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Commission VI. Économistes, administrateurs et planificateurs


Note du secrétariat
Documents présentés à la commission VI
Rapport


Président:

A. MADAS (Hongrie)

Vice-présidents:

M. RUKUBA (Ouganda)
K. LANZ (Suisse)
M. RIO TORRES (Pérou)

Note du secrétariat


1. La planification du développement forestier
2. Evolution de l'offre et de la demande
3. Nécessités et tendances des institutions de planification et de développement
Résumé


Modérateur:

J.W. DEINEMA (Etats-Unis)

Secrétaires techniques:

S.L. PRINGLE (FAO)
S.H. SEJENOVICH (Argentine)

L'ordre du jour de la commission VI contient trois points d'un grand intérêt pour les économistes, administrateurs et planificateurs spécialistes des forêts:

Planification du développement forestier.
Nouvelles tendances de l'offre et de la demande.
Besoins et tendances des institutions consacrées à la planification et au développement.

Ces trois points prennent une importance particulière en un moment comme celui-ci où les forestiers accueillent de bon gré les vigoureuses revendications exprimées en matière d'environnement, dans le monde actuel en rapide évolution. Nous employons l'expression «de bon gré», car les forestiers se sont traditionnellement préoccupés de préserver les multiples valeurs attachées aux terres incultes ou inaccessibles. C'est pourquoi la grande majorité des forestiers se félicitent de l'intérêt que l'environnement éveille chez toutes sortes de gens.

Les communications présentées à la commission VI traitent des diverses possibilités de la forêt à tous les niveaux et fournissent des données provenant d'un large éventail de sociétés parvenues à différents stades de développement. Elles exposent les possibilités et les problèmes communs, ainsi que les problèmes propres à une économie déterminée car pour elle ils ne sont pas moins réels. Il faut s'efforcer d'établir quelles sont les principales tendances mondiales de la foresterie en donnant en même temps de l'importance aux éléments ou aux questions qu'auparavant on n'avait pas l'habitude de préciser mais qui, dans l'avenir, peuvent avoir des répercussions sur la foresterie. C'est ce que j'ai sincèrement essayé de faire. Il se peut que j'aie oublié certains points, importants aux yeux d'autres lecteurs. Je ne cherche cependant pas d'excuses car je sais que les membres de cette commission ne manqueront pas d'examiner avec ardeur toute question qui m'aura échappée.

1. La planification du développement forestier

La planification du développement forestier devient de plus en plus complexe et sujette à de nombreuses variables qui changent rapidement. Au cours de l'histoire, la planification du développement forestier a évolué de l'inexistence au concept de la rentabilité économique maximale des produits ligneux. Le point de vue global est en train de changer et les valeurs difficiles à chiffrer (récréation, faune, diminution de la contamination, esthétique, etc.) constituent de nouveaux paramètres que les planificateurs forestiers doivent considérer dans tous leurs détails. D'autre part, les programmes forestiers sont souvent un instrument vital auquel recourent les gouvernements pour atteindre des objectifs politiques.

POINT DE VUE GLOBAL

Au début de son étude, Gregory reconnaît que ses premières tentatives en vue d'évaluer les mérites respectifs du développement planifié et du développement non planifié n'ont plus de sens. En effet, durant la dernière décennie, le développement planifié est devenu un fait accepté par la plupart des autorités mondiales de la politique, de l'économie et de la sylviculture, que leurs gouvernements soient centralisés ou non. Il signale qu'actuellement presque tous admettent la planification du développement parce que le développement économique est la préoccupation majeure de plus des deux tiers de l'humanité; et que la planification du développement va au-delà de la vieille méthode consistant à grouper les analyses dans un «plan national»où sont actuellement fixés des objectifs nationaux pour la croissance et l'investissement.

Gregory signale que la question qui se pose pour cette décennie n'est pas «planifier ou ne pas planifier» mais «comment doit-on dresser et exécuter les plans de développement et qui doit être chargé de cette tâche?». Il est essentiel que les pays en développement élaborent des plans afin que les secteurs forestiers et de l'industrie du bois contribuent à la croissance économique. Etant donné leur formation et leurs études spécialisées, les techniciens et les économistes forestiers doivent apporter leur concours pour que les décisions d'investissement à long terme dans la sylviculture tiennent compte des autres secteurs de l'économie.

Johnston nous donne un aperçu de l'élaboration et de l'exécution de la politique forestière globale. Il traite essentiellement de la sylviculture contrôlée par l'Etat et part de l'hypothèse que les gouvernements adoptent les décisions en matière forestière en tenant compte, fondamentalement, de considérations politiques. La politique gouvernementale est interprétée en général dans la stratégie des plans pour les exploitations forestières. Les interprétations tactiques opérationnelles se font par ordre décroissant aux niveaux administratifs de la région (conservation) et du district (forêt nationale).

Johnston note par ailleurs comment se transforment les concepts théoriques de la planification forestière. Traditionnellement, la planification forestière a visé avant tout la production de produits forestiers pour l'usage local. Actuellement, la sylviculture est employée par l'Etat pour atteindre des objectifs politiques. Dans ce cas, économistes, administrateurs et planificateurs forestiers doivent avoir pleine conscience des buts politiques du gouvernement, afin que la planification forestière s'intègre aux autres secteurs de l'économie. L'évolution rapide des facteurs sociaux, économiques, politiques et technologiques commande des politiques forestières flexibles et non pas fixes et statiques. Une mise à jour rapide est nécessaire pour donner de la stabilité aux programmes. L'utilisation multiple et non plus unique de la forêt prend de l'extension (production de bois), et la politique doit considérer que les valeurs sociales intangibles ou non vénales constituent également des objectifs. Les inputs et outputs ne doivent pas être évalués exclusivement en fonction de leur valeur marchande. La planification aux différents niveaux doit être véritablement définitive et constituer un processus souple et dynamique. Du point de vue opérationnel, aussi bien les plans annuels (à court terme) que les plans quinquennaux ou décennaux (à long terme) peuvent assurer souplesse et continuité, un budget détaillé étant établi pour chaque année d'exécution. Les résultats obtenus doivent être comparés avec les plans et les budgets approuvés.

Earl confirme avec des faits les postulats de Gregory et de Johnston en examinant les besoins de bois à long terme, les forêts sous l'angle de l'investissement, et les avantages non commercialisés que procurent les forêts.

Il signale que la source de la force de la sylviculture a toujours été son intérêt pour l'environnement et demande instamment l'adoption d'un critère basé sur le bénéfice social net - grâce à une plus grande utilisation des techniques d'analyse de coûts-bénéfices - afin de maintenir cet intérêt.

De Camino pose les bases d'une planification pour le développement du secteur forestier et insiste sur la nécessité de les présenter au niveau régional et national. Il attire l'attention sur le fait qu'il n'est pas suffisant d'évaluer les projets du point de vue du secteur privé, en omettant de tenir compte des bénéfices sociaux qui contribuent fréquemment à défavoriser les projets forestiers par rapport aux autres projets d'investissements financiers. Il confirme l'importance que revêt la constatation de la position intermédiaire du secteur, de sa complémentarité avec les autres secteurs, de son rôle dans l'accroissement des possibilités d'emploi, ainsi que dans l'harmonisation du développement et l'étalement du coût du capital consacré au développement; il prouve aussi la nécessité d'établir des coefficients destinés à mesurer ces relations globales. Il esquisse pour le secteur forestier un modèle de développement économique qui utilise les caractéristiques stratégiques du secteur et qui possède la plus grande utilité au niveau régional.

Exemples nationaux

Par leurs observations, Gregory et Johnston déterminent les caractéristiques de bien des tendances mondiales générales qui s'imposent aux économistes, administrateurs et planificateurs dans le secteur des forêts. Un certain nombre de communications des pays en développement illustrent également nombre de ces problèmes et possibilités.

Srivastava et Hejmadi traitent de la planification du développement de la foresterie en Inde. Les plans quinquennaux qui y furent appliqués de 1951-56 à 1964-71 ont évolué vers trois objectifs principaux:

Couverture forestière contribuant à éviter les inondations, à conserver les sols et l'humidité et à atténuer les excès climatiques en général.

Fourniture de bois d'œuvre, d'industrie et de chauffage.

Préservation des forêts à des fins scientifiques, sportives et récréatives.

Les principales lacunes des premiers plans furent identifiées, évaluées et étudiées très soigneusement pour la préparation du plan 1974-79. Les rectifications opérées, ajoutées aux espoirs de doubler la production, débouchent sur un programme ambitieux pour les cinq années à venir.

Agarwala et Seth traitent également de la planification du développement en Inde. Kamau décrit la situation au Kenya. De Rosayro expose l'aménagement du territoire en Jamaïque et Caruso fait de même pour la province de Cordoba en Argentine.

Méthodes et instruments de planification et de décision

Row examine les récents progrès qui permettent d'adapter des techniques d'opération, de recherche et autres outils économiques afin de faciliter les décisions en matière d'utilisations multiples. Chaque jour, on dispose de plus d'informations techniques sur les réactions biologiques et physiques aux activités d'aménagement que l'on peut incorporer à des modèles d'évaluation. Cependant, le manque de méthodes et d'information dans divers domaines restreint l'utilité des techniques actuelles. Parmi elles figurent l'inventaire des ressources économiques de zones ayant la taille d'unités d'aménagement, les tendances de la demande et des valeurs assignées à la production des ressources forestières, les méthodes pour évaluer les coûts en tenant compte de l'étendue et des conditions des aires d'aménagement individuelles, et les façons de mesurer les effets négatifs sur l'environnement.

Moiseev examine les méthodes employées pour les calculs de cubage à des fins de prévision. On ne peut utiliser ces méthodes que d'une manière limitée car elles ne tiennent pas compte de l'influence des mesures prévues sur la dynamique du peuplement ligneux total. En même temps, on ne peut parfaire ces méthodes de calcul du cubage que par une coordination organique des plans actuels sur l'aménagement des forêts, avec leurs objectifs de développement à long terme.

De même, Gane, Grut, Tersch, MacGregor, Monteiro Alves, Obminski et Mujica attirent notre attention sur les méthodes et les instruments de planification et de décision. Dans ce cas également, il semble que l'on s'oriente vers la recherche de méthodes et de systèmes posant et employant des critères permettant d'obtenir des bénéfices sociaux nets de la planification forestière et des efforts de développement.

PLANIFICATION DES PLANTATIONS

Garrasino, Sainz-Sanguino, Falla Ramírez, Hummel et Davidson et Familton appellent l'attention sur les divers facteurs que planificateurs, économistes et administrateurs doivent considérer lorsqu'ils envisagent la planification, la création et l'aménagement de forêts artificielles et la commercialisation des produits de plantations.

Garrasino examine la protection, le contrôle et l'utilisation appropriés des forêts naturelles existantes et du repeuplement à l'aide de meilleures espèces, la sélection de terres propices aux plantations, le maintien des plantations à des niveaux forestiers techniquement acceptables, et la ferme et permanente assistance financière du gouvernement.

Sainz-Sanguino analyse des difficultés et des conditions analogues dans le développement d'un programme de plantation. Le programme, appuyé par une décision politique, est entrepris pour des raisons de conservation et de bénéfices indirects; ses bases sont examinées dans un large cadre. On inclut dans les bénéfices du programme les bénéfices tant directs (production de bois, de caoutchouc ou de fruits) qu'indirects (zones vertes pour la récréation, stabilisation du sol, création d'emplois et aide à l'économie rurale). Bien que les plantations tendent a réduire les terres disponibles pour le pacage, cet inconvénient pourrait être atténué par l'amélioration des pâturages. L'auteur étudie aussi les services et activités de soutien tels que financement, comptabilité, voies d'accès et de vidange, lutte contre les incendies de forêts, structure administrative, problèmes particuliers de la propriété foncière, système d'information et banques de données aux ordinateurs.

Falla Ramírez déclare que les pays tropicaux d'Amérique où le taux de croissance démographique est élevé connaissent un très grave problème, avec le risque d'une crise sociale insurmontable, car il est impossible de satisfaire les besoins minimaux de leurs populations. Ces besoins primordiaux peuvent être satisfaits dans une certaine mesure si ces populations atteignent un niveau de gains économiques leur permettant d'obtenir nourriture, santé, logement, éducation, vêtements et loisirs. Mais ces gains ne peuvent en aucun cas être considérés comme un don ou une fonction du gouvernement, ils doivent être obtenus uniquement par le travail et la redistribution des terres.

L'agriculture et l'élevage, qui ont constitué traditionnellement la seule utilisation économique du sol, n'ont pas permis d'envisager le reboisement non seulement comme l'utilisation la plus satisfaisante du point de vue technique et économique mais encore comme l'activité permettant d'utiliser plus de main-d'oeuvre pour la production intérieure. Le document comporte quelques analyses économiques qui visent à montrer que la création de forêts ou le reboisement sont une importante source d'emplois et de gains pour les familles rurales, soit en complément de la production agricole, soit comme seule activité productive.

Hummel et Davidson traitent de la planification des marchés primaires pour le bois: scieries, usines d'élaboration de pâte et fabriques de panneaux de particules depuis environ 1918. Du point de vue des propriétaires de forêts, les forêts et les industries du bois sont considérées comme un seul et même complexe. Le développement du marché présente quatre aspects essentiels: la disponibilité de bois pour de nouvelles activités; la préparation d'une stratégie globale de développement industriel; une organisation nationale chargée de coordonner les efforts des producteurs et des industriels, et des accords commerciaux garantissant une coordination similaire, au niveau des projets.

L'estimation des disponibilités de bois doit avoir pour base des prévisions de la production du point de vue tant de la quantité que de la qualité du bois et s'ajuster à la demande exprimée sur les marchés existants. Il est suggéré que soient consultés des experts-conseils indépendants qui s'appuient sur les critères stratégiques actuels lorsqu'ils ont à examiner les possibilités diverses. Quel que soit le type de structure qu'offre le complexe industriel du bois, il est essentiel qu'existent de bonnes lignes de communication officielles, officieuses et même personnelles. Il y a peu d'industries du bois qui effectueraient des investissements à long terme sans avoir la certitude que les producteurs leur assureront un approvisionnement suffisant pour une longue durée.

Familton passe en revue les études réalisées en 1925 par les techniciens forestiers qui prévirent ou déterminèrent qu'en Nouvelle-Zélande les ressources locales aptes à la production de sciages seraient épuisées; qu'il apparaissait impossible de maintenir et, encore moins, d'augmenter les disponibilités de bois par le traitement cultural d'essences forestières indigènes à croissance lente; et que l'unique solution possible était d'entreprendre un programme intensif de plantations de conifères importés à croissance rapide.

Ce programme intensif de plantations a été entrepris, et Familton décrit l'évolution des plantations avec l'utilisation de Pinus radiata. Les idées concernant la planification, qui furent mises à exécution pendant plus de 50 ans d'aménagement de plantations, devraient s'avérer utiles pour les pays qui entreprennent par nécessité des programmes semblables. Un point d'importance particulière est que la politique d'aménagement, qui au lieu du maintien de la production tend à son expansion, apporte la flexibilité nécessaire pour pouvoir atteindre un taux de croissance de la production de bois rond souhaitable et ajusté à l'augmentation envisagée de la capacité de traitement industriel.

Garrasino, Sainz-Sanguino, Falla Ramírez, Hummel et Davidson et Familton ne signalent pas que l'utilisation des forêts comme lieux de récréation est déjà devenue un facteur significatif en matière d'aménagement. Serait-ce que la récréation ne devient un facteur important que lorsque les pays industrialisés disposent de plantations adultes (ou de forêts naturelles) et d'un excédent (exportable) de produits forestiers? C'est ce que semblent confirmer les observations de Ghosh et Lohani. Sague Diaz et Romero décrivent des programmes de plantation déterminés, tandis que Frediani et Ruan Ruan traitent des questions d'investissement et de financement.

VALEURS MÉSOLOGIQUES ET SOCIALES

Niesslein, Grayson et Beale et Storms attirent notre attention sur les valeurs mésologiques et sociales dont les économistes, administrateurs et planificateurs doivent tenir compte en raison de leur importance croissante.

Niesslein met l'accent sur le fait que la fonction productive de la forêt, ainsi que ses fonctions récréatives et sociales, n'entrent en concurrence que dans trois secteurs parce que la récréation est seulement l'une des multiples utilisations des forêts; elle peut entraver la formation des spécialistes et les applications de la foresterie et différer ou diminuer les revenus de l'entreprise forestière - question capitale.

Les entreprises forestières autrichiennes sont des entités économiques qui cherchent à augmenter leurs bénéfices alors que le coût de la main-d'oeuvre augmente. Une plus grande utilisation des forêts de l'entreprise à des fins récréatives entraîne des dommages aux arbres et au matériel, causés par les feux de forêts; des risques d'actions en responsabilité civile découlant du caractère dangereux des opérations forestières; le retard ou la désorganisation des travaux forestiers imputables au tourisme, et la dévalorisation des réserves de chasse.

Une loi approuvée en 1971 par le parlement autrichien a reconnu les incidences des activités récréatives sur l'économie des entreprises forestières et des exploitations agricoles, et sur les ventes de terrains; cette loi prévoit donc des remboursements à l'aide de fonds fédéraux lorsque cela s'avère nécessaire. Niesslein a conçu et appliqué des méthodes d'évaluation qui déterminent équitablement ces incidences.

Grayson analyse l'utilité de la forêt, qui n'est pas évaluée en termes monétaires. Parmi les principales utilités qui ne peuvent être commercialisées figurent la récréation, le bien-être général, la régulation du régime des eaux, la réduction de l'érosion du sol, l'abri contre le vent et la préservation d'un mode de vie bien implanté. Bien qu'on prétende souvent que ces utilités sont intangibles, il est rare qu'elles le soient; par contre, il est plus probable qu'il s'agit de biens et de services non vénaux.

Il convient d'évaluer tous les bénéfices que peuvent offrir les forêts, de façon que ceux qui sont chargés d'adopter les décisions en la matière puissent juger en connaissance de cause l'apport des forêts. L'analyse coûts-bénéfices est l'outil économique qui sert à évaluer les coûts et bénéfices (vendables ou non) du point de vue de la société. Grayson décrit et analyse les progrès récents et très positifs accomplis en matière d'évaluation des bénéfices que l'on ne peut pas commercialiser; la récréation et le régime des eaux, par exemple, parmi d'autres encore plus complexes comme le bien-être général ou le paysage. Le débat, basé sur une bonne information, exige des buts définis, une analyse et une évaluation objectives et, si possible, quantitatives, et du discernement pour l'élaboration des conclusions et des recommandations. Le jugement subjectif, sans fondement, au sujet d'une question déterminée, ne participe dans le meilleur des cas que d'une simple intuition, et au pis-aller, d'un simple préjugé. On a besoin de plus de données sur les conséquences physiques et sociales de la foresterie. Même si ces effets ne peuvent être mesurés et évalués en termes monétaires, un débat mieux informé sera possible.

Beale et Storms décrivent le service des forêts des Etats-Unis qui met en pratique le concept de l'«usage multiple». Il s'agit de l'examen des diverses utilisations demandées avant de répartir les ressources forestières et non pas d'une formule de décision. Les citoyens soucieux de l'intérêt public participent au débat opposant le souci de rentabilité au besoin d'un cadre agréable pour les loisirs. Des personnes de plus en plus nombreuses préfèrent aux produits commerciaux de la forêt des avantages difficiles à évaluer.

Bowles signale que depuis la seconde guerre mondiale l'U.R.S.S. s'est convertie en une grande puissance industrielle mondiale. En conséquence, les pays en développement estiment peut-être que le système économique soviétique est le modèle approprié qu'ils devraient imiter pour obtenir une croissance économique rapide. Il examine un aspect de l'économie soviétique - le «coût social» de l'utilisation des forêts et de l'industrie du bois - pour établir les connaissances que peuvent en tirer les pays en développement.

Lewis note également la nécessité de chercher un équilibre entre les bénéfices économiques et les bénéfices sociaux que la nation peut tirer des forêts, variables selon les besoins des peuples intéressés. Ainsi, les pays en développement ont besoin des bénéfices économiques et les nations industrialisées des avantages sans valeur marchande. Les gouvernements doivent empêcher la destruction du patrimoine productif d'avantages sociaux intangibles dans le but d'obtenir exclusivement des bénéfices économiques. Algvere confirme généralement ces conclusions. Il note la nécessité de maintenir l'idéal d'un rendement constant pour la foresterie car les considérations d'environnement réduiront de plus en plus la recherche du plus grand bénéfice économique en recourant à la mécanisation et à des opérations à grande échelle. Samek traite de la politique forestière par rapport aux fonctions sociales en Tchécoslovaquie.

2. Evolution de l'offre et de la demande

Madas, Zivnuska, Vorobiov, Josephson et Ogasawara attirent notre attention sur les plus récentes tendances de l'offre et de la demande de bois. En se basant sur des projections esquissées dans son étude générale, Madas estime qu'en l'an 2000 la consommation mondiale de produits ligneux atteindra un total d'environ cinq milliards de mètres cubes. Bien que les données sur les réserves mondiales totales de matériel ligneux sur pied soient incomplètes, il est probable que les réserves connues de l'Amérique du Nord et de l'U.R.S.S., ajoutées à celles constituées par les forêts vierges d'autres régions et à la production des autres forêts aménagées dans le reste du monde, peuvent répondre à la consommation prévue pour l'an 2000.

Afin de satisfaire la consommation projetée pour l'an 2000, Madas prévoit qu'il sera nécessaire de porter les importations actuelles de l'Europe, du Japon et des Etats-Unis, de 140 millions à 360 millions de mètres cubes en équivalent de bois brut, ce qui représente une augmentation de 220 millions.

L'étude de Madas fait ressortir que ce supplément d'importations nettes de 220 millions pourrait provenir des sources suivantes:


Millions de mètres cubes (bois brut)

Canada

120

U.R.S.S.

30

Autres régions

40

Autres ressources (les bois exclus)

30

TOTAL

220

Zivnuska examine les variations probables que subiront dans l'avenir les prix des produits du bois par rapport aux tendances mondiales du niveau général des prix, des revenus disponibles des consommateurs, des prix des produits de remplacement du bois, et des prix d'autres matières premières d'origine naturelle.

Zivnuska recourt à l'histoire forestière des Etats-Unis, de 1870 à 1970, pour illustrer les problèmes analogues qui se posent dans le monde d'aujourd'hui aux nations en développement dont les disponibilités en bois sont relativement limitées. Il examine les tendances de la population mondiale et leurs répercussions éventuelles sur les disponibilités mondiales de bois. Il est probable qu'aux Etats-Unis les prix des produits forestiers continueront à augmenter, du moins jusqu'à l'an 2000, et il est à prévoir que les prix mondiaux des produits ligneux s'élèveront durant les prochaines décennies proportionnellement aux prix des autres articles. Les forestiers devront trouver le moyen de freiner la hausse du coût des produits ligneux. La population mondiale, croissante malgré les mesures de limitation des naissances, exigera de plus en plus d'aliments, de fibres textiles, de logements et d'énergie, dont l'approvisionnement actuel est déjà insuffisant. Il pourrait en résulter un renversement des tendances actuelles qui donnent plus d'importance aux agréments qu'offrent les forêts qu'à leur production économique.

Vorobiov discute les tendances de l'utilisation et de l'aménagement des forêts en U.R.S.S. Dans un siècle marqué par le développement exceptionnellement rapide de la science et de la technique, ainsi que de l'agriculture et de l'industrie, le rôle protecteur des forêts prend de plus en plus d'importance parallèlement à l'augmentation continue de la demande de bois. Ces fonctions complexes et multiples créent la nécessité d'une approche souple. On y parvient en U.R.S.S. par une intensification maximale de l'aménagement des forêts qui tient dûment compte de la distribution géographique, de l'alignement inévitable de l'utilisation des forêts sur le processus complet de l'utilisation de la nature et de l'intensification de la recherche scientifique.

Dans les régions industrielles à forte densité de population, il est indispensable de purifier l'eau et l'air, de protéger les sols contre l'érosion, de créer des conditions favorables au tourisme et au repos, d'améliorer le paysage et l'esthétique et d'accorder un rôle primordial aux différentes formes d'exploitation améliorée (coupes sélectives, d'amélioration et d'éclaircie). Bien que l'exploitation des forêts dépende inévitablement des exigences sylvicoles, il faut cependant tenir compte de tous les objectifs visés. La croissance de la production doit provenir des régions moins peuplées de la Sibérie et de l'Extrême-Orient soviétique.

Josephson analyse une nouvelle étude sur la situation et les perspectives forestières aux Etats-Unis. Il s'agit de la dernière d'une série d'études périodiques effectuées par le service forestier de ce pays: elle met à jour l'analyse des tendances du marché du bois effectuée en 1962 et l'examen global des ressources en bois datant de 1952. Les points essentiels qui se dégagent de cette étude sont les suivants:

La demande de produits ligneux a augmenté de 40 pour cent aux Etats-Unis dans les vingt dernières années et l'on s'attend à des augmentations du même ordre dans l'avenir.

Les utilisations des forêts autres que la production de bois s'accroissent rapidement.

Le niveau récent de l'aménagement des forêts ne permettra pas de produire suffisamment de bois pour satisfaire la demande prévue, aux prix courants.

Bien que les importations croissantes constituent un facteur significatif, l'augmentation des exportations neutralise une part importante de cette croissance.

Les prix du bois augmenteront probablement en raison de l'accroissement de la demande et de la diminution des disponibilités.

Les produits de remplacement du bois offrent des alternatives possibles mais engendrent des problèmes d'environnement.

Une meilleure utilisation des ressources en bois peut atténuer les problèmes d'approvisionnement.

L'aménagement intensifié des forêts peut augmenter disponibilités à long terme et maintenir un environnement forestier acceptable.

Ogasawara compare rapidement la situation de la sylviculture japonaise en 1965 avec celle de 1971. La production intérieure de bois au Japon a stagné en raison du coût croissant de la main-d'oeuvre locale et de la concurrence grandissante des importations. Cette production est restée stagnante alors que les importations prennent une place de plus en plus grande dans la consommation totale. En même temps, la forêt doit répondre à des besoins croissants en matière d'environnement. La comparaison des livres blancs de 1965 et de 1971 indique que:

La production intérieure de bois ne peut répondre à la demande croissante et les importations dépassent 50 pour cent de la consommation totale en 1970 (environ 100 millions de mètres cubes).

Le Japon tente de mettre à exécution un programme destiné à augmenter sa production intérieure de façon qu'elle couvre 90 pour cent de la demande vers l'année 2015.

Pour la première fois, il est accordé une attention spéciale aux problèmes d'environnement et à la protection d'autres ressources naturelles (problèmes mondiaux).

Les futures activités forestières doivent viser à résoudre ces problèmes et à créer une sylviculture saine.

Kurokawa confirme les observations précédentes sur les exportations et les importations et signale les possibilités du Japon de contribuer au développement d'une sylviculture scientifique dans tous les pays en développement en leur offrant des marchés pour leurs produits ligneux. Bludovsky, Chittaranjan et Giallorenzi examinent dans leurs pays respectifs des tendances similaires et notent l'importance croissante des facteurs sociaux.

3. Nécessités et tendances des institutions de planification et de développement

ADMINISTRATIONS FORESTIÈRES

Velay, Speidel et Henry examinent les divers aspects des administrations forestières, en même temps que l'expérience acquise dans leurs économies respectives. Velay déclare que, bien que leur rôle dans la société et dans l'économie n'ait jamais été aussi en évidence, les administrations forestières éprouvent certaines difficultés à s'adapter au monde contemporain et elles mettent leurs méthodes en question. A son avis, il est indispensable de moderniser leurs techniques et méthodes de travail pour mettre à profit les progrès de la gestion et de la science, et de déterminer la structure qui conviendrait le mieux actuellement pour développer la fonction productive des forêts et leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans le domaine de l'environnement.

Sous l'angle de la sylviculture, la production dépend de plus en plus du secteur industriel et commercial situé en aval. Les administrateurs du secteur forestier peuvent intervenir dans ce secteur en participant directement aux activités d'exploitation, de fabrication et de vente des produits forestiers et dérivés du bois, en favorisant une économie contractuelle ou en réagissant avec souplesse aux intérêts publics et privés.

En conséquence, l'administration doit-elle limiter son ambition à la forêt proprement dite ou l'étendre progressivement à toutes les zones naturelles et aux ressources qu'elles contiennent? La réponse peut varier selon le pays, mais souvent le choix à opérer est délicat. Il est préférable d'éviter que les ressources du service forestier ne soient dispersées entre des activités trop nombreuses.

Il faut également que l'administration forestière assure le financement des activités qui sont à sa charge. Les problèmes normaux de financement s'intensifient lorsqu'il faut augmenter les dépenses alors que diminuent les recettes. Dans tous les cas, il semble nécessaire de faire une distinction, dans le bilan financier des administrations forestières, entre les activités de production proprement dites et celles qui correspondent à la protection de la nature, à l'environnement et à la récréation. Afin de faciliter l'adaptation des administrations forestières à leur nouvelle mission, préparant ainsi l'avenir, les responsables doivent prêter une attention particulière à la recherche, à la formation de jeunes forestiers et de personnel technique et administratif permanent, à l'emploi de méthodes modernes de gestion et d'information.

Speidel examine les facteurs dont il faut tenir compte pour décrire et créer un service économique et de planification qui serve d'aide aux administrateurs forestiers. Il définit les services d'administration et de planification forestières. Il examine également les tâches qu'ils doivent réaliser, les conditions dans lesquelles doit être établie l'unité, sa forme, sa compétence et l'évaluation des résultats obtenus.

Henry nous fait un exposé chronologique (étude de cas) des efforts importants que les Etats et le gouvernement fédéral d'Australie mènent en coopération dans le secteur forestier depuis environ 1900. Il passe en revue les tentatives faites en Australie pour établir une politique de parcs nationaux, et la situation présente.

Les Etats australiens, dont la compétence s'étend aux lois foncières et aux ressources forestières, sont jaloux de leur souveraineté mais dépendent du gouvernement fédéral pour leurs ressources financières. Les quatre domaines les plus importants où il y a coopération sont ceux de l'enseignement, de la recherche, du boisement et de la commercialisation. Traditionnellement, le gouvernement fédéral s'occupe de l'enseignement et de la recherche.

La conclusion est qu'il ne faut pas s'attendre à une politique nationale globale mais que, grâce à la coopération et à la bonne volonté de pair avec des lois touchant des domaines spécifiques et limités, la sylviculture peut progresser de manière satisfaisante sans qu'il y ait double emploi ou que les gouvernements poursuivent des buts contradictoires.

Elisei propose un centre national pour la gestion administrative, technique et financière de l'exploitation des forêts italiennes.

PROBLÈMES SPÉCIAUX

Adeyoju, Gregersen et Naysmith attirent notre attention sur des exemples de différents types de problèmes spéciaux que rencontrent économistes, administrateurs et planificateurs dans le secteur des forêts.

Fréquemment, les pouvoirs publics proposent ou entreprennent des projets tendant à restaurer des régions désertiques ou des zones minières, des terres épuisées ou surpâturées, ainsi qu'à améliorer les caractéristiques physiques des régions côtières. On possède la technologie industrielle nécessaire pour mener à bien ces projets. Néanmoins, les régimes fonciers, les facteurs socio-économiques et les difficultés qui se présentent pour l'obtention de titres de propriété sur les terres marginales engendrent souvent des problèmes considérables tant dans les nations industrialisées que dans celles en développement.

Adeyoju examine les facteurs institutionnels qui affectent la propriété et l'utilisation de la terre. Le concept du droit de propriété est le plus important, mais d'autres institutions (économiques ou autres) influent aussi sur la propriété et l'utilisation. Il considère en particulier l'influence générale du gouvernement, de l'organisation administrative et des lois concernant la propriété et l'utilisation des terres marginales. Nécessairement, les gouvernements recourent à la distribution politique des ressources au moyen de projets à buts multiples tels que les opérations de mise en valeur.

Les ministères ne peuvent réaliser des opérations commerciales et les gouvernements qui créent des entreprises publiques établissent souvent des structures nouvelles et autonomes: sociétés, offices et compagnies d'Etat. Des problèmes particuliers se posent ainsi et provoquent une prolifération de lois et de réglementations sans restrictions, mal rédigées, que l'on ne connaît pas et qui ne sont pas appliquées. Il n'est pas de structure institutionnelle qui ne soit inévitable. Les efforts réalistes et créateurs visant à mettre en valeur les terres marginales gagneraient à tenir compte de ces facteurs.

Gregersen examine l'importance des exportations de produits forestiers pour de nombreux pays et définit la nature générale de ces programmes d'exportation en fonction des objectifs, des mesures et instruments pertinents, et de l'exécution des programmes.

Il se réfère en particulier aux pays en développement. Après avoir défini la substitution des importations et des exportations, il affirme que seules les exportations nettes augmentent les disponibilités de devises.

Parmi les avantages qu'apporte l'expansion des exportations, on peut mentionner l'accroissement des rentrées de devises, le progrès technologique et l'amélioration de l'organisation, et la contribution au développement national en général.

Les mesures et les programmes de développement visant à stimuler les exportations doivent satisfaire à ces conditions fondamentales: qualité du produit et normes de production acceptables, volume et calendrier acceptable des livraisons, et prix compétitifs.

Les instruments que possèdent les gouvernements pour stimuler des programmes d'aide des exportations sont le monopole public des opérations d'exportation, les réglementations et encouragements aux entreprises du secteur privé, les encouragements indirects par les prix (recherche, formation), et les encouragements directs par les prix (exemptions d'impôts).

L'élaboration et l'exécution de programmes d'aide aux exportations exigent l'identification des marchés d'exportation et des avantages comparatifs; la détermination des besoins des marchés d'exportation; l'analyse des obstacles à la satisfaction de ces besoins; l'évaluation et la sélection des instruments et programmes permettant de surmonter ces obstacles; la création d'un cadre institutionnel et organique pour mettre en œuvre le programme retenu.

Gregersen analyse chacun des points énumérés en mettant l'accent sur les critères d'évaluation des encouragements aux exportations et au développement du programme. Dans une dernière section, il donne un exemple des procédés employés pour dresser un programme d'aide aux exportations forestières dans un pays latino-américain imaginaire.

Naysmith examine l'influence de la technologie sur certains groupes autochtones (Indiens et Esquimaux du Canada) et détermine deux points fondamentaux:

L'effet que l'usage inconsidéré des ressources telles que l'eau, les forêts et la terre pourrait avoir sur l'habitat naturel et, de ce fait, sur la population autochtone qui dépend à un certain degré de la «terre» pour sa subsistance.

La difficulté d'offrir à la population autochtone intéressée la possibilité de jouer, si elle le désire, un rôle productif dans la société technologique.

Si l'objectif du point 1 est de réduire au minimum l'altération des ressources naturelles, il faut reconnaître que toutes les valeurs propres de la «terre» sont importantes. Bien que, peut-être, le nombre de personnes qui, au Canada, dépendent totalement ou partiellement de la terre diminue et que par conséquent leur importance décroît, la récolte des aliments dans les campagnes garde une place importance dans l'économie locale. En général le secteur industriel reconnaît qu'il lui incombe de réduire au minimum la perturbation de la «terre». En effet, il s'est montré disposé à respecter les normes raisonnables imposées par les lois ou les réglementations.

Dans les zones où la chasse et la pêche sont encore des moyens de subsistance essentiels, il est fréquent que les membres les plus jeunes de la communauté ne souhaitent pas continuer ce genre de vie. Néanmoins, sur le marché du travail, ils se trouvent désavantagés dans la concurrence par rapport au reste de la population qui a reçu une bonne éducation et une formation technique appropriée. Ici, nous touchons au point 2. Jusqu'à maintenant, les données empiriques indiquent que la mobilité sociale de ces jeunes est limitée. D'autre part, lorsque les groupes reçoivent un enseignement scolaire positif et une formation technique, le résultat est satisfaisant autant pour l'employeur que pour l'employé.

Il est nécessaire que le gouvernement et le secteur privé adoptent et exécutent conjointement un programme plus vigoureux d'instruction technique et de formation en cours d'emploi, afin d'augmenter les possibilités d'emploi des groupes autochtones.

Résumé

Un examen global de la planification forestière actuelle met en évidence que nous, économistes, administrateurs et planificateurs forestiers, devrions sans doute reconsidérer un vieux principe et trois tendances persistantes:

La force de la sylviculture réside et résidera toujours dans son souci de l'environnement.

Actuellement, la sylviculture est utilisée de plus en plus par le gouvernement pour tenter d'atteindre des objectifs politiques.

Le développement économique est la préoccupation essentielle de plus des deux tiers de l'humanité, et la planification constitue un élément vital et accepté à cet égard.

Les objectifs forestiers multiples (économiques et sociaux) prennent rapidement de l'importance, au détriment des objectifs uniques (production de bois), mais le rythme de cette évolution dépend du stade de développement économique atteint ou des disponibilités en bois brut.

Compte tenu de ces tendances, il est clair que la planification forestière se fait chaque jour plus complexe et dépend de variables qui changent constamment. C'est pourquoi elle doit être dynamique et flexible, la rapide mise à jour des plans étant indispensable pour que les programmes réussissent. Bien que parfois la planification ait été axée sur le maintien du rendement des forêts ou de l'obtention de gains maximaux, la tendance actuelle est de donner plus d'importance à d'autres utilités forestières telles que beauté ou bien-être. La question que l'on doit se poser n'est plus «planifier ou ne pas planifier?» mais «comment doit-on dresser les plans de développement et qui doit les exécuter?».

La clé de la planification forestière ne réside déjà plus dans la valeur marchande ni dans le jeu de l'offre et de la demande des produits ligneux. A mesure que l'on accorde plus d'importance aux aspects tels que l'environnement, apparaissent également des spécialisations dans l'administration. Par conséquent, économistes, administrateurs et planificateurs forestiers, nous allons nous retrouver travaillant sur la base de plans établis par des individus ou des équipes de spécialistes de plusieurs disciplines (hydrologues, géotechniciens, etc.) ou dépendant d'eux chaque jour davantage. Cela est indispensable pour que nous puissions formuler des recommandations valables aux organisations gouvernementales.

Quelques travaux présentés à la commission VI traitent directement des plantations forestières. Dans ce domaine, la technologie a réalisé des progrès impressionnants et est appelée à progresser encore davantage. La plupart de ces travaux concernent des économies importatrices du bois, développées ou en développement rapide, ce qui souligne l'importance de ces deux facteurs dans l'élaboration de programmes efficaces de plantation d'arbres. Grâce à une sylviculture qui ne se contente pas seulement d'entretenir mais cherche aussi l'expansion des plantations, le pays peut se convertir au bout d'un certain temps de pays importateur de bois en pays exportateur. Toutefois, seules la planification et l'exécution de plantations à long terme permettront d'obtenir ce résultat. En même temps, la production forestière et le développement de la capacité industrielle de transformation devront être synchronisés au moyen de plans à long terme.

Les valeurs sociales et d'environnement des forêts sont l'objet d'un intérêt croissant dans le monde. Le degré de l'intérêt accordé à ces valeurs semble être en relation étroite avec le niveau de développement des économies. Quel que soit le type d'économie, les économistes, les administrateurs et les planificateurs forestiers doivent participer à la prise de décisions au sein du gouvernement en veillant à ce que le capital producteur d'utilités sociales ne soit pas sacrifié au profit des bénéfices exclusivement économiques. Toutes les fonctions de la forêt doivent être appréciées afin que ceux qui sont chargés d'adopter les décisions puissent avoir des éléments de jugement corrects. Il est un autre facteur, que l'on ne peut mesurer pour le moment, mais dont on doit tenir compte: la population mondiale. Chaque jour plus nombreuse en dépit des mesures de contrôle de la natalité, elle augmentera la demande d'aliments, de fibres textiles, de logements et d'énergie. Cette demande mondiale renversera-t-elle les tendances actuelles au profit de fonctions de la forêt autres que la production de bois?

L'évolution des tendances de l'offre et de la demande mondiales de produits ligneux ne laisse entrevoir ni l'abondance ni la pénurie. Sur la base d'inventaires et d'estimations connues, il semble que les disponibilités en matière première ligneuse suffiront pour satisfaire la totalité de la demande mondiale, au moins jusqu'en l'an 2000, sous réserve que les exportations mondiales puissent répondre aux besoins d'importation. La demande économique et les facteurs de l'offre - qui, en outre, sont conditionnés par les coûts du transport du bois brut et des produits ligneux - détermineront jusqu'à quel point peut s'élever ce niveau d'exportations et d'importations. On peut prévoir qu'au cours des prochaines décennies les prix mondiaux du bois augmenteront à ceux des biens et services. Les nations industrialisées important du bois peuvent prêter leur assistance aux pays en développement possédant un excédent de bois brut, grâce à l'élaboration et à la mise en œuvre de politiques et de pratiques d'importation à long terme.

Du point de vue institutionnel, on constate à l'évidence que beaucoup de forestiers travaillent en circuit fermé et qu'ils éprouvent des difficultés à s'adapter au monde moderne. En notre qualité d'économistes, d'administrateurs et de planificateurs, nous devons examiner constamment les structures organiques existantes et rechercher quelles sont les plus appropriées. Il est nécessaire de moderniser constamment les techniques et les méthodes de travail et de mettre à profit les nouvelles méthodes de gestion et le progrès scientifique. Bien que les conditions varient d'une économie à l'autre, on obtiendra probablement les meilleurs résultats lorsque les administrateurs forestiers, au lieu de se borner au domaine forestier proprement dit, étendront leur activité à toutes les zones naturelles et à toutes les ressources qui s'y trouvent. Il est indispensable de faire une distinction précise, dans le bilan financier, entre les activités qui concernent la production et celles qui tendent à protéger l'environnement et la nature. Les économistes, administrateurs et planificateurs forestiers doivent s'assurer que les activités dont ils sont chargés soient convenablement financées. Il faut accorder une attention spéciale à la recherche et à la formation de jeunes forestiers et de personnel technique et administratif permanent, à l'emploi de méthodes modernes de gestion et d'information (services économiques et de planification, par exemple!. Enfin et surtout nous devons chercher à comprendre et à résoudre les problèmes liés à la propriété et à l'utilisation des terres, encourager les programmes d'exportation et tenir pleinement compte des désirs, des espoirs et des nécessités des peuples autochtones dans l'ensemble des objectifs forestiers.

Documents présentés à la commission VI

MÉMOIRES GÉNÉRAUX

Adeyoju, S. Institutional problems involved in the reclamation of marginal lands

Beale, J.A. & Storms, M.W. Multiple use demands on the forest administrator

Falla Ramírez, A. Superficies mínimas de bosques artificiales en unidades forestales familiares

Familton, A.K. Successful planned development of forestry and associated industry

Garrasino, L.M. Planificación del desarrollo forestal

Grayson, A.J. The valuation of non-wood benefits

Gregersen, H.M. Export development programs for forestry

Gregory, R. Planned or unplanned forest development

Henry, J. The creation of a national forest policy in a federal state

Hummel, F.C. & Davidson, J.L. The planning and development of markets for man-made forests

Johnston, D.R. The formulation and implementation of forestry policy

Josephson, H.R. The changing timber situation in the United States

Madas, A. What will 2000 bring in changed patterns of production, trade and consumption?

Moiseev, M.A. Methods of the cutting volume calculations for forecast purposes

Naysmith, J.K. The impact of technology upon native people and their traditional pursuits

Niesslein, E. Coordination of environment conservation with forest economic objectives

Ogasawara, M. Trend of forestry of Japan for the recent six years

Row, C. Methods for evaluating multiple use alternatives

Sainz-Sanguino, L. Bases para la elaboración y desarrollo de un programa nacional de repoblación forestal

Speidel. G.N. Creation and development of economic and planning services in forest administrations

Velay, L. L'avenir des administrations forestières

Vorobiov, C.I. Main trends in forest utilization and forest management in the U.S.S.R.

Zivnuska, J.A. Will wood products be cheap or expensive?

MÉMOIRES SPÉCIAUX

Agarwala, V.P. Planning for forests and forest products industries

Algvere, K.V. Problems in evaluation of the contribution of forestry to socio-economic development

Bludovsky, Z. Development trends of Czechoslovak forest economics

Bowles, W.D. Environmental disruption and the Soviet model for developing countries

Caruso Argentina forestal y Córdoba

Chittaranjan Future development of forest and forestry in India

de Camino, R. Bases para la formulación de un modelo de desarrollo económico en función del sector forestal

de Rosayro, R.A. An integrated approach to land use in the humid tropics (with special reference to Jamaica)

Earl, D.E. Does forestry need a new ethos?

Elisei, F. Pour un centre national de gestion administrative, technique et comptable des exploitations forestières italiennes

Frediani, G. Generalidades sobre el contenido de un proyecto de inversiones de una masa forestal

Gane, M. The systematic identification of forest development opportunities

Ghosh, R.C. & Lohani, D.N. Plantation forestry - its implications in Indian economy

Giallorensi Panorama maderero industrial argentino

Grut, M. Evaluating public investments in forestry

Instituto Nacional de Desarrollo y Aprovechamiento Forestales, Cuba, Dinámica de la actividad forestal en Cuba - 1972

Kamau, F.M. Forestry in Kenya's developing economy

Kurokawa, H. The role of Japanese forestry on the world timber market and resource

Lewis, G.D. Social influences in forest exploitation

MacGregor, J.J. A critique of criteria sometimes used in judging forest policies

Monteiro Alves, A. Marginal approach to financial maturity of timber

Mujica Análisis de la variación del precio de los sauces en el mercado de frutos del Tigre (Argentina)

Obminski, B. Theory of forest physiographic regionalization

Romero, R.R. Plan forestal Mendoza, Argentina

Ruan Ruan, F. Estudio de crédito para plantación de 200000 has de bosques industriales

Sague Diaz, H. Plan de desarrollo integral de la cuenca superior del río San Juan (Cuba)

Samek, V. Forestry policy with respect to the social functions of the forest in Czechoslovakia

Seth, V.K. New dimensions of forestry planning and development in India

Srivastava, T.M. & Hejmadi Forestry development planning in India

Tersch, F. A current inquiry of revenue and costs and their trend as an aid to decision-making in Austrian forest policy

Rapport

La planification du développement forestier

1. Les participants ont été d'accord sur la nature des tâches que comporte la planification du développement forestier.

2. La forêt fournit à l'humanité une foule de biens et de services mais ses fonctions essentielles sont: a) la production, b) la protection, c) la valeur sociale et récréative. La production est assumée par le secteur privé ou par l'Etat. En règle générale, elle doit donner des revenus égaux ou supérieurs au coût comptable.

3. La forêt peut, dans une certaine mesure, remplir des fonctions sociales ou de protection sans planification et de façon fortuite, en même temps que la fonction de production, parce qu'elles sont inhérentes à la présence de la forêt elle-même. Ces fonctions ne peuvent, cependant, être remplies de façon adéquate que grâce à un effort public, normalement grâce à l'action du gouvernement et au moyen de quelques dépenses publiques. Il est essentiel que le coût de ces fonctions soit établi si l'on veut prendre de saines décisions quant à la planification.

4. Outre sa fonction directe, le secteur forestier pris globalement joue un rôle important dans l'économie en général en raison de sa contribution à des facteurs de l'économie nationale tels que l'emploi, le revenu national, les recettes publiques, les rentrées de devises, la distribution des revenus et le développement rural. Dans nombre de ces aspects, le secteur forestier est bien placé pour avoir une influence importante.

5. Dans presque tous les pays, à n'importe quel stade de développement, les fonctions sociales et protectrices ont pris une grande importance à Côté des fonctions de production, encore que celle-ci continue d'être la principale. Seule une juste combinaison des principales fonctions, bien adaptée aux besoins à moyen et à long terme du pays ou de la région, peut faire que la forêt rende des services optimaux à la communauté, dans l'intérêt de l'économie globale et dans celui du secteur forestier. De plus en plus, les gouvernements se servent du secteur forestier comme d'un élément de la politique socio-économique générale, à cause de son impact sur le développement de l'économie nationale.

6. Pour ces raisons, il est devenu extrêmement important que les forestiers aient une compréhension claire de l'interrelation des fonctions de la forêt, de leur impact sur l'économie et des méthodes de financement et de comptabilisation budgétaire de ces activités, et qu'ils s'assurent que les planificateurs et les autorités responsables sont, à tous les niveaux, pleinement conscients de ces caractéristiques et du potentiel du secteur pour promouvoir le développement social et économique.

7. Les bases principales de la planification du développement forestier restent les inventaires de forêts, les projections de la demande, les enquêtes de justification et les plans d'aménagement. Ces travaux doivent être amplifiés pour englober les buts fixés aux fonctions protectrices et sociales ou récréatives, ainsi que les estimations appropriées des ressources de base. D'autres méthodologies devront encore être employées ou mises au point pour quantifier et évaluer les services procurés par ces fonctions. Cependant, de nombreux instruments et systèmes nouveaux de planification ou de décision, tels que les analyses coût/bénéfices et les modèles simulés (dont l'utilisation est souvent rendue possible par l'ordinateur) se trouvent maintenant à la disposition des planificateurs. Certains d'entre eux peuvent jouer un rôle décisif pour l'évaluation du rôle du secteur dans le développement d'ensemble.

8. A côté des plans d'aménagement des diverses zones forestières, il faut entreprendre ou réviser des études nationales sur les perspectives du bois, en fonction des tendances régionales et mondiales. Dans certains pays, les données déjà disponibles peuvent ne pas être adaptées au niveau requis de planification. Par conséquent, l'intensification des inventaires et des enquêtes sur la consommation du bois devra faire l'objet d'une attention prioritaire.

9. Les besoins liés aux fonctions sociales et de protection des forêts devraient aussi être formulés et intégrés aux évaluations nationales.

10. Sur la base de cette information indispensable, on pourra établir:

- des plans stratégiques à long terme,
- des plans tactiques à moyen terme et
- des plans opérationnels à court terme.

Les plans stratégiques à long terme doivent couvrir des périodes d'au moins 15 à 20 ans si l'on veut que la stratégie soit clairement formulée.

Tendances de la demande et de l'approvisionnement

11. La commission a pris connaissance d'études prospectives de la demande et de l'approvisionnement qui ont été entreprises pour l'ensemble du monde et pour les zones de plus forte consommation. Ces estimations, aussi bien que celles entreprises par la FAO, aboutissent à quelques conclusions générales importantes.

12. Aux environs de l'an 2000, la consommation mondiale du bois aura doublé. Cependant, on s'attend que le taux d'expansion diffère considérablement selon les principales catégories de produits. Pour le bois de chauffage (qui représente environ la moitié de la consommation actuelle) et les bois ronds divers, la consommation sera presque stagnante. Pour le bois industriel dans son ensemble, la consommation sera triple. Pour le bois destiné au sciage, qui a été traditionnellement la plus forte utilisation industrielle, l'accroissement annuel de la consommation sera faible, de l'ordre de 1,5 pour cent. Pour la pâte et les panneaux, le taux d'augmentation annuelle sera de l'ordre de 4 à 6 pour cent, ce qui, vers la fin du siècle, donnera une consommation triple ou quadruple.

13. Vers la fin de cette décennie, la consommation mondiale de bois à pâte et à panneaux aura dépassé celle des sciages. Les taux de croissance relatifs varieront évidemment selon les pays.

14. Bien que l'accroissement de la consommation globale des produits du bois ne soit pas spectaculaire, il exigera une expansion considérable de l'approvisionnement. Dans quelques régions comme le Japon, l'Europe occidentale et les Etats-Unis, des importations plus élevées seront nécessaires. Bien que la plupart des exigences supplémentaires puissent être satisfaites par le Canada et la Russie, la pression de la demande sur les forêts naturelles des tropiques augmentera probablement de façon substantielle.

15. Il sera possible et nécessaire, particulièrement dans les pays en développement, de multiplier, par un effort d'investissement accru, les plantations capables de produire rapidement, pour en tirer un surcroît d'approvisionnement qui aidera à satisfaire la demande future de bois.

Les institutions de planification et de développement: Besoins et tendances

16. Les administrations des forêts devraient se charger de la planification et s'assurer que les plans de développement forestier sont coordonnés et intégrés dans la planification économique nationale.

17. L'administrateur des forêts dispose de nouvelles techniques pour élaborer une politique et prendre des décisions. L'administrateur d'Etat a l'autorité nécessaire pour aplanir les objectifs et les modes de voir divergents et parfois incompatibles des divers sous-secteurs, et les fondre dans un plan qui garantisse la permanence des prestations et de la ressource elle-même.

Autres points débattus

18. Un grand nombre de délégués de pays latino-américains sont préoccupés de la tournure du développement forestier dans la; région.

19. Trop fréquemment, le but des opérations forestières est le profit maximal à bref délai plutôt que le profit maximal à long terme, conforme à l'utilité publique. L'intérêt des entreprises privées pour le profit immédiat est en opposition avec le cycle naturel à long terme des forêts. C'est la cause de la destruction des forêts dans de nombreuses zones en développement.

20. Selon ces délégués, les objectifs de la planification sont faussés parce qu'on met surtout l'accent sur les profits commerciaux. Une substantielle redistribution des richesses devrait avoir lieu pour que les bénéfices d'un plan intégral de développement des ressources forestières profitent à toute la communauté. Outre les considérations sociales que cela entraîne, il est évident que la communauté, comme telle, doit être responsable du programme d'investissement et doit appliquer des critères différents dans ce processus.

21. Afin de vaincre les contradictions entre le profit privé et le bénéfice social, la société elle-même devrait s'intéresser à ce genre d'investissement et assumer la responsabilité de cette tâche. Beaucoup d'autres délégués ont fait valoir que l'industrie forestière privée applique souvent avec succès des plans d'aménagement à long terme.

22. Les activités déployées par quelques pays pour promouvoir le développement, lutter contre le déboisement et créer de nouvelles forêts ont été décrites. Un pays a décrit le système qu'il emploie pour réglementer l'octroi des concessions aux compagnies industrielles. Un autre a décrit un système qui encourage les plantations de forêts en les exonérant d'impôt.

23. On a noté la possibilité de relever les prix pour encourager le secteur forestier à absorber les coûts qu'entraîne le respect de l'environnement.

Recommandations

24. Les autorités forestières doivent faire face à leurs responsabilités actuelles et, en outre, prendre un rôle de premier plan dans l'aménagement total des terres boisées. Les nouvelles valeurs sociales, écologiques et économiques, aussi bien que les valeurs conventionnelles, doivent être prises en considération.

25. La planification des ressources forestières doit cadrer avec les objectifs du développement général de chaque pays. Pour la grande majorité des populations du monde, cela signifie qu'il faut satisfaire les besoins élémentaires de nourriture, de logement, d'habillement, de santé, d'instruction et autres exigences de base.

26. Afin que cette planification englobe l'aménagement rationnel de la forêt et tienne compte des limitations écologiques, l'objectif du bénéfice social maximal à long terme doit prévaloir sur le critère du profit à court terme. Dans ce domaine, l'Etat doit jouer un rôle directeur décisif et non pas seulement donner des orientations.

27. L'IUFRO reconnaît que pour une planification efficace de l'utilisation des terres il faut de meilleurs systèmes de classification des terres tenant compte, en particulier, de l'accessibilité; par conséquent, il faut intensifier la recherche sur ce plan. Dans le même sens, il existe un besoin de données empiriques détaillées sur la production des plantations. Un système international d'exploitation de l'information devrait être organisé ainsi que l'ont recommandé les rapports d'autres commissions.

28. Tous les gouvernements doivent entreprendre d'urgence des enquêtes sur la consommation du bois et des études sur les perspectives du bois d'œuvre pour permettre l'établissement de plans locaux et nationaux réalistes, et même de plans indicatifs régionaux et mondiaux pour la foresterie et les secteurs de l'industrie forestière, grâce auxquels on pourra trouver le moyen de satisfaire à l'avenir les demandes et les aspirations de toutes les nations.

29. Comme l'intégration de l'exploitation et de l'utilisation avance rapidement, tous les pays devraient revoir soigneusement leurs statistiques d'enlèvement et d'utilisation dans le but de simplifier les premières et de renforcer les secondes. A cause de la multiplicité et de la complexité croissante des produits transformés, une grande attention doit être accordée à la classification. Les organismes internationaux, et spécialement la FAO, sont priés d'accorder une attention immédiate aux problèmes de coordination dans ce secteur.

30. Pour les plantations forestières nouvelles ou de remplacement, il faut choisir les endroits les plus appropriés, choix qui ne sera pas forcément en rapport direct avec la distribution actuelle des forêts et les opérations antérieures. Ce point est traité aussi par la commission 11.

31. Des groupes de nations ayant des caractéristiques écologiques, des objectifs de développement et un potentiel économique communs devraient mettre au point et exécuter une planification régionale. Ils devraient s'efforcer ensemble d'obtenir les capitaux nécessaires au développement et de trouver la solution de leurs autres problèmes communs.

32. Il faudrait faire une revue des politiques forestières de tous les pays, qui servirait de document de base aux futurs congrès forestiers mondiaux. Cela a déjà été demandé lors de précédents congrès.

33. La sauvegarde et l'amélioration de l'environnement devraient être intégrées aux objectifs prioritaires de chaque pays. Afin qu'il n'y ait pas de contradiction entre la conservation de l'environnement et les autres usages de la forêt, la propriété de la forêt aussi bien que son utilisation devraient remplir une fonction sociale; la distribution devrait être conforme à l'effort productif des membres.

34. Quand la forêt est aménagée à des fins sociales qui profitent à l'ensemble de la communauté, il faut une aide de l'Etat pour subventionner les dépenses. Les services forestiers ont démontré qu'ils seraient à la hauteur de la tâche mais la production de bois ne peut pas et ne devrait pas couvrir à elle seule tout le coût des fonctions multiples de la forêt.

35. L'administration forestière devrait participer activement à toute décision intéressant la foresterie. Elle devrait recevoir les ressources financières et le personnel nécessaires pour atteindre les objectifs acceptés.

36. Dans un futur congrès forestier mondial, la participation des représentants du travail, du patronat et des institutions de financement devrait - être assurée afin que les problèmes de la foresterie mondiale soient étudiés dans une optique plus large.


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