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4. MARCHES


4.1 Importations et exportations de poissons et produits de la pêche
4.2 Consommation

4.1 Importations et exportations de poissons et produits de la pêche

Les produits de poisson faisant l’objet traditionnellement d’un commerce international dans la région sont le poisson fumé et séché, souvent préparé à l’intérieur des pays (Mali, etc.) pour être ensuite expédié vers les régions côtières. Ce commerce recevait l’appoint d’importations de stockfish en provenance de l’Europe septentrionale. Ces dernières années les importations de conserves de poisson du Maroc, du Japon et d’Afrique du Sud ont considérablement augmenté et plus récemment on a importé de très grosses quantités de poisson congelé.

On a signalé précédemment l’exploitation des eaux du COPACE par des pays non riverains (of aussi Gulland, Troadec et Bayagbona, 1973). Ces pays emploient surtout des chalutiers congélateurs et certains d’entre eux ont rapidement constaté que ce poisson congelé n’aurait guère de difficulté à trouver des débouchés en Afrique de l’Ouest. Presque tous les poissons débarqués et notamment le chinchard étaient inconnus des consommateurs africains; néanmoins, le nouveau produit a été presque immédiatement adopté par les commerçants, les consommateurs et les armateurs locaux. Des entrepôts réfrigérés, des réseaux routiers et des dépôts frigorifiques ont été créés très rapidement dans tout l’ouest africain et, en 1970, le poisson congelé avait supplanté les produits sèches et fumés.

En dépit de cette prédominance actuelle du poisson congelé, le commerce des produits fumés et séchés se poursuit et le Nigeria et le Zaïre en particulier continuent à importer de grosses quantités de stockfish d’Europe du Nord. Au Mali, les échanges de poisson ont diminué mais cela est dû pour une grosse part à la sécheresse du Sahel, qui a accru la consommation de poisson dans le pays, si bien que les quantités exportables se voyaient réduites à peu de choses et d’autre part à la construction de barrages (Kossou en Côte-d’Ivoire, Volta au Ghana et Kainji au Nigeria), qui a permis de produire davantage de poisson d’eau douce dans ces pays qui, traditionnellement importaient du poisson malien. Le commerce du poisson entre la Mauritanie, le Zaïre et le Congo, la Gambie et la Sierra Leone et enfin entre le Sénégal et la Côte-d’Ivoire a diminué.

Transporter le poisson séché et fumé, l’entreposer pendant des périodes prolongées, le produire et le consommer au loin est souvent facile; le même individu, peut prendre le poisson, le transformer et le commercialiser. Cela se révèle particulièrement avantageux pour les travailleurs qui n’exercent qu’à temps partiel la pêche, le transport et la vente. Pour ce qui est des achats, de la distribution et de la commercialisation de grosses quantités de poisson, le produit congelé s’est cependant révélé plus maniable que le produit séché.

Le commerce du poisson congelé a été décrit par Moal et Gousset (1967) ainsi que par Krone (1970). Les premières livraisons de poisson congelé (autre que du thon) effectuées par des navires péchant le long de la côte de l’Afrique occidentale, ont eu lieu en 1962. Les mises à terre au Ghana représentaient alors 21 000 tonnes et le Nigeria débarquait 424 tonnes. En 1963, les mises à terre d’importation étaient passées au Ghana à 34 000 tonnes et une flottille nationale de chalutiers congélateurs fournissait un appoint de 8 000 tonnes. En 1964, le Ghana et le Nigeria consommaient 58 000 tonnes de poisson et 90 000 tonnes en 1967. En 1975, tous les pays riverains, de la Guinée-Bissau au Zaïre, à l’exception du Gabon, recevaient du poisson congelé et le poids total débarqué dépassait 300 000 tonnes. Seuls, le Ghana et le Cameroun possèdent leur propre flottille de chalutiers congélateurs et quelque 230 000 tonnes de poisson congelé sont importées dans les pays du COPACE chaque année. Le poisson congelé faisant l’objet d’échanges dans la région devient, de ce fait, l’un des principaux produits de la pêche commerciale de poisson du monde.

Dans l’ensemble, le commerce du poisson congelé semble avoir complété, plutôt que concurrencé les quantités de poisson vendues par les artisans-pêcheurs. Krone (op. cit.) constate que certaines pêcheries côtières artisanales ont forcé les distributeurs de poisson congelé à adapter leur prix de vente et que les espèces et produits sont souvent assez différents pour que le marché reste, dans une certaine mesure, distinct. Parfois aussi, les captures, la transformation et la commercialisation du poisson dans certaines petites pêcheries artisanales ont fini par se trouver en états d’équilibre, ce qui interdit toute intervention extérieure. Certains gouvernements ont pris des mesures et prélevé un droit d’importation sur le poisson congelé pour éviter la baisse du prix du poisson capturé localement.

Le commerce d’exportation de la région est dominé par le Maroc et les principales exportations portent sur les conserves de sardines; plus récemment, on a commencé à exporter des quantités croissantes de maquereau en boîtes (tableau annexe V). On exporte de plus en plus de sardines congelées entières et étêtées aux fins de mise en boîte ultérieure. La plus grosse part des sardines est destinée à l’Europe occidentale, encore que des quantités croissantes soient maintenant envoyées vers les pays en développement. Les exportations de farine de poisson ont été soutenues et de grosses quantités vont vers l’Europe orientale.

La Mauritanie exporte de plus en plus de poisson congelé et notamment des céphalopodes vers le Japon (tableau annexe VI). Les quantités de poisson séché exporté sont en baisse. Les exportations de farine de poisson sont également en diminution, après une croissance rapide provoquée par les cours élevés sur les marchés mondiaux. Pendant les années soixante, la Mauritanie s’était engagée à fournir au Congo du poisson séché en échange de sucre; cet accord est maintenant devenu caduc.

Les exportations de crevettes du Sénégal se sont révélées rentables; le volume de ces exportations a cependant diminué lorsqu’une importante flottille battant pavillon étranger et ayant son port d’attache à Dakar a suspendu ses opérations à la suite de l’impossibilité de parvenir à un accord avec le Gouvernement local sur les droits de pêche. Les exportations sénégalaises de poisson congelé entier n’ont cessé de croître, à mesure de l’ouverture de nouveaux débouchés dans d’autres pays de l’Afrique occidentale et notamment en Côte-d’Ivoire (tableau annexe VII).

Une usine de congélation du poisson a récemment été créée en Gambie; elle fournit du poisson congelé au marché ghanéen. Cette activité complète le commerce du bonga fumé, traditionnellement exporté vers la Sierra Leone. La Guinée, la Sierra Leone et le Liberia continuent à importer du poisson congelé, en dépit de la présence d’importantes ressources de poisson au large de leurs côtes (et notamment des deux premiers pays cités). Le Liberia exporte maintenant de grosses quantités de crevettes et, par suite de leur prix élevé, le secteur des pêches libérien devient producteur de devises. Le Cap-Vert exporte en permanence de petites quantités de thon.

La Côte-d’Ivoire a massivement augmenté ses importations de poisson congelé (qui, en 1974, dépassaient 88 000 tonnes) pour faire face à l’importante demande alimentaire de sa population. Cependant, une conserverie de thon située à Abidjan fait entrer de grosses quantités de devises étrangères qui compensent pour une part le coût élevé des importations de poisson congelé. Le pays continue à importer une certaine quantité de poisson d’eau douce en provenance du Mali.

Le Ghana importe des quantités infimes de poisson congelé car la flottille hauturière du pays, montée par des équipages nationaux, couvre à peu près tous les besoins ghanéens (sauf pour les conserves de poisson). La création récente du Lac Volta a permis d’accroître sensiblement les captures de poisson d’eau douce. Le Togo et le Bénin importent l’un et l’autre du poisson congelé car les ressources locales ne suffisent pas à satisfaire la demande intérieure. Le Bénin compense une partie des frais liés à ces importations en exportant des crevettes congelées capturées au large du delta du Niger par des navires ayant leur port d’attache dans le pays.

Le Nigeria est le principal importateur de poisson de la région (plus de 100 000 tonnes). En dépit du fait que les données officielles ne fassent état que de 5 000 tonnes de poisson congelé importé, complétées par 1 000 tonnes de stockfish également importé, il ressort de sources commerciales que les importations portant sur ces produits sont infiniment supérieures aux quantités enregistrées par les sources officielles (tableau annexe VIII). Une grosse part du poisson congelé importé est capturée par des navires affrétés et les statistiques du Gouvernement portant sur le commerce avec l’étranger ne classent pas ce poisson dans la rubrique des importations. La congélation permet d’exporter de grosses quantités de crevettes capturées au large du delta du Niger.

Le Cameroun dispose de deux chalutiers-congélateurs pour approvisionner le marché intérieur, avec l’appoint d’importations de poisson. Par contre, le pays exporte des crevettes. Le Gabon, le Congo et le Zaïre disposent de leur propre flottille de navires littoraux non congélateurs pour faire face à leurs besoins. Le Congo et le Zaïre ont récemment commencé à importer du poisson congelé; le Zaïre importe en outre de très grosses quantités de conserves de poisson (tableau annexe IX).

Les statistiques des pays côtiers de la zone COPACE ne font aucune référence aux importations de farine et d’huile de poisson. Ces importations ont sans doute commencé à la suite de la création d’unités d’élevage, notamment avicole; on peut s’attendre à ce qu’elles augmentent à mesure que les aliments pour animaux deviendront plus nécessaires au développement ultérieur de l’élevage. Quant aux importations de conserves de poisson, elles devraient progresser avec le niveau des revenus. L’Afrique du Sud, qui a des échanges très suivis avec le Zaïre, est maintenant le principal fournisseur de conserves de poisson de la région. Celle-ci devrait importer davantage de poisson congelé, à mesure de la création de nouveaux entrepôts frigorifiques. Environ 85 pour cent de tout le poisson congelé fourni à la région provient des navires soviétiques, des quantités moindres étant apportées par la Pologne, la Bulgarie, le Japon et l’Espagne. Les thoniers débarquent leur pêche à Dakar, Freetown, Abidjan, Tema (Ghana) et Pointe-Noire (Congo) pour la transborder avant réexpédition vers l’Europe et les Etats-Unis. On s’attend à ce que ce commerce des thonidés se poursuive partout sauf à Pointe-Noire, ce port étant devenu trop congestionné.

Les exportations et les importations de poisson et produits de la pêche des pays riverains de la zone COPACE s’équilibraient en 1971 à 63 millions de dollars E.-U. au total. Depuis lors, cette valeur a sans doute sensiblement augmenté et, en 1974, on enregistrera certainement un déficit pour l’ensemble de la région, par suite d’un accroissement considérable des importations, non compensé par une augmentation simultanée de la valeur des exportations.

Tableau 4.1 Poids approximatif du poisson congelé débarqué aux fins de la consommation locale

milliers de tonnes

Pays

1973

1974

Guinée

···

10 000

Sierra Leone

10 632

6 298

Liberia

14 489

11 884

Côte-d’Ivoire

···

76 754

Ghana


6 274

Ghana (embarc. indigènes)

65 000

55 000

Togo

10 282

12 076

Bénin

5 194

5 194

Nigeria (données officielles)

71 411

74 906

Nigeria (données officieuses)

···

300 001/

Cameroun

···

7 609

Cameroun (embarc. indigènes)

···

5 000

Guinée équatoriale

···

2 000

Congo

···

3 000

Zaïre

653

5 701

Total


311 696

1/ Appoint correspondant pour tenir mieux compte des informations des compagnies distributrices.

Source: Estimations du projet COPACE

Tableau 4.2 Commerce international de poisson (poids et valeur)

4.2 Consommation

Les données relatives à la consommation alimentaire des ménages sont très limitées pour l’Afrique de l’Ouest et l’on n’a en fait obtenu de renseignements que pour le Maroc, la Côte-d’Ivoire, le Togo et le Bénin. Dans l’ensemble, on n’a aucun renseignement provenant d’enquêtes dans les ménages, sur la consommation individuelle de poisson de mer ou d’eau douce frais ou “préparé”. Les données présentées au tableau 4.1 sont recueillies auprès de différentes sources. On notera que partout sauf pour le Maroc, on consomme davantage de poisson que de viande.

Tableau 4.3 Consommation alimentaire dans certaines localités

Grammes/personne/jour

Produit

Togo (Lomé)

Côte-d’Ivoire (Abidjan)

Bénin

Maroc

Cotonou

Zones rurales

Casablanca

Meknes

Légumes/tubercules

188.0

396.0

227.9

147.1

284.0

220.0

Céréales

392.6

401.0

705.8

737.3

534.0

465.0

Huiles végétales

29.7

34.0

25.5

44.3

26.1

24.2

Oeufs/lait/produits laitiers

1.8

54.0

1.6

0.1

96.0

74.8

Fruits

18.8

59.0

22.7

17.1

182.0

103.2

Viande

21.8

45.0

18.4

3.8

61.0

53.1

Sucre

4.4

74.0

3.9

0.1

90.0

83.2

Poisson (équivalent de poids frais)

63.0

178.0

45.0

16.0

9.9

3.9

Poisson (kilogrammes par an)

23.0

65.0

16.4

5.8

3.6

1.4

Source: Documents inédits présentés au Séminaire de la FAO sur la commercialisation, tenu à Dakar en décembre 1975
Direction de la statistique, Rabat
A Abidjan, on consomme jusqu’à 178 g de poisson par jour et par personne, soit 65 kg par an. On en déduit que la consommation de poisson à Lomé et à Cotonou pourrait augmenter sensiblement et rejoindre le niveau d’Abidjan. Il est non moins probable que les niveaux marocains pourraient également progresser encore que les habitudes alimentaires traditionnelles des Marocains soient très différentes de celles de la population du golfe de Guinée et que, de ce fait il soit peu probable qu’on enregistre jamais pour le Maroc des niveaux comparables à celui d’Abidjan.

Le tableau 4.3 montre aussi que l’on consomme moins de poisson dans les zones rurales qu’en ville, ce qui se conçoit, du fait des plus grandes facilités de distribution dans les zones urbaines. D’autre part, Lagoin et Salmon (1967) ont noté que les plus gros utilisateurs de poisson sont les capitales. Ainsi, ils ont constaté que la consommation individuelle à Dakar atteint 70 kg, contre 24,4 kg dans d’autres parties du Sénégal, et qu’à Accra, elle est de 40 kg par an, contre 13 kg dans le reste du Ghana. Les mêmes auteurs (op. cit.) ont aussi remarqué que l’on consomme davantage de poisson frais ou congelé dans les aires urbaines que dans les zones rurales, où le poisson est surtout utilisé “préparé”. On pense que leurs données restent applicables.

Les données relatives à la Sierra Leone illustrent la préférence des différents ménages pour le poisson (tableau 4.4). A Freetown, plus de 46 pour cent de toutes les dépenses des ménages sont affectées à l’alimentation et dans les zones rurales, 28 pour cent seulement de toutes les dépenses ménagères sont alimentaires; il est inutile de préciser que les revenus et les dépenses des ménages sont en moyenne beaucoup plus élevés à Freetown que dans les zones rurales. A Freetown une plus forte proportion de ces dépenses porte sur le poisson que dans les régions rurales (8,4 pour cent, contre 4,9 pour cent). Les pourcentages des dépenses alimentaires relatives à du poisson sont à peu près les mêmes à la ville et à la campagne (18 pour cent contre 17 pour cent). Il est également intéressant de noter que l’on dépense davantage à Freetown pour du poisson frais que pour du poisson “préparé”, la situation étant exactement inverse dans les zones rurales. Le tableau 4.5 montre que la consommation de poisson “préparé” baisse légèrement à mesure que le revenu augmente, alors que la diminution également constatée de la consommation de poisson frais, est moins marquée. Le tableau 6 contient des informations recueillies a Lomé en 1964, avant que l’on commence à vendre du poisson congelé; la place du poisson dans l’alimentation était extrêmement importante (24,7 pour cent de toutes les dépenses alimentaires).

Tableau 4.4 Pourcentage des dépenses alimentaires mensuelles des ménages en Sierra Leone par zone (1969-70)


Toutes zones rurales

Freetown

Riz, céréales et pain

4,8

14,5

Légumes

2,5

3,9

Fruits

1,9

1,0

Huiles et graisses

2,7

6,0

Lait et produits laitiers

1,3

1,7

Boissons non alcoolisées

1,8

1,8

Viande

2,9

3,9

Volaille

1,3

0,2

Oeufs

0,7

0,3

Poisson frais

2,3

5,3

Poisson préparé

2,6

3,1

Sucre et sel

1,6

2,3

Autres aliments

1,3

1,3

Repas au restaurant

0,3

0,8

Total

28,0

46,1

Source: Documents de l’Office central de la statistique, Freetown
Tableau 4.5 Pourcentage des dépenses alimentaires des ménages en Sierra Leone, par groupe de revenue

Rubrique

Groupe de revenus (Leone par mois)

0-40

40 - 100

Plus de 100

Riz

18.5

17.8

9.8

Légumes.

5.3

4.2

3.3

Fruité

1.1

0.9

0.9

Huile et graisses

7.4

6.0

7.2

Lait et produits laitiers

1.5

1.7

1.5

Boissons non alcoolisées

1.5

2.0

1.9

Viande

3.2

4.6

4.3

Volaille

0.3

0.3

0.7

Oeufs

0.1

0.3

0.5

Poisson frais

5.8

5.6

3.2

Poisson préparé

4.5

2.5

0.9

Sucre et sel

2.2

1.8

1.1

Autres denrées alimentaires

2.4

0.7

0.3

Aliments consommés au restaurant

1.0

1.7

0.5

Total

54.8

50.1

36.1

Source: Voir tableau 4.4
Tableau 4.6 Pourcentage des dépenses alimentaires des ménages à Lomé (1964)

Rubrique

Pourcentage

Légumes

8.9

Légumes secs et tubercules

10.8

Céréales

26.8

Huiles végétales

5.4

Oeufs, lait et produits laitiers

2.5

Fruits

1.7

Repas pris au restaurant

2.8

Viande

7.6

Volaille

3.8

Viande préparée

1.7

Poisson frais et congelé

4.5

Poisson fumé et séché

11.1

Autres poissons et crustacés

9.1

Sucre

2.0

Autres produits alimentaires

1.3

Source: Tickner, 1975; Société d’études pour le développement économique et social (SEDES), Paris, citant “Budgets familiaux” (1967).
Depuis que ces données ont été recueillies, certaines modifications peuvent s’être produites; on n’a cependant que peu de raisons de supposer que la situation d’ensemble diffère de celle qui ressort des tableaux, pour ce qui concerne la consommation de poisson par rapport à d’autres produits alimentaires, régions et niveaux de revenu ou que le schéma d’ensemble ait changé dans tous les pays riverains de la zone COPACE, à l’exception du Maroc. En fait, Robinson et Crispoldi (1971) ont montré très clairement le rôle extrêmement important du poisson dans les régimes alimentaires de l’Afrique centrale et de l’ouest, sa place n’étant supérieure dans aucune autre partie du monde à l’exception du sud-est asiatique (tableaux - annexes X et XI). Si l’on fait abstraction des pays continentaux, les populations riveraines d’Afrique centrale et occidentale sont encore plus tributaires du poisson qu’il n’apparaît au tableau-annexe X.

Les schémas futurs de consommation pourraient sans nul doute être fonction de la population et de l’offre. En fait, depuis les années soixante, la consommation de poisson a peut-être baissé dans certains pays comme le Bénin et la Sierra Leone où la diminution des importations et la croissance démographique n’ont pas nécessairement été compensées par des accroissements locaux de la production. Autre facteur influant sur la consommation: l’élasticité de demande de poisson par rapport au revenu, peut-être statique ou en baisse dans les zones urbaines de la côte comme Abidjan et Dakar (où l’offre est relativement abondante) alors qu’elle reste élevée dans les zones intérieures. Par contre, l’élasticité par rapport au revenu a peut-être augmenté dans les zones d’élevage affectées par la sécheresse du Sahel, notamment à la suite de la création d’entrepôts réfrigérés. Pour ce qui est de la consommation future, il importe de noter que les populations côtières acceptent des espèces de poisson antérieurement peu connues dans la région. Ainsi, au Ghana, le merlu, qui est maintenant débarqué en grosses quantités par les chalutiers est vendu sans difficulté tandis qu’il n’était pas offert il y a quelques années (en effet, ce poisson n’était pas capturé par les chalutiers qui l’exploitent désormais au large de l’Angola).


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