Bureau régional de la FAO pour l'Afrique

Simulation d’un cas de toxi-infection alimentaire collective chez des populations des centres urbains

La FAO renforce les capacités des acteurs pour une meilleure maîtrise des crises sanitaires d’origine alimentaire.

©FAO/Samba Sambou

02/08/2024

Fatick, Sénégal - L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à travers son bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Ouest (SFW), a organisé une simulation d’un cas d’intoxication alimentaire collective à grande échelle chez des populations des centres urbains, en collaboration avec le Comité national du Codex du Sénégal, sous l’égide du Ministère de la Santé et de l’Action sociale. 

Cet exercice, qui s’est tenu à Fatick, du 30 juillet au 02 août 2024, s’inscrit dans le cadre du projet « Renforcement de la capacité de réponse aux urgences de sécurité sanitaire des aliments et amélioration de la qualité sanitaire de l’alimentation de rue au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal, financé par le Grand-Duché du Luxembourg ».  

« Le mercredi 31 juillet 2024, les sapeurs-pompiers ont été informés de cas de personnes ayant des vomissements et se plaignant de douleurs abdominales dans une maison où se tenait une cérémonie familiale. Les investigations menées auprès des accompagnants ont révélé que les patients provenaient la veille de différentes localités du pays. Sur les 70 cas référés, il a été noté 20 cas graves hospitalisés, dont huit enfants de moins de 5 ans, cinq personnes âgées de plus de 70 ans et deux femmes enceintes, dont l’une est à 8 mois de grossesse. Il a été aussi signalé que d’autres structures sanitaires ont informé les autorités de la Direction régionale de la Santé (DRS) de nombreux cas inhabituels portant ces mêmes symptômes. Les premières enquêtes sur le terrain ont permis de prélever les restes des aliments consommés. Des anomalies ont été constatées (falsification de la date de péremption) au niveau de l’étiquetage des produits de charcuterie restants dans la cuisine d’une maison où les cas sont provenus. Le chef de ménage a déclaré s’être ravitaillé au niveau d’un grossiste installé au grand marché. Interrogé, ce dernier a révélé qu’il avait fait venir la semaine d’avant des cartons de charcuterie d’une quantité de 2,5 tonnes à partir d’un pays frontalier via des intermédiaires et sans aucune autorisation. De plus, ce stock était conservé dans de mauvaises conditions d’aération et d’hygiène dans une boutique d’alimentation générale. Une partie de la marchandise a été déjà écoulée sur le marché, notamment dans les boutiques de vente de détail des quartiers environnants de la Commune de Fatick ainsi que les autres communes et départements de la région », c’est le scénario déroulé par les participants.  

Face à cette situation sanitaire, la Brigade régionale d’hygiène de Fatick alerte le point de contact d’urgence (PCU INFOSAN). Celui-ci réunit le secrétariat du Réseau INFOSAN Sénégal (RIS) qui procède alors à l’analyse de la situation (collecte de données et informations auprès de toute source, dont les autorités compétentes, évaluation de l’alerte - incident, urgence ou crise).  

« Au regard des informations reçues, l’évènement est considéré comme une crise », informe Mme Mame Diarra Faye Lèye, Point focal du Comité national du Codex et point de contact INFOSAN au Sénégal. « Le Réseau INFOSAN Sénégal a préparé, à cet effet, un projet d’arrêté de convocation du Système de gestion de l’incident (SGI) régional signé par le Gouverneur de Fatick. Le RIS a proposé également un chef de fil, qui peut être le Directeur régional du Commerce ou de l’Elevage ou le chef de service régional de l’hygiène, afin d’apporter une réponse efficace à cette crise », renchérît-elle. 

Cet exercice vise le renforcement de capacités des différentes parties prenantes du système national de sécurité sanitaire des aliments au Sénégal. Plus spécifiquement, il s‘agissait de vérifier les procédures opérationnelles du Plan national de réponse aux urgences de sécurité sanitaire des aliments (PNRUSSA) relatives à l’identification, l’évaluation, la gestion et la communication afférentes à un incident. 

« Nous cherchons, à travers cet exercice de simulation à grande échelle, à apporter une réponse coordonnée et très rapide pour limiter les dégâts en cas de toxi-infection alimentaire collective. Le plan national de réponses aux urgences de sécurité des aliments a décrit le processus à mettre en œuvre face à des situations de crise. Il fallait tester les procédures pour voir si cela correspond aux réalités sur le terrain », a indiqué Mme Mame Diarra Faye Lèye, Point focal du Comité national du Codex et point de contact INFOSAN au Sénégal.  

La FAO et l’OMS ont recommandé aux États d’élaborer des plans nationaux de réponse aux urgences de sécurité des aliments. « Nous avons accompagné le Sénégal entre 2015 et 2018 pour disposer d’un tel plan et il fut le premier pays à en disposer. Le PNRUSSA a été élaboré afin de permettre au Sénégal d’avoir une meilleure maîtrise des crises sanitaires d’origine alimentaire », a soutenu Dr Mamadou Ndiaye, Expert en sécurité sanitaire des aliments au bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest. 

Au sortir de cette simulation, les participants ont une bonne connaissance des risques émergents. « Nous saluons l’engagement des pouvoirs publics pour la réussite de cet exercice. A travers cet exercice, nous avons pu renforcer nos capacités dans le domaine de la réponse aux urgences de sécurité sanitaire des aliments (SSA) par l’opérationnalisation du PNRUSSA. La connaissance et l’appropriation des procédures opérationnelles standards définies dans le PNRUSSA par les autorités en charge de la SSA sont également renforcées. En outre, la collaboration multisectorielle et pluridisciplinaire pour une meilleure réponse aux urgences de SSA au niveau du Sénégal et la maîtrise des procédures de communication sur les risques en cas d’urgence dans le domaine de la SSA sont renforcées » a noté Pr Amadou Diouf, Président du Comité national du Codex alimentarius.    

Pour rappel, cet exercice de simulation, deuxième du genre, a mobilisé près d’une centaine de participants, notamment les acteurs communautaires, les autorités administratives et locales (Gouverneur, Préfets et Maires), les points focaux INFOSAN du niveau central, les représentants de la Direction régionale de la Santé de Fatick, les autorités compétentes de la SSA au niveau régional, des associations de consommateurs, les forces de défense et de sécurité, des opérateurs du secteur de l’alimentation et des experts de la FAO et de l’OMS. 

Contacts

Ibrahima Diallo

Spécialiste de la communication, Bureau sous-régional de la FAO pour l'Afrique de l'Ouest

Courriel : [email protected]