Coton

Introduction

Pendant les années 90, la production, la consommation et le commerce mondiaux de coton n'ont progressé que lentement. La production annuelle moyenne pendant la période 1999-2001 a été de 19,9 millions de tonnes, soit 900 000 tonnes de plus que dix ans auparavant. Le taux annuel de croissance n'a été que de 0,4 pour cent, soit bien moins que pendant les quelques décennies antérieures. Le commerce n'a pas augmenté rapidement non plus: le taux annuel de croissance entre 1989-1991 et 1999-2001 n'a atteint que 0,6 pour cent environ, soit à peu près un tiers du taux de 2 pour cent qui a marqué les quelques dizaines d'années antérieures. Les prix du coton ont beaucoup fléchi depuis 1997 et sont tombés fin 2001 à un niveau jamais vu précédemment. Depuis 1996, cependant, plusieurs éléments significatifs ont, au plan régional et national, influé sur la production et le commerce et continueront de dicter la configuration de la demande, de la production et du commerce mondiaux de coton au cours des dix prochaines années. Il s'agit notamment de la culture de nouvelles variétés de coton génétiquement modifiées ou transgéniques, de l'apparition de nouveaux producteurs à faible coût, de l'application de l'Accord sur les textiles et les vêtements (ATV), de l'expansion économique mondiale, de l'accroissement démographique et de la concurrence provenant, sur le plan des prix, des fibres artificielles.

Consommation

Étant donné le progrès technologique et l'apparition de nouveaux producteurs à faible coût, il y a lieu de supposer que la compétitivité du coton par rapport aux fibres synthétiques ne continuera pas de se dégrader au cours des dix années à venir. Il est projeté que la consommation mondiale de coton devrait s'accroître de 1,5 pour cent par an pour atteindre 23,1 millions de tonnes en 2010. Ce taux de croissance est nettement inférieur au taux effectif enregistré entre 1980 et 1990, qui a été d'environ 2,8 pour cent, mais dépasse le chiffre de 0,6 pour cent qui a marqué la période 1991-2000. Le ralentissement de l'augmentation de la consommation est imputable à la presque saturation du marché sur les pays développés et à la mise en culture d'autres récoltes, spécialement des récoltes vivrières dans les pays en développement. Entre 1990 et 2000, la Chine, l'Inde et le Pakistan n'ont enregistré guère d'expansion, voire aucune, des superficies plantées de coton. La consommation totale dans les pays développés et dans les pays en développement devrait atteindre 12,7 millions et 10,4 millions de tonnes respectivement en 2010.

La consommation des cotonneries dépend à la fois de la consommation interne et du commerce de textiles. Dans les pays développés, elle devrait reculer de 0,3 pour cent par an pendant la décennie en cours, la demande accrue de textiles de coton dans lesdits pays devant vraisemblablement être couverte par les importations. Elle continuera sans doute de décliner aux États-Unis, au Japon, en Australie et dans beaucoup de pays d'Europe occidentale. Toutefois, la diminution annuelle de la consommation des cotonneries sera beaucoup plus lente que les 3,9 pour cent les dix dernières années. Après une chute brutale de la consommation des cotonneries depuis les années 60, la consommation mondiale dans les pays développés n'était plus que de 4,2 millions de tonnes en 2000, soit moins de 20 pour cent de la consommation mondiale totale des cotonneries.

Bien que la consommation des cotonneries ait fléchi de 4 pour cent dans beaucoup de pays développés au cours de la décennie écoulée, elle n'a guère changé aux États-Unis et en Italie, qui sont les premiers producteurs mondiaux de textiles de haute qualité et d'articles de mode. Au Japon, la consommation des cotonneries continuera vraisemblablement de baisser, mais à un rythme plus lent, tandis que dans les pays de l'ancienne Union soviétique et d'Europe orientale, la consommation des cotonneries devrait reprendre quelque peu après la chute marquée qui a caractérisé les dix années écoulées.

Sous l'effet, principalement, des exportations de textiles plutôt que de la demande intérieure, l'augmentation annuelle de la consommation devrait demeurer supérieure à la moyenne dans les pays d'Extrême-Orient. Selon les projections, la consommation totale des cotonneries atteindra 14,8 millions de tonnes en 2010, soit un taux annuel d'augmentation de 2,4 pour cent, chiffre plus élevé que la moyenne des pays en développement. C'est sans doute en Chine, en Inde et au Pakistan que la consommation des cotonneries demeurera la plus forte du monde, avec des taux annuels de croissance de 3,1, 1,6 et 2,2 pour cent respectivement. En 2010, elle devrait atteindre 7,2 millions de tonnes en Chine, 3,4 millions de tonnes en Inde et 2,2 millions de tonnes au Pakistan, de sorte que ces trois pays représenteront plus de la moitié de la consommation mondiale des cotonneries.

L'augmentation de la consommation des cotonneries en Amérique latine ne devrait être que de 0,5 pour cent pendant la décennie en cours contre 2,6 pour cent pour la période 1990-2000. L'augmentation se ralentira vraisemblablement au Brésil et au Mexique, qui sont les plus gros consommateurs de la région, mais plus rapide dans de petits pays consommateurs comme la Colombie, où la consommation des cotonneries devrait progresser de 3,5 pour cent. Toutefois, si l'Accord nord-américain de libre-échange (ANALE) était élargi au Brésil et à plusieurs autres pays de la région pendant la décennie en cours, la consommation de leurs cotonneries augmenterait considérablement.

En Afrique, la consommation totale des cotonneries devrait se contracter à un rythme annuel de 3 pour cent par suite, principalement, de la stagnation de la consommation intérieure et de la faible compétitivité de la production sur les marchés mondiaux des textiles et des vêtements.

Après avoir été marqué par une accélération rapide au cours des dix dernières années, la consommation dans les pays du Proche-Orient devrait continuer d'augmenter, mais plus lentement. En Turquie, plus gros pays consommateur de cette région, la consommation devrait atteindre 1,35 million de tonnes en 2010, soit une progression annuelle de 1,2 pour cent, contre 7,6 pour cent pendant les années 90. Les relations économiques et politiques avec l'UE ont bénéficié à la Turquie, qui a connu une augmentation très forte des exportations de textiles au cours des dix dernières années. Néanmoins, l'élimination des contingents de textiles en 2005 pourrait soumettre les exportations turques de textiles à une concurrence plus intense.

Production

La demande mondiale accrue de coton devrait encourager une production plus élevée au cours des dix prochaines années. Ainsi, la production mondiale de coton devrait progresser de 1,5 pour cent par an pour atteindre 23,1 millions de tonnes en 2010. Les pays en développement continueront de détenir la plus large part de production mondiale de coton: leur production devrait se situer à 16,2 millions de tonnes en 2010, soit quelque 70 pour cent du total mondial.

Dans les pays d'Afrique, la production devrait augmenter rapidement - au rythme de 3,2 pour cent par an - pour se chiffrer à 1,7 million de tonnes en 2010. Le taux annuel de croissance devrait atteindre 2,1 pour cent en Amérique latine. En 2010, le Brésil devrait produire 1 million de tonnes de coton par suite, principalement, de l'expansion dans de nouvelles régions de production.

Dans la région du Proche-Orient, l'augmentation de la production devrait se ralentir et le taux annuel de croissance devrait être de 0,4 pour cent au cours des dix prochaines années, soit beaucoup moins que les 2,7 pour cent les dix années écoulées. En Égypte, la production devrait se stabiliser, le renchérissement de l'irrigation continuant de limiter beaucoup les possibilités d'expansion. Le développement de l'irrigation a beaucoup contribué à encourager la production en Turquie au cours des dix dernières années et continuera de le faire, mais à un rythme moins rapide.

L'Asie demeurera la troisième région productrice de coton du monde avec 11,2 millions de tonnes en 2010, soit quelque 44 pour cent de la production mondiale. Toutefois, les utilisations concurrentes de la terre, spécialement pour les cultures vivrières, constituent une contrainte majeure. En Chine, la production devrait être de 6,1 millions de tonnes en 2010, soit un taux annuel de croissance de 3 pour cent. En Inde et au Pakistan, ces chiffres devraient être de 3 millions de tonnes et 2 millions de tonnes et les taux annuels de croissance de 1,8 pour cent et 1 pour cent respectivement.

Dans les pays développés, la production devrait rester stable, sauf en Afrique du Sud et dans quelques pays d'Europe orientale et de l'ancienne Union soviétique. Aux États-Unis, la production restera sans doute essentiellement inchangée à 4 millions de tonnes en 2010, tandis qu'en Europe occidentale, elle devrait fléchir de quelque 5,6 pour cent par an pour tomber à 0,3 million de tonnes. Les augmentations des importations de textiles et les coûts de main-d'oeuvre découragent en effet une expansion de la production nationale. Si les actuelles politiques agricoles étaient réformées, la production de ces pays développés se contracterait encore plus. Bien que quelques pays d'Europe orientale et de l'ancienne Union soviétique puissent beaucoup accroître leur production, des contraintes aussi bien institutionnelles que financières risquent d'empêcher les pays comme l'Ouzbékistan et le Tadjikistan d'inverser la tendance à la baisse de leur production. De ce fait, la production en Europe orientale et dans l'ancienne URSS devrait être de 1,64 million de tonnes en 2010, soit une progression de 0,6 pour cent par an.

Commerce

Le développement du commerce mondial de coton s'est beaucoup ralenti au cours des quelques dernières dizaines d'années. Cependant, si le schéma des échanges entre pays développés et pays en développement est demeuré inchangé, le commerce entre pays en développement eux-mêmes a augmenté. L'Afrique, en particulier, est apparue comme un important exportateur sur les marchés mondiaux. Toutefois, étant donné la concurrence en provenance des fibres artificielles et la lenteur du développement des échanges de textiles, aucune augmentation majeure du commerce de coton n'est attendue. Le commerce mondial de coton devrait continuer de se développer à un rythme annuel d'environ 1 pour cent au cours de la décennie. Il est probable que le commerce mondial de coton atteindra quelque 6,6 millions de tonnes en 2010, soit approximativement 9 pour cent de plus qu'actuellement.

Les pays développés devraient continuer d'être à l'origine de plus de la moitié des exportations nettes mondiales de coton. Les États-Unis, premier exportateur mondial, devraient exporter 2,45 millions de tonnes en 2010, soit un taux annuel de croissance de 3,5 pour cent. Cette augmentation des exportations est imputable dans une large mesure à la diminution de la consommation des cotonneries américaines et à l'augmentation des importations de textiles et de vêtements. En revanche, les exportations nettes de l'UE devraient tomber de 0,35 à 0,21 million de tonnes en 2010 par suite de la progression des importations de textiles et de vêtements et de la diminution de la production. Alors que ses exportations ont augmenté de 7 pour cent par an pendant la période 1990-2000, l'Australie devrait voir ses exportations tomber pendant la décennie en cours à 0,5 million de tonnes. Les exportations des pays d'Europe orientale et de l'ancienne Union soviétique devraient se stabiliser à un niveau proche du chiffre actuel de 1,25 million de tonnes pendant la décennie par suite, surtout, de la lenteur de l'augmentation de la production et de l'augmentation de la consommation des cotonneries nationales.

Après avoir diminué au cours des dix années écoulées, les exportations nettes de coton des pays en développement devraient augmenter pendant la décennie en cours. Celles de l'Afrique devraient continuer de s'accroître de 4,4 pour cent par an pour se monter à 1,5 million de tonnes en 2010, ce qui sera dû essentiellement à l'augmentation de la production. Les pays en développement de toutes les autres régions verront sans doute leurs exportations nettes diminuer, si tant est qu'ils ne deviennent pas importateurs nets pendant la décennie actuelle.

Bien que la production de coton doive augmenter, les exportations de l'Amérique latine devraient se stabiliser à un niveau proche de leur niveau actuel. La baisse des exportations de l'Argentine devrait être compensée par une augmentation de celles du Paraguay, tandis que les exportations brésiliennes devraient rester inchangées. De ce fait, les exportations totales de cette région ne devraient pas dépasser 0,25 million de tonnes en 2010.

Les exportations du Proche-Orient tomberont sans doute de leur niveau actuel de 0,38 million de tonnes à 0,28 million de tonnes en 2010, cette réduction étant due notamment à la diminution des exportations syriennes et turques. Étant donné la nécessité d'accroître leurs exportations de textiles, et compte tenu de la lenteur de l'augmentation de la production, les exportations du Proche-Orient continueront vraisemblablement de se contracter.

Les pays en développement jouent un rôle de plus en plus important dans les importations de coton: en 1999-2001, ils représentaient 68 pour cent environ des importations mondiales, soit nettement plus que les 50 pour cent de la fin des années 80. Il est probable que cette part atteindra 71 pour cent en 2010 du fait, essentiellement, de l'augmentation de la demande de matières premières pour les textiles exportés par les pays en développement. L'Amérique latine et l'Asie représenteront la majeure partie de ces importations, qui pourraient atteindre 0,7 et 3,4 million de tonnes respectivement en 2010.

En une période d'augmentation des importations d'articles manufacturés en coton, les pays développés, y compris le Japon et les pays membres de l'Union européenne, devraient réduire leurs importations de coton brut pendant la décennie en cours. En 2010, les importations totales de coton brut des pays développés devraient être de l'ordre de 1,9 million de tonnes, soit un chiffre égal au niveau actuel mais inférieur de 23 pour cent au niveau de 1989 -1991.

Problèmes et incertitudes

Les années 90 ont été marquées par des fluctuations substantielles des cours mondiaux du coton. Après avoir dépassé 2,00 dollars/kg en 1995/1996, l'indice Cotlook A est tombé à moins de 1,00 dollar/kg fin 2001.

Au cours des dix prochaines années, des facteurs liés aussi bien à l'offre qu'à la demande affecteront considérablement le marché mondial du coton. L'augmentation de la production dans les régions à faible prix de revient et la culture de coton génétiquement modifié à haut rendement exerceront des pressions à la baisse des cours mondiaux du coton. D'un autre côté, si les nouvelles négociations de l'OMC débouchent effectivement sur une réduction des niveaux du soutien interne dans les pays développés producteurs de coton, les échanges et les exportations de ces pays devraient diminuer, ce qui pourrait faire monter les cours mondiaux et délocaliser la production vers les pays producteurs à faible prix de revient.

En outre, des réductions tarifaires qui s'appliqueraient à tous les articles manufacturés, y compris les textiles et les vêtements, ont été proposées dans le contexte des nouvelles négociations de l'OMC. Si l'Ordre du jour du développement de Doha aboutit à des réductions tarifaires significatives et effectives concernant les textiles et les vêtements, surtout dans le contexte de l'application de l'Accord ATV, le marché mondial du coton pourrait être affecté par des changements très marqués. Des réductions des droits sur les textiles et les vêtements stimuleraient une augmentation de la demande de fibres aussi bien naturelles que synthétiques dans les pays développés comme dans les pays en développement. L'Arrangement multifibres limitait les échanges, mais le système de contingents avait pour effet d'accorder un traitement préférentiel à certains pays qui n'ont que des avantages comparatifs limités sur les marchés mondiaux des textiles et des vêtements. L'élimination des contingents en même temps que les réductions tarifaires intensifieraient la concurrence mondiale dans les secteurs des textiles et des vêtements. Nombre des pays producteurs à prix de revient élevé pourraient se trouver évincés de ces marchés et même devenir des importateurs, ce qui transformerait le schéma du commerce mondial de coton. Globalement, la production et le commerce de coton pourraient être plus élevés et le marché mondial pourrait être plus stable, avec des prix plus élevés, pendant la décennie en cours.

Tableau 2.68 - Coton brut: production effective et projetée

Source: Bulletin du Comité consultatif international du coton (CCIC) (CD-Rom), juin 2002.

Tableau 2.69 - Coton: consommation effective et projetée des cotonneries

Source: Bulletin du Comité consultatif international du coton (CCIC) (CD-Rom), juin 2002.

Tableau 2.70 - Coton brut: exportations effectives et projetées

Source: Bulletin du Comité consultatif international du coton (CCIC) (CD-Rom), juin 2002.

Tableau 2.71 - Coton brut: importations effectives et projetées

Source: Bulletin du Comité consultatif international du coton (CCIC) (CD-Rom), juin 2002.