Appels à l'expansion de la protection sociale dans les zones rurales lors du Dialogue régional sur la protection sociale en Afrique

28 mai 2024, Kampala – Les intervenants à l'ouverture du Dialogue régional sur la politique de protection sociale en Afrique ont appelé à une expansion de la protection sociale pour couvrir les pauvres ruraux du système agroalimentaire qui risquent d'être laissés pour compte dans le développement de l'Afrique. Le dialogue souligne le rôle crucial que joue la protection sociale dans la réduction de la pauvreté, la diminution de la faim, l'amélioration de la sécurité alimentaire, le renforcement de la résilience et la promotion de moyens de subsistance productifs. Actuellement, seulement 13,7 % de la population de l'Afrique subsaharienne bénéficie d'au moins une prestation de protection sociale, avec 19,8 % des personnes âgées recevant une pension de vieillesse. Cela laisse des millions de travailleurs ruraux, d'enfants, de mères avec des nouveau-nés, de chômeurs, de personnes incapables de travailler en raison de maladies ou de blessures, de personnes handicapées, de personnes âgées, et bien d'autres sans soutien essentiel. Accueilli par le gouvernement ougandais et organisé par le Bureau régional pour l'Afrique de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Forum des universités régionales pour le renforcement des capacités en agriculture (RUFORUM), l'événement vise à encourager le renforcement des systèmes de protection sociale liés à la transformation des systèmes agroalimentaires à travers l'Afrique subsaharienne. « J'appelle toutes les parties prenantes – agences gouvernementales, partenaires de développement, organisations de la société civile et secteur privé – à se réunir pour soutenir la protection sociale et promouvoir la cohérence avec les systèmes agroalimentaires », a déclaré l'Hon. Betty Amongi Ongom, Ministre ougandaise du Genre, du Travail et du Développement social, lors de la cérémonie d'ouverture. « Je m'engage à développer et à mettre en œuvre des politiques qui favorisent l'inclusion sociale, réduisent la pauvreté et autonomisent les membres les plus vulnérables de notre communauté, et la plupart de ces personnes résident dans les zones rurales. Nous devons travailler ensemble pour construire une société plus équitable et juste », a-t-elle ajouté.

Approches innovantes pour lutter contre la pauvreté et la faim

Les discussions interviennent à un moment critique, alors que le continent est confronté à des défis socio-économiques marqués. Plus de 80 % des pauvres vivent dans les zones rurales, dont 70 % tirent leurs revenus de l'agriculture. La faim augmente dans toutes les sous-régions de l'Afrique, avec environ 868 millions de personnes modérément ou sévèrement en situation d'insécurité alimentaire sur le continent, dont plus d'un tiers gravement en situation d'insécurité alimentaire. Plus d'un milliard d'Africains ne peuvent pas se permettre une alimentation saine.

Dans ses remarques d'ouverture, Abebe Haile-Gabriel, Sous-Directeur général et Représentant régional de la FAO pour l’Afrique, a souligné l'importance des approches innovantes pour lutter contre la pauvreté et la faim. « Notre objectif commun est d'explorer des approches innovantes et basées sur des preuves au sein des systèmes de protection sociale qui peuvent être adoptées, soutenues et amplifiées pour relever efficacement les défis complexes auxquels les populations rurales en Afrique sont confrontées », a-t-il déclaré. « L’Afrique que nous voulons, telle qu'énoncée dans l'Agenda 2063, repose fortement sur le fait que la protection sociale et ses socles soutiennent la réalisation de la vision du continent », a déclaré le Prof. Patrick Okori, Secrétaire exécutif du RUFORUM, dans son discours. « Je nous exhorte tous à faire entendre nos voix et à nous engager lors de ce dialogue politique... Nos peuples africains disent avec sagesse : 'Si vous pensez que vous êtes trop petit pour faire une différence, vous n'avez pas passé la nuit avec un moustique'. Aucune contribution n'est trop petite pour ne pas provoquer un effet d'entraînement », a-t-il affirmé. Les experts techniques partageront au cours des prochains jours les données qui soulignent l'impact significatif des investissements en protection sociale liés à l'action climatique et aux systèmes agroalimentaires. Les pays qui allouent une plus grande part de leur PIB à la protection sociale enregistrent des taux de pauvreté plus bas et des indices de développement humain plus élevés par rapport à ceux ayant des investissements moindres.

De tels investissements génèrent des retours économiques substantiels et des effets multiplicateurs dans les économies locales grâce à une productivité accrue, à la réduction des coûts de santé et à une cohésion sociale renforcée. Dans le contexte de l'Afrique rurale, où les femmes constituent 60 % de la main-d'œuvre agricole mais font face à des niveaux plus élevés d'insécurité alimentaire et à un accès limité aux ressources, l'expansion de la protection sociale est particulièrement cruciale. Le renforcement de ces systèmes soutient non seulement les populations vulnérables, mais favorise également une stabilité économique et une résilience plus larges. Le Dialogue politique régional en cours à Kampala est prêt à poser les bases de stratégies et de partenariats actionnables qui renforceront les systèmes de protection sociale à travers le continent pour améliorer une couverture efficace des populations rurales, en veillant à ce qu'ils soient intelligents face au climat, réactifs aux chocs et transformateurs sur le plan du genre. La réunion de trois jours vise à examiner l'état actuel de la protection sociale dans les zones rurales d'Afrique, à partager des perspectives sur les questions et les tendances émergentes, à identifier les lacunes dans les systèmes existants, et à proposer des actions stratégiques pour lier la protection sociale à la transformation rurale inclusive.