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Chapitre 1: Introduction


Objectifs de la consultation
Présentation du module général d'éducation nutritionnelle de la FAO, "profitons au mieux de notre nourriture"

Une consultation d'experts sur "L'éducation nutritionnelle du public" s'est tenue à Rome du 18 au 22 septembre 1995. Cette consultation traduisait l'intérêt historique que porte à l'éducation nutritionnelle la Division de l'alimentation et de la nutrition de la FAO. Le rapport du Comité mixte FAO/OMS sur la nutrition de 1950 fut le premier a mettre l'accent sur l'éducation nutritionnelle. En 1958, ce même comité d'experts considérait l'éducation comme "un élément nécessaire des programmes pratiques destinés à améliorer la nutrition humaine"1.

1 FAO, 1958, Joint FAO/WHO Expert Committee on Nutrition. 5th report, p.41

La Division de l'alimentation et de la nutrition est la plus importante unité du système des Nations Unies s'occupant de nutrition. Elle est reconnue comme la principale source d'appui et d'avis sur l'information nutritionnelle et sur les programmes reposant sur l'alimentation et l'agriculture. Actuellement l'assistance technique de la FAO dans le domaine de l'éducation nutritionnelle couvre les champs suivants:

· La mobilisation des gouvernements et des institutions pour un soutien à l'éducation nutritionnelle aux niveaux international et national.

· Le renforcement des capacités techniques et institutionnelles des Etats Membres pour la planification, la mise en oeuvre et l'évaluation de programmes d'éducation nutritionnelle.

· La dissémination de directives techniques pour le développement de programmes complets d'éducation nutritionnelle.

· L'application de méthodes d'éducation et de stratégies de communication qui soient innovatrices et couronnées de succès.

· La stimulation de la recherche opérationnelle grâce à une évaluation en profondeur des activités d'éducation nutritionnelle.

· L'organisation d'échanges d'information sur les programmes d'éducation nutritionnelle entre les Etats Membres.

L'intérêt porté à l'éducation nutritionnelle par la Division de l'alimentation et de la nutrition a été renforcé par la Conférence internationale sur la nutrition (CIN) qui s'est tenue à Rome en décembre 1992. A la conclusion de cette conférence, 159 pays et la Communauté Européenne, ainsi que les représentants de 144 organisations non-gouvernementales, de 11 organisations intergouvemementales et 14 organisations des Nations Unies, ont adopté à l'unanimité une Déclaration et un Plan d'action mondial pour la nutrition. Ceci incluait un engagement à "promouvoir des modes vie sains et des régimes alimentaires appropriés". A ce jour la FAO a apporté un appui à 92 des 97 pays qui ont sollicité une assistance pour la mise au point de leur Plan d'action national pour la nutrition. La plupart de ces pays ont inclus l'éducation nutritionnelle dans leurs plans d'action.

Cette consultation a été organisée pour faciliter la mise en oeuvre des Plans d'action nationaux pour la nutrition et pour aider la FAO dans les efforts permanents qu'elle déploie pour offrir aux Etats Membres les meilleurs avis possibles sur les moyens de fournir au public une bonne éducation nutritionnelle.

Quatorze experts ont participé à cette consultation, leurs noms sont fournis en annexe. Le programme et les documents de travail sont, eux aussi, annexés au rapport.

Objectifs de la consultation

L'éducation nutritionnelle est une stratégie qui a été utilisée depuis de nombreuses années par beaucoup de pays développés, ou en développement, pour améliorer le bien-être nutritionnel de populations vulnérables. L'efficacité et la portée de ses intentions varient considérablement. Les différences résident principalement dans les contraintes financières, dans la disponibilité d'éducateurs en nutrition bien formés et dans la manière dont les efforts d'éducation nutritionnelle sont soigneusement planifiés et évalués. Au fur et à mesure que les pays en développement font face à des changements sociaux et économiques rapides, de nouvelles questions se posent en matière d'éducation nutritionnelle qui demandent attention. L'adaptation de méthodes existantes et l'adoption d'approches nouvelles sont nécessaires pour résoudre de nouveaux problèmes. Stimulés par la CIN, les pays se sont fixés des objectifs qui demandent de plus grands efforts dans de nombreux domaines de l'alimentation et de la nutrition, y compris dans celui de l'éducation nutritionnelle.

Cette consultation a été organisée pour fournir un avis d'experts et un conseil technique à la FAO et à ses Etats Membres pour le renforcement des programmes et des activités destinés à fournir une éducation nutritionnelle au grand public.

Les objectifs de la consultation étaient les suivants:

· Discuter et évaluer les technologies efficaces en matière d'éducation nutritionnelle du public, y compris les besoins en formation et en évaluation.

· Proposer des recommandations pour des programmes efficaces d'éducation nutritionnelle du public, à grande échelle, en particulier pour les pays en développement.

Ouverture de la consultation

La consultation a été officiellement ouverte au nom du Directeur Général de l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) par M. H. De Haen, Directeur Général Adjoint, Département Economique et Social. Dans son discours de bienvenue, M. De Haen a réaffirmé le ferme engagement de la FAO en faveur de l'éducation nutritionnelle en tant que stratégie ayant un rôle majeur à jouer dans l'amélioration de la nutrition. Le champ d'intervention actuel de la FAO dans ce domaine couvre à la fois, les aspects de conseil dans les politiques et les programmes et l'assistance directe aux gouvernements, en même temps que le développement et la dissémination de matériels éducatifs et d'autres documents de soutien.

M. de Haen a insisté sur le fait que l'éducation nutritionnelle a pour objet principal d'augmenter la capacité des ménages à tirer le maximum d'avantages des ressources alimentaires existantes. En reconnaissance de ce besoin, la FAO a récemment préparé un module d'information intitulé "Profitons au mieux de notre nourriture".

Cette consultation vient en complément de la consultation d'experts organisée conjointement par la FAO et l'OMS sur "La préparation et l'utilisation de directives diététiques basées sur les aliments" qui s'est tenue à Chypre en mars 1995. Cette consultation a mis en route un processus grâce auquel pourra être développé un conseil diététique correspondant aux conditions locales. M. de Haen a exprimé l'espoir que cette consultation sur l'éducation nutritionnelle viendra compléter le travail de la réunion de Chypre de façon à ce que les directives diététiques puissent être communiquées efficacement au grand public dans le cadre de programmes d'éducation nutritionnelle cohérents et bien structurés.

M. de Haen a fait remarquer que les besoins en éducation nutritionnelle n'ont jamais été aussi grands qu'aujourd'hui. Il a rappelé aux participants que bien que des progrès considérables aient été accomplis, 20% de la population mondiale demeure sous-alimentée de manière chronique. Dans certaines régions le nombre d'enfants malnourris augmente et les carences en micronutriments sont largement répandues. Là où ces problèmes peuvent être résolus par une meilleure utilisation des ressources, les éducateurs en nutrition ont un rôle à jouer.

Tandis qu'on assiste à une amélioration de l'état de l'économie et de l'approvisionnement alimentaire dans de nombreux pays, une foule de gens continue à subsister sur des régimes monotones d'aliments de base qui ne satisfont pas tous les besoins nutritionnels les changements sociaux et technologiques rapides induisent de nouveaux modes de vie et de nouvelles habitudes alimentaires qui constituent des défis majeurs pour l'éducation nutritionnelle. Les programmes d'éducation nutritionnelle doivent prendre en compte les facteurs économiques, organisationnels et environnementaux qui peuvent avoir une action positive ou négative sur les habitudes diététiques. Une meilleure éducation nutritionnelle implique de travailler dans de nouvelles directions pour atteindre de larges fractions de la population. Ceci demande d'introduire des programmes novateurs pour les enfants des cycles primaire et secondaire et l'utilisation de la radio, de la télévision, des supports imprimés et des organisations communautaires pour accroître la couverture et l'efficacité de programmes soigneusement élaborés.

M. de Haen a exprimé l'espoir que les participants réussiraient à atteindre les objectifs de cette consultation et qu'ils combineraient leurs expériences et leurs compétences pour proposer des recommandations que la FAO et les Etats Membres pourraient mettre en oeuvre pour augmenter leur capacité à mener à bonne fin des initiatives en éducation nutritionnelle susceptibles de combattre la malnutrition, en même temps qu'elles permettraient au public en général de faire le meilleur usage possible des aliments à sa disposition. Il a rappelé aux experts que les recommandations, si elles étaient pratiques, simples dans leur forme et réalisables, avaient le plus de chances d'être adoptées par des pays aux ressources limitées. Il a aussi rappelé aux experts qu'ils avaient été choisis à titre personnel et sur la base de leur savoir et de leur expérience dans le sujet. Ils ne représentaient donc pas leurs organisations et devaient se sentir libres de conseiller la FAO en toute indépendance.

Faisant suite à M. de Haen, M. John Lupien, Directeur de la Division de l'alimentation et de la nutrition, a réaffirmé l'importance de l'éducation nutritionnelle du public pour des pratiques diététiques saines et pour l'amélioration de l'état nutritionnel. Il a informé les experts que le rapport de cette consultation serait largement disséminé et qu'il serait annoncé en 1995 et 1996 dans des revues scientifiques internationales. De plus, il a mentionné le projet de publier les documents de travail de la réunion dans un numéro des "Etudes FAO Alimentation et Nutrition" en 1996. Il a enfin informé les participants qu'il était prévu d'élaborer des documents techniques pratiques à partir des documents de base et des résultats de la consultation, durant le biennium 1996/1997.

Les participants ont élu par acclamation M. A. Oshaug comme président de la consultation et Mme R. Oniang'o comme vice-présidente.

Dans ses remarques introductives, le président a défini les objectifs de la consultation et souligné la nécessité de considérer les efforts déployés et couronnés de succès en matière d'éducation nutritionnelle dans certains pays en développement pour juger de leur applicabilité dans d'autres pays en développement.

Il proposa ensuite que quatre experts (Mme C. Achterberg, Mme M. T. Cerqueira, M. A. Musaiger et Mme S. Smitasiri) forment un comité de rédaction pour les recommandations de la consultation et que M. F. Simmersbach soit le secrétaire de ce groupe. Le président a rappelé aux participants que les recommandations de cette consultation devraient servir de directives à la FAO sur le meilleur avis possible qu'elle pourrait offrir aux gouvernements sur la manière d'appréhender et de mettre en oeuvre l'éducation nutritionnelle. Il a insisté à nouveau sur la nécessité de recommandations pratiques et réalisables, compte tenu des contraintes liées aux ressources dans les pays en développement. Le programme de la réunion a été ensuite adopté après discussion.

Présentation du module général d'éducation nutritionnelle de la FAO, "profitons au mieux de notre nourriture"

M. N. Farnert a présenté le module général pour l'éducation nutritionnelle élaboré parla FAO. Ce module est destiné à être adapté localement, au niveau régional, ou au niveau national. Il consiste en une affichette de format A4 qui contient 4 messages simples se rapportant au thème "Profitons au mieux de notre nourriture". Il contient des notes pour les éducateurs et un message publicitaire qui peut être utilisé par l'industrie alimentaire ou d'autres. A partir des messages il est possible de développer des programmes éducationnels pour l'information du public, pour les écoles ou pour d'autres institutions de formation.

Le premier message est le suivant, "Offrons-nous le plaisir d'une alimentation variée". Ceci recouvre deux concepts: le besoin de promouvoir une image positive du conseil diététique 'et le concept très simple qu'une diététique adéquate est le mieux assurée par le choix d'une grande diversité d'aliments. Ceci est particulièrement important étant donné notre connaissance imparfaite des besoins nutritionnels, des interactions entre nutriments et non-nutriments, et des relations entre régimes alimentaires et santé.

Le deuxième message est: "Mangeons pour satisfaire nos besoins". Il offre la possibilité d'apprendre comment les besoins nutritionnels changent tout au long de la vie et comment ces besoins peuvent être le mieux couverts à partir des aliments disponibles localement. On apportera une attention particulière à la couverture des besoins durant les périodes à risque (c'est à dire la grossesse, la lactation, la période infantile, la maladie et la vieillesse) et dans les situations difficiles telles que celles où la disponibilité alimentaire est réduite.

Le troisième message est: "Protégeons la qualité et la salubrité de nos aliments". Ce concept est souvent négligé par ceux qui donnent des conseils diététiques bien qu'il soit de première importance à la fois dans les pays développés et dans les pays en développement. Dans beaucoup de pays en développement la mauvaise qualité de l'eau et l'insalubrité des aliments sont autant à l'origine de la malnutrition qu'une consommation alimentaire inadéquate. Dans tous les pays, la consommation d'aliments de mauvaise qualité et contaminés est manifestement un obstacle à une bonne santé.

Le dernier message est: "Soyons actifs et restons en forme". Un bon état nutritionnel n'est pas simplement lié à une bonne alimentation. L'exercice est nécessaire, à tout âge, au corps humain pour bien fonctionner et demeurer sain. Bien des maladies chroniques liées à l'alimentation sont étroitement associées à certains modes d'activité et les efforts pour améliorer le bien-être, nutritionnel doivent aussi en tenir compte.

M. Farnert a informé les participants du fait que la FAO avait l'intention de promouvoir le développement d'approches rationnelles et réalisables pour fournir un conseil diététique prudent au grand public et à certains groupes cibles. Le matériel présenté ici est un élément de cette initiative. Il a mentionné en outre, que le module serait distribué gratuitement en quantités limitées. Des copies supplémentaires seront disponibles à un prix raisonnable, vraisemblablement avec l'aide de l'industrie alimentaire, pour une plus large diffusion. Il est prévu de faire traduire le module en plusieurs langues et les pays ou les régions qui voudraient reproduire le module dans leur langue nationale ou régionale sont libres de le faire. Il a informé enfin les experts que la FAO apporterait tout le soutien possible à de tels projets.


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