Huiles et graisses

Production

Selon les projections, l'augmentation de la production mondiale annuelle d'huiles et de graisses devrait être de 2,6 pour cent d'ici à 2010, contre 4,5 pour cent au cours de la décennie précédente. Parmi les huiles, la part de la production représentée par l'huile de palme devrait augmenter à nouveau pour atteindre 22 pour cent, soit un accroissement de plus de 4,3 pour cent par an pendant la période considérée, encore que ce chiffre soit nettement inférieur au taux de 6,6 pour cent qui a marqué les dix années précédentes. La part de la production représentée par l'huile de soja restera sans doute inchangée ou n'augmentera que modérément pour se situer à 23 pour cent environ de la production totale d'huiles. Les autres huiles, peut-être à l'exception des graisses animales, devraient voir diminuer leur part de la production.

Du point de vue régional, l'accroissement de la production d'huiles et de graisses reflétera des tendances semblables à celles qui caractérisent les autres produits, et l'accroissement de la production dans les pays en développement - 3,3 pour cent par an - dépassera le rythme enregistré dans les pays développés, un élément marquant étant par ailleurs la nette reprise dans les pays en transition. Dans les pays en développement, la production augmentera dans des proportions particulièrement marquées au Brésil et en Argentine, à un rythme de 3,9 pour cent et 3,5 pour cent respectivement, par suite, presque entièrement, de l'augmentation de la production d'huile de soja. En Indonésie et en Malaisie, la production d'huile de palme devrait augmenter de 6,5 pour cent et 3,7 pour cent respectivement, soit nettement moins que pendant la décennie précédente, le rajeunissement des plantations devant réduire les récoltes au début de la période couverte par les projections. La production mondiale, pour toutes les graisses et huiles considérées ensemble, restera concentrée dans un petit nombre de pays. Ainsi, 11 pays - 4 pays développés et 7 pays en développement - représentent environ 80 pour cent de la production mondiale, pourcentage qui devrait continuer à augmenter pendant la période couverte par les projections.

À moyen terme, un important point d'interrogation, pour les marchés des graines oléagineuses, tient à la production et à la commercialisation de cultures génétiquement modifiées, particulièrement dans les pays qui produisent soit de l'huile de soja, soit de l'huile de colza (canola). Les modifications génétiques ont tendu principalement à accroître les rendements et à réduire les coûts de production, et ainsi à encourager une production accrue. Toutefois, les pays ont choisi des espèces génétiquement modifiées ou non selon les caractéristiques de leurs marchés intérieurs et de leurs marchés d'exportation. Dans certains pays, les espèces génétiquement modifiées ont été rapidement adoptées tandis que, dans d'autres, des mesures et des réglementations restrictives ont débouché sur une situation caractérisée par des marchés de plus en plus fragmentés. Pendant toute la période couverte par les projections, cette question continuera de revêtir une importance critique et des incertitudes considérables subsistent quant au montant de la prime que les marchés pourront être disposés à payer pour une huile provenant d'espèces non génétiquement modifiées. Même à l'intérieur de certains pays, il est probable que l'imposition de systèmes de préservation de l'identité des produits sera de plus en plus fréquente pour répondre aux préoccupations diverses des consommateurs.

Demande

Les pays en développement, par suite de l'accroissement de leur population et de leurs revenus ainsi que d'une consommation initialement plus faible, devraient être à l'origine de la majeure partie de l'augmentation globale, de 2,5 pour cent par an, de la demande d'huiles et graisses. Dans ces pays, l'augmentation devrait être en moyenne de 2,8 pour cent (contre 1,8 pour cent dans les pays développés), et leur part du marché devrait légèrement augmenter pour passer de 60 pour cent à 62 pour cent d'ici à 2010. Par habitant, l'augmentation devrait être la plus forte dans les pays en transition, où une consommation accrue sera encouragée par l'augmentation des revenus. Les différences entre pays pour ce qui est des niveaux de consommation d'huiles et graisses persisteront, la consommation par habitant dans les pays en développement devant sans doute rester, en moyenne, inférieure au tiers de ce qu'elle est dans les pays développés.

L'aggravation des préoccupations manifestées par les consommateurs quant à l'innocuité des produits alimentaires et à la dégradation de l'environnement dans beaucoup de pays a affecté les marchés nationaux et internationaux, et cette tendance devrait persister sur plusieurs fronts. La principale préoccupation des consommateurs tient aux organismes génétiquement modifiés (OGM). La fragmentation des marchés, qui s'est beaucoup accélérée ces dernières années, persistera sans doute non seulement entre pays mais aussi, peut-être, à l'intérieur des pays eux-mêmes. Dans d'autres domaines, le resserrement progressif des règles et normes de qualité, y compris des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) affectera le commerce sur les marchés. L'on peut en citer comme exemple la teneur en aflatoxine des arachides et les codes de bonnes pratiques élaborés pour améliorer les modalités de stockage et de transport des huiles et des graisses destinées à l'alimentation humaine.

L'utilisation à des fins autres que l'alimentation des huiles et graisses devrait s'accroître, surtout si le climat politique est favorable dans certains pays, en particulier développés. Aux États-Unis, dans l'UE et ailleurs, les pays appuient une utilisation accrue de biocombustibles qui ont un impact relativement mineur sur l'environnement et qui peuvent, dans une certaine mesure, remplacer le pétrole brut importé. L'industrie oléochimique, qui consomme actuellement 15 pour cent environ de la production de graisses et huiles, devrait également continuer à se développer plus rapidement que la demande destinée à la consommation humaine, et certains pays en développement joueront sans doute à cet égard un rôle plus important.

Commerce

Les exportations mondiales d'huiles et graisses devraient augmenter d'environ 15 millions de tonnes d'ici à 2010 par rapport aux niveaux de la période de référence. La production étant très concentrée dans quelques pays, son augmentation dans quelques-uns seulement sera sans doute à l'origine de la majeure partie de l'augmentation des exportations, tandis que la consommation croissante d'huiles et graisses dans tous les pays entraînera une dispersion de plus en plus grande des importations. Pendant la période de référence, 85 pour cent environ des exportations provenaient de neuf pays (quatre développés et cinq en développement), et ce pourcentage devrait progresser pendant la période couverte par les projections, la part de marché détenue par le Brésil et l'Argentine (huile de soja) et par la Malaisie et l'Indonésie (huile de palme) devrait s'élargir. La part des exportations détenues par les États-Unis, qui sont actuellement le deuxième exportateur mondial, devrait reculer de 18 pour cent actuellement à 12 pour cent en 2010. Ces données mettent en relief un aspect important des marchés des huiles et graisses, à savoir que c'est surtout entre pays en développement que le commerce change. La part des exportations détenue par ces pays pourra passer de 60 pour cent à 70 pour cent et leur part des importations de 61 pour cent à 65 pour cent. Les pays d'Europe occidentale et d'Afrique deviendront vraisemblablement plus tributaires des huiles et graisses importées.

Prix

La tendance à la baisse à long terme des prix réels de l'huile de soja^[8] sur les marchés internationaux a été de l'ordre de 2,4 pour cent par an. Cette diminution a été due à une progression marquée de la productivité des cultures de diverses graines oléagineuses et surtout d'huile de palme. Les prix réels des huiles et graisses devraient revenir à leurs tendances après être tombés à un creux au début de la période couverte par les projections (2000-2001). La convergence des prix avec leur tendance s'explique par la fermeté persistante de la demande sous-jacente d'huiles et graisses, les perspectives d'élévation des revenus et d'accroissement démographique pendant la période considérée et la sensibilité de la consommation à de tels changements, particulièrement dans les pays en développement.

Tableau 2.13 - Huiles et graisses: projections de la production et de la consommation

1/ Moyenne 1998-2000

Tableau 2.14 - Huiles et graisses: projections du commerce

1/ Moyenne 1998-2000