AFWC/ EFC/ NEFC Comité des questions forestières méditerranéennes - Silva Mediterranea

Planification de la restauration en Tunisie

13/12/2022

Dans le cadre la composante méditerranéenne du projet «L’Accord de paris en action: intensifier les efforts de restauration des forêts et des paysages pour atteindre les objectifs des contributions déterminées au niveau national», financé par l’Initiative internationale pour le climat (IKI) du Ministère fédéral allemand des Affaires économiques et de l’Action climatique (BMWK), le Directorat général des forêts (DGF) de Tunisie a demandé l’assistance technique du Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages (FLRM) de l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour l’élaboration d’un projet de restauration d'une forêt dégradée de pins d'Alep dans le gouvernorat de Kasserine (situé au centre-ouest du pays), une intervention qui fera partie du prochain programme de restauration intégrée des écosystèmes dans le cadre du huitième cycle de financement du Fonds pour l’environnement mondial (FEM-8).

La forêt de Kasserine abrite le peuplement de pins d'Alep le plus méridional de la Tunisie, qui constitue une source de revenus pour les 70 000 personnes qui participent à la gestion de pâturages ou à la collecte de pignons de pins, de pommes de pin et de plantes médicinales. Selon le deuxième inventaire forestier et pastoral national, les écosystèmes de pin d'Alep couvrent une superficie de 133 000 hectares (ha) et stockent 95 000 tonnes de CO2 par an.  Ces dernières années, la région de Kasserine a connu de longues périodes de sécheresse et de pénurie d'eau, ainsi que des incendies qui ont détruit 25 226 ha de forêt entre 2015 et 2021, touchant 13 417 ha en 2021.

Les effets du changement climatique, associés aux incendies récurrents et au manque de gestion proactive des forêts, ont affecté la capacité d'adaptation et la résilience des écosystèmes, aggravant la dégradation des forêts de pins d'Alep et augmentant la prolifération de parasites tels que le scolyte du pin. En mars 2022, on estime que ce ravageur a affecté 25 000 ha de forêts de pin d'Alep à Kasserine, avec des taux de dépérissement de 20 à 80 % entre les zones d’exposition au nord et au sud. Il n'existe pas actuellement de produits chimiques ou d'insecticides spécifiques pour lutter contre les attaques de scolytes. La seule solution consiste donc à mettre en œuvre des mesures de gestion forestière. Certaines de ces mesures consistent à surveiller l'état des forêts afin d'identifier les premiers symptômes des attaques (assèchement de certaines parties de la canopée ou présence de trous dans l'écorce), à installer des pièges pour capturer les spécimens femelles adultes et à alerter le service forestier afin qu'il puisse intervenir rapidement par des pratiques sylvicoles.

L'équipe du FLRM, les experts de la FAO basés en Tunisie et la DGF travailleront en étroite collaboration pour préparer deux propositions de projet. La première proposition de projet visera à obtenir des fonds pour une intervention rapide et un soutien à la population touchée par les pertes de revenus dues au dépérissement, d'une part, et à la DGF pour la planification et la mise en œuvre de mesures phytosanitaires stratégiques pour l'abattage des arbres afin de freiner la propagation du parasite, d'autre part. La deuxième proposition de projet se concentrera sur les résultats à long terme et visera à élaborer un plan de restauration avec une approche participative et intégrée pour aider les acteurs locaux à gérer des situations similaires à l'avenir. Les deux projets aideront la Tunisie à élaborer un plan pour faire face à l'impact du changement climatique et à développer des outils administratifs nécessaires pour s'adapter aux événements extrêmes et répondre à la nécessité de restaurer les terres dégradées. L'approche intégrée promue soulignera l'importance d'intervenir au niveau des paysages en traitant les écosystèmes forestiers comme faisant partie d'un système plus complexe, en tenant compte des liens entre les pratiques agricoles, le pâturage et le développement de chaînes de valeur pour les produits forestiers non-ligneux. Il sera essentiel d'impliquer les communautés locales pour assurer et améliorer le maintien, la gestion et la conservation des ressources naturelles.

Giovanni Di Matteo et Valentina Garavaglia