AFWC/ EFC/ NEFC Comité des questions forestières méditerranéennes - Silva Mediterranea

État d’avancement de l’Engagement d’Agadir cinq ans après son adoption: la contribution de la Türkiye et de l’Algérie

13/12/2022

La dernière session extraordinaire de Silva Mediterranea, tenue au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) du 4 au 5 octobre 2022, a abordé les progrès réalisés depuis l’adoption de l’Engagement d’Agadir il y a cinq ans.

L’Engagement d’Agadir, adopté en 2017, encourage les mesures de gestion des écosystèmes des forêts méditerranéennes et d’autres terres boisées qui renforcent les efforts de restauration.

L’objectif de l’Engagement est de restaurer 80 millions d’hectares (ha) de terres dans la région méditerranéenne (40,2 pour cent de la Méditerranée, telle que définie par les Zones écologiques globales de la FAO). Plus particulièrement, les pays sont engagés à restaurer au moins 8 millions d’ha de terres dégradées d’ici à 2030 grâce à des actions ciblées de restauration. L’objectif global est d’inverser la tendance de dégradation des terres, de restaurer la composition, le fonctionnement et la durabilité des écosystèmes contribuant ainsi à améliorer les moyens de subsistance et le bien-être des populations locales.

Le Secrétariat de Silva Mediterranea a organisé une enquête dédiée pour permettre aux pays de fournir des informations et des données sur le nombre d’hectares en cours de restauration de 2017 jusqu’à aujourd’hui. L’enquête ne recueillait pas uniquement des données quantitatives mais également des informations spécifiques sur les activités de restauration et les écosystèmes concernés. Lorsqu’aucune donnée n’était disponible, le Secrétariat de Silva Mediterranea a conduit des recherches en consultant la littérature pertinente, telle que des articles scientifiques, des rapports et des projets. Cependant, ces données n’ont pas encore été validées par les pays.

La Türkiye doit faire face aux impacts négatifs des changements climatiques. La déforestation, la dégradation des écosystèmes et les catastrophes naturelles telles que les incendies de forêt et les inondations sont les principales menaces auxquelles font face les forêts turques. Le pays s’est donc engagé à adresser ces problèmes globaux, notamment par le biais de l’Engagement d’Agadir. La Türkiye s’est engagée à restaurer 100 000 ha de terres dégradées chaque année suivant l’adoption de l’Engagement et de restaurer 533 000 ha d’ici la fin de 2021. Les activités spécifiques incluent le reboisement de zones boisées, tout particulièrement les forêts touchées par des incendies, et l’amélioration des forêts dégradées par le biais de plantation artificielle d’arbres et de pratiques sylvicoles.

Plus récemment, en 2019, la Türkiye a rejoint le Défi de Bonn, s’engageant à restaurer 2.3 millions d’ha de forêts par pays d’ici 2030 grâce à des mesures de gestion durables et intégrées.

L’Algérie a rejoint plusieurs programmes internationaux de restauration, notamment l’AFR100 (qui vise à restaurer 100 million d’ha de terres dégradées et déboisées en Afrique d’ici 2030), le Défi de Bonn (qui vise à restaurer 350 millions d’ha de paysages forestiers d’ici 2030 à un niveau global) et l’Engagement d’Agadir. Cinq ans après l’adoption de cet engagement, l’Algérie a restauré 52 650 ha des 79 946 ha qu’elle s’était engagée à restaurer. Le programme de reboisement est en train de développer plusieurs activités, telles que le reboisement et l’enrichissement des forêts pour mettre en valeur les forêts, le développement de l’arboriculture dans les zones montagneuses, une gestion durable des terres et des activités de restauration durables dans les bassins versants; la réhabilitation et la restauration des paysages forestiers après les incendies; le renforcement de la résilience climatique dans les steppes et les zones forestières arides du Barrage vert en Algérie et la protection des terres contre la dégradation dans la steppe algérienne et certaines régions du Sahara; la réhabilitation et le développement de l’argan;  le lancement d’un projet de développement et de réhabilitation durable dans les paysages forestiers de chêne-liège sur une surface de 400 000 ha; le lancement de deux études d’inventaires forestiers avec pour objectif d’établir une stratégie forestière nationale et une économie forestière basée sur la gestion durable;  et enfin, l’élaboration d’actions pour la gestion durable des forêts de pins d’Alep (jusqu’à 850 000 ha) au cours des trois prochaines années (2023, 2024, et 2025) afin d’assurer la régénération et la santé de cette espèce.

Giovanbattista de Dato et Giovanni Di Matteo