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7. PLANS ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT


7.1 Estimations relatives à la demande et à la production future
7.2 Plans halieutiques nationaux
7.3 Plans et perspectives de développement

7.1 Estimations relatives à la demande et à la production future

Les meilleures estimations possibles de la consommation actuelle de poisson et de la demande ont été compilées par le Service des politiques et de la planification, Département des pêches de la FAO et sont présentées au Tableau 7.1.

La consommation individuelle varie entre un minimum de 4,4 kilogrammes par an au Maroc et un maximum de 56,2 kilogrammes par an au Sénégal. Pour l’ensemble de la région, elle est en moyenne de 10,4 kilogrammes et l’on s’attend à ce qu’elle passe à 13 kilogrammes par an en 1990 (soit une augmentation de 26 pour cent). L’offre actuelle, pour faire face à cette demande, est de 1 438 900 tonnes et l’on s’attend à ce qu’elle passe à 3 005 600 tonnes en 1990, ce qui représente un accroissement de 109 pour cent; cette progression est destinée à faire face à l’amélioration de la demande individuelle mais aussi à celle qui est liée à l’essor démographique de la région (66 pour cent).

Bien que la consommation de poisson au Cap-Vert, en Guinée-Bissau et en Guinée soit actuellement inférieure à 10 kilogrammes par personne et par an, il semble raisonnable de supposer qu’elle pourrait augmenter rapidement et se rapprocher de celle des pays voisins (environ 20 kilogrammes par an) à condition que l’offre soit présente. En dépit de l’accroissement de la consommation individuelle qui, en Nigeria, devrait atteindre 8,5 kilogrammes par personne d’ici 1990, grâce à une augmentation de 76 pour cent, ce pays continuera à utiliser peu de poisson par rapport au reste de la région. La consommation effective pourrait doubler et passer à 17 kilogrammes par personne et par an (ainsi qu’il est prévu dans le Plan nigérian); dans ce cas, la demande nigériane passerait à 1 674 400 tonnes par an. Le Zaïre est également très peuplé et consomme peu de poisson; il est probable que la demande augmentera sensiblement, à mesure de l’amélioration du réseau commercial. De toute évidence, la demande régionale de poisson sera très sensible aux variations enregistrées dans des pays comme le Zaïre et le Nigeria et les besoins de poisson alimentaire, tels que prévus au tableau 7.1 pèchent sans doute par défaut.

Tableau 7.1 Poisson et produits de la pêche - consommation actuelle (1971/73) et estimations de la demande (1990)

A l’heure actuelle, les importations de farine de poisson de la région sont négligeables. Toutefois, les progrès sans doute imminents des stations d’élevage avicole et porcin entraîneront certainement une importante demande de farine de poisson pour l’alimentation des animaux. Le CPP, type B, destiné à la consommation humaine pourrait aussi se tailler une place de choix sur les marchés alimentaires, ce qui conduirait à consommer une quantité de poisson supérieure aux prévisions actuelles.

La quantité de poissons autres que des thonidées, capturée dans la région du COPACE est pour l’instant de l’ordre de 3,5 millions de tonnes. En 1990, la pêche sera fonction des mesures d’aménagement des ressources prises par chaque pays dans sa zone de pêche, mais Gulland indique (1972) qu’elle ne saurait guère dépasser 4.2 millions de tonnes. On trouvera au tableau 7.2 un tableau, purement spéculatif, de la façon dont pourraient se présenter, en 1980, la production, les importations et les exportations de chaque pays. Si, en 1975, environ 2 millions de tonnes de poisson capturé dans la zone COPACE ont été expédiées hors de la région et notamment en Europe, il est prévu que d’ici 1990, la demande africaine de poisson atteindra elle-même ce tonnage. Néanmoins, compte tenu du voisinage des débouchés et des prix que l’on pourra obtenir sur les marchés européens, une part importante de poisson capturé au large de l’Afrique du Nord-Ouest continuera sans doute d’être envoyée en Europe. On peut en fait s’attendre à ce que le Maroc n’exporte pas dans le reste de l’Afrique et que 75 pour cent des exportations du Sahara ex-espagnol, 50 pour cent des exportations de la Mauritanie et 25 pour cent de celles du Sénégal soient expédiés vers l’Europe et non vers le reste de l’Afrique.

Par suite de l’extension des zones de pêche et de l’accroissement de l’importance des flottilles ayant leur port d’attache dans la région, le nombre de navires hauturiers battant pavillon étranger et exploitant les fonds de la région aura sans doute grandement diminué d’ici 1990. En fait, 500 000 tonnes seulement de poisson capturé dans la zone COPACE seront peut-être débarquées dans les ports du sud de l’Europe (sans doute essentiellement en Espagne et au Portugal) et un même tonnage pourra être pris par des navires battant pavillon étranger non originaires des pays d’Europe méridionale. La région pourra fournir en 1990 entre 100 000 et 200 000 bonnes de thonidés. Compte tenu de la faiblesse de la demande prévue pour le Nigeria (susceptible, en réalité, d’entraîner des importations de l’ordre de 600 000 tonnes pour satisfaire une demande de 1 674 000 tonnes) et de l’hypothèse optimiste selon laquelle nombre de pays augmenteront leurs captures, on peut conclure essentiellement de cette analyse préliminaire que les importations de la région ne seront pas inférieures à 150 000 tonnes en 1990. Ces importations pourraient, dans une certaine mesure, être réduites par les captures des navires hauturiers ayant leur port d’attache au Ghana, au Nigeria et au Cameroun, et exploitant les fonds situés au large de l’Angola, de la Namibie et de l’Afrique du Sud. Ces prises seront cependant fonction des mesures d’aménagement des ressources adoptées dans la zone de la CIPASE.

Parmi les estimations dont on s’est prévalu dans la présente section certaines sont de pures vues de l’esprit et devraient être utilisées avec beaucoup de prudence. Elles devraient cependant provoquer un examen plus approfondi de l’importance des mises à terre éventuelles, ainsi que de l’incidence de ces mises à terre sur l’aménagement des ressources, le commerce et le développement socio-économique du secteur halieutique dans les différents pays de la région.

7.2 Plans halieutiques nationaux

Le gouvernement du Maroc prévoit que, dans le cadre du Plan portant sur la période de 1973 à 1977, le produit intérieur brut (PIRE) augmentera en moyenne de 7,5 pour cent. La valeur des produits primaires devrait croître en moyenne de 3,6 pour cent par an (la hausse du prix du poisson et des produits de la pêche étant de 5,2 pour cent). Le secteur secondaire, y compris l’exploitation minière, devrait accroître chaque année la valeur de ses produits de 11 pour cent; la valeur des services, au chapitre du secteur tertiaire, doit augmenter chaque année de 7 pour cent. Les dépenses individuelles pour la consommation privée devraient progresser de 1,8 à 2 pour cent par an. Les dépenses en capital du gouvernement dans le secteur des pêches (installations portuaires non comprises) seront de l’ordre de 105 millions de dirhams (environ 24,4 millions de dollars E.-U.). La politique halieutique du gouvernement, dans le cadre du Plan, envisage notamment la surveillance continue et l’aménagement des ressources piscicoles, le doublement de la consommation individuelle de poisson, ainsi qu’une intervention croissante de l’Etat dans ce secteur, sous forme de subventions, de prêts, d’exploitation de navires côtiers ou encore de participation à des entreprises mixtes.

Table 7.2 Estimation théorique de la production et de la demande de poisson (1990)

Bien que son Troisième plan national de développement doive être élaboré rapidement, le gouvernement de la Mauritanie n’a encore rien publié à cet égard. En matière halieutique sa politique provisoire vise à assurer un débit constant de poisson vers les usines de transformation situées dans les régions côtières, à participer à la formation des pêcheurs et du personnel engagé dans le secteur des pêches en apportant tous les encouragements voulus et à éviter la surpêche. Le gouvernement se propose en outre d’établir une flottille de pêche nationale pour réduire la dépendance à l’égard des opérations des compagnies étrangères. Dans l’immédiat, les installations du port de pêche de Nouadhibou doivent être étendues et le réseau électrique de la ville, amélioré.

Le Plan sénégalais actuel (1973-1977) prévoit une croissance annuelle du PNB de 5,7 pour cent. Dans le secteur des pêches, la production doit augmenter en valeur de 4,8 pour cent par an. Elle doit passer de 248 000 tonnes, en 1972, à 301 000 tonnes en 1977. Dans l’ensemble, le gouvernement se propose d’aider les marins-pêcheurs compte tenu du contexte socio-économique, afin d’établir une pêche artisanale moderne et de créer et d’organiser des infrastructures et des structures administratives propres à promouvoir l’activité du secteur “pêche” en général. Dans le cadre des engagements pris par le gouvernement pour favoriser le développement halieutique, un certain nombre de projets originaux ont été entrepris ou sont prévus, presque toujours avec l’assistance technique et financière d’organisations d’aide bilatérale et multilatérale. En fait, l’objectif du plan, en matière de mises à terre d’origine nationale a été dépassé en 1973 et, en 1974 plus de 347 000 tonnes ont été débarquées.

Un Plan de développement national pour la Gambie doit être publié en 1976 et la politique halieutique cherche en premier lieu à satisfaire la demande interne de poisson. Bien que les perspectives de développement du secteur des pêches ne semblent guère de nature à rivaliser avec celles du Maroc et du Sénégal, par suite de la faible étendue des eaux territoriales, on devrait pouvoir établir un secteur important qui contribuerait largement aux recettes d’exportation et au PNB du pays. D’importantes entreprises mixtes ont été mises sur pied entre le gouvernement de la Gambie et des intérêts ghanéens et japonais, respectivement. Elles sont orientées vers l’exportation, ce qui permet de diversifier le marché qui ne reste pas tourné vers la seule consommation locale. Comme c’est le cas dans un certain nombre de pays, l’un des principaux problèmes d’orientation à l’intérieur du secteur des pêches, consiste à harmoniser les encouragements donnés à la pêche industrielle avec le développement des pêches artisanales.

Le plan de développement de la Sierra Leone pour la période 1974/75 - 1978/79 décrit en détail les objectifs macro-économiques du pays et notamment an matière halieutique. Le PIB devrait progresser de 6,2 pour cent par an, l’agriculture de 4,6 pour cent, l’industrie de 10,6 pour cent et l’extraction minière de 4,8 pour cent. On estime à 2,6 pour cent par an la croissance démographique et l’on prévoit une augmentation du revenu individuel de l’ordre de 3,6 pour cent par an. La demande de poisson devrait croître de 5,1 pour cent (si l’on suppose une élasticité revenu de la demande de poisson de 0,9); enfin, il est prévu que le pays se suffira en poisson avant la fin du Plan. Les objectifs pour le secteur halieutique dans le contexte de la politique générale de développement sont les suivants:

(i) accroître la production de poisson et d’autres ressources aquatiques pour satisfaire la demande de protéines à bon marche;

(ii) augmenter les recettes de devises étrangères, en exportant du poisson, des crustacées, des mollusques;

(iii) moderniser l’industrie en utilisant une vaste gamme d’embarcations motorisées appropriées et des techniques améliorées;

(iv) créer les infrastructures nécessaires pour constituer la base des pêcheries industrielles;

(v) promouvoir les activités de recherche sur tous les aspects des pêches afin d’assurer l’utilisation rationnelle des ressources;

(vi) améliorer les services de formation et de vulgarisation assurés aux pêcheurs; et

(vii) établir un système efficace pour la fixation des prix, la commercialisation et la distribution.

On prévoit que les investissements au cours du Plan s’élèveront au total à 7 581 000 leone (environ 9 millions de dollars E.-U.) dont 2 960 000 seront intérieurs et 4 571 000, d’origine étrangère Les investissements relatifs aux navires industriels et crevettiers seront de 5 892 000 leone (73 pour cent des investissements totaux au titre du plan). La pêche artisanale ne recevra que 450 000 leone (environ 540 000 dollars E.-U.), soit 5,9 pour cent des investissements totaux dans le secteur des pêches au titre du Plan. Il est évident que la mise en oeuvre du Plan comporte des problèmes; en effet, aucun investissement n’a encore été réalisé pour acquérir des navires industriels ou crevettiers. Il est donc probable, que la Sierra Leone ne pourra pas se suffire en poisson d’ici 1979.

Le Liberia n’a actuellement pas de plan de développement; une équipe PNUD/BIRD prépare actuellement un tel plan. L’entreprise Mesurado Co., Ltd. domine les pêches du pays et notamment la commercialisation du poisson; le gouvernement semble peu désireux d’encourager des opérations susceptibles de concurrencer celles de cette entreprise. Ainsi, la pêche artisanale ne bénéfice-t-elle d’aucune aide de gouvernement.

Le plan de la Côte-d’Ivoire pour la période 1976-1980 n’a pas encore été publié. Cependant, les planificateurs se proposent de fournir en moyenne d’ici 1995, 30 grammes par jour et par personne de protéines animales. On prévoit qu’en 1980 on aura atteint 17,5 grammes par personne et par jour (contre 15,4 grammes en 1975); de la sorte, 240 000 tonnes de viande et 240 000 tonnes de poisson seront nécessaires pour nourrir une population d’environ 8 millions d’habitants (soit environ 30 kg de poisson par personne et par an). Cette, demande ne peut être satisfaite que par une augmentation massive des importations et/ou de la production locale. Le Service des pêches espère encourager les pêcheurs indigènes en accroissant les investissements et en négociant avec les pays voisins l’autorisation pour les navires ivoiriens d’exploiter leurs fonds ce qui permettra de débarquer 160 000 tonnes de poisson en Côte-d’Ivoire (dont 20 000 tonnes, surtout du thon, seront exportées). Selon des informations provisoires, il serait prévu au Plan que le PIB augmente de 8 pour cent par an et que 16 milliards de francs CFA (environ 80 millions de dollars E.-U.) seront affectés à la modernisation de la flottille de pêche. Si les objectifs ambitieux des planificateurs ivoiriens se réalisent, il faudra 450 000 tonnes de poisson en Côte-d’Ivoire en 1990, pour permettre une consommation individuelle annuelle de 36,1 kg de poisson. Cette projection de la demande dépasse sensiblement celle qui est donnée au tableau 7.1 (26,1 kg).

Selon les directives du plan quinquennal de développement du Ghana pour 1975 à 1980, l’objectif consiste en une croissance annuelle du PIB égale à 5,5 pour cent. La population continuera à augmenter à raison de 2,7 pour cent et la consommation individuelle d’au moins 2 pour cent par an. La politique halieutique vise à assurer de plus grandes disponibilités de poisson, afin d’accroître la quantité de protéines ingérées, tout en améliorant les possibilités d’emploi dans le secteur des pêches. Les problèmes qui lui sont particuliers sont les suivants: le développement des pêches continentales a été négligé; les fournitures de matériel et de pièces de rechange sont insuffisantes, de même que les installations de radoub, de débarquement et d’entreposage; enfin, l’activité des petits opérateurs ne se répercute guère sur la productivité. Pendant le Plan, le port de pêche d’Elmina sera construit afin d’accroître les installations de débarquement le long de la côte et des études seront entreprises en vue de déterminer un site favorable pour deux autres ports de pêche, l’un dans la région occidentale et l’autre entre Ada et Keta.

En matière de pêche les objectifs du deuxième Plan de développement économique et social du Togo (1971-75) consistaient à diminuer les importations de poisson, à réaliser une distribution plus rationnelle de la production (en fait accroître la production dulcaquicole) et à augmenter de 11 000 bonnes la production piscicole intérieure, de toutes provenances. Il était prévu d’investir dans le secteur des pêches, pendant le deuxième Plan 772,7 millions de francs CFA (environ 3,3 millions de dollars E.-U.) plus de 60 pour cent devant être affectés à l’achat de navires. On ne connaît pas le montant effectivement investi dans le secteur des pêches pendant la durée du Plan; il est cependant évident qu’aucun navire n’a été acheté. Sans doute 30 millions de francs CFA seulement ont été dépensés pour construire un laboratoire, fournir des crédits aux pêcheurs, etc. Par contre, environ 400 millions de francs CFA (1,8 millions de dollars E.-U.) ont été imputés à un budget autre que celui des pêches pour réaliser un nouveau débarcadère et ce projet d’infrastructure aura des répercussions considérables sur le développement halieutique du pays.

Le troisième Plan de développement du Togo (1976/80) n’a pas encore été publié; aussi aucun objectif clair n’a-t-il été défini pour le secteur des pêches. On est cependant convenu que 890 millions de francs CFA seraient consacrés à l’achat de navires de pêche et aux installations à terre de l’Office national des pêches. Quatre chalutiers, du même type que ceux qui sont déjà en service (23 mètres de long) seront achetés, ainsi que deux chalutiers congélateurs et six bateaux permettant la pêche à la ligne à main. Ces dépenses afférentes aux navires de pêche seront complétées par des investissements portant sur des entrepôts réfrigérés, des camions frigorifiques et isothermes et d’autres véhicules. Seront également financés dans le cadre du plan: une usine de fabrication de filets, l’agrandissement du port de pêche et une étude d’investissement. Réalisée par une firme française en 1976, celle-ci portera sur les plans détaillés et le coût des navires de pêche, entrepôts frigorifiques, etc., jusqu’au stade de la préparation des appels d’offre; de la sorte, les investissements envisagés pourront être réalisés pendant la période couverte par le plan.

Le Nigeria dispose d’un Plan de développement détaillé pour 1975 à 1980. Le taux de croissance annuel prévu pour le PIB est de 9,5 pour cent en moyenne, les revenus individuels devant augmenter de 6,5 pour cent par an, passant de N 205 à, N 290 (470 dollars E.-U. aux prix constants de 1974). La population devrait s’accroître de 2,5 pour cent par an. Les objectifs du développement halieutique dans le cadre du plan sont les suivants:

(i) accroître la production intérieure de poisson pour faire face à la demande locale;

(ii) fournir des devises étrangères par l’exportation de certains produits (crevettes, etc.);

(iii) encourager la fabrication sur place de produits de la pêche: farine de poisson et poisson déshydraté;

(iv) offrir des possibilités d’emploi aux jeunes nigérians, notamment en fin de scolarité, dans les régions côtières;

(v) accroître le revenu individuel des pêcheurs indigènes, dans le contexte global du développement (ce qui entraînera une augmentation des captures et une progression des prix liées à l’amélioration des facilités de transformation et d’entreposage).

Le document du plan signale qu’en 1974/75, la consommation de poisson était de 11,85 kg par personne et par an si l’on admet les chiffres de 890 000 tonnes pour l’offre et de 75 millions pour la population. La consommation prévue pour 1979/80 sera de 16,84 kg par personne et par an, sur la base d’une offre de 1 465 000 tonnes et d’une population de 37 millions d’habitants. La consommation individuelle journalière a été évaluée à 2,99 grammes de protéines de poisson pour 1974/75 et l’on prévoit qu’elle passera à 4,35 grammes en 1979/80. L’élevage apporte actuellement 4,50 grammes de protéines et l’on prévoit qu’il fournira 4,66 grammes en 1979/80; aussi l’augmentation de la consommation de poisson devrait-elle jouer un rôle particulièrement important dans l’accroissement des quantités de protéines animales ingérées.

On assiste de toute évidence à une divergence d’opinions quant à la production et à la consommation actuelles de poisson au Nigeria. Ainsi, selon le tableau 7.1 la consommation de poisson est de l’ordre de 4,6 kg par personne et par an, tandis que pour les planificateurs nigérians elle est de 11,3 kg par personne et par an. Suivant que l’on se fonde sur l’une ou l’autre de ces estimations les projections obtenues quant à la demande pour 1990 sont si différentes que la demande de la zone COPACE en est considérablement affectée. Les deux estimations devront donc être rapidement ramenées à un dénominateur commun si l’on doit établir des projections efficaces des besoins à l’échelon régional.

Dans l’ensemble, les objectifs du troisième Plan national de développement (1975/80) sont ambitieux et il en est tout particulièrement ainsi pour le secteur des pêches. Ainsi dans l’hypothèse d’un taux de croissance annuel de 4,3 pour cent pour l’ensemble de la production alimentaire, on devrait accroître chaque année la production piscicole de 10 pour cent; elle devrait augmenter de 700 000 tonnes à 1 190 000 tonnes mais il est prévu en outre que les importations passeront des 350 000 tonnes actuelles (chiffre estimatif) à 450 000 tonnes. Plus de 150 millions de dollars E.-U. ont été affectés au secteur des pêches au titre des dépenses en capital pour les cinq prochaines années; plus de la moitié de cette somme sera dépensée par le département fédéral des pêches, le solde par les services des pêches des différents Etats. Environ 40 millions de dollars E.-U. sont programmés pour la construction d’un important port de débarquement de poisson à Tin Can Island (Lagos) et l’on prévoit qu’une dépense de l’ordre de 35 millions de dollars E.-U., pour la création de la Nigerian National Fishing Company, permettra de fournir environ 30 000 tonnes de poisson par an. En outre, le gouvernement investit dans une compagnie de pêche à la crevette avec une participation étrangère.

Le Plan de développement du Gabon pour 1971/75 avait prévu que le PIB augmenterait chaque année de 7 pour cent et que des investissements devaient permettre la création d’une entreprise de pêche et d’une chaîne d’entrepôts réfrigérés. Le Ministère de l’Industrie - et non le Ministère de l’Agriculture - était responsable de ces deux projets; aucun d’entre eux n’a été traduit dans les faits. Le Plan relatif à 1976/30 n’a pas encore été publié.

Il semble que le gouvernement de la République populaire du Congo ne s’engage guère à aider son industrie des pêches maritimes. Quelques investissements ont été affectés à l’expansion d’une entreprise mixte (Congo-Italie) mais aucun investissement n’est prévu pour les installations portuaires (notamment destinées au transbordement du thon) ou des crédits aux artisans-pêcheurs.

La pêche maritime du Zaïre, peu active, est dominée par la Société générale d’alimentation dont une filiale (PERMAZA) possède une flottille de 9 chalutiers côtiers et de 2 chalutiers congélateurs. Cette flottille est vétusté et d’un entretien difficile et un certain nombre de problèmes de gestion se sont posés de sorte que les captures annuelles n’ont cessé de décroître. La compagnie d’alimentation n’a pas l’intention de remplacer les navires dont elle dispose actuellement mais prévoit plutôt d’accroître, comme le font de nombreux autres pays, ses importations de poisson congelé d’origine soviétique. A cette fin, la capacité des entrepôts réfrigérés est actuellement améliorée au port de Matadi et à Kinshasa. Il est possible que le volume du poisson congelé importé rejoigne celui, déjà considérable, du poisson séché et traité. La balance des paiements du Zaïre dépend largement du maintien de cours élevés pour le cuivre. Ceux-ci sont bas en ce moment (environ B 600/t) et le pays est gravement déficitaire. En dépit de la pénurie de devises étrangères, le Gouvernement n’a pas découragé l’importation de produits alimentaires comme la viande et le poisson et semble même encourager ces importations plutôt que d’investir dans la production alimentaire. Les captures en provenance des grands lacs d’eau douce d’Afrique centrale, que le Zaïre partage avec la Zambie, la Tanzanie, le Burundi et l’Ouganda pourraient être sensiblement accrues. Une équipe PNUD/BIRD élabore actuellement un plan et l’on espère que sa mise en oeuvre pourra commencer d’ici deux ans. Il est probable que, contrairement à ce qui se passait tout récemment, les projets relatifs aux zones rurales seront davantage encouragés.

7.3 Plans et perspectives de développement

Comme on l’a vu à la Section précédente, la plupart des pays du COPACE sont dotés d’un plan de développement. Néanmoins, la stratégie de la planification diffère sensiblement d’un pays à l’autre. En général, les pays élaborent un plan pour une période donnée et la seule analogie entre les différents plans semble consister dans l’énumération des chapitres qui devront être financés par des dépenses en capital, En pratique, les dépenses effectives diffèrent, souvent très sensiblement, des dépenses projetées. Il n’existe pas, dans la région, d’économie rigide centralement planifiée et tous les plans se ressemblent par leur extrême souplesse. Ceux d’un certain nombre de pays fixent des objectifs en matière de captures de poisson et, parfois, fondent les objectifs de la pêche et des importations sur les besoins protéiques de la population.

Quelques-uns, comme le Bénin et le Zaïre n’ont aucun plan de développement, ni document général qui donnerait aux planificateurs, dans un secteur comme celui des pêches, une indication sur les grandes orientations, les objectifs ou les buts que le Gouvernement se propose d’atteindre. Ainsi, certaines données, comme les projections de recettes, l’élasticité de la demande de produits alimentaires par rapport au revenu ou encore les dépenses individuelles de consommation au plan national revêtent une importance fondamentale pour qui se propose de rédiger un plan de développement halieutique. D’autre part, les organismes chargés du développement halieutique doivent se faire une idée pertinente du potentiel des ressources du pays en la matière des techniques de pêches et des disponibilités de main - d’oeuvre, de manière à pouvoir fournir aux planificateurs nationaux des projections réalistes quant au potentiel halieutique. Hamlisch (1973) a décrit de manière succincte le rapport général existant entre planification sectorielle et nationale: “on ne saurait formuler aucun plan national réaliste sans disposer d’une évaluation économique valable des possibilités sectorielles; d’ailleurs, leur contribution aux objectifs économiques et sociaux des différents pays ne saurait être déterminée dans des conditions satisfaisantes sauf dans le cadre d’un plan national. Aussi pour être valable, toute planification suppose un flux continu dans les deux sens des informations entre les planificateurs à l’échelon le plus élevé (national) et à l’échelon le plus bas (sectoriel); enfin, la volonté de la part des uns et des autres d’accepter des ajustements”. Les critères sur lesquels se fondent les jugements portés sur les objectifs sectoriels, étayés par les stratégies qui présupposent l’existence de programmes et de projets, doivent se fondre dans le système général de priorités du Gouvernement et être liés aux possibilités effectives. Il s’ensuit que les stratégies doivent pouvoir être acceptées en dehors du Gouvernement par les producteurs, les consommateurs, les commerçants et les investisseurs, sans lesquels la mise en oeuvre de ces décisions complémentaires pourrait se révéler impossible. Aussi le rôle des décisions gouvernementales est-il crucial s’agissant d’apporter des encouragements ou de déterminer les conditions auxquelles d’autres pourront agir.

Dans l’ensemble tout plan halieutique national suppose, dans une mesure plus ou moins importante suivant le pays en cause les trois objectifs suivants: (i) l’aménagement des ressources piscicoles; (ii) la nécessité d’équilibrer l’offre de poisson et la demande et (iii) un développement socio-économique équilibré du secteur des pêches, pour faire face aux besoins socio-économiques nationaux. Pour déterminer les objectifs prioritaires et formuler les stratégies de développement qui en constituent la base, il est essentiel que des données adéquates soient recueillies et analysées. Si elles ne sont pas immédiatement disponibles, il faut émettre des hypothèses sur lesquelles fonder jugements et décisions concernant la stratégie du développement. A mesure que de nouvelles données émergent, on pourra modifier et améliorer les hypothèses et les conclusions.

Parmi les approches les plus fréquentes en matière de développement, visant à faciliter la réalisation des objectifs d’un plan halieutique, on citera: (i) l’augmentation des activités de petite pêche (développement artisanal); (ii) la promotion de l’industrie de transformation et des exportations; (iii) les économies de devises étrangères, réalisées en limitant les importations de poisson ou de pièces de rechange de navires ou encore en encourageant l’augmentation de la production locale; (iv) les armements communs et la coopération internationale, afin de se procurer du poisson à l’étranger; (v) l’infrastructure et l’amélioration du système commercial interne; (vi) l’expansion de la flottille de pêche côtière, avec des navires allant jusqu’à 40 m de long; et (vii) le développement de l’aquaculture et des pêches continentales. On trouvera au tableau 7.3 une liste établie à titre de contribution et en vue d’encourager les études, analyses et débats ultérieurs, et qui cite, suivant leur degré de priorité, les stratégies dans la mesure où elles sont applicables aux pays de la zone COPACE. Sur la base de cette analyse qui, nous l’admettons, reste subjective, on conclura que le développement artisanal, l’expansion des flottilles de pêche locales, enfin l’amélioration indispensable des facilités de transformation (y compris congélation et entreposage réfrigérés), souvent liées à la promotion des marché d’exportation, trouveraient plus particulièrement leur application dans la région.

La mise en oeuvre des stratégies de développement suppose la formulation et l’exécution de programmes et de projets. Les programmes portent en général sur des mesures déjà en vigueur et notamment: subventions, encouragements ou primes, impôts et toute autre mesure régulatoire, tandis que les projets visent les investissements relatifs à une période donnée et sont destinés à une activité particulière, qui se répercute directement ou non sur la productivité.

Les programmes susceptibles de faciliter les stratégies de développement sont variés et les options doivent être soigneusement pondérées avant d’être mises en oeuvre. La priorité accordée à ces programmes est évidemment fonction du développement halieutique de chaque pays. Certains préféreront sans doute subventionner les opérations des flottilles locales tandis que d’autres jugent plus avantageux d’accroître le prix payé aux pêcheurs locaux pour le poisson en augmentant le droit d’importation. Certains, comme la Mauritanie étoffent leurs recettes en attribuant des licences aux navires étrangers exploitant sa zone de pêche.

Un certain nombre de projets d’investissement sont déjà en cours dans la région. Cependant, d’importants investissements continueront à être nécessaires et le tableau 7.4 récapitule quelques possibilités d’investissement. La possibilité pour les pays d’attirer les investisseurs étrangers ou de mobiliser des capitaux à l’intérieur est très largement fonction de l’attitude générale du Gouvernement à l’égard des investissements et de l’aptitude des institutions publiques à formuler des projets réalistes et à créer des organismes d’exécution efficaces. Le rôle du “Service” ou “Département” des pêches est flanc crucial, si l’on se propose d’investir dans ce secteur.

En matière de planification du développement, le choix des projets dans lesquels on investira se révèle difficile: accordera-t-on la préférence au projet promettant les revenus les plus élevés dans un secteur limité ou, au contraire, à celui dont on attend des bénéfices peu importants mais portant sur un plus vaste secteur et affectant une population nombreuse. En fait, le soin de trancher entre les différents critères contradictoires: pousser au maximum la croissance économique ou réaliser une distribution plus équitable des revenus, doit en définitive être laissé au jugement politique.

Tableau 7.3 Indication des priorités en matière de stratégies du développement halieutique


Transformation et exportations

Développement artisanal

Economies de devises étrangères

Coopération internationale pour s’assurer des approvisionnements

Commerce à l’intérieur

Développement des flottilles

Aquaculture continentale

Maroc

1

·

·

·

2

3

·

Mauritanie

3

2

·

·

·

1

·

Sénégal

2

3

·

·

·

1

·

Gambie

2

3

·

·

·

1

·

Cap-Vert

2

·

3

·

·

1

·

Guinée-Bissau

2

3

·

·

·

1

·

Guinée

2

3

·

·

·

1

·

Sierra Leone

3

2

·

·

·

1

·

Liberia

·

1

·

2

·

·

3

Côte-d’Ivoire

·

3

·

1

2

·

·

Ghana

·

3

1

2

·

·

·

Togo

·

2

3

·

·

·

1

Bénin

·

2

3

·

·

·

1

Nigeria

·

3

·

·

1

2

·

Cameroun

·

3

·

2

1

·

·

Guinée équatoriale

·

1

2

·

·

·

3

Gabon

2

3

·

·

·

1

·

Sao Tomé-et-Principe

2

3

·

·

·

1

·

Congo

2

·

·

·

·

1

3

Zaïre

·

·

·

3

1

·

2

Source: Estimations du Projet COPACE
Il conviendrait de souligner que tout effort de planification affecte les participants d’un système économique et que nombre de ces participants préfèrent éviter toute contrainte et rester libres d’agir sur le plan individuel ou en petits groupes. Par suite, un plan gouvernemental coordonné de développement, faisant place à des programmes et à des projets n’a guère de chances de succès s’il ne tient compte des aspirations des populations eh cause, lesquelles ne répondent fréquemment que dans la mesure où elles entrevoient des avantages suffisants.

Tableau 7.4 Etat de certaines possibilités d’investissement

Pays

Possibilité

Observations

Maroc

Commercialisation

En cours, par l’intermédiaire de l’O.N.P.

Développement de la flottille

En cours, par l’intermédiaire de l’O.N.P.

Port de pêche dans le sud

A l’étude

Mauritanie

Port de pêche

Engagement de la BIRD

Navires de contrôle des pêches

Récemment achetés

Expansion de la flottille

Investissement possible

Sénégal

Développement artisanal

Aide bilatérale

Thoniers

Récemment achetés

Entreposage frigorifique

Récemment construit(s)

Ports de pêche artisanale

Aide bilatérale

Usine de fabrication de farine de poisson

A l’étude

Expansion et modernisation de la flottille

En cours

Navires de contrôle des pêches

Aide bilatérale

Cargos frigorifiques

A l’étude

Sierra Leone

Navires côtiers

Investissement possible

Développement artisanal

Investissement possible

Industries de transformation

Investissement possible

Aquaculture

Investissement possible

Liberia

Développement artisanal

Investissement possible

Côte-d’Ivoire

Entreposage frigorifique

Récemment construit(s)

Modernisation de la flottille

En cours

Ghana

Entreprise commune avec la Gambie

En cours, intérêts privés

Conserverie de thon

Investissements privés

Thoniers

Récemment achetés

Togo

Accroissement de la flottille

A l’étude

Bénin

Mise en valeur des lagunes

A l’étude

Nigeria

Port de pêche

Engagement du gouvernement

Flottille hauturière

Engagement du gouvernement

Flottille crevettière

En cours

Aquaculture

A l’étude

Ports de pêche artisanale

Engagement du gouvernement

Cameroun

Développement artisanal

Aide bilatérale

Gabon

Accroissement de la flottille

Investissement possible

Industries de transformation

Investissement possible

Congo

Port de pêche

Investissement possible

Zaïre

Modernisation de la flottille

Investissement possible

Source: Estimations du projet COPACE


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