Page précédente Table des matières Page suivante


Commission V. Chercheurs


Note du secrétariat
Documents présentés à la commission V
Rapport


Président:

A. DE PHILIPPIS (Italie)

Vice-présidents.

D. IYAMABO (Nigeria)
D.A.N. CROMER (Australie)
P. BOUVAREL (France)

Note du secrétariat


1. Planification et budget de la recherche forestière
2. Application des techniques modernes dans la recherche forestière
3. Diffusion et application des résultats de la recherche
4. Situation de la recherche forestière dans les pays en développement et possibilités de coopération internationale


Modérateur:

F. WADSWORTH (Etats-Unis)

Secrétaires techniques:

R.L. WILLAN (FAO)
L. MENDOZA (Argentine)

Le secrétariat a reçu 22 mémoires généraux apportant une documentation sur les problèmes mondiaux de la recherche forestière. Il a reçu en outre 11 communications sur des sujets spéciaux.

Cette documentation couvre toutes les parties du monde: les deux hémisphères, la zone tempérée et la zone tropicale, les pays développés et en développement. Elle traite à la fois d'aspects généraux et d'aspects particuliers de la recherche. Elle prouve que les responsable de la recherche voient parfaitement les difficultés à venir, la limitation des résultats acquis, certaines causes d'insuffisance des recherches actuelles et certaines des mesures à prendre. Au total, ces documents apportent une évaluation très intéressante des aspects de la recherche forestière qui méritent d'être étudiés par la commission. Néanmoins, ils posent plus de questions qu'il n'est possible d'en examiner au cours de la présente session. La commission devra centrer son attention sur les problèmes de la plus grande portée. On espère, en diffusant en publiant ces communications, inciter les organismes régionaux, nationaux et locaux à seconder nos efforts en étudiant eux-mêmes les autres idées nouvelles qu'elles contiennent en grand nombre.

Les mémoires généraux traitent quatre aspects de la recherche forestière: (1) planification, (2) technologie, (3) application des résultats, (4) situation des pays en développement. On examinera ici chaque rubrique, en allant des textes les plus généraux aux plus particuliers.

1. Planification et budget de la recherche forestière

Le document le plus général est sans doute celui de Youngs sur l'établissement des priorités de la recherche forestière. L'auteur présente une série de conseils aux administrateurs de la recherche. Il démontre l'importance et l'utilité de chacun. Les voici: prévoir la demande dont seront l'objet les produits et les services forestiers; faire connaître aux responsables des politiques les résultats de la recherche; faire le tour des problèmes pour faciliter ensuite l'étude de leurs éléments; chercher les moyens de rivaliser avec la nature sans la contrarier; lier étroitement la recherche aux préoccupations sociales; juger les résultats à leur valeur pratique; chercher à connaître les réactions du public pour en tirer une orientation.

Ebeling montre que la révolution technique accélérée est un élément fondamental de la vie contemporaine et examine son incidence sur la planification de la recherche. Cette évolution crée des opportunités en même temps que des problèmes. La forêt doit fournir de plus en plus de produits et de services, la mécanisation augmente et l'environnement est toujours plus menacé. L'auteur se demande ce que nous pouvons faire pour résoudre ces difficultés et jusqu'où nous pouvons aller. Selon ses prévisions, la monoculture doit se développer, les éclaircies seront plus intensives et moins fréquentes, les forêts deviendront plus homogènes, les abattages se feront sur de plus grandes superficies. A son avis, ces tendances contrediront de plus en plus fortement notre idéal de diversification. Il arrive à deux conclusions apparemment contradictoires: d'une part le personnel forestier doit se spécialiser davantage, d'autre part il doit renforcer considérablement ses contacts avec le monde qui l'environne.

Addo-Ashong, qui étudie les rapports entre les programmes de recherche et les besoins de gestion, cherche à préciser comment il convient d'établir ces programmes. Selon lui, la recherche forestière doit toujours se préoccuper de l'avantage économique final et cadrer avec les politiques forestières nationales. Toutefois, quand les moyens, les ressources et le personnel sont insuffisants, on cherche avant tout à occuper la main-d'oeuvre et à faire fonctionner l'équipement, en se préoccupant moins des objectifs nationaux. De toute façon, les objectifs de l'aménagement évoluent, de sorte que le programme de recherche doit représenter un compromis entre les préoccupations actuelles et celles de demain, bien que les considérations immédiates aient la priorité pour les administrateurs. Dans de nombreux pays en développement, les buts de la planification sont eux-mêmes difficiles à établir. L'auteur suggère de créer des offices de la recherche et des commissions consultatives et de lier la programmation de la recherche à la planification nationale pour mieux orienter les recherches.

Bouvarel étudie les liens entre la programmation de la recherche et la conservation du milieu. Il fait remarquer que la recherche forestière a toujours joué un rôle dans l'aménagement du milieu. Il rappelle que la ressource forestière est renouvelable et que les forêts protègent une grande partie du globe. Il fait état des recherches destinées à protéger les forêts contre les maladies et les ravageurs et à protéger l'environnement. Selon lui, l'aménagement des bassins forestiers est un bon exemple d'aménagement du milieu. Il cite plusieurs aspects de la recherche forestière qui devraient être renforcés pour jouer un plus grand rôle dans la conservation du milieu, par exemple l'étude élargie des écosystèmes, la protection forestière par les techniques biologiques et le rôle social des forêts, en particulier comme moyen de lutte contre la pollution. A son avis, il faut intensifier le travail en équipe et s'intéresser plus particulièrement aux pays en développement. En conclusion, l'intérêt accru pour le milieu ouvre de nouvelles perspectives au financement et au renforcement des instituts de recherche forestière.

Mlinsek fait remarquer que la sylviculture constitue une glorieuse exception parmi les activités humaines qui d'ordinaire aboutissent à la destruction des ressources naturelles, sans égard à leur renouvellement. Jusqu'ici, la sylviculture s'est préoccupée d'assurer la régénération naturelle et d'obtenir un rendement soutenu, pour sauvegarder la production de bois. Il faut élargir cet effort pour respecter l'environnement forestier. En premier lieu, il importe d'identifier les portions de la forêt qui influent le plus sur le milieu, par exemple les écotones entre végétation forestière et végétation non forestière, et de concentrer la recherche et l'aménagement sur ces zones.

Marshall insiste sur la nécessité d'établir une programmation mieux justifiée et systématique et de préciser les options de la recherche forestière. Selon lui, il faudrait faire un choix objectif entre les priorités de la recherche. Le jugement intuitif a sa part dans le processus. L'auteur décrit les incidences du système des budgets programmes sur la recherche. Le système est particulièrement intéressant pour la recherche forestière parce qu'on y tient compte des opinions d'experts pour évaluer les avantages autres que les profits économiques.

Keresztesi étudie les programmes de recherche forestière en Hongrie et les compare à ceux d'autres pays européens. Il explique comment les politiques de la recherche ont évolué en Hongrie depuis 1920, en raison de la nécessité croissante d'importer du bois et des progrès de la planification économique nationale. On a compris l'utilité de confier de larges missions de recherche à des équipes scientifiques et de financer la recherche par tranches de 5 ou 10 ans. L'auteur décrit quelques missions de recherche en cours et le rôle des différentes institutions dans ce travail. Il souligne l'importance d'une liaison internationale.

2. Application des techniques modernes dans la recherche forestière

Donaubauer étudie le rôle des techniques modernes d'information dans la recherche. Il signale la multiplication des sources d'information scientifique, le nombre immense des publications, l'élargissement des perspectives de la foresterie. Il ne s'agit pas seulement d'intensifier les recherches, il faut les rendre plus efficaces. Pour cela, il faut clarifier les objectifs et donner aux programmes une stabilité durable. A cet égard, il est indispensable de savoir ce qui s'est fait et ce qui se fait partout ailleurs. Les innovations techniques que l'auteur recommande sont les suivantes: système mondial d'exploitation de l'information accessible aux pays en développement comme aux pays développés, langue commune pour les résumés et publications, amélioration de la qualité des résumés, réductions du nombre des revues techniques fondamentales, répertoire des institutions et des programmes de recherche. L'auteur demande aussi l'assouplissement des contacts entre les personnels de recherche, une organisation plus élastique des instituts de recherche, une transmission plus efficace de l'information aux praticiens et des recherches sur la méthodologie de la recherche.

Holdridge et Tosi étudient les moyens d'établir une classification systématique de la végétation forestière du monde entier, base fondamentale d'une recherche coordonnée sur la productivité des écosystèmes et les techniques d'aménagement. Il est de plus en plus nécessaire d'arriver, dans la classification, à une large comparabilité géographique. L'unité primaire du système décrit est la zone biologique, définie par les précipitations, la bio-température et l'évapotranspiration potentielle. Dans chaque zone, on distingue des communautés naturelles ou écosystèmes appelés associations. Dans chaque association on peut distinguer diverses étapes évolutives. L'auteur montre que ce système aide à organiser et à interpréter des données de terrain, à choisir et à comparer les réserves instituées à des fins scientifiques, à mener les recherches forestières appliquées, et à classer les terres en fonction de leur vocation productive. Le système passe pour être bien lié aux caractéristiques sociales et physiques des différentes stations.

Strand justifie vigoureusement l'emploi des modèles et des techniques de simulation dans la recherche forestière. Il fait remarquer que la recherche étudie le changement et que le changement est généralement une réponse à un système complexe de stimuli. Les modèles permettent une simulation simple des réactions d'un système. Selon l'auteur, la simulation est essentiellement une technique numérique d'expérimentation sur modèles décrivant le comportement d'un système. On peut l'adapter à presque tous les domaines de la recherche forestière. On distingue ainsi les variables importantes et secondaires, on teste les hypothèses, on prévoit les situations économiques. Cette technique expérimentale simplifiée révèle les données dont on a besoin. Toutefois, comme elle exige des ordinateurs, les coûts sont élevés et le travail devrait être centralisé dans des institutions importantes. En outre, elle ne dispense pas de recueillir des données valables.

Heller, Spada et Woll décrivent une autre technique promise à un grand avenir. La télédétection répond à un besoin des responsables de la politique, de la planification et de l'aménagement territorial, qui réclament une information toujours plus efficace et plus à jour. Il s'agit en particulier de recueillir, de traiter, et d'analyser des données d'enquêtes, dont certaines restent difficiles à interpréter. L'auteur décrit plusieurs techniques: photographie conventionnelle, infrarouge, radiomètres, radars, spectromètres. On en tire des indications sur la physiographie, l'infrastructure, les caractéristiques des sols, l'état des forêts, la nature de l'évolution, etc. Ces techniques seront de plus en plus employées parce qu'elles peuvent être précises, simples et peu coûteuses.

La communication de Vorobiov, soumise à la commission VI, souligne l'importance de l'infrarouge pour la détection des incendies forestiers en U.R.S.S. Cette technique est liée à des méthodes modernes de lutte telles que la pluie artificielle.

3. Diffusion et application des résultats de la recherche

Blatchford présente des considérations qui ont une application universelle en ce qui concerne la dissémination et l'application des résultats de la recherche. Il souligne que les responsables de la gestion forestière doivent travailler dans la hâte. Ils n'ont guère le temps de faire des lectures techniques et sont enclins à croire qu'ils ont tout appris. En conséquence, le praticien méconnaît souvent l'apparition de nouveaux problèmes. En outre, les rapports des chercheurs sont publiés avec retard et ont un caractère plus théorique que pratique. L'auteur distingue quatre modes de transmission de l'information: conversation, démonstration, participation et publication. Les conversations entre chercheurs et praticiens les amènent à mieux s'estimer. La démonstration, à une échelle spectaculaire, est un excellent moyen de faire connaître les résultats de la recherche La mise en application par les utilisateurs éventuels est une des phases de la diffusion. Les publications doivent différer des rapports annuels et bulletins techniques: il faut qu'elles soient simples et qu'elles s'adressent à l'utilisateur. La communication des résultats se soldera par un échec si on ne consacre pas à cette activité suffisamment de réflexion, de temps et d'argent.

Jindra définit trois objectifs de la recherche: accroissement de la productivité, augmentation de l'efficacité de la main-d'oeuvre, amélioration de la gestion. Il considère que la science de l'amélioration des espèces forestières, les nouvelles techniques de production, les techniques modernes de mécanisation des opérations et du transport des produits forestiers, les méthodes biologiques et chimiques de protection forestière pourraient donner lieu à des applications immédiates. L'auteur préconise la diffusion directe et indirecte (par l'entremise d'autres institutions) des données de la recherche. Comme moyens directs, l'auteur recommande l'information technique du praticien, les cours de formation, les démonstrations (sur parcelles ou sur modèles) et les programmes de développement qui peuvent constituer de véritables démonstrations à longue portée. Il réclame une meilleure évaluation de ces techniques et la diffusion internationale des résultats.

Smith, qui adopte le point de vue du praticien, conteste l'efficacité de la transmission actuelle des résultats de la recherche. Selon lui, presque tous les praticiens forestiers se plaignent de trouver peu d'informations utilisables quand ils ont des problèmes. A son avis, les chercheurs, peu au courant des besoins et des désirs du praticien, travaillent et écrivent pour une confrérie sans contact avec le terrain, et pour cette raison, présentent rarement des suggestions pratiques. Il faudrait résumer la documentation scientifique à l'intention du praticien et peut-être trouver des intermédiaires qui interprètent pour lui les résultats de la recherche. Il faudrait aussi des séminaires, des stages, des réunions, des contacts personnels pour rapprocher les deux groupes. On arrivera ainsi à plus de compréhension et à plus de tolérance. Les institutions de recherche devraient multiplier les démonstrations, augmenter le budget des services d'information, et prévoir des publications séparées pour les forestiers de terrain et pour les chercheurs.

La communication de Vorobiov (commission VI) montre qu'il importe de coordonner les recherches et les applications en matière de génétique forestière. En U.R.S.S., l'institut scientifique central de recherche sur l'amélioration des essences forestières (à Voronej) étudie et réalise à grande échelle la production de semences améliorées.

Plochmann et von Droste zu Hülshoff présentent une analyse très convaincante qui fait ressortir le besoin d'améliorer l'information sur les recherches. La forêt doit désormais fournir non seulement des produits mais également de multiples services, l'écosystème forestier semble jouer un rôle important dans notre survie et la ressource forestière est aménagée à l'aide de techniques et de moyens mécaniques toujours plus puissants. L'application des connaissances est une partie intégrante de la recherche. La faculté de foresterie doit produire, emmagasiner, filtrer, transformer et transmettre des informations. Les éléments de la chaîne sont les faits, les moyens de transmission, le code, l'organe d'information et le destinataire. Il faut une collaboration des scientifiques et des journalistes pour vulgariser l'information. La collaboration internationale est nécessaire pour enregistrer l'information, organiser son exploitation à l'échelle internationale et créer une banque de données techniques régulièrement mises à jour. La faculté doit utiliser l'information pour attirer vers la profession les jeunes les plus capables; perfectionner les programmes d'enseignement; organiser le recyclage des professionnels, et appliquer des techniques d'instruction optimale.

Gurgel Filho traite trois aspects de la communication: communication entre les chercheurs; coopération entre les chercheurs; et transmission des résultats de la recherche au public. Des communications plus actives renforcent la coopération et vainquent l'immobilisme de nombreuses institutions. L'innovation est le produit final de la recherche. Au Brésil, certains résultats ont été convenablement diffusés: opérations d'enrésinement (Instituto forestal de São Paulo) et plantation d'eucalyptus (Compañia Paulista). L'auteur cite en exemple le programme actuel de l'Instituto Forestal de São Paulo, qui comporte quatre aspects: démonstration rapide des résultats, contacts techniques avec les propriétaires et les industriels dans des zones de démonstration; liaison permanente avec les parties intéressées, et recours à d'autres institutions pour un effort de vulgarisation auprès des autres personnels scientifiques et techniques.

4. Situation de la recherche forestière dans les pays en développement et possibilités de coopération internationale

Seth, qui traite de la recherche en Asie, réunit des informations sur une partie du monde où les situations sont extrêmement différenciées. Dans certaines régions, la recherche a commencé dès le début du siècle. Ailleurs, elle n'a même pas encore été entreprise. Les premières recherches ont été consacrées surtout à l'aménagement des forêts naturelles. Plus récemment, on s'est orienté vers la plantation d'essences à croissance rapide, l'amélioration des arbres, la production de pâte et de panneaux. On a négligé dans le passé la protection forestière, l'hydrologie, les sols, les relations écologiques, la photogrammétrie, les techniques de sondage et les problèmes économiques. Le problème du financement se pose partout, parce que la recherche a été associée aux autres aspects de la foresterie plutôt qu'à l'effort de développement. Il faudrait organiser des centres régionaux de recherche et diffuser les informations dans une langue commune.

Selon Groulez, la situation est aussi diverse en Afrique, sur les plans écologique, politique et social. La recherche forestière a pris une importance particulière à cause des impératifs du développement économique. Les bois africains et les forêts d'Afrique sont étudiés depuis longtemps par les services forestiers locaux et, dans le cas des bois, par les laboratoires des pays importateurs. Les services forestiers ont vite compris qu'il importait d'étudier la protection de leurs forêts et les moyens de réglementer l'exploitation, de régénérer les forêts et de créer des peuplements artificiels. Les pays africains se rendent de plus en plus compte du rôle de la foresterie dans le développement. La recherche dispose de matériels, de moyens et de personnels toujours plus considérables et plusieurs pays ont institué des sections de recherche autonome dans leurs services forestiers. Néanmoins, le pourcentage des recettes forestières affecté à la recherche reste insuffisant. Les fonds sont consacrés aux besoins apparemment les plus pressants. L'organisation de la recherche est très variable parce que les gouvernements sont nombreux, le développement inégal selon les pays, l'assistance plus ou moins importante. L'aide internationale à la recherche est le complément indispensable des programmes locaux. Il faudrait augmenter considérablement la coopération et la coordination au niveau régional.

Wadsworth étudie la situation de dix des principales institutions de recherche de l'Amérique latine. En général, leurs ressources et leur personnel ne cessent de se renforcer. Néanmoins, les moyens matériels restent insuffisants, les bibliothèques ne sont pas assez riches, les communications avec les autres institutions laissent à désirer et la formation du personnel scientifique présente des lacunes. La coordination volontaire au plan régional est une nécessité: le climat est favorable à un effort de ce genre. L'auteur recommande un programme régional de formation des directeurs d'instituts, des directeurs de projets de recherche et des jeunes savants.

Cozzo rend compte de ses travaux personnels sur la coordination régionale de la recherche forestière en Amérique latine. Il décrit les étapes du progrès forestier dans tous les pays en développement: tout d'abord un inventaire puis l'industrialisation des produits, l'amélioration des peuplements par la sylviculture, l'introduction d'exotiques, le développement de la statistique nationale, l'instruction publique, la génétique forestière. Selon lui, la centralisation régionale des recherches est impossible à cause du nationalisme. Néanmoins, le développement de 15 grandes institutions de recherche au cours de la dernière décennie constitue un résultat important. La foresterie, dans son ensemble, a obtenu des succès dans la région au cours de cette période, avec l'assistance de la FAO. L'auteur mentionne, comme obstacles importants, le manque de compréhension du public pour le chercheur, le manque d'appuis financiers, l'insuffisance des échanges d'information scientifique à l'intérieur de la région. La plupart des revues forestières sont destinées seulement à des abonnés, les bibliothèques sont petites ou récentes, on les rencontre seulement dans les grands centres urbains et les services de reproduction sont peu nombreux. Il faudrait multiplier les réunions de chercheurs, renforcer le centre régional de documentation, créer un centre de coordination des réunions scientifiques et une association régionale de spécialistes de la science forestière.

Kemp et ses collègues montrent qu'il faut agir immédiatement pour conserver les ressources génétiques du monde, et notamment du monde tropical. Les auteurs soulignent l'importance économique croissante des approvisionnements en bois tropicaux, la nécessité de compter sur des essences à haut rendement comme celles des tropiques, le manque de moyens de conservation du matériel génétique dans la région. Ils proposent un programme de coopération entre les instituts de recherche et le développement des essais internationaux de provenances. Ils proposent que du personnel PNUD/FAO aide à l'établissement de pools génétiques, de peuplements de conservation, d'essais de provenances et de banques de clônes.

Documents présentés à la commission V

MÉMOIRES GÉNÉRAUX

Addo-Ashong, F.W. Problems in relating research programs to the needs of management

Blatchford, O.N. The dissemination and application of research information in the field

Bouvarel, P. Contribution de la recherche forestière à la conservation de l'environnement

Cozzo, D. Necesidad de una mayor vinculación y cooperación de los investigadores forestales en las regiones en vías de desarrollo: el ejemplo de América Latina

Do Amaral Gurgel Filho, O. La difusión y aplicación de los resultados de la investigación forestal

Donaubauer, E. Problems and possibilities of rationalization of forestry research

Ebeling, F. The technological revolution in forestry and its challenge to foresters working in research and in the field

Groulez, J. L'état de la recherche forestière en Afrique

Heller, R.C., Spada, B. & Woll, A.M. Remote sensing in resource evaluation

Holdridge, L.R. & Tosi, J.A. The world life zone classification system and its significance to forestry research

Jindra, I. Getting forest research results known and applied

Kemp, R.H. et al. International cooperation in the exploration, conservation and development of tropical and sub-tropical forest gene resources

Keresztesi, B. Planning financing in forest research and the utilization of results achieved

Marshall, J.B. Evaluating research programs

Mlinsek, D. Progrès de la recherche sur les effets des traitements sylviculturaux de l'environnement

Oseni, A.M. Budgeting and planning of forest research in a federal country

Plochmann, R. & von Droste zu Hülshoff, B. The forestry faculty and the researcher in an integrated information system

Seth, S.K. Status of forestry activity in Asia

Smith, J.H.G. The communication of research to the operational forester

Strand, L. The possibilities and limitations of simulation techniques and modelling in forestry research

Vorobiov, C.I. Main trends in forest utilization and forest management in the U.S.S.R.

Wadsworth, F.H. Status of forestry research in Latin America

Youngs, R.L. Setting priorities in forest research

MÉMOIRES SPÉCIAUX

Bitterlich, W. The Tele-Relaskop

Burgess, R.L. & Swank, W.T. Analysis of ecosystems in the eastern deciduous forest biome - U.S. International Biological Program

Howard, J. & Barton, I.J. Mapping the albedo of forest from light aircraft

Little, E.L. The status of tree identification in Latin America

Mittak, W.L. Photo-dendrometry

Newnham, R.M. Simulation models as an aid to the design, development and innovation of logging machinery

Ruan Ruan, F. Un plan nacional de investigaciones forestales para Colombia

Snobohm, A J. Empleo de sensores remotos-radar en la inventariación de la selva amazónica y levantamiento de los recursos naturales

Tagudar, ET. Forest research in the wood industry in the Philippines

Vega Condori, R. Las formas fisiográficas en el mapeamiento y evaluación de los «cerrados»

Vyskot, M. New trends in the science of silviculture

Rapport

1. La planification est la condition préalable d'une recherche forestière efficace, mais elle est un moyen et non pas une fin. Son but est de diriger la recherche vers les objectifs les plus utiles, et de diriger les ressources vers les lignes de recherche les plus importantes. Puisque, invariablement, les ressources sont limitées, l'établissement de priorités s'avère impératif. Ces priorités découlent des exigences de la politique forestière nationale.

2. La souplesse est une fonction essentielle de tout programme de recherche. Des problèmes inattendus peuvent se présenter et nécessiter d'urgence des solutions appropriées, et les plans de recherche doivent permettre une mise en route immédiate de la recherche sur ces problèmes, aux dépens, si nécessaire, d'autres points moins prioritaires de la recherche à long terme.

3. Une présentation bien conçue des programmes de recherche peut faciliter l'obtention des fonds nécessaires, soit des gouvernements, ou bien de l'industrie, des institutions d'aide ou des fondations. Les bénéfices à attendre de la recherche, qu'ils soient du domaine économique ou social, doivent être clairement établis. Les avantages économiques peuvent être évalués en termes quantitatifs. Les avantages sociaux sont difficiles à quantifier, mais il faut tenter de les évaluer en termes non monétaires car ils constituent souvent la considération prédominante. Un système logique de préparation des programmes et des budgets qui tente d'intégrer aussi bien les bénéfices économiques que les avantages sociaux, tel que le système des budgets programmes, constitue un instrument précieux à cette fin.

4. De nombreux aspects de l'administration de la recherche ont un caractère universel. Des séminaires internationaux apprendront aux administrateurs de la recherche à en identifier les objectifs, à déterminer les priorités, à organiser les programmes et les budgets, à employer des équipes interdisciplinaires et à améliorer la liaison entre les chercheurs d'une part, et les exploitants et le public d'autre part.

5. Les technologies modernes de recherche, comme l'analyse des systèmes, la simulation et les modèles, la télédétection, la chimie biologique, la mesure automatique et non destructive des propriétés du bois constituent de puissants instruments de la recherche forestière. Il est nécessaire d'adopter des mesures spéciales afin d'informer les chercheurs de la nature, de l'utilité et des limitations de ces technologies. Parmi ces mesures, on pourrait signaler l'organisation de séminaires et de groupes de travail.

6. Il est essentiel de poursuivre et d'intensifier l'étude des écosystèmes forestiers, afin de mieux comprendre l'environnement et la base biologique de l'aménagement. A cette fin, on invite de façon pressante les organisations de recherche forestière, en coopération avec les autres instituts de recherche, à assurer la continuité des recherches internationalement coordonnées et pluridisciplinaires sur les écosystèmes forestiers, lorsque le Programme biologique international aura pris fin.

7. L'exploitation ordonnée d'un volume toujours croissant d'information sur la recherche forestière crée un problème grandissant pour les chercheurs du monde entier. La contribution du Commonwealth Forestry Bureau, grâce à la publication régulière de ses Forestry Abstracts (Résumés forestiers), est largement reconnue, et la commission a pris bonne note qu'à partir de janvier 1973 les Forestry Abstracts deviendront une publication mensuelle complètement automatisée, donnant une information qui sera classée sous une forme lisible pour les machines.

8. Il existe cependant une nécessité urgente d'accélérer les progrès dans le développement d'un système mondial de stockage et de restitution de l'information forestière, qui serait à la disposition des pays en développement comme des pays développés. Il s'agit d'une tâche considérable, qui exige comme première mesure la création d'un thésaurus forestier universellement accepté. La création d'un groupe spécial d'étude des systèmes d'information au sein de l'IUFRO est un pas encourageant en direction de cet objectif. La FAO travaille elle aussi sur ce thème, par les soins de son Centre de recherche.

9. La recherche appliquée est une partie substantielle de la recherche forestière. Elle devrait être destinée, autant que possible, à résoudre les problèmes pratiques de l'agent forestier et énoncer les résultats sous une forme facilement compréhensible aux intéressés. Les relations doivent être encouragées entre le chercheur et l'agent forestier. La parole n'est pas moins importante que l'écriture, et il faudrait donner au forestier des occasions accrues de discussion, de démonstration et de participation à la recherche, afin que le chercheur et le praticien collaborent mieux.

10. Un des moyens de s'assurer que les programmes de recherche visent bien les problèmes pratiques de terrain est de faire participer les agents forestiers à la préparation des programmes. Tout comité de coordination de la recherche devrait avoir parmi ses membres des praticiens.

11. La spécialisation excessive risque de rendre trop étroit le point de vue du chercheur. Il conviendrait d'encourager tous les chercheurs à développer un esprit d'équipe interdisciplinaire et à échanger d'une façon régulière leurs avis sur les aspects généraux de la recherche.

12. Les réunions périodiques de chercheurs à l'échelon régional peuvent contribuer d'une façon très positive à l'échange d'informations entre pays voisins. Elles sont particulièrement profitables dans certaines régions, comme l'Amérique latine, où la plupart des participants parlent la même langue.

13. La création de centres régionaux pour la collecte et la diffusion des informations sur la recherche est également un moyen d'une grande utilité pour stimuler la recherche sur le plan régional.

14. Les ressources dont on dispose pour effectuer des recherches forestières dans la plupart des pays en développement sont extrêmement insuffisantes par rapport à l'ampleur du problème. Les gouvernements nationaux devraient assigner la priorité au renforcement de leurs programmes de recherche forestière, afin que celle-ci puisse contribuer comme elle le doit à accélérer et améliorer la foresterie. Le soutien national aux programmes de recherche forestière est une condition fondamentale de leur succès.

15. En même temps, les institutions d'aide internationale et bilatérale devraient prendre des mesures immédiates pour accroître leur contribution au renforcement de la recherche forestière dans les pays en développement, grâce à une assistance technique substantielle et élargie. La longueur de beaucoup de recherches forestières implique bien souvent la nécessité d'une aide à long terme.

16. Il existe un urgent besoin d'augmenter les possibilités de formation aux techniques de recherche pour les chercheurs forestiers des pays en développement. Il faudrait multiplier et élargir les cours et séminaires de formation sous parrainage international, qui englobent des sujets tels que l'analyse des problèmes, la préparation de projets de recherche et de - plans expérimentaux, y compris les dispositifs d'analyse, la programmation informatique et la préparation de rapports et de publications sur la recherche.

17. L'échange à court terme de personnel scientifique entre pays en développement et pays développés peut être mutuellement très profitable. Il faudrait élargir l'octroi de subventions internationales pour que les chercheurs forestiers reçoivent une formation théorique et pratique dans les pays développés. En même temps, on devrait encourager les scientifiques des pays développés à se faire détacher temporairement pour se consacrer à la recherche et à l'enseignement dans les pays en développement.

18. Dans les pays en développement, la recherche s'est centrée traditionnellement sur l'aménagement et la régénération des forêts naturelles, et sur l'utilisation des espèces autochtones. Plus récemment, les essais d'espèces exotiques, les essais de provenances et la création des forêts artificielles ont pris une importance toujours plus grande. Les domaines de recherche qui méritent une attention urgente dans un grand nombre de pays en développement comprennent l'hydrologie, l'étude des sols, les techniques de sondage, l'économie forestière, l'extraction du bois et les effets des forêts artificielles sur l'environnement.

19. Les pays développés ont des laboratoires et des centres spéciaux de recherche sur les produits forestiers, par exemple sur les propriétés du bois et sur l'ingénierie du bois, qui pourraient parfois être plus intensivement utilisés, tandis que beaucoup de pays en développement ne possèdent pas d'installations de ce genre. On recommande donc, comme très utile aux pays en développement, la préparation d'une liste d'instituts de recherche sur la foresterie et des domaines connexes comme le bâtiment, qui mentionnerait les matières étudiées et signalerait la possibilité d'entreprendre des recherches pour le compte d'autres pays.

20. Une tâche d'importance primordiale pour l'avenir de la foresterie mondiale serait la conservation et l'utilisation des ressources génétiques forestières. La chose est spécialement urgente dans les pays tropicaux et subtropicaux où, dans certains cas, de précieux éléments génétiques courent un danger imminent d'extinction. Le projet général de recherche et d'exploitation des ressources génétiques, qui est maintenant à l'examen du PNUD, est d'une importance capitale.

21. On progressera sans doute le plus rapidement si, tout en intensifiant la recherche, on la concentre sur un petit nombre d'espèces importantes, comme il ressort des travaux de plusieurs instituts internationaux de recherche agricole.

22. Les activités actuelles de collecte et de distribution d'échantillons de semences de différentes provenances ne peuvent être dûment mises à profit que si tous les pays sont informés des espèces et des provenances disponibles. La publication d'informations sur les ressources génétiques forestières, telle qu'elle a été proposée par la FAO, pourrait remédier en grande partie à la carence actuelle.

Recommandations

23. Considérant que les moyens de recherche dont disposent les pays en développement sont extrêmement insuffisants pour résoudre les nombreux problèmes qui se sont posés, la commission recommande d'intensifier immédiatement et substantiellement l'assistance internationale visant à renforcer la recherche forestière dans les pays en développement.

24. Constatant les fréquents défauts de communication entre les chercheurs et les praticiens forestiers dans le passé, la commission recommande que les programmes de recherche soient tels qu'ils tiennent compte des besoins des praticiens forestiers et qu'un dialogue s'instaure fréquemment entre les chercheurs et les praticiens, de sorte que les uns puissent apprécier les réalisations et les problèmes des autres.

25. La commission recommande que les planificateurs de la recherche établissent un ordre bien net de priorités dans leurs programmes, tout en conservant le plus possible de souplesse pour tenir compte des problèmes qui peuvent survenir à l'improviste et nécessiter une solution immédiate.

26. En reconnaissant la valeur des cours de formation et des séminaires, tant sur l'administration de la recherche que sur les techniques de recherche, la commission recommande que les initiatives de ce genre deviennent plus fréquentes.

27. La commission appuie énergiquement le projet général de recherche et de développement des ressources génétiques forestières qui est soumis à l'examen du PNUD. Elle recommande en outre à la FAO de publier dès que possible et d'une façon périodique des informations à jour sur les ressources génétiques forestières disponibles.

28. La commission recommande de prendre des mesures spéciales, telles que l'organisation de groupes de travail et de séminaires, pour informer les forestiers scientifiques sur la nature, l'utilité et les limitations des nouveaux systèmes de recherche, tels que les analyses de systèmes, la construction de modèles et la simulation, la télédétection et la chimie biologique. Cette recommandation a été prise en compte par l'IUFRO.

29. La commission recommande d'accomplir un intense effort international tendant à développer un système mondial de collecte et de restitution de données scientifiques. A cet égard, elle a accueilli avec satisfaction la nouvelle de la création, au sein de l'IUFRO, d'un groupe spécial sur les systèmes d'information.


Page précédente Début de page Page suivante