Traditionnellement, la gestion de la sécurité sanitaire des aliments a été dans une large mesure la province de lÉtat. Les nations ont mis en place des agences responsables de divers aspects de la sécurité sanitaire des aliments avec pour objectif principal de protéger la santé publique. Les organismes internationaux concernés par différents aspects de la sécurité sanitaire des aliments, en particulier la Commission du Codex Alimentarius, aident les États Membres à prendre des décisions sur un grand nombre de questions de politique. Bien quils reçoivent des conseils de nombreuses sources, notamment du secteur privé, leur objectif principal est de protéger la santé publique et de favoriser linstauration de pratiques équitables sur le marché des produits alimentaires. Les normes du Codex peuvent aussi faciliter le commerce international des produits alimentaires car elles contribuent à harmoniser les réglementations nationales.
Ces dernières années, le secteur privé a joué un rôle plus important dans la gestion de la sécurité sanitaire des aliments, en particulier dans les pays développés où la capacité est plus grande. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène:
Le transfert des systèmes de gestion de la sécurité sanitaire des aliments des gouvernements vers lindustrie alimentaire na pas été très positif en ce qui concerne la sécurité sanitaire des aliments et soulève le problème de léquité sociale et économique entre les pays. Si certains fermiers ont bénéficié de prix plus élevés grâce aux contrats de production, beaucoup dautres nont pas pu participer à ces marchés lucratifs parce quils manquaient de compétences ou de capitaux. Par ailleurs, de nombreux petits distributeurs alimentaires ont vu leurs parts de marché diminuer rapidement.
Lefficacité du contrôle a diminué dans les pays où la réponse du gouvernement aux contraintes fiscales a été dabandonner la gestion complète de la sécurité sanitaire des aliments au lieu de réévaluer et de réorganiser son rôle en réduisant, par exemple, limportance des inspections administratives coûteuses au profit dun recours accru à laudit des programmes de sécurité sanitaire et dassurance qualité mis en uvre par lindustrie. Le même résultat peut être constaté lorsque lengagement du gouvernement est certes constant ou en augmentation sensible mais dépassé par la demande sur un marché alimentaire mondial en expansion. Dans ce cas, on peut assister au développement dun système à deux étages dans lequel les producteurs qui visent les marchés internationaux se conforment à une série de normes et les producteurs qui ciblent les marchés locaux se conforment à des normes moins contraignantes.
Lenvironnement dynamique des systèmes de gouvernance de la sécurité sanitaire des aliments peut avoir des conséquences multiples sur les consommateurs. Par exemple, on constate un impact négatif lorsque la mise en place dun système pluriel de protection des consommateurs permet aux consommateurs aisés daccéder à des niveaux de sécurité sanitaire plus élevés que les consommateurs plus pauvres. Cette situation est clairement incompatible avec lobjectif des systèmes nationaux de sécurité sanitaire des aliments, en particulier légale protection de chacun contre les dangers dorigine alimentaire. De même, la confiance du consommateur dans la capacité du gouvernement à assurer la sécurité sanitaire de la filière alimentaire pourrait aussi être compromise. En outre, les producteurs pourraient perdre laccès aux marchés internationaux à cause des niveaux de sécurité sanitaire plus faibles des produits locaux. Il faut aussi tenir compte des principaux résultats positifs donnés par la réévaluation et la réorganisation réussies des systèmes de gestion de la sécurité sanitaire des aliments. Lune des conséquences positives constatée est lutilisation plus efficace et efficiente des ressources disponibles pour assurer la protection de la santé publique contre les maladies dorigine alimentaire. Dans certains cas, on constate aussi linstauration ou le renforcement des procédures et des mécanismes en vigueur dans les systèmes nationaux de contrôle alimentaire qui favorisent la transparence et la responsabilisation. Ces aspects positifs constituent une base solide pour susciter la confiance des parties prenantes dans la gouvernance de la sécurité sanitaire des aliments.