Mamoutou Traoré

«Par ici, avec le mil, ce n’est pas comme avec les autres céréales. On vend tout!»
15/09/2023

Mali

 

Mamoutou Traoré est fier d’appartenir à une longue lignée de producteurs de mil dans la région semiaride de Koulikoro, au Mali. Le mil y est une céréale très appréciée mais, raconte-t-il, la production de son père a peu à peu baissé au fil des décennies. Quand il a commencé à cultiver ses propres terres, il a dû faire renaître la production familiale. 

 

«J’ai remarqué que les plats à base de mil étaient bons pour la santé et copieux. Je me suis alors donné pour mission de produire cette céréale. J’ai appris de bonnes pratiques qui m’ont permis de pouvoir en vivre et de subvenir aux besoins de ma famille.» 

 

Mamoutou Traoré aime tout particulièrement deux spécialités à base de mil: le n’gomi, sorte de galette, et le tô, plat local ressemblant à la polenta qui est connu comme «l’aliment de la campagne et des visiteurs» car il est très nutritif. D’après lui, le tô permet de réaliser des tâches physiques pendant toute une journée sans éprouver la faim, ce qui «est très rare avec les autres céréales». 

 

«Le mil est très important chez nous dans la lutte contre la faim, ajoute-t-il. C’est pour ça qu’on l’aime tant.» 

 

Quand Mamoutou apporte son excédent de mil au marché, il en tire toujours un bon prix. Cette céréale est certes plus chère que les autres mais c’est toujours ce qu’il vend le plus facilement, et ce qui lui rapporte le plus. «Par ici, avec le mil, ce n’est pas comme avec les autres céréales. On vend tout.» 

 

En plus, le mil peut être stocké longtemps. Comme un système collectif permet aux habitants de son village, Gouakoulou, d’avoir accès aux céréales pendant toute l’année, Mamoutou Traoré vend en ce moment la plus grande partie de son mil à la banque de céréales locale. 

 

À l’avenir, Mamoutou espère accroître sa production destinée au marché et participer à la transformation du mil en d’autres produits. «Par exemple, dit-il, j’ai entendu parler d’un jeune qui commence à produire du pain de mil et j’aimerais voir comment il s’y prend, quel goût a ce pain et si je pourrais en faire moi aussi pour les villageois d’ici.» 

 

Mamoutou s’attend à ce que de nombreux paysans augmentent leur production de mil ces prochaines années, surtout à mesure que le climat se réchauffe. «Le mil est une culture qui ne trahit pas les attentes, dit-il. Il est résilient face aux conditions climatiques difficiles.» 

 

«Si davantage de personnes commencent à produire du mil et si les autorités soutiennent la production, je suis convaincu que notre lutte contre la faim et l’insécurité alimentaire sera efficace. Et tant que le mil rapportera de l’argent, il contribuera aussi à lutter contre la pauvreté locale.»