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Le travail de la FAO


Commission des forêts pour l'Asie et le Pacifique
Le centre forestier de recherche et de formation technique de Llancacura
La réserve forestière de Llancacura
Matériel et installation
Recherche et enseignement

Commission des forêts pour l'Asie et le Pacifique

C'est à Tokyo qu'a eu lieu, du 9 au 21 avril 1955, la troisième session de la Commission dos forêts de la FAO pour l'Asie et le Pacifique.

Au cours de la session, les délégués ont ou la possibilité de visiter l'emplacement du barrage d'Ogochi, près de Tokyo, qui va constituer un vaste réservoir pour approvisionner la ville de Tokyo en eau et en énergie hydro-électrique. Les délégués ont examiné une installation de vidange par câbles et visité des forêts privées appartenant à l'association des propriétaires forestiers. L'aménagement de ces forêts fut expliqué et discuté.

Les autres jours, les délégués ont visité une exposition de produits forestiers, de matériel d'exploitation, de machines pour le travail du bois, de maisons préfabriquées exigeant une quantité minimum de bois - considération importante au Japon - et l'Université de Tokyo où ils ont pu voir des installations consacrées à l'enseignement forestier supérieur.

Voyage d'étude

Un voyage d'étude de quatre jours fut organisé à Nagoya et ses environs où les participants purent voir les travaux de lutte contre l'érosion à Toki, commune de Dachi, commencés en 1922 sur une terre gravement érodée dans le cours supérieur d'un affluent de la rivière Shonai. A l'origine, le couvert forestier devait être excellent mais a maintenant complètement disparu ou n'est représenté que par de mauvais peuplements de taillis à la suite de l'extraction d'argile et de coupes de bois de chauffage pour l'industrie de la poterie. Des travaux de restauration ont été entrepris en raison du danger croissant d'inondation. Ces travaux comprennent le reclassement, la construction de terrasses et de gradins, le reboisement et la stabilisation du sol.

Les délégués ont visité ensuite l'usine de la compagnie papetière Oji à Kasugai, puis, le jour suivant, la forêt domaniale de Kiso. Le 18 avril, les congressistes ont visité le port de Nagoya, avec ses bassins de stockage de bois et autres installations, puis l'usine de la Compagnie de fabrication de contreplaqué de Nagoya qui utilise à la fois des bois indigènes et des essences importées, telles que l'acajou dos Philippines.

Séance d'ouverture

A Tokyo, d'excellents arrangements avaient été faits pour les séances de travail de la Commission à laquelle le Ministre de l'agriculture et des forêts adressa ses souhaits de bienvenue. La Commission a élu M. F.R. Amos (Philippines) nouveau président, M. Thiem Komkris (Thaïlande) premier vice-président, et M. S.H. Prakoso (Indonésie), second vice-président; M. G.J. Rodger (Australie) fut nommé rapporteur de la session.

M. Sakae Shibata, Directeur général de l'agence forestière du Japon, fut nommé président honoraire de la session. S'adressant à la Commission M. Shibata a insisté sur le fait que l'économie forestière constituait une partie intégrante de l'économie nationale et que les forêts étaient traitées comme des ressources à protéger et à rénover. Les deux tiers environ du sol du Japon sont couverts de forêts mais cette proportion est insuffisante pour satisfaire aux besoins d'une population importante et le pays est, dans l'ensemble, importateur de produits forestiers. Il y a donc un intérêt urgent à mettre en valeur les forêts tropicales de la région. Mais, dans sa réponse, M. Leloup, Directeur de la Division des Forêts de la FAO, a mis en garde contre un optimisme exagéré sur les possibilités de ces forêts. Les discussions du quatrième Congrès forestier mondial ont montré que de nombreux problèmes devaient être résolus avant que les forêts tropicales puissent être mises en état de productivité, même partielle.

Problèmes techniques

Le Secrétaire de la Commission, C.S. Purkayastha (FAO), a rendu compte du travail entrepris par la Commission conformément aux instructions de la deuxième session (Singapour, 1952). La Commission a procédé à l'étude de certains problèmes techniques forestiers concernant la région et a décidé de l'ordre d'importance des actions à entreprendre à l'avenir. Il a été demandé à la FAO d'accorder dans son programme la priorité à l'amélioration des statistiques nationales, à l'étude technique de projets d'aménagement de plantations destinées à fournir du bois de chauffage, à la compilation des renseignements concernant les bois utilisables pour la construction de logements, en suivant le plan adopté par L'Institut indien de normalisation. Il a été décidé qu'un groupe de travail permanent pour l'aménagement des bassins de réception serait créé pour faciliter l'échange de documentation sur ce sujet et encourager la coopération dans les recherches. Un centre de formation sur l'aménagement des bassins de réception devrait être organisé. Dans un autre domaine, il a été recommandé que l'étude des tendances et perspectives de l'industrie du bois dans la région soit entreprise par la FAO en collaboration avec la Commission économique des Nations Unies pour l'Asie et l'Extrême-Orient.

La Commission a donné des directives à son groupe de travail chargé de l'éducation forestière du public et aux groupes s'occupant de la nomenclature normalisée des bois commerciaux, du classement des bois feuillus en grume ou débités. La rédaction définitive des régies de classement normalisées doit être soumise à la prochaine session. On a demandé à la FAO d'établir un centre régional d'inventaires qui, au début, aidera les différents pays à interpréter les photographies aériennes existantes, puis se transformera progressivement en un centre de recherches et de formation pour les techniques des inventaires aériens.

Les méthodes de travail de la nouvelle Sous-Commission du teck ont été approuvées. La Commission a nommé l'Inspecteur général des forêts de l'Inde président indépendant de cette Sous-Commission et a accepté une invitation de la Thaïlande de tenir la première session à Bangkok au début de 1956.

La Commission a pris la décision importante de gréer deux comités de recherches régionaux distincts et indépendants, d'un pour coordonner les recherches sur la sylviculture et l'aménagement des forêts (dont le président sera nommé par l'Inde et le rapporteur par le Japon), l'autre chargé de la recherche sur les produits forestiers (le président devant être nommé par l'Australie et le rapporteur par la Malaisie). La tâche de ces comités a été précisée. Ils se réuniraient pendant la session régulière de la Commission. La prochaine session se tiendrait à Bandoung dès 1967, la Commission ayant accepté avec reconnaissance une invitation offerte par le délégué de l'Indonésie.

Progrès de la foresterie

Le programme d'assistance technique de la FAO dans la région et les rapports des Etats Membres exposant la situation de leur politique forestière nationale furent longuement discutés. De nombreuses questions importantes furent soulevées.

Le délégué de l'Indonésie a illustré les problèmes forestiers que pose dans l'île de Java la pression de la population et a proposé une solution comportant le transfert sous-peuplées, d'une partie de la population dans d'autres îles, sous-peuplées l'intensification de l'agriculture et l'amélioration des rages de bétail, l'industrialisation et non pas le remplacement des forêts par d'autres formes d'utilisation du sol.

Un délégué du Royaume-Uni a exposé les efforts déployés à Hong-kong pour résoudre les problèmes de la pénurie d'eau et de l'approvisionne ment en bois de chauffage à bon marché, problèmes nés de l'énorme accroissement de la population. Le délégué des Philippines a décrit les tentatives faites pour obtenir la coopération volontaire de toute la population, de l'échelon du village à l'échelon national, pour la conservation du couvert forestier sur 42 pour cent de la surface totale du territoire national.

Cinquante-huit représentants de dix sept Etats Membres participaient à la session: Australie, Birmanie, Cambodge, Ceylan, Corée, Etats-Unis d'Amérique, France, Inde, Indonésie, Japon, Laos, Pays-Bas, Philippines, Portugal, Royaume-Uni (Fédération de Malaisie, Singapour, Sarawak et Hongkong), Thaïlande et Viet-Nam. L'Union des Républiques socialistes soviétiques était représentée par un observateur, ainsi que le Saint-Siège, les Nations Unies et l'Organisation météorologique mondiale.

Le centre forestier de recherche et de formation technique de Llancacura

Projet coopératif de la FAO et du gouvernement du Chili

Le 11 février 1955, M. Enrique Casas, Ministre des terres et de la colonisation, souleva un interrupteur qui mit en marche les moteurs des scies de tête de la soierie moderne de Llancacura. Ce geste marqua l'inauguration officielle du Centre, le plus important projet forestier de la FAO au Chili.

La nombreuse assistance et les approbations des invités ont démontré l'intérêt général suscité par le Centre et l'appréciation du précieux apport qu'il représente pour le Chili.

Parmi les 140 invités se trouvaient trois ministres d'Etat: les Ministres des terres et de la colonisation, de l'agriculture et de l'intérieur, le Directeur des forêts et d'autres autorités officielles, les recteurs de l'Université du Chili et de l'Université du Sud à Valdivia, d'autres membres du corps enseignant les autorités de la province de Valdivia et d'Orsono, et beaucoup d'industriels et propriétaires forestiers.

Les invités inspectèrent la soierie la centrale électrique et les autres bâtiments et leurs installations, l'empilage des bois sciés, le fonctionnement des fours à carboniser, la pépinière forestière, et assistèrent à une démonstration de construction de route à l'aide d'un grand tracteur-bulldozer.

La réserve forestière de Llancacura

Le choix de cette réserve fut arrêté après un examen approfondi de toutes les autres stations possibles, Il fut reconnu que le manque de voies d'accès autres que les cours d'eau et l'insuffisance de la surface boisée présentaient des inconvénients. On pourrait toutefois remédier à ces insuffisances si les crédits ouverts étaient proportionnés à l'importance que présente le Centre pour l'avenir de la foresterie au Chili. Les avantages de cette région étaient sa facilité d'accès par voie fluviale pendant toute l'année, un excellent emplacement pour l'installation d'une scierie et une grande diversité dans la topographie, les associations forestières et l'état des peuplements, bien représentatifs des forêts spontanées exploitables du Chili méridional.

La réserve de Llancacura, dont la superficie est d'environ 4600 hectares, est située dans la province de Valdivia, immédiatement au nord du Rio Bueno, une des plus belles rivières du Chili. On peut actuellement y accéder par vedettes à moteur, ou bateaux à vapeur, à partir de Trumao, tête de ligne située à 30 kilomètres au nord-est d'Osorno. Mais la construction d'une bretelle routière de trois kilomètres permettrait un transport direct par camion jusqu'à la voie ferrée, à La Unión éloignée de 32 kilomètres.

Topographie et climat

Le relief, gomme celui d'autres massifs forestiers de cette région, est peu accusé par endroits et devient très accidenté en d'autres. Les pentes s'élèvent rapidement, soit en dominant directement les rivières, soit à partir d'étroits atterrissements dont la majeure partie est inondée lorsque les eaux sont hautes. Les petits cours d'eau à pente rapide sont nombreux, en dehors des deux principaux bassins, situés l'un à la bordure ouest, l'autre à l'est de la réserve. La partie méridionale de la réserve a été partiellement défrichée par des colons, mais renferme encore une superficie considérable de forêt. Nombre de pistes à boeufs donnent accès aux clairières.

La partie septentrionale de la réserve, qui commence à environ cinq kilomètres de la rivière, est en grande partie occupée par une chaîne boisée couronnée par un plateau, s'élevant en pente modérée vers le nord-ouest. L'altitude de cette chaîne varie en général de 450 à 600 mètres, avec quelques points plus élevés.

Les influences combinées de la latitude (40°15' S) et de la proximité de la mer déterminent à Llancacura un climat aux écarts de température modérés, sans extrêmes de chaleur ni de froid. Les températures inférieures à zéro sont rares et les gelées de courte durée.

Les précipitations annuelles totales sont fortes (environ 2500 mm) et quoique plus fortes au cours des mois d'hiver, de mai à septembre, sont généralement suffisantes pendant toute l'année.

Etat de la forêt

La superficie de la réserve était d'abord de 3700 hectares, à laquelle est venu s'adjoindre une autre série de 900 hectares, portant la superficie totale à 4600 hectares. La forêt intacte de la réserve comporte un des meilleurs peuplements de forêt spontanée qui subsiste dans la région côtière entre les rivières Valdivia et Bueno. Il est composé en majeure partie des feuillus caractéristiques de cette région: Nothofagus dombeyi, Eucryphia cordifolia, Weinmannia trichosperma, Laurelia serrata, et Aextoxicon punctatum qui représentent environ 75 pour cent du matériel. D'autres; essences importantes, qui ne se trouvent que dans certaines stations, déterminées par leur latitude et leur situation, sont Nothofagus obliqua, Laurelia sempervivens et Persea lingue qui croissent au-dessous de 600 mètres d'altitude, et Nothofagus procera au-dessus. Flotowia diacanthoides est très commun, mais généralement de médiocre qualité tandis que Trimys winteri, Myrtus luma et Guevina avelland sont fréquents dans le sous-étage, et parfois aussi en subdominants.

On trouve également quatre essences résineuses, mais à l'exception d'une surface limitée peuplée de Fitzroya cupressoides exploitable, on ne les rencontre généralement que sous forme de petits arbres ou de semis, répartis individuellement ou par taches dans le sous-étage. Parmi ceux-ci, Saxegothea conspicua et Podocarpus nubigenus sont plus répandus à haute altitude, et Podocarpus salignus à basse altitude.».

Le volume de bois exploitable de toutes essences est, d'après les estimations préliminaires, d'environ 189000 mètres cubes, la possibilité annuelle se situant entre 3600 et 4700 mètres cubes. Ce volume est insuffisant pour justifier l'installation d'une soierie de l'importance de celle qui a été prévue, dont la capacité de débit atteindrait environ 60 mètres cubes par jour, si on la considérait uniquement du point de vue d'une entreprise particulière. Mais elle est prévue pour fournir le matériel nécessaire pour accomplir la mission du Centre: recherche, démonstration et formation technique. De plus, aux bois existant sur place pourra s'ajouter l'appoint provenant d'achat de grumes acheminées par le Rio Bueno, ou des forets voisines qui pourront être acquises.

Matériel et installation

Les plans du Centre prévoient des travaux d'exploitation et de sciage avec un matériel moderne, d'un type considéré économiquement applicable à l'exploitation commerciale des forêts du Chili méridional. Les installations actuelles comportent une soierie moderne, entièrement équipée, un parc réduit de matériel d'exploitation et de transport, des fours à charbon de bois transportables en acier, des bâtiments qui abritent le bureau, l'atelier, le magasin et le garage, un nombre limité de logements pour les ouvriers, un réseau de distribution d'eau et environ 8 kilomètres de routes utilisables par les camions, dont la majeure partie devra être goudronnée pour pouvoir être utilisée par tous les temps.

La soierie a été conçue, non seulement dans un but de démonstration d'une production à haut rendement, mais aussi pour permettre le fonctionnement indépendant et les essais comparatifs de trois types de soieries. C'est ainsi que les grumes peuvent être amenées directement à la double soie circulaire de tête, à la soie à ruban ou à la soie circulaire à table scandinave. Toutefois, dans le cours normal des opérations, les découvertes sont préparées par la soie circulaire pour la soie à ruban jusqu'à laquelle les grumes sont ensuite transportées par un convoyeur. Les cosses de découverte épaisses et les planches non délignées sont transportées à la soie circulaire à table pour être transformées. Les planches de moins de 6,4 centimètres d'épaisseur sont délignées à l'aide de la déligneuse américaine. Toutes les cosses et délignures inutilisables pour le sciage sont amenées par des convoyeurs à la section des petits débits, à l'arrière de l'usine. Les matériaux inutilisables pour ces débits sont transportés dans le chantier par des wagonnets pour être convertis en charbon de bois.

Une des caractéristiques importantes de l'usine est la table de classement munie d'un convoyeur mécanique et les installations pour trier et transporter les sciages vers l'entrepôt de séchage par wagonnets spéciaux sur voie ferrée, mus par la pesanteur.

Tous les achats de matériel ont été faits par l'intermédiaire de la FAO, en tenant compte à la fois des recommandations de la Mission forestières au Chili et des disponibilités en devises de l'Organisation en vue de ces achats.

L'équipement mécanique actuel comprend le matériel suivant:

1. une soie circulaire de tête provenant d'Amérique du Nord, équipée d'une soie double superposée, d'un tournebilles, d'un dispositif de rappel des poupées, d'une règle graduée horizontale pour mesurer les sciages, d'un évacuateur de sciure;

2. une soie à ruban belge (dimension 1,4 m) munie d'un diviseur automatique et à main;

3. une soie circulaire légère scandinave (type ordinaire);

4. une déligneuse double provenant d'Amérique du Nord;

5. une table de classement de 15 mètres avec un convoyeur à 3 chaînes et des soies à débouter (de fabrication suédoise);

6. un transporteur à chaîne transversal reliant la soie circulaire à la scie à ruban (de fabrication suédoise);

7. un transporteur à rouleaux reliant la soie circulaire à la table de classement (de fabrication suédoise).

De plus, les machines suivantes ont été achetées pour la section des bois de petites dimensions:

1. une sole pendulaire à débouter (de fabrication allemande);

2. une sole circulaire mécanique à dédoubler (de fabrication suédoise) pour sciages de petites dimensions;

3. une déligneuse circulaire (de fabrication allemande) pour le délignage des pièges courtes;

4. une soie circulaire «à chariot libre» (de fabrication suédoise).

Pour l'entretien des lames de soies, un outillage et un matériel mécanique très complets ont été achetés; ils comprennent:

1. un équipement complet pour l'affûtage et l'entretien de la soie à ruban pour grumes (belge);

2. une machine à affûter automatique pour les soies circulaires (allemande);

3. une machine à affûter à main pour les soies circulaires (suédoise);

4. cinq jeux d'outils pour tensionner les soies circulaires (enclumes, réglets, marteaux) et différents types d'appareils à écraser les dents et à braser, etc.;

5. un aspirateur suédois pour aspirer la sciure de bois de toutes les machines, à l'exception de la soie circulaire américaine qui est munie d'un évacuateur de sciure, ainsi qu'il a été dit ci-dessus;

6. un plateau à grumes (Decauville) spécialement construit pour transporter les grumes sur voie ferrée de l'entrepôt principal jusqu'à la plate-forme principale, a été acheté en Suède. Vingt chariots de soierie, tous munis de roulements à billes, ont également été achetés dans ce pays.

Après avoir étudié la question de la centrale la mieux adaptée, le choix s'est arrêté sur des groupes électrogènes Diesel. On a estimé que cette solution était plus économique qu'une centrale à vapeur, étant donné que, la période de sciage étant relativement courte, les frais d'exploitation seraient également moins élevés, Deux groupes électrogènes Diesel de 86 kw ont donc été achetés en Italie.

FIGURE 1. Déchargement direct de grumes d'un camion de 8 tonnes sur la plate-forme à grumes de la scierie.

La construction de la soierie de Llancacura fut commencée au début de 1953 et achevée en décembre de la même année, mais les premiers sciages ne furent produits que vers fin juin 1954, par suite des délais de livraison des groupes Diesel.

FIGURE: 2. Vue de la salle d'entretien des scies, munie d'un matériel moderne.

A gauche, une machine automatique affûte une scie à ruban, tandis que l'affûteur (au centre) et son assistant mettent en état des scies circulaires.

Production et transport des grumes

Le principal peuplement est situé sur une vête à une altitude de 450 à 600 mètres. Une route carrossable de 7 kilomètres a été construite jusqu'à cette forêt qui est actuellement en voie d'exploitation.

L'abattage et le tronçonnage sont effectués en grande partie au passe-partout complété de scies à chaînes actionnées par un moteur à essence. Quatre soies à chaînes, gracieusement fournies par l'Australie, sont utilisées pour étudier la possibilité d'abattre et de tronçonner avec des soies mécaniques, et pour comparer leur rendement avec celui des outils à main. Les quatre soies comportent me petite soie à un homme avec une lame de 24 inch (60 cm), deux scies avec une lame de 48 inch (120 cm) et une soie avec une lame de 60 inch (150 cm).

II est prévu de réduire au minimum les distances du traînage et de débarder, soit avec des bœufs, soit au tracteur, jusqu'aux points de chargement sur camion. On dispose à cet effet de deux tracteurs Diesel anglais à chenilles - l'un d'environ 35 h.p. et l'autre de 82 h.p. à la barre. Ces deux tracteurs sont munis de treuils et sont employés pour permettre de comparer le traînage et la mise en tas effectués avec des boeufs. Un train complet tracteur-fardier s'ajoutera à ce matériel, lorsque les fonds le permettront, et servira spécialement pour le débard à longue distance. La livraison d'un bouclier de traînage avec élingues et autres accessoires est attendue en 1955.

Le gros tracteur possède un angle-dozer hydraulique qui s'est révélé inappréciable pour construire des routes à peu de frais.

Les grumes sont transportées de la forêt à la soierie par camions, auxquels s'ajoutent des tracteurs à roues remorquant des chariots à grumes. Un camion plat de 8 tonnes a été mis en service au Centre en décembre 1954 et un camion semi-remorque a été expédié - tous deux provenant des Etats-Unis.

Deux tracteurs Diesel à roues, de construction britannique, ont été reçus dès le début de l'installation du Centre et ont été très utiles pour le transport de l'équipement, du matériel et du personnel en général.

Recherche et enseignement

Llancacura est un centre de formation et non une entreprise commerciale. Bien que la production doive être suffisante pour permettre de déterminer des prix de revient et des profits applicables aux industries forestières privées, l'ampleur de la production et des bénéfices sera subordonnée aux fonctions plus importantes de recherche et d'enseignement technique du Centre.

Des recherches sont nécessaires pour déterminer l'équipement et les méthodes les plus efficaces et les plus pratiques applicables aux forêts naturelles méridionales. C'est la base nécessaire pour un programme rationnel d'enseignement technique. Ce programme de recherche comportera:

1. Etudes d'aménagement et de sylviculture pour déterminer les moyens les plus économiques de transformation des forêts naturelles, en majeure partie trop âgées, en forêts aménagées en pleine production. Les études les plus importantes porteront sur les méthodes d'exploitation et la régénération naturelle.

2. Restauration des surfaces coupées à blanc

a) Restauration des peuplements coupés à blanc lorsqu'il existe une régénération naturelle déjà installée. Une importante superficie de forêts coupées à blanc, dans des stations qui ne peuvent convenir à l'agriculture et qui n'ont pas été incendiées à plusieurs reprises, portent une régénération formée de rejets et de semis naturels des essences les plus précieuses: Nothofagus obliqua, Laurelia sempervivens, Persea lingue et Nothofagus procera. Des parcelles témoins seront délimitées et protégées contre les incendies et le bétail pour déterminer le rythme de reconstitution et de croissance sous l'influence de traitements culturaux différents, tels que:

i) éclaircie et élagage des bouquets d'arbres;

ii) lutte contre la végétation concurrente partout où il est nécessaire d'éviter l'étouffement et;

iii) plantations intercalaires là où cela est nécessaire pour obtenir des peuplements complets, en ayant recours tant à des essences indigènes qu'à des essences exotiques telles que Pinus radiata, sapin de Douglas et Chamae cyparis lawsoniana.

b) En dehors de ces plantations intercalaires, des plantations expérimentales de plusieurs des essences exotiques les plus intéressantes seront établies et clôturées pour permettre l'étude de la survie et de la croissance de ces essences dans différentes conditions de pente, d'exposition, de station et de concurrence vitale.

3. Etudes sur l'exploitation

a) Etudes comparatives des prix de revient des bœufs et des tracteurs.

b) Etudes sur la longueur des grumes pour en déterminer l'effet sur le volume et la qualité, et sur les frais d'exploitation et de transport.

c) Frais comparés d'exploitation et de façonnage pour les soies à main et les soies mécaniques.

4. Industrie du sciage

a) Rendement comparé de la soie circulaire double et de la soie à ruban.

b) Etudes de séchage à l'air - méthodes d'empilage, effet sur la vitesse de séchage et d'apparition des défauts.

c) Etudes de classification des bois de sciage.

5. Etudes concernant les marchés

Enquêtes préliminaires sur la valeur commerciale des différentes dimensions et catégories de bois de sciage des essences que l'on trouve à Llancacura, qui pourront servir de guide en ce qui concerne les méthodes d'abatage et d'utilisation au Centre.

L'objectif le plus important du Centre est de fournir toutes facilités pour la formation technique de contremaîtres, de techniciens et d'ingénieurs forestiers. Cet enseignement devrait inclure les pratiques et les techniques concernant le bois et le sciage qui pourraient assurer la productivité continue des forêts et la production et l'utilisation les plus efficaces des produits forestiers. Le programme doit comporter la formation de trois catégories distinctes de spécialistes: étudiants forestiers à l'échelon professionnel, élèves techniciens, ouvriers spécialisés et contremaîtres venus des industries forestières. Pour les étudiants de l'Ecole forestière de l'Université du Chili (voir Unasylva, Vol. VII, N° 3), un cours d'été de dix semaines a eu lieu en 1953 et 1954, et sera maintenu gomme partie intégrante des cours suivis par les ingénieurs forestiers. Ce cours est intégré dans les cours réguliers donnés à Santiago pour donner en forêt une formation pratique en sylviculture, aménagement forestier et protection, dendrométrie et génie forestier, méthodes d'exploitation et de sciage. L'enseignement au niveau professionnel sera étendu aux étudiants d'autres universités, gomme colles de Concepción et de Valdivia.

Un enseignement pratique a été donné en 1954 aux étudiants forestiers de l'Ecole technique de Temuco pour l'utilisation et l'entretien du matériel de sciage et d'exploitation, pour le tracé et la construction des routes, l'estimation du bois sur pied, le classement des grumes et la lutte contre les incendies de forêt. Cet enseignement pratique sera poursuivi en collaboration avec l'Ecole de Temuco et les autres instituts techniques désirant y prendre part.

La priorité sera donnée à l'avenir à l'organisation de cours; d'un intérêt particulier destinés à des ouvriers contremaîtres et techniciens choisis, actuellement employés dans les industries forestières. En collaboration avec l'industrie du sciage, les programmes d'enseignement seront élargis pour couvrir des sujets appartenant à des domaines tels que: techniques d'aménagement et d'exploitation, longueurs variables des grumes, méthodes d'exploitation, exploitation et entretien d'une soierie, entretien des scies classement, empilage et séchage. La valeur de cet enseignement augmentera à mesure que les rendements comparés des divers matériels et méthodes d'exploitation seront précisés par les recherches.

Perspectives

Le Centre forestier de Llancacura offre des possibilités exceptionnelles et il n'y a actuellement que peu de centres semblables dans le monde qui peuvent rivaliser avec lui en ce qui concerne l'équipement et les autres installations indispensables pour la détermination et la démonstration des méthodes les plus efficaces d'aménagement forestier et d'exploitation des forêts.

La contribution qu'il pourra apporter aux pratiques forestières au Chili dépendra en grande partie de l'appui qu'il obtiendra des industries forestières elles-mêmes. Mais la FAO et la Dirección de Bosques ont organisé ce centre de telle sorte qu'il puisse maintenant acquitter sa mission et espèrent qu'il fonctionnerera et recevra tout l'appui qu'il mérite.


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