No.2  décembre 2006  
 Perspectives de l'alimentation
  Analyse des marchés mondiaux

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VUE D'ENSEMBLE

LES MARCHÉS EN BREF

BLÉ

CÉRÉALES SECONDAIRES

RIZ

GRAINES OLÉAGINEUSES, HUILES ET FARINES D’OLÉAGINEUX

SUCRE

VIANDES ET PRODUITS CARNÉS

LAIT ET PRODUITS LAITIERS

ENGRAIS

TAUX DE FRET MARITIME *

Dossiers spéciaux

Appendice statistique

Indicateurs du marché et factures des importations vivrières

Annonce

Dossiers spéciaux

L’ENTRÉE DE LA BULGARIE ET DE LA ROUMANIE DANS L’UNION EUROPÉENNE

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* Ce dossier spécial est reproduit avec la permission de ALFRED C. TOEPFER INTERNATIONAL ( www.acti.de ). Les points de vue exprimés ne reflètent pas nécessairement ceux de la FAO.

Le prochain cycle de négociations sur l’élargissement de l’Union européenne, le sixième depuis 1957, s’approche rapidement. Le 1er janvier 2007, la Roumanie et la Bulgarie en deviendront les 26e et 27e membres. L’Union europénne aura donc dorénavant une frontière avec la région stratégique de la mer Noire, s’agrandira d’une superficie correspondant à celle de l’Allemagne et couvrira 4,24 millions de km², soit 40 pour cent du continent européen. Après l’adhésion de ces deux pays, le nombre d’habitants de l’Union européenne augmentera d’environ 30 millions, ce qui le portera, au total, à 490 millions. La Roumanie et la Bulgarie se caractérisent par une croissance économique élevée de l’ordre, respectivement, de 5,5 et 6 pour cent par an au cours des cinq dernières années. La demande intérieure, stimulée par le renforcement de la consommation personnelle et la forte demande de biens d’équipement ont contribué à la croissance. Toutefois, en dépit de la hausse de la consommation ces dernières années, les deux pays sont parmi les plus pauvres de l’Europe. En 2005, le produit intérieur brut par habitant était de 3 347 dollars E.-U. en Bulgarie et de 3 600 dollars E.-U. en Roumanie, contre à 30 473 dollars E.-U. dans les 25 pays membres de l’Union européenne. La présente étude de marché porte sur l’agriculture en Roumanie et en Bulgarie.

Selon EUROSTAT, les superficies agricoles en Roumanie recouvrent 13,9 millions d’hectares, dont 8,8 millions d’hectares de terres arables. Les sols les plus fertiles se situent dans la province de Banat à l’ouest, dans les zones de Wallachie au sud et en République de Moldavie à l’est. En Bulgarie, la surface agricole occupe 2,9 millions d’hectares, dont 2,7 millions de terres arables. Les sols fertiles, de couleur noire, se trouvent dans le nord, à la frontière avec la Roumanie. La région du nord-est de la Bulgarie, aux alentours de Dobrich, est considérée comme le grenier à céréales du pays.

En Roumanie et en Bulgarie, les exploitations agricoles sont en général de petite taille. En Roumanie, une enquête réalisée par EUROSTAT en 2002 a recensé au moins 4,5 millions de fermes. La quasi- totalité du pays se caractérise par une économie de subsistance, la taille des exploitations étant inférieure à un hectare. Quarante pour cent des fermes cultivent des parcelles comprises entre un et cinq hectares et exploitent environ 30 pour cent des surfaces agricoles totales. Cette structure de petites propriétés agricoles résulte en grande partie de la réforme foncière de 1991 dans le cadre de laquelle la terre a été restituée aux propriétaires enregistrés en tant que tels avant 1945 et distribuée aux paysans ayant travaillé au moins trois ans sur les anciennes fermes d’État. Aucun des anciens ou des nouveaux propriétaires ne s‘est vu attribuer plus de 50 hectares et n’a été autorisé à acheter plus de 200 hectares supplémentaires. Ils ne peuvent ensuite étendre la superficie que par contrat de tenure à bail. La Bulgarie compte environ 665 000 fermes. La transformation de la structure des exploitations est similaire à celle des nouveaux États allemands. À l’heure actuelle, 79 pour cent du total des terres agricoles sont cultivées par des exploitations de plus de 50 hectares. Les principales cultures, tant en Roumanie qu’en Bulgarie, sont le blé, le maïs et le tournesol. La Roumanie cultive également du soja à grande échelle.

En Roumanie, la production céréalière (blé, orge, maïs, seigle et avoine) s’est élevée, en moyenne, à 12,3 millions de tonnes ces quatre dernières années. La culture la plus importante est le maïs, dont la production est en moyenne de 7,1 millions de tonnes, suivi du blé (3,9 millions de tonnes) et de l’orge (721 000 tonnes). Depuis 1991, les rendements à l’hectare ont à peine augmenté. Les rendements de maïs n’ont été que de 3 tonnes/ha, en moyenne, les quatre dernières années; ils se sont donc même révélés inférieurs à ceux de l’Ukraine et nettement en deçà de la moyenne de 7,7 tonnes/ha enregistrée dans les 25 pays membres de l’UE. L’ alimentation animale se base d’abord sur le maïs, avec une utilisation d’environ 5,6 millions de tonnes par an, en moyenne, pour la période allant de 2003/2004 à 2005/2006, puis sur le blé, avec 850 000 tonnes. Au cours de la même période, les exportations se sont chiffrées, en moyenne, à 1,1 million de tonnes par an et se sont composées de 520 000 tonnes de maïs, de 333 000 tonnes de blé et de 216 000 tonnes d’orge.

En Bulgarie, la production céréalière s‘est établie à 4,9 millions de tonnes ces quatre dernières années. Le blé, avec une production moyenne de 2,8 millions de tonnes, est la principale culture, suivi du maïs (1,4 million de tonnes) et de l’orge (605 000 tonnes). Les rendements sont aujourd’hui supérieurs à ceux de la Roumanie. Pour le maïs, par exemple, ils ont atteint 3,8 tonnes/ha, en moyenne, les quatre dernières années. En Bulgarie, le maïs, avec une utilisation de 800 000 tonnes par an, en moyenne, pour la période comprise entre 2003/2004 et 2005/2006, constitue également l’ aliment de base du bétail, suivi du blé (610 000 tonnes). Au cours de la même période, 750 000 tonnes de blé, 349 000 tonnes de maïs et 210 000 tonnes d’orge par an, en moyenne, ont été exportées.

Dans les deux pays, le tournesol est le principal oléagineux. Les superficies consacrées au tournesol ont considérablement augmenté après la chute du rideau de fer en 1991. La production de graines de tournesol s’est élevée, en moyenne, à 1,2 million de tonnes ces quatre dernières années alors qu’elle dépassait à peine 556 000 tonnes en 1991. Les superficies consacrées à la culture du colza en Roumanie ont également progressé de manière significative. Le colza se cultive surtout dans la région située le long de l’extrémité méridionale des Carpates. Bien que la production de colza se soit chiffrée, en moyenne, à 64 000 tonnes au cours des quatre dernières années, les agriculteurs roumains ont produit des excédents de 160 000 tonnes en 2005 et 2006. Ce résultat s’explique principalement par l’augmentation de l’utilisation d’huiles végétales dans les 25 pays membres de l’UE. La Roumanie est ainsi devenue un grand exportateur vers l’Union européenne. Les exportations de graines de tournesol ont atteint, en moyenne, 345 000 tonnes pour la période comprise entre 2003/2004 et 2005/2006. Selon nos estimations, les exportations de colza à destination de l’Union européenne ont presque doublé pour la campagne de commercialisation en cours par rapport à il y a deux ans. Le potentiel d’exportation du colza pourrait toutefois fléchir dans les prochaines années si les projets de construction d’usines de biodiesel se concrétisent. La capacité de production est estimée à 290 000 tonnes de biodiesel.

En Bulgarie, les graines de tournesol, avec une production moyenne de 721 000 tonnes par an, sont de loin le principal oléagineux depuis 2003. Il s’agit également d’un produit d’exportation important, dont le volume annuel s’est élevé à 418 000 tonnes, en moyenne, pour la période comprise entre 2003/2004 et 2005/2006.

Les rendements de céréales et d’oléagineux fluctuent considérablement dans les deux pays en raison du climat continental qui se caractérise par des hivers rigoureux, des inondations éventuelles le long du Danube, du risque particulièrement élevé de pertes de récoltes dues au gel (qui dévastent, en moyenne, de 9 à 12 pour cent environ des céréales d’hiver en Roumanie) et enfin, par une sécheresse marquée durant l’été. De plus, compte tenu généralement de la petite taille des exploitations, les agriculteurs n’ont ni les liquidités, ni les compétences de gestion nécessaires pour compenser un tant soit peu les variations extrêmes de rendements. Les deux pays disposent toutefois d’un potentiel de production considérable. Comme dans de nombreux anciens pays socialistes, les rendements ont fluctué après 1991, non seulement d’une région à l’autre, mais aussi au sein d’une région donnée et d’une exploitation à l’autre. Même si nombre des anciennes fermes d’État n’obtiennent que de faibles rendements, les investisseurs étrangers ont prouvé qu’il était possible de les faire augmenter. À condition d’utiliser des intrants adéquats et d’optimiser les méthodes de production (dans des conditions météorologiques normales), il est tout à fait possible d’obtenir des rendements de 6 tonnes de blé, de 7 tonnes de maïs et de 2 tonnes de graines de tournesol l’hectare.

La production porcine a régulièrement augmenté en Roumanie ces dernières années. Le taux de croissance est de 5,3 pour cent, en moyenne, depuis 2000 et devrait s’établir, selon le Département de l’agriculture des États-Unis (USDA), à 490 000 tonnes en 2006. L’expansion de la production est stimulée par une vive demande intérieure. La consommation de porc, par habitant, progresse de 8,8 pour cent par an depuis 2001 et devrait se chiffrer à 14,3 kg en 2006. Dans les 25 pays membres de l’UE, la consommation est à 43,5 kg par habitant. Globalement, selon l’USDA, la demande de porc s’élèvera à 778 000 tonnes en 2006. Outre la croissance de la consommation, les importations ont été multipliées par neuf depuis 2000. L’USDA table ainsi sur des importations de porc d’un volume de 288 000 tonnes, contre 263 000 tonnes en 2005 et 32 000 tonnes en 2000. Compte tenu de la faiblesse des salaires, de l’accroissement de la demande de porc, du moindre coût des matières premières et du bas prix de la terre, les investisseurs étrangers reconnaissent le potentiel de croissance intéressant de la Roumanie. Malgré la hausse de la production, les stocks de porc sont restés relativement stables au cours des deux dernières années. Fin 2005, 5,2 millions de têtes de bétail ont été recensées, contre 5,1 millions en 2002. Des changements structurels commencent cependant à être manifestes: on constate ainsi que le cheptel diminue sur les anciennes fermes d’État et qu’il augmente sur d’autres types d’exploitations.

En Bulgarie, la production porcine a diminué de plus de moitié entre 2000 et 2006. Selon les estimations publiées par l’USDA, la production se chiffrera à 81 000 tonnes en 2006, contre 224 000 tonnes en 2000. Ce résultat provient du recul de la consommation de porc, estimée à 105 000 tonnes en 2006, contre 263 000 tonnes six ans auparavant. L’utilisation de la viande de porc s’est toutefois stabilisée à ce niveau au cours ces deux dernières années. Selon l’USDA, la consommation, par habitant, s’établira à 7,9 kg en 2006. Comme en Roumanie, les élevages porcins sont de très petite taille et ne comptent chacun, en moyenne, que cinq animaux, contre 322 en Allemagne en mai 2006. Le nombre de porcs recensés totalisait 943 000, fin 2005, ce qui est pour ainsi dire autant que celui de l’État allemand de la Saxe-Anhalt.

Le manque d’application des normes d’hygiène dans les deux pays pose un problème, comme le prouve la peste porcine classique qui sévit depuis relativement longtemps en Roumanie et en Bulgarie. Rien qu’en 2006, plus de 500 cas ont été signalés en Roumanie. Une campagne de vaccination d’urgence des porcs élevés dans de petites fermes est en cours depuis début novembre et cette mesure sera étendue à toutes les grandes exploitations à partir du 1er janvier 2007. Pour le moment, ces pays ont donc interdiction d’exporter des porcs sur pied, de la viande de porc et certains produits dérivés vers les 25 pays membres de l’UE.

Le secteur de la volaille en Roumanie a été plus dynamique ces dernières années. Il est intéressant de noter qu’en Roumanie, dix exploitations avicoles assurent 50 pour cent de la production intérieure totale. Les normes de qualité et d’hygiène, tout comme les méthodes de production mises en œuvres sur ces exploitations, sont les mêmes qu’à l’Ouest. La volaille est donc élevée, nourrie, abattue et transformée sur les fermes elles-mêmes. En conséquence, la production nationale a augmenté de 10,5 pour cent par an, en moyenne, depuis 2000 et atteindrait, selon les estimations de l’USDA, 220 000 tonnes en 2006. Cette expansion est stimulée par la croissance de la consommation par habitant qui, augmente de 9,8 pour cent par an en moyenne depuis 2001 et devrait s'établir, toujours selon l’USDA, à 8 kg par habitant en 2006. À l’instar de la production, les importations ont également progressé et sont estimées à 125 000 tonnes en 2006, contre 25 000 tonnes en 2000. La production d’œufs, quant à elle, a stagné au cours des dernières années à 6 millions. De nombreux observateurs du marché constatent globalement le fort potentiel de croissance de l’industrie avicole en Roumanie et l’on s’attend donc à ce que le pays, aujourd’hui importateur net, devienne un exportateur net.

Comme en Roumanie, le secteur avicole en Bulgarie est un marché en plein essor. La concentration du marché se poursuit. Dix-sept pourcent des exploitations élèvent ainsi 60 pour cent des poulets de chair. Le nord-est du pays se caractérise par une forte densité de volailles. C’est également le grenier à céréales du pays, ce qui lui permet de disposer d’aliments pour animaux. Selon les estimations de l’USDA, la production intérieure de viande de volaille a été de l’ordre de 70 000 à 80 000 tonnes en 2005, contre 60 000 tonnes l’année précédente. Cet accroissement est en grande partie attribuable au niveau de consommation par habitant (environ 14 kg par an) qui est proche de celui de l’Union européenne (15,9 kg). Les importations se sont également intensifiées ces dernières années: 44 000 tonnes en 2005, contre 42 000 tonnes en 2004. La demande n’a fléchi brièvement qu’en raison de la crise aviaire entre fin 2005 et début 2006. Depuis mai 2006, cependant, cette tendance s’est interrompue. L’une des conséquences de la grippe aviaire s’est portée sur les abattoirs dont un grand nombre, dans l’impossibilité de répondre aux normes d’hygiène rigoureuses, ont dû fermer. Onze des 59 usines nationales de transformation de la viande de volaille ont ainsi mis un terme à leurs activités durant la crise aviaire en Bulgarie.

La production laitière en Roumanie a presque atteint 5,9 millions de tonnes en 2005, ce qui correspond à peu près au volume produit par l’Espagne. La production a enregistré une hausse de 2,2 pour cent par an, en moyenne, depuis 2000. Les petites exploitations produisent 97 pour cent du lait qui est destiné avant tout à l’autoconsommation ou à la vente directe. Les deux tiers de la production sont utilisés par les exploitations elles-mêmes ou vendues directement. Il est donc logique que l’Union européenne ait accordé un faible contingent laitier à la Roumanie (3,1 millions de tonnes). Le quota de livraison aux exploitations laitières est fixé à 1,1 million de tonnes et à 2 millions de tonnes pour la vente directe. À l’heure actuelle, le Ministère de l’agriculture roumain prévoit que le quota de lait sera réparti entre environ 600 000 fermiers. La faiblesse de la production laitière s’explique essentiellement par la petite échelle de la structure agricole. Quatre-vingt-quinze pour cent des 1,2 million de producteurs laitiers roumains ne possèdent qu’une ou deux vaches. Les coûts liés au ramassage, au transport et au stockage du lait sont extrêmement lourds pour les agriculteurs. La qualité du lait laisse également souvent à désirer, ce qui interdit toute transformation ultérieure dans la filière. Une augmentation du contingent des livraisons de lait aux exploitations laitières ne sera possible que si l’on procède à un remaniement structurel du secteur au sein de l’agriculture roumaine. Les problèmes existent non seulement au niveau des exploitations, mais aussi des unités de transformation de lait. Fin octobre, sur un peu moins de 600 unités officielles de transformation en Roumanie, seules 59 répondaient aux normes de qualité rigoureuses de l’Union européenne. Il est prévu que 198 autres seront prochainement en mesure de s’y conformer.

La consommation de viande bovine en Roumanie a augmenté de 0,8 pour cent par an depuis 2001 et devrait s’établir, selon les estimations de l’USDA, à 4,9 kg par habitant en 2006. La production bovine est passée, durant la même période, de 200 000 tonnes à 208 000 tonnes, et les importations, de 215 000 tonnes à 240 000 tonnes.

En Bulgarie, les prévisions de l’USDA indiquent que la production de lait a atteint le volume satisfaisant de 1,5 million de tonnes en 2005, ce qui est proche de celle de la Saxonie. Contrairement à la Roumanie, les livraisons de lait aux unités de transformation sont plus importantes. Elles s’élèvent en effet à deux tiers de la production, la moitié de la quantité restante étant destinée à la consommation des producteurs et l’autre moitié, à la vente directe. Conformément au traité d’adhésion, le contingent de lait pour la Bulgarie est de 979 000 tonnes, dont 772 000 tonnes pour livraisons aux unités de transformation. La Bulgarie rencontre les mêmes obstacles structurels que la Roumanie, mais les problèmes sont moins prononcés. Deux tiers des exploitants laitiers bulgares ne possèdent qu’un seul animal et les grandes exploitations agricoles ne détiennent que 10 pour cent du cheptel laitier. Les unités de transformation en Bulgarie sont donc confrontées aux mêmes problèmes de ramassage du lait que celles de la Roumanie.

Selon les estimations de l’USDA, la consommation de viande bovine en Bulgarie s’établira à 92 000 tonnes (2005: 104 000 tonnes). La demande a été couverte par les importations, d’un volume de 53 000 (69 000) tonnes, plus que par la production intérieure, estimée 35 000 (39 000) tonnes. La consommation par habitant a été de 5 kg par an ces dernières années.

Depuis 2000, le cheptel bovin dans les deux pays, qui se chiffre à 3,6 millions de têtes, est resté stable et ne représente donc qu’environ 4 pour cent de celui des 27 pays membres de l’UE. De moyen à long terme, on s’attend à ce qu’il diminue dans les deux pays, en raison surtout de l’augmentation prévue de la production laitière par animal. Étant donné que le nombre de vaches diminuera, moins de veaux seront envoyés à l’engraissement. Il ne faudra pas non plus sous-estimer l’amélioration de la conversion alimentaire, et donc la moindre utilisation d'aliments pour le bétail par unité de lait ou de viande produite.

Cependant, d’autres facteurs sont importants pour maintenir le développement de la production animale. En plus de l’ amélioration de l’infrastructure, qui se traduira par des prix d’intrants plus intéressants et l’amélioration de la commercialisation du lait et du nombre de bovins vendus pour l’abattage, le renforcement des normes d’hygiène jouera un rôle déterminant. Ces coûts supplémentaires représenteront un obstacle de taille pour de nombreuses petites exploitations et accéléreront la transition structurelle, notamment dans le secteur de la production animale. Le rapport de suivi de la Commission de l’Union européenne publié en septembre 2006 a permis d’inciter les deux pays à renforcer les mesures correctives afin de respecter la mise en œuvre de normes d’hygiène indispensables, notamment en ce qui concerne le ramassage et le traitement de carcasses d’animaux afin de réduire l’incidence de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).

La production d’aliments composés pour animaux en Roumanie est estimée à 1,90 million de tonnes en 2006, contre 1,91 million de tonnes en 2005. Les aliments composés sont d’abord destinés à l’alimentation de la volaille, avec au moins 1,10 (1,08) million de tonnes, puis aux porcins, avec 740 000 (750 000) tonnes. En Bulgarie, la production d’aliments composés devrait se chiffrer à 685 000 (669 000) tonnes en 2006, dont 410 000 (397 000) tonnes pour la volaille et 220 000 (217 000) tonnes pour les porcins. Ces chiffres traduisent la place importante du marché avicole dans les deux pays. Les prévisions tablent à l’avenir sur une forte augmentation de la production d’aliments composés pour les bovins qui, pour le moment, ne joue qu’un rôle insignifiant dans les deux pays.

Une fois entrés dans l’ Union européenne, les deux pays accepteront l’“acquis communautaire”, c’est-à dire les droits et les obligations qui lient tous les États membres au titre de l’Union européenne. La Commission de l’Union européenne s’attend à ce que la mise en œuvre de la Politique agricole commune induise une nette amélioration de la structure de la production agricole et des conditions de vie de la population rurale. La Bulgarie et la Roumanie disposent d’une enveloppe budgétaire de 5,4 milliards d’euros pour l’agriculture, répartie à hauteur de 3,9 milliards d’euros pour la Roumanie et de 1,5 milliard d’euros pour la Bulgarie. L’aide directe versée aux producteurs est un point central de cette politique, même s’il est possible de choisir entre un paiement unique par exploitation et un paiement versé de manière uniforme par région. Le concept sur lequel se fonde le calcul du paiement unique par exploitation est très compliqué. Il est donc probable que le système, plus simple, du paiement uniforme par région soit appliqué, ce qui est le cas dans la quasi-totalité de l’UE des dix. Toutes les demandes d’aide directe sur une base régionale et les chèques pour l’élevage ont été inclus dans un même budget. Les fonds disponibles seront versés en fonction de la superficie agricole du pays et le montant calculé sera réglé sous la forme d’une aide régionale par hectare de surface cultivée. Les ressortissants d’autres pays membres de l’Union européenne acquéreurs de terrains agricoles et forestiers ne sont pas soumis à l’obligation d’accepter les droits et les obligations communes, mais doivent toutefois se conformer aux réglementations nationales pendant sept ans. Une réglementation différente s’applique seulement aux agriculteurs des États membres qui ont pris des terres à bail en Roumanie et en Bulgarie avant l’adhésion.

La Roumanie et la Bulgarie ont un immense potentiel de production, tant céréalière qu’animale. Les deux pays contribuent déjà à la production de l’Union européenne à hauteur d’environ 6 pour cent pour les céréales, de 11 pour cent pour les oléagineux, de 3 pour cent pour la viande bovine, de plus de un pour cent pour la viande porcine et de 3 pour cent pour la viande de volaille. De nombreux investisseurs étrangers, conscients de ce potentiel, ont déjà placé des capitaux. L’Union européenne encourage également ce développement par des programmes de soutien spéciaux qui prévoient, par exemple, une aide atteignant jusqu’à 50 pour cent des coûts d’investissement. Les abords immédiats du Danube, stratégiquement situés pour assurer la logistique des exportations et des approvisionnements, constituent des zones de production privilégiées. On peut donc prévoir que la Roumanie et la Bulgarie occuperont une place importante dans l’agriculture au sein de l’Union européenne. Il ne faut toutefois pas compter que cela se produise du jour au lendemain, mais à plus long terme.

IMPACT DES FOYERS DE MALADIES ANIMALES SUR LES MARCHES DU BÉTAIL: ANALYSE DE LA FAO

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S'il est vrai que les maladies animales peuvent avoir des répercussions importantes au niveau local, l'interdépendance croissante des marchés du bétail a amené une prise de conscience de leurs effets élargis, en termes de coûts, pour le secteur de l'élevage dans le monde entier. L'intensification des épizooties a certainement contribué à aggraver l'instabilité des marchés, les cas les plus récents étant une récurrence de la fièvre aphteuse en Amérique du Sud, l'identification de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) dans plusieurs grands pays exportateurs et, plus particulièrement, la propagation croissante et préoccupante de la grippe aviaire (variété H5N1 notamment) dans le monde entier. Ces flambées épizootiques ont mis à l'épreuve la résilience des marchés mondiaux du bétail qui, pendant ces dix dernières années, ont enregistré leur taux de croissance le plus faible. Les embargos commerciaux sur la viande n'ont jamais été aussi fréquents et les craintes des consommateurs quant à la sécurité sanitaire de ces produits les incitent de plus en plus souvent à orienter leur consommation vers d'autres protéines animales. Alors que les gouvernements expriment des inquiétudes croissantes quant à l'impact socioéconomique de la prévention et de la lutte contre les maladies animales, la nature zoonotique du virus H5N1 contribue à accroître le coût de ces mesures, dictées par la possibilité d'une pandémie frappant les populations humaines.

Face aux défis politiques majeurs que les maladies animales représentent pour les producteurs, les industries de transformation de la viande et les décideurs du monde entier, la présente analyse contient un examen de la situation des principales maladies animales qui retentissent actuellement sur les marchés et évalue ensuite certains résultats provisoires de trois vastes scénarios concernant des foyers de grippe aviaire, de fièvre aphteuse et d'ESB 1/. L'examen de nouveaux modèles de simulation permet d'identifier et d'évaluer certains aspects critiques des répercussions des épizooties sur les marchés. Il permet en particulier d'obtenir des estimations générales de référence concernant les coûts de ces maladies, au niveau des marchés et des échanges commerciaux, selon les différents scénarios, et il établit un cadre pour l'évaluation de certains des facteurs et des politiques susceptibles d'influer sur l'impact des divers types de maladies animales sur le marché.

Foyers épizootiques: le point sur la situation

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L'évolution récente des marchés de la viande a pour toile de fond une instabilité induite par les maladies animales et caractérisée ces dernières années par des chocs sur la consommation, par la variabilité de l'offre à l'exportation et par la volatilité des prix. L'arrivée de la grippe aviaire en Asie (avec des flambées à la fin de 2003 et au début de 2004) a coïncidé avec la découverte de cas d'ESB en Amérique du Nord, région qui assure près d'un quart des exportations mondiales de viande. Les épizooties de fièvre aphteuse survenues en Argentine et au Brésil et en Argentine à la fin de 2005 ont contribué à exacerber l'instabilité des marchés.

Grippe aviaire

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La détection de nouveaux foyers de grippe aviaire dans les principales régions consommatrices d'environ 40 pays importateurs de volaille en Europe occidentale, au Proche-Orient et en Afrique à fin 2005/début 2006, a causé des chocs importants sur la consommation et s'est traduite par un déplacement des courants commerciaux, par un effondrement des prix et par une réaction de l'offre dans les pays infectés et non infectés. Les estimations font état de plus de 220 millions de volatiles abattus depuis l'apparition de la maladie, un chiffre qui ne représente cependant que moins de 1 pour cent des 52 milliards d'abattages de volaille effectués chaque année. Les effets de la grippe aviaire sur les marchés et le commerce sont le plus souvent étroitement liés à la consommation et à l'imposition de restrictions commerciales. Toutefois, dans la plupart des pays les moins avancés, les abattages et la mortalité élevée des volailles ont certainement eu un retentissement sur les moyens d'existence des ménages qui sont tributaires de ces volatiles. Par ailleurs, l'immobilisation et l'improductivité forcées des élevages avicoles atteints ont eu un impact négatif sur la rentabilité du secteur et sur la stabilité des marchés, avec un effet d'entraînement plus général au niveau des marchés mondiaux, du fait du retentissement des chocs sur la consommation et le commerce sur les prix de la viande et des intrants industriels dans le monde entier.

En Europe, des foyers de grippe aviaire ont été confirmés dans 25 pays, avec l'imposition d'embargos commerciaux pour les neuf pays où la présence de la maladie a été décelée dans la filière avicole nationale. Environ 69 pays ont décrété un embargo sur les produits avicoles en provenance des pays membres atteints au sein de l'Europe des 25. Onze de ces pays n'avaient pas adopté un principe régional, étendant ainsi les interdictions à tous les produits de l'UE. En sus des embargos liés au virus H5N1, des restrictions commerciales ont également été appliquées aux produits provenant des Pays-Bas après l'identification en août d'une souche de grippe aviaire faiblement pathogène dans un seul élevage. Par effet des chocs à court terme sur la consommation dans l'Europe des 25, avec un recul oscillant entre 70 pour cent pour l'Italie, 40 pour cent pour la France et 0-10 pour cent pour d'autres pays membres, dans l'UE, les prix de la volaille avaient fléchi globalement de 15 pour cent à la fin de 2005.

Fièvre aphteuse en Amérique du Sud

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Brésil: En octobre 2005, des foyers de fièvre aphteuse dans le secteur bovin ont été signalés dans deux États brésiliens, le Mato Grosso do Sul et le Paraná, qui assuraient jusque-là 50 pour cent des exportations brésiliennes de viande de bœuf. Des embargos ont été imposés par plus de 50 pays, mais l'impact global sur les exportations a été atténué par le caractère régional des interdictions décrétées par l'Union européenne et par la Fédération de Russie, bénéficiaires de près de la moitié des exportations de viande de bœuf du Brésil, et limitées aux deux États atteints. Le gouvernement devrait bientôt transmettre à l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) la documentation nécessaire en vue de la réintégration du statut sanitaire de zone indemne de fièvre aphteuse avec vaccination. La période d'attente de six mois à respecter après l'élimination des derniers animaux dans les élevages atteints s'achève à la fin du mois de septembre. Grâce à la régionalisation des embargos à l'exportation, le secteur du bœuf a pu maintenir un volume d'exportations proche du niveau des années précédentes, les abattoirs ayant remplacé le bœuf provenant des États atteints par la production des États totalement indemnes de fièvre aphteuse, comme le Goias, le Mato Grosso et le Minas Gerais. Ce processus de substitution a été facilité par la diversification du marché de l'exportation au Brésil, dont les produits sont destinés à plus de 150 pays.

Au Brésil, le secteur porcin a ressenti les effets de l'épizootie de fièvre aphteuse plus fortement que le secteur bovin, pourtant directement concerné, et cela bien que le pourcentage de la production destiné à l'exportation, 21 pour cent, soit similaire à celui de la viande de bœuf. Le secteur porcin est fortement tributaire du marché russe, destinataire de 65 pour cent des exportations totales de porc du Brésil. Cette situation, à laquelle s'ajoute la décision prise par le Gouvernement russe d'étendre l'interdiction au Santa Catarina (le seul État brésilien ayant le statut de zone totalement indemne de fièvre aphteuse sans vaccination) et au Rio Grande do Sul, a eu de graves répercussions pour le secteur, avec une baisse de 30 pour cent des prix sur le marché intérieur brésilien, bien en dessous des coûts de production. Une soixantaine de pays ont imposé des restrictions à l'importation de porc en provenance du Brésil. Les exportations auraient chuté de plus de 25 pour cent au cours du premier semestre de l'année en cours, mais le rétablissement des échanges entre le Rio Grande do Sul et la fédération de Russie à mi-année devrait entraîner une certaine reprise des exportations. Des tentatives de diversification des marchés vers des zones à fièvre aphteuse, notamment Singapour, Hong Kong et d'autres marchés mineurs d'Afrique et d'Asie, ont été faites cette année.

Argentine: au début de février 2006, la fièvre aphteuse a été détectée dans la province de Corrientes. Depuis, l'Argentine a perdu son statut de zone indemne de fièvre aphteuse avec vaccination, une suspension qui pourrait durer 6 à 8 mois, le pays ayant réagi par l'abattage sanitaire d'environ 5 000 têtes de bétail (bovins principalement). L'impact sur les échanges a été réduit au minimum parce que, mis à part le Chili, la plupart des principaux marchés n'ont interdit que les importations en provenance de Corrientes, une province qui assure à peine 2 pour cent des exportations argentines de bœuf.

Encéphalopathie spongiforme bovine en Amérique du Nord

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En 2003, des vaches atteintes d'ESB ont été détectées en Amérique du Nord, une région qui fournit près d'un quart des exportations mondiales de bœuf (pour une valeur de 4 milliards de dollars E.-U.). Depuis lors, les disponibilités exportables nettes de bœuf de la région ont sensiblement diminué, reculant d'environ 1 million de tonnes. Ce n'est que 30 mois environ après la détection de l'ESB au Canada (en mai 2003), puis aux États-Unis (en décembre 2003), que les plus importants marchés asiatiques du bœuf ont commencé à rétablir l'accès pour les coupes de bœuf en provenance de ces deux pays. L'impact économique de cet embargo prolongé sur les produits du bœuf d'Amérique du Nord est allé au-delà des effets immédiats sur les deux marchés touchés (voir plus loin), la diminution des disponibilités exportables ayant contribué à faire augmenter de près de 20 pour cent les prix du bœuf sur les marchés de la zone Pacifique (soutenus également par la hausse des cours de la volaille due à la grippe aviaire).

Les pertes de marché attribuables à l'ESB au Canada et aux États-Unis ont été inégales selon le niveau de dépendance de ces deux pays à l'égard des exportations et leur position commerciale nette. Par exemple, l'industrie bovine canadienne avait exporté 12 pour cent de ses animaux sur pied et près de 50 pour cent de sa production totale de viande de bœuf avant la détection d'un animal atteint d'ESB en mai 2003. Après plus de deux ans, et à hauteur d'un coût total estimatif de plus de 4 milliards de dollars E.-U., les exportations de viande sont progressivement en reprise. Les ventes à l'exportation d'animaux sur pied languissent car les exportations de vaches sont encore interdites; en revanche, les exportations de jeunes bovins rebondissent. Pendant la seule année 2003, la valeur des exportations canadiennes de bœuf et de bovins a fléchi de plus de 1 milliard de dollars E.-U. (400 millions de dollars E.-U. pour le bœuf et 700 millions de dollars E.-U. pour les bovins sur pied). Les États-Unis sont un pays importateur net de bœuf et de bovins sur pied et, bien qu'il s'agisse de l'un des principaux exportateurs mondiaux de viande de bœuf, leurs exportations ne représentent que 10 pour cent de la production. À la suite de la détection de deux vaches atteintes d'ESB, la valeur des exportations de viande de bœuf des États-Unis a fléchi de 2,6 milliards de dollars E.-U. en 2004, tandis que l'absence du bœuf américain sur les marchés mondiaux a contribué à faire augmenter les cours internationaux. Les prix intérieurs sont toutefois restés relativement élevés du fait de l'ajustement des importations. Cette situation contraste avec les effets ressentis au Canada dont la plus forte dépendance à l'égard du marché international des exportations, comme indiqué plus haut, s'est immédiatement traduite par une chute d'environ 50 pour cent du prix des bovins, et par un fléchissement de 33 pour cent en 2003 des recettes tirées des gros bovins et des veaux par rapport au niveau de l'année précédente (Statistique Canada, 2004).

Scénarios d'épizooties: quelques résultats des modèles appliqués

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Il n'existe pas de cadre conceptuel établi pour l'analyse du coût global des maladies animales; toutefois, les pertes de marché occasionnées aux producteurs, selon les divers scénarios de foyers épizootiques, peuvent être estimées par simulation de modèles. Les résultats pourraient être utilisés par les gouvernements membres et les organisations internationales pour l'évaluation des interventions stratégiques visant à réduire le coût global.

Normes de l'OIE concernant la reconnaissance des pays/zones indemnes de certaines maladies

Fièvre aphteuse:

Pour être reconnu comme étant indemne de fièvre aphteuse sans vaccination, un pays doit déclarer l'absence de tout foyer de fièvre aphteuse et de vaccination contre la maladie depuis 12 mois. Lorsqu'un foyer de fièvre aphteuse survient dans une zone indemne de la maladie où la vaccination n'est pas pratiquée, l'une des périodes d'attente suivantes est exigée:

    3 mois après le dernier cas d'abattage sanitaire

    3 mois après l'abattage de tous les animaux vaccinés, là où l'abattage sanitaire est imposé

    6 mois après le dernier cas ou la dernière vaccination, là où l'abattage sanitaire n'a pas été appliqué.

En cas de survenue d'un foyer de fièvre aphteuse dans une zone indemne de la maladie où est pratiquée la vaccination, l'une des périodes d'attente suivantes est exigée:

    6 mois après le dernier cas, là où l'abattage sanitaire est appliqué

    18 mois après le dernier cas, là où l'abattage sanitaire n'est pas appliqué.

 

Grippe aviaire:

Pour être considérés comme un pays, une zone ou un compartiment indemnes de grippe aviaire, aucune infection ne doit y avoir été décelée dans les 12 derniers mois. Si une infection survient dans une zone précédemment reconnue indemne, le statut de zone indemne peut être recouvré 3 mois après l'achèvement des opérations d'abattage sanitaire. Les volailles infectées par des virus faiblement pathogènes peuvent être gardées en vue de leur abattage à des fins de consommation ou d'un abattage sanitaire, et le statut de zone indemne peut alors être recouvré au terme d'une période d'attente de 3 mois après la désinfection de toutes les exploitations atteintes. 

Encéphalopathie spongiforme bovine:

Le statut de la population bovine d'un pays, d'une zone ou d'un compartiment au regard du risque d'ESB est déterminé sur la base d'une appréciation du risque, qui est effectuée chaque année et qui identifie tous les facteurs potentiels d'apparition de l'ESB, ainsi que l'historique de chacun d'eux. Ces facteurs sont notamment le régime alimentaire, les déplacements d'animaux sur pied et l'importation de produits dérivés du bœuf. Si l'existence d'un risque d'ESB est établie, une documentation complète prouvant la destruction totale de tous les bovins concernés doit alors être fournie. Toute allégation de risque négligeable ou maîtrisé doit être justifiée.

Zonage, régionalisation et compartimentation:

La régionalisation (ou le zonage) et la compartimentation sont des procédures mises en œuvre par un pays en vue de préserver le statut zoosanitaire distinct d'une zone géographique ou d'une sous-population (dans le cas d'une compartimentation) spécifique aux fins des échanges internationaux. Le pays exportateur définit cette zone ou ce compartiment au regard de la maladie considérée et des mesures recommandées par l'OIE avec le pays importateur reconnaissant ce statut.

La présente section fournit une estimation provisoire des effets des foyers de maladies animales sur la production, la consommation, les échanges internationaux et les prix en ce qui concerne la grippe aviaire en Europe, la fièvre aphteuse au Brésil et l'ESB en Amérique du Nord. L'analyse porte sur les points suivants: 1) le rôle des caractéristiques du marché dans la détermination des pertes de marché pour chaque pays; 2) l'incidence des politiques de régionalisation sur le coût de ces maladies; 3) la nature des réactions des consommateurs quant à leur influence sur les pertes de marché; et 4) les effets différenciés de certaines maladies animales sur le marché.

Le caractère hétérogène des produits carnés et des marchés de la viande complique la modélisation du secteur et l'interprétation des résultats doit en tenir compte. Par exemple, les marchés mondiaux de la viande de bœuf et de porc sont considérés comme étant constitués d'au moins trois segments. Ces marchés, à savoir le marché Pacifique, le marché Atlantique et le marché des pays à fièvre aphteuse endémique, ont été établis au fil du temps, généralement en fonction du statut sanitaire des divers pays au regard de la fièvre aphteuse, mais aussi sur la base de courants et d'accords commerciaux2/3/.  

Scénarios de grippe aviaire

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Divers scénarios concernant les effets de la grippe aviaire sur les marchés et sur les échanges commerciaux ont été analysés:

    Variation de la demande mondiale sous l'effet de la grippe aviaire, avec une perte de 10 pour cent de la consommation mondiale de volaille au profit d'autres viandes Cette « variation » est interprétée comme une modification du barème de demande telle qu'à égalité de prix et de revenus pour les consommateurs, la consommation de viande de volaille est réduite de 10 pour cent. .

    Foyers de grippe aviaire dans l'UE: deux scénarios prévoyant des pertes à l'exportation sur une période de six mois Moyenne annuelle équivalente d'un embargo total à l'exportation d'une durée de 6 mois., sans incidence sur la consommation dans le premier cas, et entraînant un recul de 10 pour cent de la consommation dans l'UE dans le second cas.

    Foyers de grippe aviaire au Brésil: des pertes à l'exportation pendant six mois, sans incidence sur la consommation.

    Foyers de grippe aviaire aux États-Unis: des pertes à l'exportation pendant six mois, sans incidence sur la consommation.

Les résultats sont analysés par rapport aux projections de référence pour 2006 et présentés dans les tableaux 1 à 4.

Impact de la grippe aviaire sur la consommation mondiale

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L'impact sur les marchés mondiaux et les échanges commerciaux de l'évolution des préférences des consommateurs au détriment de la viande de volaille dans tous les pays est mis en évidence dans le scénario 1 qui simule l'effet d'une baisse de 10 pour cent de la consommation mondiale de volailles au profit des autres viandes (voir tableau 1) en 2006. Au cours de la première année, les échanges de produits avicoles reculent de 13 pour cent et les cours mondiaux de près de 7 pour cent. La production et la consommation mondiales de viande de volaille ralentissent d'environ 6 pour cent. Considérant la réaction tardive de l'offre d'autres viandes, les prix augmentent considérablement, avec une hausse de 10 à 20 pour cent des cours de la viande de bœuf et de porc sur les marchés Atlantique et Pacifique. Les prix des aliments pour animaux fléchissent à la suite de la contraction de la production avicole, tandis que la production des autres viandes demeure pratiquement stable pendant la première année. Toutefois, lorsqu'il est projeté aux années suivantes, le modèle montre la capacité de réaction des marchés mondiaux aux perturbations, avec un rebond de la demande d'aliments pour animaux par effet de l'augmentation de la production des autres viandes. Il apparaît clairement que des variations de la consommation de viande aussi fortes que celles qui sont enregistrées actuellement sur les marchés mondiaux de la volaille ont des répercussions sur l'ensemble de l'économie agricole au sens large.

Tableau 1: Scénario 1 – Baisse de 10 pour cent de la consommation mondiale de volaille

  Monde Pays dévéloppés Pays les moins avancés Autres pays en
développement
VOLAILLE    
Production-5.8-4.7-5.5-6.7
Consommation-5.8-5.5-6.2-6.0
Importations -16.2-8.0-12.3
Exportations-13.3-7.7n.a.-18.9
     
COURS MONDIAUX:    
Volaille-6.7   
Viande de porc, zone Atlantique14.9   
Viande de porc, zone Pacifique18.8   
Viande de boeuf, zone Atlantique15.8   
Viande de boeuf, zone Pacifique10.7   
Mais-3.2   
Farine d’ oléagineux-3.3   
Notes: Dans ce scénario, la baisse de 10 pour cent de la consommation de volaille est compensée par une augmentation proportionelle de celle des autres viandes sur la base des parts de consommation mondiales de 2004/2005. L’ indication «ind» signifie que des chiffres ne sont pas disponibles pour les pays les moins avancés en raison du volume, particulièrement reduit de leurs exportations.

Foyers de grippe aviaire dans l'Union européene

Dans le scénario 2a, une diminution simulée des exportations européennes de volaille, écoulées à court terme sur le marché intérieur, comporte un fléchissement de près de 4 pour cent des prix de la volaille dans l’union.européenne. À la suite d'un recul de 7 pour cent de la production, la pénurie de viande blanche de volaille donne lieu à un renforcement des importations. Alors que les concurrents entrent en action pour pallier une offre mondiale insuffisante, les prix de la volaille sur le marché international augmentent de près de 2 pour cent, tandis que les effets de substitution entraînent une hausse des prix de la viande de bœuf et de porc. Le scénario 2b ne se distingue du précédent que par l'hypothèse d'une contraction de 10 pour cent de la consommation dans l'Union européenne (c'est-à-dire d'une modification du barème de demande) répartie proportionnellement aux autres viandes. Selon ce scénario, les prix de la volaille reculent de plus de 6 pour cent, la production avicole de près de 12 pour cent et la consommation de 7 pour cent environ. La variation de la consommation affecte le marché intérieur de la viande de porc et, compte tenu du retard physiologique qui limite la réaction de l'offre au cours de la première année, les prix augmentent de près de 12 pour cent. Les prix de la viande de porc sur le marché Pacifique, qui est la principale destination du porc l'Union européenne, ne progressent que de 1 pour cent, compte tenu des disponibilités réduites de l'Union européenne pour ce marché. Dans le secteur du bœuf, l'augmentation de la consommation renforce les importations du marché Atlantique, déterminant une hausse de 3,5 pour cent du prix du bœuf sur ce marché. Les effets d'une variation sensible des modèles de consommation de viande en Europe sur les prix et sur les échanges commerciaux favorisent un accroissement des exportations de volaille du Brésil et des États-Unis. Enfin, alors que dans le premier scénario les recettes commerciales des producteurs (calculées sur la base des variations des prix et de la production) fléchissent d'environ 11 pour cent (soit quelque 1,2 milliard d’euros), elles reculent en revanche de près de 18 pour cent (soit près de 2,1 milliards d’euros) lorsque la consommation de viande de volaille diminue.

Tableau 2: Effets de foyers de grippe aviaire dans l'Union européenne sur les marchés et les échanges commerciaux

Scénario 2a Foyers de grippe avaires dans l’UE: Aucune variation des préférences de consommation
  Monde UE Bré silEtats Unis Pays
d
éveloppés
Pays les
moins
avanc
és
Autres pays
en
d
éveloppement
Variation en pourcentage
VOLAILLE       
Production-0.2-7.02.10.4-2.01.01.3
Consommation-0.20.8-1.30.00.3-0.8-0.6
Importations 37.10.00.09.3-3.9-8.6
Exportations-0.6-5010.22.5-12.2n.a.10.9
        
PRIX:       
Volaille1.6-3.82.10.3   
Viande de porc0.0-1.20.40.0   
Viande de boeuf0.0-0.60.00.1   
Notes: Application aux projections de référence pour 2006. Hypothèse d'embargos commerciaux d'une durée de six mois. Résultats en données annuelles. Pour l'Union européenne, les prix mondiaux de référence utilisés sont ceux de la viande de porc sur le marché Pacifique et ceux de la viande de bœuf sur le marché Atlantique.

Scénario 2b Foyers de grippe aviaire dans l’ UE: Diminution de 10 pour cent de la consummation de viande de volaille
  Monde UE Br é sil Etats Unis Pays
d
é velopp é s
Pays les
moins
avanc
é s
Autres pays en
d
é veloppement
% change
VOLAILLE       
Production-1.0-11.91.50.6-3.40.91.0
Consommation-1.0-6.6-0.30.2-1.7-0.9-0.4
Importations -0.40.00.03.0-4.5-8.5
Exportations-3.2-505.83.0-12.3n.a.5.8
        
PRIX:       
Volaille1.2-6.21.50.5   
Viande de porc1.511.8-0.11.5   
Viande de boeuf3.64.73.60.6   

Notes: Application aux projections de référence pour 2006. Hypothèse d'embargos commerciaux d'une durée de six mois. Résultats en données annuelles. Pour l'Union européene, les prix mondiaux de référence utilisés sont ceux de la viande de porc sur le marché Pacifique et ceux de la viande de bœuf sur le marché Atlantique.

Foyers hypothétiques de grippe aviaire au Brésil et aux États-Unis

Les scénarios 3 et 4 évaluent des flambées hypothétiques de grippe aviaire au Brésil et aux États-Unis (voir les tableaux 3 et 4). Sans surprise, considérant la part importante de ces pays dans les échanges mondiaux, les implications de ces scénarios pour les marchés internationaux de la volaille ont été plus fortes que dans le cas de l'Union européene, qui n'assure que 10 pour cent du commerce mondial. Ces deux exemples montrent comment les perturbations du marché diffèrent d'un pays à l'autre selon leurs liens relatifs avec les marchés internationaux. Une réduction de 50 pour cent des exportations du Brésil, qui vend à l'extérieur environ 30 pour cent de sa production, entraîne une diminution de 10 pour cent du prix des volailles sur le marché intérieur. D'autre part, considérant que le degré de dépendance du secteur à l'égard des exportations est inférieur aux États-Unis, où les exportations (constituées presque exclusivement de viande brune de volaille à bas prix) ne représentent que 15 pour cent de la production intérieure, la même perte proportionnelle de marchés d'exportation devrait faire reculer la production et les prix de quelque 7 pour cent. La leçon évidente de ces scénarios est qu'une plus forte participation d'un pays aux marchés internationaux expose celui-ci à un « risque d'accès aux marchés » proportionnellement plus élevé; par exemple, le risque prix/ventes qui est associé à une plus forte dépendance à l'égard des exportations. Selon ces deux scénarios, les pertes de recettes commerciales, compte tenu d'une interdiction d'exporter d'une durée de six mois, sont de 20 pour cent pour le Brésil, contre environ 14 pour cent pour les États-Unis. Les répercussions sur les marchés internationaux sont bien entendu fonction des parts de marché respectives, de l'importance du commerce extérieur par rapport à l'industrie globale et de la destination des courants commerciaux.

Tableau 3: Scénario 3 – Foyers hypothétiques de grippe aviaire au Brésil: aucune diminution de la consommation

  Monde UE Br é sil Etats-Unis Pays
d
é veloppes
Pays les
moins
avanc
é s
Autres pays en
d
é veloppement
% Change
VOLAILLE       
Production-0.1-1.8-9.80.20.61.4-0.6
Consommation-0.1-0.65.7-0.1-0.2-0.90.0
Importationss 25.00.00.0-2.5-3.3-9.7
Exportationss-6.38-501.53.9n.a.16.7
        
PRIX:       
Volaille3.42.7-9.70.4   
Viande de porc, zone Atlantique-3.00.8-3.00.0   
Viande de boeuf-1.70.4-1.70.1   
Notes: Application aux projections de référence pour 2006. Hypothèse d'embargo commercial d'une durée de six mois. Résultats en données annuelles.

Tableau 4: Scénario 4 – Foyers hypothétiques de grippe aviaire aux États-Unis: Aucune diminution de la consommation

  Monde UE Br é sil Etats-Unis Pays
d
é velop é es
Ays les
moins
avanc
é s
Autres pays en
d
é veloppement
% change
VOlAILLE       
Production0.03.53.2-6.6-2.22.21.7
Consommation0.1-0.4-1.71.30.4-2.3-0.1
Importations -20.20.00.0-3.3-11.6-5.6
Exportations-6.22315.0-50-25.3n.a.12.8
        
PRIX:       
Volaille2.31.83.0-6.8   
Viande de porc0.70.50.7-1.4   
Viande de boeuf0.90.30.9-2.1   
Notes: Application aux projections de référence pour 2006. Hypothèse d'embargo commercial d'une durée de six mois. Résultats en données annuelles.

Scénarios de fièvre aphteuse: l'impact de la régionalisation

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Les effets d'une épizootie de fièvre aphteuse au Brésil sur le marché et sur les échanges ont été évalués pour la période biennale 2006-2007. Les scénarios 5a et 5b mettent en lumière l'impact différentiel possible d'un foyer épidémique selon que, en application d'un principe de régionalisation reconnu par l'OIE, l'embargo sur la viande de bœuf imposé par les pays importateurs ne concerne que les produits en provenance des régions atteintes, ou bien au contraire que le scénario ne reconnaisse pas ce principe et comporte donc un embargo total aux importations provenant de l'ensemble du pays, et non pas de la seule région atteinte (tableau 5). Dans le cas du Brésil, qui est le principal exportateur mondial de bœuf, la différence prévue dans le volume des exportations par effet de la régionalisation, telle qu'elle apparaît pour l'année 2006, est notable; dans un marché régionalisé, les exportations de viande de bœuf et de porc marquent une contraction d'environ 9 et 60 pour cent respectivement, contre un fléchissement de 100 pour cent des exportations pour les deux produits concernés, dans une hypothèse de non-régionalisation.

Selon le scénario de régionalisation6/ (voir les résultats au tableau 5), le recul d'environ 10 pour cent des exportations de viande de bœuf en 2006 s'accompagne d'une baisse de 16 pour cent des prix du marché lors de la première année. La production intérieure diminue de moins de 1 pour cent la première année, grâce à un déplacement des produits vers le marché national; toutefois, la perte totale de recettes commerciales est estimée à 16-17 pour cent des rentrées de la première année. Le recul de la production au cours de l'année suivante détermine un redressement des prix intérieurs aux niveaux précédemment prévus, avec des pertes de recettes limitées à 2,5 pour cent. Les prix de la viande de bœuf sur les marchés de la zone Atlantique, sur la base des prix argentins à l'exportation, augmentent de près de 7 pour cent, par effet de la contraction de l'offre à l'exportation pour ce marché la première année, avec un raffermissement de 2 pour cent seulement l'année suivante. Les effets au niveau du marché s'atténuent progressivement, à mesure que l'accès au marché se rétablit du fait de la levée des interdictions. Concernant le secteur de la viande de porc, une contraction de près de 60 pour cent des exportations entraîne un recul de 26 pour cent des prix intérieurs la première année. Les producteurs répondent à cette chute des prix par une réduction de 9,5 pour cent de la production l'année suivante, en 2007. Considérant la part importante du Brésil sur le marché Atlantique de la viande de porc, les prix de ce produit dans cette zone augmentent de plus de 60 pour cent la première année, marquant une progression plus modérée l'année suivante.

Dans une hypothèse de non-régionalisation, l'impact d'une épizootie de fièvre aphteuse au Brésil serait considérable. Un embargo total simulé sur les exportations en 2006 détermine une chute de plus de 50 pour cent des prix intérieurs de la viande de bœuf et de porc, du fait de l'écoulement de toutes les exportations sur le marché local. Les recettes commerciales tirées de la viande de bœuf fléchissent de près de 60 pour cent la première année, puis de 22 pour cent l'année suivante, par rapport aux projections de référence. La situation est plus grave en ce qui concerne la viande de porc, avec des pertes de recettes estimées à 56 pour cent la première année, et à 28 pour cent l'année suivante. Les prix réagissent vivement au recul considérable de l'offre sur les marchés de la viande de bœuf et de la viande de porc de la zone Atlantique, enregistrant une hausse d'environ 80 pour cent sur chacun de ces marchés. Le colmatage des écarts de prix entre les segments de marché donne lieu à des changements importants dans la structure des échanges internationaux, les participants aux marchés haut de gamme de la zone Pacifique exportant également vers les marchés Atlantique à mesure que les prix augmentent dans cette zone. Ce scénario met en relief le rôle crucial que jouent les politiques de régionalisation, non seulement en stabilisant le marché intérieur d'un grand pays exportateur, mais aussi en limitant l'instabilité des prix sur les marchés internationaux. Bien entendu, les avantages qui découlent de l'application du principe de régionalisation par les pays partenaires sont d'autant plus grands que la dépendance du pays touché par l'épizootie à l'égard des exportations et la part du marché mondial qu'il détient sont importantes.

Tableau 5: Foyers de fièvre aphteuse: l'impact de la régionalisation sur les échanges commerciaux – le cas du Brésil

  Scenario 5a avec réegionalisation: Scenario 5b: sans régionalisation
  Monde Brésil Monde Brésil
  2006 2007 2006 2007 2006 2007 2006 2007
Impact sur le secteur de la viande de boeuf
Production0.0-0.2 -2.70.2-0.4-4.0-13.4
Consommation0.0-0.21.8-0.70.2-0.424.912.6
Importations  0.00.0  0.00.0
Exportations-1.3-0.9-9.6-9.0-8.7-6.6-100-100
         
Impact sur le secteur de la viande de porc
Production0.00.20.0-9.50.00.30.0-20.2
Consommation0.00.114.32.20.00.223.9-1.6
Importations  0.00.0  0.00.0
Exportationss0.4-2.8059.7-59.6-0.10.7-100-100
         
Prix
Viande de porc62.82.6-26.4-3.883.061.1-50.1-8.6
Volaille-0.50.1-0.60.1-1.8-0.5-2.3-0.7
Viande de boeuf6.52.1-15.60.376.150.0-56.0-27.5
Aliments pour animaux0.00.80.00.3-0.11.40.00.5
Scénario 5a: Embargos régionaux sur trois États: diminution de 200 000 tonnes des exportations de viande de bœuf et recul de 60 pour cent des exportations de viande de porc.
Scénario 5b: Embargo total sur la viande de bœuf brésilienne: diminution de 100 pour cent des exportations de viande de bœuf et de viande de porc.

L'ESB en Amérique du Nord: réadaptation aux marchés internationaux

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Les effets de l'ESB au Canada et aux États-Unis ont fait l'objet de plusieurs études d'évaluation. La principale conséquence de cette épizootie a été une réduction annuelle d'un million de tonnes environ de l'offre de viande de bœuf à l'exportation de ces pays sur le marché Pacifique. Le fléchissement considérable des prix intérieurs sous l'effet d'une offre excédentaire au niveau local, au Canada principalement, mais aussi aux États-Unis, a entraîné une contraction du secteur. Avec la levée des embargos, tout d'abord entre ces deux pays dont le commerce bilatéral est important, puis de la part des importateurs des marchés Pacifique, le secteur nord-américain de la viande de bœuf retourne peu à peu à la situation antérieure, préalable à la crise de l'ESB. L'enjeu réside bien entendu dans les effets à long terme d'embargos commerciaux prolongés, dans la capacité des secteurs touchés à se rétablir et à retrouver leurs parts du marché mondial, ainsi que dans des incitations plus générales pour des investissements à long terme dans le secteur.

Pour évaluer les effets d'un rétablissement des parts de marché, les projections de référence qui prévoyaient la levée des embargos commerciaux sont confrontées à la simulation d'un prolongement de ces interdictions pour une durée indéterminée. La différence entre ces deux scénarios offre une évaluation de l'impact de l'épizootie d'ESB en Amérique du Nord sur les marchés mondiaux du bœuf et une mesure des temps d'adaptation des marchés à la levée des embargos.

La figure 1 illustre la réponse du secteur, aux États-Unis et au Canada, à l'horizon 2015, une fois les interdictions levées, par rapport à une situation de maintien des embargos. Ce scénario met en lumière la réactivité de la production nord-américaine de bœuf à une hausse des prix intérieurs associée au relâchement de l'embargo. En effet, les temps d'ajustement de la production sont très lents et vont au-delà des dix années considérées. La production n'est supérieure que de 6 pour cent au niveau qui aurait été atteint en cas de maintien des embargos commerciaux. La reprise du secteur lui permet de fournir au marché Pacifique le million de tonnes perdu par effet des interdictions. Cela favorise une hausse de 5 à 10 pour cent des prix intérieurs sur le marché nord-américain pendant la période considérée, tandis que les cours fléchissent de 15 à 20 pour cent sur le marché Pacifique, par rapport à une situation de maintien des interdictions.

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Notes: les diagrammes montrent la différence en pourcentage entre une situation de base dans laquelle les embargos à l'égard de l'Amérique du Nord sont maintenus et un scénario prévoyant la levée de ces interdictions.

Conclusions

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Le présent document a examiné la situation des trois principales maladies épizootiques, à savoir la grippe aviaire, la fièvre aphteuse et l'ESB, qui ont été des causes majeures d'instabilité des marchés de la viande et des échanges commerciaux ces trois dernières années. En s'appuyant sur un nouveau cadre de modélisation, le document présente les résultats de trois grands scénarios d'épizooties et tire des leçons concernant les facteurs qui influent de manière déterminante sur les pertes de marché dues aux maladies animales et leur impact sur les marchés mondiaux.

Les conclusions préliminaires de l'étude sont notamment les suivantes:

    Les réactions du marché international aux foyers épizootiques sont essentiellement liées au type de maladie, à l'attitude des consommateurs, aux dimensions du marché concerné et aux liens commerciaux. Bien entendu, le retentissement des maladies animales en termes de pertes de marché est plus fort pour les pays dans lesquels le foyer survient, et il est proportionnel à la dépendance du pays à l'égard des exportations. La prévalence de la segmentation du marché selon les maladies animales, comme celle qui existe pour le bœuf et pour la viande de porc, contribue à renforcer l'impact international des épizooties pour ces segments de marché.

    Les réactions des consommateurs jouent un rôle important dans la détermination de l'ampleur des pertes de marché associées aux épizooties, avec des effets négatifs considérables sur les pays exportateurs non atteints par la maladie. Des politiques gouvernementales visant à soutenir la confiance des consommateurs pourraient permettre de réduire les pertes de marché, limitant ainsi les répercussions sur les marchés, dans les pays et au niveau mondial.

    La régionalisation constitue un instrument très efficace pour limiter les pertes de marché des pays qui connaissent une flambée épizootique, et pour stabiliser les marchés internationaux. Cela a été le cas pour le Brésil et l'Argentine, où les effets potentiels des foyers de fièvre aphteuse sur les marchés auraient pu être extrêmement graves si les pays importateurs n'avaient reconnu les zones atteintes au sein de ces pays.

    Le rétablissement de l'équilibre des marchés à la suite d'un important foyer épizootique varie selon la maladie et le produit carné. Les marchés avicoles rebondissent très rapidement, grâce une prompte réponse du secteur au niveau de l'offre, contrairement aux marchés du bœuf qui peuvent avoir besoin d'une décennie pour retrouver leur équilibre.


1.  Dans le cadre de son projet de modélisation Cosimo, mis en œuvre en collaboration avec l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la FAO a mis en place une meilleure couverture des marchés mondiaux de la viande, y compris les marchés Pacifique et Atlantique de la viande de bœuf et de porc (zones indemnes et non indemnes de fièvre aphteuse) et du secteur mondial de la viande de volaille. Ce modèle tient compte des principales politiques nationales et commerciales qui conditionnent les réactions du marché mondial, et il facilite l'analyse multiproduits grâce à des liens avec les principaux marchés des céréales, des graines oléagineuses et des produits dérivés et avec les marchés du lait et des produits laitiers.

2.  En 2004-05, les marchés de la zone Pacifique représentaient quelque 46 pour cent des exportations mondiales de viande de bœuf et 68 pour cent de celles de viande de porc, tandis que les marchés de la zone Atlantique ont assuré 51 pour cent des exportations mondiales de viande de bœuf et 29 pour cent de celles de viande de porc, la part résiduelle revenant aux marchés peu importants des pays à fièvre aphteuse endémique.

3.  En général, le marché de la zone Pacifique pour le boeuf comprend l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale, l'Océanie, le Japon, la Corée du Sud, la Thaïlande et une partie des marchés chinois et indonésien; ce marché est identique pour la viande de porc, mais comprend aussi les Philippines et les pièces de qualité supérieure de l'Union européenne. Le marché de la zone Atlantique pour le boeuf comprend l'Amériquedu Sud, la Malaisie, le Viet Nam, divers pays d'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, l'Europe de l'est et la partie restante des marchés chinois et indonésiens; pour la viande de porc, on inclut également les pièces de qualité inférieure de l'Union européenne. Le marché des pays à fièvre aphteuse endémique constitue le marché résiduel

4.  Cette « variation » est interprétée comme une modification du barème de demande telle qu'à égalité de prix et de revenus pour les consommateurs, la consommation de viande de volaille est réduite de 10 pour cent.

5.  Moyenne annuelle équivalente d'un embargo total à l'exportation d'une durée de 6 mois.

6.  Embargo sur les exportations des deux États touchés par la maladie.

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