Un niveau de mécanisation trop élevé ou au contraire trop bas peut entraîner des résultats indésirables sur le plan économique ou sur le plan social.


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