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Les ressources forestières mondiales

La FAO vient de publier sous le titre Inventaire forestier mondial, 1958 les résultats du troisième inventaire forestier. Les pages suivantes reproduisent la plus grande partie de l'introduction à cette publication ainsi qu'un choix de tableaux récapitulatifs.

Portée de l'enquête
Réponse
Analyse des résultats
Conclusion

«Une bonne politique forestière nationale a pour objet de développer et d'exploiter rationnellement les ressources forestières selon le principe du plus grand bien pour le plus grand nombre possible d'habitants. Pour déterminer cette politique, il est nécessaire d'avoir des informations aussi précises que possible sur les ressources en bois du pays. Ces informations seront fournies par l'inventaire forestier. Pour apporter tous les éléments nécessaires à l'élaboration d'une politique forestière, cet inventaire devra donner des indications sur la surface boisée, la propriété forestière, la composition des forêts et les règlements d'aménagement auxquels elles sont soumises, ainsi qu'une évaluation du volume du bois sur pied, de l'accroissement annuel, des abattages et des quantités enlevées.

«La nécessité de procéder à des inventaires portant sur tous les pays du monde s'impose pour deux raisons. En premier lieu, la population mondiale augmente régulièrement, en moyenne de 1 ½% chaque année; en revanche, les ressources forestières sont relativement stationnaires dans l'immédiat, tout au moins en quantité. Il est donc nécessaire de faire des efforts dans tous les pays du monde pour que la production forestière puisse s'élever dans les mêmes proportions que les besoins mondiaux. En deuxième lieu, puisque les conditions qui déterminent la répartition des forêts sont indépendantes des frontières politiques, géographiquement les besoins ne coïncident pas avec les ressources. Il est donc nécessaire de coordonner les politiques forestières nationales. En d'autres termes, les peuples de toutes les nations et de toutes les régions prennent de plus en plus conscience de leur interdépendance, de l'existence d'un «monde unique».

«LA FAO s'intéresse à cette situation et ce, non seulement parce que les forêts sont un réservoir de matières premières importantes, mais aussi parce qu'elles jouent un rôle décisif dans l'économie agricole, en protégeant les terres cultivées et en régularisant le régime des eaux. Pour permettre non seulement l'exécution du programme de la Division des forêts et des produits forestiers, mais celle du programme d'ensemble de la FAO, il est donc absolument nécessaire que les ressources forestières mondiales soient connues.»

Ce fut en ces termes que la FAO préfaça la publication des résultats de l'Inventaire forestier mondial de 1953 1. Ces termes, toujours valables, définissent succinctement la nature et le but d'un inventaire des ressources forestières du monde et les raisons pour lesquelles la FAO a pris la responsabilité de réaliser ces inventaires; ils peuvent servir d'introduction à la publication actuelle.

1 Ressources forestières mondiales, FAO, mars 1957. Les résultats du premier inventaire (1947) ont paru dans Unasylva, vol. II, n° 4, 1948 et vol. IV, n° 2, 1950 sous le titre «Ressources forestières mondiales».

Lorsque, à sa sixième session, en 1951, la Conférence de la FAO recommanda que l'organisation recueille et publie à des intervalles de cinq ans les informations disponibles sur les ressources forestières du monde, la Conférence de la FAO reconnut que ce genre d'enquête devait être périodiquement répété. Non seulement la surface boisée, le matériel sur pied, l'accroissement et les abattages changent sous l'influence de différents facteurs techniques, économiques et sociaux; les statistiques nationales se perfectionnent constamment, de façon extensive aussi bien que de façon intensive. Dans nombre de pays, la superficie comprise dans l'inventaire national s'amplifie d'une année à l'autre; en même temps, de nouvelles méthodes d'inventorier permettent d'obtenir plus de détails avec plus de précision. Grâce à la photographie aérienne dotée d'un équipement amélioré et qui se joint à l'arpentage au sol à l'aide de méthodes d'échantillonnage modernes, nombre de pays qui ne disposent que de moyens limités pour le travail d'inventaire ont réussi à intensifier le rythme auquel leurs inventaires nationaux sont effectués. Ils ont fréquemment obtenu l'aide technique de la FAO ou de pays travaillant dans le cadre des plans bilatéraux d'assistance technique.

Les travaux destinés à préparer le présent troisième inventaire forestier mondial ont suivi les lignes tracées par l'inventaire précédent. On a eu recours aux recommandations d'un groupe d'experts au sujet du champ de l'inventaire et des définitions à utiliser. De même, on a obtenu d'experts en toutes régions de précieux commentaires concernant le schéma d'un questionnaire. Le formulaire définitivement adopté a été adressé à tous les pays membres y compris les territoires non indépendants; il a aussi été envoyé à plusieurs pays non-membres. Pendant ce temps, le personnel de la FAO était occupé à assembler les informations recueillies de différentes sources officielles et officieuses concernant les ressources forestières d'autres pays ne faisant pas partie de la FAO.

Des réponses à ces questionnaires sont venues de 143 pays représentant 88% de la superficie boisée du monde. Pour l'inventaire de 1953, 126 pays, soit 73% de la surface boisée du monde, avaient répondu. Les réponses n'étaient pas toutes complètes; il a donc fallu les compléter avec l'aide d'autorités se trouvant dans des pays membres, ainsi que des experts appartenant aux missions de l'Assistance technique FAO, avec des rapports officiels et, à defaut de tout autre élément, en ayant recours aux rapports de 1953 et de 1947.

Les sources d'informations qui ont servi à la compilation des inventaires de 1953 et de 1958 se trouvent résumées au tableau 1. Si l'on considère que les statistiques officielles sur lesquelles repose une bonne partie de l'inventaire de 1953 étaient souvent considérablement dépassées, il s'ensuit clairement que l'inventaire présent est mieux justifié que les précédents à prétendre donner une image complète de l'étendue des forêts du monde.

Tableau 1. - Sources des informations

Sources

Inventaire 1958

Inventaire 1953

Nombre de pays

% de la superficie boisée mondiale

Nombre de pays

% de la superficie boisée mondiale

Réponses:


au questionnaire 1958

143

88




au questionnaire 1953

13

2

126

73


au questionnaire 1947

5

2

10

3

Statistiques officielles

34

5

57

24

Rapports non officiels

15

3

5

-



TOTAL

210


198


Dans l'introduction au rapport sur les résultats de l'inventaire forestier mondial de 1953, il a été expliqué en détail pourquoi il n'avait pas été possible de comparer les chiffres de 1953 avec ceux de 1947. Il y est dit plus loin: «Comme la situation s'améliore sans cesse, que les méthodes utilisées sont plus uniformes et les définitions plus claires, il y a tout lieu d'espérer qu'il sera possible de formuler des conclusions utiles lorsque les résultats de l'inventaire de 1958 seront mis en regard des résultats de l'inventaire actuel.» Cet espoir ne s'est réalisé qu'en partie. Car, si en 1955 on croyait prévoir que le modèle des inventaires mondiaux à venir ne différerait pas en substance de celui établi pour l'inventaire de 1953, les experts réunis pour déterminer la portée de l'enquête de 1958 trouvèrent souhaitables certaines modifications. Ces dernières et leurs raisons sont discutées en détail ci-dessous. Il ne fait pas de doute que, du fait de certains de ces changements, les inventaires successifs devinrent moins bien comparables entre eux. Toutefois, ce n'est certainement pas la raison principale pour laquelle on ne peut pas les comparer. Bien plus fort est l'effet des améliorations apportées aux statistiques nationales. Les pages suivantes donnent quelques exemples du résultat de ces changements. Ce que l'on ne doit jamais perdre de vue en interprétant les chiffres contenus dans les tableaux et dans les textes suivants, c'est qu'aucun des éléments dont se composent les statistiques n'est plus précis ou plus récent que les données des inventaires nationaux sur lesquelles ils reposent. C'est un travail long et coûteux que d'effectuer un inventaire forestier national. La durée et les frais occasionnés par ce travail dépendent non seulement des types de forêts devant être inventoriées mais aussi de la somme de détails exigés par les autorités forestières nationales. En dressant son plan d'inventaire, chaque autorité doit arriver à un compromis entre l'intensité de l'inventaire et la superficie dont il s'agit d'une part, et les capitaux et le temps dont elle dispose pour aboutir au résultat d'autre part. Même des pays relativement aisés qui se rendent parfaitement compte de l'importance de leurs ressources forestières et qui sont en mesure d'affecter d'amples moyens au travail d'inventaire sont obligés de se soumettre à un pareil compromis. Quelques pays ont eu recours à un inventaire continu qui consiste à inventorier chaque an une superficie déterminée, de sorte que l'ensemble de la surface boisée soit inventorié dans un cycle de 10 ou de 15 ans; lorsqu'il est révolu, ce cycle n'a qu'à recommencer. Il va de soi qu'à l'aide des résultats partiels recueillis chaque an, on peut arriver à une évaluation plus exacte des totaux nationaux. En d'autres pays, il se peut que l'inventaire soit ajusté afin de répondre aux besoins nationaux les plus urgents. On peut par exemple se contenter de rechercher des informations relativement maigres en ce qui concerne la superficie boisée totale - peut-être l'emplacement et l'étendue seulement - et de réserver des informations plus minutieuses (essences, répartition par âge ou par diamètre, bois sur pied, accroissement) aux surfaces où l'exploitation est en cours présentement ou envisagée pour l'avenir proche. Généralement, la majorité des données d'un inventaire national représente des évaluations basées sur des inventaires partiels. Pour un grand nombre des pays du monde, il n'existe pas encore d'inventaire complet.

D'ailleurs, un inventaire national doit s'efforcer d'obtenir des réponses à une quantité de questions ayant trait à la politique forestière nationale, dépassant le cadre d'un inventaire mondial. L'inventaire forestier mondial se borne à constater un ensemble limité de faits saillants d'où l'on peut tirer un aperçu général de la nature et de l'ordre de grandeur des forêts du monde, de la richesse des ressources y contenues et des variations qu'elles subissent sous l'influence humaine.

Portée de l'enquête

En dressant le questionnaire de 1953, le Secrétariat et ses experts visèrent clairement à la continuité relative aux inventaires précédents qu'il leur paraissait souhaitable de maintenir. En même temps, il ressortait nettement de l'examen détaillé des résultats de l'inventaire précédent que nombre de modifications s'imposaient. Certaines réponses repues avaient montré la nécessité de plus de précision dans les définitions adoptées afin qu'il ne subsiste aucun doute chez les destinataires quant à l'information demandée. A la lecture attentive de certaines autres réponses de 1953, il ressortait que la majorité des pays ne pouvaient pas, dans l'état où se trouvait alors le développement des inventaires forestiers nationaux, promptement fournir les informations demandées. Il fallait donc reviser les concepts (non pas les définitions) en vue d'obtenir des informations à la fois plus significatives et plus faciles à fournir. De surcroît, la réaction inadéquate provoquée par certaines questions posées en 1953 conduisit à la suppression de ces questions en 1958. Il fut enfin décidé d'insérer une ou deux questions nouvelles visant à mieux éclairer la valeur potentielle des ressources forestières indiquées dans les rapports.

Il était inévitable que, du fait de certains de ces changements, commentés ci-dessous, le nouvel inventaire se comparait moins bien avec le précédent.

L'inventaire de 1958 contient des informations que l'on peut grouper comme suit:

Superficie boisée par rapport à d'autres catégories de terres.

Forêts accessibles: superficie et propriété.

Forêts utilisées: composition, aménagement, matériel sur pied, accroissement, abattages et quantités enlevées.

Autres sources de bois rond.

Variations de la superficie des forêts.

Dans l'inventaire de 1958, le terme forêts est défini avec un peu plus de précision que ce n'était le cas jusqu'ici; ainsi des terres portant du bambou et les plantations d'acacias d'Australie (Acacia spp.) y sont comprises, alors que les savanes avec une densité moyenne inférieure à 0,05 sont exclues, de même que les terres dont les arbres ne donnent pas lieu à la récolte de bois, telles que les hévéas et les quinquinas.

Dans les inventaires antérieurs, nombre de correspondants éprouvaient des difficultés pour décider s'ils étaient justifiés de classer comme «utilisées» les forêts où l'on coupait du bois de chauffage pour servir localement de combustible domestique, usage très répandu dans toutes les régions du monde. Pour l'inventaire de 1958, il leur a été donné une ligne de conduite supplémentaire sous forme de la note suivante:

«Note sur le bois de chauffage: Quoique presque toutes les terres forestières soient capables de produire une certaine quantité de bois de chauffage et soient souvent utilisées, dans une certaine mesure, à cette fin, le fait que de petites quantités de bois de chauffage sont prélevées à l'occasion dans une forêt ne justifie pas un classement dans la catégorie «accessible», «utilisée» ou «productrice». La définition exacte de ces classes variera légèrement d'un pays à l'autre et sera fixée par les autorités compétentes dans chaque pays.»

Les notes amplifiées sur les forêts et sur le bois de chauffage ne provenaient d'aucun changement du concept; elles visaient uniquement à donner plus de netteté à la définition. Même ainsi, vu que la classification dépend de l'interprétation donnée par les correspondants dans l'enquête précédente, il est possible que des superficies qui étaient exclues en 1953 soient comptées dans l'inventaire présent et vice versa.

L'inventaire de 1953 tentait de subdiviser les superficies classées comme forêts utilisées en forêts à caractère économique prépondérant et forêts remplissant des fonctions principalement protectrices. La distinction n'était pas heureuse puisqu'elle semblait impliquer que des forêts qui jouent un rôle en premier lieu de protection ne seraient pas «économiques». Or, en fait, la fonction protectrice de la forêt est, strictement parlant, économique bien que sa valeur soit souvent fort difficile à exprimer en termes monétaires. Plus important était le fait que relativement peu de pays pouvaient tracer la ligne de démarcation. Par ailleurs, il était clair qu'un nombre croissant de pays, intéressés à évaluer le potentiel de leurs forêts accessibles, s'efforcent de distinguer dans les grandes lignes celles qu'ils estiment productives (produisant ou susceptibles de produire des récoltes utilisables de bois ou d'autres produits forestiers) et celles qu'ils estiment comme improductives. C'est donc cette classification qui a été adoptée pour l'inventaire de 1958, puisqu'elle est en même temps plus significative et plus facilement réalisable. En cela, l'inventaire présent offre de nouvelles et précieuses informations.

La définition du terme forêts accessibles a également été changée. Dans l'inventaire de 1953, ce terme était défini comme signifiant les forêts «actuellement à la portée d'un aménagement ou d'une exploitation économiques». Or il n'est pas facile de décider si une forêt est présentement à la portée d'un aménagement ou d'une exploitation économiques. D'ailleurs, dans certains cas, d'importantes superficies boisées pourraient, du fait d'une hausse des prix du bois, devenir des forêts accessibles dans cette acception du terme, et, inversement, une baisse pourrait reléguer certaines forêts dans la classe des «inaccessibles». Il a évidemment fallu écarter une définition si vulnérable par des fluctuations à bref délai et si exposée aux interprétations individuelles. En remplacement, l'inventaire de 1958 définit le terme accessibilité de façon purement physique: superficies exploitables dans l'état actuel des moyens de transport. Il est vrai que la définition révisée n'est pas non plus à l'abri d'abjections. Différentes autorités interpréteront évidemment le terme de manière différente, aussi serait-on malavisé d'attacher beaucoup d'importance à des comparaisons d'un pays à l'autre. La nouvelle définition permet toutefois aux autorités forestières de produire des chiffres d'un même ordre dans les inventaires consécutifs.

Les questions posées en 1953 mais supprimées en 1958, soit que les réponses aient été inadéquates, soit que les informations ne se prêtaient pas à compilation, étaient celles ayant trait à la répartition par dimensions de forêts privées individuelles et à la composition par essences du bois sur pied dans les forêts utilisées.

Il va de soi que l'attention de l'Inventaire forestier mondial se concentre sur les surfaces boisées. Mais la surface de forêts peut, à elle seule, donner une fausse impression en ce qui concerne la capacité des ressources forestières. Il reste manifestement la nécessité de donner des indications - quelque approximatives qu'elles soient - sur la qualité de la forêt. Cela a été souligné dans le rapport sur les résultats de l'inventaire de 1953 où il est dit que «dans de nombreuses régions - par exemple en Afrique - la forêt touffue s'éclaircit peu à peu en espaces non boisés dont le sol est recouvert d'herbe, avant de faire place à des taillis et à des broussailles. Dans ces conditions, où finit la forêt et où commence la brousse? Dans bien des cas, l'administration locale répond à cette question comme elle le juge bon, si bien que des superficies classées comme forêts peuvent en réalité ne comporter à l'hectare que quelques arbres petits et déformés, en plus de broussailles épineuses sans valeur économique. Les pâturages qui se trouvent situés à l'intérieur de la forêt, qu'ils servent aux animaux sauvages ou aux animaux domestiques, sont le plus souvent classés comme forêts, car ils sont en général soumis au contrôle des services forestiers. Ainsi, le terme «forêt», au sens adopté dans l'inventaire, englobe des peuplements de densités très diverses».

En excluant spécifiquement les peuplements d'une densité très faible de sa définition revisée - déjà mentionnée - du terme forêts, l'inventaire de 1958 donne une image quelque peu plus nette des superficies boisées. De surcroît, dans une rubrique consacrée à la couverture d'arbres, les pays sont invités à indiquer les proportions de la superficie boisée exploitée par classes de densité.

Du fait de l'important rôle du bambou dans l'économie forestière et du bois de nombre de pays asiatiques, le questionnaire contient pour la première fois des questions sur l'étendue des forêts de bambou et sur les volumes de bambou enlevés.

Les inventaires précédents concentraient l'attention sur les forêts utilisées, ces forêts donnant par leur nature lieu à la meilleure documentation, aussi les autorités forestières sont-elles en mesure de donner les renseignements les plus détaillés à leur sujet. Nombre de questions étaient toutefois posées aussi au sujet des forêts inaccessibles. Mais les résultats ont montré que relativement peu de pays étaient capables de fournir les informations demandées. C'est pourquoi on a supprimé pour l'inventaire de 1958 des questions concernant la composition, le bois sur pied et l'accroissement dans les forêts inaccessibles; en remplacement, on a demandé une large classification en forêts productives et non productives reposant sur les définitions indiquées plus haut. Comme dans l'inventaire précédent, les pays ont été invités à indiquer les superficies devenues accessibles au cours des cinq ans écoulés ainsi que l'évaluation des superficies susceptibles, selon les prévisions, de devenir accessibles dans l'avenir proche. Cette fois-ci, le sujet de cette dernière question était limité aux forêts inaccessibles productives et elle se référait à une période de dix ans au lieu de cinq.

Ces modifications étaient également calculées pour obtenir davantage d'informations utiles concernant les catégories de ressources forestières, lesquelles représentent théoriquement des réserves potentielles de bois, c'est-à-dire des forêts présentement inaccessibles et des forêts accessibles, pas encore utilisées. Pour la même raison la question a été posée, dans le chapitre se référant aux variations des superficies boisées, demandant d'évaluer la superficie de forêts productives qui était estimée avoir cessé de l'être au cours des cinq années précédentes.

Pour éclairer la façon dont les forêts subissent l'effet des cultures nomades, largement répandues en Asie, en Afrique et en Amérique latine, les pays ont été invités à indiquer séparément le manque d'accroissement dû à cette cause.

Enfin, les parties du questionnaire se référant à la récolte du bois ont été élaborées de façon à obtenir des données pouvant contribuer à combler certaines lacunes évidentes dans les informations actuellement disponibles. On a de la sorte recherché des détails sur les quantités enlevées et enregistrées dans les forêts utilisées et hors forêts; on a en outre demandé d'inclure l'évaluation des quantités enlevées, non enregistrées, dans les forêts utilisées et de même dans les forêts non classées comme utilisées. Dans tous les cas, les questions posées avaient trait aux abattages, aux pertes au cours du débardage et du transport et aux quantités enlevées non pas que l'on s'attendait que des données seraient disponibles dans tous les cas pour chacune de ces rubriques, mais afin de rappeler qu'il s'agissait de distinguer entre les abattages (prélèvements sur le bois sur pied) et les quantités enlevées (approvisionnement en bois).

Cette liste de changements peut paraître assez importante si l'on considère que les auteurs du présent inventaire n'en tenaient pas moins à conserver dans la mesure du possible la comparabilité avec les inventaires précédents. Toutefois, aucun des changements n'a été introduit à la légère; ceux chargés de préparer le questionnaire étaient fermement persuadés que chacune des modifications dont les raisons viennent d'être exposées améliorerait la qualité et l'utilité des informations recueillies. A la lumière des expériences gagnées jusqu'à présent, il serait risqué de prétendre que la portée et l'horizon de cette enquête périodique ne devront plus changer à l'avenir. En fait, aussi longtemps que le perfectionnement des statistiques nationales progresse au rythme rapide actuel, on ne saurait que profiter en conservant à la présentation du questionnaire une certaine souplesse. Si les arguments en faveur d'une comparabilité sont forts, ils ne sauraient être décisifs aussi longtemps que l'importance des changements dus à l'amélioration des statistiques obscurcissent les changements réels qui ont lieu en forêt. Les inventaires nationaux ne sont pas encore établis sur des bases assez fermes pour permettre de mouler dans une forme définie et finale une enquête mondiale périodique.

En additionnant les résultats d'inventaires nationaux pour arriver à des totaux régionaux et mondiaux, on arrive à des résultats qui ne sont pas entièrement homogènes. Les chiffres rapportés par les pays sont fondés sur des concepts et sur des définitions de caractère local, adaptés aux besoins nationaux; ceux-ci peuvent varier très considérablement d'un pays à l'autre. Mais si les chiffres varient, ils n'en ont pas moins une chose en commun: ils reflètent en gros traits le point de vue des autorités forestières nationales quant à ce qui est utilisable. Des exemples tirés des données du matériel sur pied et des abattages illustreront quelques-unes de ces différences.

Tableau 2. - Détail des estimations du matériel sur pied

Catégories

Nombre de pays a

qui comprennent dans leur estimation

qui excluent dans leur estimation

Toutes les espèces

66

20

Tous les âges et diamètres

57

29

Les souches

6

80

Cimes au-dessus du diamètre marchand

44

42

Branches

17

69

Le bois de chauffage

65

21

a Pour 16 pays les détails ne sont pas disponibles.

Nombre de pays englobent dans le volume de bois sur pied, les branches et les cimes, en excluant les souches. Sur 102 pays, cependant, desquels on a repu des chiffres concernant le bois sur pied, 34 excluent les branches et les cimes et 34 autres excluent soit les branches, soit les cimes en dessous d'un certain diamètre. On compte six pays chez lesquels le volume des souches est compris dans le volume du bois sur pied. Enfin, certains pays n'indiquent dans leurs chiffres de bois sur pied que les essences commerciales ou bien les arbres ayant un certain diamètre; ce diamètre est variable: de 3 cm au Chili à 50 cm à Sarawak.

FIGURE 1. - Classification de terres

Le volume des abattages est important quand on veut comparer accroissement, possibilités et récolte de bois. La plupart des pays n'enregistrent malheureusement que les quantités enlevées de bois rond et le chiffre des abattages est obtenu difficilement vu l'insuffisance des données sur les pertes au cours du débardage et du transport. Sur les 51 pays qui ont fourni des données sur les abattages, 36 seulement pouvaient indiquer les pertes encourues. On n'a pas pu calculer des totaux significatifs des abattages régionaux sauf pour l'Europe. En se servant des chiffres d'abattages et des quantités enlevées, il faut se souvenir que les totaux varient considérablement selon que des arbres de différents diamètres et selon que le volume des branches et des cimes sont inclus ou non dans les statistiques. En outre, le facteur écorce joue un rôle important: le bois sur pied et l'accroissement sont généralement indiqués avec écorce tandis que les abattages et les quantités enlevées sont indiqués sans écorce. Les rapports des pays spécifient en général - mais pas toujours - si l'écorce est comprise ou non. Des conversions pour tenir compte de l'écorce sont donc souvent nécessaires et le facteur utilisé est celui fourni par le pays ou, le cas échéant, un facteur général de 10%.

Tableau 3. - Données fournies sur les ressources forestières, 1958

Réponse

Les paragraphes précédents ont exposé la portée de l'enquête de 1958, ils attirent l'attention sur certains changements par rapport à l'enquête précédente. Certains éléments ont aussi été discutés limitant la comparabilité des statistiques entre les pays. Il serait peut-être utile également de rendre compte de la mesure dans laquelle les pays ont pu répondre aux différentes rubriques du questionnaire et d'expliquer ensuite brièvement comment les données ont été réunies et présentées.

Des 143 pays qui étaient en mesure de fournir des données sur les superficies boisées la plupart pouvaient aussi produire des informations concernant le régime de propriété et les quantités enlevées. Plus de la moitié étaient capables d'évaluer le matériel sur pied; en revanche, la moitié seulement (ou plutôt moins de la moitié) disposaient d'évaluations sur l'accroissement et sur les variations des superficies forestières. Un nombre étonnamment petit de pays (51) a indiqué des évaluations d'abattages. Les réponses aux différentes catégories d'informations demandées sont exposées en détail au tableau 3.

Dans certains cas, le champ des données était, contrairement à ce que l'on prévoyait, moins étendu qu'en 1953, par exemple en ce qui concerne les abattages. Un certain faiblissement dans les réponses était évidemment prévisible si l'on tient compte du fait qu'on avait demandé des rapports à nombre de pays qui n'en étaient encore qu'à leurs débuts quant aux statistiques forestières. Ceci n'explique toutefois pas pourquoi un nombre relativement petit de pays a fourni des renseignements concernant le reboisement et les abattages. En examinant attentivement les réponses individuelles, on aboutit à la conclusion paradoxale que certains pays se sont souvent laissés décourager d'entreprendre des évaluations, à mesure qu'ils se rendaient mieux compte de la complexité des statistiques. Ainsi, en ce qui concerne les abattages, deux facteurs ont fait hésiter les intéressés: une meilleure compréhension de la différence entre abattages et quantités enlevées; la réalisation plus nette de l'importance des abattages non enregistrés. Quant au reboisement, on était devenu conscient du fait que le reboisement privé - contrairement au reboisement public - est insuffisamment enregistré. Si l'on peut comprendre que la méfiance augmente à mesure que s'accroît le savoir - phénomène nullement réservé aux statistiques forestières - il n'en est pas moins clair qu'une conjecture raisonnée de la part des autorités forestières nationales fondée sur l'intime connaissance des ressources forestières, est capable de produire des données d'une indubitable valeur, aptes à être incorporées aux totaux régionaux et mondiaux. Ce point méritera de retenir particulièrement l'attention lorsqu'on en viendra à préparer la prochaine enquête mondiale.

Après examen minutieux et, dans plusieurs cas, contrôle concerté avec les pays intéressés, l'ensemble des information repues en réponse au questionnaire de 1958 a été réuni dans onze tableaux de base dont se compose l'essentiel de la présente publication. Il a été possible de remplir ces tableaux dans certains cas à l'aide d'autres informations officielles dignes de foi - rapports d'inventaires antérieurs, statistiques publiées, etc. Toutes ces informations, c'est-à-dire celles contenues dans les tableaux de base, sont mentionnées dans le texte suivant sous le terme «données fournies». Le lecteur ne perdra donc pas de vue que, tout au long de l'analyse suivante, les «données fournies» comprennent aussi des chiffres ne provenant pas directement des questionnaires.

Pour faciliter la lecture, les données fournies ont été résumées dans une série de tableaux insérés dans le texte. Toutefois, puisque le champ des données est rarement complet et qu'il varie d'une région à l'autre, ces résumés ne donneront pas, en bien des cas, les indications sur les totaux régionaux et mondiaux auxquelles le lecteur aurait droit de s'attendre. C'est la raison pour laquelle on a inscrit, dans la mesure du possible, à côté des données fournies, les évaluations des totaux élaborées par le secrétariat. Pour arriver à ces totaux le secrétariat a eu recours à une multitude d'informations à sa disposition en dehors des données fournies. Ces informations ont été puisées à beaucoup de sources, elles sont quelque peu dispersées et pas toujours précises. Elles consistent en rapports reçus d'experts en mission (se trouvant sur place), en publications privées, en rapports de voyage et ainsi de suite: bref, informations pas assez précises pour justifier leur inclusion dans les tableaux de base, mais néanmoins susceptibles d'aider à esquisser les grandes lignes des conditions régionales et mondiales. Dans certains cas, à défaut d'indications, on a pu procéder par analogie en fondant les arguments sur les faits connus d'un pays voisin avec des conditions forestières semblables.

Tableau 4. - Classification des terres

Régions

Forêts

Terres non boisées

Total

Forêts

Total

Accessibles

Inaccessibles

en % de la superficie des terres

par habitat


Millions d'hectares

%

Hectares

Europe

141

138

3

332

473

30

0,3

U.R.S.S.

1 131

1 131

-

1 103

2 234

51

5,5

Amérique du Nord

733

400

333

1 141

1 874

39

3,8

Amérique centrale

74

55

19

198

272

27

1,4

Amérique du Sud

957

277

680

818

1 775

54

7,3

Afrique

753

380

373

2 225

2 978

25

3,4

Asie

520

326

194

2 198

2 718

19

0,3

Région du Pacifique

96

26

70

758

854

11

6,5

TOTAL

4 405

2 733

1 672

8 773

13 178

33

1,6

Ces totaux régionaux et mondiaux ne résultent donc en aucun cas d'une simple généralisation des données fournies sur la base du pourcentage du champ indiqué; ils sont calculés, pays par pays, sur la base des données fournies et d'une multitude d'informations diverses.

Le lecteur trouvera ces évaluations du secrétariat, à travers le texte ci-dessous, à mesure que les différentes catégories d'informations données par l'inventaire viendront à être tour à tour discutées. Pour la commodité du lecteur, les principaux éléments ont été réunis dans les tableaux d'évaluations mondiales A, B et C par lesquels se termine la discussion. Dans le présent inventaire six diagrammes précèdent les tableaux de base.

Analyse des résultats

Superficies des forêts

La répartition des forêts du monde par régions se trouve résumée au tableau 4.

Un tiers presque exactement de la surface solide de la terre est couvert de forêts; par ailleurs, 24% sont consacrés à l'agriculture et le reste, soit 43%, consiste principalement en terres incultes, y compris les terres broussailleuses et en étendues de savanes ne portant des arbres que de façon clairsemée. L'opinion est largement répandue que les terres non boisées et non cultivées sont des terres inactives, n'exerçant aucune fonction et qui représentent dans l'ensemble une réserve potentielle pour l'expansion éventuelle soit de l'agriculture, soit de la sylviculture. On ne saurait se faire à ce sujet une idée plus fausse. Ces «terres sauvages» aussi bien que les forêts contribuent à la production de bois et jouent un rôle important en protégeant le sol de l'érosion, en régularisant les cours d'eau, en offrant des pâturages et en servant d'abris au gibier. Ainsi, même les terres incultes, non boisées, exercent fréquemment des fonctions économiques extrêmement importantes; leur valeur peut égaler, voire même dépasser, celle de forêts d'étendue semblable principalement aménagées pour la production de bois. L'aménagement d'une partie ou de la totalité de ces terres incultes est, en nombre de pays, confié aux autorités forestières.

Le quart des forêts du monde se trouve en U.R.S.S. et plus d'un cinquième en Amérique du Sud. Ces deux régions ont aussi la plus forte proportion de terres boisées: 54% en Amérique du Sud, 51% en U.R.S.S. Dans la région du Pacifique, la superficie boisée, avec 11%, représente la proportion la plus faible. La distribution inégale des forêts du monde devient encore plus manifeste si on les considère par rapport à la population qu'elles sont appelées à servir. Ainsi à l'un des deux extrêmes, en Amérique du Sud, on compte 7,3 hectares de forêts par habitant, tandis qu'à l'autre extrême, en Europe et en Asie, la proportion n'est que de 0,3 hectare par habitant. Etant donné que l'Asie possède 56% de la population totale du monde, la moyenne mondiale ressort à 1,6 hectare par tête.

On estime que trois cinquièmes environ des forêts du monde sont accessibles, c'est-à-dire à portée de l'exploitation, par voies fluviales, routières, ferrées, ou autres moyens de transport.

Si en Europe il ne reste que fort peu de forêts inaccessibles, en revanche, 71% des forêts sud-américaines ne sont pas à portée d'exploitation; de vastes superficies restent inaccessibles en Afrique et en Asie. Il y a toutefois lieu d'observer que les forêts de l'Amérique du Nord et de l'U.R.S.S. ne sont pas classifiées selon l'accessibilité dans le sens utilisé dans l'inventaire présent. Il faut par conséquent accepter avec précaution les chiffres du tableau ayant trait à ces deux régions, comme d'ailleurs les chiffres des totaux mondiaux.

Sur les 2,7 milliards d'hectares de forêts aujourd'hui matériellement à portée d'exploitation, un peu plus de la moitié seulement (1465 millions d'hectares) est actuellement utilisée. Des superficies très considérables restent accessibles sans pour autant être exploitées en Amérique du Sud et en Afrique; et des superficies relativement petites sont dans le même cas en Europe et dans la région du Pacifique. Il est à noter que 72% des forêts accessibles d'Asie sont déjà en train d'être exploités.

Tableau 5. - Forêts accessibles

Régions

Données fournies

Totaux estimées

Total

Utilisées

Non exploitées

Total

Utilisées

Non exploitées


Millions d'hectares

Europe

138

135

3

138

135

3

U.R.S.S.

1 131

459

672

1 131

459

672

Amérique du Nord

400

400

-

400

400

-

Amérique centrale

53

12

41

55

14

41

Amérique du Sud

277

76

201

277

76

201

Afrique

339

106

233

380

125

255

Asie

313

229

84

326

236

90

Région du Pacifique

25

20

5

25

20

5

On a tendance à prendre les superficies boisées accessibles mais non encore exploitées pour des réserves sur lesquelles on peut compter en premier lieu pour répondre aux besoins de bois croissants des années à venir. L'aptitude de ces forêts à être exploitées dépend largement de ce qu'elles contiennent; en comptant trop sur les superficies apparemment disponibles, on risque de faire un mécompte. En général, les peuplements dont se composent ces forêts sont de qualité inférieure et d'essences moins désirables que les forêts dont l'exploitation a déjà commencé. Dans certaines régions du monde il faudra d'ailleurs sous la pression de la population croissante transformer quelques-unes de ces surfaces en terres agricoles. Cette catégorie de forêts comprend enfin, sans nul doute, des parties dans lesquelles il sera nécessaire d'interdire ou de limiter l'exploitation si l'on veut empêcher leurs fonctions protectrices d'en être diminuées. Ainsi qu'il sera montré plus loin, nombre de forêts actuellement utilisées sont sous-exploitées, et il est probable que les efforts tendront à améliorer le rendement, augmenter la récolte et perfectionner l'utilisation.

ÉVALUATIONS MONDIALES

Dans les trois tableaux ci-après, on s'est efforcé d'évaluer les totaux mondiaux de certains des éléments importants de l'inventaire. Etant donné que ces évaluations reposent essentiellement sur les renseignements communiqués, elles renferment toutes les inexactitudes qui ont déjà été signalées dans ces données. On a introduit d'autres possibilités d'erreur en rassemblant les chiffres pour les régions où les réponses étaient peu abondantes.

Tableau A. - Classification des forêts

Tableau B. - Matériel sur pied et accroissement dans les forêts utilisées

Tableau C. - Répartition des ressources forestières


 

Forêts

Matériel sur pied

Accroissement brut

Quantités enlevés

Total

Accessibles

Utilisées


Pourcentage

Europe

3

5

9

7

12

18

U.R.S.S.

26

41

32

45

30

21

Amérique du Nord

17

15

27

23

29

25

Amérique centrale

2

2

1

1

1

2

Amérique du Sud

21

10

5

5

7

10

Afrique

17

14

9

4

4

7

Asie

12

12

16

14

16

16

Région du Pacifique

2

1

1

1

1

1


TOTAL

100

100

100

100

100

100

Régime de propriété

L'inventaire offre des informations assez dignes de foi concernant la propriété des forêts accessibles. Plus des trois quarts des superficies boisées accessibles du monde sont propriété publique, soit qu'elles appartiennent à l'Etat (64%) ou qu'elles appartiennent à d'autres pouvoirs publics (12%). C'est en Europe qu'on remarque le plus de forêts privées (55%), puis en Amérique du Sud (45%) et en Amérique du Nord (43%).

On dispose aussi d'informations concernant l'importance des forêts appartenant aux fermiers, bien que ces informations ne figurent pas au tableau ci-dessus. En Europe, ces forêts représentent environ 55% des forêts accessibles en mains privées; en Amérique du Nord la proportion est de 45%, en Asie 25% et en Afrique environ 80%. Quant à l'Amérique du Sud et à la région du Pacifique, les rapports sont trop incomplets pour donner une idée adéquate de la superficie qu'occupent les forêts de fermiers dans ces régions.

Tableau 6. - Régime de propriété des forêts accessibles

Régions

Champ a

Formes de propriété b

Forêts d'Etat

Autres forêts publiques

Forêts privées


Pourcentage

Europe

100

33

12

55

U.R.S.S.

100

95

5

-

Amérique du Nord

100

18

39

43

Amérique centrale

23

50

10

40

Amérique du Sud

88

55

-

45

Afrique

89

65

21

14

Asie

96

84

9

7

Région du Pacifique

99

59

1

40


TOTAL

95

64

12

24

a Superficie des forêts accessibles pour laquelle le régime de propriété a été indiqué, rapportée à la superficie totale des forêts accessibles.

b Pays ayant fourni des données.

En préparant les rapports pour l'inventaire de 1953, on s'est rendu compte que «dans les régions insuffisamment développées, dans les zones écartées en particulier, il y a encore d'immenses étendues de forêts dont on n'a pas dressé la carte, dont on n'a pas fait le cadastre et pour lesquelles il n'y a pas de titres de propriété. La reconnaissance des droits sur les forêts est la conséquence du fait que l'administration et le public comprennent mieux l'importance et la valeur de ces ressources; cette reconnaissance annonce souvent le développement de la conservation des forêts et en est souvent une condition préalable.» A certains signes, on peut reconnaître que dans ces régions insuffisamment développées - notamment dans les pays ayant récemment acquis leur indépendance - à mesure que les titres de propriété s'établissent, on a davantage tendance, quand il s'agit de forêts, à les établir en faveur de la propriété publique. Cette tendance se dégage de la lecture attentive des rapports individuels. Dans toute comparaison de l'ensemble des tableaux que comporte le présent inventaire avec ceux de l'inventaire précédent les modifications dans le régime de propriété ont moins de signification du fait des étendues boisées considérablement accrues révélées par les inventaires plus récents dans les pays à économie planifiée où généralement les forêts sont propriété publique.

Tableau 7. - Données sélectionnées relatives aux forêts appartenant a des entreprises industrielles

Pays

1 000 hectares

% de toutes les forêts privées

Côte-d'Ivoire

300

100

Tanganyika

259

100

Guatemala

960

79

Colombie

2 800

74

République Dominicaine

423

70

Madagascar

550

55

Canada

4 699

39

Suède

5 620

33

Etats-Unis

25 246

17

Norvège

716

12

Finlande

1 644

11

Japon

794

6

Espagne

450

3

Tableau 8. - Composition des forêts utilisées a

Régions

Champ b

Total

Résineux

Feuillus

Peuplements mélangés c

Superficie non boisées c

% des résineux d


%

Millions d'hectares

%

Europe

100

135

72

49

10

4

59

U.R.S.S.

100

459

362

97



79

Amérique du Nord

100

400

188

102

70

40

55

Amérique centrale

78

14

4

10

-

-

29

Amérique du Sud

99

7

7

61

4

4

11

Afrique

85

125

2

122

1


2

Asie

97

236

38

185

7

6

17

Région du Pacifique

99

20

4

15

1


22


TOTAL

98

1 465

677

641

93

54

54

a Les données figurant dans ce tableau sont des estimations. Des chiffres séparés seulement pour les pays ayant fait rapport ne sont pas indiqués étant donné qu'ils couvrent toutes les forêts utilisées à l'exception de 31 millions d'hectares.

b Superficie des forêts utilisées pour laquelle la composition a été indiquée, rapportée à la superficie totale des forêts utilisées.

c Les peuplements mélangés et les superficies non boisées sont souvent compris dans la superficie des peuplements purs de résineux et de feuillus. Le total des peuplements purs est donc au-dessus de la vérité, tandis que le total des peuplements mélangés et celui des superficies

d Comprend une évaluation des résineux compris dans les peuplements mélangés.

De nombreux pays ont fourni des informations au sujet de la superficie des forêts appartenant à des entreprises industrielles. On trouve au tableau 7 la liste des pays dans lesquels les forêts qui sont propriété industrielle ont une étendue considérable (plus de 250 000 hectares) ou représentent une proportion substantielle (plus de 25%) de toutes les forêts privées.

Parmi les pays ayant fourni ces informations, 34 pouvaient distinguer entre forêts appartenant à des entreprises industrielles traitant des produits forestiers et forêts appartenant à d'autres industries. Sur les 14,5 millions d'hectares ayant donné lieu à cette distinction, 10,4 millions, soit 72%, appartiennent à des industries forestières. Rien de surprenant à ce que ce soit dans les pays où les industries forestières sont hautement développées que les industries se soient efforcées de s'assurer la haute main sur leur approvisionnement en bois. Dans certains relevés, les chiffres comprennent en effet des plantations effectuées par des industries. Il sera intéressant d'observer si l'inventaire suivant vient confirmer l'impression que cette catégorie de propriété marque une nette tendance à augmenter car cela influencerait nécessairement le niveau de l'aménagement des forêts. On n'ignore point que bon nombre d'importances entreprises forestières sont en train de donner bon exemple en ce qui concerne la méthode d'aménagement. Il est bien plus difficile de réussir à faire appliquer les principes d'une bonne sylviculture aux millions de petits propriétaires forestiers; l'inventaire de 1953 contenait quelques informations au sujet de ces petites propriétés; actuellement, beaucoup d'autorités forestières nationales considèrent comme une de leurs tâches les plus importantes de prodiguer leurs conseils pratiques aux propriétaires fermiers de forêts.

Répartition des types de forêts

La composition des forêts exploitées dans le monde est exposée au tableau 8. Tenant compte des arbres d'essences résineuses se trouvant dans les forêts mélangées, on peut dire que plus de la moitié de la superficie boisée, actuellement exploitée, consiste en résineux. Ces essences se trouvent concentrées surtout dans les zones tempérées froides de l'hémisphère septentrional, de sorte que l'U.R.S.S., l'Amérique du Nord et l'Europe possèdent 92% de la totalité des forêts résineuses exploitées.

Les peuplements feuillus exploités sont répartis de manière plus régulière; il est remarquable pourtant que les trois régions mentionnées ci-dessus dans lesquelles les peuplements feuillus consistent presque exclusivement en arbres des zones tempérées, ne contiennent pas moins de 300 millions d'hectares, soit 42% de la totalité des forêts exploitées d'essences feuillues. Quant aux vastes superficies couvertes de forêts tropicales feuillues, se trouvant en Amérique centrale, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie (plus de 2 milliards d'hectares d'après une évaluation reproduite plus loin dans ce rapport), un sixième seulement en donne un rendement régulier de bois ou d'autres produits forestiers.

Les données dont on dispose ne permettent pas de calculer la superficie des forêts de bambou, bien que ce produit forestier joue un rôle important dans l'économie d'un grand nombre de pays de l'Asie et dans quelques pays de l'Amérique latine. Quelques détails figurent dans le présent inventaire mais dans la majorité ils n'ont trait qu'aux peuplements de bambou que l'on peut aisément reconnaître et qui ne se confondent pas avec les surfaces considérables à l'intérieur de la forêt où le bambou a fait invasion à la suite de l'exploitation et du fait des cultivateurs nomades.

Le tableau 8 reflète de façon assez complète la composition des forêts exploitées. Tout autre est la composition de la superficie boisée du monde (englobant les forêts accessibles pas encore exploitées et les forêts encore inaccessibles) et dans le tableau A (qui se trouve immédiatement à la suite du texte de ce rapport) on a tenté d'en évaluer la composition. Il montre que 46% des peuplements résineux du monde sont utilisés, mais que seulement 26% des forêts feuillues - tropicales et des zones tempérées - sont jusqu'à présent exploitées. Alors que les forêts d'essences résineuses représentent 37% de toutes les forêts du monde, elles constituent 52% de l'ensemble des forêts jusqu'ici exploitées.

FIGURE 2. - Matériel sur pied dans les forêts utilisées.

Les raisons pour lesquelles les forêts de résineux ont été plus activement exploitées sont bien connues et il serait inutile de les répéter ici. En revanche, il vaut peut-être la peine de souligner encore une fois qu'il serait dangereux d'attacher trop d'importance à la superficie boisée et pas assez à la qualité des forêts. Cela deviendra plus clairement visible plus loin dans ce rapport lorsqu'il sera question des données concernant le bois sur pied et la densité des peuplements.

Aménagement des forêts

Les progrès réalisés dans l'ordonnance des superficies qui doivent obligatoirement rester boisées, la mesure dans laquelle des superficies boisées sont aménagées avec règlement d'exploitation et la qualité des méthodes de coupe dont les rapports font état, tous ces points comportent d'importantes indications concernant certains aspects de l'aménagement forestier.

La désignation des terres que l'on veut maintenir boisées de façon permanente est un important premier pas vers l'aménagement rationnel de la forêt. On a ainsi reconnu la nécessité d'une étendue de forêts permanente; cela entraînera probablement l'évaluation minutieuse des besoins futurs de forêts, à des fins de production autant que de protection, et cela indique en même temps la superficie sur laquelle se concentreront les efforts de l'aménagement. Des rapports sont venus en 1958 de nombre de pays desquels on n'avait rien reçu en 1953 et plusieurs pays qui ont répondu aux deux enquêtes ont pu enregistrer de considérables progrès. S'il est permis de supposer, comme il semble raisonnable de le faire, que certains pays desquels on avait reçu des rapports en 1953 et qui n'ont rien envoyé en 1958, n'avaient pas de changements à signaler, les données au tableau 9 fournissent la nette indication d'un considérable progrès accompli pendant les cinq années écoulées.

Tableau 9. - Forêts permanentes

Régions

1953

1958

Pays ayant fait rapport

Superficie totale

Pays ayant fait rapport

Superficie totale


1 000 hectares

1 000 hectares

Europe

27

123 290

27

124 030

Amérique centrale

11

690

13

4 325

Amérique du Sud

5

540

9

151 970

Afrique

16

80 750

31

54 320

Asie

20

84 560

25

122 240

Région du Pacifique

6

7 810

7

8 610


TOTAL

85

297 640

112

465 495

Chacune des régions a quelque progrès à enregistrer même l'Afrique où la superficie des forêts réservées semble avoir diminué; diminution du reste purement statistique, due au fait que la définition du terme superficie boisée a été révisée; de ce fait, de considérables surfaces de savanes ont été exclues des chiffres de 1958, notamment celles où la densité des peuplements était inférieure à 0,05. Le progrès accompli ressort plus clairement là où pour plusieurs régions seuls sont inscrits les pays qui ont indiqué des changements entre 1953 et 1958.

De ce choix, sont exclus les pays pour lesquels la révision de la définition de terre boisée a sérieusement influencé les statistiques. Ainsi, les chiffres sont strictement comparables et fournissent la preuve d'un accroissement satisfaisant des étendues désignées comme forêts permanentes.

Tableau 10. - Variations de la superficie des forêts permanentes dans certaines pays entre 1953 et 1958

Régions

Pays ayant indiqué des variations

Forêts permanentes

1953

1958

Augmentation de la superficie



1 000 hectares

Europe

10

13 119

13 877

758

Amérique centrale

2

147

1 906

1 759

Amérique du Sud

1

140

3 496

3 356

Afrique

8

9 874

25 027

15 153

Asie

11

30 131

40 080

9 949

Région du Pacifique

3

7 378

8 173

795


TOTAL

35

60 789

92 559

31 770

De considérables progrès ont également été réalisés dans l'établissement de règlements d'exploitation, bien que le champ auquel se réfère le rapport varie quelque peu de l'inventaire de 1953 à celui de 1958, de sorte que la comparaison de ce chapitre pour les deux années est sujette à caution. Les informations recueillies pour les deux inventaires sont résumées au tableau 11.

Pour l'Europe, le champ des réponses à cette question a été plus grand et il paraîtrait que la superficie aménagée avec règlements d'exploitation aurait été nettement augmentée. Une légère amélioration dans ce sens a aussi été enregistrée en Amérique du Nord (les chiffres dans ce cas n'ont trait qu'au Canada); la sévère chute dans le pourcentage des surfaces aménagées avec règlements d'exploitation s'explique - il faut le faire remarquer - par l'interprétation révisée du terme «forêt utilisée». Peu ou pas de variations ont été enregistrées en Amérique du Sud, en Afrique et dans la région du Pacifique; en revanche, on note un fort progrès en Asie où les étendues soumises aux règlements d'exploitation ont augmenté sensiblement, notamment en Birmanie, en Inde, au Japon et en Thaïlande. Pour la première fois, on dispose d'informations provenant de l'U.R.S.S. où près de la moitié des 636 millions d'hectares de forêts d'Etat (Goslesfond) sont aménagés avec règlements d'exploitation.

Au tableau 12, un résumé intéressant montre comment les autorités forestières nationales envisageaient à l'époque les méthodes de coupe en usage dans leurs pays en 1953 et en 1958 respectivement. Il est évident que ces chiffres ne sauraient être comparés d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre, voire même d'une période à l'autre, étant donné que la notion de ce qui constitue de «bonnes méthodes de coupe» est évidemment une question d'opinion. Néanmoins, même un «vote d'opinion» sur un sujet de cette importance n'est pas sans intérêt. Le champ est grosso modo le même dans les deux inventaires et il est évident (si les normes nationales n'ont pas subi d'importantes variations au cours des années écoulées) que, selon l'idée des auteurs des rapports, il n'a pas été enregistré de sensible amélioration. On est d'opinion qu'une proportion suffisamment forte de bonnes méthodes de coupe sont pratiquées en Europe, en Amérique du Nord (dans ce cas le chiffre s'applique aux Etats-Unis seulement) et dans la région du Pacifique. Ailleurs, on pense que de bonnes méthodes de coupe sont l'exception plutôt que la règle. Certaines autorités qui déclarent que les méthodes de coupe sont en majorité mauvaises ou destructives sont manifestement préoccupées au sujet de l'avenir des récoltes forestières.

Il est peut-être significatif que, bien que l'étendue des forêts avec règlements d'exploitation se soit accrue pendant les cinq dernières années, la qualité des méthodes de coupe dans beaucoup de pays a très peu changé, tout en enregistrant, dans l'ensemble, une légère amélioration. Relativement peu de pays parmi ceux qui ont déclaré une augmentation de la surface soumise aux règlements d'exploitation ont pu annoncer une amélioration des méthodes de coupe. En essayant de tirer des conclusions de ces indications, il y a évidemment lieu de faire la réserve que les normes d'après lesquelles la qualité des méthodes de coupe sont jugées peuvent avoir changé et que les statistiques des forêts avec règlements d'exploitation peuvent avoir été perfectionnées. Cela nonobstant, les forestiers s'accorderont sans doute à dire qu'il reste beaucoup à faire pour améliorer l'aménagement des forêts dans toutes les régions. Le premier pas vers cette amélioration sera peut-être l'élaboration de règlements d'exploitation, mais plus importante encore est l'application pratique des mesures tracées par ces règlements, la pratique de la sylviculture même sur le sol. La forte prépondérance des méthodes de coupe considérées comme mauvaises ou destructives donne la mesure de la tâche que les forestiers ont à affronter.

Tableau 11. - Situation de l'aménagement dans les forêts utilisées

Tableau 12. - Méthodes de coupe dans les forêts utilisées

Beaucoup d'autres pays - 95 en tout, représentant 37% de la superficie totale des forêts exploitées - ont fourni des données sur le traitement sylvicole en vigueur. Sur le total de la superficie boisée, les taillis occupent 7%, ils sont particulièrement importants dans le sud de l'Europe, en Amérique centrale et en Afrique. Les taillis sous futaie représentent 5% et le reste - 88% - sont des futaies. Les taillis donnent surtout du bois de chauffage et du bois pour la carbonisation; on peut aussi en tirer des poteaux, pilotis et pieux pour clôtures et autres usages semblables ainsi que de l'écorce à tan et du fourrage. Les taillis sous futaie donnent également un pourcentage peu important de bois d'œuvre bien qu'ils comportent naturellement une certaine proportion de bois de dimensions plus fortes. Le rendement le plus élevé de bois d'œuvre et d'industrie vient des futaies. Cela explique la tendance très répandue mais nullement universelle, de graduellement transformer les taillis en futaies. Pas universelle, car il y a des conditions dans lesquelles les taillis sous futaie sont le système le plus approprié, du fait des assortiments qu'on peut en extraire et des feuilles pour fourrage qu'ils portent.

Cette transformation est évidemment un processus long et la comparaison des chiffres respectifs dans l'inventaire avec ceux de l'inventaire précédent ne permet pas d'en tirer des conclusions générales, étant donné que les changements qui s'opèrent lentement sont largement cachés par le perfectionnement apporté aux statistiques. Néanmoins, les changements sont mis en évidence par les données de quelques pays européens qui ont depuis des années tenu à jour les statistiques exactes de forêts soumises à différents traitements sylvicoles.

Matériel sur pied dans les forêts utilisées

Les cinq années depuis le dernier inventaire forestier mondial ont sans nul doute vu une plus forte activité visant à constater l'importance du patrimoine forestier qu'aucune période de cinq ans précédente. Jusqu'en 1953, l'établissement des premiers inventaires forestiers nationaux d'après-guerre n'était qu'à ses débuts dans les pays développés. Depuis lors, on a fait d'appréciables progrès et dans la majorité des pays européens on est à présent en mesure de présenter une évaluation passablement exacte du bois sur pied. Cela s'applique également à l'Amérique du Nord et à l'U.R.S.S. Pendant la même période, nombre de pays de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique latine ont réussi, souvent avec des méthodes d'inventaire modernes et en suivant les techniques d'outre-mer, à constater avec plus de précision les quantités de bois sur pied existant au moins dans une partie de leurs forêts utilisées, amplifiant et améliorant ainsi la base pour l'évaluation du bois sur pied dans toutes les forêts utilisées. Les nouvelles informations révélées au cours de cette période ont entraîné la révision sévère de quelques évaluations antérieures. La sévérité de ces révisions est illustrée par les chiffres du tableau 13.

On verra à la lecture de ce tableau (qui ne contient que des données fournies) que le champ couvert en Europe s'est amélioré et que d'après les informations disponibles les plus récentes la proportion de bois sur pied par hectare est plus forte, en ce qui concerne les résineux et le total, que la proportion indiquée en 1953. Les données se référant à l'U.R.S.S. (qui ne concernent en réalité que le Fonds forestier d'Etat - Goslesfond - et n'englobent donc pas toutes les forêts exploitées) représentent les résultats de l'inventaire forestier national lequel a fait de rapides progrès ces années dernières. En Amérique du Nord, les évaluations antérieures de bois sur pied ont subi de fortes révisions en sus; les chiffres du Canada ont trait aux forêts accessibles productives et ceux des Etats-Unis comprennent toutes les forêts productives. Les chiffres se référant à l'Amérique latine n'accusent pas de changements sensibles, mais on remarquera que le champ couvert est faible pour les deux années. L'Afrique indique le plus fort changement et ceci nécessite quelques explications. Premièrement, on notera que le champ couvert est quelque peu tombé; cela est dû au fait qu'il a fallu rejeter certains chiffres antérieurs lesquels, examinés de plus près, se sont avérés comme excessivement optimistes. Deuxièmement, nombre de pays qui avaient autrefois fait des évaluations de l'ensemble du bois sur pied (toutes essences) en se basant sur des données plutôt maigres, ont cette fois-ci soumis des données quelque peu plus exactes, se référant aux essences commerciales seulement. En fait c'est dans cette région que les estimations du matériel sur pied comportent le plus d'exclusions (essences non commerciales arbres au-dessous d'un certain diamètre) et les informations dont on dispose ne permettent malheureusement pas d'arriver par généralisation à un total (toutes essences et tous diamètres). En interprétant les tableaux récapitulatifs suivants, on ne doit surtout pas oublier cette très importante réserve qui s'applique aussi - bien que dans une moindre mesure - à l'Asie et à l'Amérique latine. En Asie où, dans les deux années, on a couvert un large champ, les chiffres se référant aux résineux ont été relevés à la suite de données nouvelles. Si pour les essences non résineuses les chiffres sont moins élevés, cela est largement dû à des changements de la classification, notamment au fait que, pour la Thaïlande, les essences non commerciales ont été exclues.

En prenant comme point de départ les données fournies concernant le bois sur pied et en acceptant des suppositions plausibles concernant le volume par hectare dans les pays ne faisant pas rapport, on peut ébaucher l'essai d'une image reflétant le volume du bois sur pied contenu dans toutes les forêts exploitées du monde. C'est ce qui a été fait dans le tableau 14.

Ainsi le matériel sur pied de toutes les forêts exploitées du monde est à présent évalué à 156 millions de m³, comparé à 101 millions de m³, chiffre résultant du dernier inventaire mondial. Comme on sait, les arbres au-dessous d'un certain diamètre et les essences actuellement sans valeur commerciale sont - pour beaucoup de pays - exclus de ce chiffre provisoire. L'augmentation qui ressort de la comparaison avec l'inventaire précédent est due en partie à des changements de classification par suite desquelles des étendues plus grandes ont été comprises dans les «forêts utilisées», en partie à une expansion effective de la superficie en exploitation, enfin à la proportion plus élevée de bois sur pied par hectare résultant des plus récentes informations reçues.

On se souviendra qu'en 1958 on a pour la première fois demandé aux pays de déclarer la densité d'arbres dans les forêts exploitées. Cette question, pensait-on, pourrait éclairer la nature des forêts actuellement en exploitation dans les différentes régions du monde. Les réponses reçues étaient loin d'être complètes; cependant, le tableau suivant qui résume les données fournies présente quelques nouvelles et intéressantes indications.

Il ne faudrait évidemment pas interpréter ces chiffres sans discrimination. Une densité relativement faible peut n'être due qu'à une phase passagère dans l'évolution d'une forêt avec des peuplements adéquats. Des surfaces de ce genre ne représentent toutefois qu'une assez petite proportion de la superficie totale des forêts utilisées mentionnées dans cette rubrique. Le tableau montre qu'en Europe, où il a été amplement répondu à cette question, la proportion de forêts à densité médiocre ou moyenne est étonnamment grande si l'on tient compte du fait que c'est dans cette région que l'aménagement est le plus intense. En Afrique où l'on dispose de données pour plus de la moitié des forêts utilisées, un sixième seulement de la superficie boisée est considérée comme ayant un couvert satisfaisant. Les données concernant les autres régions sont trop rares pour en tirer des généralisations; cependant la proportion relativement forte de forêts, dans toutes les régions, qualifiées comme étant de densité médiocre ou nulle, semble indiquer qu'il serait dangereux de croire que toutes les forêts actuellement utilisées seraient nécessairement riches en bois.

Les données réunies dans cet inventaire permettent-elles de calculer le contenu de bois de toutes les forêts du monde, y compris les accessibles non encore en exploitation, et la vaste étendue de forêts jusqu'à présent inaccessibles? Ce serait évidemment procéder cavalièrement; pourtant, en groupant les diverses indications de l'inventaire et en tenant compte des vues (rapportées plus loin) des autorités forestières nationales au sujet des forêts encore inaccessibles, susceptibles de devenir productives, on peut formuler l'hypothèse - pas plus - que le volume actuel du bois sur pied dans le monde est de l'ordre de 320 milliards de mètres cubes.

Tableau 13. - Matériel sur pied par hectare dans les forêts utilisées

Tableau 14. - Matériel sur pied dans les forêts utilisées

Accroissement et possibilité dans les forêts utilisées

Les données sur l'accroissement brut en Europe, dans les Amériques et en Asie (tableau 16) sont moins abondantes, cette fois, que dans l'inventaire de 1953. En revanche, on a reçu des rapports un peu meilleurs d'Afrique et de la région du Pacifique.

Les informations concernant les pertes (incendies, cultures nomades, parasites, etc.) n'étaient pas suffisantes pour faire des évaluations significatives quant à l'accroissement par région. De ce que l'on a obtenu comme estimations, il ressort que ces pertes varient largement: le taux le plus bas constaté en Europe est de 3% de l'accroissement brut, le plus élevé, dans la région du Pacifique, atteint environ 48%.

Tableau 15. - Estimation de la densité dans les forêts utilisées

Régions

Champ a

Bonne

Moyenne

Médiocre

Nulle


Pourcentage

Europe

86

47

36

13

4

Amérique centrale

24

47

29

18

6

Amérique du Sud

16

51

33

15

1

Afrique

54

17

39

36

8

Asie

28

32

48

16

4

Région du Pacifique

6

22

49

29

-

a Superficie des forêts utilisées pour laquelle la densité a été indiquée, rapportée à la superficie totale des forêts utilisées.

L'évaluation de l'accroissement brut - régional et commercial - se trouvant au tableau 16 est basée sur les données fournies et sur d'autres informations dont on disposait. Ces évaluations sont nécessairement des approximations - si des autorités forestières hésitent à faire des évaluations pour un seul pays, il est évidemment osé d'en faire pour toute une grande région. Néanmoins, les chiffres des accroissements bruts ont été calculés individuellement pour chaque pays, puis réunis pour les régions. Les résultats reflètent les changements que les pays ont apportés aux évaluations de leur bois sur pied, discutées dans un chapitre antérieur, de même que les changements résultant des données nouvelles, compilées dans nombre de pays - par exemple en U.R.S.S. et dans les pays nord-américains.

En comparant les évaluations présentes avec les chiffres de l'inventaire de 1953, on trouve pour l'Europe, les deux régions de l'Amérique latine et la région du Pacifique, de légères augmentations du volume de l'accroissement annuel. Si en U.R.S.S. et en Amérique du Nord, les volumes de l'accroissement sont sensiblement plus élevés, cela tient à des estimations forestières nouvellement effectuées. En revanche, pour deux raisons principales, les nouvelles estimations en Afrique et en Asie arrivent à des résultats inférieurs: nombre de pays ont modifié leurs rapports, remplaçant l'évaluation englobant «toutes essences» par d'autres, comprenant seules les «essences commerciales»; d'autre part, en quelques pays, il apparut que d'après les informations nouvelles, les estimations antérieures de croissance avaient été trop optimistes.

On estime que l'accroissement brut des forêts utilisées totalise actuellement environ 2 800 millions de m³ par an comparés à 2 390 en 1953. Une proportion de 51% de ce volume se trouve dans les essences résineuses; en 1953, le pourcentage de résineux était indiqué comme étant de 45. Ce changement serait dû surtout aux chiffres de croissance plus élevés déclarés pour l'U.R.S.S. et l'Amérique du Nord. Ces deux régions accusent 60% du total de l'accroissement brut annuel dans l'ensemble des forêts utilisées du monde, 81% de l'accroissement annuel de résineux et 37% de celui des feuillus. Des changements survenus dans les chiffres de l'accroissement brut sont dus en partie à des modifications de la superficie boisée (déjà discutées), en partie à des évaluations révisées du taux de croissance par hectare.

Si l'on prend pour base du calcul la proportion par hectare, on trouve une augmentation de l'accroissement en U.R.S.S. et en Amérique du Nord aussi bien pour les résineux que pour les feuillus; les raisons en ont déjà été mentionnées. Quant à l'Afrique, les chiffres régionaux pour les résineux ont augmenté du fait de données nouvellement recueillies reflétant les taux d'accroissement satisfaisants constatés dans nombre de plantations d'essences exotiques; inversement, une forte diminution a été déclarée pour la croissance des feuillus; ceci est dû en partie à une nouvelle méthode de déclaration dans laquelle certaines essences et dimensions inaptes pour le marché ont été éliminées de l'évaluation. Dans bon nombre de pays on a d'ailleurs trouvé que l'accroissement en forêt vierge ou dans des peuplements fraîchement coupés est considérablement inférieur au volume théorique.

Tableau 16.- Accroissement dans les forêts utilisées

Des taux d'accroissement très satisfaisants ont été trouvés en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Il sera intéressant de voir si les estimations de ressources forestières, et les inventaires nouveaux commencés ou en voie d'exécution dans plusieurs pays de l'Amérique latine confirmeront ces chiffres. L'accroissement moyen par hectare est évalué à l'échelle mondiale à 2,2 m³ pour essences résineuses, à 2,0 m³ pour les feuillus et à 2,1 m³ pour toutes essences. Les chiffres correspondants étaient, dans l'inventaire de 1953: 1,8, 2,5 et 2,1 m³.

Une partie considérable des pertes inscrites au tableau 16 résulte de l'habitude des cultures nomades. Aussi longtemps que cette habitude n'est pas éliminée ou maîtrisée, une grande partie des forêts des régions tropicales - Asie, Afrique, Amérique centrale et Amérique du Sud - ne peut pas être considérée comme source sûre de produits industriels. La majorité des pays qui subissent les dégâts occasionnés par les cultures nomades ne peuvent pas donner plus que des évaluations approximatives du volume de bois qui se perd tous les ans de ce fait; toutefois, un chiffre moyen calculé sur les données des rapports de 14 pays indique que ces pertes atteignent environ 17% de l'accroissement brut. Les chiffres provenant de quelques pays sélectionnés sont réunis au tableau 17.

Le concept de «possibilité» sert dans de nombreux pays de ligne de conduite d'après laquelle se dirigent les coupes soit projetées, soit autorisées pour un certain laps de temps. Les rapports de beaucoup de pays situés dans les tropiques, indiquent que chez eux les coupes sont réglées sur d'autres bases, par exemple selon des surfaces ou selon des limites de circonférence. On pense également, à en juger d'après ces rapports, que, si le volume de la «possibilité» a souvent été fixé à un chiffre égal à celui de l'accroissement supputé ou s'en rapprochant cela est une question de principe plutôt que l'effet d'une politique effectivement mise en œuvre. Autrement dit, nombre d'autorités forestières semblent reconnaître qu'il serait souhaitable d'aligner les coupes sur l'accroissement, bien que les données contenues dans leurs rapports - par exemple sur l'état d'aménagement - semblent indiquer qu'elles ne disposent pas des moyens adéquats pour s'astreindre à ce principe.

Tableau 17. - Pertes dues a la culture nomade dans certains pays

Pays

Millions de m³

% de l'accroissement

Philippines

5 826

40

Sud Viet-Nam

800

31

Sénégal

1 300

17

Soudan

354

12

Madagascar

240

5

Deux des pays les plus riches en forêts, l'U.R.S.S. et les Etats-Unis, ne font pas de rapport sur la «possibilité». En revanche, la majorité des pays européens attachent une grande importance à ce sujet. Leurs plans d'aménagement pour des étendues individuelles de forêt contiennent des évaluations de «possibilité» et en assemblant ces chiffres, on peut arriver à l'évaluation de la «possibilité» pour les pays. Dans ces pays, il y a corrélation dans les règlements d'exploitation entre production forestière (accroissement net) et décision sur la récolte «possibilité», et le volume des abattages indique à quel point le règlement est exécuté. Au tableau 18 on trouve les chiffres respectifs pour l'Europe.

Les abattages ne correspondront pas, dans des années particulières, aux «possibilités» soit à cause de fluctuations dues aux conditions du marché, soit à cause des difficultés rencontrées dans le débardage du fait de conditions climatiques défavorables, etc. Dans nombre de pays européens, la politique forestière nationale a fixé la possibilité à un chiffre inférieur à celui de l'accroissement afin de relever le volume du bois sur pied à un niveau désirable. Dans d'autres pays, la situation n'est pas pareille: le volume de la possibilité dépasse celui de l'accroissement net, peut-être en vue de contribuer à transformer des forêts trop vieilles en peuplements plus jeunes et productifs.

Tableau 18. - Accroissement net, possibilité et abattages dans les forêts utilisées en Europe

Champ a

Total

Par hectare

Accroissement

Possibilité

Abattages

Accroissement

Possibilité

%

Millions de m³ avec écorce

m³ avec écorce

93

309

276

282

2,5

2,2

a Superficie des forêts utilisées pour laquelle l'accroissement net, la possibilité et les abattages ont été indiqués, rapportée à la superficie totale des forêts utilisées.

Au cours des années récentes, la FAO a compilé des informations concernant les prévisions à moyen terme des quantités enlevées en Europe. Dans les vingt pays desquels on possède des informations complètes, les quantités enlevées en 1958 (chiffres des abattages moins les pertes de débardage et de transport) dépassent de 16% la possibilité. Mais la possibilité avait été fixée pour ces pays à un volume de 9% plus bas que l'accroissement net. Les prévisions pour 1965 indiquent qu'en cette année les quantités enlevées dépasseront toujours de 4% l'accroissement net. Ainsi les besoins du marché et d'autres considérations l'ont jusqu'ici emporté dans certains pays européens sur les objectifs exposés par les autorités forestières dans leurs règlements d'exploitation ou alors - et l'on sait que cela est vrai dans un ou deux cas - il y a reconnaissance tacite du fait que la possibilité a été fixée à un bas chiffre, extrêmement prudent.

Abattages et quantités enlevées

On ne peut obtenir les chiffres complets des abattages que pour un nombre relativement restreint de pays. Les volumes des quantités enlevées par contre se trouvent tous les ans dans l'Annuaire statistique des produits forestiers de la FAO; ils comprennent presque tous les pays du monde.

La différence entre les quantités enlevées et le volume effectivement coupé - les pertes de débardage et de transport - varie entre moins de 10% (taux le plus bas) qui représente la moyenne dans les pays de l'Europe et 25 à 30% (taux le plus élevé) atteint dans certains pays d'Amérique latine et d'Asie.

Dans le volume des quantités enlevées qui figurent au tableau 19 sont comprises, outre les quantités enlevées enregistrées des forêts utilisées, les informations disponibles concernant les volumes non enregistrés, les quantités enlevées provenant d'arbres hors forêt et de forêts classifiées comme autres qu'«utilisées». Ces deux derniers types de quantités enlevées seront discutés de façon plus détaillée dans la partie traitant des «autres sources d'approvisionnement en bois rond».

En fait, les quantités de bois rond enlevées dans le monde ont augmenté considérablement depuis l'époque du dernier inventaire 1.

1 La comparaison dans le tableau et dans le paragraphe suivant comprend des données reprises aux Statistiques mondiales des produits forestiers. Bilan de dix années, 1946-1955, qui contient des chiffres plus complets que ceux de l'inventaire de 1953.

Le chiffre mondial des quantités enlevées s'est accru de 179 millions de m³ soit de 12%. Une proportion plus forte de la production mondiale de bois est utilisée industriellement, à savoir 56%, contre 52% en 1950-52. Il y a lieu de remarquer que dans de nombreuses régions les chiffres des statistiques du bois de chauffage restent en deçà de la réalité, par suite des importants volumes consommés par la population locale et pas enregistrés. D'après certains signes, on peut penser que les très importantes quantités qui échappent à l'enregistrement sont en train de diminuer, de sorte que la réduction des quantités enlevées de bois de chauffage par 1 000 habitants, de 281 m³ à 268 m³, constatée dans le tableau ci-dessus reflète fort probablement une réelle diminution de la consommation.

Tableau 19. - Quantités enlevées des forêts du monde - Moyenne annuelle

Les quantités enlevées de bois d'œuvre n'ont pas progressé en volume total seulement mais aussi proportionnellement, par tête, soit de 583 m³ par 1 000 habitants, à 602 m³ ou de 3%. C'est en U.R.S.S. que l'augmentation a été la plus prononcée, 12%.

Autres sources d'approvisionnement en bois rond

Une forte partie des quantités de bois rond enlevées dont il a été question dans les paragraphes précédents provient de sources autres que les forêts activement exploitées à des fins commerciales. Ces principales sources hors forêt de bois d'industrie et de chauffage sont les lignes d'arbres plantés le long des routes, chemins de fer et canaux, dans les parcs et jardins, dans les rideaux brise-vent, terres broussailleuses et zones agricoles. Les arbres provenant de ces terres sont réunis sous le terme collectif «arbres hors forêt». Les rapports faits à la FAO en 1958 mentionnent 37 pays qui ont eu des quantités enlevées hors forêt donnant des volumes variés atteignant, par exemple au Tanganyika, jusqu'à 99% du total enlevé. La tableau 20 donne les chiffres respectifs pour un choix de pays.

Tableau 20. - Quantités enlevées d'arbres hors forêts dans certains pays en 1958

Pays

1 000 m³

% du total des quantités enlevées

Tanganyika

20 503

99

Rhodésie du Sud

2 999

96

Tunisie

673

76

Italie

9 902

49

Ceylan

125

39

En 1958, les quantités enlevées hors forêt ont donné 6% de bois d'œuvre. On peut dire que l'on ne connaît pas bien le volume de bois récolté de ces sources qui méritent d'être étudiées par les autorités forestières de pays qui ont besoin de s'assurer une meilleure connaissance des sources actuelles de matière première et des possibilités d'approvisionnement futur.

Pour ne négliger aucune source importante de bois rond, le questionnaire de 1958 demandait des données indiquant les volumes provenant de forêts non classifiées comme «utilisées». Comme prévu, les quantités enlevées de ces forêts étaient très petites: à l'échelle mondiale, elles atteignaient un peu plus de 1% du volume total.

L'ensemble des quantités enlevées de sources non enregistrées, d'arbres hors forêt et de forêts «non utilisées» constitue dans nombre de pays un important appoint de l'approvisionnement en bois d'industrie et de chauffage.

Changements dans les ressources forestières

Les résultats du boisement effectué dans 70 pays sont enregistrés dans l'inventaire présent; en 1953 on avait repu à ce sujet les rapports de 83 pays. Toutefois, la superficie totale déclarée comme boisée pendant les années 1953-1957 soit plus de 3,95 millions d'hectares, était considérablement plus grande que celle boisée au cours des six années 1947-1952 qui n'était que de 2,65 millions d'hectares. Il faut croire que les rapports ne sont pas complets bien qu'en certaines régions, en Europe par exemple, les statistiques du boisement se soient considérablement améliorées récemment. Les étendues boisées par des moyens privés, sans aucune aide gouvernementale, échappent encore dans nombre de pays à l'enregistrement. Des chiffres régionaux sont inscrits au tableau 21.

Tableau 21. - Surfaces boisées de: 1953 a 1957

Régions

Nombre de pays

1 000 hectares

Europe

20

1 831

Amérique central

2

5

Amérique du Sud

3

159

Afrique

25

634

Asie

16

1 255

Région du Pacifique

4

67

TOTAL

70

3 951

Dans nombre de pays, les superficies dont le boisement avait été projeté pour la période 1953-1957 et annoncé dans l'inventaire de 1953 furent dépassées. Ainsi, des résultats remarquables ont été enregistrés dans les pays suivants (chiffres des superficies projetées entre parenthèses): Danemark 6 000 hectares (3 200); Allemagne occidentale 40 000 (20 000); Irlande 33 000 (24 000); Norvège 53 000 (31 000); Portugal 138 000 (40 000); Madagascar 50 000 (9 000); Ruanda-Urundi 20 000 (10 000); Sierra Leone 30 000 (1 600); Corée du Sud 492 000 (229 000); Taïwan 205 000 (75 000); Australie 51 000 (41 000). Les plus grandes superficies boisées ont été enregistrées en Espagne, Corée du Sud, Pologne, au Congo belge, au Japon et à Taïwan.

Au cours des cinq années finissant en 1962, les pays faisant rapport pensent pouvoir boiser 2 578 000 hectares, soit 35% de moins que la superficie boisée pendant la période précédente de cinq ans.

Les résultats satisfaisants du boisement ont été contrebalancés par quelques réductions des superficies boisées. La réduction la plus forte a été déclarée par les Philippines où beaucoup de terres boisées ont été reclassées comme terres agricoles. D'importantes réductions ont encore été annoncées pour le Sénégal, Ghana, la Bulgarie, le Soudan, la Mauritanie et le Honduras.

Parallèlement avec le développement constant des systèmes de transport, augmentent aussi dans le monde les forêts à la portée de l'exploitation. Il a déjà été mentionné que la proportion de terres boisées considérées comme accessibles a atteint 62% en 1958, contre 47% en 1953. Il est vrai toutefois que ces chiffres exagèrent le progrès accompli, étant donné que la définition du terme «accessible» a changé et que les statistiques ont été perfectionnées, ainsi qu'il a été déjà constaté. Pourtant, compte tenu de ces réserves, les chiffres du tableau 22, résumant quelques-uns des changements plus importants sont d'un intérêt considérable.

Le prochain Inventaire forestier mondial montrera sans doute plus clairement l'effet des communications améliorées sur l'accessibilité des forêts.

Parmi les pays où l'amélioration des moyens de transport ouvrira au cours des dix années à venir de larges étendues de forêts se trouvent l'Equateur, le Soudan, le Libéria, la Birmanie, le Honduras et la Thaïlande.

Tableau 22. - Augmentation des forêts accessibles

Régions

Nombre de pays

Superficie devenue accessible entre 1963 et 1957


1 000 hectares

Asie

8

13 202

Afrique

7

9 900

Amérique du Sud

1

1 800

Europe

5

722

Amérique centrale

2

213

Région du Pacifique

1

8

A mesure que les forêts deviennent plus facilement accessibles et que se développent les industries forestières, progressera l'étendue des forêts exploitées. A la question de savoir la superficie des forêts qui pourront selon les prévisions devenir «utilisées» au cours des dix prochaines années (jusqu'à fin 1968), 29 pays ont répondu indiquant une augmentation prévisible des forêts exploitées totalisant plus de 28 millions d'hectares. Les augmentations dans un choix de pays sont inscrites au tableau 23.

Tableau 23. - Augmentation des forêts utilisées dans certaines pays

Pays

Augmentation prévue jusqu'en 1968


1 000 hectares

% des forêts utilisées

Malaisie

777

353

Equateur

1 000

333

Nouvelle-Guinée (Austr.) et Papouasie

405

162

Guinée espagnole

350

146

Soudan

2 300

70

Gabon

5 000

50

Ghana

791

46

Guatemala

1 040

39

Congo belge

2 200

36

Sud Viet-Nam

1 000

27

Brésil

10 000

25

Japon

1 418

11

Douze pays seulement ont inscrit dans leurs rapports les changements survenus dans les terres boisées transformant des forêts productives en improductives, à la suite d'abus et de foisonnement végétatif, d'érosion accélérée, de submersion pour installations hydroélectriques, etc. Ces transformations totalisent 850000 hectares. Des cas de détérioration de la productivité de terres boisées se produisent partout dans le monde mais des statistiques sur les superficies touchées ne sont souvent pas disponibles.

Un des objectifs des inventaires nationaux de ressources forestières est de déterminer la superficie de forêts sur lesquelles on peut compter comme source probable de matière première industrielle. Ainsi, la base de ressources forestières n'englobe pas seulement les forêts utilisées et les forêts productives accessibles, mais également les forêts productives, encore inaccessibles. Les forêts plus éloignées, pour la plupart inaccessibles, donnent rarement lieu à compilation là où la technique des inventaires forestiers n'est qu'à ses débuts. Nombre de pays sont cependant en train de recueillir ces informations à l'aide d'inventaires, de reconnaissances extensives ou par d'autres moyens. Les réponses de 47 pays quant aux superficies productives et improductives de leurs forêts inaccessibles sont résumées par régions au tableau 24.

Tableau 24. - Forêts inaccessibles productives

Régions

Nombre de pays

Total

Productives



1 000 hectares

%

Europe

3

391

255

65

Amérique centrale

7

6 657

4 900

74

Amérique du Sud

3

35 215

21 160

60

Afrique

17

120 923

78 71865

65

Asie

15

50 167

32 189

64

Région du Pacifique

2

778

546

70

Il est très encourageant qu'il se soit trouvé pas moins de 48 pays capables - sans doute en se basant parfois sur des indications un peu superficielles - de se livrer à un calcul provisoire concernant la qualité des vastes surfaces boisées se trouvant encore matériellement hors d'une possible exploitation. Bien des opinions contradictoires ont été émises au sujet du dernier potentiel de ces forêts, quelle serait leur valeur une fois la pénétration accomplie. Les données inscrites au tableau 24 montrent que les autorités forestières intéressées comptent qu'une proportion considérable, variant entre trois cinquièmes et trois quarts, consiste en forêts productives, forêts capables de produire des récoltes utilisables de bois ou d'autres produits forestiers.

Les données contenues dans les rapports reçus ne suffisent pas pour faire une estimation des totaux régionaux; on ignore même si la situation dans les pays faisant rapport reflète réellement la situation générale dans les régions respectives. Mais même les chiffres partiels sont frappants. Les 21 millions d'hectares de forêts inaccessibles, considérées comme productives par les seuls trois pays sud-américains ayant fait rapport, représentent par exemple une superficie égale à 28% de toutes les forêts de cette région, actuellement en exploitation. En Afrique, les 79 millions d'hectares de forêts inaccessibles, données comme productives sont équivalentes à environ deux tiers de la superficie boisée, actuellement utilisée dans cette région.

Conclusion

Le rapport sur l'inventaire forestier mondial 1953 démontrait clairement que théoriquement les forêts du monde seraient capables de fournir un flux abondant de produits, suffisants pour une population mondiale dépassant largement celle d'aujourd'hui. Cela est confirmé par le nouvel inventaire et en général les données les plus récentes laissent entrevoir que certaines ressources jusqu'ici non exploitées pourraient être plus riches que l'on ne supposait autrefois. Par ailleurs, les nouveaux inventaires nationaux ont révélé des volumes de bois bien plus importants en Amérique du Nord et en U.R.S.S., et un volume quelque peu plus grand en Europe, que les chiffres antérieurs ne l'auraient fait supposer.

Sur 4 405 millions d'hectares de forêts 33% seulement ont été jusqu'ici mis en exploitation. 2 940 millions d'hectares ne sont pas encore utilisés et sur cette superficie, on estime que pas moins de 1268 millions d'hectares sont matériellement à portée d'exploitation. Les vastes étendues boisées se trouvant encore hors de portée d'exploitation comprennent d'importances superficies qui resteront probablement inexploitées dans un avenir prévisible à cause soit de la qualité, soit de l'emplacement. Cela n'empêche qu'environ 50 pays ont pu indiquer que plus de la moitié de leurs forêts encore inaccessibles sont considérées comme productives dans ce sens que leur composition permet d'espérer qu'un jour, si la nécessité se produit, elles peuvent économiquement fournir d'abondants produits forestiers. Naturellement, les forêts ne sont pas réparties sur la terre d'une manière égale et l'apparente richesse globale ne doit pas dissimuler le fait que certaines régions sont extrêmement riches pendant que d'autres sont excessivement pauvres en forêts par rapport à la population qu'elles ont à servir, indistinctement qu'il s'agisse de services rendus en premier lieu sous forme de récolte de bois ou qu'il s'agisse du rôle toujours extrêmement important, souvent décisif, de la fonction protectrice de la forêt. L'inventaire contient quelques indications sur les terres perdues pour la forêt, parfois du fait de la colonisation agricole permanente, parfois à la suite des ravages occasionnés par les cultures nomades. Ces dernières représentent un facteur inquiétant, non seulement du fait de la richesse forestière ainsi détruite ou pour les conséquences désastreuses susceptibles de s'ensuivre pour le régime du sol et des eaux, mais aussi sous l'angle social. Les pays qui en sont au début de leur développement et qui s'efforcent d'élever leur niveau de vie - au point de vue culturel et matériel - ne peuvent pas se permettre de laisser des groupes entiers de la collectivité vivre dans les mêmes conditions qu'à l'âge néolithique. Il reste évidemment beaucoup à apprendre au sujet de l'étendue, la nature et l'effet des cultures nomades. Dans un monde en mouvement, il est oiseux de vouloir affirmer que, dans certaines conditions de la forêt et du sol, ce serait là la forme d'agriculture la mieux adaptée à l'entourage local. Car, si cette opinion peut être valable dans certaines circonstances spéciales, elle ne repose que sur des considérations purement techniques, une opinion qui ignore les valeurs humaines et les nécessités du progrès de l'humanité.

Les indications de cet inventaire se référant aux terres perdues pour la forêt et qui s'occupent aussi des cultures nomades, expliquent que cet amenuisement des surfaces boisées n'est pas réservé aux seules régions relativement bien dotées de forêts.

D'autre part, les données recueillies sur le reboisement semblent indiquer que les cinq dernières années ont vu les efforts les plus énergiques de l'histoire en vue de donner de l'extension aux terres boisées dans les pays où le couvert est estimé inadéquat pour que la forêt puisse efficacement remplir son rôle productif et protecteur. Il y a aussi des signes probants que beaucoup d'autres pays envisagent sérieusement la question de savoir quels seront les besoins forestiers futurs de leur population; l'augmentation des terres boisées désignées pour rester des forêts permanentes est un symptôme réconfortant.

Ce sont toujours les forêts d'essences résineuses, relativement homogènes, facilement accessibles et utilisables, dont la mise en valeur s'effectue avec le plus grand succès. Les trois régions de l'hémisphère septentrional - Europe, U.R.S.S. et Amérique du Nord - avec 29% de la population mondiale et 46% de toutes les forêts, possèdent également les deux tiers des forêts utilisées et produisent les deux tiers des quantités enlevées. Il y a cinq ans, on estimait que l'accroissement brut dans les forêts de résineux utilisées s'équilibrait à peu de chose près avec l'extraction (abattages, pertes par incendie, parasites, cultures nomades, etc.). Les ressources nouvelles mises en évidence par le présent inventaire et, dans une certaine mesure, la mise en exploitation de nouvelles étendues boisées semblent indiquer que les extractions, évaluées à approximativement 1000 millions de m³ (avec écorce) sont considérablement moindres que l'accroissement, évalué à 1400 millions de m³ Dans les 709 millions d'hectares de forêts feuillues utilisées on peut calculer l'accroissement brut à approximativement 1370 millions de m³ (avec écorce), volume réduit par les abattages et les pertes d'environ 1200 millions. L'envergure des pertes naturelles et des pertes occasionnées dans certaines régions pendant le débardage et le transport, montrent combien il reste à faire dans les domaines de la protection de la forêt et des méthodes de coupe.

De considérables progrès ont été réalisés dans l'aménagement des forêts au cours de ces cinq années bien qu'il soit à craindre que quelques-uns des chiffres indiqués ne soient un peu trop optimistes et qu'une partie du progrès déclaré ne soit illusoire. Certains symptômes intérieurs semblent montrer que, par exemple, l'expansion considérable des superficies soumises aux règlements d'exploitation exprime souvent un espoir et une intention plutôt qu'une réalisation, c'est-à-dire que, si des règlements d'exploitation ont peut-être bien été élaborés et ajoutés au dossier, on ne s'y astreint pas toujours strictement en forêt. Il y a peu de signes d'où l'on pourrait conclure que les méthodes de coupe se soient sensiblement perfectionnées, prenant le monde dans l'ensemble, bien que là aussi les statistiques cachent peut-être une certaine tendance de la part des nombreuses autorités forestières à faire apparaître des normes supérieures, selon leur opinion.

Mais malgré toutes les défectuosités des informations ici réunies - et rien n'a été fait pour dissimuler que de sérieuses lacunes subsistent, que les données sont rarement comparables d'un pays à l'autre et qu'elles ne s'enchaînent pas toujours logiquement dans le temps - trois faits demeurent: d'abord l'inventaire présent offre une image plus complète des ressources forestières mondiales qu'aucun des deux précédents; ensuite on constate des progrès réconfortants, au cours de ces cinq ans, dans le champ et dans le niveau des statistiques forestières; enfin, il reste beaucoup à faire dans la majorité des pays avant qu'on puisse considérer les statistiques forestières nationales comme adéquates, soit pour l'élaboration d'une politique forestière à long terme, soit pour dresser des plans rationnels à l'usage des industries forestières.


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