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Le travail de la FAO


Protection du bois contre les xylophages marins
Camp de bûcheronnage en Amazone
Intéressante initiative en Equateur

Protection du bois contre les xylophages marins

M. G. Becker engagé par la FAO à titre d'expert, a passé quelques mois en Inde pour y donner des conseils sur la protection du bois contre les attaques des xylophages marins et pour faire connaître, à l'Institut de recherches forestières de Dehra Dun, les derniers progrès en matière de recherche et de lutte.

Le rapport de M. Becker indique qu'il est difficile de chiffrer exactement l'importance économique des pertes dues aux xylophages marins. La documentation appropriée montre que les pertes annuelles de bois et le coût des travaux de réparation représentent, pour de nombreux pays, des sommes considérables. En Inde, on dépense chaque année des millions de roupies pour remplacer pilotis, jetées, défenses, bateaux, catamarans, etc., détruits par les organismes marins tout au long de côtes très étendues.

Dans les mers froides, ces organismes ne produisent qu'une génération par an et ils se développent lentement ou restent en repos suivant la température de l'eau en hiver. Même dans ces conditions favorables, les très importantes destructions qu'ils causent interdisent, du point de vue économique, l'utilisation de bois non traité, où sensible aux attaques; ceci montre l'ampleur du problème dans les eaux tropicales. Là, les organismes nuisibles peuvent se développer et se multiplier tout au long de l'année et la destruction du bois est extraordinairement rapide.

En Inde, beaucoup d'administrations de ports on d'organismes s'occupant de constructions portuaires ont déjà commencé à employer des matériaux plus onéreux tels que l'acier et le béton, au lieu des bois indigènes sensibles aux attaques. Là ou l'on utilise encore, sur les côtes de l'Inde, du bois non traité, on note une perte financière annuelle importante. C'est pourquoi la protection efficace du bois dans l'eau de mer est, d'une importance économique urgente; elle ne devrait pas concerner seulement les bois produits en vue de la construction.

La détérioration du bois dans l'eau de mer est causée par deux groupes d'organismes marins: des mollusques et des crustacés. Les mollusques appartiennent aux genres Teredo, Bankia et Nausitora de la famille des Teredinidae et aux genres Martesia et Pholas de la famille des Pholadidae. Parmi les Crustacés, les genres les plus importants, Limnoria et Sphaeroma, sont des Isopodes: les genres Chelura, Metaponorthus et d'autres appartenant à différentes familles de crustacés sont d'importance secondaire.

FIGURE 1. - L'extremité apicale des Teredinidae porte des calamules, organes térébrants.

FIGURE 2. - L'extremité apicale des Teredinidae

FIGURE 3. - Deux siphons ingèrent et éjectent l'eau de mer.

FIGURE 4. - Longue galerie de forage des Teredinidae.

FIGURE 5. - Bivalve du genre Martesia, famille des Pholadidae

Les Teredinidae doivent leur nom de tarets à la forme allongée du corps des adultes. Certaines espèces peuvent atteindre un mètre de long. Seule la partie antérieure du corps est recouverte d'écailles (figures 1 et 2), ces dernières réduisent le bois en poudre à la façon d'une rape et d'un forêt. La galerie de forage, revêtue intérieurement de calcaire, protège le reste du corps dont la peau est tendre. Deux siphons ingèrent et éjectent l'eau de mer (figure 3). Ces siphons sont rétractiles et ils peuvent être hermétiquement fermés par deux appendices calcaires dénommés «opercules». Dans cet état, les tarets sont capables de survivre hors de l'eau de mer ou en présence d'eau à très faible teneur en sel pendant des jours et des semaines. Les tarets se propagent au stade de la larve qui nage librement. Quelques espèces libèrent les œufs et le sperme dans l'eau; chez d'autres, les larves se développent dans le corps des femelles, de sorte que leur période de dissémination est réduite. Les dégâts des Teredinidae sont caractérisés par une longue galerie de forage, à section transversale circulaire, qui souvent court parallèlement aux fibres du bois (figure 4).

L'aspect des Pholadidae se rapproche plus des bivalves communs; ceci est spécialement vrai pour le genre Martesia, très important dans les eaux tropicales (figure 5). Ces «pholades» ne se fixent pas sur le bois. Les trous qu'elles pratiquent dans le bois correspondent à la longueur de leur corps. Leur extrémité postérieure avec ses petits siphons, dépasse un peu à l'extérieur de la galerie. Martesia atteint environ 4 cm. (figure 6). Les larves des Pholadidae se propagent également en nageant librement. Bien que leurs galeries - comparativement à celles des Teredinidae - soient relativement courtes, les Pholadidae causent des dégâts considérables car la détérioration se produit de plus on plus profondément dans le bois à chaque génération.

Limnoria, appelé «gribble», appartenant aux Isopodes, mesure de 3 à 5 mm de long, il est plat et peut s'enrouler sur lui-même comme un isopode terrestre (figure 7). Les gribbles peuvent quitter leurs galeries sans but précis, nager aux environs et choisir de nouveaux emplacements pour se reproduire. Les bois nouvellement infestés sont surtout attaqués par des organismes jeunes ou moyennement développés, les attaques étant plus intenses à certaines saisons. Limnoria creuse sa galerie en dévorant le bois tout près de la surface (figure 8). Bien que de petite taille, il détériore complètement le bois (figure 9), mais il met, bien entendu, plus de temps que le taret pour y parvenir.

Les espèces du genre Sphaeroma (pillbugs) sont beaucoup plus grandes. Elles atteignent 10 mm et sont plus arrondies que Limnoria. Elles sont également capables de s'enrouler sur elles-mêmes comme les autres isopodes. Elles peuvent également quitter leurs galeries, gagner la surface du bois et nager. Leurs galeries de forage ne mesurent jamais moins de deux fois la longueur de leur corps mais, lorsqu'elles sont nombreuses, elles causent d'importants dommages.

Les autres crustacés vivant dans le bois ont une importance économique secondaire.

FIGURE 6. - Galeries de Pholadidae. Bien qu'assez courtes par rapport à celles des Teredinidae, elles causent des dégâts considérables.

FIGURE 7. - Limnoria peut s'enrouler sur lui-même comme un isopode terrestre.

FIGURE 8. - Les galeries de Limnoria sont creusées tout près de la surface du bois.

FIGURE 9. - Bois complètement détérioré par Limnoria.

Camp de bûcheronnage en Amazone

Une démonstration de bûcheronnage a eu lieu à Curua Camp, sur la Curua, affluent de l'Amazone. Des routes ont été construites avec des engins mécaniques amenés sur place et entretenus au prix de certaines difficultés. La réparation des machines demande beaucoup de temps et parfois aussi une dépense considérable d'expressions vigoureuses. Les premiers compartiments de forêt ont été abattus suivant les méthodes prescrites. Une partie des grumes sont débitées en forêt sur une scierie volante pour être utilisées à la construction des quartiers d'habitation qui seront un peu plus durables que les tentes actuelles et les abris recouverts de chaume. Mais la plupart des grumes seront amenées à la rivière, jusqu'au quai de chargement actuellement en construction, pour le transport à la scierie et à Santarem.

Aile du bâtiment scolaire du Centre de formation des bûcherons et scieurs de Santarem dans l'Amazone brésilienne, comprenant un dortoir, la salle à manger et les cuisines. Photographie envoyée par M. V. Hasek, fonctionnaire de la FAO, chargé de la direction du Centre de formation.

Les communications, l'approvisionnement en nourriture et le transport des outils, des pièces de rechange, et du personnel entre Curua Camp et Santarem dépendent d'un canot automobile et d'une chaloupe à vapeur. Le canot automobile met environ quatre heures de Santarem à Curua et environ 5 à 6 heures pour le trajet de retour en remontant le courant. La chaloupe à vapeur, moins rapide, met environ 10 à 12 heures pour les mêmes trajets. L'équipe d'assistance technique doit donc non seulement être experte en bûcheronnage, en sylviculture et en sciage, mais aussi en moteurs marins et en navigation, et doit posséder, bien entendu, une bonne dose de patience pour s'occuper des moteurs vicieux, de l'eau dans l'essence, des changements de lit des rivières, sans compter les moustiques, la chaleur humide, l'approvisionnement en eau potable et en nourriture fraîche.

Un potager est installé dans des caisses en bois montées sur des poteaux au camp de bûcheronnage. Le cuisinier du camp est particulièrement habile à pêcher le poisson, y compris les variétés comestibles de piranha, mais aussi à préparer ces poissons ainsi que le gibier à plume et à poil. C'est un élément particulièrement important pour maintenir le moral et l'entrain des équipes qui travaillent en forêt ou à la construction des routes. Les autres forestiers, membres de la mission FAO en Amazone sont MM. G. G. Gray qui dirige l'équipe, C. J. Pitt, sylviculteur, B. B. Glerum chargé des inventaires forestiers et W. O. Hopf, instructeur des bûcherons. M. D. Heinsdjik, qui avait entrepris de dresser l'inventaire complet de zones déterminées, a été transféré à Rio de Janeiro, pour participer à l'organisation d'un service fédéral d'inventaire forestier.

Intéressante initiative en Equateur

Un centre d'apprentissage forestier pour jeunes Indiens Et été installé à Aychapichu, à 45 km au. sud de Quito, à une altitude de 3 000 mètres. C'est un très modeste établissement, mais l'histoire de son origine est hautement significative et intéressante, et mérite d'être signalée.

Une organisation charitable semi-autonome, appelée Asistencia Publica et dépendant, du Ministère de la santé publique, possède des haciendas (domaines terriens) dont les bénéfices permettent l'entretien d'hôpitaux, d'orphelinats et d'hospices de vieillards. Elle tient aussi des magasins qui vendent à bas prix aux pauvres gens des denrées et des médicaments.

Cette organisation possède en particulier l'hacienda où se trouve le centre de formation forestière. Six jeunes gens y sont en stage pour neuf mois. Ils demeurent au centre et, bien que les conditions de nourriture et de logement soient rudimentaires, un grand mérite revient aux organisateurs pour l'établissement de cette institution. Un certain nombre de personnes et de sociétés charitables s'y sont intéressées et ont contribué à l'équipement et au mobilier.

Les jeunes gens ont déjà reçu des missionnaires une instruction élémentaire. Au centre, ils assistent à des cours et à des travaux pratiques sur les sujets forestiers élémentaires et ont également des leçons d'instruction civique, de mathématiques et de géographie. Ils connaissent un peu la menuiserie et ont fabriqué quelques meubles simples pour leur usage personnel. Chaque élève reçoit actuellement environ 3 dollars par mois du directeur de l'Asistencia Publica qui s'est intéressé à cet essai. Il y aussi sur les terrains de l'hacienda des étables pour le bétail et des étangs pour l'élevage du poisson qui se fait sous la surveillance d'un technicien de la FAO. Les jeunes gens ont appris à cultiver des légumes pour leur propre consommation.

Il s'agit là d'une œuvre d'avenir qui attire l'attention de personnalités responsables dans le public et au gouvernement. Le résultat est particulièrement satisfaisant, si l'on songe que ce genre de travail n'entre pas strictement dans les attributions du spécialiste forestier de la FAO. Celui-ci espère maintenant que le programme pourra être éventuellement développé et aboutira à la création d'une véritable institution de formation forestière en Equateur. Il est proposé à cet effet de transporter le centre sur un terrain appartenant à l'Administration forestière, plus près de Quito. Les jeunes gens actuellement à l'école pourront probablement tous trouver un emploi dans l'Administration forestière de l'Etat.


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