Science, technologie et innovation

Le Sahel est une région semi-aride de 2,5 millions de km2 qui s’étend sur huit pays subsahariens, de la côte atlantique à la mer Rouge. Le Sahel, qui se caractérise par des précipitations faibles et irrégulières, constitue un environnement défavorable à l’agriculture. L’agriculture sédentaire se pratique dans les zones les plus humides et les plus méridionales. Il s’agit généralement d’une agriculture paysanne, dont l’existence est souvent précaire en raison de la sécheresse, de la dénudation et de l’érosion des sols. Le pastoralisme est pratiqué dans les zones les plus reculées et entre souvent en conflit avec l’agriculture sédentaire en raison de la rareté des ressources en eau. Le changement climatique met en danger la durabilité et la stabilité des cultures pluviales au Sahel.

La région compte environ 150 millions d’habitants, dont plus de 64 pour cent sont âgés de moins de 25 ans. Si les ressources humaines et naturelles du Sahel offrent un potentiel de croissance économique considérable, des difficultés profondes nuisent à sa prospérité. Les habitants du Sahel figurent parmi les plus pauvres du continent africain et leurs moyens de subsistance sont souvent précaires. Plusieurs millions des habitants de la région, vivant dans les communautés les plus défavorisées, souffrent régulièrement de la faim et sont sous-alimentés.

Les petits producteurs agricoles du Burkina Faso et du Niger sont très représentatifs de ceux qui vivent dans les autres pays du Sahel. Il est possible d’améliorer la production vivrière de la région sahélienne grâce à l’irrigation, qui s’y développe depuis plusieurs décennies. Les deux pays sont dotés d’une stratégie nationale en matière d’irrigation, celle du Burkina Faso datant de 2004 et celle du Niger de 2005. Toutefois, le potentiel de l’irrigation à petite échelle n’a pas encore été pleinement exploité. Lorsqu’il est correctement pratiqué, ce type d’irrigation peut résoudre les problèmes liés à la pénurie et au gaspillage d’eau au niveau de la production agricole.

Panoramic view of the Niger River at sunset
Niamey, Niger - Vue panoramique sur le fleuve Niger au coucher du soleil. © FAO
Vegetable Plot near the Niger River in Niamey (Quartier Gamkalley)

Potager près du fleuve Niger à Niamey (Quartier Gamkalley). © Yann Fauché and Alma Mulalic

Avantages de l’irrigation à petite échelle

L’irrigation à petite échelle permet non seulement d’allonger les périodes de végétation, de sorte que les cultures puissent être produites tout au long de l’année, et non plus selon les saisons et au gré des précipitations, mais aussi d’accroître les possibilités d’emploi. Grâce au renforcement de la production et de l’emploi, le produit intérieur brut (PIB) des pays devrait augmenter et la pauvreté diminuer.

Dans le cadre de son activité pilote Pro Sahel, la FAO, en collaboration avec l’organisation AKADEMIYA2063 et avec l’appui de l’Initiative ‘‘Main dans la Main’’ et du Centre d’Investissement de la FAO vise à mettre à l’échelle les technologies relatives à l’irrigation à l’appui des petits producteurs au Burkina Faso et au Niger. Cette activité a donné lieu à l’élaboration de feuilles de route permettant aux deux pays d’accroître les investissements dans les technologies d’irrigation pour permettre de valoriser différentes filières productives.  Les méthodes proposées pour améliorer l’irrigation consistent à détourner les eaux de surface, notamment les rivières, et à utiliser des pompes de modèles différents qui sont aujourd’hui accessibles dans la région et qui permettent d’accéder aux réserves des eaux de surface et des eaux souterraines.

© FAO/Alessandra Benedetti. Selling rice at Zogona
Vente de riz au marché de Zogona dans le centre-ville de Ouagadougou, au Burkina Faso. © FAO/Alessandra Benedetti. 

Selon une étude récente, publiée par l’organisation AKADEMIYA2063, on estime qu’au Niger, 136 000 hectares de terres pourraient être irrigués de manière rentable et durable à l’aide de pompes à pédales et de pompes à moteur. De la même façon, au Burkina Faso, les petits exploitants pourraient irriguer entre 850 000 et 1 million d’hectares de terres en recourant aux mêmes techniques. Le programme permet de ne plus être tributaire des précipitations, de moins en moins régulières, tout comme il favorise la généralisation des pratiques d’irrigation actuelles et en accroît l’efficacité.

Grâce à l’irrigation, il sera possible de cultiver une grande variété de produits à haute valeur, lesquels trouveront un marché immédiat, qui permettra de générer des revenus, et pourront également être consommés au niveau des ménages, l’objectif étant d’améliorer la nutrition des familles d’agriculteurs. Parmi les produits cultivés figurent de nombreux légumes tels que l’oignon, la tomate, la pomme de terre, le niébé, le chou palmiste et les haricots frais. Par ailleurs, il est possible de produire des denrées de base, notamment le maïs et le riz.

 


Principaux systèmes agricoles et ressources en eaux de surface et souterraines en Afrique. Carte AQUASTAT de la FAO. 

Techniques d’irrigation innovantes

Les méthodes d’irrigation comprennent toute une série de techniques relatives à la répartition des eaux de surface dérivées et des eaux souterraines provenant de puits peu profonds ou profonds. Cependant, il est établi que des technologies innovantes, telles que les systèmes d’irrigation à énergie solaire, qui fonctionnent grâce à l’électricité produite par des panneaux solaires, pourraient jouer un rôle important à l’avenir. Parallèlement aux nouvelles méthodes d’extraction de l’eau, il est possible de mettre en place des systèmes novateurs d’adduction d’eau, notamment l’irrigation au goutte-à-goutte, qui réduit le gaspillage des réserves de cette eau si précieuse.

La planification du déploiement des systèmes d’irrigation s’appuie sur les connaissances et l’expérience acquises dans la région, en tirant les enseignements des précédentes tentatives visant à accroître la production agricole dans le Sahel. La priorité sera accordée aux régimes fonciers applicables aux terres et à l’eau, des questions souvent litigieuses au Sahel, ainsi qu’à la promotion d’un environnement favorable. Le projet vise à développer les meilleures pratiques. L’accent est mis sur les techniques et les technologies relatives à la récupération, à l’extraction et à l’adduction de l’eau, ainsi qu’aux innovations en matière de gouvernance. Ces domaines entrent dans le cadre de la promotion des technologies, du renforcement des systèmes de vulgarisation nationaux, de la rationalisation de l’accès au marché, de l’élargissement de l’appui aux programmes et aux possibilités d’investissement et de la mise en place de cadres institutionnels. Pour réussir, il faudra susciter l’intérêt des secteurs public et privé.

L’initiative tiendra compte des expériences présentées dans d’autres projets d’irrigation à petite échelle, nombreux, notamment le Projet d’appui à l’initiative pour l’irrigation au Sahel, l’initiative «pilotée par les agriculteurs», lancée par la Banque mondiale, et l’Alliance pour une révolution verte en Afrique. Chacun a bien conscience que le fait d’accroître l’irrigation présente des inconvénients, en particulier le risque que des maladies telles que le paludisme et la schistosomiase prolifèrent et se propagent. Toutefois, des mesures d’atténuation existent.

L’innovation et la technologie devraient permettre d’améliorer les moyens de subsistance soumis à un environnement difficile. L’irrigation à petite échelle destinée aux petits producteurs peut être transposée à plus grande échelle afin que les communautés en tirent davantage parti, notamment celles situées dans les autres pays du Sahel, qui souffrent actuellement d’un approvisionnement en eau insuffisant et irrégulier, ce qui compromet la pérennité de la production agricole.

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