Programme conjoint sur les approches transformatives sensibles au genre pour la sécurité alimentaire et la nutrition

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Agir sur les normes sociales discriminatoires au moyen d’approches transformatives sensibles au genre

28 OCTOBre 2022

En agissant sur les normes sociales discriminatoires, les approches transformatives sensibles au genre permettent de remédier consciemment et intentionnellement aux causes sous-jacentes des inégalités de genre et d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition pour tous, dans la droite ligne des objectifs de développement durable (ODD) 2 et 5.

Tel était le message clé d’un événement parallèle virtuel organisé le 11 octobre 2022 en marge de la 50e session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, et animée par la conseillère principale pour les questions de genre du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Elizabeth Burges-Sims. Ce séminaire a été coorganisé par le Programme conjoint sur les approches transformatives sensibles au genre pour la sécurité alimentaire et la nutrition – mis en œuvre par la FAO, le FIDA et le PAM en collaboration avec et grâce au soutien financier de l’Union européenne – ainsi que le Ministère équatorien de l’agriculture et de l’élevage, Affaires mondiales Canada, CARE International et ONU-Femmes.

D’après les données collectées par ONU-Femmes sur la prévalence des attitudes discriminatoires et des stéréotypes de genre dans 20 pays, en 2022, une étonnante proportion (25% ) des personnes interrogées ont estimé qu’en période de pénurie alimentaire, la priorité devait être donnée aux hommes, tandis que 31%  des répondants trouvaient qu’en période de chômage prononcé, les hommes devraient davantage avoir droit à un emploi que les femmes. Mme Jemimah Njuki, Cheffe du Programme d’émancipation économique des femmes mis en œuvre par ONU-Femmes, souligne que pour modifier ce type d’attitude et garantir un changement transformatif, il est impératif de comprendre et de lutter contre les inégalités véhiculées par les normes de genre.

Les normes de genre prescrivent les rôles et les responsabilités des femmes et des hommes – par exemple, dans telle communauté « les femmes ne doivent pas posséder de terres » ou « les femmes ne doivent pas prendre les décisions finales concernant les achats du ménage ». Les membres de la communauté façonnent les possibilités qu’ont les femmes d’apprendre, de travailler, d’accéder à des marchés et des comptes bancaires, de contrôler les finances et les dépenses ou d’influencer les décisions sur quoi cultiver, quoi manger, comment nourrir leurs enfants, quoi vendre et quoi acheter.

Outils et stratégies pour remédier aux normes discriminatoires

Les intervenants ont présenté des exemples concrets de stratégies et d’outils mis en œuvre en Équateur et au Malawi dans le cadre du Programme conjoint par les organismes ayant leur siège à Rome, ainsi que par d’autres acteurs du développement, à l’appui de la mise en œuvre de politiques nationales, stratégies et lignes directrices globales sur les politiques destinées à identifier et faire changer les normes de genre discriminatoires.

En Équateur, où l’agriculture familiale joue un rôle essentiel dans la réduction de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition, le Programme conjoint coopère avec le Gouvernement équatorien à l’appui de la mise en œuvre de la stratégie nationale agricole pour les femmes rurales, dans l’optique de réduire les obstacles et écarts liés au genre dans l’agriculture familiale. M. Carlos Chango, Sous-Secrétaire d’État chargé de l’agriculture familiale au Ministère équatorien de l’agriculture et de l’élevage, explique que pour obtenir des résultats, il est essentiel de considérer les normes de genre à de multiples niveaux : ceux des politiques, des organisations de producteurs, des communautés et des ménages. Les approches transformatives sensibles au genre du Programme conjoint sont actuellement mises en œuvre dans quatre provinces équatoriennes, et touchent environ 1 000 familles et plus de 300 responsables des institutions nationales et locales.

Parallèlement, le Programme conjoint a collaboré avec CARE International au Malawi, afin de mener auprès de 700 personnes réparties dans 5 districts, une étude diagnostique des normes sociales. M. Billy Molosoni, chargé des questions de justice et de sensibilisation en matière de genre chez CARE Malawi, a expliqué que cette étude avait pour objet de comprendre quelles étaient les normes de genre les plus répandues entravant l’inclusion financière des femmes et des jeunes. L’analyse de ces normes de genre pourrait permettre de développer des services financiers répondant mieux aux besoins des femmes. L’étude a été menée dans le cadre du Laboratoire collaboratif CGAP/FinEquity sur les normes sociales avec la participation de deux universités locales, l’Université du Malawi et l’Université de Lilongwe sur l’agriculture et les ressources naturelles. Elle est en cours de finalisation en vue de sa publication.

S’engager pour induire un changement au niveau institutionnel

L’importance de créer un changement pérenne qui change la donne de façon durable a été soulignée à plusieurs reprises. Mme Marta Berggren, Directrice adjointe de la Division de l’égalité entre les genres d’Affaires mondiales Canada, a indiqué que si le Canada continue de bâtir sur les fondements de décennies d’efforts pour faire progresser les droits de l’homme et l’égalité entre les genres comme composante clé de sa politique étrangère féministe, il centre désormais l’action non seulement sur l’égalité en termes de résultats, mais aussi sur la mise en place d’un changement porteur de transformation en remédiant aux pratiques discriminatoires qui empêchent l’égalité d’action.

Mme Renate Hahlen, Représentante permanente adjointe de l’Union européenne auprès de la FAO, a réaffirmé l’engagement de l’Union Européenne en faveur de l’égalité entre les genres, dont témoigne son soutien au Programme conjoint et à son objectif de remédier aux normes de genre discriminatoires, et de promouvoir des approches transformatives sensibles au genre. Elle a rappelé que le Programme conjoint avait publié en juillet 2022 un guide sur la formulation d’indicateurs destinés à mesurer les normes de genre, et a souligné que le Programme conjoint contribuait à « une mutation culturelle au sein de nos institutions respectives et dans notre capacité à œuvrer ensemble ».

« La FAO s’emploie fermement à mettre en évidence, comprendre et traiter les causes sous-jacentes des inégalités de genre en intégrant à son action une approche transformative sensible au genre et les méthodologies connexes », a indiqué M. Máximo Torero, Économiste en chef de la FAO, dans ses remarques liminaires lors de l’évènement. « Ce Programme conjoint est une initiative novatrice qui aide les organismes ayant leur siège à Rome à découvrir de nouveaux moyens de rendre les systèmes agroalimentaires plus inclusifs, justes, efficients et résilients. »

« Ce travail est complexe et prend du temps, c’est pourquoi les possibilités d’apprentissage qui s’offrent, par exemple dans le cadre de cet évènement, sont si importantes », a conclu Mme Emily Wylde, Spécialiste technique principale au Fonds international de développement agricole (Inclusion sociale – ciblage de la pauvreté). « Apprendre des autres acteurs du développement peut nous aider à avancer sur cette voie, afin de trouver de nouvelles méthodologies et de nouveaux moyens qui aient fait leurs preuves s’agissant d’embrasser et d’accélérer le changement nécessaire au sein de nos propres organisations. »

Plus d’informations sur cet évènement ainsi que l’enregistrement des débats sont disponibles ici.

 


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