Programme conjoint sur les approches transformatives sensibles au genre pour la sécurité alimentaire et la nutrition

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Au Malawi, les Clubs Dimitra montrent les résultats prometteurs que peut donner une approche transformative sensible au genre

23 MARS 2023

Une initiative communautaire visant à renforcer l’éducation des enfants, accueille 32 enfants dans une nouvelle école maternelle grâce au soutien de la FAO dans le cadre du Programme conjoint sur les approches transformatives sensibles au genre pour la sécurité alimentaire et la nutrition.

« Étant moi-même parent, je sais que le meilleur cadeau que l’on puisse faire aux enfants est l’éducation, où comme c’est le cas ici, une bonne préparation à leur parcours éducatif », explique Mme Gertrude Soko, enseignante bénévole à l’école maternelle nouvellement installée par le Club Dimitra dans le village de Kapala, rattaché au district de Kasungu, au Malawi.

Le secteur de l’éducation du Malawi comporte une branche formelle et une branche informelle, cette dernière regroupant le développement de la petite enfance, l’éducation extrascolaire des jeunes, et l’alphabétisation des adultes. Le développement de la petite enfance est principalement assuré par les écoles maternelles. Parce qu’il n’est généralement pas structuré dans l’offre éducative nationale, de nombreux enfants n’y ont pas accès, et ne profitent pas des fondements cognitifs et physiques nécessaires aux niveaux supérieurs d’éducation et à l’apprentissage tout au long de la vie. Les écoles maternelles malawiennes sont souvent associées à des programmes d’alimentation, et les enfants qui ne fréquentent pas ces institutions peuvent passer à côté d’une meilleure nutrition.

Le district de Kasungu, au centre du Malawi, est l’une des régions où le développement de la petite enfance fait le plus cruellement défaut. Deuxième plus grand district du pays, il compte 900 000 habitants et seulement 182 écoles maternelles communautaires pour environ 36 000 enfants.

En juin 2022, ayant constaté le besoin urgent de la communauté en matière de développement de la petite enfance, le Club Dimitra de Kapala, dans la zone de l’autorité traditionnelle Chizuma, a mobilisé des ressources et construit un bâtiment pour abriter une école maternelle à l’intention des enfants des villages de Kapala, M’benthu et Bini.

Les Clubs Dimitra sont des groupes informels autogérés de femmes, d’hommes et de jeunes qui se réunissent pour discuter de leurs difficultés communes et qui s’emploient à trouver ensemble des solutions en mobilisant les ressources locales. Ils prônent la mobilisation sociale et la participation des habitants des zones rurales à la vie économique, politique et sociale de la communauté. L’agriculture est un sujet de discussion fréquent, mais pas exclusif, car les clubs abordent aussi des thématiques tels que le changement climatique, l’éducation, la santé, les infrastructures, la nutrition, la paix et les droits des femmes.

L’approche des Clubs Dimitra, qui représente l’approche transformative sensible au genre phare de la FAO, contribue à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) 1 (Élimination de la pauvreté), 2 (Élimination de la faim) et 5 (Égalité entre les sexes). Si la FAO offre son aide pour la création des clubs et propose formations et soutien, les clubs fonctionnent de manière autonome.

Au Malawi, la FAO met à l’essai à titre pilote l’approche des clubs Dimitra dans 20 villages des districts de Mangochi et Kasungu. Cet essai est conduit dans le cadre du Programme conjoint sur les approches transformatives sensibles au genre pour la sécurité alimentaire et la nutrition, que la FAO, le FIDA et le PAM mettent en œuvre en collaboration et avec le soutien financier de l’Union européenne. En ce qui concerne la composante du Programme relative aux Clubs Dimitra, la FAO a établi un partenariat avec deux ONG, le  Rights Advice Centres à Mangochi et la Good Health Organization à Kasungu.

Le club Dimitra du village de Kapala compte 24 femmes et 14 hommes ; 22 de ses membres, âgés de moins de 35 ans, sont classés dans la catégorie des jeunes. Mme Rute Phiri, Secrétaire du club Dimitra de Kapala, explique que la motivation pour ouvrir l’école maternelle « est venue de la constatation que les résultats de nos enfants à l’école primaire étaient depuis longtemps médiocres. En cherchant à savoir pourquoi, nous avons découvert que le manque de préparation antérieure était la cause du problème… et pour y remédier, nous avons décidé d’ouvrir une école maternelle ».

Actuellement, l’école compte 32 enfants. Les parents doivent contribuer à hauteur de 500 MWK (environ 0,5 USD) au paiement du salaire mensuel de Mme Gertrude Soko et à l’achat de porridge pour les enfants. Toutefois, avec la récession économique qui a suivi la pandémie de COVID-19, de nombreux parents n’ont plus eu les moyens de payer cette contribution pourtant modeste. Le club Dimitra de Kapala a alors pris les choses en main et collecté des contributions mensuelles auprès de son association villageoise d’épargne et de crédit affiliée afin de couvrir les honoraires de l’enseignante. Le montant est très loin des prétentions qu’elle aurait pu avoir, mais dans le pur esprit d’altruisme qu’incarnent les membres du club, Mme Gertrude Soko explique qu’elle fait ce travail par passion et non pour véritablement gagner sa vie. « L’engagement au sein du club », dit-elle, « est encourageant ».

En plus d’avoir mobilisé des ressources et construit un bâtiment pour abriter l’école maternelle, le club Dimitra de Kapala a loué cette année environ 80 ares de terres où ses membres ont planté du soja. Une partie de la récolte sera moulue en farine afin de veiller à ce que les enfants reçoivent du porridge à l’école pour le petit déjeuner. Le reste sera vendu et les bénéfices serviront à rétribuer l’enseignante, acheter de la tôle ondulée pour remplacer le toit d’herbe et recouvrir de ciment le sol en terre du bâtiment.

La faim et le peu d’accès à l’eau potable sont deux des trois problèmes dont le club a estimé qu’ils devaient être résolus, le troisième étant l’analphabétisme. Il est envisagé de créer très prochainement à Kapala des établissements d’alphabétisation pour adultes, avec le soutien du club Dimitra.

Depuis juin 2022, date de création du premier des 20 Clubs Dimitra des districts de Kasungu et Mangochi, les communautés n’ont cessé de se transformer. Outre l’école maternelle, des bureaux et des toilettes ont été construits dans les écoles, et les routes de terre ont été réparées. Les associations villageoises d’épargne et de crédit se développent elles aussi en tant que moyen de mobiliser des ressources.

On notera que grâce aux interventions du Programme conjoint, les normes sociales et les mentalités discriminatoires qui entravent le développement évoluent progressivement. Le patriarcat est remis en question, et les femmes et les hommes participent sur un pied d’égalité à toutes les interfaces et projets des clubs. L’autorité des femmes ne fait plus figure de bizarrerie ou d’exception. Les communautés sont désormais capables de repérer les difficultés, de les hiérarchiser et de les résoudre, aussi bien par elles-mêmes que dans le cadre d’initiatives de collaboration avec le gouvernement et différentes organisations.

La cohésion sociale se renforce, comme en témoigne la collaboration dont ont volontairement fait preuve les populations pour construire et entretenir des équipements sociaux dans leurs villages sans mesures incitatives extérieures. L’influence croissante des membres du club sur le reste de la communauté, qu’ils encouragent à participer à des projets relevant des défis communs, ne fera qu’accélérer le rythme auquel le Malawi progresse vers la réalisation de ses objectifs de développement

 

 

Légendes des images:

  1. Les membres du club Dimitra de Kapala devant le bâtiment de l’école maternelle qu’ils ont construit. Mme Grace Soko est assise à l’extrémité droite. À côté d’elle, Mme Rute Phiri.
  2. Des élèves de l’école maternelle de Kapala recontrent des membres du club Dimitra.
  3. La directrice de groupe au sein du village, Mzunda (Mme Joyce Phiri), articule les projets de développement que le club Dimitra a mis en œuvre dans la communauté.
  4. Les membres du club Dimitra de Chamkoma sur la parcelle de soja et de maïs louée en décembre 2022 (en haut) et janvier 2023 (en bas).
  5. Les hommes et les femmes du club Dimitra de Chitsulo devant des toilettes qu’ils ont récemment construites dans une école locale.

 

 

Image credits: ©FAO/Chisomo Mdalla

 


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